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(delwedd C0168) (tudalen 0100)
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B.
Bacheler {bacheler'), s. *«., jeune chevalier. — Bachiler, jeune écuyer. Kel.
De quel lignage es tu, sire bacheler?
Les Rois, p. 69.
Ce fu seu aperteraent
K'um bachelers les cunduiseit,
Mais ne sorent ù cil aleit.
Marie, Fable 41.
+ Bacin {bathing-ttib)^ s. m., baignoire.
Faites le malade estaler en un bacin, et puis pernez, etc.
Pet. tr. de méd. du XIV' s., publié par M. Boucherie, p. 3.
+ Bacon {bacon), s. m., lard, viande de porc.
Quant q'en l'an li renovelot
Lu vin, lu froment, les bacons...
Viede S.Grég., v. 1G:36.
Sayn qui vient ovec bacons, ne doit rien, se il est des bacons meisme.
Coût, de la Vie. de l'Eaae de Rouen, art. 19.
Apres cen si deivent l'oublie,
A la saint Andreu, baconnel (morceau de lard).
Cunie des Vilains de Ycrson, v. 140.
Harengs et bacons Sont bonnes provisions. Dicton norm., cité par M. Pluquet
dans son Ess. hist. sur Bayeuœ, p. 304.
+ Baffe {baffling', affront, insulte), s. /"., coup sur la joue,
soufflet. V, Baffer, buffe. En patois norm. de Jersey, l'on clit p^iffe :
Qu'nou m'baille deux paffes, oui dia, ma fé !
Rimes jers., p. 80.
+ Bafifer (<o baffle , traiter indignement, outrager), v. a., frapper au
visage. V. Baffe.
+ Bagnier [bagnio, hain), v. a., baigner. Du bas-lat. balneare. En ital.
bagnare.
^
I
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(delwedd C0169) (tudalen 0101)
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— 101 —
Rou esteit de liepre lot taiut et tôt vertiz, En l'ewe se bagnoit, si art
empris gariz.
Wace, Rom. (le Bou, v. 989.
Pourquoy de vos pleurs ennuyeux Bagnez-vous, Philis, vos beaux yeux?
Vauq. de La FriESN., Past., p. 491.
De là la dénomination de plusieurs stations thermales existant en France,
telles que Bagnoles (Orne), Bagnols (Gard), Bagnols-les-Bains (Lozère), etc.
Bagues (ôrtf/, sac, valise), s. f. pi., bagages.
Et en alant elle (la nef) fut perdue et perye... dont fut ung grant
dommage... il y avoit des bagues qni valoient de l'argent.
Le Canarien, p. 35.
+ 1. Baile {hailey\ cour centrale d'un château fort), s. m. Verger, clos de
murs ou de haies, renfermant une habitation ou y attenant. V. Balie.
Le mot, en ce sens, est usité particulièrement dans les anciennes îles
normandes de Jersey et de Guernesey; en Normandie, ce verger porte aussi le
nom de cour. V. Cour.
I m'semble qu'y a quiqu'sun dans l'belle.
Rimes jers., p. 100.
Dame, achtheur, i vont par belle,
Et pour oui et pour nennin, Qui gn'ya ni lum ni ételle.
Hé! qu'est donc qui faitchunn' chin?
Himes t/ucrn., p. 25.
2. Balle (enceinte centrale d'une forteresse). V. Balie.
1. Baille (hayle' ^), s. f., seau, baquet.
Pour descarchier... cuirs de buef ses, xxi bailles de sieu, deux bailles de
vuiés oeint,x fés de cuirs vers, etc.
Compte lie 1340. ci\é. par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 274.
2. Baille (enceinte centrale d'une forteresse). V. Balie.
+ Bailler {bail' S, paume de la main), v. a., manier, toucher, caresser.
Tu ton chat eimes e nourris Bailles e beises e polis, Com celui qui par grant
déport Te tait, soveans, qelqe confort.
Vie de S. Grég-, v. 17'J7.
Baillier se rencontre avec le seus de manier en dialecte normand.
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(delwedd C0170) (tudalen 0102)
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— 102 —
Treiz ans furent senz tuchex* Senz adeser e senz baillier.
BÉx., Cliron. île Norm., v. 7424.
Baillie, Bailide {baillie*, helde), s. f., gax'de, protection, autorité,
gouvernement. Du has-lat, hajulia, de hajulus. V. Baillir.
Ne ce ne fait à creire mie C'unc nos getast de sa baillie.
BÉN., Cliron. de \orm., v. 8514.
Or ne tairai ne m' mete en lor bailide.
Alex., s(r. 42.
Autres terres asseiz aveit en sa baillie.
5. Thom. le Ma H., p. 15.
Baillif (&aiZi/f), S. >n., bailli, Baillif est un nouveau substantif,
pareillement dérivé de &aï7Z/r (V. ce mot).
A ses baillifs fet comaunder Que de la tere facent jeter,
Hastivement, Quanques onkes porount trover.
Vie de S. Tliom. de Cant., p. 623, c. 2, var.
Les comptes se rendront par devant les baillifs ou leurs lieutenants, en
présence des officiers de Sa Majesté.
Cuh. des Et. de ^orm., de 1605, p. 70.
Baillir, baillier {to haîloio'), v. a., commander, avoir autorité sur, se
rendre maître de. Du lat. hajuîare, porter. Verbe qui, dans la
basse-latinité, prit le sens de gouverner, diriger. V. Baillie, baillif.
Il n'en est dreit que païens te baillisent.
Cil ans. de lioL, p. 1%.
Ne li i)Out une li dux aidier; Mais, s'il peust Osmunt baillier, Mar eust
empris teu folie. . .
BÉN-., Chron. de.\or/n., v. 36095.
Baissier, Baisser (la hase), v. a., abaisser, dégrader, avilir.
V'cez, fait-il, cum sui bailliz (traité), Cum sui baissiez e alebliz.
\M.\. .Cliron. de N'iiin.w 4895.
Noz leis, nos constitutions...
Ne serunt jà par li baissées.
iD., Ibid., p. 8290
Ealain, Balai [baleis'), s. m., grande et forte baguette. Du
cet t. balan. genêt.
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(delwedd C0171) (tudalen 0103)
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— 103 —
Mis pères vus batid de verges déliées, mais jo vus bâterai de grandîmes
balains ki serunt dures e espinus.
Les Rois, p. 282.
Dunc se llst as prelas primes discipliner (donner la discipline); Tendrement
veissiez Là les plusurs plurer ; Li evesques de Lundres tint el puing le
balai, Reguarda le cors saint e reguarda le vei.
S. Tkoin, le Mart., p. 213, AppenJ.
Halliwcll donne aussi to haleisen au sens de fustiger,
Baidrei, Baudré {Mïclrich, baudrick'}, s. ni., baudrier, ceinturon. Du
has-lat. baldreus., qui se rattache au lat. balte us.
Je te dunasse vingt sicles d'Brgent e un baidrei.
Les Rofs, p. 187.
Je Robert le Carpentier... ay eu et recheu deThonmas Fouques... les araiem-es
et artilleriez qui ensievent... cli'est assavoir... vint et chine arbalestez,
vint et chine baudrez, cinc cassez de carreaux à un pié, etc.
D('<li. (te 1326, CLiée. par M. Delislo dans les Actes non», de laCh, (les
comptes, p. 145.
Balle, Baile, Baille {bailey*)., s. m.., cour se trouvant au centre d'un
château fort et entourant le donjon. V. Baile, Bassecourt.
Entre ces murs furent larges plans cume de balie.
Les Rois, p. 251 .
Le chastel hid mult tost de tûtes parz asis (assiégé); Si lur funt dur assaut
e Flamenz e Marchis, E unt le premier jor sur els le baile pris,
E eus tost l'unt guerpi e en la tur (dans le donjon) se sunt mis.
Chron. de Jord. Fant., v. 1480.
Li baile i sont gx'ant et plenier.
BÉN., Boni, de Troie, v. 7655. -
Pour adouber et recomvrir la couverture du puis du baille, tout entour.
Compte des trav. faits an chat, de Clierbourg en. 13 IN, cilô par M. Delisle
dans les Actes norm. de la Ch. des comptes, p. 367.
Huet, dans les Origines de la ville de Caen, p. 40, dit qu'au siècle dernier,
la place qui est au milieu du château de Caen, était nommée le haile, mot
qu'il écrit besle.
Balme {balm), s. m., baume. Du lat. balsamum.
Pour drogues, haïmes, oignemens et salaire du mareclial, pour avoir guari
plusieurs jumens et pouUains, 2 s. 6 d.
Compte de 1166, cité par M. Pluquol dans son Ess. hist. sur Ba!/eua\
p. 107.
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(delwedd C0172) (tudalen 0104)
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— 104 —
Balz, Balt, Baut, Baud {halcV , haucle), adj., gai, dispos, vif d'esprit,
allègre.
Li emperere se fait e balz e liez.
Chans. de Roi. p. 10.
Tex i ira, toz liez e balt, Qui en sera portez en bière.
Béx , Homan de Troie, p. 19693,
Baut e liaitié e tuit joius... Sunt repairié en lur païs.
Béx., Chron. deNorm., v. 316.
Pretz sûmes tuit à fere, à quor baud e joiant.
Vie de S. A uban, v. 1195.
D'où le verbe éhaudir {Baud a deux acceptions dans l'ancienne langue; il
signifie tantôt hardi (V. Baut), tantôt joyeux. C'est à haud. en ce dernier
sens, qu'il convient de rattacher éhaudir et non, comme l'a fait Liltré, à
Ifaud, hardi).
D'où encore le subst. haldur, baudur. ioie :
Cum decarrat ma force e ma baldur !
Chans. de Roi. , p. 242
Ki ore ainz esteit maz, ore est en baudur.
CJiron. de Jord. Faut., v. 1523.
D'où enfin l'adverbe haîdernent, allègrement :
A grant entor e baldement Com il plus porent richement.
BÉN.. Rom. de Troie, v. 19393.
Bande (band' S), s. /"., pièce de terre contenant environ vingt acres
normandes. V. Acre.
Il fu jugié de la disme de la terre, qui est dedanz les bones (bornesj de la
bande de Curetel, que elle soit donée à l'iglise, à qui la lende apartient.
M.\r;y., Établiss. de l'Échiq. de Norm., p. 121.
Bandun, Bandon {handon), s. m., libre dispo.sition, pouvoir.
Trestute Espaigne est hoijen lur bandun.
Chaii. de Roi., p. 227.
Sire roy, fet Fouke, ore je vus ai en mon bandon.
HisC. de Foulques, p. 96.
De là, la locution adverbiale à handon, à handun^Whvement, sans obstacle, que
l'on rencontre fréquemment dans les vieux textes normands :
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(delwedd C0173) (tudalen 0105)
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— 105
Des or poent seur aler
Très par mi la terre à bandon.
BÉN.,67ira/(. (le Nonn., v. 2598,
Par tôt alèrent à bandon.
Wace, Rom. de Brat, v. 6135.
Sein fiz lur livra à bandun.
Vie de S. Aubaii, v. 313.
Banere (banner), s. f., bannière, enseigne, gonfanon.
Sept baneres des armes d'Escosse, trois baneres des armes monseigneur
l'admirai, deux baneres des armes sire Nicolas Behuchet.
Déc/i. de 1310, citée par M. Delisle dans les Actes norm. de lu Clides
Comptes, p. 263,
Bannir, Banir (to ban 5), v. a., proclamer, édicter, ordonner par cri public.
L'est au prince de Normendie, dès le jour qu'il est banny, prolonge les
querelles, que non aage (minorité) prolonge.
Ane. eout. de yorm. cli. xnv.
Le prince, quand il banit son ost, c'est-à-dire quand il le fait crier, convoquer
et assembler, n'a accoustumé de déterminer autre temps de service que celuy
qui est deu par ceux qui y sont sujets.
Terrien, Comment, du dr. norm,., p 109.
D'où le subsianiit banissement, cri pul)lic :
L'ost au prince, qui est assemblée et constituée par banissement...
Le Rouillé, (rr. eout. de Norm., f° l.vvj r°.
+ Banque (bank), s. f., levée de teri'e servant de clôtui'e entre des pièces
de terre. On trouve mirebanJi dans Halliwell, avec le sens de séparation.
Ce que l'on appelle, en termes de courses, banquette irlandaise, n'est autre
chose qu'une petite banque. L'An;^leterre a introduit cette dénomination en
France, où elle était inconnue et d'où était cependant venu aux anglais le
mot banque, lequel est d'un usage immémorial en Normandie, dans le sens qui
vient d'être indiqué,
-f Banquer {to bank, terrasser), v. n., établir ou réjiarer nne banque. V. ce
mot.
Banquier {banker'), s. ni., housse ou couverture mobile, servant pour
garantir les Ijaucs et généralement toute espèce de sièges.
Ung banquier de tappisserie de verdure, semé d'oisseaulx.
Invent, du mob. du eard. d'AmIjoi.-ie, p, 517 (XVI« s.).
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(delwedd C0174) (tudalen 0106)
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— 106 —
Baptisterie, Baptestire (haptistery), s. m., baptistère. Du lat.
baplisterium.
Si la levad de funz et de baptisterie.
Le.H Rois, p. 207.
Le baptestire fu sacrez, Saintefiez e aprestez.
BÉN., Chron. de Norin., v. 6839.
4* Baquer {to back), v. n., reculer, céder.
+ Bar (to heat\ porter, supporter, soutenir), s. m., espèce de grand chevalet
à l'usage des scieurs de long, formé généralement d'un arbre équarri,
supporté par le gros bout sur deux pieds de deux mètres de haut environ, et
dont l'autre bout repose sur le sol. Du scand. hœra, porter; en anc. haut
allem. hara.
Baraigne, Baraine. V. Barhalne.
Barainetet {hareynte, Ixirrenness), s. f.. stérilité. V. Baril aine.
Regueredunowenl à mei mais par biens, barainetet de m'aneme. (Rétribuant niihi
mala pro bonis, sterilitatem aninise mete.)
Lih.psalm., p. 44.
1. Barat, Barette [haret'), s. m., lutte, dispute, désordre, confusion. —
Baret, dispute, Kel. V. Baretoux, baréter 2.
Lor unt si les testes fendues E detrenchez costez e braz; Cunques si
estranges baraz Ne fu jostez, ne tel ocise.
Ben., Chron. deSorm., v. 38990.
A cumencier barette cuvient acuintement.
CJiron. de Jord. Faut., v. 399, var.
+ 2. Barat [baret'), s. j/î., tort, tromperie.
Suivant M. Métivier {Diction, franco-norm., p. oO), barat signifierait à
Guernesey, tout à la fois fraudeur et fraude. Le mot en ce dernier sens a
donné au français baraterie, terme de marine, exprimant la fraude commise par
le patron d'un navire.
Espandez les sur tous ceulx et sur celles Qui par laicin, tromperie et barat
L'ont chassée hors.
P. Gring , I, 30.
S'il ne vealt estre d'une gulmple Atî'ublé, par vostre barat.
Al. Chaut., Zi" b"> '!'■ Foi^/.. p. 71!".
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(delwedd C0175) (tudalen 0107)
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107
Barateur. V. Bareloux.
Baratrum {barathmm' ), s. m., abîme, précipice. Du lat. barathrum, gouffre où
l'on précipail les criminels à Athènes.
Dampnez sunt senz remission El parfunt puz de baratrum.
Vie <le S. Gilc, V. 219.
Barbecan {harbican*), s. f., ])arbacane, ouvrage do forlificalion, placé
extérieurement et percé de meurtrières.
Des ore en vient à ceuz dedenz aidier. . . Lur barbecan tenir e chalengier.
CJiron. (le Joi(L Fant., v. 655.
+ 1. Baréter [to bar ter, trafiquer, échanger), v. a., mesurer des denrées
avec la bar elle.
La barette est une ancienne mesure normande de capacité, pour les matières
sèches, équivalant à cinq décalitres. Elle est toujours en usage en
Normandie, particulièrement dans la Plaine de Caen, pour le mesurage du blé,
de l'orge, du colza, etc.
Au XVI'= s. Jes hommes de Saint Cir devaient apporter au moulin de l'abbé de
Montebourg « en recongnoissance des moultes (du droit de moudre), chascun
plaine barrete d'orge, à la Nativité nostre Signour. »
L. Dehsle, L'Afjric, en iSonn. iiu. moij. âge, p. 522,
2. Baréter {ta barle\ lutter à coups de poings), v. n., établir une rixe,
échanger des coups, se quereller. V. Barat 1 .
Gels de Roem oïrent cels de l'ost baréter.
Wace, Rom. de Hou, v. 1258.
+ Baretoux [barretour, Sherw., barraior, id , baralour'), adj., provocateur,
querelleur. V. Barat 1, Barétera.
A part son regard barateur, Fait decevablement murdrir, Lequel oneques ne fut
venteur Pour d'elle le nom amaindrir.
Al. Chakt., La Pari. ,r.\„i., p. 70!l.
« Les barateurs de Pommainville ^> est un ancien dicton normand qui
subsiste encore dans le département de. l'Orne. V. Le Blason pop. de la
Norm., de M. Ganel, IL 79,
Barette. V. Barat 1.
Bargaigne, Bargaine {bargaine, hargaining, Sherw.), .V. /"., débat,
discussion, querelle, V. Bargaigner.
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(delwedd C0176) (tudalen 0108)
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108 —
Dune comenca teus la bargaigne.
Bts.'^CIiron. de Sorm., v. 18641.
Ainz est bargaine de burgeis, Qui, pur aveir ne pur grant fiu, Mettent lur
peine en malveis liu.
Marie, Equitan, v. 152.
Bargaigner [to Imrgaia)^ v. n., faire marché, discuter le prix d'une chose.
Du has-lat. harcaniare^ verbe que l'on rencontre dans les Capital, de
Charles-le-Ghauve. V. Bargaigne.
N'ont mie fait Daneis que sage Ne reis Aigrouz, qui est lor sire, De ma terre
de rien afflire, Rober, maumettre ne essillier ; Meuz en peussent bargaignier
Utre les paluz de Hungrie.
BEn.. Cliron. de Xorrn., v. 15827.
Uns riches huns, ce dit, estait, Qui sun cheval vendre voleit. . . Un
rnarcheans le barsraigna.
Makie, Fable 55.
Barge {barge), s. /"., barque, canot.
Il n'i ad barge ne drodmund ne caland.
Chans. de Uol., p. 208.
Jà sunt entrez en barges e vunt en halte mer.
Cliron. de Jord.Fant-, v. 472.
Barhaine, Baraigne, Baraine {harren, barayne'), adj. /"., bréhaigne,
stérile. — Bareln, stérile. Kel. V, Baraineiet.
Chi habiter fait barhaine enmaisun, la mère des filz esledeçante.
Lih. psalm., p. 174.
Les fameillus sunt asaziez, puisque baraigne plusurs enfantad, e celé ki mulz
eut enfanz, afebleiad.
Les Rois, p. 6.
Terre est ilores vaine De tut en tut baraine.
Phil. de Thaon, Cornjjut, v, 2005.
+ Barme {barm), s. f.. levure. En suéd. berrna.
Si la barme fait l'vair la pâte, La folie épanit la rate.
MET,, Diction, franconor m., p. 52,
Barnage (6ar>ia5?e'), 5. m., baronnage, assemblée de barons. De barn^
baron, mot que l'on retrouve dans le v, angl. barne .
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(delwedd C0177) (tudalen 0109)
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— 109 —
As chastels se fioient et en lôr grant lignage Et en lor grant mesnie et en
lor grant barnage.
Wace, Runi. deRou., v. 839.
Puis li comence à descovrir Sa voleiité e sun corage, Oiant la curt e le
barnage.
Bén., Chron. do Norm., v. 4735.
Barnet, Barné {barn 2, homme, hanie 2, baron), s. m. Noblesse, réunion de
barons et d'hommes formant leur suite.
Fust chrestiens, asez eûst barnet,
Clians. de Roi., p. 78.
Mes k'il lui face honur, oiaunt tut sun barné.
5. Tlioin. le murt,, p. 22.
D'où l'adv. barnilment, virilement, d'une manière chevaleresque.
Barnilment l'estuet cuntenir Où ici t'estuvrat périr.
Marie, Pui-g., v. 725.
Baron. V. Bar un.
Barragan {barracan')., s. ;«,, camelot de soie. En ilal., baracane, en prov.
harracan.
Ung barragan turquin.
Item, ung aultre barragan saye à fil d'or et d'argent.
lurent, du mol), dacnrd. d'Amboise, p. 489 (XVI' s.").
+ Barre {bar), s. /"., barrière.
Le mot, passé de l'acception générale qu'il avait autrefois et que le patois
normand a conservée, se rencontre en frauçais avec le sens particularisé de
séparation entre l'enceinte où siègent les membres d'un tribunal et le lieu
réservé au public.
En bas-latin barra.
Si voluerint poterunt fa'cere clausuram vel barram ante granchiam, propter
bestias (bestiaux).
Acte do 1205, cité par M. Delislo dans l'Af/ric. en Norm. au mof/. dtje, p.
312.
Se il (le marchand) s'en va atout (avec) son cheval ou ses chevaulx, sans
paier les vi. d. d'estallage dessus dis, si test corne il ara passé la barre,
les chevaux seront forsfais (contisqués).
Coût, de la oie. de l'Eau de llouen, art. 90.
Depuis le dict lieu de Honnefleu jusques à une perque (perche) près de la
barre du manoir d'Ablon.
Prof.-verb. de 1480, cito dans Les Areh, de la ville de Ilonjleur, p. 49.
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(delwedd C0178) (tudalen 0110)
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~ JIO —
Barun, Baron (baron), s. m.,, mari, — Baron, époux, Kel. En bas-lat. barus :
« Barum vel fœminam. » ( Loi des Alam.) En pat. wallon, baron se dit encore
pour mari.
Hisboseth erranment la mandad, si la tolid à Phalthiel sun barun. (Tulit eam
a vire suo Phaltiel.)
Les Bois, p. 130.
Deffoons mun barun deci. Puis sel' penduns là où cil fu.
Maiue, Fable 33.
Quant la contasse seut que son baron estoit en prison. . .
Citron, norin. du XIV s., p. 58.
Baser (to basse), v. a:, baiser, embrasser. Du lat basiare.
Et l'anelet base et acole.
Lai d'Iynaarès, p, 11.
+ Basquette [basket, panier), s. f., grande corbeille dans laquelle les
pêcheurs débarquent leur poisson.
Basse {basse' 2), s. f., lieu bas, inférieur, partie creuse du sol, cavité.
Autre merveille regardout ^ Tandis cum en cal pui (montagne) s'estout ;
Kar en la basse d'environ, Ceo li estait en avision, Veeit mil manières
d'oiseaus.
BÉN., Chron. de Norm., v. 1399.
Bassecourt {base-court'), s. f., cour fortifiée de murailles, à l'extérieur
d'une citadelle, où l'on retirait les chevaux et les bestiaux de toute
espèce. V. Balte.
Les François faisoient le gait en une grant bassecourt, close de vieulx murs
de chesnes, qui estoient devant renforcement (les travaux servant à
renforcer) que on faisoit de la dite bastide (bastille).
CliTon, norm . du XIV' s., p. 103.
Ou quel chastel (d'Ivry) avoit donjon, basse-court, tours, portes, fossez,
closture de muraille.
At^eu de 1-156, ciié daus les Mémoires et notes de M . Aug. Le Prévost, U.
288.
Ordonné que les armes du roi (Henri U. seront peintes sur les deux planchers
de la salle de la basse court et semées par places de croissants.
Onlre de 1550, du gouvein. de Honfieur, cité dans les Archives de Honjlenr,
p. 70.
Bast (Fils de) {basf, bâtard), bâtard.
Le roy Charles de Vallois... envoya à Rouen .j. bailly nommé Oudart
d'Atainville. Aucunz disoient qu'il estoit son fils dé bast. P. Cochon,
Chron. norm., p. 136. éd. do Bcaiirep.
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(delwedd C0179) (tudalen 0111)
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— i'ii -
Bastardie. V. Batardie.
Bastoa {baston* 2), s. ni., couplei, strophe.
Un chant royal est d'assez difficile observance, qui contient cinq basions ou
coupelets, en chacun baston unze lignes et cinq couleurs ou sorte de rithme
différentes.
DE Bras, Rcch. et (int.iq.da Uc ville du Caeti, p. 235.
Une particularité utile à noter, c'est qu'en anglais staff se dit encore
aujourd'hui pour hàton et pour couplet; stance.
1. Bataille {hatalle\ hattaile, Sherw,), .<?. /"., armée, corps
d'armée, troupes. De hattualia, hattalia, mots qui remontent très haut.dans
la basse-latinité et qui signifient escrime de gladiateurs.
A Valmerei, Franceiz s'armèrent E lor batailles ordenerent.
Wace, Boni., (le Roa, v. 8fli)l
Batailles fieras e dotées Unt de lor genz plusor sevrées, Puis chevauchent
sereement Vers la cité tôt dreitement.
Bén., C/iron. de Norm., v. 19038
2. Bataille {haUlement),s.f., créneau. V. le mot suivant.
Ni a bataille ne crenel,
Où n'ait enseigne ou penoncel.
BÉN., Roni. de Troie, v. 7()21.
Bataillé, Bataillere (pattlemented, hateyled'), adj., crénelé, V. Bataille 2.
Od si faites turs bataillées, Jà n'i erent prises ni baillées.
BÉN., Chron. de Norm., v. 3937.
Il (le duc de Normandie) doibt avoir la garde de toug ceulx qui tiennent de
luy par hommages, baronnes, contez, marchez, franches sergenteries fieffaulx,
qui ne pevent estre parties (partagées) entre frères ou maisons, ou tours
batailleres.
Ane. coût, de Sorm.,c\\. xxxni.
Batailles ihattailous), adj., belliqueux, qui se plaît à la guerre.
Terre norrice par tanz
De chevaliers pruz o vaillanz
Si bataillos, de si grant non.
Bén., Chron. de Norm., v. 1073, p. 42.
Bateillarurs s'est dit plus anciennement, avec le même sens, en dialecte
normand.
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— 112 —
Clies Ysaï de Bethléem vi un des fiz qui bien set chanter ; fors est e
bateillerurs e cuintes de paroi e bels (Ecce vidi fihum Isaï Belhlehemitem,
scientem psallere et fortissimum robore et virum bellicosum et prudentem
verbis et virum pulchrum).
Les Rois, p. 60.
Batardie, Bastardie {bastardy}, s. /"., bâtardise, état, condition de
bâtard.
La cause de la batardie n'apartient pas à la cort seculer, mes à celle de
sainte yglise.
Marxier, Établis, de l'Échiq. de Nopm.,'p.55. .
Cil est qui l'adverse partie Luy veuUe objecter bastardie.
Coût, de Norm. en v., p. 77.
Ba.tel (batelle), s. m., bateau.
En some aveit une isle, quer l'ewe entor coreit; Ki i voleit entrer, batel i
conveneit.
Wace, Eom. de Hou, v. 2664.
Et si deit avoir du bois Saint-Oen à appareillier son batel.
Lie. desjur. de S. Oue/i de Rouen, i° 118 v°.
Batemens (beating, coups; haytinge, châtiment), s. m. pi., coups, —
Battement., batture, coups. Kel.
Je visiterai en verge les felunies d'eis e em batemens {in verberibus, dit le
texte latin) les pecchez d'els.
Lib. psalni,, p. 129.
Li damoisiaus remest dolens, Quant il vï les batemens, La deseplihe et le
casti, Que sa mère fasoit por li.
Marie, l'Espine, v. 135.
+ Bauçan (baiosonf), aclj., pie, dénomination des deux couleur.s blanc et
noir ou blanc et roux de la robe du cheval.
Isnelement ceignent lur branz, Puis sunt es bons chevaus muntez Sors e
bauçans e pumelez.
Bén., Chron. de yorm., v. 5218.
Baud. V. Balz.
+ Baude {haucl, Sherw, haude. Du G. p. 918), s. /"., prostituée. Le mot
est usité dans la Seine-Tnfér. [Gloss. de M. DelbouUe). V. Baut.
Baudré. V. Baldrei.
1. Baut {baud', bakV bold), adj., hardi, audacieux, violent. — Baud est le
nom d'une race de chiens courants,
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— 113 —
d'une grande ha rdiesse, que l'on dresse pour la chasse du cerf; ce nom
dérive de notre mot. Du tudesque, hald, audacieux.
Haitié e venqueors e bauz
S'en retornerent del enchauz
Tut dreit al champ de la bataille.
Bén., Chron. de Sorm., v. 1291.
D'un asne dist qu'il encuntra
Un fier liun, sel' salua ; *■
Dix te saut, frère, Diex te saut!
Le liun vist l'asne si haut,
Si li respunt hastiwement :
Des quant summes nus si parent ?
Marie, Fable 67 .
2. Baut (joyeux). V. Balz.
Bautineur {booting\ vol), s. tn., pillard, déprédateur, maraudeur. La forme
exacte devait être botineur, dérivée debotin, butin; en bas-lat. botinum (V.
Duc.) (1). En esp., botin ; en ital., bottino ; en angl., booiy ; duscand.
byli.
Item, se le chastellain d'icelle forest (de Breteuil) ou les sergents
d'icelle sont de jour ou de nuit en la dicte forest, pour quérir ou prendre
larrons, bautineurs ou autres malfetteurs, il (les habitants de Lymeux et de
Notre-Dame-du-Chesne) sont tenus à y estre en personnes.
Coût, des for. de Norm., f° 217 v°, cité dans les Mém. et notes de M. Aug. Le
Prévost, III, 105.
Bayart, Bayard (bayard*), adj., d'un rouge brun, en parlant des chevaux.
C'est une forme extensive de bai, qui a le même sens. Du bas-lat. baius,
corruption du lat. badins. De notre mot est dérivé le nom du célèbre Bayard^
cheval de Renaud, fils d'Aimon.
Au mareschal pour avoir médecine et saigné le grand cheval bayart.
Compte de 1477, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses Notes et doc, sur la
Norm, p. 206.
Le mercredi x» (jour de may 1559), la haquenée bayarde de mon oncle, sur quoy
Symonnet estoy t monté, se defîerra.
Journ. du s. de Gouberoille, p. 492, éd. des Ant. de Norm.
Bealté, Beltet {bealte'), s. /"., beauté.
Eslit à nus la sue hérédité, la bealté de Jacob, qu'il ama.
Lib. pscdm., p. 62.
(1) D'où botiner, faire du butin, répartir un profit.
Les biens, prins par la manière que dit est, furent là entre eulx botiné et
distribué, à un chacun sa portion; et ainsi comme il botinoient les dis
biens... Acte de 1363, oité par Lacurne, v. Butiner.
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(delwedd C0182) (tudalen 0114)
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— 1-14 —
Pur sa beltet dames lui sunt amies.
Ckans. de Roi. p. 83.
Bealté déiive de heal, qui s'est dit pour beau.
Li riches huems aveit treis filz, Qui esteient beals e gentiz.
GuiL. DE S. Pair, Rom. da Mont S. Midi., v. 2944.
Beal frère Abel, bien savez sermoner.
Adam, p. 45.
+ Beatilles [beatilles' abatis), s. f. -pi-, e.spèce de ragoût fait avec les
abatis d'une volaille, c'est-à-dire avec les ailerons, la tête, le cou et les
pattes. Le mot français, comme l'on sait, exprime un sens dififérent.
Beau-pière, Beau-père {beau père), s. m., religieux, prêtre. C'est une
dénomination qu'on leur appliquait souvent au moyen âge. V. Pasquier, Rech.,
1. VIII, p, 731.
Li chanoine de la mai s un Le mistrent sovent à raisun. Beau pieres, pur Deu,
dites nuô Curn bien volez vivre entre nus.
Marie, Purg., v. 399.
Et dist : Je vien à vous, beau père, Quar j'ay une bataille amere.
Pot. Poém. lia Mont S. Michel, p. 27.
Y n'est, ma fey, point de biaus pères. Set (soit) chartrieus, set penitans. .
.
L. Pet., Muse norm., p. 18.
Becquc (becket', petite bêche), s. f., bêche.
Becque et pelle ferrée pour les jardins, 5 s.
Compte de 1 450, cité par M. Ch. de Beaurepaire dans %q% Notes et doc. sur la
Norm. , p. 391.
+ Becquer {to peck), v. a., becqueter, frapper ou prendre avec le bec. Nous
ferons remarquer, à propos du verbe anglais îo peck, que le mot pèque se
rencontre en Normandie comme substantif féminin, au sens de bec. V. le
Diction, de p)at. norm. de M. Dubois.
Becquer, bêcher, bechier,' formes primitives du verbe, sontsortis de la
langue; le fréquentatif becqueter, coxnmeii est arrivé d'ailleurs pour
beaucoup de mots, a pris, avec le temps , la place du verbe simple , auquel
se rattache encore cependant le subst. becquée.
Sans point bequer des autres raisins.
Vauq. de La Fresn., Sat,, p. 407.
Bedeau (bedel), s. m., huissier attaché à une Université, individu appelé
aujourd'hui appariteur. V. Bedel.
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(delwedd C0183) (tudalen 0115)
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— un —
Lors arrive le sieur recleur de l'Université, suivi des officiers et supposts
d'icelle, précédez de leurs bedeaux, avec leurs maces d'argent.
DE Bras, Recli,. et ant. de la ville de Caen, p. 188.
Bedel {heclelV), s. »i., sergent d'un ordre inférieur, préposé, le plus
souvent, à l'exécution des décisions de la justice, au moyen âge. V. Bedeau.
Tant i a prevoz e bedels
Et tant bailliz viez et nouvels,
Ne puent aveir paiz nule heure.
Wace, Rom. de Kou, v. 5975.
Les bedeaux sont les mendres sergens qui doivent prendre les namps et faire
les offices qui ne sont pas si honnestes et les mendres semonces.
Ane. Coût, (le Norm., ch. v.
+ Bédière {hed, lit), s'. /"., lit de valet d'écurie. C'est une forme
augmentative.
I le faut porter sur la bédière,
Por aver fait, queu (chez) les cabaretiers,
La guerre o vin et la paix à la bière.
D. Fer., Muse norin., p. 90.
En patois normand guernesiais, l'on dit herdillière. M. Dubois, dans son
Gloss., donne le mot médln, comme étant usité en quelques parties de la
Normandie, dans le sens de mauvais lit. Le mot aura été probablement mal
entendu : hediyi doit être la forme exacte.
+ Bégaud (beghof, begger du G., Gramui., p. 918), adj., niais, sot.
Les begauts s'en esgueuUoient de rire.
Xoui:i. fdbr. des excell. tr. de vér., p. MI.
Va t'en au grand diéble, bégaud.
L. Pet., Muse norm., p. 22.
Un begaoud d'machon, qui n'tait pas trop malin, Me dit, en grignotant, qu'
ch'tait tout du griolin.
licmes (juern., p. 41 .
Le patois normand a encore le verbe hégauder, niaiser, lambiner, verbe que
l'on rencontre, avec ce sens, dans Cotgrave.
+ Beille (helly). s. /"., ventre. Beillée se dit aussi en patois
normand, pour repas copieux, repas qui remplit la beille. V. Boille.
Beivre (beioe', beverage , boisson; beaverage' , cidre coupé), .V. tn.,
boisson. V. Bever, bevrage.
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— 116 —
Manjout de sa viande et beveit de son beivre.
Les Rois, p. 158.
Un tel beivre li ad chargié Jà ne sera tant travailliez.
Marie, Lanval, v. 132.
La dénomination patoise du cidre, la boisson par excellence en Normandie, est
fteire (1).
Draglant su baire et baufrant su tourtel.
D. Fer., Muse norm., p. 117.
De même que l'ancien substantif normand beivre adonné à l'anglais, ainsi
qu'on vient de le voir, les formes beverage, beaverage, de même de beire est
venu, en dialecte normand , beraige , nom collectif de toutes espèces de
boissons :
Chacune personne vendant es dictes maisons et masures, taverne de vin, de
cidre et autre beraige. . .
Ch. de 1456, du Cait. de Lisieux, 1° 39.
Béjuel (bevel), adj., de travers. Le patois normand use du mot dans la
locution coucher tête béjuel ou tête béjuet, ou simplement coucher béjuel,
coucher béjuet, ce qui indique la position de deux personnes, couchées côte à
côte en sens opposé, ayant chacune les pieds proche la tête de l'autre.
Gotgrave donne la locution plus exacte « à teste bechevet », et Rabelais,
parmi les nombreux jeux de Gargantua, en indique un (1. 1, ch. XXII, p. 39),
qu'il appelle « à t€ste bechevel». Bechevet, béchevel signifient proprement
double chevet.
Bel [bêle'), adv., bien).
Il en fut ains molt bel preié, Que por nuls d'els s'eit otreié.
GuiLL. DE S. Pair, Boni, du MonC S. Mich., v. 16G3.
Sun pâli porte e sun anel, De ceo li pout estre mut bel.
Marie, Freisne,v. 293.
Bêle {belle'), s. m., manteau garni de fourrures.
Richart enveia par sa terre Chevals e dras e bêles querre, E vaissels d'aur
et d'argent, A Gieffrei fist de tut présent.
Wace, Boni, de Bou, v.,6566.
+ Beloche [bullace], s. f., prunelle, petite prune sauvage.
(1) Bère, cidi'e, boisson, succus e tnalis expressus.
Lacombe, Dict.'du v. lang.fr.
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(delwedd C0185) (tudalen 0117)
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— 117 —
L'on prononce bloche. La hloche- à Guernesey est une espèce de prune blanche.
L'on rencontre le mot en vieux français écrit heloce.
+ Ben (ben*), adv., bien. Du lat. hene.
En France ad Ais s'en deit ben repairer.
C/ians. de Bol., p. 5. Ben le savum.
Vie de S. Thom. de Cant., v. 21.
J'avons d'ia galette et du cidre cœuru,
Qui nos Fra ben du ben, après aveir coueru.
Rini. j'ers., p. Cl .
Bender {to band), v. n., se former en bande, serrer les rangs.
Li chiers (le cerf) li dist : Or nus benduns, De celé part nus estrepuns,
Q'il n'i puisse par là entrer; Dune purruns plus seur aller.
Marie, Fable 56.
Les cerfs marins adriatiqnes tendent
Se refïaire : secrètement se bendent
Et le herpail (la troupe) lessent à l'adventure
De çà, de là; ainsi le mars attendent.
P. Grinc, I, Kil.
Beneiçun, Beneiçon, Benisson (benison), 5. /"., bénédiction.
De Deu aiez beneiçun, ki dulez ensemble od mei.
Les Bois, p. 91.
Beneiçon li demandeirent, Quer ne sourent si revendreient.
GuiLL. DE S. Pair, Bom. du Mont S. Mich., v. 525.
S'il reçoit de Dieu la benisson.
Vauq. de La Fresn., Sat.p. 342.
Bénigne {benign), adj. m., bienfaisant, secourable, bon. Du lat. benignum. Le
mot n'est admis en français que comme adjectif féminin. V. Maligne.
Rois gloriables, rois bénignes, Onques nul jor ne fu tant dignes Que
descendre en moi deusses Si tu de moi merci n'eusses.
Wace, La Coiivepr. N.-D., p. 63.
Vint un jene homme humble et bénigne.
Pet. Poèmes da Mont S. Michel, p. 19.
Benne {binne, Cotg. à Benne), s. /"., grand sac.
Pour benne à carchier grains, 3 s.
Compte de 1428, cité par M. Ch. de Bealrepaire dans ses Notes et doc. sur lu
Norin., p. 403.
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(delwedd C0186) (tudalen 0118)
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— 118 -
+ Bénom (by-name), s. m., feuinoiu, sobriquet. Du lat. bis nomen. En bas-lat.
binomius, mot que Ducai)ge définit : cui geminuni est nomen.
Fuit princeps unus in Bawaria, qui fuit bynomius, cujus nomen erat Ëricus ;
vocabatur etiam Werpo.
Duc, Binomius.
En patois normand de Guernesey, l'on dit niénom (mauvais nom).
Ber {ver* 2, bem' 1), adj., noble, de rang élevé, chevalier, seigneur.
Riche est de faiz, poissanz e ber.
Bén., Chron. de Norin., v. 6185.
Et pense en sun corage riches huem est et ber.
GuicHARD DE Beaulieu, SermuTi, p. 17.
Bere {bere' 3), s. /"., brancard, civière à bras. En allem. bahre,
civière; anglo-sax. bœr, bere; en angl. to bear., porter : du scand. bœra,
porter.
. Ne lerra Iv'il ni ault, pur vifre u pur mûrir : Ainz se fereit porter et
sur bere tenir.
S. Thorn, le M art,, p. 56.
Berfrei, Berfroi {berfrey'), s. >n., beffroi, tourdebois nnobile, qui, au
moyen âge, servait de machine de guerre dans les sièges. En bas-lat.
berfredîis, verfredus.
De perreres e de berfreiz I vint estrange h charreiz.
Bén., Chron. de Nom., v. 29961.
Dont firent arbelestiers trere, Berfreiz lever, perrieres fere.
Wace, Rom. de Brut, v. 5650.
Berman, Bermen {bermen', portefaix pour le service de la cuisine), s. ,/t.,
portefaix. Du scand. bœra, porter et man, homme. V. Man.
Les bermans carchent les tonneaus et autres marchandises à ierre et en l'eaue
de Seinne.
Coust. de la Viv. de l'Eaue de Bouen, ar(. 59.
A Harfleur, aux bermens pour la (meule) tirer hors du bateau,
18 d.
Compte de 14S2, cité par M. Cli. de Beaurepaire dans ses Notes et doc. sur la
ISorm., p. 396.
Le substantif a formé quelquefois, par métathèse, breman., mais la forme
exacte est bien berman.
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(delwedd C0187) (tudalen 0119)
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— 119 —
Pour le salaire des bremenz, qui les diz biens descarchierent et mistrent, à
Touque, en sauveté, xl s.
Compte de 1340, citii par M. Dei.isle dans les Avtos nonn. do la Ch. des
Comptes, p. 275.
Aux uns, les vins par les francs bremants, aux autres, le sel par les francs
porteurs.
Df. Braj^, (\ecJi . et antifj. de la ville de Caen, p. 7.
Bernier, Berner {berner'), s. m., valet de chiens, qu'on désignait aussi, en
v. angl., sous la dénomination fr. de chacechien'.
