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CONTRIBUTIONS
A L'ETUDE DES TEXTES CORNIQUES
Au
cours de la minutieuse étude des textes comiques que j'ai entreprise depuis
voici près de huit ans, à la demande de mon vénéré maître et ami, M. J. Loth,
en vue de collaborer avec lui à un dictionnaire complet de la langue comique,
j'ai relevé un nombre assez considérable d'inexactitudes et d'erreurs
d'interprétation dans l'édition, consciencieuse pourtant, des Ordinalia par
Edwin Norris, dans le Lexicon CornuBritannicum de Williams, et même dans les
éditions que l'éminent celtiste Whitley Stokes a données de Pascon agan
Arliith, deBetinans Meriasekex.de Gwreans an Bys. Ces inexactitudes et ces
erreurs qui, parmi tant d'autres relevées et corrigées par lui ', avaient échappé
à la savante sagacité de M. Loth, font l'objet des notes dont je commence la
publication. Je réserve toutefois, pour être publiées à part, celles de mes
notes qui se réfèrent à Pascon agan Ai luth, le chef-d'œuvre, à mon avis, de
toute la littérature comique connue, et le plus délicat à expliquer. Il m'
arrive parfois de revenir sur des passages déjà corrigés par M. Loth et de
suggérer une rectification différente de la sienne. Je ne le fais — ai-je
besoin de le dire ? — qu'avec la déférence la plus respectueuse, et avec une
extrême prudence, pour des raisons sérieusement fondées. Je ne propose, dans
les présentes notes, aucune interprétai . |. Loth, Remarques et corrections
au Lexicon Cornu-Britannicum de Williams {Rev. Ceît. XXIII, pp. 237-302). — Corrections
aux Cornish Diamas de Norris {Rev. CeU. XXVI, pp. 219-267). Revue Celtique,
XLVIII. '
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2 Cuillandre.
tion qui ne soit éclairée par le
contexte même ou par d'autres passagesdes textes comiques, et corroborée,
toutes les fois qu'il est unie, jxtr des rapprochements avec les autres
langues brittoniques.
Les textes une fois bien établis — et
ils l'ont été grâce aux collations faites par Wh. Stokes, même pour les
Ordinalia, dans Archiv fur Celtische Lexicographie (I, 2, p. 161 sqq.) — je
m'astreins de propos délibéré à un respect scrupuleux de la leçon qu'ils
présentent, estimant que modifier un texte, pour l'unique motif qu'on ne le
comprend pas, est un procédé hasardeux et désespéré. Pour permettre ultérieurement
de les consulter avec plus de facilité, j'ai disposé ces notes dans l'ordre
alphabétique. Voici les abréviations dont je me sers pour les références : O.
: Origo M midi; P . : Passio Domini ; R. : Resurrectio Domini; trilogie de
Mystères, désignée par le vocable Ordinalia, et publiée sous le titre : The
ancient Cornish Drama, par Edwin Norris (Oxford, 1859, 2 vol.); Pasc. :
Pascon agan Arluth, avec trad. et notes de Wh. Stokes (Philohgical Society s
Transactions, 1860); M. : Beunans Meriasek,wec trad. et notes de Wh. Stokes,
(Trûbner and C°. London, 1872); Gwr. : Gwreansan Bys, avec trad. et notes de
Wh. Stokes, (Philolog. Soc. Transact., 1864); Gen . III : Le ; e chapitre de
la Genèse, texte comique moderne publié avec trad. par J. Loth (Rev. Celt. XXIII,
pp. 174185); ._ ,. S. M. IV, ou II : Les 4 e et 2 e chapitres de Saint
Mathieu, textes comiques modernes, publiés avec trad. parj. Loth (Revue Celt.
XXIII, pp. 185-200); Lh. : Lhwyd, Archaelogica Britannica (Oxford, 1707);
W'ill. : Williams, Lexicon Cornu-Britannicum (Uandovery, 1865). * * *
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L'étude
des textes comiques.
3 A, pour an, article. Dans ses
Additions, p. 397, Williams propose de voir dans a une forme parfois abrégée
de l'article défini, et il en donne trois exemples. lia sans doute raison
pour deux exemples : O.892; P. 572. Dans le troisième, R. 2558 : art a
grogen, « par le crâne », c'est bien l'article aussi, mais la lecture est
fautive. La leçon du ms. donne : dre an grogen (Stokes, Arch. fur Ce! t. Lexic
. ), avec l'article sous sa forme normale. A, relatif. a) Une construction
très régulière est celle du pronom relatif, employé sans antécédent, avec le
sens de « celui, celle, ceux, celles qui (ou que) »; cette construction se
rencontre maintes fois dans les textes comiques.
Stokes ne l'a pas comprise, dans le
passage : da ythomleth a feyys (M. 2491), qu'il traduit : « fighting well I
hâve fled ». Il faut entendre : « Il se bat bien, celui que j'ai méprisé » ;
non plus que dans celui-ci ; a vyna hy the guerays yn dyweth ny veth tollys
(M. 3782), ou Stokes, confondant le relatif avec la conjonction a = «si », et
la préposition the avec l'adj. possessif 2 e sing., entend : « If she will
help thee... etc. », alors que le sens est : « celui qu'elle voudra secourir,
à la fin ne sera pas déçu »; ni dans cet autre : pesy warnaff a relia (M.
4288). Stokes : « If they should pray to me », au lieu de : « ceux qui me
prieront ...»
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Cuillanàre. Il est vrai que dans ces deux derniers
passages (dans le premier la proposition relative sert de sujet à la
principale), les propositions relatives équivalent, en hn de compte, à des
propositions conditionnelles, par une tournure analogue a celle qui comme en
latin, est si fréquente en ancien français et encore au XVII e siècle, le
relatif qui, en tète d'une proposition, avant le sens de « si quelqu'un », «
si Ton », avec ou sans le conditionnel; d. La Fontaine : Bonne chasse,
disait-il, qui l'aurait à son croc. (Fables, V, 8, 8 ; cf. X, 8, 6). Et voici
encore un exemple du relatif avec cette même valeur et dans ce même emploi,
mais avec rappel de l'antécédent dans la principale qui suit : sav a vo in
bevnans da gravs du purguir the benna vn dvweth certen nv tvl ' ' M.
5662-3664), « mais celui qui sera (= « si quelqu'un est ») en bonne vie, la
grâce de Dieu, bien vrai, à celui-là ne fera pas défaut a la fin ».■
... b) Il arrive
même que l'on ait une proposition relative, sans relatif exprimé ; ainsi dans
le 3 e vers du passage suivant : guel vv genen nv merwel es gorthya devle
dyogel vn bysma w gruevs Apol (M. 1234-1236), « nous aimons mieux mourir que
d'adorer le diable, certainement qui en ce monde est nommé Apol[lon] ». Cette
subordination sans relatif exprimé a échappé à Stokes, qui met un point après
dyogel et tait une principale de la subordonnée relative • « in this world
Apollo is made » . c) La particule verbale a prête parfois à des contusions
avec le relatif a ; elle lui était du reste identique, à l'origine, et la
valeur du relatif ne s'est ainsi atténuée qu'avec l'emploi fréquent de la
construction dite emphatique. Considérant pegha
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L'étude
des textes comiques.
5 comme verbe d'une proposition
indépendante en construction emphatique avec le pronom personnel pour sujet
non répété, Norris traduit : me re bue peghadoras a peghas marthys yn iras
(R. 1097-1098). « I hâve been a sinner; I hâve sinned wondrous much ». En
réalité, la deuxième de ces propositions est une subordonnée relative ; a est
ici en fonction, non pas de simple particule verbale, mais de pronom relatif,
et il a pour antécédent peghadoras. Il faut entendre : « Moi, j'ai été une
pécheresse, qui a péché d'une façon prodigieusement grande. » A, particule
verbale. « Le moucheron tuerait un cheval, s'il pouvait ». . . . an webesen a
lathii. margh a calla (M. 2422), crie Teudar, se moquant des menaces de son
adversaire. Le premier a (dans : a latha) est la particule verbale devant un
conditionnel. Stokes semble y avoir vu, bien à tort, la préposition a suivie
d'un infinitif, dépendant de la proposition conditionnelle, dont le verbe
serait — autre erreur — à la i re pers. sing : « If I could kill a horse ».
Pour an webesen, voir ma note à guibeden. A, nota augens. « Who does not my
désire », c'est ainsi que Norris traduit le vers : ma nv wrefa o\v desvr (R.
2473)La traduction est inexacte. Il faut entendre : « S'il ne fait, lui, mon
désir ».. . Celui dont il s'agit et qui est désigné par le pronom personnel 3
e sing. qui suit le verbe et s'appuie sur lui (ivre/a), est le même que celui
dont il est question au v. 2469 : . . . nep na vynno crygy, « quiconque ne
voudra pas croire ».
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<-. Cuillattdre. Av. un pour rôle de servir de
renforcement au sujet, au complément, parfois même à l'adjectif possessif, ce
pronom personnel postposé se présente, pour la 3 me pers. du sing. masc,
tantôt sous une forme simple -a ou -e, pour ef, par ex. dans : del yweÇO.
1822), del ewa (Gwr. 490) = del yw ef (O.1494), " comme il est, lui » ;
ow thas pan ewa marowe (Gwr. 2078), m. à m. « mon père, puisqu'il est, lui,
mort »> ; xn ylea ef (Gwr . 337), « à sa place, a lui », kyn theiva (Gwr.
. « bien qu'il soit, lui », etc. ; tantôt et même assez fréquemment en moyen
comique, en comique moderne surtout, sous une forme redoublée ej-e, ef-a
ev-e, ev-a, réduite parfois à -/(' ou -fa, crou -va. Ainsi dans : ottefefK.
1901), « le voici »; panphyt v mefe, pour yma ef-e (R. 2053), « quelle
situation (est celle) où il est, lui ?» ; bythqueth whei na feveguel (P.
384), « jamais encore il ne fut, lui, mieux »; j'aie! nie fa (R. 2062), «
comme il est, lui » ; yth ofe (R. 2 121), « qu'il était, lui » ; merough
pymava (Gwr. 1 139), « regardez où il est, lui » ; henna gwelys panvova (Gwr.
1182), m. à m. « cela, vu quand ce sera » ; tbelh owne vredar ythova pour \th
ev-a (Gwr. 1300), « ton propre frère, il était, lui », etc. Dans l'exemple
que l'on trouve dans M. 334 : niar ny rêva comme dans celui de R. 2473 : ma
//v wrefa, le verbe est accompagné de la nota augens sous la forme redoublée
: niar ou ma ny wra ef-a. A, interjonction. A ne peut être le verbe « aller
», dans le vers : a war agys cam vvhy pobyl (M. 2022), comme l'entend Stokes
: « Go on your wav... » ; on aurait eu : euçh (impér. 2 e plur.), « allez ».
Ce ne peut être que l'interjection ; ci'. : a das ha mam (M. 25) e 6 père et
mère », etc. — Il faut donc traduire : « Ah ! de la modération, vous, peuple!
» ou encore : « Ah ! tout doux... Modérez votre allure, vos paroles. » — Pour
ce sens de l'expression war gant, « au pas » « en mesure », voir J. Loih,
Rev.Celt. XXVI, p. 250.
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L'étude
des textes comiques.
7 A, conj. « si ». Adam, las de la
vie, souhaite de mourir : Guvn veys a quellen vn wyth an termvn the thewethe
(O. 685-686). Sans rendre compte de a, qui est ici la conjonction de
condition « si », Norris traduit trop vaguement : « Gladly I would see. . .
». Il serait plus exact de traduire : « Heureuse destinée, si je voyais, une
fois, le terme pour finir ». — Voir à dewethe et à termyn, d'autres
inexactitudes à propos de ce même passage. Outre l'erreur qu'il a commise en
confondant l'impersonnel y coth, « il convient », avec le verbe gothvos, «
savoir », Wh. Stokes ne rend pas, lui non plus, compte de la conj . de
subordination a, « si », quand il traduit a cothfes ]3ar « thou oughtest... »
dans le passage : Du avan prest o y days a cothfes y attend va (M. 866-867).
Le sens est : « Dieu là-haut assurément était son père, si tu savais le
considérer ». Même rectification à faire à la traduction : « [thy belief]
should be good » que donne Stokes de la locution ape da (M. 1762). Il faut
entendre : « Si elle était bonne (ta croyance). » A, prépos. « de ». Stokes
s'est trompé en traduisant par « of [thy] God » l'expression a tbit dans : a
thu nv vyn boys covsis mas a crist a thuk mernans (M. 789-790). Le vrai sens
est : « De dieu (= d'aucun dieu) il ne veut que soit parlé, sauf du Christ
qui subit la mort » .
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s Cuillandre.
A, préposition à double sens, marquant
le point de départ et le mouvement vers Dans ses Remarques et additions à
l'Introduction to Early Welsh de John Strachan (Rev. Celt. XXXI, p. 150), M.
Loth a constaté en gallois le double emploi de la préposition 0, o-c (irl. 0)
pour marquer le point de départ et le mouvement vers, et il cite à ce propos
l'exemple significatif : pan doeth Freine Franc 1» erchy vechyd, « quand vint
de France le Franc pour chercher la santé » (A/vr. Arch., 195 . 1). Il a
signalé à l'appui, ce qui est décisif au point de vue du sens et de
l'origine, le double sens de la, particule sanscrite à. Whitney (Sanskrit
grammar, 1879, p. 87, § 293, c) établit que â a le sens dehither jrom, ail
theway from, et aussi quert fréquemment donne le sens de alllheziHix to,
until. M. Loth ajoute que c'est ce dernier sens que l'on a dans le gallois
a-dref, à la maison, jusqu'à la maison. En comique et en breton, la
préposition a, a-c, identique à la préposition galloise t>, o-c, est
d'usage courant (voir Gr. Celt. 667, 608, 930; Holger Pedersen, Vergi. Gr. I,
438 II, 162, 163, 168), mais elle n'a jamais encore été signalée au sens de
mouvement vers. Or j'en constate l'emploi avec ce dernier sens aussi en
comique, tout comme en gallois. Bien que la mutation ne soit pas toujours
écrite en moyen comique, on constate, à n'en pas douter, que cette
préposition provoque régulièrement adoucissement de la consonne suivante. Par
là, à première vue et sans qu'il soit même nécessaire de recourir à la
discrimination fournie par le sens, il est impossible de la confondre avec la
particule a qui, en comique plus récent, est une forme réduite du moy.-corn.
ow (owth devant voyelle), venant de orth, îvorthÇbvet. 011^, i>~, 0), et
qui, jointe à l'infinitif pour exprimer le participe présent, provoque au
contraire mutation par renforcement (ci. Gen. III, 5 : a cotha~, « sachant »;
l'infinitif moy.-corn. est gothvos, « savoir »). Une autre constatation digne
de remarque, c'est qu'en :d de tous les emplois — ou peu s'en faut — de cette
préposition a, au sens de « à, vers, pour », des exemples se
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L'étude
des textes comiques.
9 trouvent dans les textes d'une
construction normale identique avec la préposition tha (the, X/Ù> laquelle
du reste n'est pas différente de sens. Il y a moine, en comique moderne, un
exemple dans lequel, dépendant d'un verbe unique, deux infinitifs sur le même
plan grammatical et coordonnés comme ayant une fonction semblable, sont
précédés, le premier de la préposition a, le second de la préposition tha :
Jésus dalla a boroga ha tha huile (S. M. IV, 17), « Jésus commença à prêcher
et à dire... ». Faut-il voir là une faute de scribe et pour a lire tha ? Mais
du moment que a se rencontre ailleurs en pareil emploi, peut-on ici parler de
faute? Et le texte paraît bien établi (voir Rev. Celt. XXIII, p. 190).
Jusqu'à preuve formelle du contraire, l'exemple n'est donc pas à récuser.
Voici les exemples que j'ai relevés de cet emploi. Pour qu'il ne puisse
subsister aucun doute sur le sens, à la suite des constructions avec a
j'expose les constructions avec tha (the, je) dans la mesure où je les trouve
parallèlement employées dans les textes. I. — Emploi de la préposition devant
un nom. Avec le verbe dos, « venir » : a ierusalem thynny -ef a thueth a gai
vie (Pasc. 107, 3). « à Jérusalem jusqu'à nous, il est venu de Galilée ». La
scène se passe à Jérusalem; là, les Juifs, qui se sont emparés du Galiléen
Jésus, l'accusent devant le tribunal de Pilate. Aucun doute n'est donc
possible sur la valeur et le sens de a dans a ierusalem ; incontestablement
la préposition, dans ce groupe, marque direction vers, but dû mouvement, et
cette indication est confirmée par le pronom personnel, composé, lui, de la
préposition the (tha), thynny, « à nous, vers nous, jusqu'à nous », qui
accompagne et précise le nom de lieu. Notons, en passant, que cet emploi
parallèle de deux compléments ayant fonction semblable, l'un précédé de a,
l'autre the (tha) rappelle l'emploi analogue que j'ai signalé plus haut, en comique
moderne, et confirme la remarque que j'ai faite à ce propos.
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io /•
Cuillandre.
Avec le verbe dos, « venir », c'est la
préposition the (tha) qui est généralement employée devant un nom ou un
pronom pour marquer la direction vers : et a tliue the galyle (R 797), (i il
viendra jusqu'en Galilée » ; dun ny the tre (R. 805), " venons, nous, à
la maison »; y te theugh (R. 914), « qu'il viendra vers vous », etc. — De
même devant un verbe a l'infinitif pour marquer le but à atteindre : the
grygy thomas a thue (R. 121 9), « Thomas (en) viendra à croire » ; dos gynen
| omma thagen lowenhe (R. 1166-1167), « venir avec nous ici pour nous réjouir
» ; pan thueth ihesu gallosek | thagan mvras... (R. 1177-1178), « lorsque
vint Jésus puissant, pour nous visiter », etc. Je crois devoir faire
remarquer que dans le vers de Pascon (107, 3) dont il s'agit, la même
proposition contient, outre le complément de lieu précédé de a, « à, vers,
jusqu'à » : a Jérusalem (question quo), un autre complément de lieu précédé
de a, « de », marquant point de départ : a galyle (question undé), absolument
comme dans l'exemple gallois de la Myv. Arch. 195. 1, que je rappelle plus
haut. Avec le verbe dyghtye, « préparer » : fvstvn leman me ath pys mav îo dvghtvs
a vreder (P. 691-692), « hâte-toi maintenant, je te prie, pour que ce (= le
souper) soit prêt (préparé) pour les frères ». Je montre plus loin (voir ma
note à breder) que, dans ce passage, breder est le pluriel du nom brodar, «
frère », et que la préposition a qui le régit n'est et ne peut être que celle
qui signifie « à, pour », emplovée ici pour marquer destination. II. — Emploi
de la préposition devant un infinitif. Avec la locution gui bost, « se vanter
» : corf y n beth a worseugh whv a wre bost a thassergliy (R. 45-44).
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(delwedd F0299) (tudalen 011)
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L'étude
des textes comiques.
1 1 n le corps que vous avez mis dans
la tombe se vantait de ressusciter ». On ne peut objecter que, dans le groupe
a thasserghy, a est une particule verbale suivie d'un mode personnel (le
futur secondaire 3 e pers. sing.). Si l'on avait affaire à un mode personnel,
la construction eût exigé devant le verbe, non pas la particule verbale a,
mais la particule y (= yth), qui eût provoqué, à l'initiale du verbe datherghy,
renforcement de la sonore dentale d en sourde t ; c'est ce que l'on trouve en
effet dans une construction analogue où le verbe subordonné est de fait au
futur secondaire 3 e pers. sing. : pan bostyas. . . v tasserghy (R. 374), «
quand il se vanta. . . qu'il ressusciterait ». (Cf. même renforcement de la
dentale initiale après la cor\\.hyn :kyn tassorgho (R-379), « lors même qu'il
ressuscite », m. à m. « ressuscitera », futur primaire.) Dans le passage R.
43-44, il est à noter que l'on ne se vante pas d'un acte passé, mais d'un
acte à accomplir dans l'avenir, c'est-à-dire d'un but à atteindre ou
simplement d'une intention. Tel est bien le sens de notre préposition a, et
très normalement elle provoque adoucissement de la sonore initiale de
l'infinitif datherghy en spirante th:a thasserghy. Après la locution ry
cummyas, « donner congé » : ro thym kymmeas me ath pys, % a kym'ere corf
ihesu, (P. 5112-3113), « donne-nous congé, je te prie, pour prendre le corps
de Jésus. » Cf., dépendant aussi de cummyas, des constructions analogues avec
la prép. the : adam cummyas scon a fyth hys the baal luen the drehv (O.
379-380), « Adam, tu auras immédiatement congé de fendre (la terre)
pleinement (de) la largeur de ta bêche » ; gvyn agan beys bos granntyes
thynny cummyes the baies . . . (O. 41 1-412, 414),
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i 2 J.
Cuillandre.
Heureux notre sort..., qu'il nous ait
été accordé congé de bêcher... » guyn ov bvs kafus cummvas tlic wothfos pvth
vo ena (O. 7)0-75i), ■ Heureux mon sort d'avoir la
permission de savoir ce qui y .sera ». iosep vs thyso cummyas an corf ker the anclethyas (P. 3
159-3 140), « Joseph, as-tu la permission d'ensevelir le cher corps? »
cummyas grantyys thym yma thy anclethyas. . . (P. 5 146-5 147), « permission
m'est accordée de l'ensevelir », etc. Avec le verbe cusyllye, « conseiller »
(2 exemples) : me ath cusyl a grvsv (R.1130), « je te conseille de croire »;
cusyl lyough menough ihesu ' a gase y wokyneth (P. 1 807-1808). « Conseillez
vivement à Jésus d'abandonner sa folie ». Construction analogue avec the : .
. . pyth yv the cusyl worth an drana the wruthyl (R. 25-26), quel est ton
conseil de faire contre cette chose-là ? ». Avec le verbe dalkth « commencer
» : Jésus reag dalla a boroga ha tha laale (S. M. IV, 17), « Jésus commença à
prêcher et à dire... » Avec le verbe danfon (danvern), « envoyer » : an
emprour rem danfonas a whvlas vn pow gueras (R. 1645-1646),
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(delwedd F0301) (tudalen 013)
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L'étude
des textes comiques.
1 3 « l'empereur m'a envoyé pour
chercher dans le pays guérison (pour lui) » Constructions avec thc après le
même verbe : thc wnues thym danfon thum confortye (R. 509-510), « ... de
vouloir envoyer à moi, pour me réconforter... » dew Jen crist a 5anvonas ' 5
e berna boys ha devas (Pasc. 42. 1), « le Christ envoya deux hommes pour
acheter nourriture et boisson » ; an nef y fe danvenvs 'el 5°5° 5Y gomfortye
(Pasc. 58.2), « du ciel fut envoyé un ange vers lui pour le réconforter » ;
Jojo ihesus jy thampny * pylat bys pan danvonas (Pasc. 110.3), « jusqu'au
moment où Pilate lui envoya Jésus pour le condamner ». Avec la locution
verbale dyîytyma, « il y a délices » : yma theugh mur a thylyt a ymknouke (P.
2323-2324), « c'est pour vous beaucoup de délices de vous cogner mutuellement
». La locution étant rare, je ne l'ai pas trouvée construite avec tbe. Avec
la locution verbale dysyr yma et un pron. pers., « avoir désir » : yma thymmo
mur dysyr a wothfes ortheugh an guyr (R. 194-195)» « j'ai grand désir de
savoir de vous la vérité ». Cette locution verbale est peu fréquente, aussi,
dans les textes. Pas d'exemple avec the.
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i.l Cuillandre.
Avec la locution verbale othem
(etbotri)us s « besoin est » : pan othem vs thysogy a naha roweth an bys (M.
Î56-3 57), « quel besoin est à toi de renier les biens du monde ». Après
cette locution verbale, les exemples de construction avec la prépos. the ne
manquent pas : tlien arluth ethom yma the wruthyl «ans an rena (P. 182-183),
« au Seigneur besoin est de faire avec ceux-là » ; v fyth othom anethe the
gunde mab den (O. 1949-1950), « on en aura besoin pour faire souffrir (?) le
Fils de l'Homme ». mar pvth othom theth weres (R. 596), « si besoin est de te
secourir » . Avec la locution verbale composée de gras {grath) « avoir, (ou
accorder) la grâce de » (3 exemples) : . . .gras a wul da pup prys (R. 821),
« la grâce de bien agir à tout instant » ; rag golowder nymbus grath a
whythre warnas vn prys (O. 1413-1414), « à cause de la lumière
(éblouissante), je n'ai pas la grâce de jeter mes regards sur toi un instant
» ; ro thvmmo grath -a thos theth plath gans the eleth (P. 291-292), «
donne-moi la grâce de venir à ton séjour (place), avec tes anges » .
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(delwedd F0303) (tudalen 015)
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V étude
tics textes comiques.
15 Constructions avec the, après la
même locution verbale : arluth 10 thvmo an gras vn wvth the weles the fas (R.
826-827), « Seigneur, accorde-moi la grâce, une fois, de voir ta face » ; . .
. . ro thvm an gras . . . .the gafos spas gynes hvthev . . . (R. 839-841), «
accorde-moi la grâce d'avoir occasion (de me rencontrer) avec toi aujourd'hui
» ; .... gras ha whans 5 e wolsowas y basconn (Pasc. 1,2), « . . .grâce et
désir d'écouter sa passion » ; . . . .gras ha skyans nhejerevas. . . (Pasc.
1, 3), « . . .grâce et science pour (la) raconter. . . » an tas an nef
caradow roy thotho grath thy seruye (O. 679-680), « que l'aimable Père du
ciel lui donne la grâce de le servir » . Après le verbe hyrghy, « prescrire,
ordonner » : cayphas re hyrghys thywhy a thos the ierusalem (P. 16481649), «
Caiphe vous a prescrit de venir à Jérusalem » . Avec le verbe pesy, « prier »
(nombreux exemples : 15) me ath pys thym a gafe (R. 1548), « je te prie de me
pardonner » ; me ath pys arluth a ras a thanfon thvnny cannas (R. 767-768),
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(delwedd F0304) (tudalen 016)
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i6 ./•
Cuilïandre.
t( prie, Seigneur, de grâce, de nous
envoyer un messager » ; me an pys a lue n golon lies thvnimo a thanfon (R.
1715-1716), « je le prie, de plein cœur, de m'envoyer la santé » ; [caiphas]
ath pys a thos thotho bvs vn tre (P. 565-566), « [CaïpheJ. . . te prie de
venir à lui (= le trouver) jusqu'à la maison (chez lui) » ; ow map whek me a
vynse a luen golon the pygy a thos thym ha fystyne (R. 447-449). « mon doux
fils, je voudrais de plein cœur te prier de venir à moi et te hâter » ; me
ath peys a thybry gynef vn prys (P. 45 5-4)6). « je te prie de manger avec
moi un repas » ; [lauar] ..... my thy bysy a leuerel guyroneth (O. 701-702),
« [dis]. . . que je le prie de dire la vérité » ; .... ef ad pygys a leuerel
guvroneth (O. 739-740), « il t'a prié de dire la vérité » ; pie ma ihesu the
pygy a leuerel thymmo vy (R. 1649-1650), «... te prier de me dire, à moi, où
est Jésus » ; me ath pysse a pridiry ahane (P. 2906-2907,
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(delwedd F0305) (tudalen 017)
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L'étude des textes comiques.
17 « . . .je te prierais de penser à
moi » ; me ath pvs yn cheryte a sauve o\v dew lagas (P. 395-396), « je te
prie, par charité, de guérir mes deux yeux » ; me ad peys arluth vhel then
tyr ty a ry cummyas (O. 575-376), « je te prie, haut Seigneur, de donner
congé (de permettre) à la terre ...» conseler gentyl yth pysaf a rv thymmo
cusvl tha (O. 1 566-1 567), « gentil conseiller, je te prie de me donner un
bon conseil » ; agis pesy y fanna a ry dymmo vy ordys (M. 520-521), « je veux
vous prier de me donner, à moi, les Ordres » ; meryasek me ath pesse a wul vn
dra ragovy (M. 2056-2057), ■ Mériadec, je vous prierais de
faire une chose pour moi » . Après le même verbe pesy, on trouve normalement aussi la
construction avec la prépos. the (tha) 1) devant un nom.: pesy may halle | jy
das (Pasc. 53, 3 et 4); me a bys than leal drenges (Gwr. 1399), « je prie la
loyale Trinité » ; me a beys tha wrear neff (Gwr. 2605), « je prie le
créateur du ciel », etc. — 2) devant un infinitif, comme dans les exemples
cités plus haut, avec a : [dvn] .... the pygy o\v thas ker dre y votli thagas
gwythe (P. 109-11 1), Revue Celtique, XLVIII. 2.
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(delwedd F0306) (tudalen 018)
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iS /•
Cuillandre.
« [allons] .. • prier mon cher père,
par sa volonté, de vous garde . . . .me a beys crist ihesus thagis socra pur»
termen (M. 591-592). « je prie le Christ Jésus de vous secourir en toute
circonstance » . Avec la locution verbale rcxs(xzc), « il est nécessaire de »
: may revs thymrao vn torma a clewas ol y voys ef (O. 1486-1487), . . .qu'il
v a nécessité pour moi en cette occurrence d'entendre toute sa voix, à lui ».
Constructions avec the après la même locution : fvsteneugh o\v leuerel pendra
revs thyn the wuthui (R. 2251-2252), « hàtez-vous de dire quelle chose il
nous est nécessaire de faire » ; reys y\v porris lieb strevye "both o\v
Jasje vos sewijs (Pasc. 73.4), « il est nécessaire, absolument nécessaire
que, sans lutter, la volonté de mon père soit suivie » ; dusruneow drok na da
ny revs Jynnv3e welas *awos dampnye an denma (Pasc. 94, 5-4), « des
témoignages mauvais ni bons, il ne nous est pas nécessaire d'(en) chercher,
pour condamner cet homme-ci ». Avec le verbe sconya, « refuser de, se refuser
à » : ny sconnyaf vn nep maner a wul ol the woluneth (O. 1291-1292), « je ne
refuse en aucune manière de faire toute ta volonté ». Même verbe construit
avec la prépos. the : henna pedyr a sconyas "ihesus^e wolhy v <1-, ,
(Pasc. 46.1), « cela, Pierre le refusa, que Jésus lui lavât les pieds » .
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(delwedd F0307) (tudalen 019)
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V élude
des textes comiques.
19 Abel. .-/West bien l'adverbe
comique qui signifie « de loin, au loin » (hret. a-bell), dans le vers : an
remyv fyys abel (M. 3544), « ceux-ci se sont enfuis au loin ». Mais dans le
passage suivant : vma orna tus arvov hag archers gaus guaregov abel purguir
dy latha (M. 5910-3912), c'est l'adjectif anglais abtt, « capable, à même de
». Et Stokes traduit à tort « . . .from afar. . . ». Il faut entendre : « Il
y a ici des gens d'armes et des archers avec des arcs, capables sûrement de
le tuer » (m. à m. « de la tuer, dy latha, le nom dragon étant féminin en
comique). De même dans cet autre passage : nynso abel thum perthv (M. 2495),
« il n'était pas capable de me résister ». L'anglais able (= suffixe tranç.