Nous venons de voir, sous le mot précédent^ que de berman, parla
transposition, d'ailleurs assez fréquente, de Ye et de Vr, quand ces lettres
sont connexes, l'on a fait hreman. Semblable métathèse s'est produite pour le
mot qui nous occupe, dont les formes primitives étaient drenier, brener,
désignant le serviteur chargé de donner aux chiens de chasse, le pain de bren
ou de son, destiné à leur nourritui'e. V. Ducange à Brenarii.
La nuit somunt les cevaliers, Ses veneors et ses berniers.
Marie, Gugemer,v.l9.
Oyerent veneours e berners corner, e par ce saveyent que le rey irroit
chacer.
Hist. de Faulqi(e>'\ p. 94.
Bersail (berceV), s. m., but, cible.
Je suis le bersail contre qui chacun tire sajettes de tribulation. Al.
Chart., Le Qtiadrilogue, p. 417.
Bersail vient de berser, tirer de l'arc, poursuivre en lançant des flèches :
Qui vout, si pot aler chacer, Curre, berser u herdeier.
BÉN., Chron. de Norm. , v. 9850.
Plus est esmeliz ke n'est (lionne) quant est bersée.
Vie de S. Aub(in,v.52\.
Besiller {to bezzle*), v. n., s'user, s'épuiser, se perdre, dépérir. C'est
l'une des acceptions de to waste, verbe donné par Halliwell comme étant
synonyme de to bezzle.
L'onur des deus suvereins ià besille e chancelé.
Vie de S. Aab(tn,v.\2i^.
Besognes {besognio"), aclj., qui est dans la gêne, dans le besoin,
besoigneux.
Por l'onor e por la pitié, Por le bien et por l'amistié Qu'il fist al frère
besognos, L'apela on tostans pitos.
Wace. lioni. de lirul, v. 3liL'l
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(delwedd C0188) (tudalen 0120)
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— 120 —
Besorder (beshote^), v. a., souiller, couvrir d'ordures.
E li reis fist besorder Thophet (contaminavit quoque Topheth).
Les Rois , p. 427.
-{■ Bestial [hestiall*], s. m., bétail. Du lat. bestialia.
Y assembla on en foison de bestial, tant bœufs, vaches, moutons...
Cous., Chron de la Pucelle, p. 288.
Le 11 mars 1562. vint Tassin Nostradamus, qui me dist qu'il avoyt esté à
Vallongnes et qu'il avoyt veu le sieur de Crosville, que les soldas de
Villarmoys avoyent prins et menoyent prisonnier à Cherbourg, avec deux
chartées de ses biens meubles et grand nombre de bestyal.
Journ. du s. de Gouberville, p. 733.
En patois normand, bestial n'est pas toujours la dénomination collective des
bestiaux d'une ferme ; souvent ce mot s'applique à un seul de ces animaux : «
J'ons un bestial malade. » En patois de Guernesey, l'on dit besquids.
Plus troublai que sen besquiâz.
Himes guern., p. 13.
Besuigner, Busuigner {to busy), v. n., s'occuper, travailler. V. Busuigne.
Li riche besuignerent et fameilerent (eurent faim).
Lib. psalni., p. 42.
De sacrifise e de oblatiun ne busuignes.
Lio. des Ps., xxxix, 8.
-^ Bête (bait), s. f., amorce, appât. V. Bêter, abet. De l'isl. baitf
nourriture. Béte, en ce sens, est usité particulièrement dans l'arrondissement
de Bayeux; ce mot est aussi employé à Jersey et à Guernesey. A Jersey, sa
prononciation est brève :
Pas un peisson ne veur ni lus ain (hameçon) ni lus bettes.
Rimes jers., p. 17.
+ 1. Bêter {to bait), v. a., amorcer. V Béte, abeter.
J' bêtais hier, d'un long brin d' verm, Un d' mes haims, au large d'Herm.
MET., Diction, franco-norm., p. 66.
2. Beter [to bete') v. a., dompter, réduire, apaiser.
En luxure a de borbe tant, C'om doit celui com ors beter, Qui veaut tel borbe
borbeter.
Mir. de la B. M. V., v. 642.
Deslier fait ses vialtres (chiens), a (afin de) ses ors beter.
GuiCHARD DE Be.\ulieu, Sermuii, p. 17.
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(delwedd C0189) (tudalen 0121)
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— 121 ~
Beubelez {habulle', dira, de hauhle), s. m. pi., babioles, petits objets de
fantaisie, petits bijoux de peu de valeur.
As riches donot riches dons. . . Les riches pierres preciouses Od les espèces
deUtouses ; Pues redonot as ordenez, As envinz evesques sacrez E als deacres
cardinaus Les beubelez e les juaus D'or e d'argent.
Beuté {beictee*], s. /"., beauté.
Mar fud tis cors e ta beuté, Quant il nen ad en tei bunté.
Vie (le S. Grég.,v: 1587.
Vie de S. Gile, v. 325.
Veiz tu, fet elle, ceste femme. Qui de beuté resemble gemme, Ceo est l'amie
mun seignur, Par quoi il mené tele dolur.
Marie, Eliduc, v. 1021.
Beuté dérive de heu, qui s'est dit pour beau en dialecte normand :
Li beus buens prestres, quant il le vit, Creire poiez, molt s'esbahit.
GuiLL. DE St-Paii!, Rom. du Mont S. Mich., v. 129.
Bever {lo bever, que Sherwood traduit par « reciner, gouster, collalionner »
), v. a., boire. Du lat. hihere. V. Bevrage.
Le sanc des bues beverai.
Lih. psalm., p. 66.
Gesez en vostre liet, ne bevez ne mengiez.
Wace, Rom. de Rou, v. 3127.
D'où les subst. bevere, bevaclw% buveur, ivrogne.
I cist fu bevere de vin.
Id., Rom. de Brut, v. 3717.
Li Engleis sunt bevadur, ne sevent esteer.
Chron. deJord. Faut., v. 979, var.
Bevrage (Jbeverage), s. m., boisson. V. Bever, beivre.
Beaverage est dans Halliwell, avec le sens de cidre coupé; c'est aussi dans
ce sens qu'il convient d'interpréter bevrage dans le texte suivant :
Et si doit aveir. . . ij pains à Noël et un galon de bevrage à la Typhaine
(Epiphanie).
Liv. des Jar. de S. Oueii de Rouen, i' 109, v».
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(delwedd C0190) (tudalen 0122)
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— 12-2 —
+ Bibet (buver'), s. m., moucheron, raaringouin. Du lat. bibere. Suivant
Cotgrave, le mot est d'origine normande.
Bibet signifie littéralement petit insecte qui boit, c'est-à- dire qui pompe
le sang au moyen de la trompe dont il est pourvu. L'idée de buveur et celle
de moucheron se rencontrent, de même, associées dans le substantif latin
bibio. Ajoutons que bibber est donné par Halliwell avec le sens de buveur.
Fut estranglé de la vermine de la terre... comme frasions, guespes, bibets..
.
Nouv. fabr. des excel, tr. de vér., p. 82.
L'araigne, tous les ans, Faisoit son nid dedans,
Avec mouches et bibets, Qu'elle prenoit en ses rets. Ane. clians. noria.,
publiée par Dubois, à lasuite des Vaux-de- Vire de Basselin, p. 210.
Auprès d' mé, j' vé sourdre l'alouette, L' malard échardant sa pirette,
L'aronde énaquant sen bibet.
Rimes guern., p. 165,
En V. dial. norm., la forme était îoibez ou icibet :
Il (Dieu) dist, e vint musche e wibez en tuz les fins d'els.
Lib. psalm., p. 156.
Ne grosse mouske ne wibet.
Ne lunge wespe, ne cornet.
Marie, Fable 56.
+ Bicoquet {bycohel' .ova^inawi de coiffure), s. m., espèce de coiffure de
femme. — Palsgrave {Gramrn., p. 2o3) et Cotgrave {Diction. ) donnent biquoquet,
ainsi défini : the peak of a ladies mourning hood.
+ Billier {billy\ déplacement, action de remuer), v. a., remuer. Dans le
texte suivant, la locution « du pié billier » signifie s'enfuir, déguerpir au
plus vite, ou, comme l'on dit en langage populaire, jouer des jambes, prendre
ses jambes à son cou.
Sus ! il nous fault du pié billier Et jusques en maison aller.
Miracle de N. D. de Robert le Diable, p. 6.
+ Bingue {bing\ bin), s. /"., huche en osier ou en paille.
Je m' déroquis sus la vieille bingue Et j' dis : Qu'est qu'est là, malvarin?
Rimes guern,, p. 97.
La forme dirainutive biagot se rencontre aussi en patois:
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(delwedd C0191) (tudalen 0123)
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— ïHi —
A l'un des angles de la cheminée, le naître de la maison fabriquait un
bingot, sorte de corbeille composée de boudins de paille, liés de tiges de
ronces fendues et flexibles.
J. Fleury, Littérat, orale do la B. Norm., p. 75.
Bisme. V. JBysme.
Bisse {biss'), s. /"., biche.
Cels de dedenz ont pris com l'en pren bisse al piège.
Wace, Rom. do Rou, v. 13C1.
En l'espeise d'un grant buissun, Vit une bisse od sun foun.
Marie, Gugemer, v. 91.
Bitte {hitts, Sherw.), s. f. Terme de marine. Pièce de charpente, à double
saillie, fixée au navire à la hauteur du pont et servant à amarrer les
cables, lorsque les ancres sont jetées. Du scand. hiti, poutre. En dan.
hiddlng.; en hol. heeting.
Et dans l'instant un coup de mer nous fit rompre une de nos bittes, où nos
cables nous tenoient attachés.
Jauni. deJ. Doublet, p. 132.
Blaer (to MeecV), v. a., emblaver, ensemencer en blé.
Et doivent rendre, en la fin du terme, les terres aussi blaées et d'autile
semenche semées.
Bail de 1275, cité par M. Ch. de Beauiep. dans ses Notes et doo. sur la
Norm., p. 426.
Blandir (to hlandish), v. a., caresser, flatter. Du lat. blandiri. V. les
deux mots suivants.
A son père se valt gaber, Et en gabant li valt monstrer Que ses filles le
blandissoient Et de losenge le servoient.
Wace, Rom. de Brut, v. 1775.
Joie li fait, mult le blandist.
BÉN., C/no/(. de Norm. V. 15312.
Biandissement {hlandishmenl), s. m., caresse, charme, attrait. V. Blandir,
hlandisseur.
Si, par manace ou par turment
Ou par malveis biandissement,
Estes esmaiez u bien veneuz,
Finablement estes perduz.
Marie, Pury., v. 747.
séducteurs, qui, par blandissemens,
Par faulx semblans et subtilz documens,
Entreprenez entreprises damnables. . .
^ \'. Gring., I, i03.
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(delwedd C0192) (tudalen 0124)
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- 124 —
Blandisseur {hlandisher^ Sherw.), adj., flatteur, flagorneur. V. les deux
mots qui précédent.
Celui qui est le plus pratiq (fourbe), doux parlant et blandisseur. . .
demeure vainqueur et possède le prince.
Yauq. de La Fresn., Or. sur la calomnie, p. 211.
+ Blandureau {blaunderel, Sherw.), s. m., variété de pomme à cidre, de
couleur blanche, bonne à manger. C'est la même espèce de pomme que celle à
laquelle on donne le nom de haute-bonne. Dans un acte de 1371, cité par M.
Ch. de Beaurep., p. 48 de ses Notes et doc. sur la Norm., elle est désignée
sous le nom de blandurel.
Blasme [Marne ), s. «i. , accusation, imputation. V. Blasmer.
Blasme li est donez du dus ki fut ocis,
Prest est k'il s'escondie, s'en seit 11 gaiges pris.
Wace, Rom. de Hou, v. 2937.
Il vous a, par l'usance de sa justice, mis en blasme et en reprouche des
nations.
Al. Chart., l'Esp., p. 319.
Blameable, comme mot anglais, est donné par Palsgrave [Grarnrn., p. 306),
avec le sens de coupable.
Blasmer [to Marne)., v. a., accuser, inculper. Du lat. Masjihemare. V.
Blasme.
Si home apeled ( accuse ) altre de larcin, s'en escondirad ( s'en disculpera
) per plein serment, et altre qui blasmed ait ested, per serment nomed.
Lois de GuilL, 16.
Respunt RoUans : Ne placet damne Deu Que mi parent pur mei seient blasmed.
Chans. de Roi., p. 91.
Blason {Masour, flatteur), s. w., éloge, flatterie. Gotgrave donne « blason
funèbre » pour oraison funèbi'e.
Descouvrant le secret celé, Escoutani ton discret blason, Longtemps ay esté
désolé. Comme détenue en prison. Le Mist. de la Concept., dans LaConccpt. N.
D. de Wace, p. 162.
Princes, oyez des saiges les raisons Et des flateurs évitez les blasons.
P. Gring., I, 130.
Blasphemeur [Masphenier), s. m., blasphémateur.
Tous blasphemeurs sont plains de couardise Ou sont yreux et rempUs de
faintise.
P. Gring., I, 130
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— 1-25 -
Blastengier, Blastenger {Uasterf détracteur), v. a., calomnier, détracter.
Alquant le prenent fortment à blastengier.
Alex., str. 64.
La respunce del duc, quant si se ot blastenger.
Bén., Chron. de Norm., I, 46. Sommaire.
Dérive de hlasienge, détraction, calomnie : de blastenia, qui s'est dit en
bas-lat., pour blasphemia, parole outrageante.
S'ele est si bêle, quitte en seit, U se ce nen, fêtes m'en dreit Del mesdit e
de la blastenge,
Marie, Gracient, v. 468.
Blauil, Blaunc {blaun*), adj., blanc.
Blauns moynes et abez tuz lui enveiereit, . K'en trestute sa terre un sul
n'en remaindreit.
5. Thom. le Marc, p. 129.
Vit une bisse od sun foun, Tute esteit blaunce celé beste.
Marie, Gugemer, v. 92.
Blesmer, Blesmir {to hlemish), v. a., défigurer, mutiler. V. Blesmure.
Li leuns nient ne 1' tuchad, ne del cors puis tant ne quant, ne blesmad.
Les Rois, p. 289.
La gent de France 1 ert blecée et blesmie.
Chans, de Roi., p. 289.
Blesmure, Blêmissement (blêmi sh) , s., blessure, mutilation, imperfection
physique. Ble^nure, enlaidissement, chose qui dépare. Kel. V. Blesmer.
Del pied jesque en amunt ne fud en sun cors nule blesmure.
Les Rois, p. 171.
Hors vus remerruns seinement, N'i aurez nul blêmissement.
Marie, Purg., v. 963.
+ Blinguer ( to blink), v. n., vaciller, pencher. Le verbe est usité en ce
sens dans la Seine-Infér. V. le Diction, de M. Delboulle.
-f Blinquer {to blink)^ v. n., clignoter, guigner. En tudesque blicken.
I but, r p'tit laid, sen dram, sans blinquer d' l'ieil.
MET., Diction. J'ranco-norm., y. 72.
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(delwedd C0194) (tudalen 0126)
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— 126 —
Blinguer a le même sens dans l'Eure. V. le Diction, de patois de M. Robin.
+ Bloc (l'on prononce blo), (block)^ s. m., billot, se dit plus spécialement
de celui sur lequel les bouchers dépècent leur marchandise.
Bloi {hloysK, bleuâtre; hlo\ bleye', bleu), adj., bleu.
Sur un perrun de marbre bloi se culche.
Chans. de Roi, p. 4.
Cum l'eve est bloie e azillose E pleintive e abundose.
Béx., Cliron. de Norin., v. 3015.
+ Boban (boJxin), s. m., vanité, pompe, faste.
Mut par esteit beaus clers et menout grant boban.
S. Thoni. le Mart.,^. 13.
Et veulent avoir cens et milles, Pour leur bobant.
Al. Chart., Liv. des quatre Dames, p. 617.
I n' penspnt qu'à ribans, dentelles, Chapiaus, col'rettes et bobans.
Rimes Je rs., p. 24.
En ancien dialecte normand, on a dit, dans le même sens, tantôt bobance,
tantôt bonbance ou bombance.
Qu'en eus ne remaigne arrogance, Orguil, ne forfait, ne bobance.
Bén., Chron. de Norm., v, 8C04.
J'entens baulteur de rigueur et bobance.
P. Gring., I, 121.
Engrota, si morut; si remest sa bonbance.
Wace, Rom. de liou, v. 4294.
Oîi cest enfant Homme-Dieu Estoit couché sans bombance.
J. Le Houx, Noëls virais, p. 6.
Bobelin {bob., Sherw.; bobet., Palsg.), s. m., coup de poing, taloche,
soufflet.
Je li vois donner par derrière, De mes cinq doiz un bobelin. Or me regarde,
Robelin ; Qui t'a féru ?
Miracle ileN. D. de Rob. le Diable, p. 77.
4" Bocage [boscage', boschayle\ forêt, paj^s boisé), s. m., nom d'une
région très boisée de la Basse-Normandie, comprenant une partie des
arrondissements de Vive et de
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(delwedd C0195) (tudalen 0127)
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— 127 —
Bayeux (Calvados), d'Avranches, ûe Mortain et de Goutances (Manche). V. Base,
hoschain.
En dialecte normand, boscarje on boschage, était la dénomination des contrées
couvertes de bois et montueuses.
Li paisan et li vilain
Cil del boscage et cil del plain.
Wace, Boni, de Hou, v. 5980.
E es boscages maisun tindrent.
Makie, Biselavanet. v. 8.
Vindrent el boschage de Dan (Venerunt in Dan sylvestria).
Les Rois, p. 21(5.
Au XV' S., pays boscar/e s'est dit pour pays boisé.
A fait. . . voyages, courses, raençonnemens et raencontres, tant de nuit que de
jour, en pays boscage et ailleurs.
C/iroii. du Mont S. Mieli., 1, 215. Pièces cliv.
Bocassin [bocasine, boccassin, Gotg.), s. ?«., boucassin, espèce de futaine.
Ung ciel de bocassin blanc, à la mode d'Ytalie.
Invent, ilu mot. du card. d'Atnboise, p. 543 (XVI* s.).
+ 1. Boche {poche ; bunch), s. f., bosse. V. Bochu.
2. Boche {botcli, pustule), .9. /"., bubon pestilentiel. Palsgrave
ti'aduit botche a sore par « bosse de pestilence. » Bosche se dit pour ulcère
en patois normand, suivant Littré.
Et couroient boches sous l'esselle et ez ainnes ; et très ce qu'ilz sentoient
ces boches, ils mandoient le prestre et s'ordenoient et tantost estoient
mors.
P. Cochon, Chron. norm., p. 72, éd. de Beaurcp.
+ Bochu (bunchy), adj., bossu. V. Boche.
Alenchon, habit d' v'iours, vente (ventre) de son, Pus d' bochus que d'
maisons.
Dicton, norm.
Bodne, Bonne [bound), s. f., limite, borne.
Là ù les bodnes furent mises.
Bén., chron. de Norm., v. 8431.
Attirent les bonnes (1) de leur tendance au loz de vertu.
Al. Chart., l'Esp., p. 337.
Le patois normand a encore le verbe bonnier, qui se dit pour limiter, borner,
et que l'on trouve en v. fr.
(1) Le mot est usité, dans le même sens, à Guernesey ; .sculomoni sa
prononciation est allongée ; on dit bône.
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(delwedd C0196) (tudalen 0128)
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— 128 —
Boele, Boels. V. Boille.
Bofei, BoufFei, Bufifei {to huff', se vanter, se glorifier), s. /".,
orgueil, vanterie, outrecuidance.
Par besoin m'a à tei tramis Que cel orguil e cel bofei Qui en eus est e cel
renei Vienges confundre e atribler, Si destruire, si desmembrer.
BÉN., Chron. cleNorm., v. 18193.
Par foi, fet il, ce est bien seu Ke geo vail assez miex de tei. Quant tu
demeines.tel bouffei.
Marie, Fable 56.
Richart li respondi, par ire et par buffei : « Quant ne volez venir. . . »
5. Thom. le Mart., p. 75.
+ 1. Boille {hoicels), s. /"., viscères des animaux.
Dans l'ancien dialecte normand , l'on rencontre en ce sens les formes bu
ille, huele^ boels^ boele; ces dénominations s'appliquaient aussi bien aux
intestins de l'homme qu'à ceux des animaux. V. Éboiler, beille.
Le ventre lui purfendi, si que tute la buille à terre chaïd.
Les Eois, p. 198.
Defors sun cors veit gésir la buele.
Chans. de Bol., p. 187.
Mult veissiez voler cerveles Et à terre gésir boeles.
Wace, Rom. de Rou, v. 13902.
Là espandi mainte serveie, Là trainna mainte boele.
HisC. de Guil. Le Maréchal, v. 327.
En patois normand de Guernesey, l'on dit bouailles :
En airons-ju des vitailles, Quand i viendra V mardi gras ! .Sus les rignons,
sus les bouailles, Véyôus ! Y en a-t-i du gras !
Met., Diction, franco-norm., p. 76.
+ 2. Boille ipoine' (1), bollynge', enflure, gonflement, ballonnement; to bollen\
enfler), s.f., météorisme, développement anormal du ventre chez les animaux
domestiques.
(1) Il y a là probablement un mot mal entendu et par suite inexactement
reproduit. Les autres mots .cités, empruntés, comme celui-ci, à HalUwell,
font supposer, par leur forme, qu'à Vn de boine il convient de substituer
deux /.
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(delwedd C0197) (tudalen 0129)
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— 129 —
Boillir (to boil), v. n., bouillir. •
De chascun est 11 cor boillant E de chascun métal ardant.
Marie, Purg., v. 1127, II. *57.
Pur gutefestre (fistule), pernez warence... e herbe Robert, chescun par oel
(égal) peis; si ferez ben boillir, etc.
Pet. tr. deméd. du XIV s., publié par M. Boucherie, p. 9.
Boisdeur [boistef, boystors), adj., inflexible, impitoyable, dur, cruel.
E dit Richard de Luci : Or face le meillur ;
Guard que pur nule rien ne vienge (devienne) boisdeur.
Chron. de Jord. Fant., v 1515.
Boisdie {voisdye'), s, /., ruse, stratagème, fourberie, duplicité.
Ne s'aperceit ne ne s'esveille Qu'il i ai fausté ne boisdie.
BÉN., Chron. de fiorm., v. 12142.
Les boisdies de France ne sont mie à celer.
Wace, Chron, ascend. des ducs de Norm.,, p. 3.
+ Boise {boyshe), s. f., petite branche , baguette. Le mot anglais boyshe
signifie fascine ; c'est une métonymie : le tout pris pour la partie.
Bolermeny [bolearmenie^ Sherw.), s. m., bol d'Arménie ou bol oriental, argile
ocreuse, tonique et astringente.
Du myel et du bolermeny pour medecyner ung des chevaux de la charette, 14 s.
Compte de 1334, cité par M. de Beaurep. dans ses Notes et doc. sur la Norm.,
p. 206.
+ Bolle [bolle, boiul), s. f., tasse, écuelle.
Eh ben ! Nenn'ey, ôte don chutt' bolle.
Rimes jers., p. 108.
Bonde {bound, bondene*., bunden"), s. f., borne, limite. Du lat.
ôoofones, monceaux de terre servant délimites. V. bodne, bourne.
De la capelle dessus dite as bondes assizes entre les preis des devant dis
Thommas de Pont-Audemer et Guill. le Selier.
Accord de 12S2, cité daus Lu viconté de l'Eaue de Rouen, p, 163.
Item, m'appartient ung chemin, appelle !a Quarrière Bertran. . ., en sont les
bondes assises de si long espace de temps, qu'il n'est mémoire du contraire.
Aveu de 1395, cité dans Delisle, VAgr-ic. en Norm. au moy. âge, p. 109.
Par metes et bounds.
LiTTLET, Inst., 30, p 54.
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(delwedd C0198) (tudalen 0130)
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— 180 —
Item inquiratur. . . quibus métis et bundis (forestarii) circum
dantui*.
Fleta, L. II, cap. xli, 30.
D'où le verbe bounder, borner :
Si les terres ne soient mye boundés entre veisins. . .
Brit., De purchas, ch. xxxiii, p. 146.
+ 1. Bonder (fo bundle, ramasser ensemble), v. a., remplir complètement,
jusqu'à la plus extrême limite. Ce verbe peut être rattaché au mot
précédent.— Une armoire bondée de linge. Bonder ses poches d'argent.
+ 2. Bonder [to-bung), v. a., bondonner, boucher avec un bondon.
Bonne. V. Bodne.
+ Bordier (borderer)^ s. m., voisin.
Les bordiers et riverains des forests, qui ont droict à l'usage d'icelles,
sont empeschés à leurs privilèges.
Cah. des Et. de y or m. (XVI" s), p. 54.
Borgage. V. Bourgage.
+ Borgeois {borjae'), s. m., bourgeois.
Borjeiz i avetit riches e d'aveir grant planté.
W.\CE, Rom. de Rou, v. 1568.
Adonc doivent les dis borgeis de Rouen paier demie costume. Coût, de la via.
de l'Eaue de Rouen, art. 20.
Là s'en augent (s'en aillent) li riche qui plus vunt covoitant, Chevaliers et
vilain, borjois et marcheant.
GuicHAUD DE Beaulieu, Se/-;/iM./i, p. 31.
Par devant nouz fut présent Simon Vuison, borjois de Coustances, qui nous
tesmoigna et dict, etc.
Quitt. de 1333, chéQ par ^L Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 61.
Borjoner {lo borjoune) , v. n., bourgeonner , germer, se développer.
La verge leva, si flori, Et borjona et reverdi.
Wace, La Concept. N.-D., p. 38, dans Littré.
Par ceo avint qu'en poi d'espace Que de sainte divine grâce Ne des set dons
qui es cors borjone, Que li sainz Esperites done. . . Fu il comblez e
enrichiz.
BÉN., Chron. de Norm., v. 8028
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(delwedd C0199) (tudalen 0131)
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— 131 —
Bort {borC, board), s. m., planche. — fîon/, boord, planche, Kel.
De sur ces treifs (poutres) meimes, el secund estage, fuel fait uns planchiers,
e de suz les altres, à munt, uns ciels, e sur ces trefs meimes, el tierz
estage, uns altres planchiers, e suz les trefs ki plus hait estaient, fud
fait de borz uns altres ciels.
Les Rois, p. 248.
+ Bosc {boske, busk' 2), a", m., hois. V. le mot suivant.
Por ice est tenu, ledit chambellenc, trouver bosc, à rapparellier ladite nef.
Coût, de la vie. de l'Eaue de Rouen, art. 1(1.
(Pour) deux fenestres en la chambre le roy, pour bosc, pour clou et pour
toute paine. . . iiii s.
Compte de 1334, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 68.
Boscage. V. Bocage.
Boschain {bosky, bosked', buskij'), adj., hoisé , bocager. V. Bosc.
Albanac li tiers fu li mendre
Et à celui avint à prendre
Une terre qui est boschaine,
Que, par son nom, nomma Albaine.
Wace, iîow. de Brut, v. 1321,
En patois de la Basse-Normandie , on donne le nom de Bôcains aux habitants de
la région qu'on appelle le Bocage. V. ce mot.
Au mois de mai 1444. .. Jean de Betfort, prince des Bôcains, qui gouvernait
souverainement la plus grande partie de la France, pour le roi d'Angleterre,
son neveu. . .
R SÉGUIN, Hi.'it. du Pays d'Auge, p. 149.
Boseur [poser, Palsg.), adj., vantard.
Guard que pur nule rien ne devenge boseur.
C/iron. de Jord. Faut., v. 1.516, var.
Bosoing, Bosoinz, bosuingne [bosuin), s. m., désir.
Kar de ferir oi jo si grant bosoing.
Clians. de RoL, p. 115.
Tôt li amanvet quantque bosoinz li ert.
..•1 lex, , str. 47 .
Altres bosuingnes m'orent le cuer si enlacié.
5. Thom. le Mart., p. 155.
Boste [box), s. /"., boite. En pi'ovenc, boslia. D'une forme fictive
buxeium, dite pour buxeum, de buis : buxea capsa.
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(delwedd C0200) (tudalen 0132)
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— 132 —
Triblez (broyez) tut ensemble en un mortir ; puis le metez en sauf en une
boste disque vu(s) en aez à faire.
Pet. traité de méd. du XIV« s., publié par M. Boucherie, p. 4.
Botel [boteV), s. m., boite (de foin).
iij<= XXX viij botelx, qui valent (à xxj botel pour care) xvj carez ij
botelx.
Compte de 1405, cité par M. Delisle dans l'Agric. en Norm. au, moy. âge, p
569.
Boter {to boote, Palsg.) , v. a. , mettre , placer. En ital. bottare; en
espagn. botar.
Lui e si filz s'i vunt botant.
GuiL. i>E S.-Pair, lîom. du Mont S. Mich., v. 283.
Asez i ara grant honte qui ariere iert botez.
GuiCHARD DE Be.\ulieu, Sermun, p. 22.
Botereille {bolraces', grenouilles venimeuses), s. f., crapaud.
De mautalent e d'ire enfle com botereille.
Wace, Rom. de Rou, v. 3746.
Botineur. V. Bautineur.
Bou {bow, anneau), s. m., bracelet.
Pris la curune de sun chief e le bou de son bras {et armillam de brachio
ejus) et aportés les ai à tei mun seignur.
Les Rois,T^. 121.
Ses arœilles qu'om bous apele, Od odure preciose e bêle D'or e de pierres
grant e gent, Qui valaient maint marc d'argent ; Laissa en chaisne penduz,
Eisi que tuit les uns veuz.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 7418.
Au XVP siècle, l'on désignait en Normandie, sous le nom de boues les deux
cercles en fer placés aux extrémités de l'axe en bois, formant la principale
pièce de la grande roue d'un moulin.
Premièrement, pour deux boues qui sunt es bous de l'arbre,
vi. s.
Compte de 1333, cité par M. Delisle dans les Actes norm.de la Ch. des
comptes, p. 66.
BouarUe se dit encore aujourd'hui, en patois normand , pour Ijague, anneau.
Boucler. V. Bucler.
+ 'Qov.à.vùS {puddings'), s. m. pL, intestins, entrailles, boyaux, viscères.
Boudin dérive d'une forme fictive botulinum ou boltinum,
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(delwedd C0201) (tudalen 0133)
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se rattachant à hotellum, mot fort ancien dans la basse-latinité, et qui
s'est dit pour intestin humain {ai botelhim vulneraveril. Lex Frisionum, 5,
5"2). Le français et, à son imitation, l'anglais ont fait dévier le mot
de son sens primitif, en donnant, par métonymie, au contenu et au contenant
un nom qui n'appartenait qu'au contenant seul, c'est-à-dire au hoyau. Le
patois normand a fidèlement conservé cette dernière acception , qu'on
retrouve encore dans le verbe é^oudiner qu'il dit pour éventrer (1).
. Ayant picqué par malheur le boudin culier (le rectum, qui porte aussi le
nom de boyau culier) du bardon (une), celui-cy serra le cul, etc.
Nouv.fabr. des tr. de vér,, p. 184.
Les intestins étant le réceptacle des aliments, on a fait de boudin, un
synonyme de ventre :
A ch'teu qu' tu as le boudin plein, tu t'en flchis ben d' la fête.
Rimes jers., p. 60.
A n'en bougera. . .
D'vant qu'ils aient 1' pauvre boudin plein.
Rimes fiiiern.,\>. 29.
Ajoutons que boudin s'est dit aussi en patois pour entrailles, dans le sens
métaphorique du mot :
Can pu que mes boudins je t'aima, par saint Biaise.
L. Pet., Muse norin.,])11
Boue. V. Bou.
Bouffei. V. Bofei.
Boufu (bufpn'), s. m., espèce de drap épais et moelleux.
Une gi'anl coûte en a getée ; D'un riche paile ovrée fu, D'autre part d'un
richu boufu, Met le sor le lit Graelent.
Marie, Graelent, v. 362.
Bouge [bouge', biidge', bouget', bogelt', bougelle, Palsg., budgetle, id.),
s. /"., sac. Du lat. bulgam, bourse de cuir, mot que Festus signale
comme étant d'origine gauloise (2).
Il a bien remply ses bouges (Cotg.).
Mais jon ne voel la bouge ovrir, Deci que cil deivent faillir.
Marie, Fable 98.
(1) Le cahouan voletait sus la table Eboudinant rats et mulots.
Rimes gucrn., p. 100
(2) « Bulgas, Gain sacculos scorteos vocant. »
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(delwedd C0202) (tudalen 0134)
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134
Et emplirent une queue (fût) qu'ils amenèrent avec eulx... et plusieurs
coffres, malles et bouges de plusieurs manières, avec toutes les choses qui dedens
estoient.
Le Canarien, p. S8.
Budget, en anglais, signifie tout à la fois sac et compte annuel des recettes
et dépenses de l'État. Le mot, dans celte dernière acception, a été
introduit, au commencement de ce siècle, dans la langue française , à
laquelle l'Angleterre l'avait primitivement emprunté.
Le patois normand a quelques mots tenant au même radical hulgam. Par ex.
baurjie, qui se dit pour vessie et qui correspond au v. angl. powsh, dont
l'acception est la même (Hal.).
+ Bougue (boughl\ courbure; boiv, arc), s. /., bois courbé en arc qui retient
le cou du bœuf sous le joug. Le patois normand a aussi le subst. bouge qui
indique la partie la plus bombée d'un tonneau, et l'adj. bour/id, bouju^ qui
se dit pourijombé, arrondi parla tension, la plénitude. Avoir le ventre
bougui, c'est l'avoir plein, tendu. — Bouge a le nom de courbure, renflement,
dans le texte suivant, extrait d'un procèsverbal d'arpentage des rues du
Havre, fait en 1532.
Somme : trois vergées et demie cinq perches ( neuf perches rabatues pour le
bouge).
Doc sur la fond, du Havre, p. 397.
+ Boul-boul {bull), S. m., taureau. + Bouler {(o bowl), v. n., rouler.
L' barbari-muscat (sorte de pomme) boulait D' la chambre dans la termie.
Met. Dict. franco-norm. p. 408.
Y sembliait qu'oulle (qu'elle, la mer) allait boulant dans un
abîme.
La Nouv. annaie (Jersey, 1873), p. 8.
Boulieres [buUer' -2;, s et adj. m., trompeur, imposteur.
Ainçais distrent tôt' a estrous Qe Gregoires ereit boulieres Del commun
trésor destruieres.
Viede S.Grég., v. 2788.
Boulions {bullions') , s. m. pi., espèces d'agrafes qui servaient à fermer la
partie antérieure des vêtements de femme.
Item, un demi ceint de soie, ferré de xiiii boulions d'argent, vendu viij s.
■ Acte de 1349, cilé par M. Delisle dans les Actes norm. de laCh. des
comptes, p. 397 .
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(delwedd C0203) (tudalen 0135)
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— J35 —
Bounté {bountee'), s. /"., bonté.
Nequedent (cependant), par sa bounté, Le mal me ad tôt pardoné.
Vie de S. Thoin. de Cant., p. 621, c. 1, var.
-}- Bouquet {buckel), s. m., seau, baquet.
Sus la mousse et les paqu'roUes Aile avait mis sen bouquet.
MÉi\, DicC(oii.franco-norm.,i^, 84,
. Bourgage, Borgage (burgage'), s. m. Terme d'ancien droit nornian''. Tenure
située dans l'enceinte d'une ville ou d'un bourg et jouissant de certaines
immunités.
De tenure par bourgage doibt l'en savoir qu'elles peuvent estre vendues et
achetées comme meubles, sans l'assentement aux seigneurs ; et les coutumes
doibvent estre payées, selon les usages
des bourgs.
Ane. coût, lie Norm. ch. xx.xi.
Et a de certes les servages Et les bordies et les borgages.
Coût, de Norrn., en v., p. 74.
Bourguignonne [hurganet, Sherw.), s. m., espèce d'armure de tête.
Il voulut qu'ils fussent fournis d'armes, c'est à scavoir :
l'homme d'armes, d'un corps de cuirasse, d'armet ou de bourguignonne et de
grans garde-bras et espaulettes.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 111.
Bourne (bourn), s. /"., borne. V. Bodne, bonde.
S'il n'estoit descord de la situation ou bournes de l'héritage... il
faudroit monstrer et voir l'héritage.
Id., il)., p. 368.
4Boustoc [bussock'), s. m. , individu gros et gras , de taille ramassée.
Bout (hud), s. m. , bourgeon qui renferme les fleurs des arbres fruitiers. V.
Bouler.
+ 1. Bouter {to bud) , v. n. , pousser des bourgeons. V. Bout.
+ 2. Bouter (pousser, beurter). V. Buter 2,
+ Bouvard (bovert*), s. m., jeune bœuf. L'ancienne forme normande du mot est
boiivel.
Un bouvel, 35 sols.
Compte de 1 429, ci(é par Ch. de Beaurcp. dans ses y'otes et doc. sur la
Norm., p. 354.
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(delwedd C0204) (tudalen 0136)
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— 136 —
D'un temps où, sus hougue ou hommet, Nou craind'rait d' mettre son bouvet.
Met., Diction, franco-norin, p. 8'.
Bouz {bouge , barrique, fût), s. m., outre, sac en peau de bouc préparé pour
contenir des liquides.
Asemblanz ensement cum en bouz les ewes de mer (Congregans quasi in utrem
aquas maris).
Liv. des Ps., XXXII, 7.
Bouzin {bousing, qui Ijoit à tire-larigot ; bouzing-can, vase à boire (1),
bouzij, à moitié ivre), s. m. , mauvais cabaret, lieu de débauche; tapage,
vacarme.
+ Boxon (boghsome')., joyeux, gaillard, égrillard), s. m., cabaret, mauvais
lieu.
Bozon [bozzum), s. m., buphthalme . œil-de-bœuf, nom d'une plante à fleurs
jaunes.
Et li emfès ke l'on portent Kl de sa mort ne se dorent, Si vit le cunte
d'Ârundel Qui teneit un bozon mult bel, Si li dist o seimple reison : Sire,
donez mei cel bozon.
HisC. de G ail. Le Maréchal, v. 525.
Brace (brace), s. f., brassard, partie de l'ancienne armure qui protégeait
les bras.
Sanglant en ad e l'osberc et la brace,
Chans. de Roi. p. 113.
Uns bras de plates (plaques de fer) de janez, deuz cens bachinez, etc.
Déch. de 1339, cité par M. Delisle, dans les Actes norm. de la Ch. des
comptes, p. 236.
Brachet {brache), s. m., chien braque.
Les arcs es mains, garniz e presz, E detres eas lor bons brachez.
Bén., Chron. de Norm., v. 40759.
Brachez beals e gens leverers.
Vie de S. Th. de Cant., v,. (60, var.
Braconer {braconier*), s. m., valet de chiens braques.
A la place ù ils furent her Sunt venu dreit li braconer.
(1) Halliwell donne ce mot bous Bouse 3.
Vie de S. Gile , v. 1701.
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(delwedd C0205) (tudalen 0137)
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-137 —
+ Brague {bragues\ breech), s. f. , culotte , pantalon. Du lat, braca (qui
reproduit le celtique brnglie), braies larges et serrées par le iDas, à
l'usage des barbares et particulièrement des Gaulois. Juvénal désigne ceux-ci
sous le nom générique de Bracali, et Pline, la Gaule Narbonaise, sous la
dénomiBation de Bracata Gallia. V. le mot suivant.
Le 11 janvier 1559, Th. Giraud fist unes bragues de blanchet pour Arnould.
Journ. du s. de Gouberv.,,.^. 85.
+ Braguer (se) {lo breech), v. réfl.. se culotter. V. Brague.
Braiel (brail), s. m., cargue, cordage des voiles.
Les braiels funt lier al mast, Ke 11 venz par desuz ne past.
Wace, Born. de Brut, II, 141. à la note.
+ Braire [lo bray), v. w., crier en se lamentant, pleurer bruyamment. Ce mot
n'est généralement employé que pour exprimer les lamentations bruyantes et
exagérées des femmes et des enfants. V. Brais.
Mult veissiez par Chartres gent crier e gent braire.
Wace, Rom. de Bou, v. 1603.
Braient femes, braient enfant, Toz le poples, petit et grant
Bén., Roman de Troie, v. 16271,
L's aviers (enfants s' mettent à braire).
Rimes jers., p. 102.
Les p'tites sottes, nou les et (entend) braire.
Rim. guern., p. 24.
+ Brais {bray , braiment) s. m. pL, cris, lamentations bruyantes. V. Braire.
Là a noises e brais e cris.
Bé.v., Chron. de Sorm., v. 3641.
Sans brés ni brit (bruit), — à peine un plieur — On s' resignit à son malheur.
Rimes Jers., p. 189.
Brand. V. Brant.
Brander {brandene', brûlé, rôti, grillé), v. n., être en feu. En allem.
brand, feu, incendie; d'où le français brandon.
Tute la terre brande : pensez del espleitier.
Chron. de Jord. Font, v. 958.
Brandir {to brandie'), v. n., chanceler.
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(delwedd C0206) (tudalen 0138)
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— '138
Enpeint le ben, fait li branndir le cors, Pleine sa hauste del cheval l'abat
mort.
Chan. de Roi, p. 102.
Brant, Brand [brand'), s. m., longue et forte épée qu'on malliait à deux
mains. De l'anc. scand. brandr, épée.
Tut en verrez le brant ensanglantet.
Id., ib., p. 92.
En sung puing tint tôt nu le brant.
Wace, Bom. de Brut, v. 373.
Pur Deu decolé fu du brand acerin.
Vie de S. Auban, v. 1838.
Braon {brawn), s. m. , partie charnue du corps, chez l'homme et chez les
animaux. Se dit généralement de la fesse.
Ne sot où il venison truisse, Un braon trança de sa quisse.
W.\CE, Bom. de Brut,\. 14657.
Et valloit ung braon de beuf .x. s., et un quartier de mouton .X. s., de
forte monnoye.
P. Cochon, Cliron. norm., p. 347, 6d. de Beaurep.
Brasholes [brasli, branchages détachés d'un arbre tombé, émondes de haies),
s. f. pL, broussailles.
Mais ne s'i sevent si esduire Ne en cel leu enter ne fuire N'en rochereiz ne
en brasholes.
Béx., Citron, de yorm., v. 39125.