-able) se trouve en comique dans le composé mercyabyl (M. 2173), «
miséricordieux », dont la variante merciabal, mal comprise par Williams après
Pryce, a été correctement rétablie et expliquée par M . Loth {Rem. et corr.
au Lex. Cornu-Britann., Rev. Celt. XXIII, p. 237). A dal. Pour avoir, bien à
tort, prêté une valeur passive à cette forme verbale, Norris commet un contre-sens
formel, en traduisant : dev a dal theugh ol henna (O. 1198), « O God, ail
this is due to vou ». Bien au contraire a dal a
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(delwedd F0308) (tudalen 020)
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20 Cuillandre.
un sens transitif qui a pour régime
direct ol henna, dev étant sujet (non pas apostrophe) et il faut traduire : «
Dieu vous revaudra (paiera) tout cela ». De même dans : my an talvvth thyugh
(O. 2387), « je vous le revaudrai (paierai) » ; dev tal thyso ov mones the rv
thvmo dvgnvte bras. . . (O. 2605-2607), « Dieu te revaudra d'aller me donner
une grande dignité » ; hag ef a dalvyth j\s wheth. y honore delwrussys (Pasc.
il 5-4), « et il te le revaudra encore, de l'honorer comme tu as fait » ;
cryst ihesu dys ren tala (M5)8), « que le Christ Jésus te le paie » (cf.
encore M. 755, 1097, 4248). Même sens dans la formule de remerciement et de
souhait Durdaîa (== Du re dalo), Dieu (vous) le repaie ! » ; cf. Pryce :
Durdala tha why; Borde : Durdala de why, « I do thank you » Agas, prép.
-jadj. poss. De même que ant et ath dans les emplois que je signale plus loin
(voir Am et Beiv), agas dans : agas enour gromercv (O. 2384), comporte la
préposition a, « de » jointe à l'adjectif possessif 2 e pers. plur. infixe :
« de votre honneur, grand merci ! » Norris traduit bien inexactement et par à
peu près : « thanks /(» you for the honour » . Agis, autre forme de agas, se
retrouve avec la même valeur et le même sens <> de votre » en maints
passages : mur gras y wotheo nefra thywy agis bolnogeth (M. 309-310),
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(delwedd F0309) (tudalen 021)
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L'étude
des textes comiques.
21 « nous vous saurons beaucoup de gré
de votre (bon) vouloir. (Pour Terreur commise par Stokes sur le verbe, voir
ma note à gotherî). thyugh mur grays thvm agis bolnogeth da (M. 320-321), «.
. .grand'grâce à vous de votre bon vouloir pour moi » . peys da on agis avevs
(M. 2706), « nous sommes bien satisfaits de votre avis ». A hos Joseph
d'Arimathie et Nicodème, mis en prison pour leur amour du Christ, viennent
d'être miraculeusement délivres : Jos. : the ihesu gras Nichod. : cresys a
hos. dev a allos y vones thvn (R. 327, 331-332). M. Loth a fait justice de
l'interprétation : « midst of the wal », que donne Norris des premiers mots
prononcés par Xicodèmeet a rétabli, conformément à la révision de Stokes, la
leçon du ms. : cresys, « j'ai cru », qui est sans doute un parfait à sens de
présent : « je crois ». Pour a hos, M. Loth (Rev. Celt. XXVI, p. 255) suppose
une faute de scribe au lieu du verbe bos, « être », et il traduit : « J'ai
cru que Dieu de puissance il est pour nous ». S'il en était ainsi, on aurait
deux fois et sous deux formes distinctes, bos et bones, l'infinitif du verbe
« être » dans une seule et même proposition, les deux ne valant que pour un
emploi unique. C'est impossible. — Mais gardons le texte tel quel; sans
modification ni faute supposée, il s'explique aisément. A hos est identique
au gall. mod. achos (verbe achosi), que Lhwyd écrit a-ghos et qu'il donne à
gratta, « à cause de, par la grâce "de ». On obtient dès lors un sens
très satisfaisant : « J'ai cru, ou je
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(delwedd F0310) (tudalen 022)
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2 2 Cuillandre.
crois que, par la grâce du Dieu de
puissance, ceci (notre délivrance) est à nous »; ce qui revient à dire :
<< Je crois que c'est par la grâce du Dieu de puissance que nous
l'avons, notre délivrance », le verbe bottes avec son complément
d'attribution thyn marquant ici l'idée d' « avoir », « posséder », comme en
latin esse avec le datif. L'exclamation que profère Joseph d'Arimathie et qui
exprime le même sentiment : « A Jésus » grâce !... (v. 327) paraît confirmer
mon explication. Am, relatif + pron. pers. infixe. Le ms. de Beunans Meriasek
au vers 3491 porte: ty falge horsen ani brag vy Avond , Wh . Stokes a cru
nécessaire pour le sens de corriger, en ajoutant la négation, qu'il a du
reste soin de mettre entre crochets : [n]am brag vy ; et il traduit : «...
insuit me not. . . » La correction était inutile; la leçon du ms. est
correcte et se comprend sans difficulté. Mais la forme verbale brag, au lieu
d'être un impératif 2 e pers. sing., comme l'entend Stokes, est un présent de
l'indicatif 3 e pers. sing. (constr. impersonnelle) et am est une forme
connue du pronom relatif a joint au pronom infixe de la i re pers. sing. . Le
sens est : «Toi, faux fils de putain, qui m'insultes, (ôte-toi) de devant (ma
face) ! . . . » Il en est de même dans le passage : tv horsen agen brag nv
tins mylw ha Je crist t'y (M. 1 228-1 229), « toi, fils de putain, qui nous
insultes, pour toi et pour le Christ mille fois fi ! », exemple où agen brag
ny est également une proposition relative, agen valant de même pour le
relatif u)int au pron. pers. infixe i re pers. plur. Et ici, comme dans le
premier passage, Stokes a tort de corriger la leçon du ms. agen en \n\agen
avec négation, et de traduire par l'impé
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(delwedd F0311) (tudalen 023)
|
L'étude
des textes comiques.
23 ratif : « . . .insuit us not. . .
». — Pour avond du v. 3492, voir ma note plus loin .
Am,
particule verh. -fpron. pers. infixe.
Au lieu
de a vxtb, lecture fautive de Norris, il faut lire am bxth (Stokes, Collation
of Corn . Draina) dans 0. 1252, et le vers ainsi correctement rétabli :
hag an
acord am byth cof,
doit
s'entendre, non pas : « and of the covenant shall be remembrance », mais: «
et de l'accord j'aurai souvenir», m. à m . « souvenir sera à moi » . Am est
ici la particule verbale a jointe au pron. pers. infixé i re pers. sing. ; le
verbe «être » précédé du pron. pers. infixe traduit le sens du verbe avoir :
d. marth am bes (Pasc. 120. 1), « émerveillement est à moi » ; ovn am bus vy
(O. 1452), « peur est à moi » = « j'ai peur », etc.
Norris
n'a pas compris la valeur de cet emploi du verbe « être » avec ie pron. pers.
infixe, en plusieurs autres passages; par ex. dans: onor a fyth vynytha (P.
1904), « honneur tu auras toujours», m. à m. : «sera à toi », a fyth = ath
fyth ; ni dans : me as wysk may fo drok pyn (P. 2108), où le sens n'est pas :
« . . . that pain may be bad », mais bien : « je te frapperai en sorte que tu
aies peine douloureuse » .
Am,
prépos. -|pron . pers. infixe.
Norris
traduit fort inexactement : « He has quite lost the place. Which my right
hand had made. . . » le passage :
gvlan
et" re gollas an plas
am lef
thyghyow a wrussen
(O.
420-421),
qui se
répète aux v. 920-921. Il ne s'est pas avisé que la forme verbale a wrussen
est une forme personnelle r e pers. sing. et que par conséquent le groupe am
lef thyghyow ne
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(delwedd F0312) (tudalen 024)
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; i Cuilîandre.
peut pas en être le sujet. De plus, mn
est ici la préposition a, « de », jointe au pron. pers. inlîxe f c pers.
sing., signifiant (de ma. . . », A;/ étant féminin. Il faut traduire : « Il
(Adam) a entièrement perdu la place que, de ma main droite, j'avais faite
...» Am a cette même valeur encore dans le passage : ha nep na vynno crygy nv
vl bos ./;/; servysy (R. 2470-2 171), que Xorris traduit inexactement: «and
those who will not believe cannot be mv servants » mais qu'il faut entendre :
« et quiconque ne voudra pas croire ne peut être de mes setviteurs » . Et
dans cet autre où le Pharaon lance une menace contre Moïse : raar ath catïaf
re iovyn vth lathaf kvns vs vyttyn ani dew luef sur (O.IS34), « Si je te
trouve, par Jupiter, je te tuerai avant que (soit) matin, de mes deux mains,
sûrement » . Et dans ce vers : Squvth off omma am bcvnans (M. 1685), « je
suis las, ici, de ma vie ». L'erreur commise par Norris a aussi échappé à
Stokes quand il traduit par « mv limbs » l'expression am esely dans : me yv
inweth efrethek am eselv poùrethek (M. 5JO-541), passage qu'il faut entendre
: « moi aussi je suis un infirme, pourri de mes membres ». Comme pour am, «
de mon. . . », les textes fournissent des exemples d'emploi de agas {agis),
avec le sens « de votre...» (voir note agas) et de ath, « de ton ...» : ath
darvvas schanie vthw (M 879),
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(delwedd F0313) (tudalen 025)
|
L'étude
des textes comiques.
25 « de ta déclaration, c'est honte !
» c'est-à-dire : « C'est une honte d'affirmer ce que tu dis » . Am, conj .
«si » + pron . pers. infixe. Stokes traduit am beua par « that I might hâve
», comme si c'était une proposition finale, dans : thum corff am beuaj^has v
rosen hanter ov gluas (M. 1686-1687). Mais dans ce cas la proposition finale
eût été amenée par la conj. de subordination ma, « pour que », et l'on aurait
eu, comme dans un autre passage du même drame : maym beua (M. 47). Comme le
montre l'emploi du conditionnel v rosen dans la propos, principale, am dans
la subordonnée comporte la conjonction de subordin . « si » jointe au pronom
personnel infixé i re pers. sing. devant le verbe « être » au sens de « avoir
». Il serait donc plus exact de traduire : « Pour mon corps, si j'avais de la
santé, je donnerais la moitié de ma terre » . An, prép. -farticle. Xorris n'a
pas vu la construction dans le vers : marth thym an densys vma (R. 2502),
qu'il entend ainsi : « Wonder to me if this is the Godhead ». (Xorris avait
hideusys, « divinité », corrigé par Stokes, d'après ms., en densys, «
humanité ><). Il faut entendre : « Émerveillement est à moi de (au
sujet de) l'humanité». — An est ici une forme composée de la préposition a, «
de » et de l'article défini. Les exemples ne manquent pas de l'emploi de an
avec cette valeur: an tros then pen (O.1762), « du pied à la tête » ; des an
grows (Pasc. 197.2) «descends (m. à m. viens) de la croix » ; an ughelder may
jese (Pasc. 5 .2), « de la hauteur où il était » ; [do
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(delwedd F0314) (tudalen 026)
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2b J.
Cuillandre.
wrj... an mon cales (M. 671), ■
une eau (qui provient) de
la pierre dure 0; kvns moys an plaeth (M. 4562), « avant de s'en aller de la
place » ; pan dyweth an t h ragot) vras (M. 4075), « quelle fin du grand
dragon ? -, etc. An cothfos (yn). Les anges s'étonnent de voir monter au ciel
le Christ tout vêtu de rouge : Dvllas ruth yn an cothfos prak vs guyskys (R.
254S-2549). Williams n'a pas relevé l'expression yn an cothfos. Norris la
traduit sans vraisemblance par « knowing it ». M. Loth (Àvc. Celt. XXVI, p.
267) pense que cothfos est probablement pour golhfos, « savoir, connaître »,
et il traduit : « . . . dans, à notre connaissance » . Mais cette
interprétation donne un sens peu satisfaisant : « Des vêtements rouges, à
notre connaissance, pourquoi les as-tu vêtus ? « De plus, elle se heurte à
une objection qui est grave : si cothfos, leçon authentique du ms., est pour
gothfos, comment — à moins de supposer, et gratuitement, une erreur du scribe
— expliquer le renforcement de la sonore initiale gen sourde c? An pouvait
être l'adjectif possessif i re pers. plur. '«notre, nos », et l'équivalent de
agan, agen, dont on trouve d'autres formes encore. Mais après an, comme après
agan, agen, etc.. dans tous les exemples que j'ai relevés sur fiches, la
consonne initiale du nom en composé svntactique reste toujours sans
changement en comique ; la sonore reste sonore, la sourde reste sourde. Il en
est de même en breton après bon, « notre, nos » : ni rentorcement, ni
affaiblissement. Il convient donc d'abandonner l'explication par gothfos, et
de résoudre la difficulté en se basant sur la graphie du texte, cothfos. Dans
un Cornish Glossary, où il relève quelques centaines de mots omis par Williams,
Wh . Stokes, donnant à an cothfos le sens de « unknownness » (Transact.oj the
Philolog. Soc, 1 868-1869, p. 140), considère cothfos comme composé d'un
emprunt coth à l'anglo-saxon end, identique au premier élé
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(delwedd F0315) (tudalen 027)
|
L'étude
des textes comiques.
27 ment de cothman, « camarade », et
du verbe comique sbo, e ». Telle me parait bien être la véritable explication
de lUicdthfos, à interpréter par l'anglais iiiianithness, « étrangeté,
bizarrerie, grossièreté » ' . L'impersonnel y coth, « il convient », d'un
emploi fréquent dans les textes comiques, s'y trouve une fois en composition
avec le verbe substantit bos : ray ny gafaf vnno ken mav cothfo thym v lathe,
(P. 1798), « moi, je ne trouve en lui raison pour laquelle il me soit
convenable de le tuer » . La composition avec le verbe substantif est des
mieux connues en comique (bos), gallois (bot), breton (bout), ainsi qu'en
irlandais (ci. H. Pedersen, Vergl. Gr. II, p. 442 etsuiv.). Elle est plus ou
moins fréquente suivant les langues et les époques . Pour au privatif et son
action sur les consonnes suivantes, ci. H. Pedersen, Vergl. Gr. 1,45, 46; II.
6, 7, 8. Au point de vue de l'effet sur les consonnes suivantes, la question
est des plus compliquées dans les trois langues. Pour a;*privatif, en
comique, devant les occlusives, sourdes, il n'y a aucune difficulté. Il n'en
est pas de même devant les sonores, b, m : an provoque affaiblissement.
Devant /, comme en gallois (et irlandais) on a av: avlabar . En gallois,
devant les explosives sonores, on a assimilation ou affaiblissement ; :. M.
Cuillandre a évidemment raison. Il faut lire ancothfos et l'interpréter par
uncouthness. Le verbe est bien d'origine anglo-saxonne. Williams dans son
Lexicon cornu-briidnnicum a eu le tort de supposer que dans coth il y avait
une mutation de goth. Des formes comme ny goth (il ne convient pas) auraient
dû l'arrêter. Ce qui l'a induit en erreur, c'est une fausse identification
avec le gallois gweddu, gweddus (convenable) : il eût fallu supposer ueid-,
vieux-celtique, qui eût pu, en comique, donner god, (écrit goth). Pour
Williams, voir coth (y coth), cothjo ; goth, gotho), il n'y a dans aucune des
langues celtiques rien qui puisse expliquer coth dans le sens de convenir, au
contraire cothman s'y rapporte clairement. Quant à la composition avec bos,
elle n'a rien que d'ordinaire (sur ces composés avec le verbe substantif en
gallois, comique (bos) et breton (bout), cf. H. Pedersen. Vergl. Gr. II, 442
et suiv. (Note de J. Loth).