Bravement (bravely), adv. , avec soin , avec recherche. Dérive de brave , au
sens de bien habillé, vêtu avec recherche.
Estans bien montez et accoustrez bravement.
DE Bras, Bech. et aiitiq. delà Ville de Caen, p. 2^8.
Braverie (bravery). s. /"., bravade.
Pour n'ouir à toute heure une scopeterie, Ni pour voir le méchant user de
braverie.
Vauq. de La Fres.n., Sat., p. 393.
+ Brayer {to bray), v. a., broyer la tige du chanvre ou du lin pour en
détacher la âbre textile, en se servant d'un instrument désigné en patois
normand sous le nom de braie et en français sous celui de broie ou brisoir;
en angl. brake. Brayer du lin. Cotg.
Breman. V. Berman.
Brèque (6rea/.), s. /"., brèche, trouée. En bas-lat. breca.
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(delwedd C0207) (tudalen 0139)
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— 139 —
Nostri propinquiores vicini debent levare brecas culturarum in Tostes post
seminationem.
Cantal, de Préaux (dioc. de l.isieux), f* 91.
Nous l'atteignimes à la breque Carel.
Juurn. du s. de Gouherville, p. 798.
Laisse moi retouper pus de chent mille breques.
L. Pet., Muse norm., p. 10.
Bretesche, bertesche {bretage, parapet; brelagecV , cvènoié; harlizan,
p^alerie en saillie), s. f.. tour de bois, cout-onnée d'une galerie crénelée
et en saillie, dont on faisait usage pour attaquer ou défendre les places
fortes. Quelquefois on donnait aussi ces noms aux parties crénelées des
murailles ou des tours d'une fortification.
Fessez 8 hauz ponz torneiz, Bretesches e tors bataillées.
BÉN-, nom. de Troie, \. 17061.
Encor cent bertesches levées, Bien planchies e kernelées.
Wace, Rom. de Rou, v. 9450.
+ Brévage (brewage), s. m., breuvage. V. Bever.
Si vout l'en accorder. . . le dizime denier sur les brevagez.
P. Cociiox, Cliron. norm., p. 161, éd.. de Beaurep.
Quant je suis sans verre et brevage, C'est sans cocque un limaçon, Sans
livrée c'est un page, C'est un escolier sans leçon.
.1. Le Houx, C/inns. du F al de Vire, p, 89.
Brevet (brevet*)., s. m., petit écrit.
Je preste à Lehedez 11 libvres. et m'en baille ung brevet.
Journ. du. s. de Gouherville, p. 799.
+ Briche {bryche']. bas, chétif, pauvre), s. f., être ou chose sans valeur,
méprisable.
Laisse-mey là, briche ; Je n'aime brin les gens qui triche.
I,. Pet., Muse norm., p. 22.
C'est l'ancien mot normand bric^ dont le sens est le même, transformé par le
changement assez commun, du c dur en ch. :
Aura semblé fous, bries e nice.
BÉN., Ckron. de Norm.. v. 25837.
Brichet, -{■ briquet (brisket, poitrine des animaux), «. m., poitrine,
creux de Vestomac chez l'homme.
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(delwedd C0208) (tudalen 0140)
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— 140 —
Quand chicanoux venoient faire leurs exploits, gantelets faisoient aussi les
leurs, sur mandibules, sur brichet et sur épaules. MoiSANT DE Brieux, OrÎQ .
(le qaelq. coût, anc, I, 118.
St' amour, nichey sous men briquet (c'est-à-dire cet amour qui est dans mon
cœurj.
L. Pet., Muse norm., p. 28.
1. Brief [brief), s. m., bref, lettre.
Vint à l'est e livard à Joab le brief.
Les Rois, p. 156.
Cist briés m'on dit dont molt me hait.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mieh., v. 630.
2. Brief [brief), adj., bref, court. D'où le français brièveté. V. Briefment.
La seie ire esprend en brief tens;
Lib. psabn., p. 2. Et mustrai par brief sermun Pur quoi e cornent fu trovez
Le lais ke ci vus ai numez.
M.\p.iE, Milon, V. 6.
Briefinent (hrieflly), adv., brièvement. N. Brie fi.
Or vos dei ceo briefment mostrer.
BÉN., Chron. de Norm., v. 207, p. 10.
+ Brier (to bray, écraser, piler), v. a., pétrir la pâte au moyen d'un
appareil, qu'on désigne sous le nom de brie. Cet instrument se compose d'une
longue table épaisse, disposée sur quatre pieds peu élevés, à l'une des
extrémités de laquelle est fixé par un bout un long levier. « Brayer le pain
» s'est dit pour en pétrir la pâte. (V. le Diction', de Lacurne è. Brayer.)
En bas-lat. breiare : Qui vero nesciunt tornare, postquam bene apparaverunt
pastam , dant eam famulis ad tornanduin. Similiter illi qui breiant, non
apponunt os ad psalmodiam, ne forte de saliva quid saliat in massam. Duc,
Breiare.
On appelle, en Normandie, pain brié, un pain à crotîte dure et inégale, dont
la pâte a été pétrie avec la brie.
D'où, en français, brioche et peut-être, en anglais, bread, pain. Cotgrave
signale brioche comme étant un mot normand.
4- Brière (briery, lieu plein de ronces), s. f., terre inculte où poussent
les bruyères et les ronces. Du celt. brwg, brugen, en lat. brya, tamarin,
bruyère, et en bas-lat. brieria:
Pro communi pastura quam nobis concesserunt habendam ani- malibus nostris in
brieriis et tandis de novo acquisitis in foresta de Guoffer, propre Falesiam.
Ch. de 1261, citée par M. Delisle dans L'Agticult. en Norm. au moy. âge, p.
163.
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(delwedd C0209) (tudalen 0141)
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— 141 —
Es terres qui sont entre les brieres d'Autrebosc et le Mesnil soubs Verclive,
un laboureur, etc.
Nouv. fahr. des excel. tr. de ver., p. 115.
Dehors su pont, illocque à ste briere.
D. Fer., Muse nom,, p. 122.
J' la trouvis faisant du feu A tou (avec) d' la brière. Chans. norm. du
XVIII" s., publiée pur M, J. Fleury {Litt. orale de. la Basse-Nor»i., p.
260).
-f Bringé {bn'nded, moucheté), adj. Se dit des taches irrégulîéres fauves et hruu
foncé, qui se rencontrent sur la robe des vaches, bœufs, veaux et taureaux.
Pour un aumeau bringé 30 s., achaté à la même feire.
Pluquet, Pièces pour sera, d l'hist, du Bessin, p. 44 (XVI* s.).
+ Briquet. V. Brichet.
+ Brisé {brise' 3), s. m., terre en jachère. Le mot, avec la même exception,
est dans Gotgrave, comme mot français.
Briser, Brisier (to brise*), v. a, envahir, abattre, détruire, disperser.
E li Escot, qui sunt en Albanie, Ne portent fei à Deu le fiz Marie ; Brisent
mustiers e funt grant roberie.
Chron. de Jord. Fant., v. 687.
Tuz ses commandemenz summes prest de furnir (exécuter) Et chasteux et citez
brisier et assaillir.
5. TJiorn. le Murt,,]). 175.
+ Brit {brith', querelle), s. ni., bruit, dispute.
Avec lié j' veins d'aveir du brit.
Rimes jers., p. 198.
1. Brocher [to broche' 8), v. a., donner de l'éperon à V. Broncher.
Sun cheval broche e muntet un lariz.
Chans. de Roi., p. 96.
Apres lui broche le destrer.
Bkn., Chron. de Norm., v. 16544.
-}- 2. Brocher, Brousser {la brush., passer précipitamment), V. n., passer
rapidement à travers les buissons, les broussailles, les halliers. C'est le
terme de chasse brosser. V. Brousse 2.
Car tu as, mon Nemond, en broussant des premiers Les haliers épineux, fait la
place aus derniers.
V.\UQ. DE La Fuesn., Forest., II, 3.
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(delwedd C0210) (tudalen 0142)
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— Ui —
+ Broe ifroth), s. /'., écume, salive écumeuse ; mousse qui se forme à la surface
d'un liquide agité. L'on dit aussi broue.
Broine. V. Bronie.
Broncher [bronched', percé, pénétré), i'. a., piquer, éperonner. V. Brocher
1.
Traist l'escu devant sei, l'espée ala baissant, Bronchant, lasche les resnes,
feri si l'Alemant.
Wace, Rotn. de Rou, v. 3995.
Bronie {brini'), s /"., cuirasse.
Trenchet le cors e la bronie safrée.
Chans. de HoL, p. 115.
Tel convenist helme e bronie à porter.
Alex:, str. 83.
L'on rencontre aussi en dialecte normand les formes bruine, broine :
Maint bon escu estroé, mainte bruine faillie.
Chron. de Jord. Fant., v. 16.
E glaives trenchanz à lancer,
Clavains (plastrons) broines forsz e massices.
BÉN., Cliron. de .\urm., v. 374, p. 95.
+ Broquette (broket, effilé, terminé en pointe), s. /"., brochette.
Dimin. du mot du pat. norm. broque, broche.
Pour broques à rastelliers, ii s.
Compce de 1334, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 69.
+ Broudé {browded}, adj., brodé.
Est la sambue (housse) de veluyau vermeil, broudée et armoiée à escussons.
Incent. de 4344, cité par le même, ib., p. 100.
Brouil {broil), s. m., discussion.
La seconde sera comme un env'lopement,
Un trouble teste, un brouil de l'entier argume'nt.
Vauq. de La Fkesn. A/-t poéc, III, p. 85.
+ Brouir {lo hum, ta brun', brûler), v. a., brûler, roussir. De bwere, forme
inusitée que l'on trouve dans comburere.
Pur ço le juz jo a pendre e à mûrir E Sun cors mettre en un feu e bruir.
Chans. de Roi., p. 320.
Arbres, herbes e tox les blez Aveit bruis, arz e huslez.
GuiL. DE S.-Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 3297.
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(delwedd C0211) (tudalen 0143)
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— 143 —
d. Brousse {bntsschel\ petit bosquet), s. f'., bosquet, bouquet d'arbres,
fourré.
Une brousse de boys assis en la parroisse de Mesnil Selant.
Ch. de 1399, citée par M. Delislo dans L'Agricul. en Nonn. au moyen àgc, p.
348.
Brosse, mot que donne Gotgrave dans la même acception, se rencontre aussi en
ancien dialecte normand :
Item, une autre pièce de bois, dite la Fieffée de S. Louis..., y compris une
petite brosse.
Carlul. de S. Wandrille, I, 789, c. 2.
De brousse est venu l'ancien verbe brouçonner , reverdir (en angl. broivse,
brout).
La vierge Aaron brouçonna, La nuit flouri et boutonna.
Wace. La Concept. N.-D., p. 48.
+ 2. Brousse {brousse'), s. /"., broussaille. En bas-latin bruscia. V.
Brocher '2.
Brousser. V. Brocher 2. .
+ Bru {bride), s. /"., nouvelle mariée. En franc. , bru ne se dit que de
la femme du fils, par rapport au père et à la mère de ce fils. De Fane,
haut-allem. brâl, fiancée.
+ Erûcher {lo brush', sauter, se déplacer brusquement), V. n., broncher.
Bruine. V. Bronie.
Bruir. V. Brouir.
Bruisser, Bruissier {la bruise, Sherw.), v. a., briser. To brvise est resté
dans l'angl. mod., avec le sens d'écraser, meurtrir. V. Debruisier.
Veist l'om mil lances bruisées. Ensanglantées e moillées.
BÉN., Cliron. de Norni., v. 1G260.
Là poussiez veir estor espez e grant
Maintes lances bruissier e sachier maint pars branc.
Wace, Rom. de Rou-, v. 3980.
D'où le subst. brusure., bris, efi'raction :
S'ils facent nequidans ascun brusure per lour assault de huis, fenestre ou
masere.
A. IIoRNES, Mirror de Justices, ch. x, scct 10, p. 514.
Brunete {burnet')., s. /"., espèce d'étoffe, de couleur brune.
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(delwedd C0212) (tudalen 0144)
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— 144 —
Item, un chaperon à fanie, de brunete, fourré de menu vair, vendu xxx s.
Acte de 1349, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes,
p. 397.
Brutif (bruiish), adj., brutal, inhumain, cruel.
Et vous, ô survivants, si la façon brutive Des vices de ce siècle encore vous
captive. . .
Vauq. de La Fresn., Son., p. 700.
Bubuis (Mal) {bubukle\ pustule), mal qui produit des pustules, des bubons
pestilentiels.
Ne doit tochier ne main ne doit Au mal bubuis, au mal malan.
Mir. de la B. M. V., v. 462.
1. Bue [buck], S. m., bouc, mâle de la chèvre. Mot d'origine celtique ; en
bas-bret. biich.
Le sanc des bues beverai.
Liv. des Ps., XLIX, 13.
En enfer gist puant cum bues u mastiin.
Vie de S. Auban, v. 66.
2. Bue {buck', poitrine), s. m., buste, tronc.
Li emperere, s'il se cumbat od mei, Desur le bue, la teste perdre en deit.
Chans. de Roi. p. 27.
Dunt mil testes fussent coupées Des bues parties e sevrées.
Bén., Chron. de Norm., v. 41355.
Bueler, Boucler (buckler), s. m., bouclier.
Que chacun s'arme ou face son devoir, Peur résister de boucler et escu.
Al. Chart., Le Beg. de Fort., p. 714.
Notre mot dérive du bas-lat. buccularium, bombé (1). De scutum buccularium.,
on fit escu, bueler ou escu buclé. Dans le principe, bueler, buclé se
rencontrant presque toujours associés à escu, ces adjectifs finirent par
prendre la place du substantif, et devinrent ainsi la dénomination même de
l'écu.
Tanz colps ad pris sur sun escut bueler ! Tanz riches reis cunduit à
mendisted !
Chans. de Roi, p. 44.
Dune veissiez targes prendre e ces escuz buclez.
Chrun. de Jord. Fant., v. 1204.
(1) Du lat. bucculam, qu'on trouve dans le Gloss. de PMloxène, avec le sens
de bosse de bouclier.
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(delwedd C0213) (tudalen 0145)
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— 145 —
Buele. — V. Baille. j
Buer {lo bucii), v. a., lessiver. Du lat. huere., imbiber.
Les mecliines de la royne avoient fait une buée et avoient mises les napes de
l'ostel du roy et de la royne aux champs , draps, linges sans buer et
cuevrechiefz.
Chron. nom), du XIV* s., p. 7.
Pour buer et blanchir le linge. Compte (le 14S4, oi(6 par M. Ch. de
Bealuei-aihe dans ses Notes et doc. sur la I\'or/n., p. 23i. '
Buffe (buff), S. m., bufQe. — V. Bugle.
Et quelques des nostres furent à la chasse des buffes, et nous en apportèrent
plusieurs quartiers.
Journ. de J. Doublet, p. 259.
Buffei. — V. Bofei.
Buffet, + Buffe {buffet, soutïlet, Sherw. ; buffet, coup de poing), s. m. et
/"., soufflet, coup sur la joue. Ces mots se raltacli'^nt à un radical
buffe, joue, radical qu'on trouve dans bouffer, enfler les joues; dans
l'ital. buffa, mot par lequel on indiquait au XV s. la partie du casque
couvrant les joues, et, dans le provenç. buffet, visage. — V. le mot suivant.
Si li empeinst un buffet bien estored. Percussit Michœam in
maxillam, dit le texte latin.
Les Bots, p. 337.
Tant parlèrent de ces merveilles, Que la rumour vint as oreilles De la douce
Virge Marie, Qui de cela fut plus marrie Que qui ly donnast un bufl'et.
L'Advocacie N.-D., p. 18.
Ledit Bouciquault avoit donné une buffe audit Graville , par jalousie d'une
damoiselle de l'hostel de la royne, nommée Charlotte la Cochette.
Al.. CiiART., Hist. de CJiavles VII, p. 9.
Buffeter {to buffet, Sherw.), v. «., souffleter. — V. Buffet.
Od eglenters vus corunerent, Bâtirent vus e buiîeterent.
Vie de S. Gile,v. 3(i53.
Bugle {bugle'), s. m., buffle, bœuf sauvage. Du lat. huculum, houvillon. — V.
Buffe.
Dou bugle ont fait son seneschal.
Marie, Fabloll.
Buille. — V. Boille.
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(delwedd C0214) (tudalen 0146)
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— 146
Buillir {lo buillen'), v. n. et a., Louillir, faire bouillir. Du l^t.
bullù'e.
Desuz le frunt li buillit la cervele.
C/tans. de Bol., p. 187.
Pernez un bief drapelet, si le buiilez en vin od sel ; puis k'i vus l'averez
builliz, metez desur la plaie.
Petit traité de méd. du XIY' s , imbli6 ijar M. Boaclierie, p. 6.
Buisine. — V. Busuigne.
+ Bulter [to hoult, Palsg., to holt, bluter; hulted^ bluté. Palsg.; bultle*,
son, c'est-à-dire résidu du blutage), f. a., bluter. En bas-lat. buletare,
qu'on trouve dans Lanfranc. V. BuUet.
Furment e orge e farine e flur delieement buletée.
Les Bois, p. 185.
+ Bultet [boiter), s. m., bluteau. En bas-latin huletelum. — Bulter, bluteau.
Kel.
+ 1. Bur [hur, chaumière), s. ra., habitation de village. C'est un mot
d'origine germanique ; on le rencontre en baslat. sous la forme burum.
In Hostrede habemus . . . hircum et quinque capriculos , . . . domum cum
buro, duas grantias, duos lassos garbarum, etc.
Cai'tul. de l'abb. Ste-Triii. de Caen, î' 28.
D'où sont venus en dialecte normand les diminutifs : 1° Buron, petite cabane,
En parfumant son buron d'encens mâle.
Yauq. de La Friîsn., Forest., I, 6.
2° Et le mot patois buret, toit à porcs. 2. Bur (bur* l), s. m., violence.
Ne plus k'uns petiz burs puet l'onur abaissier. .
5. Thom. leMart., p. 101.
Burdun [burden, fardeau, charge), s. m., mulet, bête de somme. Du lat.
burdonem. Le mot anglais est formé par métonymie.
Otrei le mei, que jo en puisse faire porter de ceste sainte terre, le fais de
dous burduns, en mun pais.
Les Bois, p. 363.
-f Buret. V. Bur.
Burgeis {burr/esse, Palsg. et Sherw.), s. m., bourgeois. Du bas-lat.
burgensern, dérivé du lat. burgiirn, mot qui se rattache lui-même au goth.
baurgs, lieu fortifié.
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(delwedd C0215) (tudalen 0147)
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— 147 —
Burgeis qui ad en soun proper chal'el demi marc vailant, doit dener seint
Père
Luis de GuilL, 18.
Tûtes les rues u li burgeis estunt.
Chuns. de lioL, p. 22G.
Burger [hurglary, vol avec efifraction), v. <■^, voler avec
effraction. V. Bar %
Remist (resta) Roberz del Broc es chaumbres, pur burger, E plusurs autre od
lui, as cotres depescier ; *"
Pristrent dras et vessele et argent et ormier.
S. Thoni. Ir Ma, 't., p. 1117.
Sous l'ancienne législation anglo-nonnande, l'on donnait le nom de
hurgessours aux malfaiteurs qui volaient ainsi. — Au chap. X de son Traité,
Britton dit :
« Sunt tenus burgessours trestous ceux que feloniscnient, en temps de pees,
debrusent esglises ou auter maisons, etc. Que jugement de ceux félons soit la
mort. »
Burnete {hurnel'), s.f., espèce d'étoffe de couleur brune. Dit pour hrunete.
V. le mot suivant.
Un sourquot de burnete fourrei, un sourquot de pers i'ourrei, touz à famé ;
une coignée, trois tables, etc.
lavent, de 1333, cité par M. Delisle dans les Actes nonn. delà Cil. des
Comptes, p, 60.
Ordené est que Nicholas le Tort, sergent, rendra une cote de burnete à Pierre
le Champion, la quele i avoit tenue iiii ans.
Se/it. des conuuis. on la Uaillie de Cae/i, art. 91.
Burnir {to buiviisli), v. a., brunir, polir. V. le mot précédent.
Tuit li membre en sunt d'or burni.
BÉN., Clirorc. dcNorni,, v. 7835.
Cist epitafe en som la piere Escrit ereit ou sis cors iere Fourmez à lettre
d'or burnie.
Vie de S. Gréy.,\. 2271.
Bus {busse') ^ s. j;i., espèce de navire pêcheur.
M. Baert, avec son escadre, avoit emmené trente deux bus ou llibots holandois
et leurs deux convoys.
Journal de J. Doublet, p. 58.
Busuigne, Busuing, Busuin, Buisine {biisyiny, Sherw., business), s. f. et
r/i., affaire, occupation, ouvrage, travail. V. Besuigner.
Humblement le preia ke il s'entremeist, Ke vers li rois Henris la busuigne
feist.
Wace, lîoni. de liou, V. 2360.
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(delwedd C0216) (tudalen 0148)
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148 —
Mais pur grant busuing vint à sueurs al barun.
5. Thom. le Mart., p. 209. Append.
Tuz jorz à sa buisine ne fussent li premier.
Chron. deJord. Faut-, v. 916.
Il li manda par gueredun, Si cum ami e cumpainun, K'a cel busuin ne li falist
E en s'aïe à lui venist.
Busuigner. V. Besuigner.
Marie, Gurjenier, v. 751.
But {but', vaisseau, grand vase), s. r/i., outre, vase en cuir. But est le
radical de botte, espèce de futaille, de bouteille et du mot suivant.
Asemblant ensement cum en but les eves de mer (Congregans sicut in utre aquas
maris).
Lih. psalm., p. 40.
Buteiller {butler), s. m., sommelier^ échanson. V. But.
Cume la reine vit... le ordenement e Tafaitement de ses ménestrels e lur atur
de vesture, e ses buteilUers {pincernas, dit le texte latin).
Les Rois, p. 271.
Mais lor vindrent li buteillier, Qui durent entrer u celier.
Marie, Fable 9.
+ 1. Buter {to butte, Palsg.), v. a., borner, confiner.
Butent au molin de (à) vent. Cerisier de S. Vigor, cité par M. Delisle dans V
Âgrie. en Norm. (lu morj. âge, p. 516.
Le 12 avril 1562, je avoye adverti le dict sieur de Couvert, que son
fossoyeur (ouvrier chargé de creuser des fossés) avoyt trop prins de ma
terre, qui butte sur le dict clos.
Joarn. du s. de Gouherville, p. 626.
2. Buter {to put, pousser; to bult, cosser), v. a., pousser, heurter.
Cume ço vit li evesches Azarie e li pruveire, chalt pas le butèrent fors del
temple.
Les Bois, p. 392.
Li bus vus ert overt, se vus al bus butez.
S. T/iom. le Mart., p. 25.
Le mot, sous la forme bouter y subsiste en patois normand.
Gare au bœuf ! le laid i boute ; U est seur que non le r'doute.
Met., Diction, francn-norm., p 86
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(delwedd C0217) (tudalen 0149)
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— 149 —
Bysme {hisme), s. m., abîme. Dérive de puaaô;, fond, et principalement fond
de la mer.
Dunat li bysme sa voiz (Dédit abyssus vocem suam).
Cd/ititjuc (l'Abbacac, verset 15, dens le Livr. des Ps., p. 271.
Caable {cablish', broussailles), s. î;^., menues branches, abattues par le
vent.
■ Caable est bois versé et abatu par vent, soit brisé ou arraché.
Terrien, Cotnmi'tit. du dr. nor/»., p. 610.
Caahler, cahier, achaahler (1), se sont dits pour être abattu par le vent.
L'impétuosité des vents qui avoit caable grande partie des bois de la dicte
seigneurie.
Id., ib., p. Gll.
Tout bosc sec. . ., tout bosc vert en gesant ou rompu, câblé, piécouppé et
delaissié, est de vrai tenu mort.
Sent,, ihf 1351, citée par M. Delisle dans l' A'jriv. en Norrn. au inoy. âge,
p, 361.
Jehan Pinel, pour ii arpenz versez et achaablez en la forest de Brothonne.
Rôle de 1329, cité par le même dans les Actea nui-in. de la Ch. des Comptes,
p. 12.
Telle est, pensons-nous, l'origine du français accabler.
En patois normand, on donne encore aujourd'hui le nom de « bois câblé » aux
branches abattues par le vent. Les bourrées formées avec ce bois, s'appellent
« bourrées câblées », pour les distinguer du fagot formé de branches coupées,
qu'on nomme « bourrées d'émondes. »
+ Cabas {cahbage, coupons d'étoffe que gardent les tailleurs, les
couturières, etc.), s. m., larcin, tromperie, hlou terie. V. Cabasser.
De tous nuysans, plains d'envie et de cabas.
J. JoRET, Le Jardin salutaire, p. 124.
« TJser de cabas » est dit pour tromper dans Les Contreclils de Songe creux,
p. 74, cité par Lacurne.
(1) Ce verbe est formé sur chaable, synonyme de caable.
Chaable chut... en la forest de Boort. liôle de 1329, cité par M. Delisle
dans les Actes norrn. de la Ch. des Comptes, p. 11.
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(delwedd C0218) (tudalen 0150)
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— 4S0 —
+ Cabasser (to cahhage; Jobnson's Diction.), v. r/,, tromper, duper,
filouter. V. Cahas.
La Farce de Pathelin débute ainsi :
Sainte Marie! Guillemette, Pour quelque peine que je mette A cabasser n'a
ramasser N'eus ne povons rien amasser.
+ Cabinet {cabinet^ cassette, petit meuble), s. m., petite armoire.
+ Câblé (bois). V. Caahle.
+ Caboche {cahhage ; cahhidge, Sherw.),5. /"., vieux chou dont la tige,
dépouillée de feuilles, est surmontée d'une pomme. En ital. cappucio et en
espagn. cabeza, se disent pour chou pommé. Se rattache au lat. caput.
A Guernesey, caboche signifie chou pommé, chou cabus.
Une quantité de plantes de caboche, de diCférentes espèces, à vendre,
s'adresser à..., etc.
Ga;. de Guern., 13 sept. 1879, Annonces.
+ Cabocher (to caboche', faire plier), v. a., bosseler!
+ Cabot (cabos), s. m., chal^ot, poi.sson de rivière.
Caceor (cachere'), s. ni., cheval de chasse. V. le mot suivant et chasçur.
Si apela son escuiier, Dist k'amaint sun caceor, Sa sele mete et lot l'ator.
Marie, Gracient, v. 174,
+ Cacher [lo catch, être à l'affût; katchyng, prise, capture, Palsg, ;
cachere', chasseur), v. a., chasser, poursuivre. Du lat. captare. V.
Enchaucer, pourcacher.
Cum faiterement parsueit uns mil, e dui cachassent dis milliers?
Lib. psalm., p. 240.
Quant li Braibençon li aidèrent Et cil de France ; le cachèrent Fors
d'Engleterre les barons.
Wace, Brut d'Anal. Le Roi Lear, v. .309.
Qu'on cache tout 1' monde, qu'on c'mande. . .
Rimes Jers., p. 1.58.
L'angl. to cashier, casser, destituer, pourrait bien être le même verbe que
cocher, au sens normand de chasser. <' Casser un fonctionnaire », n'est-ce
pas le renvoyer, le cliasser. Ajoutons, d'ailleurs, que cachier s'est dit et
se dit toujours, en dialecte normand, pour chasser..
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(delwedd C0219) (tudalen 0151)
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— 151 —
Li quens (comte) ala au bos-cachier.
Ro/ii. (la liob.-le-Diable, p. 128.
Le même verLe signifie aussi aller devant soi , faire avancer :
A l'homme employé à cachier le cheval du moulin, 15 s.
Compte de 14'JJ, cilé par M. Cli. de Beaurepaire dans ses Notes et doc, sur
la. Norni-, p. 23G.
I faudra qu'i s' mettent en travas, Ou fusche à cachier la querue. . .
La ?<ouv, annaie (Jersey, 1872), p. 12.
Gadeir [cadenf, qui tonilje), v. n., tomber. Du lat. ca
dere.
Caries verrat sun grant orguill cadeir.
C/tans. de Roi., p. 48.
+ Cadeler (to caddie' -4), v. a., clioyer, faire bon accueil, entourer
d'égards. Gotgrave le met en ce sens. V. Chér^er.
Cainse {hemse*), s. m., espèce de vêtement de femme, ample et léger. Du cel.
camse, long vêtement.
Ele est vestue en itel guise
De cainse blanc e de cemise.
Marie, Lançai, v. 555.
-f Gaïr iquayed", tombé, abattu), v. n., tomber. Du lat. cadere. V.
Decaïr, enchaïr.
Quant le dut prendre, si li caït à tere.
C/ians. de Bol., p. 29.
Cil caient en vers et adens.
Wace, Rom. de Brut, v. 7137.
J'ay une gambe de verre Et l'autre de terre ; S'ou m'enviez bien loin.
Je querray à terre.
La Friqunssée, p, 1-1.
Qui n'y va n'y quel.
MET., Diction, franco-norm., p. 411.
La souaris, sans perdre la vie, Quait vraiment sous la patte au cat.
Birnes gucrn., p. 50.
Gaitif (cfliifi/r), adj., captif, malheureux, misérable. V. Chaiiif.
Disl l'un à l'altre : caitif, que devendrum ?
Chnn.'^, de Roi., p. 22G.
Molt l'onoroient si parent Et tos li caitif ensement.
Wace, Bom. de Brut, v. 16a.
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(delwedd C0220) (tudalen 0152)
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— 1o2 —
Caitivitet, Ghaitivetet, Chaitiveté [caitiftee, kayteftee), s. f., captivité,
misère. — Cheitivetée^ chose dure, pénible, Kel. V. Caitif, chaitif.
Je eniverai mes sajetes de sanc, e 11 miens glaives devorerat les chars del
sanc des ocis e de la caitivitet , del dénué chiés des anemis.
Cant. de Moïse, versets 63 et 64 (Deutér., XXXII), dans le Liv. des Ps., p.
278.
Desturnerent ii sire la cliaitivetet de sun pople.
Lib. psahn., p. 14.
Estampes ont destruit e IL bore ont wasté E tote la terre mise en chaitiveté.
Wace, Rom. de Bou, v. 1498.
Calandre, Kalendre, Calende [calender) ^ s. f., alouette.
Jais, orious e calandre.
Bén., Chron. de .Yo/vn., v. 19244.
Kalendre chante plus en cage Qu'el ne feroit au vert boscage.
PeC. Pocmes du Mont S. Michel, p. 29.
Le 21 décembre 1556 , appres disner, le curay de Tourlaville s'en alla à
Bretteville. . . pour aller demain, quant et (avec) le curay du du lieu, à la
calende (1), au Vast.
Journ. du, s. de Goubercille, p. 320, éd. des Ant. de Norm.
Calcer {calceated, chaussé), v. a., chaussure. Du lat. calceare.
Lur esperuns unt en lor piez calcés.
Chans. de Roi., p. 323.
Il y a aussi le subst. calcement, chaussure. Du lat. calcearnentum.
En Idumea estendrai le mien calcement.
Lib. ps'ilm., p. 167.
Galculation {calculation) , .s. f., calcul. Du lat. calculationem.
Il m'aprit les triangles spheriques et les ellements d'Euclides et les
calculations en moins de trois mois.
Journ. de J . Doublet, p. 59.
Calandre. V. Calandre.
+ Galenger {to calengy', to challenge, disputer, réclamer,
{{) « Aller aux corneilles, à la bécasse, etc. », se disait alors et se dit
encore aujourd'hui en Normandie pour aller à la chasse aux corneilles, aux
bécasses, . , . C'est ainsi que, dans le même journal du s. de Goubciville,
il est dit quelques lignes plus liaut, sous la date du 20 du même mois, que :
« Symonnet fut aux lièvres et ne piinst rien. »
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(delwedd C0221) (tudalen 0153)
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— 153 —
contester), v. a., marchander, discuter le prix d'une chose. V. Chalenpe,
chalengement, chalengeur.
Le sens primitif du verbe est celui exprimé par son radical calumniarl^
c'esl-à dire chicaner en justice, accuser à tort; plus tard, on lui donna
l'acception plus générale, conservée par la langue anglaise, celle de
contester, réclamer.
Si calengez e vos mors e voz vies,
Que dulce France par nus ne seit hunie.
CliKHs. (le Roi., p. l(jl .
La preie volons prendre et la terre tendron ; Si Franceis la calengent, nos i
combatron.
Wace, Koni. de Roa, v. 1237.
Mais la forme la plus ancienne en dialecte normand, est celle qu'on retrouve
dans l'anglais :
E l'um le chalenge e il vent, ait testimonie. . .
Lois de Guill., 23.
Ne chalengent niei li orguillus (iVe calumniantur me superbi).
Lib. psulin., p. 193.
Dans une charte de 1290, citée par M. Léchaudé d'Anisy en son Invenl. des
Chartes norm. des Archives du Calvados, publié t. VIII, p. 92 des Mérn. des
Ant. de Noria., année 1834, il est dit que Jeanne, dame de Coulonces,
abandonne au prieuré du Plessis-Grimoult tout ce qu'elle peut chalenner sur
le fief de Cantelou.
Calenger est aussi resté en usage dans les anciennes îles normandes. A
Jersey, ce verbe a conservé le sens de réclamer, demander :
J' vos calenge à jugi La vie qu'est à la mode anien, Parmi les garçons qu'ont
du bein.
lUnu-sjers., p. 200.
A Guernesey, outre cette acception, le mot a celle de défier, appeler en
duel.
J' te calengerai, babouin d' la ville, Si jamais tu touques à ma fille.
MET., Diction, francu-norm., p. lOG.
Galiz [calis*), s. m., calice. Du lat. calix.
Le caliz del salvedur receverai.
Lib. pKcdni., p. 178.
+ Calot {callnt')^ s. )ii., béguin, bonnet d'enfant.
+ Cambre {camher', gîte, logement), s. /"., chambre. Du lat. ccnneram,
voûte, plafond voûté.
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(delwedd C0222) (tudalen 0154)
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— lo4 —
Formist la terre d'els raines es cambres des reis meesmes.
Lib. psalm,, p. 156.
Fait sei porter en sa cambre voltice.
Chans. de Roi., p. 218.
Va te cauffer dans ta cambrette.
L. Pet., Muse norin., p. 30.
Gameil {cameî], s. m., chameau). Du lat. canielus.
Accueillid grandes preies de berbiz, de boes, de adnes, de
cameilz.
Les Rois, p. 107.
Set cenz cameilz e mil hosturz muez.
Chans. de Roi., p. 12.
+ Campagne. V. Chayajjaigne.
Campanellé {campanel, Sherw.), s. f., clochette. Se disait en particulier de
celles en usage dans les églises.
Item, seront ordonnées deux campanelles à main pour les cris et proieres pour
les trespassés, que l'en dit Patres nostres et qui seront aussi quant l'en
portera le corps en terre.
Stat. de 1406 de la Charité de N.-D.-de-la-Couture de Bernay, art. 18, dans
les Mém. et notes de M. Âug. Le Prévost, I, 308.
Caiitpanelle est un diminutif de campane., cloche. Du lat. ca,npanam, plateau
de balance. M. Léchaudé d'Anisy, dans son Invent, des Ch. norm., publié t.
VIII, p. f)2 des Mém. de la Soc. des Antiq. de Norm., année 1834, cite un
accord de 1460 fait dans le chapitre de l'abbaye de Longues, diocèse de
Bayeux, assemblé, y est-il dit, au son de la cam~ pane.
A campanellé, le patois norm. substitue la forme corrompue campunelle.
+ Cancre {canker*, rouille; cankery, rouillé), s. m., rouille du cuivre. V.
le Dict. franco-norm. de M. Métivier.
Candeler (candlesticJi), s. m., chandelier. Y. Candelle.
Chasses e croiz e candelers Fllateires e encensers.
Vie de S. Gile, v. 2257.
+ Candelle [candell, Palsg. ; candie), s.f., chandelle. Du lat. candelam. V.
Candeler.
Pour V livres de candeilles de sieu, v sols.
CompTide 13J0. eiiL- par M. Delisle dans les Actes norm. de In Cil. des
Comptes, p. 37^.
Pour une livre de candelle, 9 d.
Pluquet, Pièces pour servir à l'/tist, du Bessin, p. 32,
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(delwedd C0223) (tudalen 0155)
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— 155 —
Canel {caneV),s. m., canal, lit, cours d'une riviùre. V. Chanel.
Nulle rivière ne dure longuement hors de son canel.
Al. Ch.viit., Vhsj)., p. 390.
+ Cangeon {changeling), s. m., enfant substitué, supposé.
Men p'tit cangeon, Sus ten langeon, Counani' je te baison !
Met., Dicf'On. franco-rtonn., p. lOS.
Du bas-lat. canihioneni, qui aie même sens (1), substantif du verbe lat.
cambire, échanger, troquer, lequel a donné à l'ancien dialecte cangler,
changer :
Sa nature puet on cangier, Mais nel puet de tout tôlier.
Marie, Fable 80, var.
+ Gani, Ghani (cancd'), aâj., chanci, moisi. Du lat. canuturn. En patois
normand guernesiais, l'on dit cansi :
Si not pain d'orge est cansi, I n'y aira pus de r' vas-y.
Urines fjuern,, p. 100.
+ Ganne {can, bidon; ca>i', seau à lait), s. /"., cruche, servant
souvent à recueillir le lait. Du bas-lat. cannani , vase dans lequel on
transportait l'huile d'Afrique en Italie.
E si doyvent les ffermiers ii. septiers de vin, en ii. canes verrnies.
Cou t (h' hr Vi,'. de l'Eaue de Boid-n. arl. 80.
Le lait... est recueilli dans des vases de cuivre jaune. . . connus sous le
nom de cannes.
MORIÈRE, L'Inil iisti'ie hearrièrc dans le Ctdrado.f. p. I.
Coumm' r chant d'un bourdon (frelon), qui danse au fond d'une canne.
Rimes ijuern., p. 103.
A canne se rattachent en français, cannette, mesure pour la bière, et canon.,
mesure pour le vin.
Chane se rencontre, en ancien dialecte normand, avec le même sens :
Cumandad que l'um les chances de ewe emplist. ^
Les Bois, p. 317.
(]ette seconde formo subsiste aussi en patois normand.
(1) Apud vulgaios eommuiiiliT diciUir qiiod lilii (lemoiuim iiK-uhontm
niiilici-ibus eorum filiis subtractis ab ipsis demonibus suppoiicniur...
propici-quiid eciam camljionos dicunlui'; eciam cambiii vel mutali.
Dur., C'iiiiliio 2.
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(delwedd C0224) (tudalen 0156)
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— 156 —
Ganonie, Canoine {canon), s. m., chanoine. Du lat. canonicum.
Asez i ad evesques e abez,
Munies, canonies, proveires coronez.
Chans. de Roi., p. 24G.
. . . Bon ensample vus put doner Gum saint Austin, qui fut premer Canoine.
Vie de S. Thom. de Cantorb., v. 274.
1. Gant {cant)^ s. m., chant. Du lat. cantum.
Deus, novel cant je canterai à tei.
Lib. psalm., p. 223.
+ 2. Gant {canlle, bout, angle; cantle, bord), s. in,, champ, côté,
extrémité, la partie la pins étroite d'une pièce de bois, d'une pierre de
taille, etc. — Poser une brique à cant ou de cant, c'est la placer sur le
côté étroit et le i^lus long. Du bas-lat. cantum (1). V. les deux mots
suivants.
Ou de plat faudra ou de cant.
P. Fabri, Art. de rhét., L. Il, f 30.
La canne (cruclie) était sur son cant.
Met., Diction, franco-norin., j). 109.
Via r bâté sus sen cant.
Rimes guevn., p. 108.
Hallivell donne encore l'adv. cam, signifiant de côté. L'on peut se demander
si celui, toujours usité, ashant, obliquement, ne se rattache pas à notre
mot.
+ Ganter (to cant', abaisser, mettre sur le côté; to cant, chavirer), v. a.,
pencher, incliner sur le côté. Le verbe français décanter, verser doucement
un liquide en penchant le vase qui le renferme, se rattache certainement à
cant, radical du verbe normand. V. Cant 2.
+ Gantet, Gantiau (cantel, cantlet) s. m., chanteau, morceau pris à un grand
pain.
Cantet est une corruption de cantel, forme primitive du mot dérivée de
cantellum, diminutif de cantum, côté (2). V. Gant 2.
(t) Et de latitudiae, de cantii in eniitum, ipsa plagia continet.
Duc, Cantus. Une des définitions données par Hallivell du mot cant,
correspond exactement au sens exprimé par cantus dana celte citation ; the
corner of a fleld.
(2) Fralribus leprosis de hospitali B. Maria? Magdal. dantur, singulis
diebus, singnli cantelli plénum dimidium panem liabentes.
Duc, Cantellus.
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(delwedd C0225) (tudalen 0157)
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— 457 —
En airai-je un canté de pain*;'
Mkt., Diction, fraiicn-norni., p. 110.
Ayant màqué deux grands cantiaux de mie.
D. Feu., Musc norm., p. 177.
+ Ganvacher {lo canvass), v. /i., s'agiter, se tourmenter.
I trotte, i cache, Coumme i canvache !
Mkt., Diction. J'raHro-noriii., p. 110.
+ Cape {cap', capeV, cappe, Palsg.) ; s. /"., bande, cuir couvrant sans
adliéreuce l'extrémité supérieure du manche du fléau et sous laquelle est
engagée une bande semblable fixée à la partie mobile de l'instrument. — En
bas-lat. capam (1); du lat. capere, contenir.
+ Capet [cap)., s. m.., chapeau.
Cap est une apocope de capel, mot que Cotgrave signale comme étant d'origine
normande et qui dérive du bas-iat. capellum (2), forme diminutive
masculinisée d'un autre mot bas-lat. capam, dont il est parlé sous le mot
précédent. L'on a fait de capel., capct, comme on a fait de cantel, cantet.
V. Cantet.
Du reste, cette altération du mot n'est pas moderne, puisqu'on la rencontre
au X'^ s., dans le surnom donné an fondateur de notre première dynastie
nationale, Hugues-Capet.
Dune a li arcevesque sun capel jus sachié.
rhom. le Mavt., p. 108.
Un bieau capet tout gris, une paire de brais.