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(delwedd F0316) (tudalen 028)
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jn y.
Cuillandre.
devant /', /, on a régulièrement -av,
mais an reparait : an-Iles o désavantage » au lieu du régulier af-les. Pour
le comique à remarquera»-}^, à côté du gallois af-iach (ci. irl. am-iress, «
incrédulité » (moderne aimhireas, plutôt ambras). Avec le préfixe, an,
l'expression ancothfos prend le sens d' « inconvenance » . L'inconvenance,
d'après le contexte même, consiste à se présenter vêtu de rouge dans un monde
d'anges, tous vêtus de blancheur. Un ange le fait expressément observer au
Christ : an eleth omma yv guyn. . . vn ken lyw nvs guelys whetb (R.
2532-2534), « les anges ici sont blancs;. . . en autre couleur, je ne les ai
pas vus encore ». * Par suite, le sens du passage en question (R. 2548-2549)
devient clairet cohérent : « Des vêtements rouges, avec inconvenance (ou :
étrangeté), pourquoi les as-tu vêtus ? » . Question en harmonie avec la
réponse du Christ, affirmant (R. 2535, sqq .) qu'au ciel il lui convient de
paraître, rouge encore du sang de sa passion. Aperia. En traduisant par «
open » l'infinitif aperia dans : v aperia ny vynnys (M. 3693), YVh . Stokes y
voyait sans doute une forme empruntée au latin aperire. Mais outre que cette
forme n'est pas attestée ailleurs dans les textes, le sens, même si on
entendait « exposer (en ouvrant) •> ne cadre pas bien avec le contexte
immédiat. Le seul nom que puisse grammaticalement désigner lad;, possessif v
devant l'infinitif et qui, au vers précédent (3792) avait déjà été rappelé
par le pron. personnel -e compris dans la locution exdamative alte, « le
voici », est le nom an //(>,i, r ',
«l'enfant » employé au v. 3789 (il s'agit de l'enfant Jésus enlevé des bras
de la vierge Marie). Quant à
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(delwedd F0317) (tudalen 029)
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L'ctudc
des textes comiques.
29 prétendre que c'est le coffre que
Ton ouvre pour exposer l'enfant, ce n'est pas davantage soutenable : la
construction, ainsi que je viens de le montrer, s'y oppose et le mot cofyr
n'est exprimé que 150 vers plus haut, au v. 3643 . Je crois que le comique
aperùt est plus vraisemblablement un emprunt à l'anglais to appear, «
apparoir », ici au sens transitif to make appear, « faire paraître, montrer,
faire voir, exposer », et que, avec cette origine (lat. apparère) et ce sens,
il est à rapprocher de l'adj . adv . apert, « qui paraît bien ; apparemment,
de façon apparente », maintes fois employé dans les textes : den apert (Pasc.
255-3; apert... y tyskys o\v dvskes (P. 1252) ; pur apert hag yn golow y
leveris o\v dyskas (Pasc. 79.1); pur apert y ret flamyas (Jbid. 92.2); en bejow.
. . a pert a ve egerys (Jbid. 210. 1). — Cf. en franc. la locution encore en
usage sous forme impersonnelle : il appert. Ce sens s'harmonise parfaitement
avec le contexte. La femme dont il s'agit avait enlevé l'image de l'enfant
Jésus des bras de la Vierge ; elle cache cette image dans un coffre, car,
ditelle, « je n'ai pas voulu la faire voir (l'exposer) » . Appen. Dans son
édition de Beunans Meriasek, au v. 2882. Stokes a traduit cette expression
par « at the end », et dans son Glossary to B. M. il la présente comme
composée du mot pen, « tète » . C'est une erreur. Elle est formée de la
conjonction a marquant la condition et du présent secondaire i re pers. sing.
ben du verbe « être » avec provection très régulière du ben p-, au contact
d'une sourde disparue en provoquant le renforcement. Cette sourde
primitivement -/se retrouve en comique sous la forme assibilée -i"dans
la conj . de condition : mar-as, mars, et en breton sous forme de la sonore
-ddans : mar-J-ouff me, « si je suis, moi »; ne-d-off, « je ne suis » ;
mar-rf-eo, « s'il est », etc. (Voir Gr. Celt. 2 , p. 5495)0)La même
provection que dans appen (M. 2882) « si j'étais »,
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(delwedd F0318) (tudalen 030)
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Cuillandre.
et dans les mêmes conditions, s'est
produite dans les expressions : appâta (M. 686), «si j'étais », a pe da (M.
1762), a si elle était bonne », mar a peth (M. 2315), «s'il est -, mar a
pelby (M. 2575) « si c'est. . . », etc. Apposijs. Mériadec vient trouver
l'évèque de Cornouaille et lui exprime le désir de recevoir les Ordres,
«afin, dit-il, d'administrer le corps de Jésus », genough pan ven apposijs
(M. 525). Ce dernier vers a été inexactement traduit par Stokes : « by you
when I may be appointai ». Le sens est : « de vous lorsque j'aurai reçu
l'apposition (des mains)». Il s'agit de l'apposition des mains par l'évèque
pour conférer la prêtrise. Ce sens est confirmé par la réponse de l'évèque à
la demande de Mériadec : rv dvs ordys me a vvn in hanev ihesu lemvn sacrys
gêna betheth suer (M. J29-SÎI), « je veux te conférer les Ordres; au nom de
Jésus, à l'instant, tu vas être consacré par moi, sûrement ». Aquytya.
Malmené par des bourreaux, un chrétien s'écrie: cryst w pen an arlythy a ra
agis aquytya I M . 1226-122 Stokes se trompe en voyant là une interrogation
et en traduisant aquytya par « acquitter » au sens d' « absoudre, dispenser
par mesure gracieuse du châtiment dû à la faute »: « . . .will he acquit you
? » La phrase en réalité est affirmative et aquytya ne signifie
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L'étude
des textes comiques.
31 pas ici simplement « tenir pour
quitte », mais exactement • faire paver pour être quitte ». « imposer un
châtiment adéquat, en paiement de la faute » . Le chrétien veut dire : « Le
Christ, chef des seigneurs, vous le fera payer intégralement (en vous
punissant) » . Ce sens du verbe aquytya se constate en d'autres passages du
même drame. Un aveugle supplie Mériadec de lui rendre la vue : « Je voudrais,
dit-il, te prier et, s'il est en mon pouvoir, te paver de retour d'une façon
adéquate », the aquyttyaQA. 2556-2558). — «Si vraiment tu m'apportes une
querelle de fausseté, crie le roi à un tyran qui est venu le narguer, je te
(le) ferai payer avec usure, the aquytlya. . .gans lendury, avant que je m'en
aille d'ici » (M. 3485-3490). — « Ceux qui y viendront me visiter, promet
Mériadec en mourant, je les paierai de retour. . . », meas aquit (M.
42954296), et non pas : « je les absoudrai » (I will absolve), comme l'entend
ici encore, bien à tort, Wh. Stokes. Dans les Ordinalia, on trouve le verbe
employé avec le même sens : why a vyth aquyttys da rak an oiior yn torma a
wrussough thymmo pur wyr (P. 310-312), « vous serez bien pavés de retour,
pour l'honneur qu'en cette circonstance vous m'avez fait, bien vraiment » .
Dans ce dernier exemple, au lieu du paiement d'une faute par un châtiment, il
s'agit du paiement d'un service par une récompense. As. Je doute que Norris
ait reconnu — sa traduction ne le montre pas — le pronom personnel féminin 3
e sing. as, en fonction de régime, « la (elle)», dans : henna aspew (P. 2855)
: « C'est ce (bois) là qui la possédera ». Un peu plus loin, as se retrouve
encore avec la même valeur et désignant le même nom : me as pew (P. 2858), «
c'est moi qui la posséderai » .
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(delwedd F0320) (tudalen 032)
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j2 y.
Cuillandre.
Asse. Des deux explications possibles
proposées par M. Lotli (Rei . Celt. XX\'I, p. 259) de l'expression asse, dans
: îhesu asse yllvn ny lemmyn kyrneres mur ioy (R. 1201-1202), la première,
par l'anglais essay (ou assay), me paraît à abandonner, parce que ne
s'harmonisant guère avec le sens du contexte : dans leur enthousiasme d'avoir
vu le Christ ressuscité leur apparaître, on comprend mal en effet que les
apôtres essaient seulement « de prendre beaucoup de joie » . La deuxième
explication, par une locution exclamative que M. Loth jugeait du reste plus
probable, esta mon sens seule a retenir ici, sous réserve qu'il faut
considérer la forme verbale yllyn, non comme un conditionnel, « nous
pourrions. .. », mais comme un présent-futur de l'indicatif : «Jésus, comme
nous pouvons maintenant concevoir (prendre) une grande joie ! » A la locution
exclamative \sse que M. Loth rappelle avec raison à l'appui de cette dernière
explication, dans : a thev vsse fuef gokv (R. 1565), ■ Dieu, que j'ai été sot ! », il
convient d'ajouter assevye, « qu'il serait ! . . . » (0. 21 15), asevya, même
sens (M. 685), dont Norris ni Stokes n'ont vu le sens exclamant. Elles sont
du reste composées du verbe « être » et non du verbe sevel, comme l'a cru
Stokes en traduisant par : « God for me has raised a désire. . . », le vers :
du thym asevya mal (M. 685), m. à m. : « Dieu, à moi qu'il serait hâte! »,
c'est-à-dire: « Dieu, qu'il me tarde ! . . . »
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(delwedd F0321) (tudalen 033)
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L'élude
des textes comiques.
33 Atal. Avec juste raison, M. Loth
tient le mot comique atal, qui se rencontre dans O.427, pourun composé at-tal
(Rem. tteorr. nu Lexicon Cornu-Britann . , Rev. Celt . XXIII, p. 242). De
fait, la torme correspondante se trouve en vieuxbreton (Gl . ms. d'Orléans):
attal, gl . uicarium, que M. Loth, dans son Vocabul. vieux-bret., p. 49,
avait montré composé du préfixe at= irl . aith, répondant au latin re-, et de
ta! = irl . taile, « salaire », armor. talvoul « valoir, payer», bas-vann.
talont, « valoir »; cf. gr. xéXoç, « taxe, impôt ». De par sa composition, le
comique atal signifie donc, comme le v. bret. attal, «même valeur,
équivalence», m. à m. «repaiement » (v. Chrestom . , p . 8.9). L'exactitude
de cette analyse se trouve confirmée par l'étude du passage où le mot est
employé. Mais le contexte me paraît avoir été inexactement interprété par M.
Loth, et le sens qu'il donne de atal : « Talion », in atal : «en retour de»
(Rev. Celt. XXIII, p. 242) est, par suite, sensiblement déformé . Voici le
passage en question : Adam a ol the drevas an degves ran thymmo gas wheth in
atal the kesky (O. 425-427) M. Loth traduit : «Adam, de toute ta culture, la
dixième partie concède-moi en retour de tes importunités » . Il ne peut faire
de doute que the au v. 427 est l'adj . possessif 2 e pers. sing., « ton, ta,
tes » ; mais devant un verbe — ici l'infinitif — en comique comme dans les
autres langues brittoniques, l'adj . possessif équivaut, pour le sens, à un
pronom de même personne complément d'objet du verbe. Ainsi the kesky, littéralement
: « ton importuner (de demandes)» n'équivaut pas à : «ton fait, à toi,
d'importuner (qqn) », c'est-à-dire: « tes importunités», comme l'entend Raue
Celtique, XLVII1. ?
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(delwedd F0322) (tudalen 034)
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;.| C.uillaïuh e. M. Loth, mais bien : « le fait
de t'importuner, toi (de demandes) » . Avec le même adjectif possessif devant
le même infinitif, c'est bien ce dernier sens que présentent avec évidence
d'autres passages des textes comiques : aban na dal the gesky dont tan yfam
theth lesky (K. 1429-1430), ti puisqu'il ne sert pas de te presser
(d'arguments), crains que le feu d'enfer ne te brûle » ; kool ge thvm raen
tha gesky (Gwr. 650), m. à m. : « écoute-moi te presser fortement »,
c'est-à-dire : «cède aux demandes pressantes que je t'adresse ». — Cf. aussi,
avec l'adj. possessif r re pers. sing. ov, « mon, ma », devant le même
infinitif : tus rc ruk ov keskey. (M. 381S), « des gens mont assailli de
demandes. . . » ; avec l'adj. possessif 2 e pers. sing. aussi, mais sous sa
forme infixée et faisant corps avec la particule verbale, ytb, devant le même
verbe à un mode personnel : crys yn crvst del vth coscaf (R. 1691), « crois
au Christ, comme jet'x exhorte instamment». Du contexte immédiat, M. Loth a
en outre omis de traduire l'adverbe wbtth qui, loin d'être une cheville
négligeable, parait au contraire avoir un rôle important dans l'idée
exprimée, comme on va voir, et comme, à première vue, l'indique sa place en
tète de vers, en tête de construction syntaxique et portant directement sur
l'expression in atai . De même que choa\ en breton, l'adverbe wktth (vjkath)
peut avoir, en comique, un double sens : un sens temporel, «encore,
jusqu'ici, jusqu'alors » ; un sens quantitatif. « davantage, encore
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(delwedd F0323) (tudalen 035)
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L'étude
des textes comiques.
35 plus », avec ou sans adjonction de
inox (bret. nutx), «plus, davantage ». Les exemples ne manquent pas en
comique de l'un et l'autre sens. Il me suffit de citer l'exemple suivant, qui
est particulièrement suggestif, l'adverbe wbeth y accompagnant une forme
verbale taivxth de même radical que l'expression atal . « Hérode te salue,
disent les Juiis à Pilate ; dans son coeur est entré (allé) beaucoup d'amitié
pour toi » (Pasc. il) .2-0• • hag ef a dalvyth this ixjheth. y honore del
wrussys (ibul. 1 15.4), « et il te le revaudra plus encore, (pour) l'honorer
comme tu as tait ». Dans ce passage, l'amitié d'Hérode est présentée à la
manière d'un salaire, disons d'une récompense, qui paie de retour les
honneurs reçus de Pilate ; mais le paiement n'est pas adéquat à la dette :
pour que l'équivalence soit parfaite, Hérode promet de donnera Pilate plus et
mieux qu'une simple assurance d'amitié. Pareillement, dans O. 403-413, Dieu
le Père vient de concéder à Adam l'entière jouissance de toutes les productions
de ia terre ; il ne se réserve, il n'exige d'Adam, en retour de ce don, que
la dixième partie des récoltes {an degves rail). Si Dieu le Père, par mesure
importune, avait voulu exiger (kesky) d'Adam un tribut adéquat {in atal) au
don qu'il venait de lui iaire, il pouvait lui demander davantage (ichetb),
lui imposer un tribut plus lourd encore que la dîme. Adam l'entend si bien
ainsi, qu'à l'injonction de Dieu, il répond aussitôt : arluth the voth a vyth
gvrys moy kyn fermas the gafys pur wyr leskvs ef a vyth rag cowlenwel both
the vrvs (O. 43 1-434)« Seigneur, ta volonté sera taite ; davantage lors même
que tu vaudrais avoir, bien vrai cela sera brûlé, pour satisfaire le ttèair
de ton cœur », m. à m. « pour remplir la volonté de ton sein ». Et donc il convient
d'interpréter le vers : watli in atal the keskv,
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(delwedd F0324) (tudalen 036)
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36 ]■ Cm
lia mire. dans le
sens : « en équivalence de plus exiger de toi », ce qui revient à dire : «
pour tenir lieu de tout ce que je serais en droit d'exiger encore de toi ».
Dans le texte, on le voit, il ne s'agit nullement de punition ; on ne peut
donc sans inexactitude y traduire atal par « talion » . Atty. Le démon, sur
l'ordre de Mériadec, quitte le corps d'un possédé, en s'écriant: wehth me a
ra moys deseys rag atty dyso myngov (M. 2654-2655). L'interprétation que
donne Stokesde ce passage est de tous points inadmissible : « Yet I will go,
disease to sow for thee, thon mouth of lies » : erreur sur le sens et
l'emploi de l'infinitif moys, sur la nature et la construction de deseys, sur
la valeur de rag> enfin sur l'identification de atty. Le premier de ces
deux vers contient une proposition indépendante complète, et il faut mettre
un point après deseys. Pour ce vers, voir ma note à deseys. Dms le dernier
vers, atly est une locution exclamative signifiant : « le voici ! », avec
infixation, semble-t-il bien, du pronom personnel 3 e sing. -y, <> le,
lui », à en juger d'après la forme la plus simple et la plus réduite que l'on
trouve de la locution: ot, voici (P. 125, 370; R. 1803, 2183). On en a des
formes nombreuses et plus ou moins complexes, avec ou sans pronom infixe,
parfois avec l'adverbe de lieu orna, « ici » :otle (O. 1 17, 1299) ; ota (0.
1053); otta (Gwr. 1 124) ; atte (M. 1832, 3302, 3792) ; atta (M. 5298, 4091,
4538); ytte(M. $<\ij);oteve (O.2513, 2367) ; otefe (R. 1902); attva (M.
87, 4198) ; ateve (M. 599, 1 108) ; ottense (P. 2165), «le voici » ; otlensy
(0. 102 ; P. 601, 1787), «la voici »; otlengy (P. 2689), «les voici »; attahy
(M. 1272, 3944;, 3953), (< l a v °i^i » ; fl-' 1 '/ (0 . 1719), « voici »
; awette vy (R. 161 2), « me voici » ; ov oie (0. 12 12) ; ov otte (O.882);
ow
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(delwedd F0325) (tudalen 037)
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L'élude
des textes comiques.
37 ottoma (R. 2177); atta orna (M.
1444); atte omme (M. 3802), oiini atte (M. 3792), etc. Pour ce qui est de
rag, il s'emploie non seulement comme préposition et conjonction, mais aussi
comme adverbe, avec un sens locatif : « devant, par-devant, en avant », et un
sens temporel : « avant, auparavant, précédemment » ; ainsi dans: au seth y\v
rag leveris (Pasc. 224. 1), « la flèche dont il est parlé précédemment» (ci.
ibid. 254.2 : y\v leveris kens) ; dus rag (M. 2481) « viens devant (avance)
», à côté de : dus in rag (M. 3568), même sens; (g)ora rag(Gen. III, 22), «
placer, étendre devant », etc. Dans le passage de M. 2655 dont il s'agit, rag
est adverbe au sens locatif: « devant, par devant ». Le démon, en abandonnant
le corps du possédé, le projette sans doute aux pieds du saint: « devant, le
voici à toi, museau de mensonge ! » Avelogh why. Dans cette expression de M.
2868, on ne peut, avec Stokes qui la traduit par « see ye », reconnaître une
forme du verbe giœles, « voir » ; la graphie correcte eût été, en ce cas : a
welogh why, avec wpar mutation de gu. Il faut décomposer l'expression ainsi :
avel ogh -why, et traduire : « comme vous êtes, vous » . Avond. Dans M.
3461-3536, le roi chrétien de Cornouaille, Massen, et un tyran païen
s'insultent copieusement, tels des héros d'Homère, avant d'en venir aux mains.
Le tyran païen se montre tout particulièrement violent ; à un moment donné,
il crie à son adversaire : avond tellek theth cregy (M. 3492). Identifiant,
ainsi que l'avait déjà fait Williams, le comique avond avec le gallois
afivyn, irl. abann, dérivés l'un comme l'autre du latin (h)abêna, « rênes,
guides, courroie » (Notes à
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(delwedd F0326) (tudalen 038)
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j8 Cuillandre.
son édition de Bettmtts Meriasek, p.
276 ; Glass. to H. M., p. 103; A*'-;'. C«/ XV, p. 485,); considérant d'autre pan
l'adjectif /<7/Wcomme un qualificatif de avond, \Vh. Stokes traduit ce
vers comme suit (le point d'interrogation est de Stokes) : « a liai ter with
a hole (?) to hang thee » . On conçoit sans peine que Wh. Stokes ait douté
luitnème de sa traduction, et c'est un ^ens étrange en effet que ces « rênes
avec un trou » pour pendaison. Concédons, en dépit de (l').itviu, origine
supposée de avond, qu'il s'agisse simplement d'une cord^ a pendre {botter),
encore faudrait-il, pour rendre exactement l'adjectif lellek, préciser qu'il
s'agit — ce qui est absurde — d'une corde avec un ^iwnd trou, soit d'une
corde percée, voire criblée de truus. Car le suffixe -ek (▼.
gallois -axe, -00;
v. bret. et moy. corn.-.v, puis moderne -ek, -eg), s'adjoignant à un nom pour
former un adjectif dérivé, sert à signifier une qualité, un défaut ou
simplement une manière d'être où telle particularité marquée par le nom est
remarquable par sa qualité, soit en grandeur, soit en nombre. Ainsi en v .
gall. rit icchonr. ■< gué ou il a beaucoup de pierres (plate .),
pierreux » ; bic'nlcicthattc, « vache qui donne beaucoup de lait » ; pont
meiniauc, «pont fait de pierres », etc., dans le vocabulaire comique :
ïochoàoc, >< qui est dans un ^wxnd besoin, besogneux ; fallmdoc, « qui
a une grande puissance » ; denshje, « (poisson) qui a de nombreuses ou de
grandes dents » ; scouarnoc, (épithète du lièvre), « qui a de longues
oreilles », etc. ; en moyen-breton : huante, « qui a de nombreux ou de vifs
accès de colère, coléreux» ; friec, « qui a un grand nez » : gstennouee, «.
qui a une grande bouche », etc. (v. Gv. Cdl 2 ., pp. 849-&5.0). Il ne
peut en être autrement pour l'adjectif lellek, dérivé de tell, "trou »
(Pasc. 134.3)= gall. mod . twll, bret. toull (et. en comique, les formes
verbales compoitant le même rad. : teyl(P. 2743) tyl, ibid. 2719). Une
interprétation se présente tout naturellement à l'esprit, dans un texte où il
n'est question, entre deux guerriers qui se défient, que de se percer de
coups, c'est de rapporter L'adjectif tclkk à l'adversaire menacé — ici, le
roi — avec le sens : <• percé de coups, criblé de blessures ». Cf. M. J460
: (me) a wvsk gu in v golon,
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(delwedd F0327) (tudalen 039)
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V étude
des textes comiques.
39 a Renfoncerai (ma) lance dans son
cœur » ; ibid. 3 594-3)95 : meam bctli goys the colon / scollys omma war an
ton, « j'aurai le sang de ton cœur, répandu ici sur le champ » [ibid. 3536:
me a vvn scollya the lyn / orna, « je veux répandre ton sang ici »... . Pbur
avond, l'explication par le latin (h)abcna, outre qu elle ne cadre pas avec
le sens du contexte, ne tient pas phonétiquement non plus. Provenant d'un è
long latin, on peut bien, à côté du gallois -::v-, du breton -oe-, -oa-,
avoir en comique Moyen -ci-, -oe-, témoin le gall. mod . cwyr, bret. coar,
moy. corn.ù'/r. (Xoc. corn .), tous empruntés au latin ceni, « cire »; et M.
Loth a montré, dans ses Questions de gramm. et de Hnguist. britioniqne (Rev .
Celt . XXXVII, p. 179), qu'une diphtongue plus ancienne ayant pour première
voyelle peut aboutir à en comique plus récent. De fait Lhwvd (18. 1) donne
car, « wax », et déjà des le moyen cornique, dans P. 2723,011 trouve la
graphie cor, « cire », identique à coir du Vocab. comique. (Voir plus loin ma
note à cor). — Mais il n'en reste pas moins — et ceci suffit pour taire écarter
l'explication — que le latin (b)abeua ne peut rendre compte de la présence
dans avond delà dentale finale, laquelle n'existe du reste pas dans le gall.
afwyn non plus que dmsi'irl. abann, qui, eux,, proviennent authentiquement de
Q))abena . Le groupe -aiupouvant, comme l'a montré M. Loth {op. cit., p.
180), se réduire à -0en comique, (cf. an voos, « la femme », Gwr. 1390 ;da
voze, « ta femme », Comm. Dieu, 7; cf. Zone-Point, en S r Mawes ; au XVI e
siècle, Saven-heer, etc.), je propose de voir dans avond un emprunt à
l'anglais avaunt. prononcé œu-muni (du latin ab-ante. franc, avant),
exclamation de mépris et de menace exprimant, avec ellipse d'un verbe à
l'impératif, un ordre de s'éloigner : « (Va-t-en) de devint (moi) ! » — «
Arrière ! » — Loin d'ici I » Dans le conteste, l'idée de la fuite honteuse
est à chaque instant évoquée par chacun des deux adversaires pour son ennemi:
ke war the gam (3467), «va-t-en (retourne) sur tes pab ! »; guel vya dvugh
omdenna (3474). (( mieux vaudrait pour vous vous retirer » ; mas an nyyl
party omna ov
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(delwedd F0328) (tudalen 040)
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|.o Cuillandre.
teberth purguir ny warth (3477-3478),
a rien qu'un des deux partis ici, en seretirant, bien vrai ne rira » ; reys
yv feva (35 37)> <( '' ^ aut mu " " '■<
et précisément, dans le contexte immédiat, le roi répond au tyran : the aquyttya kyn
moys lema me a ra (3488-3490), « je te le ferai payer intégralement (voir
note aquytyd) avant de m'en aller d'ici » (cf. la loc. expressive, analogue
pour le sens à avond : voyd am syght (2414), « ôte-toi de ma vue! »). Pour ce
qui est de l'expression theth cregy, l'invitation à un ennemi vaincu, ou
d'avance supposé tel, d'aller se pendre de honte et de désespoir n'a rien qui
puisse surprendre. Si naturel que cela paraisse, )z crois néanmoins que ce
n'est pas le sens ici. Outre le sens transitif, le verbe cregy se trouve
avoir dans les textes un sens passif, par exemple dans : ty a grek (P. 1
188), ty a crek (M. 923), « tu seras pendu » ; the conna a greg (O. 2813), «
ton cou sera pendu » ; in crows o\v cregy (Pasc. 227. 1), « étant suspendu à
la croix » ; bos o\v cregy (Pasc. 229 . 1), « être (rester) pendu », etc.
Avec ce sens passif, cregy se trouve maintes fois précédé de la locution war
beyn, «sous peine de », par exemple dans : war beyntenna ha cregy (0.204e, M.
1668), « sous peine d'être étiré et pendu » . Or, à côté de cette dernière
construction et à peu près de même sens qu'elle, une construction se trouve,
elliptique, semble-t-il, où la préposition the suivie de l'infinitif cregy
constitue une proposition consécutive impliquant une alternative évidente
dans la menace de pendaison : fvsteneugh thagas kregy (P 2046), « hâtez-vous,
à vous pendre », crie Pilate à des bourreaux, aux services desquels il lui
tarde de recourir ; évidemment le sens est : « Hàtez-vous sous peine d'être
pendus », « hâtez-vous, ou vous serez pendus » ; taw theth cregye (Gwr.
1143), crie hargneusement à Abel son frère Caïn : « Tais-toi, à te pendre! »
c'est-à-dire : «Tais-toi, sous peine d'être pendu »,
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(delwedd F0329) (tudalen 041)
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V étude
des textes comiques.
41 «... ou tu seras pendu » . Je suis
porté à croire que l'origine de cette construction de la prépos. the avec
cregy est analogue, en comique, à celle de la tournure, en français, de
l'infinitif précédé de à dans des locutions comme : « C'est à mériter la mort
» ; « c'est à mériter la pendaison » ; cf. « c'est à mourir de rire » (=de
nature à. . .). Quoi qu'il en soit, il est à remarquer que l'exemple de Gwr.
1143 que je viens de citer, beth cregye, rappelle exactement, pour ce qui est
de la construction, le passage de M. 3492 : avond. . . theth cregy : après un
impératif exprimant un ordre formel, une menace de pendaison, si l'ordre
n'est pas exécuté. Et voici qui augmente la probabilité de cette
interprétation de theth cregy dans le passade qui nous occupe ; à la suite de
la bataille entre les troupes de Massen et celles du tyran, un jeune homme
est fait prisonnier et le sort que lui réservait le tyran vainqueur était la
pendaison : me a vyn prest y cregy (M. 3607), « je veux immédiatement le
faire pendre»; mar peth cregys (ibid. 3612), « s'il est pendu »... Cela
étant, le tyran mettrait donc le roi Massen dans l'alternative ou de fuir
criblé de blessures, ou d'être pendu s'il se laisse prendre : « Arrière !
criblé de blessures, à te pendre ! » ; plus explicitement : « Fuis loin
d'ici, criblé de blessures, sous peine d'être pendu (comme prisonnier) » . (A
suivre .) f. CUILLANDRE, Professeur au lvcée de Rennes. The George Washington
University, Washington, D.C. Alexandre Haggerty Krappe.
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(delwedd F0330) (tudalen 109)
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109 xyz
CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE DES TEXTES CORNlClUES (suite) A wel, « en vue ». Dans
sa Collation oï Norrii Drainas (Arcbiv fur Celt. Lexic. p. 174) Wh. Stokes,
rectifiant la lecture de Norris a wel en a wel, donne à ce mot le sens de «
gospel, évangile », dans le passage : a wel the lyes plu (R. 2S84). Que
l'expression soit écrite en deux ou en un seul mot (les deux graphies se
trouvent dans les textes, v. plus bas; mais la graphie en deux mots est ici
plus correcte), il ne peut être question d'évangile dans ce passage. Aiuel,
mieux a wel, est ici la locution prépositive signifiant : « en vue, à la vue
de ». Jésus évoque sa mise en croix, « à la vue d'une nombreuse population ».
A wel, écrit aussi a weyl et aweyl, se retrouve en d'autres passages : « Je
me lave les mains, dit Pilate, a wel theugh, devant vos yeux » (P. 2500) — «
[Mes mains], s'écrie un forgeron, les voici devant vos yeux, à tous »,
ottengy a wel ol theugh (P. 2689). — Le payement d'un champ au prix des
trente deniers de Judas se fait « à la vue de tous les seigneurs », a weyl ol
then arlythy (P. 1558). — « Je monte au ciel, dit Jésus à ses disciples,
devant vos yeux », aweyl theugh yth yskennaf [then nef], (R. 2482).
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(delwedd F0331) (tudalen 110)
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no Cuillandre.
Awel, aual, « désir ». Après quarante
jours de jeûne — le texte comique dit : quarante nuits (dev vgens nos, P.