D. Fei!., Musc nonn., p. 82.
Ah ça! voyons où qu'est mon parapluie, Man bougearon, man capet des grands
jours !
Mait' Jdcqu à. Rouen, p. 5.
Capitalement [capitally), adv., de la peine capitale.
Quand gaige de bataille est adjugé entre deux parties, s'auculne d'iceux ne
veult parfaire le gaige, il est réputé comme attainct du cas, et en seroit
puni capitalement.
Le Rouillé, Gr. Coût, de ?iorni.. i" xcviij \".
Ceulx qui, pour ces causes, ont été capitalement punis. . .
Al. Cilvut., Le Quadrilnijue, p. \\h.
Gapitle [capitle''), s. m., chapitre, sommaire ou résumé
(1) » Capa, dit Ducange ifiupn 3), est amentiim quo virga flagclli
manu!>iio ejusdem innectitur. » Et il cile tin gloss. du XV" s. où le
même mot est ■i''flni ainsi: « Illud médium quod jungit manutenlum
(flagelli) et virgam. »
(2) Capellum suum ex capite dimisit.
Matth. Paris, De impératrice
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(delwedd C0226) (tudalen 0158)
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— 158 —
d'un chapitre. Du lat. capitulum, division d'un ouvrage, littéralement petite
tête.
Tels erent les capitles des tels le rei Henri.
.S'. Thorn. h- Murt., p. 90
Capitral [capital', chapetreV) , s . m., chapiteau. Du lat. capitellum, dim.
de caput.
Aval le capitral, tut entur sursirent dous ordres de malegrenates.
Les Bois, p. 253,
1. Capon (capon)^ s. in., chapon. Du lat. caponem.
Coc, capon, ne geline, ne viez chien, ne chael.
Wace, Boni, de Bou, v. 4927.
Dix-huit soulz tournois et deulx cappons de rente.
C/i. de 1451, du Carlul. de Lisienx, f 26 v°.
+ 2. Capon {capon\ personne qui se soumet, qui laisse faire), aclj., polt)-on
, couard. C'est une assimilation de l'homme au chapon, coq devenu lâche par
la mutilation qu'il a subie. V. Capon 1.
Caption (caption), s. f., saisie. Du lat. captionem, de capere, prendre.
En tel cas doit caption
Estre fait par prinse de corps.
Coût, de Noria, en vers, p. ôô.
Item, après toutes les quelles choses, pour la main mise, caption et prinse
que fit ledit Edouard en la personne de Jehan roy de France. . . un certain
traictié se fit à Calais.
Al. Chaut., La. gcneal. des roys de Fr., p. 256.
Car. V. Care.
Carabins. V. Carrahins.
Caractes [caractes', caractères), s. ra. pi., caractères magiques, sortilège,
charme, enchantement.
Sa mare, une devineresse,
E une fort enchanteresse,
L'aveit issi aparilliez,
D'arz enchanté e primeseignez ;
E sur lui tant caractes fait
Que j'à d'armes n'en fust sanc traict.
Béx., CJirun de A'orm., v. 707.
Tant se est par caractes e par sortz enchanté.
Vie de S. Auhan, v. 1000.
On désige encore en Normandie, les prétendus sorciers sous le nom de caras;
cette dénomination est appliquée
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(delwedd C0227) (tudalen 0159)
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— 189
en particulier aux bergers, réputés' plus habiles que tous autres dans l'art
de la sorcellerie.
Carbun, Carbon [carhon), s. m., charbon. Du lai. carbonei/i.
Carrunt sur els carbuns.
Lib. psiilni., p. 218.
Item, à Pierres Pourcliei , carbonnier, pour la vendue de xv sommes de
carbon.
Compte de 1405, cité par Mj Delislc dans V An rivait, en Norni. au mof/.
àije, p. 569,
Les lieux où l'on fait le charbon dans les forêts, c'est-à- dire les
charbonnières, s'appelaient anciennement, en Nor- mandie, fosses
carhonniéres.
Et mesmes ait une part des fosses carbonieres des ventes de la dicte forest
(de Breteuil).
Vld. de 149H, cité dans les Méin. et notes de M. Aiu/. Le Prévost, I, 258.
Carbuncle (carbuncle), s. f., escarbouclc. Du lat. carhunculurn.
L'elme 11 freint ù li carbuncle luisent.
Chans. lie RoL, p. 112.
Gare, Car {car), s. m., char, chariot. Du lat. carruni. V. Carier, quarrière.
Cinquante care que carjer en ferez.
Chans. de Bol., p. 13,
Façon d'un esseul tout neuf fait au car, 20 d. Compte de 1172, cilé par M.
Ch. de Bcaïuvpau-e dans ses Notes et doc. sur la Norm., p. 392.
E fu amené en ung car jusques à l'ostel messire Jehan Bracques, au
Boscguillaume.
P. Cochon, Chron. nom., p. 312, éd. de Beaurep.
Caretier. V. Quieretier.
Gariage [carriage), s. «i., charriage. En pat. norm., l'on dit Querriage. V.
Carier.
Ont pour cescune jornée de cariage ii d. de pain.
Lio. des Jur. de S. Oueri de Rouen, cité dans les Mém. et notes de M. Aug. Le
Prévost, II, 167.
-}- Carier {lo carrg), v. a., mener, conduire, charrier. En bas-lat. cariare,
de carrum.
Simul cariare in Augusti in die très careas.
Cartal. de l'ahbaije Ste Trlii. de Cuen, II, 5~.
CinqiUante carre qu'on ferat carier.
Chuns. de RoL, p. 5.
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(delwedd C0228) (tudalen 0160)
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— 160 —
Si corne ascun ad, grauntera autre que rien n ad que il eyt, leyns droit de
pescher ou de laver ou de carier.
Brittox, Code, ch. 54.
Au XVP S., l'on a usé de la forme cnrrnger, au sens de charrier, transporter.
Je trouvé Guyon Deschamps, Jacquet Besnard et Girot Gibert, qui carrayent de
la pierre à couvrir (plaques épaisses de calcaire schisteux , dont on fait
encore usage dans Tarrondissement de Cherbourg, pour remplacer l'ardoise).
Journ. (lu s. de Gouberv. (1558), p. 147, éd. des Antiq. de Noi'm.
On dit aussi en patois normand quérier.
Xot' paure oncle est une bouane âme.
Civile et paisible adret ; Mais, pour plaire à la vieille femme,
Il faut vraiement querier dreit.
Rimes fjuern., p. 28.
Carnal. V. Karnal.
Carneau {caraeV), s. m., créneau. Dérive de cran. V. Kernel.
Mais lendemain en fist soubdainement Décapiter, en dessus des carneaulx. Une
partie par tirans et bourreaux.
P. Grixg., I, 30.
D'uns carneaux ne d'ung hault mur cherra.
.^L. Chart., Le déb. des deux Fort., p. 576.
Carnel {charnel),, s. m., charnier, cimetière. Du lat. carnalem ; le mot
français se relie à caryiariurn.
Que cil d'Espaigne en la bataille unt mort. En un carnel cumandez que hom les
port.
Chans. de lioL, p. 246.
+ Carogne (carrion) , s. /"., charogne, corps de bête morte, en
décomposition. V. Caruigne.
Carvigne. V. Caruigne.
1. Carole (chant). V. Charole.
2. Carole [caroV), s. /"., danse.
Caroles faisoient et gens, Por la joie des noviax leus.
Wace, Rom. de Bou, v. 1079.
Caroler. Y. Charoler.
+ Garouge (cris de). V. le mot suivant.
Garousse (carouse), s. f., orgie, fête bachique. Gotgrave donne, comme mots
français, carons, en ce dernier sens,
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(delwedd C0229) (tudalen 0161)
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— 161 —
et carousser , pour boire copieusement ; eu anglais lo carouse.
Faire carcasse, boire d'autant, rubi sur l'ongle. Budée appelle cela
acraloposiœ ceriamen, pociUonitn pugna. Faire carrousse est corrompu de
iallemand garhaûs, qui veut dire tout vuidé.
MoisANT DE Brieux, Les orifj. de </ucL coat. anc, I, 12.
On rencontre en patois normand, la locution cris de carrouge, qui se dit pour
cris de fête bachique. La avariante du mot dont il s'agit, conservée par le
patois, est peut-être la forme la plus exacte; elle paraît au moins la plus
ancienne : on la rencontre dans un texte normand du XIV siècle.
Quar il est pou de gens ou monde, Qui Dieu ne saincte église lionourent ;
Plus tost à la traverse courent Boire les blans vins et les rouges Ou à
marchiez ou à carrouges.
Pet. Poèin. du Mont S. Michel, p. 21.
+ Carpeleuse {caterpillar) , s. fr., chenille. Du lat. caro jnlosa. Le mot
anglais se rattache à calla pilosa. Palsgrave {Gramm. , p. 203) écrit en un
seul mot calerpyllarworme, qu'il traduit eu fiançais par challepelleiise ,
toujours d'un seul mot. Le sens du mot a varié, cardans Gotgrave, c/m^-
tepeleuse signifie charançon.
A Guernesey, le nom de chenille est calle-pelacure.
Quand v'nail catte-pelaeure et frun, Pour nous quai mauvais arrun !
MET., Diction, franco-norin., p. 119.
Carpenterie [carpentnj), s. /"., charpenterie. V. le mot suivant.
Deivent la maison deu moulin de carpenterie et de closture, de couverture et
de toutes autres edeffices.
Liu. des Jurés de S. Ouen de Rouen, i" 15, v°.
A ce présent maistre Jaques de Sote ville, niestre des œuvres de carpenterie
du roy, ou bailliage de Rouen, etc.
Quitt. de 1 1:'5, citôo p.ir M. Ch. de Bcaurepaire dans La Vie. de l'Eau de
Rouen, p. 422.
+ Carpentier (carpetUer), s. m., charpentier. Du lat. carpenlariian, charron.
Carpentiers e engigneors.
Wace, Rom. de Rou, v. 11610.
k Laurent Pelsouef, carpentier, pour une journée, 2 s.
I~'i,UQUET, Pièces pour sercir 0. l'hist. du Bessin, p. 41.
11
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(delwedd C0230) (tudalen 0162)
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i6:> —
Souvent le patois normand substitue la forme kerpentier à celle carpentier.
Chest querpentiés suant d'enhan. . .
D. Fer,, Musc norin., p. 93.
iS'est-che pas là l'fis d'chu querpentkyer-là ? Sa mère n'a-t-alle pas nom
Marie ?
Met., 5. Matth., ch. xiii, v. 55.
Carquais {qnequer'), .s. /n., carquois.
Ont chaint carquais.
W.\CE, Rom. de Rou, Due. Gambeso.
Carrabins {carabins')^ s. m.pl.^ soldats de cavalerie légère, au XVP siècle.
Carabins est une altération de Calabrins^ ainsi nommés parce que cette sorte
de cavalerie était primitivement venue de Galabre.
Lesquelles compagnies estoient gens du tout habandonnez et licentiez à mal
faire ; les soldats se nommoient carrabins.
Joiirn. (l'un boar(j. de Gisors, p. 109.
Carrayer. V. Carier.
Garrel. V. Karel.
+ Carrette {car, cari), s. /"., charrette. C'est un diminutif de care.
V. ce mot.
En iiii carettes très ben les unt carguiz.
Chans. de Roi. p. 248.
Carettes e somiers en la ville mener.
Wace, Rom. de Rou, v. 1114.
Grand avalleux de quarettes ferrée.
D. Fep.., Muse norm., p. 179.
Conmie nous venons de le remarquer à carpentier et comme nous l'avons vu
aussi à carier, Va du rad. carrum se change quelquefois en e, dans le mot qui
nous occupe ; en sorte que l'on dit en patois aussi bien ker relie que
carrette. La forme de cherretle s'y rencontre, de même, assez fréquemment.
Carriage. V. Cari âge.
+ Carrier. V. Carier.
+ Carrievix iquerronr'), s. /?<., carrier , ouvrier qui travaille à
l'exploitation d'une carrière. Carrieux est dit pour carrieur, mot que donne
Cotgrave sous la forme française quarrieur. L'on sait que le pat. norm. aux
désinences eur substitue celles eux; c'est ainsi que menteur, chanteur, par
exemple, s'y changent eu menleux, chanleux.
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(delwedd C0231) (tudalen 0163)
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— 163 — + Garrouge (cris de). V. Carousse.
+ Carteler {loquarter)^ v. «., briser, rompre, fendre, littéralement mettre
en quartiers.
Cartre {cartve), s. /'., charte. Dulat. charla.
Les naïfs, ki departet de sa terre, ne deivent cartre faire.
Lois de Guil., 33.
Il est escrit es cartres e es brefs, Ço dist la geste, plus de iiii milliers.
Clians. de Roi., p. 142.
Caruigne , Caroigne {caroigne , caronie) , s. f. , cadavre humain, en
décomposition. Du bas-lat. caroniam, dér. du lat. caro. V. Carogne.
Posèrent les caruignes de tes sers, viande as oisels del ciel.
Lib. pscdin., p. 112.
Virent uncor si grant odure Et si très grant puour sentirent Qu'à bien poi
que ceulx ne mourirent Qui furent au sarqueul ouvrir, Sans la caroigne
recouvrir.
Pet. poèmes du Mont S. Miehel, p. 31.
+ Cas [quasle')^ udj., cassé. Le patois normand fait usage de ce mot dans la
locution sonner le cas, par laquelle on exprime le bruit particulier que
produit un vase fêlé, quand il reçoit un léger choc. Du lat. quassum. V.
Quasser.
Un en ateint en mi le tas L'escu 11 a si frait e quas.
Bén., Cli.i'on. de Norin., v. 21180.
... La voiz afeble (affaiblie) et casse
Pet. poèmes du Mont S. Mie/tel, p. 05.
0, syrene, di moy si l'heur te fut donné
D'ouir les derniers chants de sa voix faible et casse ?
Vauq. dk La Fkesn., Past., p. 653.
Casse {case), s. /"., caisse d'emballage. Du lat. capsam.
Et si encor est deu au roy... pour balle, ballot, casse, fardeau ou autre
pièce, quelque grande qu'elle soit, viij d.
Coût, de la vie. de l'Eaue de Rouen, p. 412.
+ Casseau {case, étui), s. m. , petit étui de poche, pour mettre les
aiguilles et les épingles. C'est une forme diminutive de casse. V. ce mot.
+ Gastafouine {caslaway, rejeté), s. /"., excrément humain.
Gastellaia (caslellan'), s. m., châtelain.
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(delwedd C0232) (tudalen 0164)
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— 164 —
Laiens avoir i castellain preudoinme, qui grant confort don
noit, etc.
Chron. norm. du XIV^ s-, p. 65, à la note.
Castier (to cast' 33), v. a., reprendre, réprimander. Du lai. castirjare, qui
a le même sens. V. Chaslier.
Castiera me (corripiet me) le juste en miséricorde.
Lib. pscdm., p. 219.
Li arcevesques les ot cuntrarier. . . Vint tresqu'ad els si 's prist à
castier : (( Sire RoUant, e vos sire Oliver, Pur Deu vos pri, ne vos
cuntraliez. »
Chans. de Roi., p. 146.
+ Castrer (/o caslrale)^ v. a., châtrer. Du lat. caslvare.
+ Cat {cal), s. m., chat. Du lat. ccUum.
Un horpils (renard) e un cas alerent Parmi un champ, si purpallerent.
Marie de Fr., Fable 98.
Mues bestes, cas, ors, liuns.
Adam, p. 88.
Yl ont mangé quiens, cats, cuirs et tan.
D. Fer., Muse norm., p. 179.
L'autre faisait des grimaches comme un cat rôti.
Rimes Jers-, p. 52.
Au XV"^ siècle la Normandie, comme on le sait, se trouvait soumise, plus
ou moins complètement , au roi d'Angleterre. Ses monnaies avaient cours en
cette province; elles portaient, entre autres emblèmes, la figure d'un
léopard , que les pay.~ans normands prirent pour celle d'un chat. Ils appliquèrent
aux plus communes de ces monnaies, les mailles, le nom de mailles au cat.
Cette dénomination fut tellement universelle , qu'elle finit par devenir un
terme régulier, que les actes de l'autorité publique durent consacrer. V.. au
Rec. des Ordon. des rois de Fr., celle du 1" janv. 1473.'
Catel. V. Chatel.
+ Gatir (se) (to quai'), v. réfl., se blottir, se tapir, se pelotonner à la
façon des chats. V. Cal.
En vieux français, ce verbe se rencontre, le plus souvent, sous la forme se
qualir.
+ Caton {calkin), s. m., chaton, fleur du saule, du noisetier, etc.
Du saulx les catons jouent au vent.
Rim. ^we/'«., p. 165.
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(delwedd C0233) (tudalen 0165)
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— 1()5 —
4- Gauchie (m^cf, chemin, route; causey),s. f., chaussée, remblai longeant un
cours d'eau. Se rattache à caiix , chaux (v. cax)^ non dans le sens actuel du
mot chaux, mais dans celui de son radical calx, pierre à chaux. — Calsay,
chaussée. Kel.
Pour renfourmer la cauchie. . . et quérir pierre, chaux, sablon. . . Compte
de 1331, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p.
29.
Une pièce de terre en jardin, assise en la parroesse S. Germain diidit Heu de
Lisieux, en la rue dite de la Cauchie (aujourd'hui rue de la Chaussée).
C/;. de 1154, du Cart. de Lisieux, 1° 74.
Pour bâti chut' caouchie. . .
Rimes jers., p. 39.
"V'ià Pierre et Jean sus la cauchie.
Rimes gtiern., p. 140.
L'on a remarqué que cauci est donné, dans Halliwell, avec le sens de route,
chemin, parce que , au moyen-âge, le sommet des chemins servait souvent de
voie publique, ce que l'on voit encore assez fréquemment aujourd'hui. Caucie
se rencontre dans Wace, employé en ce sens :
Molt lor annie la caucie, K'il truvent lunge e empirie.
liom. de liou, V. 10357.
Ajoutons que l'anglais causevxiy, qui se dit aussi pour chaussée, est la
traduction littérale de la dénomination des voies romaines, calciata via.
+ Gaudelée (cawdel, Gotg.; candie), s. /., espèce de brouet composé d'un
mélange de son et de lait caillé aigri, préparé sur le feu, pour la
nourriture des porcs et des veaux. De caudel, chaudel^ chaudeau, en bas-lat.
caldelhmi, diminutif du lat. caldUm, qui s'est dit pour calidum.
Caudle, chaudeau, humet, caudelée.
SiiERW., Diction.
+ Gaudron (caudron, Palsg. ; caudron ., du G. Gram., p. 910; canldron), s.
m., chaudron.
Un caudron, un broc, une vieuille lanterne.
D. Feu., !\luse norm ., p. 4fi.
Du lat. cnldariam est venu, en dialecte normand, ca/rftve, dont caldron,
caudron sont les diminutifs.
Juda li miens reis, Moab caldere de la meire espérance.
Lil}. psalm., p. 167.
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(delwedd C0234) (tudalen 0166)
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— 166 —
+ Cauffer {to caffe, du G. Qram. , p. 94-0), v. f/., chauffer. Du lat.
calefacere.
Va te caufer dans ta cambrète.
L. Pet., Muse norm., p. 30.
Un r'pas d'iait cauffai nous attend.
Rimes (juern., p. 159.
Cauquer. V. Côqner.
Cautionnai [cauiionah^ adj.. de précaution.
, Ce seroit chose non seulement frusti'e, mais illusoire, si l'obligation
d'un tel plege estoit vaine et sans effect. Aussi elle semble estre comme
stipulation pretoriale, consequemment judiciale, cautionnale et commune.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 265.
+ Gauvette. V. Kauwe.
+ Caux. V. Cax.
Gave (cave), s. /"., caverne, antre. Du lat. cavam., fosse.
10 cent en prist e tapir les fist, les cinquante en use cave (in speluticis)
e cinquante en altre.
Les Rois, p. 314.
Et ne faut que Médée, inhumaine marathre, Massacre devant tous ses enfans au
théâtre. . . Ou qu'on montre .^ntigone en la cave pendue Et son amant Hemon,
lequel auprès se tue.
V.\UQ. DE L.\ Fresn., Art poét., II, p. 55.
Gaver [lo cave* 3, fouiller), v. a., creuser. Du lat. cavare.
Trove une fosse ben cavée, De sus estoit large l'entrée.
Vie de S. Gile , v. 1463.
+ Gavilleux 'cavillous, chicanier), adj., artificieux, .soupçonneux. Du lat.
cavillosum, plein de .subtilité. Eu termes de droit normand, on disait
cavillateur .
11 faut. . . pièges solvables. . . qui soyent de la jurisdiction où la
matière est pendante, gens de bien et qui ne soyent plaideurs ordinaires et
cavillateurs.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 418.
Gax, Chais, + GhaS; + Caux (cale, cauk'), s. /". , chaux. Du lat.
calcein.
E il fist cax et pierre atraire.
W.\CE, Eom.. de Rou, v. 10211.
Tors i aveit tôt environ Faites à chais et à sablon.
BÉN., nom. de Troie, v. 2997.
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(delwedd C0235) (tudalen 0167)
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— 167 —
Pour recouvrir tout de neuf ladite cuisine. . . et pour eaux à ce faire, etc.
Compte di' 1338, cité par M. Delislc dans les Actes norm de la Ch. des
Comptes, p. 179.
Nous vinmes ensemble jusques au fournel à caidx.
Jouj'ti. du s. de Gouberv., p. 833.
Cedule {cedule', liste, série), s. /"., note détaillée, mémoire.
Les parties (articles d'un compte) plus à plain desclairies en une cedule
escripte de la main dudit cavelier.
Compte de 1135, ciié par Ch. do Beaurop. dans ses !\'otes et doc, sur la Norm.,
p. 214.
Gel {celé'), s. m., ciel. De cœlwn.
Suz cel nen at plus encrismé felun.
Chans. de Roi. p. 108.
N'i ad clartet si li cels nen i fent.
Ib., p. 120.
Celer (selere'), s. w., cellier, local an rez-de-chaussée d'nne maison, dans
lequel on serre le vin. En catal. ccller. Du lat. cellariuvi, garde-manger.
Quant huem a fait maisuns et fait vuignes planter
Et a plain sun celer et quide reposer,
De rien nen a sofraite que l'en puisse trover.
GuiCHARD DE Beaulieu, Sermun, p. 17.
lo frai feire tost le muster, Dortur, chapitre e bon celer.
Vie de S. Gile, v. 2205.
Celestiel, Celestial (celestial), adj., céleste.
Betlisames, cest num espelt cité de soleil e segnefié la cité de la
celestiel Jérusalem.
Les Rois, p. 22, au comnienl.
Coroue et ciel celestial, Od les angeles esperital.
Bén., citron, de Norm., V. 1i:^2rv
Celle (celle), s. /"., ermitage. Du lat. cellain, maisonnette large.
Li seinz les (diables) veit apertement
E ot lur contes mult sovent.
A sa celle le vont tempter,
Mes ne poent dedenz entrer.
Marie, Pm/-^., V. 210..
Cème. V. S ai me.
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(delwedd C0236) (tudalen 0168)
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— 168 —
+ Gemetière [cemelery), s. m., cimetière. Du lat. cœmetaritim.
Del cemetiere ert fors iessu.
Wace, Rom. de Roa, v. 5485.
On rencontre encore en ancien dialecte, les formes cemitière, chemilière^
desquelles le patois normand use toujours.
Au cemietiere va tut dreit.
Marie, Fable 32.
Le chemitiere dudit lieu de S. Jaque.
Cit. de 14.52, du Cartul. de Lisieux, f 37.
Cemeterie était donné par Cotgrave, comme mot français, alors que cemelery
n'était pas encore admis en anglais , où ce mot était remplacé par la
dénomination church-yard ; du moins, nous n'avons rencontré cemelery , ni
dans Palsgrave, ni dans Sherwood.
Veau mal cuict et poules creuds font cemeteries bossus.
Cofg. Diction.
Les désinences ei-y, comme les similaires ar?/, ory ont été empruntées par
l'anglais à l'ancien dialecte normand , où l'on trouve les formes himinarie,
adversarie , ylorie, victorie, etc., dont l'anglais a fait bnninary^
adversary, glory, victory, et le français luminaire, etc.
L'on retrouve, du reste, cette désinence, dans le mot même qui nous occupe,
en dialecte normand du XIII" siècle.
Si sera enfuie e mise
Od grant honur, od bel guise,
En cimiUrie beneeit.
Marie, Eliduc, v. 879.
Cendal {cendal'), s. //;., espèce de riche étoffe de soie. Du lat. sindon^
fin tissu de lin.
Les osbers traient des forreiaus Blans e roUez e jens e beaus Vestent les sus
les aucotons De cendaus freis et d'amituns.
BÉN., Chron. de Norm., v. 22284.
De vermax cendax sunt vestues. Tut senglemens à lor cars nues.
■ ^L^RIE, Lanval, v. 473.
Censier [censer), s. m., encensoir.
Encens volt offrir en un censier al altel.
Le.s Rois, p.. 391.
Cep (keepe, lieu où l'on garde, où l'on renferme, Sherw.),
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(delwedd C0237) (tudalen 0169)
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— 169 —
s. m., prison. Du lat. sepium , clôturé, enclos, enceinte (1). V. Ceper.
Item, nous avons en nostre dicte abbaye (de Mortemer) court et usage et ceps
pour pugnir nos subgiez, serviteurs etmaulfaicteurs, qui mefïeroient es
mectes et clostures de nostre dicte abbaye.
A veu de 1424, cilé dans los Moin. et notes de M. A ufj. Le Prévost. II, 3UI.
Regarde à l'importunité de ce corps passible, qui me tient comme en cep
empesché.
Al. Ciiart., L'Es/)., ^. 287.
Geper (keeper), s. m., gardien, geôlier. V. Cep.
Dune rendra le chatel e xx sols pur la test e iv den. al ceper.
Lois do GiUL, 4.
Cerche. V. Serche.
+ Cercher, Sercher (lo search, to cergyn), v. a., chercher. Du lat. circare
(2). Serchier, chercher. Kel. V. Serc/ie. charcher, encerchier, recercher.
Le champ où la bataille fu, Où tant ot chief sevré du bu, Où tant ot mors e
detrenchiez, Ont comandé que seit cerchiez.
BÉN., Rom. de Troie. \. 10259.
Dont a fait li rois envoler Par tote Gales et cerchier Se jà tex hom estoit
trovés Que devant lui fust amenés.
Wace, Rom . de Brut, v. 7537, v;ii\
Et de vi'ay ledit Bertyn n'amoit point mess« Gadiffer, et serchoit à lui
faire tout le plus de desplaisir qu'il poué.
Le Canarien, p. 16,
Il a partout la plache visitée. Couru, cerché o bas de la montée.
D. Fer., Muse norm.,\>. 262.
Cerène. V. Gherène.
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(delwedd C0238) (tudalen 0170)
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(1) Ce mot a servi aussi à indiquer los fers que l'on mettait aux
pieds et aux mains des prisonniers ; de vippum, entraves.
Les uns d'eiilx sont ez ceps boutez.
Robinet, Complainte des bons Franç/ds (XY° s.). Le haut justicier doit avoir
prisons sûres et raisonnables à rez de terre, sans avoir ceps.
Coût, dit Perehe, art. 12.
(2) Cercher, au sens littéral de son ladical, se rencontre en anc. dial.
norm.
(Les mers) cerchent le raundc e ceignent.
BÉN., Cliron. de Norm., v (il.
— 170 —
Certaineté, Certenité {cerlainiy), s. f., certitude, chose certaine. V.
Incertainelé.
La créance va devant l'espoir, et la certaineté d'espérer est fondée en la
fermité de bien croire.
Al. Chart., L'Esp., p. 328.
Notoirement venus à cognoissance et certaineté.
Terrien, Comment, du dr. rtorm., p. 379.
Nous vous mandons. . . que. . . tost enquerez et sachez la certenité de son
dit aage.
Ordre de 1343, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de laCh. des comptes,
p. 286.
Certification ' certificalion), s. /"., avertissement, avis. V.
Certifier.
Et doibt celuy qui faict la semonce, apporter au jour (indiqué pour la
comparution) les lettres et certifications, comme il est semons.
Le Rouillé, Gr. coût, de Norm., 1° Lvxxiij r°.
Pour un message envoie à Paris en la Cliambre dez Comptez, porter une
certificacion à nos seigneurs. . . xxx s.
Compte de 1331 , cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la C/i. des
Comptes, p. 22.
Et ascuns actions sount où nul counte ne appiert, si come disseisin,
redisseisin, certification, faux judgement et attaint.
HoRNES, Mirror of Justices, eh. n, sect. 24.
Certifier to ceriify), v. a., avertir, prévenir. V. Certificat ion.
Nous vous mandons que des deniers vostre recepte, vous paiez. . . à Andrieu
Trompette. . . la somme de cinquante solz tournois... pour porter lettres
closes à l'evesque de Bayeux pour le fait de certains Anglois. . . lesquelx
font plusieurs oppressions sur les subgiez du roy, afin den certiffier
monseigneur le duc de York, pour par luy estre pourveu en la matière ainsy
qu'il appartient. Citron, du Mont S. Midi.. Pièces div. (XV' s.). II, 178.
Les officiers gouverneurs de ceste dite ville (de Rouen), certifiez du
vouloir de Sa Majesté, font tels prepartifs qu'ils peuvent pour le recevoir.
De Bn.^.s. f\ech. et antiq. de la ville 'le Cacn. p. 187.
+ Cérugien. V. Surgien.
Chaalon [chaloii"), s. m., couvre-pied, couverture de laine.
Item, iij coites pointes, pour lis couvrir ; item, iij chaalons à lis
couvrir.
Invent, de 1307, cité par M. Delisle dans L'Afjricul. en Norm. au moyen âge,
p. 726.
Chaance 'cliaace. Sher^v.), s. f., accident, événement.
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(delwedd C0239) (tudalen 0171)
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— 171 —
Kar ja n'iert al siècle oie Si pesmes persécutions. . . Les aventures, les
chaances Dunt il aura tantes eues.
Bèn.. Cliion. (le yonn., v. 7893.
Chaceor, Ghaçur. V. (liascur.
Chaer (/o shcar'Z)^ v. a., récolter, recueillir, retirer.
Rous sire, esgarde cest païs. Cum il est richement asis, Quels est la terre à
chaer blé, Si ert guaignée e cultivée.
Bén., Chron, île. .\orm., v. 3175
Chaere. V. le mot suivant.
+ Chaire [cltaire) , s. f. , cliai.se. On retrouve dans ces foi-me.s Vr du
radical calhedrain.
David se seeit en .sa chaere cume prince.
Les /?ojs, p. 2H.
Item, iij tables, iiij chaeres, i banc. . .
I/io. lie i:i08,ei\é par M. Delisle dans L'Af//'. en JVorrii . /m inorj. âge,
p. 787
Chaitif, Ç,hQiiiî{cheUif'), adj., captif, misérable, infortuné. D'où le mot
actuel chétif, faiJjle, débile. V. cailif et chailivelet.
Ki veist la dolur, les plurs e les criz
Ke funt enz el mustier Saint Lorenz ces chaitifs.
Chron. ileJonl. Font., v. 1897.
Seient en cil (lieu) mené chaitif Oui i serrunt bel trové vif.
Ki-:n., Clirou. (le Noi'in., v. 1835.
Tut esgaré et tut cheitif.
Makie, Chailirel, v. 21.").
D'où le verbe eschailiver, en)niener en captivité.
La terre d'enter gasteut tute Et mult i eschaitivent genz.
BÉN., C/iroii. r/eXorm., v. 5080.
Chaitivetet, Chaitiveté. V. Caitivitet.
Chalange, Chalenge {challenge)^ s. f., débat, appel, cartel. Du lat.
calumniam. V. Calenger, chalengement, chalengeur.
Se il seut suist deduz la chalange, li sires rende sun were.
Lois de GiulL, 50.
Granz medlées e granz haenges, Granz purprises e granz chalenges.
W.\CE, Nom. <le Brut, v. Stl.
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(delwedd C0240) (tudalen 0172)
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— 172 —
Chaldiere [chaldef), s. f., chaudière. Du lat. caldariam.
Moab chaldiere de mun bacin.
Liv. desP.9.,CYll, 9.
Chalengement {challenging , action d'arrêter par le quivive), s. ;//.,
interdiction, mis hors la loi. V. Calenger, chalange, clialengeur.
Dist Blancandrins : Mult est pesrnes Rollans, Ki tute gent voelt faire
recréant E tûtes teres met en chalengement.
Chans. de Roi., p. 33.
Ghalenger. V. Calenger.
Chalengeur {challenger) , .s. m., demandeur, celui qui réclame, qui actionne.
— Chalejur, celui qui provoque. Kel, V. Calenger. chalange, chalengement.
Si rende lum al chalengem' sun chatel.
Loi.< (le Giiill., 45.
Il jugerat les povres del pueple, il salverat les filz del povre e freindrat
le chalengeur.
Lie. des P.?., LXXI, 4.
Ghalice (chalice), s. m., vase à boire, calice, vase qui, à la messe, sert
pour la consécration du vin.
Kar li chalices est en la mein del Seignur , e de pur vin à plein mêliez.
Liv. des Ps.,LXXIV, 8,
E le chalice d'or oîi li sainz eut chanté.
5. Thom. le Mart., 182, dans Littré.
Chamarre (chammer). s. f. , simarre , ample vêtement traînant, de soie ou de
velours. D'où est venu le verbe français chamarrer.
Après marchoit le roy... vestu d'une chamarre de satin gris, à broderie d'or
traict.
De Bras, Rech. et cmtiq. de la ville de Caen, p. 111.
Ghamberier [chamberer) , s. m. , compagnon de chambre, chambrier.
, S'en fist son privé chamberier.
Wace, La Concepr. N.-I)., p. 59.
+ Ghamberière {chamberer'), s. /"., chambrière, servante. Le mot, en
patois normand, est presque toujours employé dans le sens de dénigrement. Du
bas-lat. camerariam, du lat. cameram, chambre.
La dame après muntad e cinc chambereres od sei menad.
/.<-.< nois, p. 102.
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(delwedd C0241) (tudalen 0173)
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— 473 —
Symonnet et Th. Drouet louayrent deux serviteurs et une chamberière.
Journ. du s. de Goubvvville, p. 32.
Chamberlain , Chamberlenc , Ghanberleng {Chamberlain) ,
s. m., chambellan.
Ne fust par liverez li argent par conte as chamberlains.
Les Eoi^, p. 423.
Mult poissiez veir uns et altres trembler, Chamberlencz e serjanz e escuiez
haster. *■
Wace, Rom. de liuu, v. 1217.
N'out unkes si privé, ne clerc, ne conpainun, Ghanberleng, ne sergaunt,
seneschal, ne garçun.
S. Thuin. le Mart., p. 13.
Champaigne {champaiyn , champaine], s. /"., plaine, pays découvert , uni
, En patois normand , campagne a encore conservé cette acception.
Comenciez fu teus li baroiz
Que nus hoem ne vos saureit dire
L'occision e le niartire
Qui le jor fu en la champaigne,
Sor l'estute gent de Bretaigne.
BÉN., Chron. de Norrn., v. 30961.
Par bois, par viles, par champaignes. Fièrement vail od grant compagnes.
GuiL. DE S. -Pau;, Rom. du Mont, S. Mich., v. IGl!).
Chaoberleng. V. Chamberlain.
Chance. V. Chaance.
Chancel (chancel) , s. m. , sanctuaire. Du lat. cancellum., barreau.
L'asistrent (l'arche) ens el chancel del temple, que l'um apelad sancta
sanclorum.
Les RoL^, p. 258.
Enfoi l'unt en itel guise, Comme l'en doit evesque faire ; Il ne fut pas mis
emmie l'aire, Enciez fut mis enz el chancel, En un sarcoul chevé molt bel,
Desoz l'autel enterrei l'unt.
GuiLL. DE S.-Pair, Rom. du Mont S. Midi., v. 1310.
Chanel (channel), s. m., canal, chenal, lit d'un cours d'eau. Du lat.
canalem. V. Canel.
Faites parer le chanel de ewe ki ci soult curre.
Les Rois, p. 353.
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(delwedd C0242) (tudalen 0174)
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174
Ne poent passer Some, n'i a vez (gué) ne n'a pont. ; La veie trovent close e
li clianel parfont.
Wace, Bom. de Rou, v. 2748.
Chapitle, Chapitele {chapitle'), s. m., chapitre, corps des cliiinoines,
salle capitnluire. Du lat. capiluliim, article de loi; d'où vinrent capitule^
courte oraison que récitaient les chanoines à l'office divin et aux
assemblées où ils ti'aitaient des questions de leur ressort, et notre mot
chapitle, dont on fit plus tard chapitre, dénomination du corps même des
chanoines.
Dune sunt od le kovent dedenz chapitle entré.
5. Thorn. le Mart.,v. 16.
Al terz jour en chapitele entrad.
Vie de S. Thorn. de Ca>it.,'\Aï-, p. 625, c. 2.
-f Chaquer. V. Saquer.
Charcher {to sharche'), v. a., chercher. En bas-lat. sarchare (V. Duc), du
lat. circare. V. Cercher.
Le 22 septembre 1558. . . Je fus la relevée à Tourlaville, Chariot avec moi,
charcher Lochignart pour, etc.
Journ. du s. de Gouhevisille, p. 449 de l'éd. des Ant. de Norm.
+ Chare (share), s. /"., part, portion. V. Charer.
De bel et d'Iaid j'ai ieue ma chare. . . L'paradis seit not' soûlas !
Rim. guern., p. 21.
+ Charer ilo share), v. a., partager, diviser. V. le mot }»récédent et le
Dict. franco-norm. de M. Métivier.
Charger [to charge'), v. a., mesurer, déterminer.
Li veuz hom li criad merci, Sire, dist-il, pur Deu vus pri, Ma pénitence me
chargez ; Ore avez oï mes péchiez.
M.\RIE, Pur g., V. 251.
Chargeux {chargeous'), adj., à charge, embarrassant,
gênant.
Les excès des Sarrazins, qui, selon la loy de Machomet, luy sont plus
chargeux, que les jeusnes des chrestiens ne leur sont dommageables.
Al. Ch.xut., L'Esp., p. 358.
Charnal. V. Karnal.
Charnalité {carnality, Sherw.j, s. /",, caractère de ce qui est charnel,
par opposition à spiritualité. Du lat. carnalitatern.
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(delwedd C0243) (tudalen 0175)
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— 175 —
Pourquoy donc souffre tu nonchalance. .. cheoir avec la pesanteur de la
charnalité abbatue par les, etc.
Al. Ch.^p.t., L'Esp., p. 281.
Gharole, Carole {caroh, s. /"., chant. Du lat. cliorum par un (lim. fém.
fictif chorulani. Eu latin, l'on donnait le nom de choraules aux joueiir.s de
llûte qui accompagnaient les chœurs. V. Charoler.
Dun ne chantad l'un al loenge ceslui, as charoles ; Saiïl oclst mil e David
dis milie ? (Nonne hnic ca)Uabant per choros dit:enles: PercussU Saûl mille
et David decem millia "?)
Les Huis, p. 84.
E chantoent sicum en caroles tuit li mien fort en tei.
Liv. i/.es Ps., LXXXVI, G.
Charoler, Garoler [lo carol), v. n., chanter. V. Gharole.
Les meschines vindrent encuntre le rei Saiil od tympans, od frestels,
charolantes e juanles (cantantes chorosque ducentes).
Les Hois, p. 70. Et foîss gens ou cimetire, Hommes et femmes caroloient, Qui
trop moiement empeschoient Par lor chant le divin service.
PeC. poèmes du Moiil S. Midi., p. 21.
+ Charrer {lo share'H, tourner en ridicule), v. n., jaser, plaisanter. V.
Escharnir.
Charrere {carreer, Sherw.), s. /"., chemin par lequel peut passer un
char. V. Quarrière.
Très par mi l'ost funt lor charrere.
Bén., Chron. de Nortti., v. 5879.
Le dial. norm. usait dans le même sens de la forme charrière , forme qui,
concurremment avec celles cherrière , quenièrcy subsiste en patois moderne.
Gie soffri tôt à morne chiere, Pois me remis en ma charrière.
BÉN'., Rom, de Troie, v. 300.").
Là ad une estreite charrière,
Par unt ils respeirent arrière.
Marie, Elidue, v. 175.
+ Charrière. V. le mot préccdenl.
Châs. V. Cax.
Chasçur, Chaceor, Chaçur {chasour'), s. m., cheval de chasse. V. Caceor.
Granz palefraiz, coranz destreiz, Cbascurs bons et bons somerz.
Vie de S. Thom. de Cantorb., v. 457.
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(delwedd C0244) (tudalen 0176)
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— 176 —
Aredné a son chaceor.
Bên., Cfiron. de Norni., v. 25052.
Cist ki n'est muntez palefrei bon e bel, Chaçur, u fort runein u grant
destrer ignel.
Vie de S. Auban, v. 1420.
Chaser {lo chase), v. a., chasser, expulser, bannir.
De tuz les biens del mund aveie conquestez^ Si que mes filz en fust après mes
jurs chasez, Jà n'en serreie mielz devant Deu apelez.
5. Tliom. le Mart., p. 159.
Me vunt deseritant de ço dunt sui chasez.
Chron. de Jord. Fant., v. 134.
Chasteau. V. Chastel.
Chastée {chaste'), s. /"., chasteté.
A femme bone et en chastée Ne nuist d'espous la malvaisté. Poés. anc/lo-norm.
, citée par M. Meyer dans le Bull, de la Société des anc, textes (1880), p.
Cl.
Ceo esteit chastée dont sofraitos serai.
GuicuAiiD DE Beaulieu, 5er/»«./i, p. 27.
Chastel, Chasteau (castle), s. m., gaillard. Terme de marine par lequel on
indiquait la surélévation j^artielle du pont supérieur d'un vaisseau, à
l'avant et à l'arrière.
Li bort des nefs e li estage (pont) Sunt gent garni e li chastel.
Bén., CJii^on. de Norm., v. 3614.
Set cenz enseignes de colors Parut es nefs sus es chasteaux.
Id., ib., V. 3918.