45), et je note en passant cette concordance avec l'ancienne tradition
celtique qui comptait par nuits — le Christ a faim et il est tenté par le
diable : thym devethys a wel the vos (P. 46). C'est le Christ qui parle. —
Prenant a wel pour le prés, de l'indicatif 3 e pers. sing. du verbe gueles,
<c voir », précédé de la particule verbale, et the vos pour l'infinitif du
verbe « être » précédé de la prépos. the, se figurant sans doute aussi que
devethys est un participe formé sur le nom deiveth (dyivetti), « fin,
achèvement », Noms traduit ainsi les paroles du Christ : « (forty nights) to
me completed appear to be ». Or devethys est le prétérit 3 e pers. sing. ou
bien le participe passé, qui, sous les formes devethys, devythys, dyvythys,
est à chaque instant employé dans les récits, d'un verbe comique dont le
correspondant est, en gallois, dygwyddo et, enbreton, digwe%out> «
arriver, survenir » . Awel, à écrire en un mot, n'est pas ici un verbe, mais
un substantif signifiant « besoin, désir », qui se rencontre maintes fois
dans les textes : ow holen gvak dyvotter rum kymmer hag awel bos (O.
365-366). « mon cœur vide, dénuement le prend et besoin de nourriture » (sur
ce passage, voir J. Loth, Etudes Comiques, dans Rev. Celt., XXVI, p. 222); ef
an geue awel boys... (Pasc. 10. 4), « il eut désir de nourriture ». Pour bos,
substantif, « nourriture »,cf. O. 378, 993 ; P. 45 8, 701,720; Pasc. 10. 4,
42. 1, 87. 3 (boys); M. 116, 1673,
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(delwedd F0332) (tudalen 111)
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L'éludé
«/«•* textes comiques.
ni l'M'i, 1578 (/ ( < •■ 1
. 1 1 Gen. III, ;
(hii;,<,:\. esca). Le Vocabulaire Comique donne une tonne plus ancienne
hdt t gl. cibus vel esca (= gall. bwyd, bret. bouecf). Le vers 1'. |t<
cité plus haut ne peut signifier que : o II me vint appétit pour la
nourriture », ou, eu SUpDOf nu une construction avec le participe, analogue à
la constr. participe à l'ablatif absolu en latin : « appétit m'étant venu
pour la nourriture ». Vu la tournure de la phrase et la suite des idées dans
les vers )£ à \2, c'est la construction avec le participe qui est la plus
probable. Au vers qui suit immédiatement, on lit dans l'édition de Noms
(c'est le diable qui parle, cette fois) : raara ieves vl dvbbrv (P. 17). M.
Loth, dans ses Corrections aux Cornish Drainas (Rev. Cell.j XXVI, p. 234), a
rétabli, comme il convient, le sens de la tonne verbale ieves = bret. deves
(deveus), « il a », à rencontre de Norris qui entendait : « If he desires. .
. » — En ce qui concerne xl, Norris doutait de sa propre lecture; en note (t.
I, p. 225), il proposait de lire ici, puis (t. II, p. 210) wul, et de
traduire : « If he wishes to eat ». M. Loth (Joe. cit.) a supposé une forme,
dit-il, plus probable, uiul, peut-être yul, « désir » = bret. youl . C'était
vraisemblable, mais M. Loth a été induit en erreur par Norris, dont la
lecture était fautive : au lieu de yl ou wul, le manuscrit porte anal
(Stokes, Collât, to Norris 3 Ane. Corn. Dram. p. 165). Anal est ici identique
à azuel, dont il est question plus haut. Il faut donc rétablir le vers P. a 7
comme suit : mara ieves aual dybbry. et le traduire : « S'il a besoin de
manger ». Aweyl grew (yn). Voici une expression qui a fort embarrassé
traducteurs et lexicographes ; ils l'ont tiraillée en tous sens, sans réussir
à en
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(delwedd F0333) (tudalen 112)
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112 CuilJandre.
donner une interprétation
satisfaisante. Elle se trouve dans un passage où le Christ, avant son
ascension, envoie ses apôtres prêcher dans le monde entier : ... whv dew ha
dew a pregoth yn aweyl grew vn ol an beys (R. 2463-2465). Pryce, qui n'y
regarde du reste pas de si près, confond aiveyl avec weyll, mutation de
gweyll, et traduit yn aweyl par « at work ». Williams, faisant violence à la
construction, fait de grew l'impératif greugh, « faites ». Norris, se basant
sur je ne sais quel rapprochement qu'il se garde de faire connaître, donne à
aweyl le sens de « far off » et traduit : « two and two, go far away
preaching in ail the world ». Puis, se ravisant dans ses Additional Notes (t.
II, p. 112*), il croit avoir ici affaire à la locution adverbiale a iveyl (a
weî), « en vue de » (voir note précédente), identifie grew avec -le
substantif pluriel gorow et propose comme nouvelle traduction : «... shall
preach in the sight of men ». Par malheur, Norris ne s'est pas avisé que,
dans yn aweyl (= yn a weyï), il y aurait ainsi une superfétation étrange de
prépositions, yn et a, alors que a weyl (a weï) seul usité dans les textes
comporte déjà tout le sens ; ni que gorow ne signifie pas « hommes » dans le
sens général, mais exactement « mâles» par opposition à « femelles », en
parlant de bêtes (cf gorow ha benow, O. 1022 ; benawe ha gorawe, Gwr. 2271,
2414, 2456) et « maris » par rapport à « femmes » quand il s'agit d'hommes
(cf. au sing. gour ha benen, R. 2425). M. Loth respecte mieux la construction
et obtient un sens plus naturel, lorsque, identifiant aweyl avec le
substantif qui signifie « évangile » — le mot existe en effet dans les textes
avec ce sens — et prenant grew pour la forme muée d'un adjectif croew qui
correspondrait au gallois croeiu, « frais, pur », il traduit : « ... Vous
prêcherez l'évangile pur » (ou... d'une façon pure) — (Rev. Celt., XXVII, p.'
266). Mais l'explication de M. Loth se heurte elle-même aux faits suivants :
a) La forme verbale pregoth, qui se retrouve ailleurs, s'y
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(delwedd F0334) (tudalen 113)
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xtti cm
niquts, i i ^ emploie comme intransitive, sans nom complément direct d'objet
: hag cn.i prcgoth [ty] a wra Vil OW lunow iK. 2458-243 « et là, tu prêcheras
en mon nom ; ou bien régissant une proposition subordonnée complétive : arlutli
prcgoth nv -i wr.t kepar Jd wrussys pup tra nag us ken dev âges os (R.
2475-2.477;, m Seigneur, nous prêcherons connue tu fis toute chose et qu'il
n'est pas d'autre dieu que toi ». (Xorris n'a pas vu cette subordination ;
voir mes notes à na, nng). b) Aucun des emplois de awtyl au sens d'« évangile
» dans les textes ne permet de savoir avec certitude si, en comique, ce
substantif est féminin, pour expliquer la mutation de grew. En breton, aviel
est masculin; en gallois, efeng \7, féminin. c) L'adjectif crew, équivalent
dugall. croew, n'est pas connu dans les textes comiques ailleurs qu'ici, à
supposer qu'ici ce soit lui. d) Enfin, jamais dans les Ordinalia, non plus
que dans les autres textes, yn n'est employé avec la valeur de l'article
défini pur et simple, mais toujours comme préposition avec le sens « en, dans
» ou comme préposition fondue avec l'article, « en le, dans le. . . », etc.
L'interprétation donnée par M. Loth ne peut donc que difficilement se
soutenir. Pour résoudre au mieux la difficulté du passage en question, il
n'est, je crois, que de suivre de près les indications certaines fournies par
les textes. Admettons qu'ici, comme ailleurs, pregotb a une valeur
intransitive ; qu'ici comme ailleurs, en d'innombrables exemples, yn est la
préposition « en, dans » soit simple, soit combinée avec l'article « dans le,
dans la. ... » Pour ce qui concerne grew, la présence du mot en fin de vers,
à la rime, en permettant de préciser la valeur du son Revue Celtique, XLIX. 8
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(delwedd F0335) (tudalen 114)
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ii4 /•
Cuillandre.
représenté par sa diphtongue, fournit
une indication fort utile à son identification, car on sait les multiples
variations des signes orthographiques, des voyelles et des diphtongues
notamment, dans les divers textes et jusque dans le même texte comique. Grew
rime avec dew, au v. 2463. Or dew est la forme ordinaire en moyen comique de
l'adjectif numéral masculin, dont on trouve aussi les graphies suivantes :
dow-, dans doivlyn (Pasc. 137. 1, 171. 3, 220-2), « les deux genoux » et
dow^ek (Pasc. 47. 1, 1, 61. 1), « douze » ; deaiv (Gwr. 967, 1212, 1234,
2180); doditdans dogan~e (= deux-vingts) « quarante » (S. M. IV, 2) et
dugong, id. (Lh. 133. 1) ; dow(Borde), doo, deu (Jenner, 1875); en v. gall.
et moy. bret. don ; gall. mod. dan; bret. mod. daou. A en juger par dew, la
graphie -eiv de grew est donc pour -ow, et comme l'a fait observer M. Loth
(Rev. Celt., XXXVII, p. 209), elle est ancienne avec cette valeur, car déjà
dans le Vocab. Comique on trouve guedeu, gl. vidua (cf. gall. gweddw) ; ereu,
« sillon » (cf. gall. erw, bret. ero), entoponom. Nant-Ereu (125 3^) ;
Trembethaue (1401) qui, en 1307, était Trenbetbow. Si donc, rimant avec dew,
grew est une forme muée pour creiv, on est parfaitement autorisé à y voir une
variante d'une forme croiu. Précisément crow est connu en comique, comme
substantif signifiant « sang, sang versé, mort » . [why a theth 5}' m V Q
arvow] "30m peynye bys yn crow (Pasc. 74. 3), « vous êtes venus à moi en
armes, pour me peiner (tourmenter) jusqu'au sang (jusqu'à la mort) », dit
Jésus aux Juifs au moment où ils s'emparent de lui. Les fouets avec lesquels
les bourreaux flagellèrent Jésus étaient faits de telle sorte qu'à chaque
coup qu'ils frappaient, le sang jaillissait : ... may Jclle 'pan wyskens yn
mes an crow (Pasc. 131,4). Crow en comique est identique au gallois cran,
creu et à l'irl. crô, qui ont le même sens. Il est à rapprocher du latin
cru-or, « sang répandu » (cf. cru-cntc, « avec effusion de sang»)
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(delwedd F0336) (tudalen 115)
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orniquês.
115 et du *; (= *z;:f-2-:, * cluir ••, le premiei sens paraissant avoir été «
chair •. cf. skr. krav-is (n.), 1 chair crue ■
muée de erew -a /idemment, dans le passage qui nous occupe, un complément dtaweyl ■.
en de sang ■•
OU de mon ». Pour
cadrer avec ce sens suggéré par le texte, aweyl ne peut Être la locution
adverbiale signifiant « en vue de », que j'ai montrée impossible à admettre
ici pour une autre raison, ni le nom signifiant « évangile », car il ne
s'agit pas d'un évangile de sang et de mort. Le seul emploi à'oweyl qui
permette de donner une explication à peu près satisfaisante du passage est
l'emploi au sens de « désir », à condition toutefois d'interpréter la
locution yn aweyl grew, >■ avec le désir de sang versé ou de mort » dans le sens • avec
le J.ésir de répandre votre sang, de mourir ». Comme, d'autre part, il serait
assez étrange que le Christ eût donné à ses apôtres, s'ils étaient animés du
désir de mourir, la mission d'aller prêcher dans le monde entier (yn ol an
beys) et qu'entre l'universalité de la prédication qui est dans l'intention
du Christ et ce désir de mort chez les apôtres, il y aurait incompatibilité
manifeste, il convient encore de préciser qu'il ne s'agirait du désir des
apôtres de verser leur sang que comme martyrs, en témoignage de la foi qu'ils
vont prêcher. L'interprétation est soutenable, mais, comme on voit, elle
l'est péniblement et n'emporte pas d'emblée la conviction. Aweyl présentant
soit impossibilité soit difficulté en tant qu'expression comique, on est
amené à se demander si ce n'est pas plutôt une expression d'emprunt . Un mot
se trouve qui permettrait de donner du passage une explication simple et
claire; c'est l'anglais avail, du franc, aval qui a fourni le verbe avaliser.
Rapproché parHatzfeld, Darmesteter et Thomas de la locution à valoir, le mot
aval désigne la garantie ad valorem donnée par une tierce personne qui se
porte caution dans une affaire ; on disait : « bon pour aval » au sens : «
bon de garantie »; « mettre un aval » au sens : « donner pour garantie »; «
cautionnement par aval »; « donneur d'aval ». La signification s'est atténuée
dans l'anglais moderne avail, « utilité, profit, avantage que l'on tire de
qqch. », to avail, « faire servir, faire profiter, tirer avantage » . Mais le
sens étymolo
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(delwedd F0337) (tudalen 116)
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né Cuillandre.
gique garde encore de sa force au xvn
e siècle, par exemple dans cette phrase de Milton : « Then shall they seek to
avail themselves of names », « alors ils chercheront à se prévaloir de leurs
noms (pour se garantir eux-mêmes) » c'est-à-dire que, sans valeur
personnelle, ils chercheront à se couvrir du seul garant qu'ils aient, leur
nom . Si l'on admet l'explication par l'anglais avail, aweyl grew c'est «
l'aval du sang versé » ; « leur sang, leur vie », c'est l'aval que les
apôtres donneront en garantie des vérités qu'ils ont à prêcher, la caution
par laquelle ils s'engagent à répondre de la doctrine du Christ devant le
monde : « deux par deux, vous prêcherez sous caution de votre sang dans le
monde entier ». A cette dernière interprétation, satisfaisante pour le sens,
on peut objecter que, pour représenter l'anglais avail, c'est aveyl par un
-vque l'on attendrait, non aweyl par un -w-. L'objection est légère et
s'écarte sans difficulté. Il est même inutile pour cela, ne considérant que
la graphie, sans préjuger de la prononciation réelle, d'invoquer sur aveyl,
mot d'emprunt, la possibilité d'une influence analogique des divers mots
indigènes écrits aweyl, awel. C'est un fait dûment constaté par M. Loth (Rev.
Ce! t., XXXVII, p. 180) que le groupe awpeut phonétiquement sortir âeav-. Du
reste, le comique paraît hésiter entre les graphies awet av: on trouve awel
(Gwr. 587) pour la forme ordinaire avel, prép. « comme »; sazuor (O. 1740,
1991 ; M. 1453, 2493) pour l'anglais savour, « saveur »; et au contraire aval
(P. 47) à côté de awel, « désir » ; sav (M. 700) à côté de saiu, « sauf » ; a
vest (Pasc. 162. 2), « à l'Ouest », à côté de a west (M. 966), aiueyst (M.
784), etc. A won. Faute sans doute d'avoir pu identifier cette expression,
dans : bythqueth na vc boni a won a rollo whaf mar gales (O. 2710-271 1),
Norris n'en rend pas compte dans sa traduction : « Never was a stroke which
could give a blow so hard ».
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(delwedd F0338) (tudalen 117)
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../<■
./<•* ttxtes comiques.