Dans l'ancienne marine, cette surélévation était telle qu'elle formait une
espèce de petit édifice, qu'on appelait chasteau gaillard. De ces deux mots,
l'anglais a retenu le premier, sous la forme castle ; le français moderne, le
second, et les deux langues ont attribué à chacun de ces termes, séparément,
le sens exprimé par la dénomination primitive de chasteau gaillard. Gaillard
est ici une simple épithète qui signifie fort (du celtique gall., force);
c'est le cas du château, élevé sur une éminence par Richard-Cœur-de- Lion,
au-dessus du Petit-Andelj^ (Eure). On a appelé longtemps le gaillard,
d'avant, c/irts^eaw (/e ^j;'Oî<e, et celui d'arrière, chasteau de poupe
(1).
(1) Les officiers étaient sur le château de poupe avec les passagers.
CiiATEAUB., Gén. du clirisc, prem. j)art., 1. V, chap. xii.
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(delwedd C0245) (tudalen 0177)
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— 177 —
Les marynyers c'estoient reirais au cliastel de devant (au gaillard d'avant)
en lad. nef.
Le Canarien, p. 16.
Ghastier {to chastise'), v. a., interroger rigoureusement, reprendre,
admonester. V. Caslier.
Mais mult vos defent e chasti Que par vos n'en sait mot tenti.
Bén., Cliron, de Sorm,, v. 13872.
La dame l'ad mut chastié *■
E de bien faire amonesté.
Makie, Milon, v. 316.
+ Chatel, Gatel [chattels, caille ; caler), s. m., biens mobiliers,
ustensiles agricoles, bestiaux, etc. (1). Du bas- lat. calalluiu^ bétail,
formé sur le lat. capitale, dérivé lui-même de capita, lêles de bétail,
bêtes. Cotgrave signale chatel comme étant un mot normand. Aujourd'hui
encore, on retrouve ce mot dans la langue judiciaire des anciennes îles
noi-mandes de Jersey et de Guernesey, régies toujours par la Coutume de
Normandie. Les Assises de la cour royale de Jersey se divisent encore
maintenant en Assises d'héritages et en Assises de chalels.
Li burgeis qui ad en soun propre chatel demi marc vailant, deit dener Seint
Père.
Lois de GuilL, 18.
Sur ço me ad manded que altel suffre de vuz e de voz femmes e de voz chatels.
Les JRois, p. 323.
Il est dit vulgaument catel. Comme bœuf, asne, or et argent.
Coût, de Norin., en v., p. 118.
+ Ghaudin {cJiauldrun, entrailles), s. ui., fraise de veau ou de porc.
Le mot se rencontre en ancien dialecte normand sous les formes chaudun et
caudin :
Li tiers chaudun, si com il chiet du porc, soit cras, soit maigre. Acte de
1260, cité par M. Delisle dans L'Acjric. en Nurm. au mot/, âge, p. 244.
Le 20 avril 1559, j'en retins (d'un veau vendu) les pieds, la
fressure , la teste et le caudin.
Journ. du s. de Gouberville, p. 121.
(1) Nous appelions meuble toute possession qui peut estro remuée de lieu en
aultre, et toute telle possession est appeÙée communément chntel, si comme
ung cheval, robes, or, argent et lelz choses.
Ane. coût, de :\orm., ch. lxxxvi.
12
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(delwedd C0246) (tudalen 0178)
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178 —
Chauncelerie (chauncelrie'), s. /., chancellerie, fonctions de chancelier.
Al secund rei Henri met Tomas et alie ; Ke dunée li ad dune sa chauncelerie.
5. T/iom. leMart., p. 11.
Chaunter {to chaunt^ Palsg.), v. a. et n., chanter.
En grant devociun celé messe a chauntée.
5. Thom. le M art., p. 56.
Chef [chief), s. ni., partie principale.
Se le puisné (chargé de former les lots) mettoit le chef de l'héritage en
deux parties ; comme s'il mettoit le hébergement en une partie et le chef
clos en l'autre, laquelle chose l'ainsné pourroit bien débattre s'il vouloit.
Le Rouillé, Gr. coût, de Norm., t' xlij r°.
Le chef de l'héritage remaindra à l'ainsné si comme le hébergement, le clos
et le jardin, pour tant qu'il en face à ses frères loyal eschange à la value.
Ane. coût, de Norm. ch. xxvi.
Ghefvetain. V. Chievetagne.
Cheisil, Gheinsil {chaisiV, v» chaisel) , s. m., riche tissu de lin.
A un bel drap de cheisil blanc Li estèrent d'entur le sanc.
M.^RiE, Gugeiner, v. 373.
(Anges) plus blancs ke cheinsil ne cotun.
Vip de S.Aitban, v. 1720.
Cheitif. V. Chaitif.
+ Ghemineau. V. Sirnneî.
Gherche {cherche, church), s. f., église. Du saxon circe, en V. anglais
chirche*.
Jonchier deveint dedenz le cor E la cherche, l'eriere cuer. Le chapitre e le
refector E le cloistre trestot entor.
GuiLL. DE S. -Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 343.
Ghere [shroud, sheet), s. f., suaire, linceul.
D'une chère purpre vermeille Me cuverez en une bière.
Bén., Chron. de Sorm., v. 1638, p. 61.
+ Gherène, + Serène (shern*), s. f. , grand vase, dont l'ouverture est très
évasée et dans lequel on fait cailler le
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(delwedd C0247) (tudalen 0179)
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— 179 —
lait, destiné à former la crème, avtc laquelle on doit fabriquer le beurre.
Du lat. sérum, petit lait.
Lorsque la coagulation: du lait dans les serènes est achevée, la fromagère
met successivement chaque serène sur un petit chariot, qu'elle conduit près
d'une des tables, etc.
MouiÈHE, De rind. fromagère dans le Calvados, Ann. norm., 1878.
Dans la Manclie, on dit chiraine.
On accumulait (le lait) dans une chiraine en attendant qu'il y en eût
suffisamment pour faire du beurre.
J. Fleury, Littér. or. de la B.-Norrn., p. 75.
+ Chérer, Chérir {to cheer', faire bon accueil; to cheer, donner de la joie
à, saluer par un vivat ; to cherish, traiter avec bienveillance), v. a.,
faire bonne mine, bon visage à quelqu'un , lui « faire chère lie. » V. Chiere
, cadeler , joïr 1.
De chère (visage) on a fait le verbe cherer, c'e.st-à-dire accueillir, faire
bonne mine : i< Ainsi furent cherés par leur père, si longtemps inconnu. »
(Amadis, 1. 10, ch. lviii.)
MoisANT DE BuiEux, OtIq. de quelq. eout. ane., l, 172.
E li reis Loweis et Franceis l'unt chéri.
S. Thom. le Mart., p. 128.
Sauvaget se levant me chérit et caresse.
Vauq. de La Fresn., Forest., II, 1.
+ Cherfeuil (c/ieryiZ) , s. m., cerfeuiL Du lat. chœrephyllon.
Chérir. V. Chérer.
+ Cherise (cherry), s. f., cerise. V. Cherisier. '
L'an 1421 , fu la plus forte année à passer en France et en Normandie, que
oncques homme veist, de tous vivres et de toutes autres choses nécessaires à
corps d'omme ; et oncques n'en veist on si malvès de biens ne de fruitages,
nois, pommes, prunes, cherises et de tous autres choses.
P. Cochon, Cliron. norm., p. 443.
Pleurez, petits enfans, vous z'erez des cherises.
D. Fev., Muse norm., p. 359.
En patois normand de Guernesey, l'on dit chlise :
J'aimons à vée maeurir dans not' ménage,
ChUse, pèche et peire, poumme, figue et perdrigon.
lUnies guern., p. 115.
+ Cherisier (cherry-tree), s. m., cerisier. V. Cherise.
Une pieche de terre assise au cherisier.
Ch. de 1400 , citée par M. Delisle dans VAgric. en Norm. au moi/en âge, p.
501.
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— 180 —
De même que l'on dit chlise, pour cerise , à Guernesey, de même l'on y dit
chlisier, pour cerisier :
Et nos chlisiers, les véyoûs, mes étants !
Met., Diction, franco-norm., p. 129.
Cherté (cherté'), s. f., amour, amitié. — Cherté, affection, charité. Kel. Y.
Chierté.
Là fist de lui si grant cherté C'une tant n'eut de sa volunté.
BÉN., Chron. de .Yorm., v. 36590.
Si li tint 11 rei en grant chertez E tous les seunz.
Vie de S. Thorn. de Cantorb., var., p. 621, c. 2.
Chevalchie, Ghevalchée [chevachie') , s. f. , expédition à cheval,
chevauchée.
Si fist sa chevalchie sur les burgeis un jor.
C/>ron. deJord. Faut., v. 1123.
L'ambes parz ont bêles maisnées, Ki sovent firent chevalchées.
Wace, nom. de Bou, v. 6851.
Chevalerie [chevalery , Cotg.), s. f., prouesse, haut fait de
chevalier.
Dune aurez faite gente chevalerie.
Chans. de Bol,, p. 49.
I eut tant fait chevaleries, Tant batailles, tant assaillies . . . ,
BÉN., Chron. de Norm., v. 3949.
Chevalerous , Chevalereux [chevalrous' ) . adj., chevaleresque, (ligne d'un
chevalier.
Assés estoit haus hon et prous De ses armes chevalerous.
Rom. de Bob.-le-Diable, p. 127,
Plus faisoit que ne fist Hanibal. . .
En sov monstrant hardy, chevalereux.
P. Gring , I, 28.
Où sont doncques ceulx qui, en ces conditions che valeureuses, quierent leur
renommée et leur perfection ?
Al. Ch.^ut., Le Quadrilogue, p. 4î2.
Gheveier [to cheve'), v. a., croître, grandir, se développer littéralement,
lever le chef (la tête).
Cist vit l'ovralgne e l'ataïne. Qui de pieça naist e racine Conoist queu part
ele cheveie.
BÉN., C/i/-o«. de Norm., v. 28838.
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— 181 —
+ Cheverne {chevin, Sherw,), s. in., meunier, poisson de rivière. Chevenel,
en ce sens, se trouve dans Terrien.
Est défendu que l'on prenne la vandoise, le chevenel et la blanche rose (?),
s'ils n'ont cinq pouces de long.
Comment, du, dr. normi, p. 633.
Chevesce {chevesaile'), s, /"., chevêtre , harnacliement de la tête d'un
cheval.
Nis la chevesce de sun frein »,
Li fu coupée en sun cheval, Que del chief li chaï aval.
BÉN., Chron. de Norm.v. 16367.
Chevetaine. V. Chievetagne.
1. Chevir {to chevier'), v. a:, soutenir.
Et nus et nostre cause cuntre lui maintendra ; Et s'en vus ne remaint, très
bien la chevira.
S. Thom. leMart., p. 173.
+ 2. Chevir {to cheve, to chefe'), v. n., réussir, venir à bout; c'est,
simplifiée, l'ancienne locution « traire ou venir à chef » (1).
La royne demanda conseil comme elle cheviroit contre Salhadin.
P. Cochon, Cliron. norm., p. 8, éd. de Beaurep.
Si j'y pouvions chevir, je serions consolais.
D. Fer., Muse norm.
Chevir s'est dit aussi en v. fr. pour s'enrichir, acquérir ; telle est, de
même, en v. angl. l'une des acceptions de to cheve {to thrive). C'est de
cheviy^, dit en ce sens, qu'est venu le mot resté français chevance ; en v.
angl. chevisance (Cotg.), ce que l'on possède.
+ Ghibot {chibbolt, Sherw., chibbal'), s. m., ciboule, tige du petit oignon.
V. Chive.
Un paquet d'alumet et chinq o six chibots.
D. Fer., Musc norm., p. 46.
Chief (c/^^e/'), s. «?., chef.
Blanc ai le chief e la barbe chanude.
Alex., sur. 82.
Chascun par sei molt s'esbahit De cel pertus que el chief vit,
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Muh., v. 223.
(1) Aukes li ert sauvage e gi'ief
A traire ceo qu'il quide à chief.
BÉN., Chron, de Norm-, v. 463.
Se il venoieni à chief de leur entente, jamès à vous n'obéiroient.
P. Cochon. Chron. norm., p. 38, éd. de Beaur«p.
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Chier [shire*), adj., paré, brillant.
Sage, curteise, mut acemée, A merveille se teneit chiere, Sulunc l'usage e la
manière.
Marie, Laustie, v. 14.
Chiere {cheer)^ s. f., figure, physionomie , mine, contenance. Du lat. caram,
face, visage. V. Chérer.
Par neuf fois fist ceste prière  basse voix, à simple chiere.
Wace , Rom . de Brut, v. 667,
Od duz semblant, od simple chiere.
Marie, Eliduc, p. 290.
Chierté (chiertee'), s. /"., affection, amitié. V. Cherté.
En grant chierté l'aveit Rou, por sa grant valor.
Wace, Eom. de Rou, v. 1724.
Mult le tienent en grant chierté.
Marie, Gugemer, v. 377.
Dérive de chier, forme normande de cher. Du lat. carum.
Li plaiez jurraz. . . que pur mes nel pot fair ne pur haiir si chier nel
fist.
Lois de GuilL, 11.
Pour ceste bonté l'ot Diex chier.
Wace. La Concept. N.-D., p. 59.
Chievetagne, Chevetaine, Chefvetain {chieftain) , s. m., chef, commandant,
capitaine.
De l'autre part fist huit compagnes, En cascune ot dix chievetagnes.
Wace, Rom. de Brut, v. 12742.
Adunc départi Rous sa gent, Ses contes baille à chevetaines A conduire les
granz compaignes.
Bén., Chron. de Sorm-, v. 8406.
Et ce que doit tenir un brave chefvetain.
Vauq. de La Fresn., Art. poét., III, p. 98.
+ Ghimenée {chininey, chimeney*), s. f., cheminée.
Hoc juste la chiminée Unt feit Sun lit bel aturner.
Vie de S. Gile, y. 2728.
Le 10 décembre 1557, la Harelle blessa Michelle à la main entre le chuquet
(billot) et la chymenée. . .
Journ. du s. de Gouberville, p. 265.
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— 183 —
Chu matin-là, je n'mens pas-,' No z'orra sus nos chimnaies, S'iamentair, les.
ailes en bas, L's hirondelles, neres emittaies.
Rimes r/uern., p. 168. Tous ces biaux batiaux Qu'ont de grandes chimnaies.
Rimes j'ers., p. 60.
+ Chinche, Ghingre (chinchy') , adj., mesquin, avare, chétif, affamé. V.
Chincherie.
Chincher, Chinquer {to shenche), v. n. , boire à l'excès, s'enivrer.
Chincherie [chincherie*, mesquinerie) , s. f., friperie , objets de rebut. V.
Chinche.
Harenc selerenc, verre, toute chincherie. . . ne doivent rien.
Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 19.
Chincheuco se dit en patois normand pour gueux, mendiant, individu vêtu de
guenilles.
Au XVIP s., chincher avait en Normandie la signification de fripier ou de
marchand de chincherie.
Ly en avet bien chinq chens sous ces longues halettes, Où c'est que ces
chinchers estallent leu z'abits.
D. Fer., Musc norm., p. 364.
Suivant Génin [Récr. phil., II, 4.04) , la rue de Rouen, dans laquelle se
rencontre le plus grand nombre de fripiers, s'appelle la rue des Chinchers.
Ménage enseigne que le mot s'est appliqué aussi aux marchands de chiffons, et
il le rattache à chinches, chiffons, guenilles; en v. norm. cinces.
Si distrent qe molt par art faus Li papes, veins e ypocrites, Quant viles
cinces por reliqes De vielz dras lor ot fait douer.
Vie de S. Gre^/., v. 2308.
Sas i fait pendre e cinces deramedes.
Vie de S. Alexis, &\v, 29.
+ Chiroine (siroine', espèce d'onguent pour les plaies et les blessures), s.
m., poix dont les cordonniers font usage pou)' enduire leur fil.
Chiroine dérive de chire, forme normande de cire (1). Le
(1) Chire qui est venue avec son miel.
Coat. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 19.
Vo fondez o soleil comme chire.
D. Fer., Muse norm., p. 120.
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(delwedd C0252) (tudalen 0184)
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— 184 —
mot. a dévié de son acception primitive, celle d'onguent ou d'emplâtre, dont
la cire fait la base. A cyroigne^ Borel fait observer qu'en Normandie on
disait, de son temps, cliirouanne, pour désigner une sorte d'emplâtre.
Vauquelin de La Fresnaye a usé du mot en ce sens, sous la forme siroesne.
Encore qu'il sente sa douleur aucunement appaisée et adoucie par quelque
cataplasme ou quelque huile ou siroesne qu'on lui applique.
Hurongue au duc d'Epernon, p. 299.
4" Chiset (chisel), s. m., ciseau de menuisier. Se rattache au lat.
scission, par une forme de basse latinité cisellum, laquelle a donné au
français cisel et au dialecte normand chisel.
Acheté un martel et un chisel à Guieffroy de Martinvast.
Compte de 1348, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 366.
Pour un ponçon (poinçon) et un chisel tous noeuz. . .
A utre de 1439, cité par le même, ibid., p, 384.
A VI désinentielle de beaucoup de mots le patois normand substitue un t,
comme nous l'avons vu précédemment à cantet. capet.
Chival {chivaV), s. m., cheval. V. le mot suivant.
Cil qui aveit escut, u chivalz, u buefs, u vaches. . . durra. .
Lois de Guill., 6.
Il tribucha de li chyval en my la place.
Hist. de Foulques, p. 27.
Chivalerie {chivalrie, Sherw.), s. /"., chevalerie, corps des
chevaliers, cavalerie noble. V. Chival.
Desque lendemain, que rei Henri (Qe Deu gard et tenge sa vi !) Vint à Xichol
od sa chivalerie, Cum Deu voleit, la sue merci !
Hugues de Lincoln, p. 13.
+ Ghive {chive), s. f., cive, petite ciboule.
11 n'i eccisseit poret ni chive.
Vie de S. Gile,v. 1264.
Choe {shoiche* chough) , s. /"., choucas , espèce de petite
corneille.
Dou vilain qui norri une choe.
Mauie, Titre de la Fable 48.
Choisisseor (chooser), adj., qui a la faculté de choisir.
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(delwedd C0253) (tudalen 0185)
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— 185 —
Par les oiseals que tu veis, ■ Qui si covreint le païs, Dunt la tierce
part menor N'erent ti oil choisisseor, Qui si esteient desguisez Peinz e purtraiz
e colorez, Signefie, ceo te espeluns, Gens de diverses régions.
BÉN., Chron. <le Nornt., v, 1549
Choie. V. Col.
+ Choler \to shooV !2) , v. n., tourner autour, aller et venir, se promener
nonchalamment.
Chope (.^hop), s. /"., échoppe, boutique. De l'allem. schopf.
Le 30 août 1553, comme je estoys sur la chope Jehan Caulvin, voicy arriver
Cantepye. . .
Joitrn. du s. de Gouberoille, p. 594.
Ghoser. V. Chouser.
Choses {choses'), s. f. pi., motifs pour disculper, excu.ses. Du lat. causas.
Il fu jugié que li atornez à l'abé de Mont-Saint-Michiel ait ses choses et
puis respondra; qu'il ne remaiiidra pas por sa defaute de l'assise, por ce
meesmement que il estoit loing de la baiUie.
Établiss de VÉchlq. de \orm., p. 188.
Chosir {to chose, Palsg.; to choose), v. a., choisir.
Un cers unt pris e retenu ;
En quatre partz voelent partir (partager).
Le lion dit : « Je voit chosir. »
Marie, Fablo 12,
-[Chouler [to sole a hoiol", probe et rite emitiere globum, définition
que Halliwel emprunte au diction, lat. de Cole), V, n., jouer au jeu de la
choule, de la choie, de la soûle ou de la sole. Ces quatre dénominations
servent à désigner une boule en bois , dont on fait usage dans ce jeu et que
l'on pousse avec une crosse.
Le jeu de la choule, encore en usage en quelques parties de la Normandie,
était autrefois très en vogue en cette province. Gomme il était devenu
l'occasion de luttes dans lesquelles les joueurs se faisaient souvent de
graves blessures, il fut interdit par un arrêt du Parlement de Normandie, du
27 janvier 140i.
Les gens du pays de Vulguessin le Normand (du Vexin-Xormand) et de la fores!
de Lyons ont accoustuiné de eus esbaltre et assembler, chascun an, pour
soulier et jouer à la soUe, l'un contre l'autre. . ^, ,
C//. de VJSl, Duc. Chi'olarc.
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(delwedd C0254) (tudalen 0186)
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— 186 —
Et l'endemain de Noël, la rivière de Saine fu si gellée, que les gens aloient
ribler, chouUer, en travessant la rivière, de costé en autre.
P. Cochon, Chron. norm., p. 329, éd. de Beaurep.
Le 13 janvier 1554, je m'en allé à la grève (de Cherbourg) où il y avoit
plusieurs personnes à chouler.
Journ. du s. de GouberviUe, p. 175.
Ghouque. Y. Chuque.
Chouser , Ghoser [ta chuse'), v. a., gronder, réprimander.
Plusors feiz le chousout, Que nuls altres faire n'osout.
GuiLL, DE S.-P.\iR, Rom. du Mont S. itlivh,, v. 1433.
La nuit ne dort ne ne repose, Mais sei mêmes blasme e chose-
Marie, Equitan, v. 63.
Chrestientet , Crestienté {christening) , s. f., baptême. V. Ci^estiener.
Croire volt Dieu, chrestientet demander.
Chans. de Roi., p. 332.
Crestienté va demandant.
Wace, Honi. de Rou, v. 603.
Christien , Gristien [christen, Palsg.; Christian)., subst.
et adj., chrétien.
Se buens cristiens es et voels ta fei garder, Bien creum et volum k'en ce
voilles ester.
S.Thom. le Mart., p. 102.
Et tu celestiel Isaie, qui, en la loy de Moyse, euz esperit christien.
Al. Chart., L'Esp., p. 322.
+ Ghuque , + Ghouque [chiink' 1, bûche, bloc de bois), s. f., souche d'arbre.
V. Zuclie.
Le 30 avril 1558, lediet Drouet tira une chuque, pensant que ce fust ung
lièvre.
Joarn. du s. de GouberviUe, p. 200.
Et si (il) a une chouque à Noël en la haie (forêt) des Autiex.
Lie. des jurés de S. Ouen de Rouen, f° 125 v°.
N'reste pas là comme une chouque. De La Bédol., Les Sormands, dans Les Fr.
peints par eux-mêmes, I, 174.
Giclaton, Siglaton {siclatoun), s. m., espèce d'étoffe précieuse.
D'un merveilles ciclaton
Fu li cors coverz en la bière.
Bén., Cllron. de Sorm., v. 19177.
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(delwedd C0255) (tudalen 0187)
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— 187 —
Li senescar Kex avoit non, Vestuz d'un vermel siglaton, Cil servi al mangier
le roi.
Wace, lloiii. de Brut, v. 10711.
Cierge [cierge), s. m., bougie.
En la tierce chambre est entrée,
Le lit Sun ami a truvé.
Li pecol sunt d'or esmeré ;
Ne sai mie les dras prisier ; ^
Les cierges e li chandelier.
Qui nuit e jur sunt alumé,
Valent tut l'or d'une cité.
Marie, Ywenec, v. 390.
Gimeneau. V. Simnel.
Cinamone. V. Cynamone.
Circuir [to circuit, Sherw.), v. a., entourer, environner. Du lat. circuni
ire.
Quand j'aperçoi M. d'Argouges, Tout cii'cuit de ses neuf sœurs, Qui sont les
nymphes gentes gouges. . . Sut. norm., cilée par M. de Bras dans ses Rech. et
ant. de In cille de Caen, p. 47.
Le château de Logempré , clos et environné de fossez plains d'eaue, circuy de
jardins et plants, et par devant lequel passe la rivière d'Andelle.
Aveu, de 1600, cité dans les Mém. et notes de M. Aug. Le Prévost, II, 602.
+ Cirugien. W*. Surgien.
+ Cisets [cyzers), s. ni.pl., ciseaux. V. Chiset.
Gisme. V. Scisuie.
Gist [this), pron. dém., ce, cet, ces. Du lat. ecce istum.
Que valt cist oriz, cist dois ne cesta noise?
Alex., siv. 101.
Cil furent las, cist furent freiz.
BÉN., Roman île Troie, v. 2705.
Gisterne [cistern), s. f., citerne. Du lat. cisternam.
Ki me portera del ewe de la cisterne après la porte de Bethléem ?
Les Rois, p. 212,
Il n'unt fontaigne ne nul puiz, Ne cisterne ne nul reduiz.
GuiLL. DE S.-PAin, liom. du Mont S. Michel, v. 1139.
Gitezain (citizen), s. m., habitant, citoj^en.
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(delwedd C0256) (tudalen 0188)
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188 —
Confessioun fet les chaitifs, Dieu citezain et Dieu amis. Poésie
anglo-norin., citée par M. Meyer dans le Bail, de la Soc. des anc. textes
(I880j, p. 68.
Citre (cyther), s. m., cidre. Cette dénomination n'est usitée que dans
quelques cantons de la Normandie; sa forme généralement admise est cidre, que
l'on prononce cide.
-Pommes de Des ville, portées au pressoir à S. Gervais pour faire citre.
Compte de 149S, cité par M. Cli. de Beaurepaiie dans ses Notes et doc. sur la
Norm., p. 82.
La provision qui se fera desd. cytres et biscuits.
Doc. sur la fond, du Haure, p. 211.
Je ne vueil citre ni peré (poiré); Bien au vin je me passeray.
Test, rfe Pathelin, p. 121, dans Lacurne,
+ Civelle (sioivel' , cordon avec lequel on tient le faucon captif), s.
/",. étroite et très longue lanière, munie quelquefois d'un anneau ,
pour en faciliter l'usage. La civelle sert le plas souvent à attacher un manteau
sur la selle derrière le cavalier.
Claim {daim), s. m., demande, réclamation , prétention. Y. Claimer, clamur.
Si faite noise ne tels claims Ne fu oïz ne tel murmure Cum en unt tenu à
dreiture.
P,ty.,C)iron. de yorni., v. 12906.
Li rois demande le recors Selunc le claim e les respuns.
Marie, Lanval, v. 422.
Claimer, Gleimer (to claim, to cleymen'), v. a. , réclamer, revendiquer,
exiger. Du lat. clamare. V. Claim, reclaimer, claéiiaat.
Se cili de fait de ki il se claime, dunt prenge congé.
Lois de GuilL, 42.
Sun compagnun après le vait suiant E cil de France le cleiment à guarante.
Chans. de Roi., p. 99.
+ Clairté {clerte), s. /"., clarté. Du lat. claritatem.
Lorsque Phebus gette sa refîulgence, A Dyana donne clerté, couleur. . .
P. GniNG., I, GO.
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(delwedd C0257) (tudalen 0189)
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— 189 ~
Par son approucher, (je) me sens com'îine ressourdant de l'ombre de la mort
en clairté de vie.
Al. Chaut., l'Esp., p. 330.
Clamant (claimant) , s. m., personne qui réclame. V.
Le temps de dix ans de possession vaut lecture pour débouter les clamans qui
l'héritage vendu voudroient retraire par clameur de bourse.
Ordon. du Pari, dfi Norm. de 1515.
Faut noter que, quand un clamant est évincé de sa clameur, etc. Terrien',
Comment, du dr. norin.,-^. 320.
Glamur, Clameur [clamour) , s. /"., clameur, réclamation. V. Claiiii.
Eu West Sexenelae, cent solz al clamur pur la test.
Lois de GuiL, 4.
Mes voist au rei, si face sa clamur.
Chron. de Jord. Fant., v. 1418.
Il ala de ce faire sa clamour au roy de France.
Chron. norm. du XIV s., p. 49.
+ Glaper [to clap), v. n., claquer, battre des mains , des ailes. V.
Clapoter.
Après l'festin, j'écurons l'aire, Clapant des mains jusqu'au matin.
Rimes guern,, \\ 160.
Les corbins (corbeavix) cliapaient leux ailes.
Ib., p. 60.
+ Clapoter ( to clap ) , v. n. , agiter l'eau avec les mains, maroher dans
les flaques d'eau. Dans ces deux cas, en usant du verbe dont il s'agit, on a
pour but d'indiquer le bruit produit par l'action qu'il exprime. C'est un
fréquentatif du verbe précédent. Dans Sherwood, clapper est dit pour
frappeur, et clapping, pour frappement. Cotgrave donne le verbe français
clappetter, qu'il traduit par to clap one with the hancl.
+ Claque (clack*, langue de femme), s. /"., bavarde.
La locution « queue claque ! » dont on use fréquemment en patois, quand on
parle d'une femme intarissable dans ses propos , équivaut réellement à
celle-ci : quelle langue ! C'est ainsi que, par métonymie , claque est devenu
synonyme de bavarde et que l'on dit , par exemple , de deux femmes méritant
cette qualilication : c'est une fameuse paire de claques.
Claret {claret), s. m., vin de Bordeaux.
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(delwedd C0258) (tudalen 0190)
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~ 190 —
Le 1" septembre 1557, pour ung de vin clai'et, iiii s.
Journ. du s. de GouberviHe, p, 371, éd, Ant. de N.
Clarifier {cîarefid', glorifié), v. a., illustrer. Dulat. clarificare, formé
lui-même de claruva facere.
Il accomplit l'édifice ou structure, Qu'en son esprit (il) vouloit clarifier.
DE Bras, Bech. et antiq. delà ville de Caen, p. 236.
Glas {clash , choc , résonnement) , 5. m. , appel , signal fait avec les
cloclies. D'où le français glas, du lat. classicum, son de la trompette.
E cil dedenz joins e las
Unt fait par tut soner les clas.
Bén., Cliron. de Norm., v. 4476, var.
Glas s'est dit dans le sens exact du mot anglais clash, c'est-à-dire pour
exprimer le choc de deux objets et le bruit résultant de ce choc.
Sor les hialmes ot si le glas Des espées d'acier trenchanz.
Id., Rom. de Troie, v. 17263.
Clause [clause), s. f., membre de phrase. Garnier dit, en parlant de son
poème :
Li vers (le couplet) est d'une rime en cinc clauses copiez (réunies).
S. Thom. le M art., p. 205.
L'œuvre de Garnier est en effet divisée par strophes , formés chacun de cinq
vers monorimes.
Clausion (closing , Sherw.) , s. f., clôture, action de terminer, d'arrêter
définitivement une chose. D'une forme fictive, clausionem, f-àile sur
clausum, part. pas. de claudere, former.
Le 18 décembre 1551, Pierre Eude présente de rechef ses comptes, requérant
qu'il soit procédé à leur audition, clausion et affermement.
Doc. cité par M. Bréard dans ses A rch. de la ville de Honjleur, p. 73.
Cleimer. V. ^laimer.
+ Clergeon [clergion,ie\\TVQ clercj, s. m., enfant de chœur.
E tant esteient espleities, Ke ne sai la kele léchons Est aie lire un des
clerjons.
Wace, Rom. de Rou, v. 501.
A la première profecie Que deveit lire le clerzon, Qui pris aveit beneiçon. .
.
BÉN., Chron. de Norm., v. 1312.
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(delwedd C0259) (tudalen 0191)
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— 191 —
Queu k'il seient, serjaunt fet en la D'eu maisun, Ni as à mettre main, nis el
petit clergun, Puis k'est dunez à Deu, s'esguardez la raisun,
S. Tlwin. le Mart., p. 45.
+ Clergi {clergy), s. v/^, clergé.
Sadoch od tut le clergie furent od David e portèrent l'arche.
Les Rois, p. i75.
Et les leis ke vus dites à quei li reis se lie Ne sunt de leautô, ainz sunt
de tricherie Kuntre Deu et raisun pur destruire clergie.
S. T/iom. le Mart., p. 63.
1. Clergie {clergie\ connaissances, sciences; benefil of clergie, privilège
de ceux qui savaient lire), s. f., science, savoir, instruction. — Clergie,
littérature. Kel.
En cel tems ert en Lumbardie Mestre Bernart de grant clergie ; En maint lieu
eut tenu escole. Si ert de li mult grant parole.
Wace, Rom. de Rou, v. 7111.
A clers de mult grant escient Le fist respondre e oposer, Par sa grant
clergie esprover.
BÉN., Chron. de Norm., v. 29202.
Au moyen âge, l'instruction n'était généralement donnée qu'aux clercs,
c'est-à dire à ceux qui se destinaient à l'état ecclésiastique, en sorte que
l'on prit l'habitude d'appeler clerc tout individu lettré, fût-il laïque, et
d'indiquer l'instruction sous le nom de clergie. Cette explication est
nécessaire pour faire comprendre ce que l'on appelait alors et ce que l'on
appelle maintenant en Angleterre « benefit of clergie. » C'était une coutume
suivant laquelle un individu, convaincu d'homicide, obtenait grâce de la vie,
dans certains cas graciables, lorsqu'il pouvait déchiffrer de vieux textes
s.'axons.
De même que clerc s'est dit pour savant, lai (laïque) s'est dit, par
opposition, pour ignorant. V. Lai.
2. Clergie (clergé). V. Clergi. Clergun, Glerjon. V. Clergeon. Clerté. V.
Clairté.
Clerzon. V. Clergeon.
Cliner [to dyne"), v. a., incliner. Du lat. clinare.
Ceo dit l'estoire e li escriz Qu'il ne se deigna une baissier
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(delwedd C0260) (tudalen 0192)
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— 192 —
Ne vers nul rei sun cors plaissier, N'a riens cliner, n'a sei suzmettre.
BÉN., Chron. de Norm., v. 206.
La dame s'est vers lui clinée, Si li a dit, comme senée ; Di, colibert, por
quel venis ?
GuiLL. de S.-Pair. Rom. du Mont S. Michel, v. 2636.
D'où clineiz^ mclinations, révérences :
Asez eut des Normanz clineiz e saluz.
Wace, Rom. de Bou, v. 3344.
+ Glinque {clinli, résonnement), s. f., coqueluche, toux sourde et convulsive
des enfants. Du tudesque Klingen, résonner.
+ Gliper {to clip, courir en hâte), v. n., avoir la diarrhée, ce qui
s'exprime, en Normandie, par « avoir la va vite », ï avoir la courante. »
+ Clique (klick), s. f., claque. Se dit le plus souvent de celles appliquées
sur les fesses d'un enfant, que l'on veut corriger.
Le diminutif masculinisé, cliquet, se trouve dans Vauquelin de La Fresnaye :
Su la fesse découverte
De Grimoult, d'une main verte,
Je vois assoir un cliquet.
Forest., I, 7.
+ Cliquer {to Jîlick), faire un bruit aigu), v. a., appliquer une clique (V.
ce mot), fouetter. Sherwood traduit to clap par claques, frapper, cliciuer,
cliqueter, taper.
+ Cliquette (clihet, Sherw. ; clich, loquet), s. f., bascule du loquet,
laquelle, abaissée dans le mentonnet, lient la porte fermée.
Cloche (manteau). V. Cloque 3.
Cloistrer (cZoî/5ire?% Palsg. ; cloisterer), s. m., religieux cloîtré.
Mes li cloistrer ne sevent mie, Qui Guident aveir dure vie, Pur ço k'il sunt
encloz dedenz, Quels est la peine e li turmenz, Qui sunt es lius dunt nus
parlum.
Marie, Parg., v. 1419.
Voil enfin devenir cloistrer, Nul autre richesce ne quer.
BÉN., Chron. de Norm., v. 12204.
+ L Cloque (dock', cloche; dock, horloge), 5. /., cloche,
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(delwedd C0261) (tudalen 0193)
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— 193
Du bas-lat. cloccarn^ que l'on Irouvè dans les Capitulairosde Charlemagne. Le
mot anglais moderne est une métonymie.
Et ne sonnoit nuUez cloquez en Rouen, ne à Notre-Dame, ne à Saiat-Oueyn, fors
cheux de la commune de la ville.
P. Cochon, Chron. nonn,. p. 163, Od. do li(\(uiep.
Elouney en fondeus de cloque.
L. Pkt., Mu.1i' nurin., p. 27.
Mais, quand nou souu'ra les clioques. . .
Rimes guen^,, p. llii.
+ 2. Cloque [clôt] , 6'. f. , grumeau de sang ou de lait caillé. V. le
Diction. fraiico-}inrm.. de M. Métivier.
+ 3. Cloque {clohe, Shcrw., cloaJi), s. ?«., manteau. V. le même Dictionnaire
et cloquer \.
On trouve , en ancien dialecte normand, aYec le même sens , cloche , forme à
laquelle correspond le v. angl. cloche)-*.
Une vieille cloche à famé, de petite valeur, à xi noiaux rons.
Jnvcnt. (le l.lS-l. cit6 par iM. Delisle dans les Aciers nonn. de fa Cil.
de.<! Comptes, p. 99.
Une grant cloche d'escarlate de Florence:
Invent, du mobilier du enrtl, il'Am lioi.ie, p. 486 (XVI' s,),
1. Cloquer (to cloach), v. a., couvrir d'un manteau, d'un cloque. V. Cloque
3.
Env'lopais et cloquis, comme si craignaient la plie.
lii/ne.i Jers., p. 10.
+ 2. Cloquer, Gluquer {to dock, tocluck), v. u., glousser, appeler en
gloussant. Du lat. glocire. Phil. d'Alcrippe a usé en ce sens de la forme
clocher :
Lesquels (poussins) elle (l'escoulle) mena et clocha, tout ainsi qu'une poule
fait les siens.
.\ouv, fabr. des exeelL, tv. de ver,, p. 91,
A. va, vient, cuert, tremble de furie Et cluque. . .
MET, Dict, franeo-norm. p. 130.
Closion. V. Claiision.
+ Clôt, te [dot, clod, motte de terre; to dot, former des mottes), aclj., qui
forme des mottes. De la terre clotte se dit de celle qui, après le labourage,
n'est pas suûisamment brisée. L'on prononce aussi quelquefois terre glotte.
Du lat. glodu)n ?
+ Clunsé (cleio), s. m., peloton de fil. V. le Diction, de M. Métivier.
13
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(delwedd C0262) (tudalen 0194)
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— 194 — + Cluquer. V. Cloquer 2,
+ CO [CO'), s. ni., cou.
Mey, qui craignais pour ma caboche, Pris vite men pie y à meii ces Et denichy
de là bien tos.
L. Pet., Muse norm., p. 2'J.
Les sept vents viennent me quais (choir, V. Caîr) su 1' co.
Rimesjers., p. 105.
Coarder. V. Couarder.
+ Cochon, + trée-plée , c'est-à-dire truie pelée ipig', soie' i), cloporte ,
insecte. L'on sait qu'en angl. mod. pig signifie cochon et que sow s'y dit
pour truie ; en lat. sus.
Cochon, au sens précité, comme dans celui du mot français, dérive du lat.
cutionem, nom donné au cloporte par Marcellus Empiricus. Le porc a été appelé
cochon, par assimilation de la forme de cet animal avec celle du cloporte ;
assimilation déjà faite au P'' siècle de l'ère chrétienne par Pline, qui
désigne le cloporte sous le nom de porcellio , diminutif de perçus. Cet
insecte, aujourd'hui encore, est a.iji}elé poix-elletlo en ital. ; en v. fr,
on le nomme, tantôt porcelet (1), ia.\\{ôi poiircelet de S. Antoine (2),
tantôt enfin cousson (3). n y a lieu de remarquer aussi qu'en put. du Berry,
true et treue signifient tout à la fois truie et cloporte.
+ Cocodrile {cokedrill')., s. ni., crocodile.
N'i a si vieUe ne se grille N'ait do merdier de cocodrille.
Mir. de laB.M. V.,\. 481.
Codignac {codiniack, Gotg.), s. m. , cotiniac , gelée de coings.
Le 30 aoust 1559... Symonnet fut à Yallongnes chez l'appoticayre quérir du
cyroop violât, succrre rosart, du codignac. . . et aultres drogues.
Journ. (la s. de Gouberc, p. 515, éd.. des Andq. de Xorm,
Coerction, Cohertion {coercion), s. f. , coercition. Du lat. coertioneni.
(1) II y a une cerlaine espèce d'animaux qu'on nomme porcelets, autrement
clouportes, lesquels quelques fois se mettent en rond comme des palenoires.
Meulin Cocc.riE, II, 398.
(2) O. de Serres , Le Th. de l'Agric., p. 912.
(3) Les limafons, coussons et semblables ennemis, qui rongent Ieiu"S
jetions (des melons) levés de terre.
Id., il>., p, 537.
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(delwedd C0263) (tudalen 0195)
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Ido —
Le juge ecclésiastique n'a pu gaigneivcf poincten France, d'avoir aucune
coerction, en cas de crime, sur les sujets du roy.
Tkiuîuî.v, Cuinmcnt. du dr. nurni., p. 174.
Ordonnances faites pour la cohertion desdits rebelles.
Couvent, des Trois États de Nonn., ilo 15'J8, p. 115.
+ Coffin [coffin) , s. m. , cornet de papier. V. le mot suivanl. Coffin vient
du lat. cophiaum, corljeille, panier. C'est en ce sens que le mot paraît
avoir été employé par Vauquelin de la Fresnaye.
Afin
De façonner d'ecorce un beau petit colin, Que là nous emplissions de fraises
odorantes, Pour départir après aux filles attendantes.
Past., p. 617.
+ Coffre (co/firt) , s. m. , bière, cercueil. L'on prononce souvent côfre. V.
le mot précédent.
Le maire a fait procéder à l'exhumation du corps du soldat allemand et l'a
fait transporter dans le cimetière de l'église de BoscBénard-Commin, après
l'avoir fait mettre dans un coffre.
L'I/ulustriel elbcucicn, 21 avril 1871.
La lueur d' la fouaie se r'nouvelle,
Et r paure alitai qu'entend L' cri du cahouan d' la chapelle.
Pense au colïre qui l'attend.
Bi/nes y liera., p. 79.
Cogent {cogent) , aclj., puissant, impérieux, pressant. V. le mot suivant.
Il pourroit bien après estre exoiné de voye de court.. . pour la cogente
nécessité d'icelle.
Le Rouillé, Gr. Cout.'da ISurin., i" xliij \' .
+ Goger [to cog\), v. a., entraîner, ]jousser, inciter. Du lat. cogère.,
forcer. V. Cogent.
Cogitation [cogltalion)., s. f., pensée, méditation, rélloxion, Du lat.
cogitationern.
Le cunseil acertes del segnur en parmanabletet maint ; les cogitatiuns de sun
cuer en generaciun e en generaciun.
Lib. psalm., p. 40.
Toutes les cogitations vagues et fluctuantes.
Malil, Lcxinue, ta. Lalaunc,
Cogue {cog)^ s. f., espèce de bateau.
La cogue de Frise ou de Dancmarche n'est pas tenue à prendre congié, et se
ele aporte cuirs, l'en doit de chascun lest v. d. as sergans.
Coust. de la olc. de l'Eaue de Rouen, arl. 10.
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(delwedd C0264) (tudalen 0196)
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— 196 —
Je Guillaume de Bourdiaux, mestre de la cogue du roy nostre sire, aquize sur
les Englois, cognois avoir eu et recheu. . . pour le fournissement de la dite
nef, vingt plates (armures), etc.
Déch. de 133-^', cilé par M. Delisle dans les Actes norm. de la Cil. des
Comptes, p. 198.
Cohertion. V. Coerction. Coiement. V. Quiement.
1. Goillir (to coil) , v. a., cueillir, détacher une fleur, un fruit de sa
tige. Du lat. colllgere.
\Villeme les flors regardout. . . Qui creissent en la lande lée. .. Quant il
en out coilli asez E dedenz son poing amassez. . .
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 599.
2. Coillir {to coil, to colle'), v. a., prendre, recueillir. V. Recoillir.
RoUans sis niés me coillit en haùr. Si me jugat à mort e à dulur.
Chans. de HoL, p. 3i5.
Tant s'umelie e tant s'encline
Li quenz Roberz vers son seignor,
Qu'il le r'a coilli en s'amor.
BÉ.\., Chron. de Norm. v. 29980.
Colite. V. Cuilte. Goilvert. V. Culvert.
1. Cointe, Kuint (quaint), adj., joli, gracieux, recherché. De comptum ou,
selon d'autres, de cognitum. Coint, affable. Kel. V. Cuintise, cointement,
queinte.
Od mul cointe apareillement. Pur amor del duc solement, Vindrent à la chace
en Lions, Od mult preisiés compaignons.
Béx., Chron. de Norm., v, 9842.
Esliz unt ne sai kels ne kanz,
Des plus kuint e des miex parlanz.
Wace, Rom. de Hou, v. G06I.
2. Cointe fastucieux). V. Queinte.
Cointement {quaintly, coynteliche*) , adv. , gentiment, adroitement. V.
Cointe., cuintise.
Par autre veit se sunt mis. . . Pur atendre tut cointement, Si chevaliers ja
foiement S'entrebateient sur lur agait.
BÉN., Chron. de Norm-, v. 2731 .
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(delwedd C0265) (tudalen 0197)
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— 197 —
Bien sout paistre un oisel e livrer e porter ; En bois sont, cointeinent e
berser e vener.
Wace, IU>in. lie Boa, v. 2515.
Cointise. V. Cuintise.
Coisir. V. Koisir.
+ Coissin {cosshen\ qioeseyn, cuysshen. Palsg-.; quyishea, du G,, Gram.^ p.
909), s. m., coussin. Du lat. culcita)n, par un diminutif ciilcilinum. En
JDas-lat. coisiauin.
Paratur cathedra, si episcopus preesens sit, cum paliolo et coisino.
Ordinariani ccclesiu' Lexaviensis (XIII' siècle).
Por quevechel ou coissin de plumes sans coûte, ii d.
Cougt. lie la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 18.
L'on a dit aussi, en dialecte normand, cossin, forme qui se rattache de très
près à celle anglaise cosshen, précitée.
Et puis t'en vas isnellement Et li portes coste et cossin Couverture et deus
dras de lin, Pour li couchier.
Mir. de N. D. de Rob.-lc-Diahle, p. 8t.
i/^ Coite {coyte , disque, palet, petit objet en forme de
roue) (1), s. /"., molette, partie de l'éperon en forme de
petite roue, munie de pointes, qui servent à piquer les flancs du cheval.
Hastis à coite d'esperon. . . Ne sejorne n'ainceis ne fine Derrer à coite
d'esperon.
Rkn., Clii'on. de Norm., v. .5551 et 18177.
Cuite., s'est dit avec le même sens :
Puis si r vendrez succure à cuite d'espurun.
C/tron. de Jord. Ftmt., v. 306, var.
De colle est venu le verbe coiier, aiguillonner, exciter,
pousser.
Sa nature à ce le coite. Rom. de Cleomadès. cité dans la Cliron, de Benoît
II, 388, c. 2, et probablement aussi le subst. anglais coistril, fuyard,
Goivre. V. Cuivre.
Col, Chol [cole'., cole-xvort), s. m., chou. Y)n lat. caule^n.
Jo mépris, dist Rou, kome une faille de col.
Wace, Rom. de Rou, v. 1097.
(1) L'angl. mod. rowel, molelio. reproduit, la même idée, celle de petite
roue ou rouelle.
V
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(delwedd C0266) (tudalen 0198)
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— 198 —
Dune comença sun cors durement à grever,
E les grosses viandes, chois et nefs (navets) à user.
5. Thom. le Mart., p. 126.
Cole. V. Coule.
Colée {colUng\ embrassemenl), s. /"., accolade qui se donnait au nouveau
chevalier. Dérive de col.
Là si li dus fait chevalier E ceint le trenchant brant d'acer ; Ne fez cum
fist saint Pierres qui dona la colée,
S. Tltom. le Mart., p. 1-23.
Ni oblia pas la colée,
A chascun de eus a ceint Tespée,
BÉN., Cfiron. deSorm., v. 17887,
Coleice fporte). V. Porte coleice.
+ Celer (se) {to colV 2), v. réfl., se couler, se glisser. Du lat. colare,
filtrer.
Pur tel se cotent en mi els.
BÉ.\., Chron. de Xorm.
Le verbe a été usité, de même, activement.
Sur l'espauUe senestre l'espée li cola,
Le mantel et les dras très k'al quir encisa.
S. Thom. le Mart., p, 194.
Collauder {lo collaud, Colg.), v. «., combler d'éloges. Du lat. coUaudare,
En collaudant un breuvage loyal
On ne faict tort ni dommage à personne.
J. Le Houx, C/ians. du Val de Vire, p, 134,
Collector (collector), s. m., receveur des redevances publiques. Du bas-lat.
collectorem.
Il prist de Raoul Le Moine x s. pour la souvencion le Roy, et ne les avoit
rendus ne as collectors ne à Le Moine.
Sent, des Enquéteuv.-i en la Baillie de Caen, art. 9.
Colombe. V. Columne.
Colomne. V. Columne.
Golour [colour), s. f., couleur, apparence.
Per non soulement ereit
As angles en bêles colours. , .
Vie de S. Grég., v. 701.
Colp [dope'), S. m., coup. De colptim, mot ancien dans la liasse-latinité.
Clope est formé par métathèse. C'est ainsi qu'en français de boucle on a fait
hlouke et que iape a formé pat en anglais. V. Coper.
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(delwedd C0267) (tudalen 0199)
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'J90 —
Granz sunt les colps as holmcs detrencher.
Clinn>(. <le RoL. p. 325.
E cum Rous la place lierlnise De lur cler sanc moille e arose, Qui tant par a
le cors vassal, Qu'il ne redute colp mortal.
Hkn., Clirnn. de Norin., v. 2575.
Goitre. V. Cullre.
Columne, Columpne, Colomne (column), s. /"., colonne. Du lat.
coluuniain.
Je confermerai les columnes de 11.
Lib. psahn., p. 100.
Ces columpnes fist li reis aseer dedenz le porche.
Les Rois, p. 253.
La religion est la plus asseurée et ferme colomne des Estais et royaumes.
Couvent, (les trois Et. de Norm. de 1595, p. 66.
Ije patois normand a un mot qui lient au même radical, Je mot colombe, par
lequel on désigne une pièce de Loi.s posée à plomb , soit pour former un mur
en galandage , soit pour soutenir un chevêtre, un coml)le ou toute autre
pièce de charpente. Le mot n'est pas moderne :
Par les mains le pendent en sum une columbe.
CI, ans. de Roi, p. 218.
Gomand, Cornant {command], s. m., commandement.
Ço dist le pedre : Fitz, quer t'en vai colchier Avoc ta spose, al comand Deu
del ciel.
Ale.r.,%\\: H.
Ne 11 serunt obedlent Plus à nul jor mais en avant, Ne son plaisir ne son
cornant Ne fereient en negun leu.
Béx., Chron. de \orm., v. 8165.
Comander, Commander {to coinmend), v. a., recommander. Du lat. covimendare.
V. Commcndallon.
Nul ne receit home ullre ilj nulz, si cil ne 11 comand od qui 11 fu.st asslz.
Lois de Guill., 16.
Il out une serur pucele En sa cambre qui mult fu bêle; La dame 11 a
commandée, Bien fu servie et honurée.
Mahie, Gugcrner, v 715.
Gomandere. V. Cumandere.
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(delwedd C0268) (tudalen 0200)
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200
Gombinacion [comhi nation), s. f. , alliance, association, ligue, coalition.
Du lat. eomlnnationem .
Il y a combinacion
Bien terrible dessus les champs.
i\ GuiNG., I, m\.
La combinacion du sens de plusieurs saiges augmente et accroist le sens de
chascun diviseement.
Le Rouillé, Gr. coût, de Norm., f° xviij r°.
•+ Combler {to compel), v. a., décider, contraindre, forcer. Du lat.
c<jjnpellere. s II m'a comblé à l'écouter. »
Combler est une corruption de l'ancienne forme compeller.
Depuis l'érection de la dicte court (de l'Échiquier en Parlement), l'on a
pratiqué plusieurs foys mandement pour compeller les coUateurs à bailler
collation pour éviter la dévobition.
Ordon. du Pari. île Norm. de 1515.
Le donnent lettres royaux à la chancellerie pour compeller le diocésain à
bailler collation du bénéfice au second présenté.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. £98.
Comin. V. Commin.
\. Commander {to comrnend), v. a, livrer, abandonner. Du lat. i-oinmendare^
confier.
Jopin le Ju (Juif) à la mort jugèrent (condamnèrent) ; Tost à serganz le
commandèrent.
Hufiue'< de Lincoln, p. 15.
2. Commander (recommander). V. Comancler.
Gommendation {commendation, recommandation) , s. f., recommandation de l'âme
à Dieu, prières de l'Église pour les morts. Du lat. commendationem. V.
Comander.
Mais l'arcevesque e le clerglé E li covent vindrent irié, Od mult haute
procession, Faire la commendation.
BÉN., C/iron. de Norm., v. 39727.
Item, les dis pi-evost et esquevin et tous les douze servans doivent amende
quant aucun d'iceulx nommés defîaillent à estre. .. à la commanLiation, au
corps lever, à i'oiïrende de la messe.. .
Stat. de J40(i de la Charité de N.-D. de la Couture de Bernay, art. 31, dans
les Méni. et notes de M. A ut/. Le Precost, I, 309.
Commin , Comin (comyn)., s. m., cumin, plante.
Autres choses que le poivre et le commin et les aleraandes (amandes).
Coust. de la Vie de l'Eaue de JRouen, art. 13.
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(delwedd C0269) (tudalen 0201)
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— 201 —
Pour une livre de comin, pour la cuisin-e, 12 d.
ContpU' de l'ilid, cilC pur M. l'iunuo! dans son E.'isnc hist. sur B'u/i'Ud-,
p. 196.
Commission (commission), s. f., mission. Du lat. cornmissionem, action de
s'engager.
Nature, que Dieu fa baillée en ayde, n'est point oiseuse en sa commission.
Al. Chaut., l'Iisp., p. 28U
Commixtiun {commixion, Sherw.), .>^. /"., mixtion , mélange. Du lat.
coiJimixtionem , action de mélanger.
Puis que vus avet iceste commixtiun faite, triblez tut ensemble en un morter.
Per. traité dp. incd. du XIV s., publié par M. Boucheiic, p. 7.
Gommoveir [to cnm.move) , v. a. , émouvoir, agiter. De conimovere.
Si s'en commovrent tote la gent de Rome.
Alrx.,%i\'.im.
Quant de la ville saisi fu Le pais a tout commeu.
GuiLL. de S.-Paih. lU>m , du Mont S. Michel, v. 13!)3.
+ Commune {communes')^ s. /"., le commun , la généralitr (des
combattants).
Senz genz à pié e senz commune Clievalchent la nuit à la lune.
Bén., Cliron. de A'orm., v. G99.
Communer {ta com,mune), v. a., distribuer, répartir, partager. Du lat.
coinmunem, commun, qui appartient à plusieurs.
... Je ferai encore le gaaing communer Si que tuit en serom et compaingnon et
per.
Wace, Rom. de Bon, dans Lacurne.
Communication {communication, Sherw.), s. /"., action de l'endre commun
à une ou plusieurs personnes ce qui est destiné à une ou plusieurs autres,
participation. Du lat. communicatlone'jii , action de mettre en commun. V.
Communiquer \ et 2.
Et ne laisse l'on à payer les dits salaires, combien qu'il n'en ait esté rien
payé par la partie, non plus que le salaire des advocats et procureurs. Car
la partie en est d'autant tenue à eux ; et n'est sujet de faire communication
de ceste amitié (désintéressement) à sa partie.
Teurikn, Coniinent. du dr. norm., p. 722.
1. Communier [commoner'), s. m., légiste, homme de loi, avocat, avoué.
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(delwedd C0270) (tudalen 0202)
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— 202 —
Le jeudi, dernier jour (de juin 1558).. . je baillé à Mangon de Bris xvii
libres, dont il me promist acquictter vers son frère, communier du chappittre
de Coustances.
Journ. du s. de Goubercille, p. -iS.j, éd. des Ani. deNorm.
2. Communier {lo commune, SheiAv.; to commune), v. a., communiquer, avoir
commerce . fréquentation avec , conférer, converser avec. Du lat.
commuaicare,
Ot humes ovrans felunie; e ne communierai {non communicabo) od les esliz
d'els.
Lit. psalni., p. 219.
\. Communiquer [to commicnicate', partager), v. a, mettre en commun pour
partager. Dérive, comme le verbe précé dent, de commuaicare, mettre en
commun, entrer en partage. V. Communication.
Si le tuteur communique ses biens et son revenu avec ceux que communiquoit le
défunt père du pupille et use de mesmes facteurs et entremettiers, tacitement
il continue la parçonnerie (l'association).
TEUniEX, Comment, du dr. norm-, p. 246.
2. Communiquer [to communicate), v. n., prendre part, participer. Y.
Commioiicallon.
Afin que le lieu qui est destiné à recevoir la compagnie des saints, pour
ouyr"~la parole de Dieu, communiquer aux sacremens et faire prières publiques,-ne
soit la fosse des brigans et la retraite des meschans.
Id., ib., p. 519.
Communité {coimmcnity) , s. f., communauté, société possédant en commun. Du
lat. communilatem.
Le corps et communité de la dicte ville (de Lisieux) pourront présenter sel
gros ou grenier royal d'icelle ville, pour le prouffit qui en ystra emploier
ez repparacions et fortificacions d'icelle ville.
Couvent faite en liiO entre l'évùque de Lisieux et les représeiilants de
Charles VIT. — Ordon. des rois de Fr., XIV, 61.
Ainsi plusieurs communiiez ont accepté seigneurie hereditale, nommée royaume,
comme plus parfaite.
Al. Cn.xr.T., L'Esp., p. 315.
On fait encore usage aujourd'hui en Normandie d'une ancienne dénomination,
empruntée au droit coutumier, celle d'acle d'incommunité, qui est une
convention déterminant, pour des personnes habitant en commun, quels sont les
meubles appartenant à l'une d'elles , afin qu'au décès de celle-ci , ses
héritiers ne puissent en réclamer d'autres.
Dans plusieurs cantons de la Normandie, lorsque le père ou la mère se dispose
à résider chez l'un de ses enfants et vice lersn, on fait des descriptions
des apports devant notaire et des actes que Ton appelle d'incommunité.
Pesneli.e, Coût, de Xorm. expliquée, p. 449, en note.
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(delwedd C0271) (tudalen 0203)
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— 203 —
Compaigner {to companye*), v. a., accompagner, aller de compagnie.
Mais le herpail (la troupe) suivent pour le jourd'uy Et compaignent en
bruyères et landes.
P. GUING., I, IGl.
Fait repaistre les yeux des fols, qui sont en bruit, à remirer la suite de
ceulx qui les compaignent et enclinent.
Ai.. (:;iiaut., l'hsp., p. 2(17.
Compainz. V. Cumpainz. «>
Comparisun (comparison), s. /., comparaison.
Si ces peines esteient mises Contre les autres e assises, N'i aureit il
comparisun Plus de egle e del pinçun.
Mauie, Ptirrj., V. liOT.
+ Comparition {compariiion , Shei-w.j , s. f., comparution.
Si on obmet audit jour de la première comparition à faire instance de ladite
élection de domicile, on pourra neantmoins la demander puis après, jusques à
la clausion du procès.
Terhien, Comment, du dr. not-m., p. 361.
Comparition est le substantif du verbe comparisser.
Ce vice seroit purgé si la partie comparissoit au jour assigné.
/'/.. il)., p. 355.
Compasser {to compass), v. a. . entourer, environner, en fermer, fortifier.
Compasser, fuit le tour de. Krl.
Cil ki primes l'adefia
E qui le chastel compassa,
Mult lu e sages et corteiz.
W.\CE, nom. de Hou, v. 400.
Un riche palais... édifié de murailles eslevées et de liaultes
tours, compas.sé, comprins et environné de diverses et diderentes
habitations.
Ai.. Cii.M'.T., Le Quadrihjf/ue, p. lOS.
Gompeller. V. Combler.
Compétent {compétent) , adj., raisonnable, convenal)le. Du lat. Competenlem,
suffisant.
Baillant délay compétent de le faire savoir à son maistre.
Ordon. du Pari, de Aor/u. t/e 1515 .
Aussi, au dit temps, les vivres et toutes marchandises cstoyent à prix
compétent ; le bon vin françois et de Bourgogne n'estoit vendu que deux sols
le pot, et le plus excellent de Beaune et d'Orléans deux sols six deniers ou
trois sols au plus.
DE Br.\s, Nec/i. et antiij. <le la ville de Cacn, p. 82.
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(delwedd C0272) (tudalen 0204)
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— 204 —
Complaignant {coraplainaat), s. m.^ plaignant. Terme de droit. V.
Comxjlaiyidre [se).
L'appelant ou complaignant déchoit de son appel ou doleance et est le juge
conformé.
Ordon. du Pari, de Norm, de 1515 .
Complaignement , Complaingnement (complaining), s. r/i., plaintes,
récriminations. V. le rnot qui précède et les deux qui suivent.
Granz claims e granz complaignemenz En faiseit mut tote la genz.
BÉN., Chroii. de Norm., v. 17589,
A voir est premièrement
De clameeur ou complaingnement.
Coût, de Norm. en vers, p. 98.
Complaincte , Complain {complaint) , s. f. et m. , plainte. V. les deux mots
qui précèdent et celui qui suit.
Et se trieve luy est enfrainte. Il peult ainsy fayre complaincte.
Coût, de Norm., en vers, p. 109
Et les yeulx de termes si plains Avoit, en faisant ses comptai ns, Que moy
mesme, pleurant, la plains.
Al. Chaut., Le Lie. des Quatre Dames, p. 621,
Complaindre (se) (to complain), v. réfl., se plaindre , se lamenter. V. les
trois mots précédents,
Herloin se complaint, en plorant quist merchi.
Wace, Rom. de Hou, v. 2571.
Ne ne me doy je pas bien complaindre?
Al. Chaut., Au. .^enesc/ial d'Eu, p. 757.
Gomplir {io coinplish') , v. a., accomplir. Du lat. conipilere.
Jeo d'iceu qu'il fist sur Waucreis, N'i puis trover ne jor ne meis. Fors
quarante dous anz compliz.
BÉN., Chron, de ISorm., v. 83G2.
Coniportement [comportement) , s. m., conduite. C'est le substantif du verbe
se comporter. V. Comporter [se) ].
Il a tousjours eu désir d'avoir beaucoup d'amis, de les conserver par douce
communication, d'endurer de leurs mceurs et cBmportemens et de s'accommoder
de leurs affections.
Vauq. de La Fue.sn'., Or. fun. de Rouxel, p. 265.
1. Comporter (se) {to comport), v. réfl. , s'accorder, vivre en lionne
intellioence. V. Comportement.
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(delwedd C0273) (tudalen 0205)
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~ -205 —
Par lequel (arrêt) les requerans furent déboutez de leur requeste et enjoint
aux parties de soy comporter ensemble et chacun endroit soy.
Teriuen, Coin /lient, du <lr. norni., p. 17S.
-1. Comporter {to t'omport), v. a., sup[)ortor, souffrir.
Il (Marot) adoucissoit ses sornettes et brocards de tel jugement, que à ceux
à qui il importoit de s'en ressentir, les comportèrent doucement.
Vauq, de La Fkesn., Disc sur la Sat., p. 130.
Compost , Composter. V. Compôt, compoler.
+ Compôt {compost), s. >n., mélange de fumier, de marne, etc., et de terre
végétale. En bas-lat. compostiim dérivé du lat. composilum. V. le mot
suivant.
Promisit etiam idem magister quod totum lumum et compostum nigrum, quod fiet
in manerio dictorum religiosorum. .. ponet seu poni taciet in terris.
Bail (/e 1302, cité par M. Delisle dans l'A;/r(c. en Norm. (tu inoij. àgo, p.
261 .
Touz les vilanages sont tenuz à mener et apporter, chescun por sei, tous les
fiens, tout le compost deu manoir l'abbé es camps et coutures.
Lio. des jurés de S. Oueii de Rouen, î° 69 V.
Ou de mettre hors des estables Les compos et de tieulx semblables.
Coût, de Norni. en v., p. 72.
Ne placer au pied des pommiers qu'un compost de marc de pommes, de terre et
de cliaux... c'est là une des principales conditions. . . pour améliorer la
qualité des fruits à cidre.
MoRiKRE, La cuit, du poin. et la prép. du cidre, p. 127.
Les bouses sont enlevées pour former des tas et des composts... qui sont
répandus sur la terre en temps opportun.
Journ. de Lis., 8 sept. 1875.
-l" Gompoter [lo compost), v. a., améliorer la terre avec le compôt. V.
ce mot.
De compost mettre hors et traire. Composter terres et fayns faire.
Coût, lie Sorin. en v., p. !)(>.
Accomposter a été employé dans le même sens par Vauquelin de la Fresuaye.
Quoy me feront ces novalles (terres nouvellement d6frichées)ostées, Qu'en
leurs saisons, j'ai tant accompostées.
Pi (St., p. .^3o.
Compresser {to compress) , v. a., comprimer, resserrer. Formé sur compressum,
part. pas. de comprimere.
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(delwedd C0274) (tudalen 0206)
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— 206 —
Les verroulx estoient compressez du rooil (par la rouille).
Al. Chaut. , l'Esp., p. 27U.
Compunctiun , Gompunction [couipunction), s. f., douleur cuisante, vif
remords, componction. Du lat. compuncùionon, action de piquer.
Tu demustras al luen pople dures choses, abevras nus del vin
de compunction.
Lib, psalm,, p. 77
S'en ot el quer compunction De ses plours e de sa raison.
Vie <k- S. GWy., V. 2587.
4" Gompundre {io conipouncl}, v. a., faire venir à composition,
déterminei'. Du lat. compungere.
Parsuid hume sufïraitus e povre, e le compunt per quer, que il le ocesist.
Lit. dus Ps., CVIII, 17.
Goncelation {concealiag, Sherw. ; conceahnent), s. f., action de cacher, de
détenir en cachette. V. Conceler.
Ceux qui auroyent obtenu bénéfices, au moyen de la garde et concelation
desdits corps morts, devoyent estre privez du droict petitoire, etc.
Terrien, Comment, du dr. nor/n., p. 280.
Conceler {to conceal), v. a. , receler, cacher. Du lat. concelorc, cacher
soigneu.sement. V. Concelation.
Tantost ne soi pot plus tenir Qu'il ne mostrat tôt en apert Ço qu'en son quer
tant longes art Concélé devant icele houre.
Vie d.,j S. Gr-ég., v. 228.
Celuy qui fait cession (de ses biens à ses créanciers) baille sa ceinture en
jugement, estant nue teste. . . jurant et affirmant qu'il n'a malicieusement
caché ne concelé ses biens, etc.
TeI!RIEX, Comment, du dr. norni., p. 452.
Goncevance. V. Consevance.
+ Gonceveir {to conçoive), v. a. . concevoir. Du lat. concipere.
Conche (concli), s. f., conque, vase en forme de coquille. Du lat. concharn.
Une grant conche aussi d'argent, pesant xxv m.
Invent, du inob. du card. d'Am boise, p. 496 (XVI' s.).
Goncile, Guncile (council), s. m., conseil, assemblée. Du lat. conciliuni.
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(delwedd C0275) (tudalen 0207)
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— ^201 —
Belias a tenu son concile A Eiiroïe dedans lu ville.
Wace, Jioin. de liou, V. 2610.
Li leus a concile ensemble : A ses baruns a demandé Qu'il deit faire par
juigement, De cheli qui triche et li ment.
M.VKiE, Fable 37.
Li reis Lowis de France si fud à saint Denis, E tint un grand cuncile de tuz
ses bons amis.
Chron. do Jord. lùmC, v. 31.
Conclure {to conclude) (1), v. a. , enfermer. Du lut. co/icliidere, enclore,
renfermer.
Ne conclusis mei es mains del enemi.
Liù. j)Sulin., p. 3G.
S'il le concluent, jà li toidrunt la vie,
Épitre farcie pour lejuitr S. Etienne, cilOc par M. G;is(on Paris, JahrOuch,
IV, 310.
Concordance {concordance, Sherw.), a. f., accord, bonne intelligence.
Sire, fait cil, la concordance Ot de tei e del l'ei de France Si'n est molt
liez e mult joios.
BÉN., Chron, de Aor/n., \, 6525.
Concordaument {coyicordantly), adv., d'un commun accord, conjointement.
Li sénateur e li clergein, Ovec tôt lu poeple romein, Concgrdaument en un
venoient E Grégoire à pape eslisoient.
Vielle S. Grc;/., x.lOO.
Concorde [concord), s. f., accord, convention. Du lat. concordia)n, accord,
bonne intelligence.
Le concorde en estoit faicte par son mary, la femme, etc.
Ane. coat. de Norni-, cli. c.
Concurrer {ta concicr) , v. n. , concourir. Du lat. concurrere. Concurrer a
laissé dans la langue concurrence , concurrent, concurremnient.
(1) Le d élymologique, con.servé par l'anglais, se rencontre aussi dans un
document normand du XV° s.
Les trois Estas, suffisaument fondés, concludcnt «lu'ils sont en sutlisant
nombre, etc.
DcHib. de 1161 des Étals de Norm., citée par M. giiiclier.il dans Ylli.nl. de
Ch. VII de ïhom. Basin, IV, 223.
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(delwedd C0276) (tudalen 0208)
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— i08 —
Je souhaiterais qu'on l'observât (cette règle) inviolablement , quand on fait
concurrer deux actions différentes, bien qu'elles se mêlent ensemble.
P- CoK>., Disc, du prjcme thran.
Conàemnatioa (condeinnation) , s. /"., condamnation. Du lat.
condeiiinationem. V. Condemner.
Des escheances qui viennent d'aventure, l'une est par fief, l'autre par
establissement, et la tierce par condemnation.
Ane. Coat. de Noria., cb. xxv.
Au regard de la délivrance ou condemnation du prisonnier. . . Le Rouillé, Gr.
eoat. de Nonn., i" ix r'.
Condemner {ta condenin), v. «., condamner. Du lat. conderanare. V.
Condemnation.
Cuverterunt en l'aneme del juste et sanc nonnuissant condemnerunt.
LUi.' p<cihn., \>. 138.
Quant aulcuns qui auront esté condemnés à estre fustiguez, etc. Ordon. de
l'Échi<j. de Norm. de 1501.
Condigne (condign), adj.. juste. Du la.t. co^idignum., tout à fait digne. Une
récompense est condigne d'un service, quand elle est en parfait rapport avec
ce service.
Aux vrais nobles n'est faite condigne recompense de leurs loyaux services.
.\l. Chaut., Le Quadrilogue, p. 433.
11 est bien vray que tes vers amoureus Plus qu'on ne croit te rendront bien
heureus, Et te rendront pour salaire condigne, Douce en tes bras, la hautaine
Chlorine!
Val'q. de La Fr.E.SN'., Forest , I, \.
Conducteur iconductor) , s. m., chef, celui qui est à la tête.
Le connestal^le de Castille conducteur de la ditte armée.
Journ. d'an bourtjeois de Gisors, p. 1U7.
Conduit. V. Cunduit.
Conformer {lo conferme., Pals».), v. a., confirmer. Du lat. confirmare.
Conformer est la forme primitive ; elle a persisté dans la langue jusque vers
la lin du XV s. , époque à laquelle les savants , qui voulaient rapprocher le
plus possiljle tous les mots de leurs radicaux, substituèrent confirmer à
confermer. L'ancienne forme se retrouve dans le provençal confermar. — Pareil
changement de Vi en e existe dans le fr. mod. fermer, venu de firmare, ainsi
que dans le v. fr. affermer, affirmer, dérivé dCaffirmare. V. A fer mer.
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(delwedd C0277) (tudalen 0209)
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— 209 —
Sur mei est confermez la tue forsenerie.
Lio. des Ps., LXXXVI, 7. Li reis l'at. . . tut einsi confermé.
S. Thurn. le Mart., p. 67.
Confesser {confessor) , s. m., confesseur, nom que l'on donna, aux temps de
la primitive Église, aux chrétiens qui confessèrent leur foi jusqu'à subir le
martyre, mais sans en mourir.
Quand iloc tremblerunt martir et confessor, Dites mei que ferunt parjures et
traiter.
GuiCHAi'.D DE Beaulieu, Scr/Hun, \>. 19.
+ Gonfière [cumfrey, cumftrie'] (i), .s f., consoude, plante médicinale.
+ Confites {comfits , confiting', confeit'), s. f. pi. , dragées. V. le
Diction, franco-norni. de M. Métivier.
Confortement {conforting, Palsg.), s. m., allégement, consolation, soutien,
bien-être. En prov. conforlament.
Pur c'ert la gent si miserine. . .
Si doleros, si maubailliz
Qu'en eus n'a mais confortemenz.
BÉN., Clivoii. de Norm., v. 2671.
Confrarie {confranf) , s. /., confrérie, association. V. Frérie.
Iceux bremens (portefaix) s'assemblent une fois l'an... afin de paier au
clerc de la paroisse S.-Nicaise de Rouen leur droit de confrarie. ■
Coust. de la Vie. de l'Eaae de Rouen, art. 69.
Confusiun , Confusion (confusion), s. f., ruine, dommage, perte. Du lat.
confitsionem, désordre.
Sur nos cors chiet maie confusiun.
Chans. de Roi, p. 227.
(Les) personnes riches et plus aisez des parroisses,. . . neantmoins payent
fort peu de tailles, à la charge et confusion des
Cali. des Et. de Norm, do 1G06, p. 91.
Confater {lo con/ute), v. a., réfuter. Du lat. con future.
(1) Halliwell U-aduit ce mot par dcUsy, pâquerette ; or, en v. fr.,
pa.'^rjaerettc, pasquelte ne désignaient pas toujours la petite marguerite
blanche ; ces mots s'appliquaient aussi quelquefois à la consoude ; témoin ce
passage d'Ol. de Serres :
Comsire (dans Cotgrave consire) ou grande consoulde est plante de terroir
humide; par d'aucuns est appelée joosf/ae^îe, d'autant que communément elle
fleurit vers Pasques.
Théât. de l'Agrle. et mesnagc des champs, p. 610.
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(delwedd C0278) (tudalen 0210)
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— -210
Nice (Nicée), ville... où fut l'erreur et hérésie de Arrius confutée et
condamnée.
De Bras, Rcch. et antiq. de la ville de Caen, p. 15.
Il le puisse confuter.
Vauq. de La Fresn., Oi; sur la Calom., p. 200.
Congeer {to congé'), v. a., congédier, renvoyer , expulser. Du la t.
commettre.
E li reis comanda k'il fussent congeez.
Wace, Rom. de Rou, v. 797.
Seignors, fait il, de Normendie Sûmes pramis à congeer E à la terre délivrer
Ne vout li reis qu'i ait Daneis Tôt a doné à ses Franceis.
Bén., Chron. de Norm., v. 15619.
Congie, Gongy [congie')^ s. m., congé, permission, autorisation. Du lat.
commealum. V. Congier, coungé.
L'en lui doibt querre mariage, Au congie de sa signeurie.
Coût, de Nor/n, en v., p. 84.
La cour ordonne . . . qu'aucuns passagers ne s'en yront sans son congy (sans
la permission du prévôt du roi).
OrdoH. de la C. de Guernesey, de 1527, citée par M. J. Havet, dans Les cours
roij. des îles norm., p. 99.
Congnoistre. V. Conuislre.
Gongreger (lo congregale), v. a., assembler, réunir. Du lat. congregave. V.
Conrei.
Lesdites chambres (du Parlement) ne doibvent estre congregées en assemblées
si par ladicte court n'est ordonné.
Ordon. du Parlement de jVorw. de 1515.
Grand nombre de bourgeois, manans et habitans de ladite ville (de Caen)
congregez et essemblez par auctorité de justice...
DE Bras, Récit, et antiq. de la tille de Caen, p. 133,
Congy. V. Congie.
Conie. V. Counni.
Conjurer {to conjure), v. a. , prononcer des imprécations contre quelqu'un,
le maudire.
Dame Diex ne doubta , ne la maleichon : Bien en deit l'aime aler à grant
confusion. Tant il l'a deservi, e nos le conjuron.
\Vace, ftom. de Rou, v. 759.
Connin {conynge'), s. m., lapin. Coning , lapin. Kel. Du Int. cuniculuiû. V.
Counni.
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(delwedd C0279) (tudalen 0211)
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-211
Le 27 juin 1558... j'avoys desjeuné chez Loys de Lamer... et mengeasmes ung
connin et des poulelz.
Journ. du s. de Goubervi'le, p. 453, éd. des Ant. de Norm.
Au comprins de la quelle ferme y a une garenne à connins.
Aveu de 1604, cii6 dans les Mém. et notes de M. Aug. Le Prévost, II, 89, col.
1,
Connoistre. V. Conusant.
Gonoisance. V. Cimoisance. ^
Conquere. V. Cunquerre.
Gonquereur {conqueror), s. m., conquérant, vainqueur.
Le fiiz du roy Henry de Lencastre , conquereur en France , nommé aussi Henry
de Lencastre...
Chron. du M ont-S. -Michel, p. Gl.
Des conquereurs à toy donner.
Ai,. Chart., L'Esp., p. 305.
Gonquerir {lo conquer), v. a., acquérir. Terme de droit. Du lat. conquirere ,
chercher ensemble. Le substantif de ce verbe, conquête est resté français.
Bastard ne peut estre héritier d'aulcun héritage , mais par achapt... le peut
il bien avoir... Il peut conquérir, et ce qu'il aura conquis il le peut
donner, vendre ou engager à qui il vouldra.
Ane. coût, de .\orm., ch. xxvii.
Les héritages. . . conquis durant le mariage de luy et de sadite femme, etc.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 237.
Gonquerre. V. Cunquerre.
Conrei {conrey') , s. m., ordre. i'an;j- , compagnie, suite, troupe. Du lat.
congrex.
Mais mult i a jà d'eus occis ; Ne tenent conrei ne bataille.
BEn., Chron. de Norm., v. 1154.
E issent de la vile od merveillus conrei.
Chron. deJord. Fant., v. 1927.
Gonsecrer [to consecrale), v. a., consacrer, vouer. Du la!. consecrare.
E consecrerent Beelphegor, e manjerent les sacrefises des morz.
Lib. des Ps., CV, 27.
Gonseiller. V. Cunseiler.
Gonseler (to counsel), v. a., conseiller.
Et pour ce lui conseloit... que elle et ses enfanz se meissent hors de la
voye du roy, en tel lieu qu'il fussent.
P. Cochon, Chron. norm., p. 282, èà. de Boaurep.
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(delwedd C0280) (tudalen 0212)
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— 212
Consentir (se) {lo consent) , v. réfl. , s'accorder, vivre en bonne
intelligence. Du lat. consentire , qui a le même sens (senlire cum).
Certeinement te puis retraire Par les oiseals qui avoioent, Qu'en la fontaine
se baignoent E qui en paiz se consenteient Que orguil ne mal ne se faiseient
Qni pasturoent à bandon E manjoent senz contençon, Signefie poples e genz,
etc.
BÉN., Chron, de y'orm,, v. 1572.
Consentir s'est dit aussi neutralement au sens d'être d'accord,
d'intelligence avec quelqu'un, de connivence avec lui.
Apres ce, s'aulcun le (condamné au bannissement) voyt ou consent ou recept
(lui donne asile), s'il ne le l'end à la justice on crie haro après luy... il
le doiiDt amender par le chatel, à la volunté au duc.
A/ic. coiiC. de Norm., ch. xxiv.
Gonsequentement (consequently) , adv. , conséquemment , d'une manière qui
.s'enchaîne. Le < étymologique se retrouve ici, comme nous l'avons déjà
remarqué à absolutement.
Après ce que nous avons parlé de la dessaisine de femme, nous dirons
conséquentement de la dessaisine à ancesseur.
Anr. coût, de Norin, ch. xcviii.
Consevance {conceiving), s. f., conception, travail de l'esprit qui coordonne
les éléments d'une œuvre et en déduit les conséquences qu'il veut en faire
découler.
Avant osrez, si com j'ai dit,
La consevance de cest dit (récit).
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 9227.
Consonant {consonant) , aclj. , conforme, d'accord avec. Du lat, consonantera
, littéralement résonnant ensemble {sonantem cum).
Et semble ceste opinion assez consonante au texte.
Le Bouille, Gj\ Coût, de Nor/n., f" 2 \°.
Conspect {cojispection, Sherw.) , s. m. , vue. Du lat. conspectum.
Il entretenoit une paillarde, au conspect, présence et desdain de adite femme
damoiselle.
Terrien, Coiniuent. du dr. com, p. 482.
Constreignement , Contreignement {constraining , Sherw.), s. w., contrainte.
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(delwedd C0281) (tudalen 0213)
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— '216 —
Eisi senz autre desirance .. E senz autre contreignement Que humaine nature
sent Oui pur aveir fiz regneor Qui après lui tienge l'onor, Por cen prist une
franche bêle, Sprote, qui ert gentil pucele.
BÉx., Cliroa. de, .\onn., v. 88(j5.
Si le coinpleignant, qui aura paie les destreis desus dis, aura voulu donner
aucune chose au sergant, par sa courtoisie et par sa debonnereté, sans nul
contreignement, le sergant le pourra bien
prendre.
Coat. de la vie, de l'Eau de Rouen, art. 61.
Consuir [to consecule), v. a., atteindre. Du lat. conseqiù ., rejoindre,
atteindre. V. Siwer.
Mais, qui chaut, par tut les ensiut E les dechace et les consiut.
Bén., Chron. de Norm., v. 84?.
Devant lui la bisse a sailli, Il la hua, si puint à li. Il ne la consivra
jamès, Purquant si la suit de prés.
M.\RIE, Graelent, v. 203.
Le verbe, modifié par la prosthèse de l'a et avec la même acception, se
rencontre dans Benoît.
Eisi e par tel jugement En fust tant fait l'enquereraent Que li furs fust
aconseuz E trovez e aperceuz.
Cliroii. de yoi'iii., v. 727G.
Consummaciun, Consumacion, Consummation {consiimmalion), s. f., consommation,
terme. Du lat. consummationera. V. Consummer.
De tute consummacium vi je la fin.
Lib. jjscdin., p. 190.
Le nom qu'il aura vus dirrum ; co sera consumacion.
Que (quelque) prière face l'église, ne vault à leurs âmes, s'ilz persévèrent
à ce péché jusques à la fin et consummation de leurs
vies.
Le Rouillé, Grand Coût, de Norm., V xxj V.
Consummer (/o consummate) , v. a., consommer, achever, terminer. Du lat.
consummnre, accomplir. V, le mot précédent.
Hz se pourroient bien repentir ains que leur vie fut du tout consummée. ,, .,
Id., lO.
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(delwedd C0282) (tudalen 0214)
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— -214 —
Gonsumption {consumption), s. /"., dissipation, dilapidation, ruine. Du
la t. consumplionem.
(Il) semble que trop fort te deuilles de la consumption des finances , dont
la despence est sur la bource des nobles et les trésors en sont en tes
coffres.
Al. Chart., Le Quadrilogae, p. 433.
Contée {cuntek'), s. m., débat, querelle, lutte, résistance.
Une puis grant contée n'i troverent.
Bén., Chron. de yorni., v. 1010.
D'où le verbe conleker, se quereller, se disputer.
Tous jours estes conteckaunt.
Hist. de Foulques, p. 51.
Dans Brilton se rencontre l'adj. conlekour , querelleur {Code,, cb. xxis, p.
124).
Contemnement [contemning , Sherw.), s.?»., mépris, dédain. V. Contemner.
Le royaume de France est en affliction. . . pour le contemnement des
corrections de Dieu.
Al. Ch.\rt., L'Esp., p. 312.
La pluspart..., ne se contentant de ce contemnement, suivoient ceste nouvelle
doctrine.
DE Br.\s, Rech. et antiq. de la ville de Caen, p. 161).
Contemner {to contemn], v. a. , mépriser, dédaigner. D.i lat. conlemnere. Y.
le mot qui précède.
C'est à enfans ung très grant vitupère De contemner leur père paternel.
P. Gring., I, 17.
Ce qui est de ceste heure, trop contemnée.
DE Bras, Hech. et antiq. de la ville de Caen, p. Si.
Contendre {to conlend),, v. n., contester, disputer. Du lat. conlendere. Le
fr. a gardé le part. prés, de ce verbe.
Eisi les veist l'om contendre, E main e seir, senz nul repos.
BÉN., Chron. de Norm., v. 4030.
Cil reçurent tuit mortal peine , Qui lor aveient cqn tendue, Ne garnie, ne
defïendue.
iD.. Rom de Troie, \. 28228.
Gontenement {conlene>nenlj,,s. m., manière de vivre, moyen de subsister.