1 17 .7 m est tout simplement une sorte de proposition
incise signifiant : je (le) sais ", m. .1 m. « queje sais 1. La forme
non muée du verbe est çon (K. 1547; M. 1 j8, 371, etc.) et on la trouve avec
mutation, à cette même 1" pers. sing., en maiiits passages :vn dra a
won(0. 151), «je sais une chose»; v won (1*. 1065, Pasc. 104.3, écrit aussi :
y whon (R. i « je sais ; del won (Pasc. 8. I, i)<S.}), « comme je sais» ;
nv won (O 195 ; P. I9IO, 2712 ; Pasc. 75. 4, 121. I, 128. 2, 141. 2; M. jooOj
etc.), je ne sais 0, Bagh. Après avoir traduit par in short » l'expression in
bagh dans : in preson ty a in bagh (M. 5562) Stokes en précisant a in little
» (Notes, p. 276) identifie le comique bagh avec l'adjectif gallois bach y «
petit, exigu ». Il ne peut faire de doute qu'ici le mot comique est plutôt à
rapprocher du substantif gall. bach, au sens de « coin », bret. bac h, u
cachot » qui, d'après M. Ernault (Gloss. moy. bret.), ne serait pas différent
du gall. bach, bret. bac h, au sens de « croc ». — On peut légitimement
penser qu'il n'y avait pas tautologie absolue des deux expressions in
preson..., in bagh, employées simultanément dans la même proposition, et que,
pour l'auteur comique, in bagh ajoutait une image qui précisait l'idée de in
preson. Évidemment dérivé du substantif précédent, le verbe baghe se
rencontre dans le passage : del vs yethewon pup prys omma worth agan baghe
(R. 1149-1150). Il est à identifier avec le verbe gallois bachu, « accrocher,
attacher, saisir ; tendre des pièges », et avec le verbe breton bâcha, «
saisir, confisquer et mettre sous séquestre..., renfermer» (Le Pelletier), «
emprisonner » (Le Gonidec). L'apôtre Pierre
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(delwedd F0339) (tudalen 118)
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n8 CuïUandre.
qui parle se plaint des vexations des
Juifs. On peut donc, avec une légère rectification pour le sens de vs (=
bret. eu%, (e%) en^, « il y a »), entendre avec Norris : « Comme il y a des
Juifs (Norris : The Jews are...) à tout instant ici en train de nous tendre
des pièges ». Ber. C'est à tort que Norris traduit la locution a ver speys
(O. 947) par « of great duration ». Stokes se trompe lui aussi en traduisant
de même a vear spyes (Gwr. 2250) par « of long duration ». Ils ont cru l'un
et l'autre que ver, vear représentait une forme muée de l'adjectif mur, «
grand, considérable » (Voc. Corn, maur, gl. magnus) dont on trouve en effet,
parmi plusieurs autres, les graphies mer (O. 2049; P. 68^, 2968; Pasc. 224.3
î Gwr. iéi, 290, 907), nieer (M. 384, 808; Gwr. 203 ; S. M. IV, 27), mère
(Gwr. 8, 231, 297, 765, 1450, 1940, etc.), meyr (Pasc. 108.4), etc. (cf. en
toponom. Tremeere, 1622 ; Park-meer, Mullyon ; Lannergh-mer, à côté de
Lannerghvian, Chart. Henri VIII). Ver, vear sont bien des formes muées, mais
de l'adj. ber, « court, bref » (Voc. Corn, ber, gl. brevis), gall. byr, bret.
berr. Les locutions a ver speys, a vear spyes signifient : « à bref délai, à
court intervalle », comme l'indique formellement le contexte : na allaf
sparye ua moy heb gui dvel a ver speys (O. 946-947), « Je ne puis épargner
davantage, sans produire un déluge à bref délai » ; ny allaf sparya na moy
heb gwethill mernans a vear spyes (Gwr. 2249-2250), « Je ne puis épargner
davantage sans produire la mort à bref délai ». La locution se retrouve du
reste avec le môme sens très net
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(delwedd F0340) (tudalen 119)
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L'élude
dt jues. 1 19 dans l.i tonne./ vet fryi dans O. 1540, 1721 ; P. 509 (i ver
dermyn, même sens aussi, dans O. 1 ■; »i, 2381, etc.). I> cette dernière expression,
il convient de rapprocher a fut termyn (M. 1711) que Stokes traduit avec
raison par « in a short tinie », et où la tonne fut de l'adj. bel permet
d'expriquer, par la même identification, la singulière graphie sous laquelle
l'adj. se présente dans,/ WlirSpeysQA. 668), identique aux locutions citées
plus haut, mais traduite a faux sens par Stokes : in a great abondance ».
Norris a encore confondu ber, « court, bref » avec mer, variante de mur, «
grand ». dans une autre expression qui se trouve en deux passages des
Ordinalia — le premier a été rectifié par M. Loth (Rev. Cclt., XXIII, p. 220)
— war ver lavarow (O. 127) et are ver lavarow (K. 986), « en peu demots ».
Norris avait traduit à contre-sens : « through manv vvords ». Besse. Le mot
se recontre dans M. 1475 : runi tav nv alla peragh besse. Stokes ne traduit
ni peragh ni besse. — Peragh est sans doute, avec développement d'une voyelle
irrationnelle, pour pargh : cf. ny vanna pargh (M. 1885); na felle sur nynsus
pargh (M. 2488). Quant à besse, qui ne se trouve à ma connaissance que dans
ce seul passage, je proposerais de le rapprocher, en tant que forme complexe,
du simple bes (cf. bes vyth, Gwr. 191 3), bys, préposition, et adverbe aussi,
signifiant « jusqu'à » ( = vx. bret. bit, gl. usque ; bel, id. (J. Loth,
Vocabul . v. bret . p. 52, 54); gall. bel). Bes, bys comporte assibilation
finale. Besse, avec assibilation devenue interne dans le composé (sur
l'assibilation, voir J. Loth, Etudes Comiques, dans Rev. Celt., XVIII, pp.
401-423) serait en comique l'équivalent de l'adverbe breton, employé aussi comme
préposition, bete, vannetais bile, dont on trouve en moyen-breton la graphie
bette (Chrestom., p. 349, 355).
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(delwedd F0341) (tudalen 120)
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120 J.
Cuillandre.
Aujourd'hui encore, en vannetais,
l'adverbe bite, bett a le sens de « plus désormais, d'ici longtemps »
(Ernault, Vocab . bret.fr. du dial . de Vannes ), « longtemps a avec négation
(Le Goff, Supplém . au dict . -bref . fr. de Vannes), soit le sens du vieux
français « maishui » (Ernault, Gloss. moy. bref., p. 62). Dans le Mystère de
sainte Barbe, v. 268, evitvete^est employé comme synonyme de da donet, « à
venir, à l'avenir », ibid., v. 266. Dans le Mystère de Jésus (éd. La
Villemarqué) : bete^... an bech nian ne dougaf tam signifie : « Jamais je ne
pourrai porter ce fardeau ». Le P. Grégoire donne vetei\ et fetei\ qu'il
traduit par « maishuy », ou « d'aujourd'hui » avec idée de futur ; le
Dictionn. de l'Armery, « maishui » : bite. Tel est bien aussi, en comique, le
sens de 11a fella (« pas plus longtemps »), qui, précisément avec le verbe pargh,
s'emploie dans une formule équivalente à celle où s'emploie besse : na fella
ny vanna pargh (M. 1885), « je ne veux pas(l')endurer plus longtemps » ; na
felle sur nynsus pargh (M. 2488), « il n'y a pas à (l')endurer plus longtemps
». Et ce sens s'harmonise fort bien avec le contexte de M. 1475 : « Par ma
foi, je ne puis (y) résister plus longtemps ». Bes vyth. C'est avec doute que
Stokes traduit cette expression par « anything », dans Gwr.
1913L'interprétation est inadmissible, car on ne peut songer à y expliquer
bes par le subst. bys (bes), « existence, monde » . Je crois que bes vyth est
une locution adverbiale composée de la préposition ou adverbe bes, autre
graphie de bys, « jusqu'à » (cf. dans Gwr. 1560 : bes in peyll ; 1567 : bes
yn thotha ; 1827 : bes yn neave ; 1495 : bes in cosow, etc. ; cf. encore
besse, ci-dessus) et de vyth, qui fréquemment dans Gwreans s'emploie au sens
de « jamais » avec négation : na gymmer marth V 5 54, « ne conçois
d'émerveillement, jamais » ; gow vyth na lavarai 624, « je ne dis jamais de
mensonge », etc. Bes vyth signifierait ainsi : « jusqu'ici, ou jusque-là,
jamais », ou « jamais encore ». sens nettement appelé par le contexte :
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(delwedd F0342) (tudalen 121)
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../(•
./<■* /('v/is CCI niques.
\ 2 I KOrtliK rebo dew an ow r\ thym .m oowethys .me
nytnbea bea v ttui 1 Gwi . 191 1-1913), Adoré soit Dieu le Père de nudonner
la (cette) nouvelle, (telle) que, assurément, je n'(en) ai eu jamais d'aussi
grande ». Il convient toutefois d'observer que nytnbes est un présent,
correctement traduit par Stokes : I luveuot », littéralement : . n'est a moi
. Maison s'attendrait plutôt à un passe, comme le montre ma traduction . Il
va tout lieu de croire, une confusion étant très facile dans la lecture du
ms. entre f (=s) et/(= t), que la leçon véritable est, non pas nymbes, mais
nymbef, « je n'ai eu », forme de prétérit primaire i re pers. sing. dont on
trouve plusieurs autres exemples, sans la négation, précisément dans Gwreans
: Hehvs uni bef(y. 1979), « j'ai eu des entants » ; kemmvs gyrryow teake uni
beff (v. 1018), « j'ai eu tant de belles paroles » ; ci. avec la négation une
forme équivalente à nymbef: nain buef the wruthyl gènes (0. 658), « (que) je
n'ai à faire avec toi ». Bethens . Il n'y a, entre les verbes, aucun rapport
de subordination qui pût autoriser Xorris à traduire : bethens fvstenyn dy
(R. 2415), par « let us be fastening to it »'. — Bethens n'est pas une i re
pers. plur., mais une 3 e pers. sing. de l'impératif de bos, « être » : «
qu'il soit, que cela soit, soit ! » ; cf. bethens (P. 2374; M. 972, 1517);
fo?#w(Pasc. 55.2,57.4,113.2, 1 1 8 . 1 et 3 , 1 26 . 4) ; bejans (Pasc . 149
. 4 ) ; bythens (P . 794) ; bethyns (M. 818); bethance (Gwr. 1854, 2259,
2463). Quant à dx, c'est un adverbe de lieu employé avec un verbe de
mouvement {fvstenyn) au sens de « y, là » (sens du latin ed), et Norris
devait le rendre par thither, plutôt que par « to it » .
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(delwedd F0343) (tudalen 122)
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122 J.
Cuillandre.
La traduction exacte du passage est :
« Soit ! Hâtons-nous d'y aller » . Beua (maym), Beu vy (may). Par une
regrettable distraction, Stokes confond beua dans la locution verbale maym
beua (M. 47) avec le verbe qui signifie « vivre » (bret. beva), en traduisant
: « that I may live ». Puis, dans ses Notes a l'édition de Beunans Meriasek
(p. 266), il considère la même locution comme appartenant à la conjugaison du
verbe cafus : autre erreur. Maym beua est une forme du verbe « être » (subj .
3 e pers. sing.) employé avec le pron. pers. infixe i re sing. pour rendre
l'idée « avoir » : « pour que soit à moi », « pour que j'aie ». Norris ayant,
lui aussi, traduit maybeuvy cres(K. 2224) par « that I may live peaceful »,
M. Loth (Rev. Celt., XXVI, p. 266) estime qu'il faut lire mayben, avec
flexion personnelle irrégulière. — En réalité, telle qu'elle est présentée
parle ms. la leçon est correcte pour la forme verbale: il y a eu seulement
apocope de la consonne finale du pron. pers. infixe qui l'accompagne : may
beu vy est en effet pour may(jn) bev-vy, « pour que j'aie, moi ». Les
exemples ne manquent pas de cette apocope de la consonne finale du pron.
pers. infixe devant le verbe « être », au sens « avoir » : may borne (R. 842)
= ma y(m) bo-me « pour que j'aie, moi » ; mayfoÇP. 2108) = ma y(th)jo, « en
sorte que tu aies » ; ny feth (M. 3578) = ny(th) feth, « tu n'auras » ; rebo
(M. 780) = re(ii) bo, « qu'il ait » (voir mes notes à bo), etc . — Avec sa
nota augens i re pers. sing. -vy, mutation de my (— -ve, mut. de me ; = -va,
mut. de ma), l'expression may(rn) beu vy, en dépit de la différence des
graphies, est identique pour la valeur et pour le sens àmaxiubeuaÇM..
4j),may(^m)bome(R.S/\2), ma m bome(0. 207 7); identique, sauf remplacement de
la conj . ma par la négation, à nambyve (P. 542) = na y(m) byv-(v)e, nain
byma (O. 2254), nam borna (Gwr. 1526), « que je n'aie, moi, » etc. Bew.
D'accord sur ce point avec Norris et avec Williams, M. Loth
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(delwedd F0344) (tudalen 123)
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idi des
/(• v/c-^ comiques.
1 1 j XXVI, p. 124) considère bew
comme substantif et le traduit comme tel, dans le passage : prysoo moi ny
treynj n in bew kyn kentreynya ol .t^.in kvc (R Morris avait fait de ce
substantif un complément du treynyn ; M. Loth met l'expression agan bew sur
le même plan que l'expression 61 agan kyc, en tant que, toutes deux, régimes
directs du verbe kentreynyn et traduit :«... quand même nous gâterions notre
vie, toute notre chair ». Norris avait évidemment tort, le verbe treynyn
ayant pour régime l'infinitif mas, « aller ». Mais la construction est
impossible aussi telle que L'entend M. Loth, car le verbe kentreynyn ne peut
comporter aucun régime direct, étant intransitif avec le sens de « pourrir,
être mangé par les vers (caution) ». D'autre part, s'il est vrai que dans le
Vocabulaire comique b'ut glose vita (cf. ibid. biu en lagai,g\. pupilla) et
qu'en gallois />vîc est donné par les lexicographes pour un substantif, il
ne peut s'agir là que d'une dérivation par changement d'emploi ; c'est en
réalité un adjectif que bew en comique, byiv en gallois, beo en breton, au
sens de « vif, vivant » ; le substantif « vie » est en comique beunans
(beii'iians), en gallois byivyd, en breton bue\. De fait, ainsi que
l'attestent de nombreux exemples ', dans les textes comiques, bezu est
toujours employé en qualité d'adjectif, avec sens adverbial dans les
expressions ynfew(K. 1442), ynfyv (M. 1784),^ bew (Gwr. 1480), tout comme en
breton 1. Cf. mar pethaf bev (O. 2347), « si je suis vivant » : bedre veyf
byv (P. 847), bedre veyf bew (P. 1020), bedre veyn bev (P. 115), hedre vyugh
byv (O.2349), « tant que je serai, que vous serez vivant » ; guel vye e gase
bev (P. 1592), « mieux vaudrait le laisser vivant » ; a pe bev (P. 3158), «
s'il était vivant » ; tusvev(0. n 52), « des gens vivants » ; bos byzu (R.
904), « être vivant » ; pur venu (Gwr. 1235), « bien vivants », etc. — Ce
sont des expr. comme dasserghy the veto (P. 3083), en breton dasorc'hi a varo
da veo, « ressusciter de la mort à la vie » qui ont pu faire considérer bew
(beo) comme un substantif ; il y est en réalité adjectif : « ressusciter de
mort à vivant ».