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(delwedd C0283) (tudalen 0215)
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-~ :>lo
De bêle forme i suut les genz E de sages contenemenz.
BiJN., C/n-on. de Norm., v. 195, p. 9.
Heiioin li enquist de son conteneinent.
WArp., Rom. <(c Hou, v. 3669.
Contenir (se). V. Cunlenir (se).
Contingentement (contingently) , adv., d'une manière contingente,
éventuellement, par cas fortuit.
Les choses adviengnent contingentement, par leur nature qui de soy est
variable, telles qu'elles sont.
Al. Chaut., L'Esp., p. 379.
Continuai {continuai), adj., continu, n'offrant aucune interruption.
A l'evesque de Lundres unes lettres itals Enveia saint Thomas, tûtes
continuais, El liu des saluz, out paroles amials.
5. Thom. le Mart., p. 116.
Contraire, Cuntraire {contrarie ), s. m. , opposition, vexation. V.
Contrariiun.
Se Deus ço dunet que jo de là repaire, Jo t'en muverai un si grant contraire,
K'il durera à trestut ton edage.
Chans. de Roi., p. 25.
Ci ot contraire grant et fier, Malevoillance e grant envie.
BÉN., Roman de Troie, v. 29M2.
A lui frai cuntraire.
Chron. de Jord. Faut., v. 318.
Contrarieus. V. Cxintrarius.
Contreignement. V. Constreignement.
Contrester. V. Cuntrester.
Contrevaleir, Cuntrevaleir {to counlervail) , v. «., contre balancer, valoir
autant.
ïu cuides bien, e si est faille, Que nus ne te contrevaille.
Marie, Fable 67.
Il fut deus de bataille, Senz nus ki cuntrevaille.
Pu. DE TiiAON, Comput, V. 825.
Contribler {to contrive*), v. a., détruire, briser. Aussi bien que le verbe
angl., le verbe norm. a pour radical le lat. contrivi., parf. de conlerere.
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(delwedd C0284) (tudalen 0216)
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— 216 —
Kar il contriblad les portes de arein, e les turuilz ferrins
debrisad.
Lio. des Ps., CVI, 16.
Contributeiir (contributor) , adj., personne qui contribue, qui participe.
Aultres sont gai'ants contributeurs, qui ne sont pas garans en totalité de la
querelle, mais en portion.
Ordon. du Parlem. de .Xorm. de 1515.
Sauf son opposition pour appeler ses cohéritiers à garans contributeurs.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 429.
Conti'ouver. V. Cunlruver.
Controuveur (contriver), s. m., macliinateur, inventeur. V. Cunlruver,
cuntruvement .
Les sots abusez ont rendu honneur. . . au controuveur de toute infamie.
Al. Ch.\rt., L'Esp,, p. 351.
Controver. V. Cunlruver.
Controvercie (conlroversy) , s. f., controverse, différend, lutte, débat. Du
lat. conlroversiam.
Controvercie en est soursse entre le viconte d'Avranches et les officiers de
ladicte abbaye (du Mont-Saint-Michel).
Chron. du Mont S. Mich., Pièces div. (XV' s.), II, 211.
Controveure, Contruvure. V. Cunlruvemenl.
Contumace {conlumacy), s. f., résistance, désobéissance, rébellion. Du lat.
contumaciam , orgueil , fierté.
C'est prudence aux magistratz de n'irriter point les bons princes par une
contumace opiniastre.
Délib. de 1609 du Parlem. de Rouen, citée par M. Ch. de Beaurep. dans ses
Cali. des États de \orm., II, 322.
Gonturber [conturbalion*, trouble), v. a., troubler. Du lat. C07ilurbare.
Purquei es encurvée la meie aneme, et conturbes mei?
Liv. lies Ps., XLI, 5.
Gonusant [connusanl, connaissant), adj., reconnaissant, avouant.
Si home occit altre et il seit conusant et il dénie faire les
amendes , durra . . .
Lois de Gui IL, 8.
« Ses conulssanz » s'est dit de même pour « ses connaissances », les
personnes que l'on connaît.
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(delwedd C0285) (tudalen 0217)
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— 217 —
Et li ber s'en ala, Guerpi ses conuissanz (1), sa femme od sei mena.
^S. Thoin. le Mort., p. 9-2.
Connaître possède, en ancien dialecte normand, une acception que l'on
retrouve dans l'angl. to know et que ne renferme plus aujourd'hui le verbe
français, celle de reconnaître, au sens de se remettre dans l'esprit l'idée
de quelqu'un ou de quelque chose. Du lat. cognoscere qui s'est dit dans la
même acception.
Au fier visage, le connut veirement.
Chans. de Roi., CXXIII, dans LiUr6.
Congnoistre, connois're ont été également usités en Normandie pour
reconnaître, an sens d'avouer, confesser :
Guillaume Vivien congnut estre soy loué . . . pour faire ouvrage, etc.
Accord de 1414, cit6 par M. Ch, de Beanrep. dans ses Notes et doc. sur la
Norm., p. 22'.
Nous Pierres, sire de Préaulx, connoissons et confessons avoir eu et receu,
etc.
Quitt. de 1350, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 423
Gonvei {convey)., s. m., escorte, compagnie. C'est le suhsl. du verbe
conveier, au sens d'accompagner. V. Cunveier, conveier.
De ci qu'ai fluie de Ette
Ne durra plus nostre convei.
BÉN., C/iron, de Norm., v. 9321.
Conveier {to convey), v. a., porter, transporter. V. Cunveier.
Sai que li angeles en conveie S'aime en la sainte compaignie.
BÉN., Chron. de Norm., v. 12458.
Rogiers del Punt-l'Evesque les aveit conveiez.
S. Thom. le 31 art., p. 178.
+ Convenance (convene')., s. f., convention, arrangement, msrché. Du lut.
convenientiam, accord, harmonie. V. Covenant, covenance, covent 1.
Moins que le tiers peut avoir femme en douaire, selon les convenances des
espousailles.
Ane. coût, de Norm., ch. ci.
(1) Conuissans est le part, pr., employé substantivement, de conuistre,
connaître.
Mes conuistre i pout l'un mult tost rencloeurc.
S. Thom. le Mart., p. 161. Si li faimes tant à saveir E conuistre e
aperceveir.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2073, p. 7G.
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(delwedd C0286) (tudalen 0218)
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— 218 —
Item, à Janvier Cornille, notaire de la Court de Jennes, pour enregistrer les
dites convenances.
Compte de 1339, cité par M. Delisle dans les Actes norin de In Cil. des
Comptes, p. 224.
Plus anciennement, la forme usitée en dialecte normand était covenance : en
angl. covenant.
L'ovre, la paix, la covenance, Que li mande li reis de France, Lor a retrait.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 63U,
Convenancer. V. Covenancer. Convenant. V. Covenant.
Convenience (convenience), s. /"., convenance, qualité de ce
qui est convenable. De convenientiam.
Les anciens l'appelaient iCaen) la maison de Caï César, et, de vray, il y a
grant rai.son qu'elle soit ainsi appelée, par l'ethimologie et convenience du
terme.
De Bi;as. I\ech. ci antiq. de la ville de Caen, p. 3.
Gonvenient [convenieni), adj , convenable, juste, utile. Du lat.
convenientem.
Aussi est-il bien de raison et bien conveniente chose... qu'ilz facent à*leur
ainsné feaulté.
Le Rouillé, fjr. coui. de Xorm., 1° 50 r°.
1. Convenir [to convene), v. n., s'unir, s'associer. Du lat. convenirc. au
sens de s'accoupler. V. Convenir % 3 et 4.
Penser que les mauvais officiers ne pevent convenir avec le prince sage, et
serviteur desloyal désirer maistre ignorant.
Al. Ch.\t;t., L'Esp., p. 317.
2. Convenir [lo convenl), v. a., citer en justice. De convenire, qui n aussi
cette acception en latin. V. Convenir 1. 3, 4.
Quant celuy que l'on veut faire convenir et adjourner est vacabond, etc.
Oi-don. du Parlem. de Norm. de 1515.
Et ce fait. . . nous avons decretté nostre mandement... et iceluy baillé à
Nicolas Boulard, sergent, pour convenir et adjourner... devant nous... les
sieurs recteur, doyen... et autres supposts d'icelle université (de Caen)
pour estre ouys sur telles remonstrances qui leur seront faites.
DE Bras. Rerh, et antiq. de la ville de Caen, j). 249.
3. Convenir [la convene), v. n., se réunir, se rencontrer. De cimvenire, au
sens de se rencontrer. V. Convenir 1, 2, 4.
Lesdits deux roys dévoient convenir ensemble entre Rouen
Al. Chaut., Hist. de Ch. VII, p. 159.
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(delwedd C0287) (tudalen 0219)
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'2\d
+ 4.. Convenir {(0 convene) , v. a., convoquer, réunir. De convenire, au sens
propre du mol, venir ensenil)le. V. Convenir 1, 2, 3. •
La Cour autorise le sieur Georges Sydney Nursey. de faire conconvenir ses
créanciers devant M. le Juge-commissaire.
Noau. chron. de Jersey, 6 août 1879.
Convent (convent), s. m., couvent. V. Covent 2.
Li abés a bien graanté
Cest jugement et acordé, '^
E li convenz tôt ensement
R'otreia bien cest jugement.
GuiL. DE S.-Paiu, Boni, du Mont S. Mieh., v. 3772.
Estienne dit Sahurs, Gautier Sahurs. . ., reconurent. . . que eus avoientpris
de l'abeiesse et du convent de Saint-Amand de Rouen lor ferme de la
Cauchie-sur-Arches.
Bail de 1275, oLté par M. Ch. de Beaurepaire dans ses Notes et doc. sur la
Norrn., p. 425.
Le sens primitif du mot était celui de son radical lai. conventum, réunion,
assemblée.
Je ne asemblerai les convens de els.
Lth. psalm.. p. 15.
Conversation [conversation), s. f., fréquentation, commerce familier. Du lat.
conversalionem, intimité. V. Cimverser i, cunversement. Ce sens, aujourd'hui
perdu pour le français, a été retenu du normand, par l'anglais, qui le rend
au français, dans la locution, acceptée par cette langue, de conversation
criminelle, indiquant un connnerce adultère.
Od onestes homes sachanz, Non mie od fous ne od enfanz Aveit sa conversation.
BÉN., Chron. do Norni., v. 8012.
Ecclesial religion
E sainte conversation
Li plout sur autres desiers.
Id., il)., V. 8042.
II (Jésus-Christ) ne vendra plus en conversation d'homme, ne comme rédempteur
secourable, mais... comme redoutable juge.
Al. CH.\nT., l'Esp., p. 342.
Converse [converse), s. f.. réciproque. Du lat. conversani, (proposition)
retournée.
, Mais des acquestz est aultre chose, Comme le texte après suppose, Et la
converse est à entendre, Car l'eritage doibt descendre.
Coût, de Norm, en vers, p. 73.
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(delwedd C0288) (tudalen 0220)
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— 220 —
1. Converser [lo converse), v. m., avoir des relations intimes, avoir
commerce cliarnel. Du lat. co)iversari, ^àvre dans la société de. V.
Conversation, cunversement.
Poureeque les promoteur et officiai de Fescam procedoyent contre Boyer
prestre , pour le scandale dont ils le trouvoyent noté, de converser avec la
femme d'un surnommé Sortes ; ledit Boyer pour empescher, etc.
Terrien, Comment, du dr. norm,, p. 483.
2. Converser (vivre, séjourner). V. Cunvcrser.
Convicer {convicious, injurieux), v. a., injurier, outrager. Du lat.
conviciari.
Son frère despit e convice, E por fol le tient e por nice.
Bén., Chron. de Norm., v. 37101.
Convine. V. Covine.
+ Coper {to cap'), v. a., couper, abattre en coupant. La forme la plus
ancienne du mot est colper (4), qui dérive de colp (2), venu lui-même de
colpum^ mot fort ancien dans la basse-latinité (3), lequel est une contraction
du lat. colaphum, coup de poing, soufflet.
Lor fist li chief coper.
Wace, Rom. de Roti, v. 1964.
Cest pré est à la fauz copée.
Marie, Fable 95.
D'pis qu'il est si rustique, i vaut mux li coper. Les cônes tout au ras, pour
l'empêchi d' bouter.
Eiines jers-, p. 119.
V'ià qu'est parai, ma main ingrate. T'a copai 1' piel.
Rimes gaern., p. 123.
+ Copin [copp, crête, Sherw. ; copped, crête, id.), s. m., dindon, coq
d'Inde, oiseau crête par excellence.
Et tu pourras ossite y fourrer une trenche D'un patey de copin ou d'un tison
de viau.
L. Pet., Muse norm,, p. 8.
Copier {tu couple), v. «., joindre, réunir. Du lat. coplare, contraction de
copulare, lier. "V. Coupler.
(1) Si 00 avent que alquon colpe le point à altre. ,.
Lois de Guill., 13.
(2) Li arcevesqaes plus de mil colps i rent.
Chans. de Roi., p. 118.
(3) Si quis voluerii allerum occiderc et colpus ei fallierit,
Lex salica, lit. 19.
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(delwedd C0289) (tudalen 0221)
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— 221 —
Li vers (la strophe) est d'une rime en cinc clauses (membre de phrase)
copiez.
S. T/iom, le Mart., p. 205.
+ Coque icocks\ cockle), s. /"., bucarde, petit coquillage bivalve, qui
loge un mollusque comestible. Du lat. concham. Du G. [Gramm., p. 913) traduit
coccles par cocques.
Moules, crevettes^ havons, cocques, histres en escalles ne doivent riens.
Coastumier do Lisieuœ, art. 17 (XV* s.).
« Pêqui des coques au Mont S. Michel -» est un dicton qui a cours en Normandie
et qui signifie perdre son temps ù un travail improductif. — V. le Blason
pop. de la Norm. de M. Canel, II. C2.
Côquer {to cock', maintenir sous sa main, sous sa griffe ; lo cook',
s'appuyer sur), v. a., cocher, couvrir la femelle, en parlant du coq. La
forme exacte du mot est cauquer, dérivée du lat. calcare., fouler aux pieds;
nous l'avons introduit dans ce diction, sous la forme côquer, parce que cette
forme rapproche davantage le mot du français cocher. Gotgrave remarque que
cauquer est un mot normand.
Il (,1e coq) cauquait bien les gelines, et si les huchoit et nienoit fort
amoureusement.
Nouv.fabr. des excel. tr, de ver., p. 131.
J'avons notte vieux coq ; je le bouteron cuire. Aussi bien, asteur chy, i n'
s'ret pus cauquer.
D. Fer., Muse norm., p. 31?.
Quand les coqs d'un ou plusieurs hameaux se repondent pendant la nuit, voici
ce qu'ils cliantent: — Le maître coq, le sultan: Moi, j' caouque, quand j'
veux. — Le coq subordonné: Et moi, quand j' peux. — Le jeune coq: Et moi,
jamais.
J. Fleury, Littéral, orale de la Basse-Us orm,, p. 210.
+ 1. Coquet {cockerel), s. m., cochet, jeune coq. C'est un diminutif de coq.
D'où l'adj. fr. coquet, qui a le désir de plaire, mot emprunté par métaphore
aux allures du jeune coq.
Doibt l'abbé de Saint-Estienne de Caen, durant le siège de ladite foire (la
foire du Pré), sept coquetz crestez, rostis avec les testicules, sans lard.
DE Bras, Reeh. et antiq. de la ville de Caen, p. 73.
Sur laquelle tour de laquelle (église) y a un coquet (coq de clocher).
Nouv. fabr, des excel. tr. de ver., p. I3â.
Not' coquet s' mutant sus 1' but d' ses ortés. . .
Rimes jers., p. 115.
Chantant coum' des coquets.
Rimes c/uern,, p, 1)0.
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(delwedd C0290) (tudalen 0222)
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__ -2-2^
+ â. Coquet (cock-boat) , s. m., espèce de petit bateau. Dini. de coque, qui
s'est dit pour coche, V. Qiioque, cogne.
Et passèrent en Fille de Louppes en ung petit coquet qui là estoit
demeuré.
Le Canarien, p. è9.
Il n'y eut autre dommage sur lesdits François, fors qu'en un
coquet oii estoient douze hommes de guerre , lequel effondra
(coula bas).
Al. Chart., Hist. de (h. VII, p. 245.
Cor, Quor, Quors {cors'), s. m., cœur. — Cor., cœur, Kel. V. Corajos.
Li dux, od cor plein de duçor, Lor a faite mult grant honor.
Bén., Chron. de yorni., v. 20232.
De quor les haï.
Vie de S. A uban, v. G47.
Dame, fet-il, je muir pur vus; Mis quors en est mult angoisus.
Marie, Gugemer, v. 503.
Corage. V. Curage.
Corajos. Corajus {coragyouse, Palsg.), adj., courageux.
V. Cor.
E li altres ont non Guirins. Mult empernanz, mult corajos.
Bén., Chron. de Norm,, v. 250.
• Li plus jofne, li corajus
Cil de bataille desirus.
Id. ib., V. 349.
Coral, Koral (coral), s. m., corail.
Et koral de noble matierre, Pierre précieuse à devise.
Coût, de JVor/n. en vers, p. 63.
Les roses, les lis, le coral De son beau sein et de sa bouche Servent
d'oreillers et de couche, Quand l'Amour dort en son beau val.
Yauq. de La Fues.n., Pasc, p. 549.
Corant [coranC), adj., vite, qui se meut avec rapidité.
Cheval aveit forment corant.
Wace, Bom. de Bou, v. 9414.
Le destrier, sos ciel n'a si bel Ne mius corant, ne plus isnel.
Marie, Gracient, v. 355.
+ Corder {lo corde'), v. n,, concorder, s'accorder, vivre en bonne
intelligence. Du lat, concordare, par aphérèse.
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(delwedd C0291) (tudalen 0223)
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— m\ —
... Cil qui me douent matire Ne se cordent pas. tôt à un.
HisC. de G. Le Maréchal, v. I(;i02.
Cordoan, Cordoen, Cordouan icordouan, Sherw.), s. m., cuir ainsi dénommé, à
cause de la ville de Cordoue, où l'on préparait au moyen âge les meilleurs
cuirs connus. D'où notre mot cordonnier. V. le mot suivant.
De cordoan prist une pel, Si la mist soz sun mantel.
Maiîiu, P'ablo 48. Pour deux quaeirs de cordoen, iii d.
Cont. lie 1(1, vie. de l'Eaiie de liouen, art. 13.
Une douzaine et demie de cordouan pour faire les houseaux, 6 liv. 15 s.
Compte de 1494, cité par M. Ch. de Beaurepaire dans ses Notes et doc, sur la
Norm., p. 401.
Gordouennier (cordivainer, Sherw), s. m., cordonnier, ouvrier qui travaille
le cordoen. V. Cordoan.
Taverniers , boulengiers , bouchiers , cordouenniers , revendeeurs, etc.
P. Cochon, Chron. norm., p. 345, éd. de Beaurep.
Gorfeu {curfew)., s. m., couvre-feu.
Tute la vespre, ele ala criant Desqu'al ure de corfeu sonant.
Hugues de Lineolii, p. 1.
+ Gorle (curl), s. /'., houcle de cheveux.
Pourtant quiqu'feis i songe, en frumant la paupière, A des mains qui pignaient
ses biaux c'vaeux pour li plaire ! L' matin vient, nou 1' cliamuse et nou n'
fait aucun cas Des corles ni des cris d' l'éfant, sans mère, hélas !
Rimes guern., p. 1.59.
+ Gorlu (corlii'., ciaiue, Gotg., curlew) , s. m., courlis, oiseau aquatique de
passage.
+ l. Corn (horn), s. m., cor, instrument à vent en cuivre. Du lat. cornu, cor
et corne.
Compaign Rollans, kar sunez vostre corn.
Chans. do Roi., p. t)0.
Un corn d'olifan haut e cler A fait lez sei treis feis soner.
Bén.. Cliron. de \orm., v. S'ill.
+ "2. Corn (corn'i), adj., élu.
Li autre l'unt leissé tut sul en mi l'estur, Et le corn unt leissé en main al
pécheur.
.s T/ioin. le Mnrl , p. 13.
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(delwedd C0292) (tudalen 0224)
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— 224 —
S. Thomas, comme on le sait, avait été en effet élu par ses pairs archevêque
de Cantorbéry.
+ Corne (corn), s. m., cor, durillon au pied. V. le Dict. franco-norm. de M.
Métivier.
Cornere {corner), s. /"., angle, extrémité, encoignure. V. Cornet.
Si se tient à une des corneres de l'altel.
Les Rois, p. 226.
1. Cornet {cornel'), s. m., coin. V. le mot précédent.
Fut apporté le corps du roy Charles à Paris ... Il fut porté à Nostre-Dame de
Paris. Et y eut quatre des seigneurs de la cour de Parlement, qui tenoient
les quatre cornets du poésie.
Al. Ciiart., Hist. de Ch. VII, p. 249.
Cornet est un diminutif de corn, corne, qui se sont dits dans le même sens :
Od son pouce, que il ad moilliez. Sus chescun corn une croi^ fist.
GuiLL. DE S. -Pair, Boni, du Mont S. Mich., v. 844.
Item, iiii pièces de capiciers vermeilles de laine, tout d'un, et y a as
cornez escussons de France et de Poitiers.
Invent, de 1334, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Cil. des
Comptes, p. 103.
2. Cornet [cornet), s. m., écharpe ou large bande d'étoffe de soie, que l'on
portait passée sur une épaule ou autour du cou et pendante jusqu'à terre. On
lui donnait aussi le nom de cornette.
Troys cornets et ung huchet donnés par le roy d'Angleterre, garnis de
sainctures de drap d'or.
Invent, du mob. da card. d'Amhoise, p. 542 (XVPs.).
Cornice {comice), s. f., corniche.
Avecque le plaisir des riches édifices,
Des chapiteaux, des tours, des termes, des comices.
Ciiami»-Repl'S, Œuv. poét,, p. 37.
Gorocier [corrosy , courroux, ressentiment), v. a., courroucer. En prov.
corrossar.
Ne volst li enfès son pedre corocier.
Vie de S. Alexis, sir. 11.
Totens iert corocié, de sa dolor n'iert fins.
GuiCHARD DE Beaulieu, Sermun, p. 11.
Corone [coroun, crown), s. f., tête, sommet de la tête. .
Que ja ne trouvast si gros fust (bâton) Ne l'en donast sor la corone.
Rom. de Roh.-le-Diable, p. 132.
i
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(delwedd C0293) (tudalen 0225)
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— 225 —
Goroneil {coronel, Cotg.), s. m., colonel.
En l'année 1533 ou environ ce temps, Monseigneur de Tracy, coroneil de mille
hommes de pied, passa et logea audit bourg (de Bernay) avesques sa
compaignye.
lieq. cfes habit, de Berna;/ de 1545, dans les Mém. et yotea de M. Le
Prévost, I, 273.
Coroune. V. Couronne.
1. Corporal {corporal), adj.., corporel, matériel. JJu lat. corporalem.,
relatif an corps.
Ke rien ne nus suffraigne à la corporal vie.
5. T/iom. le M art., p. 2%.
+ 2. Corporal {corporal), s. m., caporal. Dérive .ie corps (de garde).
J' 11 dis qui n'est qu'un corpora.
Rimes j'ers., p. 13. S'il 'tait corpora, prince ou roué.
La Nouv, annaie (Jersey, i871), p. 11.
Corrival {corrival), .<?. m., rival.
Et lors vous gaignerez un superbe trophée, Quand de ces corrivaux l'isle sera
purgée.
Ciiamps-Rei'us, Œkv. poél., p. 20.
Corrumpable {corrumpable'), adj., corruptible. V. le mot suivant.
Les cieulx où n'a que reprendre Et la terre corrumpable.
Ai,. Chaut., l'Esp., p. 273.
Corrumpre {lo corrumpe), v. a., corrompre. Du lat. corrumpere.
Lors voisent les jureurs à conseil et soient gardez par loyal garde, que leur
vérité ne soit corrumpue par mauvais admonestement (suggestions).
Ane. Coût, de IS'orm., ch. 95.
. Le stille (formalisme judiciaire) a esté preverti et corrumpu par faulte de
avoir esté, arresté et rédigé par escript.
Ordoii. du. Pari, de Norrn. de 1515.
Cors (co>'5*), s. m., cours.
Filotetes, un home de jors. De la mer saveit toz les cors.
BÉN., nom. de Troie, v. 5977.
Desur le cors de l'Eure vindrent.
Id., Cliron. de Nori/i., v. 3237.
Cors saint [corsaint'), corps de saint, relique.
15
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(delwedd C0294) (tudalen 0226)
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— 226 —
D'aler à Saint Oen, trievps qiiist e proia; El cors saint vont orer, e
Richart l'otria.
Wace, Itoiii. <Ip Hou, v. 4150.
Aprof ont levei le cors seint ;
Si i guarirent enfers (infirmes) maint.
GuiLL. de S -Pair. nom. du Mont S. Michel, v. 1347.
+ Gorsu (cor^y', corcyfe. Palsg.), ailj., corpulent, chargé d'embonpoint.
Dans le vocab. lat.-fr. de la bibliothèque d'Kvreux fXTIPs.).on trouve corpidentus
traduit par ro?'5w.
La raine (grenouille) fu corsue et granz.
Marie, Fable iv.
Gort. V. Curt.
Corteis [corteise')^ ndj., courtois, gracieux, poli. En ital. corlese, en
prov. corles, en portug. corlez. V. Curt, CKrleis, corteisie.
Boton le saive, le corteis. . . Fa au genz dameisel parreins.
BÉN., Chron. deSorm., v. 7987.
Corteisie [corteise, courtesy), s. /"., courtoisie, acte d'un liomme de
crmr (anciennement court, cort) ou corteis (1).
Goverez un poi, si frez corteisie. Cliaim. (111(1 lo-norm., lecneillie par M.
Meyer, Ftoinania, iv, 378.
Mnut feut renomée, de force, de bealté e de corteysie.
Hist. de FouU/ues, p. 23.
+ Gortine [corline), s, f., rideau. Du lat. cortinam, tapisserie, tenture en
peaux. V. Courteine, encortiner.
En leu de lit faiz soz cortine, I/aureiz de sarment nueilios.
Ms.. Chron. de \orin., v. 25833.
Tant cum la mer ici esteit
Avis me fu que il aveit
Une cortine entor mei blanche,
Molt plus assez que nois sor branche.
Guii.L. DE S.-Paih. lioni, dti. Mont S. Michel, v. 3690.
Gorune. V. Crjuronne.
-f Gosin icosin'), s. m., cousin. Du bas-lat. cosinum. qu'un rencontre au
VII'= .s. dans le Voca]:)ulaire de Saint- Gall. Cosinum est une contraction
du lat consobrinum.
E Tlierepex uns siens cosins.
BÉN., Bom. de Troie, v. 5977
(1) Cm-iois fil muli, pruz et sage.
Vie de S. Thom. de Cantorb., v.
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(delwedd C0295) (tudalen 0227)
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— 227 —
Haï l'ont tout li baron De la terre tout environ. Et li parent et li cosin.
Wace, Rom. de Brut, v. 7201.
De notre mot est dérivé l'angl. to cozen, flatter, abuser, littéralement
traiter do cousin, cousiner.
Gossin. V. Colssin.
Cost. V. Coiit.
Costeer [to coasl, côloj^er; costeiant', navigation le long des côles), v.
a., côtoyer.
Une hure ariere, une autre avant, Issi alouent à costeant.
Marie, Elidac, v. 8-27.
Fouke tôt cel an entier demora, costeant par Engleterre.
Hist. de Foulques, p. 8V.
Gosteré [costreV], s. m., botte, espèce de fût de petite dimension.
Deux costerés de 50 galons d'iiuile d'Angers, 106 s. 3 d.
Compte de 110}, cité i>:ir M. Ch. do Beaurep. dans ses Notes et doc. sar
lit I\orr)i., p. 383.
Costume [custom), s. /"., coutume, usage auquel ou a l'hal)itude de se
conformer. V. Costumier, custume.
Cist itel lu appareisseit
Là où par costume escriveit.
Vie de S. Gréy., v. 377.
D'une vez costume anciene, Perneit l'om tute la jovente.
HÉN., C/iro/i. de Nonn.v. 552, p. 21.
Gostumier {customer'), aclj., coutumier, qui a coutume de faire quelque
chose. V. Custumer, costume.
Trestuit sez ancessors ont été costumier De vostre parenté grever e damagier.
Wace, Hom. de Rou, v. 4421.
Chelui ki a plus de bonté Et cortoisie et vasseiage, Ne n'est costumiers
d'outrage.
Lai d'Igtiaurès, p. 11.
Cote hardie [cote-hardy"), s. /"., espèce de vêtement, formant
pardessus, commun à l'homme et à la femme.
Premièrement une cote hardie à famé, de brun camelot, sanz penne.
Initcnt. lie 1331, cité par M. Delislo dans les Actes norni. de la Cil. des
Compte.'^, p, 99.
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(delwedd C0296) (tudalen 0228)
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228 —
En 1377, Avice déguerpie (veuve) de Guillaume de la Monteure, lègue 25 francs
et une cotte-hardie de 3 francs, pour envoyer en son nom un pèlerin à
Saint-Jacques en Gallice.
Cn. DE BEAunF.i>AiP>E, sXotes et dor. sur la Norm., p. 411.
+ Cotin [cot), S. m., hutte, cabane. Cotin est un diminutif du vieux mot
cote, en bas lat. cota. V. Duc.
A un pastur s'accompaingna (s'associa), En sun cotin od ii entra.
\\'ace, liom . de liou, v. 6808.
I n'faut pas le cotin, d'vant que l'viau seit néi.
Prov. guern., cité par M. Métivier dans son diction., p. M3.
Cotidianement {cotidianlich'), aclv., tous le.s jours. Du lat. quotidiana
uiente.
Pour l'ostension et demonstrance des bienfais par eux congnus et
cotidianement aperceulx.
Mention ea 1417 sur.le Registre de la Charité de N.-D.-de-la- Comure à
Rernav. citée dans les Mém. et notes de M. Aug. Le Prévost, I, '311.
Gottisation (cottisation, Cotg.), s. /"., taxation. Cotgrave fait du mot
un synonyme à'assessment; or, suivant Sherwood, une des acceptions
dCassessment était taxation.
Le lieutenant général du bailli de Rouen mande d'envoyer u homme exprès à
Rouen pour être présent à la cottisation et département (répartition) de
l'emprunt faict sur les villes clozes du lia illiage. »
Lect. pat. de 1551, citée par M. Bréard dans ses Arch. de la ville de
Honfleur. p. 73.
Cou (^020^ e', cook) , s. m., queux, cuisiniers. Du lat. coqui'iu. — Cw,
cuisinier, Kel.
Li reis fait prendre li cunte Guenelun, Si l'cumandat as cous de sa maisun.
Clutns. de liol, p. 1.Ô3.
Moine et cou et sergant, escuier et garchun, Chascun aveit sun pain de dreite
livreisun.
.S. Thom. le Mart., p. 88.
+ Couarder [to coioard).,v. n., devenir couard, s'effrayer. V. Acouardir.
Mal seit del coer ki el piz se cuardet.
Clinns. de r,ol., p. 95.
.là n'en verrez un coarder.
Wace, Hotn. de Rou, v. 12590.
tj'alons nos donqes couardant , Com poorous désespérez ?
Vie de S. Grég., v. 102t.
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(delwedd C0297) (tudalen 0229)
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— ±2U —
Coucher {to couch'), v. a., inellre, iiilrudiiire. Du lut. col locare,
mettre, disposer.
Quand desdicts Estais auront couché opposition à quelque levée que ce soit,
celuy au nom du quel la levée se devra faire se pourvoyra...
Ca/i. iIpx Et. lia Norm. (XVI' s.), p. 47.
Quant un clamant est évincé de sa clameur par faute de diligence, il peut de
rechef coucher autre clameur, pourvgu qu'il vienne en temps.
TEuniEN, CoinineiU. <(u i/r. iioriu.. p. ;t2<l.
-f Coue. V. Cue.
Couf (ct</f), s. ui., coup. Mot d'oriyiue .Scandinave. En suédois kuffa,
repousser, lutter.
Tant estoit fort que nul ne l'osoit attendre de couf do lanche ne autrement,
qu'il ne meist tout par terre.
P. Cochon, Chron. nornu, p. 60, éd. de Beaurep.
+ Gouillon {cullion, cuglioa*), s. m.^ coïon, lâche, poltron, drôle. Ce mot
se rattache par antiphrasi.' au lat. eoleuni.
+ Couillonnerie(cMZZioH>it;r//, Cotg. (1)), s.f., coionnerie, action de
coïon, lâcheté, badinerie impertinente. V. Gouillon.
Gouire. V. Cuivre.
Goule, Cule, Gole {coule^ Palsg. ; cowl) , s. f., cagoule, habit de moine à
capuchon. Du bas-lat. cullam, contraction de cucullam.
Quant fu deffermez li escrins, Trovent la coule e la haire.
Bén., Chron, du Norm., v. 12520.
La cule et l'estamin ont de suz cel li ber.
S. Thoni. /<; Mart., p. 201.
Une cole que fait faire out.
GuiLL. DE S.-Paui, lia/Il. lia Mont S. Mich,, v. lôCO.
Gonlpable. V. Ciilpahle.
Coulpe icoulpe), s. f., faute. De culpam. V. Culpe.
Si l'enqueste dict tpi'il n'y a coulpe, cil qui l'accusoit le doiht amender.
Ane. Coût, (le y'orm., cli. .\c\-
(\) Ce mol an!L;lais est donné par Co(gra\e à toi/onnvric.
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(delwedd C0298) (tudalen 0230)
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— ii^iO
Prison la voye ne m'estoupe De le veoir, sinon en coulpe.
Al. Chaht., Le Liv. des Quatre Dames, p. 672,
Coungé {counge), s. m., permission, autorisation. V. Coagy.
Taunt cum li autre viveit, Le meister (service) fera ne poeit Sanz coungé.
Vie de S. Thom. de Cantorb., p. 624, e. 2.
Counni, Gonie [cony, conny^ Gotg.), s. m., lapin. Du lat, cuniculum. —
Conille, lapin, Kel. V. Connin.
Item, . . .iij couvertours ferrez, ij de counnis et i de goupils.
Invent, de 1307, cité par Delisle dans \'A<jric. en ,\arni. au moyen âge,
p. 724.
Soit enquis... de wast fait par eux en parkes et en vivers, de veneson et de
pesson et de conies et de autre destruccion par eux faite en garennes et en
boys.
BRrrroN, ch. xxi, p. 62.
Couperun [coperone), s. m., cime, sommet. Dimin. du vieux franc, coppe, mot
dérivé lui-même du bas-lat. coppam, sommet (V. Duc).
V
Pur gutefestre (fistule), pernez warence .1. mader e le couperun
de ruge cholet (1). ..
Pec. Trait, de méd- du XI V« s., publié par M. Boucherie, p. 9.
Couple (coupling, Sherw.), s. /«., copulation, du lat. copularn, lien. V.
Coupler.
Puis (depuis) qu'il y a convenantz de mariage entre homme et femme, et après
s'ensuyt couple charnel entre eux, le mariage est des lors consummé.
Le Rouillé, Gr. vont, de Norm., f° xlvj r°.
4" Coupler {to couplé)., v. a., accoupler, apparier le mâle et la
femelle. Du lat. copulare. lier. V. Couple, copier.
Mais non pas toutestois que les choses terribles Se joignent sans propos
avecques les paisibles; Comme de voir couplez les serpens aux oyseaux. Aux
tigres furieux les doux bellants agneaux.
Vavco. de La Fresn.. Art. jyoct., 1. p. !'.
+ Cour {coiirl\ principale habitation d'un village : coitrtelage', jardin,
cour de ferme), s. /"., verger, sur lequel .se trouve riiabilalion d'un
cultivateur et qui est presque toujours le siège principal d'une exploitation
rurale.
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(delwedd C0299) (tudalen 0231)
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(1) Cholet parait être un diminutif de chol, chou, du lat caidem.
CJiol, en ce sens, se rencontre en dialecte normand. V. Col.
- ï>^{l —
Du lai. corlern, coui" de terme, de xôpToc. lieu entouré de haies, où
paissent les troupeaux, sens parfaitement en ra'pporl avec celui du mot cour,
en Normandie. Les paysans ronuxins , d'après Vurron , appelaient corles les
champs composant leurs fermes : « Nam cortes quidem audiinus vnlgo,
sed.harbare dici. ■> V. Courlil.
Le mot est d'un usage universel dans toute la région centrale de la
Normandie; il est admis, avec le sens qui vient d'être indiqué, dans les
actes authentiques, los jugements, les acies de procédure, etc.; seulement on
y supprime aujourd'hui le t étymologi(iue. Dans tous les anciens textes
normand-, où le mot se rencontre, il est toujours écrit avec un / linal, soit
qu'il indique un domaine rural, une cour de justice, soit qu'il s'applique au
palais d'un prince (V. Curl 1). Cette lettre a été conservée par l'anglais,
comme on vient de le voir, et on la retrouve en français dans les dérivés
courtisan, courtois, etc.
S'il n'y a qu'un manoir roturier aux champs, l'aîné peut déclarer qu'il le
retient avec la court, clos et jardin.
Coût, de Nor/n., ail. :!."(!.
Plusieurs cours des environs de Lisieux, de Livarot, de Vinioutiers, sont
également très recherchées des fahricants de fromages de Camembert.
MoRiKRR, La rult. (tji puin. et la jD'i-p. ihi. lidrr. p. 125.
Courage. V. Curage.
Gouroune, Coroune, Corune {cowronne, Palsg. ; conçue', cruion], s. /".,
couronne.
Icee plaiz afierent à la couronne le rei.
Loit.dc Guili, 2. A la valour de la coroune Ke Dampnediex as penez donne.
l'oés. anrjlo-nor/ii. , oitéG par M. Mcycr dans le lîull. (lc> la Société
(les anc. textes (1880). p. 51.
Une corune d'or out a la croiz pendant.
5. Thom. le Mart., p. 215, Aiip.'iid.
-{■ Courser {to course), c. u., courir. Du lai. cursare, fréquentatif
de currere.
Court. V. Curt, cour.
+ Courteine (courut;/;, Palsg. : curtaiae^^havyy.; curtain), ■v. /'.,
courtine, rideau de lit. Courteine, avec le même sens, est dans le Diction,
du v. lang. fr. de Lacomhr. V. Cortine.
Courtoisement [courteously , cortesliche'), adc, courtoisement.
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(delwedd C0300) (tudalen 0232)
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— 232 —
Pus ad monstre tôt soun talent Al apostoille courteisement.
Vie (Je S. Thom. de Cant., p. G21, var.
-}- Gourtil {curtilage), s. tn., petit verger, généralement avec jardin. Du
bas-lat. curtilem (1), diminutif de curtem corruption de cnrtem, cour de
ferme. V. Cour. — Courtreux, jardin. Kel.
Dune mei ta vigne, si en frai curtil .
Les Rois, p. 330.
l'er entre les champs e les courtis de la ville.
Ane. Ch., ciiée par M. Delisle dans VA(iric. en ^orin. au moij. âge, p. 110.
Qu'non rime à s'n aise,
Dans les jânnets, par les courtis !
Rimes giiera,, p. 136.
^. Coust {coût). V. Coût.
2. Coust {cosV), s. m., perte, péril.
Grant coust avez sofert e por Dex e por mei.
W.\CE, Rom. de Rou, v. 2615.
Coustome. V. Custume et coutume.
+ Goût (cost), s. Ni., frais, dépense, ce que coûte toute chose. L'Académie
n'admet ce mot que comme terme de pratique et -de procédure. Le patois
normand lui a conservé l'acception généi-ale qu'il avait dans l'ancien
dialecle et que l'anglais aussi a gardée. V. Coulage.
Pur quei donc te serreie à grief e à charge e à cust ?
Les Rois, p. 195f
Lungement vos unt jà servi E à grant cost vos unt sui.
A'N'ace, Rom., de Roa.
Avient que, pour petite somme de despens... s'ensuyvra un très grand coust.
Ca/i. des Et. de Norm. (XVI* s.), p. 20.
N'êtes che ossi assez, ditte, gens sage,
Que de poyer sexante sous d'usage.
For mui de vin, sans le cousts des poinsons.
D. Fer., Muse norm., p. 158.
+ Coûtage [costage, Palsg. ), s. m., frais, dépense. V. Coût.
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(delwedd C0301) (tudalen 0233)
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(1) Cellulam S. Oenieniis una cum curiili in quo monaclii, ibidem
Deo famulantes, labores manuum exercere vident ur.
Ch. du IX' s.. Duc, Cortis.
— 233
En donnant un vuide tonneau, Un aultre de sildre nouveau, On vous emplira
sans coustaKe. Bon temps est revenu, courage !
Le Houx, Yaux-dc-Virv, p. 101.
Eulx l'embourser le veuUent des coustaiges.
P. GUING., I, 12.
A quels custages ? Aux custages de ceux qui en sont les primers causes.
HoRNES, Mlrrov de Justices, ch. ii, xec(, 29.
Il doit aussi, au temps de guerre, servir le roy en son château de
Montorgueil, à ses propres coutages.
S. DE C.\UTERET, Chroiiiqucs de Jerscif , p. 8.
Coûte (quylie, Palsg.; quiU), s. /"., couverture, couvrepied. Du lat.
culeitarn. V. Cuilte.
D'un drap d'Aufrique, à or tissu, Ert la coûte qui dedens fu.
M.MîiE, Ignaitrcs, v. 177.
Et est assavoir que chescun vavassor deit i coûte de plumes (édredon), quant
l'abbé vient.
Llo. des Jiir, de S. Ouen de Rouen, (' 73 v' .
+ Coûtible {costyfe, Palsg.; costly)^ adj., coûteux, qui occasionne des
frais.
+ Coutume [custora, douane, droits de douane. Dans Slierwood, la définition
française de custome or i)nposilion est « coustume, gabelle », et celle
anglaise de cuslomes est « tolls levied infairs or niarkets » ), s. f.,
redevance perçue au profit de la commune, les jours de foires et marchés,
pour location passagère des emplacements occupés parles marchandises mises en
vente dans les halles ou sur les places publiques. V. Coutumier.