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(delwedd F0345) (tudalen 124)
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124 /•
Cuilïandre.
l'adjectif beo, employé adverbialement
dans la locution t\ veo. En breton aussi, cet adjectif peut s'employer
précédé de l'adj. possessif de l'une des 3 pers. du sing. ou du plur.,dans
une construction qui correspond au français : « de mon, de ton. de son, de
notre, de votre, de leur vivant » ; ainsi : en e veo, « de son vivant»
(Ernault, Vocab. bref, franc) ; cf. en gallois : yn fy myiv, « de mon vivant
». De même, l'expression comique agan bew signifie « de notre vixant »,
c'est-àdire « nous, tout vifs », et se trouve grammaticalement en apposition
au sujet du verbe kentreynyn. Quant au groupe de mots ol agan kyc, c'est un
régime indirect, agan ayant la valeur de la prépositions, « de », jointe à
l'adjectif possessif i re pers. plur. avec le sens « de notre... », tout
comme am peut équivaloir à « de mon », ath, à « de ton », agas, à « de votre
», ainsi que je l'ai montré (voir mes notes à am et agas). Ainsi entendu, le
sens du passage R. 74-76 est : « En prison nous n'hésiterons pas à aller,
quand bien même, de notre vivant (tout vifs), nous (y) pourririons de toute
notre chair ». Bo. Une erreur que j'ai relevée à plusieurs reprises chez
Norris concerne le futur ou subjonctif 3 e pers. sing., bo, « il sera » ou «
qu'il soit » ', considérée par lui comme un présent. Par exemple, il traduit
: pan fo nos (R. 2438), par : « when it is night », alors que le sens est : «
quand il sera nuit » ; rag y fo the gras gynen (R. 2424), par « for thy grâce
be it with us », au lieu de : « parce que ta grâce sera... » ou « pourvu que
ta grâce soit avec nous » (cf. pynag a fo, R. 2000, « quoi que ce soit ») ;
bvth ny reys thyn doutye tra y fo crist map maria hay gras gyncn (R.
2427-2429), 1. Employé aussi en comique, sous les formes bo, po (Voc. Corn,
pi), avec la valeur d'une particule disjonctive : « soit... soit... » ; cf.
Pasc. 24.3, 125.3 ^ 4, 144-4, 175-5. etc — Bret P e 6
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(delwedd F0346) (tudalen 125)
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L'étude
des Uxlti toi niques, par :• Never need wedoubtany ihing tbai i tbeson ol
Mary and His grâce with us », Dans ce dernier exemple, l'erreurde temps se
complique d'une erreur de construction (jgynen t • avec nous ■
doit être entendu après y fo crisi aussi bien qu'après bay gras...) et d'un taux sens concernant le
verbe doutyequi ne signifie pas ici « avoir un doute ou des doutes », (cf.
dont tan vtarn theth lesky(R. I430), « crains que le feu d'enter ne te brûle
» ; dowt me gênas the serry (Gwr. S50), » crains que je ne nie tâche avec toi
», etc.). Le passage doit être entendu : « Jamais il ne nous faudra rien
craindre, (tant) que sera (ou: pourvu que soit) le Christ, fils de Marie, et
sa grâce avec nous ». Le sens de « avoir » que traduit bo quand il est
précédé du pronom personnel, a échappé à Norris : ihyworthe magau bo gras (O.
1749), ne signifie pas « from them grâce is so great... », mais littéralement
: « d'avec eux pour que grâce soit à nous », c'est-àdire: « par eux, pour que
nous ayons la grâce... » ; ni : me ath wysk may fo drok pvn (P. 2108) ne
signifie : « I will strike thee, that pain may be bad », mais : « Je te
frapperai, que tu (en) aies peine douloureuse ». Dans ce dernier exemple, il
y a apocope de la consonne finale du pron. pers. in fixe dans may fo = ma
y(jh) fo, comme du reste le suggère dans le contexte, un peu plus loin, la
forme verbale rethfoÇR. 2132), « puisses-tu avoir », employée dans les mêmes
circonstances. Pour d'autres exemples d'apocope de la consonne finale du
pron. pers. infixe, voir mes notes à beit vy {may). Faute d'avoir reconnu une
apocope analogue dans rebo qui, à mon avis, est pour re(ti)bo, Stokes traduit
inexactement : an iovl rebo the worfen (M. 782), par : « May the devil be thv
end ». Il faut, je crois, entendre : « Que ta fin (ta mort) soit au diable !
», « Que le diable ait ta fin ! ».
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(delwedd F0347) (tudalen 126)
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126 ].
Cuillandre.
Boita. Insidieusement, le Serpent
exprime à Eve sa crainte que le secret qu'il va lui confier ne soit dévoilé
par elle. Elle lui répond : ny vannaf the theskyvra. . . rag henna meare tha
volta ty a yll gui tha negys (Gwr. 579-581). Stokes traduit meare tha volta
par : « if thou wishest ». C'est de tout point impossible. La conjonction «
si » dans Gwreans an bys est toujours mat, mara ou mars ; comme l'indiquent
de nombreux exemples du même texte, meare {cf. v. 711, 1255, etc.) ou mear
(cf. v. 205, 702, 899, 1343, 2448, etc.) est une variante de mur, adjectif, «
grand », ou adverbe, « grandement ». Tha ne peut évidemment pas être le pron.
personnel 2 e sing. et sa présence serait d'ailleurs incorrecte devant un
verbe supposé à une forme personnelle. Quant à volta, c'est une forme verbale
qui s'explique malaisément au i>ens de « vouloir, désirer ». Précédé de la
préposition tha, « à, pour » provoquant mutation par affaiblissement, volta
suppose une forme non muée boita, très régulièrement. Boita, selon toute
vraisemblance, doit être un infinitif emprunté à l'anglais to boit, avec le
sens « lâcher carrément (qq . parole), dire hardiment » (A. S. boit, Germ.
bol^eii). — Pour la construction de l'adj. mer (meare, mear = mur) avec tha
suivi de l'infinitif, d. précisément dans Gwr. 161 : mer thavlamya, «
grandement à blâmer ». On obtient de la sorte, avec une construction
correcte, un sens très satisfaisant : « Je neveux pas te découvrir (=
dénoncer) ; c'est pourquoi, avec une grande hardiesse pour (me la) dire, tu
peux accomplir ta mission (m. à m. faire ton affaire) » . Bos, « nourriture
». . — Voir Awel, Aual, « désir »
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(delwedd F0348) (tudalen 127)
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VitutU
(ii' , > tf\tcs comiques.
Bos, Boys, « être Dans ses Notes à
Beunans Meriasek, p. 2;; a rangé àtort parmi lesformes du verbe&w, être
», au prétérit secondaire i M pers. sing. la forme verbale me a vyen qui se
rencontre au v. 2998 ; avec sa désinence personnelle, elle serait tout à fait
incorrecte: en effet quand le pronom sujet précède le verbe, en Construction
dite emphatique, le verbe se présente a toutes les personnes sous la tonne
impersonnelle. Me avyen est en réalité pour tnea vyn, « je veux », prés. r c
' sing. du verbe menny, « vouloir », et rime avec na ven, que je ne sois »,
au vers suivant. Stokes n'a pourtant pas manqué de remarquer ce
développement, surtout à la rime, de la voyelle irrationnelle -eou-v-ct il
cite lui-même (p. 271) drues (v. 1047), graes (v. 669), plaesÇy. 633),
purgoeth (v. I979)i Uiei " ( v 2093), ragoen (v. 2742), suyr(y. 1924),
îuyr (v. 2263), duys (v. 4056), fuir (v. 905), etc., pour drus, gras, plus, purgoth,
tant, ragon, sur, lur, Jus, fur, etc. Pour le verbe « être », le breton
moderne possède un infinitif passé beça bet, « avoir été » (m. à m. « être
été »). Le comique des textes ne connaît, pour le passé comme pour le
présent, qu'un seul infinitif. D'autre part, et du point de vue syntaxique,
il va de soi qu'en comique comme ailleurs l'infinitif présent marque
normalement concomitance d'un état ou d'une manière d'être par rapport à une
action non seulement présente, mais tout aussi bien passée ou future marquée
par le verbe duquel il dépend ; en d'autres termes, cet infinitif présent n'a
pas la valeur proprement temporelle d'un présent, mais une valeur modale de
simultanéité d'un passé, d'un futur ou d'un présent relativement à un autre
passé, à un autre futur ou à un autre présent. Par exemple, dans la phrase :
kvn thevelv dethv pel ov boys heb y clowes lel ny vennen y ankevy (M.
3708-3710), la construction infinitive ov boys(= lat. vie esse) dépend d'une
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(delwedd F0349) (tudalen 128)
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128 Cuillandre.
proposition dont le verbe est à
l'imparfait : kyn thevely. Si l'infinitif présent boys n'équivaut pas — et
c'est ici improbable — à un infinitif parfait qui manque au comique, « avoir
été », il ne peut équivaloir qu'à un imparfait, non à un présent, « (that)
Iam », comme l'entend Stokes, et il faut traduire : « Malgré qu'il lui
semblait que j'étais longtemps à l'écouter (= à l'exaucer) loyalement, je ne
voulais pas l'oublier ». Breder. Norris avait traduit l'expression a vreder
(P. 692) par« speedily ». Williams l'entend de même et y voit le substantif
berder, « brièveté » formé sur l'adjectif ber, « court, bref » et devenu ici
breder par métathèse de IV. — M. Loth (Rev. Celt., XXVI, p. 235) accepte la
traduction de Norris et l'explication de Williams, et conclut que a vreder
signifie exactement v d'ici peu, en peu de temps » . Mais cette explication
se heurte à une double objection : c'est d'abord qu'elle modifie sans
nécessité la leçon du ms. et qu'ensuite elle propose un mot qui ne se trouve
nulle part ailleurs dans les textes, La leçon authentique du ms. s'explique
telle quelle sans difficulté par breder, pluriel du substantif broder, «
frère » (O. 449, 525, 578, 1827, 1842 ; M. 1696 ; S. M. IV, 18 et 21), dont
Qn trouve aussi les variantes : brader (P. 188), brodar (Gwr. 1100, 1300) ;
le Vocabulaire Comique présente braud et broder, gl. frater; pour le comique
moderne, Lhwyd (242.1) donne bredar. Le pluriel breder se trouve dans R. 11
63 : the vreder, « tes frères », et dans M. 2848 : ov breder dun ny the dre,
« mes frères, venons à la maison (= allons chez nous) ». Le substantif a même
un pluriel collectif bredereth (P. 714 ; M. 1755, 4252), brudereth (P. 1430),
en comique moderne brodera Ih (S. M. IV. 18, 21). Avec a, particule
exclamative qui amène normalement après elle mutation par affaiblissement (d.
a thu, « ô Dieu ! », Pasc. 246.2 ;athev, id. R. 87 ; avester, « ô maître »,
Pasc. 65. 2 ; a dase, « ô père », M. 25 ; Gwr. 93e, etc.), l'expression a vre
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(delwedd F0350) (tudalen 129)
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L'étude
Jf\ ttxtii comiques.
i2<> ilt-r pouvait à première
vue, dans le passage en question, signifier tenu naturellement : « à frères I
■Mais l'apôtre Pierre qui parle se trouw seul avec saint Jean, etc'est à
lui seul qu'il s'adresse en le priant de se hâter pour que la Cène SU trouve
prèle quand viendra Jésus avec les autres disciples : fystyn leman me atfa
pys m. i\ fo dyghtys .1 vreder <\'. 691-692). Le pluriel se concevrait
donc mal, s'il s'agissait d'une expression inrerpcllative. Traduire par un singulier,
comme y avait d'abord pensé Xorris (t. [, p. 27K note), c'est ne pas
respecter l'indication tonnelle du pluriel breder fournie par le ms. Il faut
donc', respectant ce pluriel, voir dans a autre chose que la particule
exclamative. Devant un nom, ce ne peut dès lors être qu'une préposition
suivie de son régime. La préposition a >\\cc le sens « de » ne procurerait
pas une interprétation soutenante. Mais si on consent à voir dans a la
préposition que j'ai identifiée plus haut et qui, employée concurremment avec
ll.m (//v), signifie « à, pour », aussitôt tout s'explique aisément et
clairement : « Hâte-toi, maintenant, je te prie, afin que le souper [soper,
v. 689] soit préparé aux frères », ou «... prêt pour les frères ». Le
contexte immédiat s'harmonise fort bien avec le passage ainsi entendu. En
effet, à l'invite de Pierre, Jean répond : otte an tan o\v tcwv dens pan vo
both ganse y aga bos a vvth parvs "(P. 693-695), « Voici le feu qui
flambe (m. à m. brûle) ; qu'ils viennent quand ils voudront : leur nourriture
sera prête ». La 3 e pers. plur. de L'impératif dens, du pronom personnel
avec nota angens, ganse y, de l'adjectif possessif aga est un rappel évident
du pluriel breder, et le v. 695 est une réplique fort nette au v. 692. Je ne
crois pas inutile de faire remarquer que, quelques vers plus loin, dans la
même scène, et précisément quand ils arrivent Rfiue Celtique, XLIX. 9
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(delwedd F0351) (tudalen 130)
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130 • Cuiîlandre.
pour se mettre à table, Pierre parle
de ses frères, brederetb (y. 714), les disciples de Jésus. Brys. 11 n'est pas
possible d'entendre avec Stokes : « There thou canst learn, ifit be thy wish,
mue h of goodness », les deux vers : ena ty a yl dysky martegen the vrys mur
dader ' (M. 60-61) car martegen est un adverbe qui signifie « peut-être »
(cf. martesen, ibid., 3291), et d'autre part brys au sensd' « esprit,
sentiment, jugement » ne peut ni avec l'adj. possessif //#, « ton, ta... »,
ni avec la préposition the, « à », permettre une interprétation satisfaisante
du passage, à moins de supposer the = theQlf), « à ton », c'est-à-dire la
préposition jointe au pron. infixe 2 e pers. sing., avecapocope de la
consonne finale du pronom ; il y a d'autres exemples d'une apocope semblable
(voir mes notes kbeii vy [may]et à bo). Dans ce cas le sens du passage serait
: « Là tu pourras apprendre peut-être beaucoup de bien pour ton esprit». Il
est possible que nous ayons plutôt dans the vrys une locution adverbiale
signifiant « avec rapidité, rapidement » (cf. gallois brys, « vivacité, promptitude,
célérité » ; brysio, « se hâter, se dépêcher ») et qu'il faille entendre : «
Là tu pourras apprendre peut-être rapidement beaucoup de bien ». Je dois
toutefois faire remarquer que brys au sens d'« esprit, sentiment, jugement »
est fréquent dans les textes comiques, tandis qu'au sens de « vivacité,
promptitude », suggéré par le gallois, il ne se trouve que dans ce seul
exemple-ci. Bus. Nynfus est, avec la négation, la 2 e pers. sing. du prétérit
primaire du verbe bos, « être » (cf. y fus, M. 338 ; avec nota
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(delwedd F0352) (tudalen 131)
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jues.
131
augens
: fetel vusta, M non une j pers. i in^. comme l'entend Sto There lus not
been.... 9, dans : m n tus teka ( ».i ^ (M \ ; lieu de : Il n'y a pas eu... ,
il faut traduire : Tu n'as pas été plus bel homme... ». Bynynryth. Norris et
Williams traduisent cette expression par « woful woman dans K. 875, ou elle
se rencontre. En réalité, elle est a identifier avec btnen rid qui, dans le
Vocabulaire Comique (20,7*), glose femina, et avec le gallois l't'iu-ii rydd.
Avec son sens de « femme, femelle », bynynryth s'oppose à gorryth (O. 2837),
mâle » (ci. gorruid, gl. mas vel masculum, dans le Yoc. Corn. 1 9,7 l ) • ^ a
même opposition marquée par ces formes composées existe entre les formes
simples gour ha benen (R. 2425), au pluriel gorotu ha benozv (O. 1022),
benawe ha gorazue (Gwr. 2271, 2414). (J SltilTt.) J. CuiLLAXDRE.
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