Tant i duna terres e fins, Rentes riches e biens seanz, E custumes altres
rendanz. Que noef cenz moines i aveit A qui tels vivres suffiseit, Que de
rien n'erent sufîraitos, Mesaaissiez ne besuignos.
BÉN., Citron, de \orm., v. 03G.
Coustomes malement levées.
Vie de S. G/eV/., v.l28(.
Franc e exempt à tousjours de coustume et drois de ville.
Ch. de I f-^tS. du Cartiil. de Lisieux, f 30.
Jésus, comme i sortuit d'ià, vit un lionime assis à l'office, où nou
r'chevait la coutume, qui avait nom Makyu.
MET., S. Matth., ch. iv, v. !).
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(delwedd C0302) (tudalen 0234)
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— i>84 —
La citation qui précède est la traduction, en patois normand de Guernesey, du
passage suivant de l'évangile selon S. Matthieu (version de Le Maistre de
Sacj^) : « Jésus, sortant de là, vit en passant, assis au bureau des impôts,
un homme nommé Matthieu. »
Cotgrave, dans son Dictionnaire, définit ainsi ce qu'il appelle le droict de
coustome : « Is (in Xormandy) the custom or toll due upon the sale of wares
in markets. » Cette définition se rencontre au mot Droict; elle est
reproduite au mot couslume en ces termes : « Droict de coustunie. Is (in
Normandy ) the toll that'spaid for commodities uttered in the market place. »
+ Coutumier {customer, mot que Sherwood interprète en français par «
gzhelliemi custom ai^y, officier de la douane), s. on., fermier de la
coutume. V. ce mot.
Se il advient que aucun coustumier vende vins à ces {sic) perilz et il vient
à Piouen, l'en doit, pour chacun tonnel, de coustume xvl den.
Couse, de la oie. de l'Eaue de Rouen, ait. 15.
Les grasses, semblablement des autres derrées, paient aux costumiers
d'icelles derrées.
Cousl. de Lisieux, ail. IG {XV' s.).
Covant (couvent). V. Covent 2.
1. Coveiter {to covet), v. a., convoiter, désirer avec ardeur. Du bas-lat.
cupitare, forme fréquentative du lat. i-upere. V. Coveiter 2,
coveitos,.covetise.
Cil vint ki li Mans coveita, Mais gaires ne li délita.
^^'ACE, Bom. de Hou, v. 11806.
là n'ert la rien que vos coveitez, Ne que vos voilliez, que vos n'aiez.
BÉN., citron, de N^orm., v. 9168.
Encovir a le même sens en patois normand. Il est en dial. norm. une autre
forme de ce verbe, laquelle lient de plus près au radical ilu mot, c'est
cuveiter.
E cuveiterat li reis la tue bealtet.
Lir. 'les Ps., XLIV, 11.
2. Coveiter {la covayte'). v. a., demander, souhaiter. Même radical que
coveiter 1.
.\ins que départe ne devis A mes homes n'a mes amis Geste terre e à ma gent
Voil e coveit premièrement
i
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(delwedd C0303) (tudalen 0235)
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— 23o —
Deu e à ma dame sainte Marie Qu'en aient si la lor partie.
BÉN., Chron. de A^orm., v. G960.
Covcitise. V. Covetise.
Coveitos, Coveitus, Coveitous (covetous), aclj., convoiteux.
Coveitant, cupide, Kkl. V. Coveiterl, covetise.
Hue ert pernanz e coveitos.
BÉN., Chron, de A^orm., \\ 14377.
Li oiseus esteit fameillus (affamé) E de viande coveitus.
Marie, Milon, v. 201.
Tu, poet cel estrc, es coveitous De co dom te sens soiVeitous.
Vie de S. Gvêrj., v. 4808.
Covenable (covenable), acfj., convena])le. Covenable, convenable, Kel.
Tu dunes la viande d'els en tens covenable.
Lib, psulin., \i. 225. Li jus ama gieus covenables, Desduiz d'eschez e gieu
de tables.
Wace, nom. de Rnu. y. 7199,
Coveaancer, Gonvenancer (ta covenant), v. a., in-ometlre, stipuler. V.
Convenance, covent 1.
Or sor si faite desonor E sor tele ovre desleiée Qu'au rei r'avez covenancée
S'esjoent cil qui ne vos aiment. « BÉN., Chron. de Surin., v. 11511.
Querelle de chose reçeue est si comme je dy : Tu me doibs dix sols que tu
receuz de moy ou pour moy ; que tu me doibs pour ce que tu les as receuz et
me les convenanceas à rendre.
Ane. CouC. de Nortn., cli. xc.
Covenant (covenant), s. ;y^, convention, accord. V. Convenance, covent 1.
Si hom volt derainer covenant de terre vers son seignor. . .
Lois de Giiili., 27.
Ne lur tienent nul covenant.
^^'ACE, Rom. de L'on, v. (î!)17.
L'on ;i dit postérieurcmenl et dans le même sens, conveiKinl.
Les dits seigneurs (du Yexin normand)... ne sont tenus qu'à bailler simple
déclaration de leurs héritages. . . s'il n'y a titre ou convenant particulier
au contraire.
/'/•. rcrb. de 15'S'0\ cilé clans les Mém. et notes de M. Au;/. Le Prévost,
II, 178.
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(delwedd C0304) (tudalen 0236)
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— î>36 —
1. Covent (covent*), s. rn., convention, arrangement. V. Convenance,
covenant.
La charité a dune de eus prise, Par teu covent, par tel devise. Que le leu
lor restorrera E granz e riches le fera.
BÉN,, Chron. de Morin., v. 10071.
Cil mustre bien raisnablement Que bien li deit tenir covent.
M\niE, Fable 71.
2. Covent, Covant [covent'), s. m., couvent. V. Couvent.
Si l'en orat k'a moniage Si mesist entre bone gent Ou od chanoignes en
covent.
Marif, Purg., v. 550.
La chartre d'un abé sanz la chartre du covant ne valut riens, d'un eschange
qui estoit demageus à l'abaie ; einz fu dépeciez eu l'eschequier.
MAnxiEi;. Etablies, de l'Echiq. de Norm., p. 132.
Covert (covert), adj., couvert, caché, dissimulé. Mis à celé le fez et en
coverte guise.
5. Tho/H. le Mart., p. 121.
Covertement {cofertîy)^ adj., secrètement, en cachette.
Par noit fuit de la contrée Covertement e a celée.
Vie de S. Gile,\. 13.
Covertement fist sa plainte.
Rom. de Bob. le Diable, p. 129.
Govertur, Kovertur icoverture'}, s. m., couverture. Du lat. coopertorium. V.
Covrir 1.
La dameisele l'aporta.
Sur le covertur le geta.
Maiiie, Freisne,\. 423.
Et Sun chapel d'ainneus sur l'oreiller levé Le kovertur un poi par desus
reversé.
S. Thom. le Mart., p. 70.
Ouverture [covertur e], s. f., asile, abri. V. Covertur.
E dunas à mei la coverture de la tue salut.
Lib. psalm., p. 20.
Covetise, Koveitise, Guveitise (coveitise', covetise, Palsg. ; coveting), s.
/"., convoitise. Du bas-lat. cupidltiarn, du lat. cupidum;
coveitese,c\i^ià.\ié, Kel. V. Coveiter \,coveitos.
Ne sufTrai jà par covetise
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(delwedd C0305) (tudalen 0237)
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Z«)/ —
Que dignité perde seinte Église, Point negrant.
Vie de S. Thom. de Cant., var., p. G23
Ne r lessa pur pour ne pur grand koveitise.
S. Thom. le Mavt., p. 20.
La raine (grenouille) fa corsue e grant,
Li eschofies, par cuveitise,
La soris lait, la raine ad prise,
Mengiée l'ad e devourée,
Et la suriz est délivrée. *■
Mauie, Fal)lo nr.
Govetous, V. Coveitous.
Covine, Convine (covine'), s. /"., intrigue, ruse, machinalion.
Tut lur covine e tôt lur estre Distrent au duc senz rien celer.
BÉ\., Chron. de \orm. v. 7505.
Les Anglois sont diligens de sçavoir la convine de leurs ennemis plus que les
François.
Al. Cii.\ut., Ilist. de C/i. VII, p, 99.
1. Covrir [ta cover), v. «., couvrir. Du lat. cooperire. V. Covertur,
descovrir.
Al segnor chi covre le ciel de nuit.
Lib. ps'alin,, p. 227.
Les draz sozlievet dont il esteit coverz.
Alex., str. 70.
2. Covrir {to covere'), v. a., rendre, faire revenir.
Covre nuz la tue grâce.
Lib. psalm., p. 259.
Goyement. V. Quiement.
Graisse [crasse'), s. f., graisse. V. Cras.
Si cume craisse de terre forsmise est sur la terre.
Lib. psalm., p. 210.
+ Grampe [cramp), s. f., crampon. La crampe d'une fermeture d'un fer à
cheval, etc. En allem. krampe.
+ Granière {crannied, crevassé), s. f., vieille maison, dont les murs
lézardés menacent ruine.
+ Cranque {cranh, crampe, terme technique usité dans le sens de crampon), i\ f.,
crampe, contraction involontaire et douloureuse d'un muscle. Cranke est la
forme normande du vieux mot français crance, crampe.
+ Graplin [creeping, rampant), s. m., araignée de mer.
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(delwedd C0306) (tudalen 0238)
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— 238 —
Le mol est un iisité à Guernesey. V. le Diction, franco- norm. de M.
Métivier.
Grappes (craj35*2), s. f. pi., débris de gerbes, menues pailles et grains,
lecueillis s<ir l'aire de la grange quand on le nettoie.
(' La crappe ou les grapins de blé, dit M, L. Delisle {l'Agric. en Norrn. au
moy. âge, p. 3U), se composait du grain foulé aux pieds dans la grange et
confondu avec la paille et la poussière, s
Abjectio vero bladi, ut crappee hujusmodi quse in anno reraanserint,
recoUigatur ac potivis trituretur et vendetur.
Fleta, L. ii, ch. 82, 2.
+ Craque (crack).: s. /"., hâblerie, menterie. V. Craquer, craquetcc.
+ Craquer (to crack), v. n., hâbler, mentir grossièrement. V. Craque.
-]- Craqueux [cracher), s. m., craqueur, hâbleur.
Cras (crasse'), aclj., gras. Du lat. crassum. V. Graisse, encraisser,
crasset.
Mangèrent et avrerent tuit tuit 11 cras {pinyucs, dit le texte latin)
de la terre.
L/h. p.^(ilii),, p. 27.
là mar que mangier li donrois, E tous jors l'aroit cras et biel.
Marie, i'E-yiine, v. 44.
+ Crase (A) (io eraze), briser, rompre; to craze', faire éclater, faire
rompre), loc. adv., à tout rompre. « Les pommiers ont des pommes à ci'âso. »
V. le mot suivant et Mort (à).
Crasir [to craze), v. a., briser, rompre. V. Cràse (A). De l'ano. Scandinave
krassa, broyer.
Par une çainture autres!, Dunt à sa car nue l'a çaint, Parmi les flans aukes
l'estraint. Qui la bucle porrat ovrir, Sans depescer e sans crasir, Il li
prie que celi aint (aime).
Marie, Gugemer, v. 572.
Craspois. V. Graspei.
+ Grasset, Gresset [cresset), s. m., petite lampe en fer portative, lampe
d'écurie. Se rattache à cras. V, ce mot.
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(delwedd C0307) (tudalen 0239)
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— 239 —
L'vent, qui hurlait dans ma guerbière, Faisait que le crasset brûlait bliu.
Ih'mp.-i f/ucrn., p. i)7. Allume le crasset.
Rimes /'ers.J p. (il.
+ Crau {crag, rocher, pierre), s. m., pierre provenant des premières couches
d'une carrière. Du celt. craig, pierre, roche.
Au XVIP s., on donnait à ces pierres le nom de cray on fjraxj, en
Basse-Normandie :
Nous appelions ici du craij ou gray le menu cailloiiage qui se trouve aux
carrières, avant que l'on rencontre la bonne pierre.
MoiSANT DE Brieux, Ori(j. (h cjuclq. coût., (iiic., 1,201.
Grauler. V. Croler.
Craventer ( to craven, rendre lâche, oljliger à implorer merci), v. a.,
abattre, renverser.
Ambure cravente en la place devant sei, E le dragun e l'enseigne le rei.
Clian^. l'i'Bol.,^. 207.
Puis dirai par quelle trahison ils craventerent Yiion.
BÉN., liom . de Troie, v. 157.
On rencontre, avec la même acception, en ancien dialecte normand, les formes
acrareater, gravente)\ agraventer.
Cravanter signifie opprimer, dans Cotgrave. Le verbe, en ce sens, dérive de
gravatum^ part. pas. de gravare^ peser sur. C'est une dérivation semblable à
celle que l'on rencontre dans confesser, transgresser, offenser, etc., faits
sur confessum, transgressum, offensurn, part. pas. de coiifiteri, transgredi,
offendere.
+ Grax {craff\ moineau), s. m., traquet, petit oiseau brun. Le mot est usité
en ce sens à Guernesey. V. le Diction, franco-norrn. de M. Métivier.
Crayer [craier), s. m., espèce de petit vaisseau de guerre.
Comme nous, de l'auttorité du roy nossire, ayons donné congié à Jehan Le
Boucher d'armer un crayer à la deffense des parties maritimes, nous vous
mandons que audit Jehan vous baillez trois douzaines de lanches, douze plates
(armures), etc.
Mand. de 1330, ci(6 par M. Uelisle dans les Actes norm. de la Cil. des
Comptes, p. 233.
Créance {crennce*'^), s. f., crédit, terme que le créancier accorde à son
débite m-. Dérive de creire, forme normande de croire. V. Creire.
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(delwedd C0308) (tudalen 0240)
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— 240 ^
La provision adjugée peut et doit subvenir au payement des alimens passez,
qui peuvent avoir esté empruntez ou achetez à
créance.
Terrien, Comment., du dr. norm-, p. 416.
Créant (creatint*), adj., croyant. A le même radical que le mot
précédent". V. Mescreant, creire.
De ceo le fist il entendanz, Pur ço ke il fuissent creanz.
Marie, Purg., v. 213.
Creator {creator), s. m., créateur. V. le mot suivant.
Cil qui esteit encore à riaistre Connut son seignor et sun maistre, Deciples
maistre, sers seignors, Créature sun creator.
Wace, La Concept. N.-D,, p. •Ifi.
De vostre creator vos devreit sovenir.
GuiCHARD DE Beaulieu, Sei'mun, p. 25.
Creatur {créature), s. m., créateur. V. le mot précédent.
A ! Deus, feit-il, reis creatur, Sire, tei lo e tei aiir.
Vie de S. Gile, v. 2083.
Kar plus crement assez le terrien seignur, Ke il ne funt .Thesu, le poaunt
creatur.
5 . Tliom . le Mart. , p. 43.
Crebre {crih : cribbe, Sherw.), s. /"., crèche, mangeoire pour le.s
vaches, les moutons, etc. Mot d'origine Scandinave : danois, crybbe ;
suédois, crubba.
Quatre crebres pour les estables, 10 s.
Compte de 1455, cité par M. Ch. de Beaurep. dnns ses Notes et doc. sur la
Norm., p. 393.
La forme exacte du mot est crebe (1) ; l'épenthèse de l'r, à la deuxième
syllabe du mot, n'est pas rare en dialecte normand. C'est ainsi, par exemple,
que l'on dit arhalètre, riiyrtre, etc., pour arhalète, myrte.
Credahle {crédible), adj., croj-able. Crédible, creable, croyable, Kel. Du
lat. credibilem .
Le tuen testimonie credable.
Lib. psalm., p. 136.
(1) Aies, dit-il, en Belleant (Betliléem)
Ilueques trouvères l'enfant, Jou.ste le mur, en nno crebe.
Duc, Ci'aocia.
i
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(delwedd C0309) (tudalen 0241)
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— -241 —
Gredence (credence), s. /'., croyance. Se latlache au part, pr. de credere;
en dial. norni. creire. V. ce mot.
Par les esles de ferme adhésion, elle (la foi) eslieve la credence de romrae
sur son propre sçavoir.
Al. Ciiart., L'iisp., p. 328.
En cest œuvre, où il est usé de probation par enqueste et de veue, l'en doibt
entendre que c'est probation de credence.
Onlon. du Pari, do \orm. do 1515.
+ Creire [creed, croyance), v. a., croire. Du lat. çredere. V. Créant.,
credence.
E dist al rei : la mar crerez Marsilie.
Chans. de Roi., p. 17.
11 sescondit com li hom qui nel set Mais ne l'en croient.
Vie de S. Alex., six. 65.
Est-che qu'i croient empC-chi
. . . Les Normands de v'nin nos saccagi ?
Binies Jers., p. 43.
Après cela a-t-il l'âge requis ? Je ne crès pas.
Lalleman, Le Rendez-vous du départ, p. 114.
-}Creissant {cressant, Slierw.; crescenl), s. m., croissant, temps depuis la
lune nouvelle jusqu'à la pleine lune. Du lat. crescentein. V. Creit.,
creistre 1 et % excreissance.
Tout comme dure le creissant, Sunt il moult hetié et joiant.
GuiL. DE NoRM., Best, div., v. 1879.
Dès que l'creissant mourtrait ses grins. Ah ! que d'penseies dans ses iers,
fins Counnn' de la braise !
Rini. guern., p. 137.
+ 1. Creistre {lo crease', lo crese'), v. «., croître. Du lat. crescere. En
patois norm., \'s ne se fait pas sentir. V. Creislre 2, acreitre, dccreîlre,
encreislre, creît.
ïcele tere, ço dist, dunt esteit,
Soleill n'i luit, no blet n'i poet pas creistre.
C/ian.<. de /?o/.,p. 81.
De jor en jor si bien creisseit. Tant enrichiet, que il ne saveit.
GuiL. DE S.-PAir;, Roni. ihi Mont S. Mivh., v. 2888.
Des flieurs, bell's comme il 'tait, creitront, Et les oisiaux du ciel
chant'ront Coumme il 'lait buon, et piieur'ront.
Rimes Jars., p. 181.
2 Creistre {to crease', lo crese'), v. a., accroître, augmenter.
10
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(delwedd C0310) (tudalen 0242)
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242
Dérive aussi de rrescere. \ . Creislre 4, ocreîlre. décreîlre,
creit.
Deus li creisse ses anz et vertu et honur !
S. Thom. le Mart., p. 9(j.
Et quant creissez l'oche avant, Et li solel par tôt s'espent.
GuiLi,. DE XoPvM., Best, div., v. 199.
+ Greît (crest*), s. m., croît, crue, accroissement. — Créai, crel, hautesse,
élévation, Kel. V. Creislre \, decreia.
Cinc liues tut en un tenant, Ici en tur e en virun, Durrai de creis à la
meisun Quitement et en chantage.
Vie 'le S. Gile, v. 22m.
4" Greître. V. Creislre 4.
Crème, Crieme (creani. frissonnement), s. f., crainte.
fi'ayeur. V. Croner.
Ne sunt en crème n'en effrei Que tuz n 's aient lendemain.
Béx., Chron. de y or m., v. 5748.
Norman z erent en teltre, en crieme et en poor.
Wace, Rom. de Rou, v. 170(J.
Le même sens était encore exprimé en ancien dialecte par un antre substantif,
cremew\ lequel lient de plus près que crème au radical lat. Iremorem.
Cremeur, peur, Kel.
Si n'avons révélation. Nous serons tousjours en cremeur. Le Mi.<t. de lu
Coneept., dans /,« Concept. N.-lJ. de Wace, p. 202.
Je n'ay à nul homme faveur, Ne par amour, ne par cremeur.
Al. Chaut., Dial. d'un "nx. et de sa darne, p. 788.
Il est une autre forme du mot plus rapprochée encore du radical, c'est
tremeur ; elle se rencontre aussi en dialecte normand.
Voici donc l'âge d'or, sans tremeur et sans guerre.
Champ-Repus, Œuo. poét., p. 110.
Le patois moderne continue à en faire usage.
Cramer, Kremir, Criemer, [lo crini ., frissonner, tressaillir, trembler), v.
a., craindre, reilouter. Du lat. Iremere. V. Crème.
Là troverent Rou e sa gent Si doleros, si abosmiez
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(delwedd C0311) (tudalen 0243)
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— 243 —
Pur eus dunt s'erent desevrez, Qu'il cremeient aveir perduz.
BÉx., Chron. de ,\orm., v. 5888.
Neporquant en son cuer ameit Deu e cremeit.
Wace, lioin. (le Rou, v. 1155.
Kar il le krcmit mut pur ço k'ert si senez.
S. Thon, le Mort., p. r>0.
Li baron et li chevalier, qui seveat les etablisscmenz de la loi et qui
criemeiit Dieu, pucent bien jugier li uns l'autre, mes il ne loist pas à
vilain ne à aucun del pueple à jugier chevalier t)u clerc. .Marnieu, EtabUss.
(le l'Kchlq. de Norm., p. 22.
+ Crépir (se) {lo creep), v. ré/L, se dresser, se hausser, se raidir. Du lat.
crispare, dresser, hérisser. D'un nabot qui fait des efforts pour paraître
plus grand, l'on dit qu' « il se « crépit sur ses ergots, j
Cresmal {chrisome, crisnm, Cotg. à Cre.wxean), s. m., espèce de bonnet — dit
Ducange, Gloss. fr. — qu'on mettait sur la tête des catéchumènes après leur
baptême. Le mot est resté dans, la langue sous la forme chrémeau, désignant
le petit bonnet de linge fin dont, après ronclion, on coiffe l'enfant
baptisé.
S' est boen e bel e covenable Que ces set jorz entièrement Qui sunt de ton
bapteiement Qu'en aubes les, cresmal portant.
Bén., Chron. de Norm., v. 698-2.
Cresmeler [cresmed\ ])aptisé;, v. a., oindre du saint chrême, soit au
baptême, soit à la confirmation; c'est en ce dernier sens que le verbe doit
être entendu dans l'exemple cité.
Li évesque le cresmela.
Wace, liom. de Rou, v. G09.
Cresset. V. Grasset.
Crestiener {to c/irislen), n. a., baptiser, faire chrèllen. V.
Clireslieiilet.
Malt creut grant li mais ke li Daneis i'aseient ; N'erent pas crestienez, ne
en Deu ne creeient.
Wace, Rom. de Hou, v. 4935.
S'en cest terme pris denomez Voleit estre crestieuez, Si grant chose li
ferion Cum nos olïrir le porrion.
Bén., Cliron. de Sam., v. 4925.
Grestienté. V. ChresHenlet.
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(delwedd C0312) (tudalen 0244)
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— 244 —
+ Grévuche, +Créviche {crevise\ craijfish), s. f.,éci'e\isse.
Crieme. V. Citerne.
Criement (crying), s. m., cri, lamentation. V, Crier.
Plein de miser ie e dolur E de criement e de plur.
Marie, Pur g., v. i035.
Criemer. V. Cremer.
1. Crier {to cry), v. a., implorer, invoquer. Du lat. qidriInre, appeler au
secours, par un intermédiaire fictif critare.
Icist povres criai e li sire le oit, e de tûtes ses tribulatiuns le salvat.
Lib. psalm., p. 41.
Li chrestien te recleiment e crient.
Chans. de Bol., p. 333.
'2. Crier {lo cry), v. n., s'écrier. V. Crier 1.
Ço est Jhesu Crist nostre sire,
Qui, par son prophète, einsi crie :
« Metz voeil qe li pecchere eit vie. . . «
Vie de S.Gréy., v. 998.
Griete {cruel), s. /"., petite Jjouleille, burette, fiole.
Pour une criete à vin, xviij d.
Compte des œuvres de la vie. de Bayeux, de 1340, cité par M. Delisle dans les
A êtes norm. de la Ch. des Comptes, p. 245.
Criket. V. Criquet.
Griminal (criminal) adj., criminel. Du lat. criminalem.
Si ce est cause citeaine (de cité, civile), il fera amander le mefet par
chatel ; se elle est criminal, il le fera amender par les memijres.
Marnier, Etabliss. de l'Échiq. de Norm., p. 24.
La (querelle) criminal est celle qui est terminée par la loy apparissant, et
est appeUée criminal pour ce qu'elle nayst de tel crime de quoy l'on doibt et
peut perdre vie ou membre.
Ane. Coût, de Norm., ch. lxvii.
■\- Crioche [croche' ., crotche'), s. /"., béquille. V. le
Diction, du patois normand de MM. Duméril. La forme normande exacte du mot
doit être croche. Elle se rattache au bas-lat. crociam, crosse, mot dérivé
lui-même du lat. crucem; crosse, en pat. de Genève, se dit aussi pour
béquille; c'est encore l'acception de crutch en anglais et de krilcke en
allemand, mais il est probable que ces deux mots ont un autre radical que
celui (in'on vient d'indiquer.
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(delwedd C0313) (tudalen 0245)
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— t\n —
+ Crique du jour (/./-//.eof dmj), raubo, littéralement la brèche du jour (V.
le Gloss. de pat. norm. de M. Dubois). C'est exactement le sens renfermé dans
la locution anglaise hreak of day, qui se dit aussi pour l'aurore. Crique,
krike, dérivent de l'anglo-saxon crecca, trouée, ouverture.
La môme idée était exi)rimée en v, fr., quand on disait de l'aube qu'elle
crevait ou qu'elle se escrevait.
L'aube creva, si prist à ajourner. ».
lionciscalx, p. 119, dans l.itiré.
Quant l'aube se escreve.
Vie de S. Aiibiui, iul)ri((ue, f 57 v°.
Crever, dans l'une des acceptions de son radical, crepare, reproduit ici, en
effet, la même image que les deux locutions dont il vient d'être parlé.
+ Criquet (cricket), s. m., grillon du foyer, cigale. Dans son Diction.
étymoL, Ménage dit que criquet est la dénomination normande du grillon.
II dist, e vint salterele e criket [bruchus dit le texte latin) del quel ne
esteit numbres.
Ur. lies Ps., civ, 31.
Dou criquet et de là fromi
Marie, Titre de la fable 10. — Var. en note.
J' reponds au jargon du criquet.
MET, Dict,, /ranco-noriii. p. 156.
Cristien. V. Chrislien.
Cristienté [christendom), .s-. /"., chrétienté.
Et pur ço, fet lur il, de par Deu, vus defent, Par la cristienté, ki de nus
vus apent, Ke de mei ne facez wimès nul jugement.
S. Tliom. Ip Mnvl., p. fù.
Pur alever partut sainte cristienté.
Poi's. anr/L-nori)i„ cit(^e par M. Moyer, Romania, W, 38!S.
Croce [cross), s. /"., croix. Du bas lat. crociam, crossç,m, de crux.
Dient Franceis : ci ad grant vasselage, En l'arcevesque est ben la croce
salve.
Chans. de JioL, \>. 128.
Chantei esteit Attolite, Les oreisons, la litanie En la porte ert la croce
oie (1).
GuiLL. DE S. Paii), Bo,)!. du. Mont S. Mi-h.il. v. 820.
M> A la i)ipmii re mess<? du dimanrlio des Ratnen^n-, nne procession
sort de
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(delwedd C0314) (tudalen 0246)
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— 246 —
+ Croche. V. Lrioche.
+ Crocher {lo crook), v. a., rendre courbe, fausser.
Crois (croi/z'j, s. m., travers, étendue d'un corps considéré dans sa
largeur.
Par le crois de la terre irez.
Tant k'en un grant champ entrerez.
Mahie. Purg., v. 619.
Croisade. V. Croysade.
Croiserie (croiserié)^ s. /"., croisade.
Previliege de croiserie, La fin des querelles detrie. Quant l'en plede en
propriété Es croisiés de leur hérité.
Coût, de Norm. eu vers, p. 92.
Croisier, Croissir [ta cross\ ta crnsh), v. a., casser, briser, rompre.
Mult out croisiez li os.
Wace, Rom. lie Hou, v. 2604.
Là out mainte lance crpissie.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 18681.
En patois normand de Guernesey, existe le verbe cruchier, cruqnei\ avec le
sens de rompre, briser, écraser.
+ Groix-de-Dieu [Chrisl-cross'), s. /'., alphabet.
Celte dénomination se rattache à ce que la figure d'une croix jjrécède la
.série des lettres de l'alphabet se trouvant au commencement du livret, dans lequel,
à la campagne, on apprend à lire aux enfants. « Il ne sait pas sa croix de
Dieu « se dit d'un individu complètement ignare.
The Christ-cross-rov: , la croix de par Dieu, ou comme the Abc,
SiiERNv., Diction.
+ Croler (lu craivle, Palsg.), v. a., agiter, remuer, secouer, Jiranler.
De Sun algeir ad la lianste crollée.
C/iaii.-<. de Bol., p. 37.
Crolez la main, hociez les dez.
^^^^. E, Bom. de Brut, v. 10862.
rc'-glise ; ail l'Pioiir, elle s'arn'^ie miile i);ir\ is deviml la porle
fermée. .\ ce jnomen), l'on onionne l'hymne A tro/ite portas; le porle-croix
s'avance et frappe du bàioii de la croix quelques coups à la porle. qui
s'ouvre alors ci laisse passage à la procession.
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(delwedd C0315) (tudalen 0247)
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— 2-47 —
Daeux neires (dents) qui soûlaient craoulair.
Rimes g ne m., p. 8.
Croppiere (rropier.r) , s. f., housse qu'on plaçait sur la cioupc des
chevaux. En provene. cropiera, en ital. gropjHcra; du v. mot crope, croupe
(V, Cotg.).
Pour une cx'oppiere et une boucle et reclouer les bendes, vi s.
Journ. du s. de Gouùervi'lo (1558), p, 454, 6d. des Ant. de Nonn.
+ Croquet {crooked, crochu, courbé), s. w., crochet.
l'our vi croquez à pendre les torches au chastellain.
Compte de lol'S, ci(6 par M. Delisle dans les Actes nonn. de la Cit. dc.-<
Comptes, p. 305.
Pendus à mon croquet.
D. Feu., Mu.<c nonn.. p. 70.
Croster (lo crusl)^ v. «., couvrir d'une sorte de croûte. Du lat. rruslare,
dont le sens est le même.
Dune vint l'iver od ses glaçons, Od ses neifs e od ses gelées Oui les terres
out si crostées.
BÉN., Chron. de Nornx., v. 1728,
Crote. V. Cvule.
+ Crouler {tocroo', roucouler, lo crool\ murmurer), v. n., roucouler. Se dit
du nuirmure cfue les pigeons et les tourterelles font entendre quand ils vont
s'accoupler. C'est une onomatopée.
+ Croupir (se) (/o croup' i), v. réfl.., s'accroupir.
+ Croûte {crofl, clos attenant à la maison; croft' 1, enclos, demeure), s.
/"., clos avec habitation; petit réduit pour le bétail. Le mot est usité
aussi en ce sens à Guern'esey,
Parmi les désertes guastines Ouereit les croûtes souzterrines..
Vie de S. <iré;i., v. II (il.
En bas-lat. crolam. M. Léciiaudé d'Anisy, dans son Invent, de Charles normandes,
publié t. VII, p. 197 des Meta, de la Soc. des A ni. de Nonn., année 1834, en
cite une de 1^277, suivant hiquelle Cécile, femme de Guill, Molendin,
conlirme la vente faite par son mari au Chapitre de Baveux, d'une renie de 8
s, tournois, à prendre sur trois vergées de terre, m crola Anglorum, mots que
M. Léchaudé d'Anisy traduit par ceux-ci : « dans le clos ou jardin des
Anglais. >•
La forme masculine crottts a été aussi employée en bas- lat. :
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(delwedd C0316) (tudalen 0248)
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248 —
In quodam croto juxta peribolum quod edificavit venerabilis Landricus abbas
iu circuitu cœnobii.
Cariai, de S. Père, cité par M. Delisle dans l'Arjric. en Norin . au nioij.
âije, p, 37.
Groysade (croisade), s. /"., monnaie d'argent, de la valeur d'un écu
environ, qui était marquée d'une croix. On fabriquait des monnaies porlant le
même emblème, sous les noms de crusats, crusados, crusades, à Gênes et en
Portugal. C'est à ces dernières que s'est appliqué plus particulièrement le
-vocable angl. croisade.
Ledit jour (23 octobre 1558). . . receu de Guillaume Gaillard, mon fermier,
une croysade et un escu sol . le tout valant cii s. vi. d.
Jrjurn. du s. de Gouberville, p. 456 de l'éd. des Ant. de Norm.
Cruehier. V. Croisier.
Gruelted, Gruelté [crueliy), s. /". , cruauté. Du lat. crudelitalem.
Vostre cruelted est muntée juque al ciel.
Les Rois, p. 397.
Kar mult aveit suvent ovré Contre Deu en grant cruelté.
Maiue, Purrj., V. 5143.
Gruet (cruel, Gotg.), s. m., creuset. Du celt. crwc, vase, récipient; en v.
angl. cruck' , criiske; d'où le fr. cruche.
Et avecque ce feusmez en la chambre où souloit faire ses oignemens un qui
avoit nom raestre Andrieu, en la quelle avoit un fournel et tout plein de
cruez de terre pour mettre ses choses fondre, les quiex nous feismes touz
despecier.
Inuent. de 1334, ci(é par M. Delisle dans les Acte.i normands de la Ch. des
Comptes, p. 117.
L'on trouve aussi, en vieux français, cruel avec le sens que le mot a
conservé en anglais moderne, c'est-à-dire avec l'acception de burette :
Deux cruetz, taillez come deux angeles, pur servir à mesme l'autel
perpetuelement.
DE La Boude, Notice des Émaux, p. 237.
Cruir (lo crush, Gotg., to crusshc, Palsg.), v. n., se froisser, se cboqner.
Cruist li acers, ne freint, ne s'esgruignet.
Chans. de Bol., p. 192.
Grant fud la noise al estur cumencier, r.i fer tentissent e cruissent II
acier.
Cliron. de Jord. Fant., y. 648.
Gruquer. V. Cruisicr.
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(delwedd C0317) (tudalen 0249)
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— 249 —
Crustele {rrusl, croule)^ s. /"., petite croûte, couche légère. Du
i)as-lat. cruslelam, corruption du lat. cv7<s/«/a/»,diiinnutif de cruslam,
tout ce qui couvre.
Li sancs ki est desus vermeil ensement cum une tenve (légère) crustele,
dedenz gras (épais) e neir el miliu..., ço est signe mortel.
Pet. traité de mé<I. du XIV' s., publié par M. Boucherie, p. G.
Crute, Crote {croude'), crypte; crotte', caverne * cro/ï' 2, caveau), s. /'.,
j^rotte. Du bas-lat. cryptant, caveau souterrain, mot qui se rattache
lui-même à xpuTo;, caché.
Ad Apolin encurent en une crute.
Cllans. (h; llul., p. 217.
Mais n'ert mie grant li mostiers ; De tel grant fu qu'il n'i poiet Que cent
homes à grant destreit. Il fut roont comme crote.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Michel, v. 396.
En patois norm., croûte se dit encore aujourd'hui pour lieu caché, passage
détourné.
Cry {cry* i)^ s. m., proclamation.
Le sabmedi 2* de novembre (1555), dès le matin, je allé à Cherbourg. . . pour
sçavoyr des nouvelles du cry qui y fut hier faict.
Joui'ii. du s. de Gouberville, p. 590.
Cuarder. V. Couarder.
Cucu {cuccu\ kuckuc), s., m., coucou. Du bas-lat. cucitm.
Des oisiaux e du cucu.
Marie, TiU'e de la fable 2±
Cue (rye). s. /'., (jueue. Du lat. caudam
Les eues tûtes ensemble une part turnerent.
Les Hois, p. 254.
Lougz les costez e l'cschine ad bien halte, Blanche la cue e la crignete
jalne.
Chans. de Bol., p. 127.
Le même mot, sous une forme graphique différente {coue), mais avec une
prononciation semblable, subsiste en patois normand :
La coue au vent, la mauve, en miaoulant, joue.
Bimes giœrn,, p, li?t.
Le peisson avait 'té par la coue attrapet.
Rimes jers., p. 18:
Cette l'orme se rencontre aussi dans l'ancien dialecte:
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(delwedd C0318) (tudalen 0250)
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— 2o0 —
Ouer o sa coue le débat
Par les jambes, si qu'il l'abat.
Glill de Norm., Best, div., v. 2069.
Des balenes troués en nostre poer, volons que la teste soit nostre, et la
cowe à nostre compayne solonc l'ancien usage.
Brittox, Code, ch. xvii.
Au XV' S., les Anglais, à cause de la qaeue tressée qu'ils portaient derrière
la tête , étaient qualifiés , par les Normands, de coués {caudatos) . En
angl. to eue signifie encoro tresser en queue.
Il n'est plus mot de ces Engloys couez.
Chans. norm. da XV' .<. — Rec. Gasté, p. 122.
+ Cueillir {lo cnll), v. a., recueillir. Du lat. colligere. — CitUiir,
réunir; queulUr, ramasser, rassembler. Kel.
Icelle assiette (taxe, impôt) baillée à cueillir. . . au dit le Badois,
receveur.
Chron. du Mont S. Mich., Pièces div. (XV s.), II, 118.
Cuillir, autre forme du même verbe, se rencontre fréquemment en ancien
dialecte normand :
Cil chi sèment en lermes, en esledecement cuillent.
IJb. psalm., p. 203.
Deci au cans venus en sunt ; Le blé cuilUrent e purterent.
Marie, Fable 88.
Dépense par IVere Jehan Bequet, pour un viage à Trevieres, pour cuillir les
rentes, 18 d.
Pi.uQUET, Pièces pour serv. à l'kist. du Bessin, p. 38.
Cuer. V. Qiiers.
Cuevre. V. Cuivre.
Cuevrechief. V. Queucrechicf.
Cuignede, Guignée, Guignie {kuni/',' coin), s. f., cognée. Du lat. cunealam,
en forme de coin, s. ent. asciam, pioche.
Si cume en selve defuz od cuignedes trencherent les portes de li.
Li/i. ])salin., p. !J8.
A mails de fer et à cuignées qu'il tindrent Fruissenl les ymageues et
trestutes las ydeles.
Chans. </<■ itni., p. m:.
Sexante huit cuignies enmanchies, sexante boucons de camelot des armes de
France, etc.
Dècli. de 1340, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de },, Ch ■
des Comptes, p. 203.
1. Cuillir {lo mil}, v. n., choisir.
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(delwedd C0319) (tudalen 0251)
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— 251 ^
Dun vint ù Saint Orner dans Richart de Luci ;
De Saint James, par Flandres, sun chiemin a cuilli.
.S'. Tlioni. If Mort., p. 1\.
■2. Cuillir (recueillir). V, Cueillir.
Cuilte, Goilte {quill, quylle^ Palsg.), -s./"., couverture, couvre-
pieds. Du lat. cidcilam, matelas. V. Coule.
fjuant ses liz fuit la nuiz mult ben apparillez.
D'une cuilte de paile (riche étoffe), de chers dras et delgiez,
Quida cil ke il fust od la damme kuchez,
K" ele fust là venue, il li ert acuintez.
S. T/io»i. le M",'!., p. 12.
Car toz les anz seut par costome Doner en la cité de Rome. . . Quinze de pur
or fin For draz faiz de laine e de lin Por colites e por covertors.
Vie <le S. Crég., v. 16G1.
Guilvert. V. Culvert.
1. Cuinte (gracieux). V. Coinle.
"2. Cuinte (astucieux). V. Qiieinle.
Guintise, Gointise {qtieinlise*)., s.f.,ficïence, habileté, astuce. V.
Queinle, coinle. cointemenl.
La meie bûche parlerat sapience, e la meditatiun de mun cuer, cuintise.
Lih. i).<alin., p. (Jl.
Li sires lluuifrci de Hoïm est mult de grant cuintise.
Cliroii. deJord. Faut., v. 783.
N'en uil le cuer tant plaln de grant cointisc.
Gi'iciiAKL) uiî Beaulieu, Sernmn, ]>. 21).
Cuirée. V. (Juirée.
Cuite. N'. Coile.
Cuitée, Quitée (rjuiel, quielness, Sherw.), s./"., tranquillité. Du lat.
quietalem.
Por tenir cuitée e pais.
Ukn., C/iron.de i\'or/n., v. 738!).
Veilles que ait paiz et quiteé D'or en avant en cest régné.
Id. (h.. V, 6-27.
Cuitement. V. (Jnitemeui.
Cuivre, Goivre, Couire {quivcr), s. m., carquois. Se rattache au lat.
corrfliwi.
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(delwedd C0320) (tudalen 0252)
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— 2o2 —
Cent saietes de fin acier Portot en i. cuivre d'ormier.
BÉN., Roman de Troie, au gloss.
Tôt plein lo coivre de saietes De fin acier, à traire prestes.
Id., ih., V. 7839.
Dune a chescun son arc tendu,
Couire et archais (étui d'arc) el lez pendu.
Wace, Rom. de Rou, v. 16628.
Une quatrième forme, cuevre, se rencontre dans le Roman de Cleomadés, cité
dans la chronique de Benoît, II, p. 430:
Et en un cuevre plain de quarriaus.
Cale. V. Cov.le.
Culpable, Goulpable (culpable), adj., coupable. Du lat. culpahilein. V.
Guipe, coidpe.
Ne n'ai raison que vers Deu me défende Que peccherir culpable ne me rende.
Adam, p. 42.
Tant est bon espoir en Dieu contraire à. tout crime, que l'anie coulpable ne
puet estre ailleurs mieux ne si bien asseurée.
Al. Chaut., L'Esp., p. 359.
Culpe (culpe'), s. /"., faute. Du lat. culpam. V. Coidpe, culpable,
cidper.
Clamez vos culpes, si preiez Deu mercit; Asoldrai vos pur voz anmes guarir.
Chans. de Bol., p. 97.
-Merci lor comence à crier, Conoist sa culpe e son mesfait.
BÉN., Chron. de Norm., v. 109()8.
Guiper, Cuper (1) [to culpale'). v. a., blâmer, censurer. Du lat. eidpare,
reprendre, critiquer. V. Cidpe.
Ocirrat le felun sa malice, e li haanz le juste serunt culpet.
LU: des Ps., XXXIII, 21.
Sa doctrine despit e eschivi E à tort la cupa.
Vie de S. Auban, v. 230.
Cultre, Goitre [coidler; culler, Cotg. ; cultar, Palsg.), s. m., couire,
forte tige de fer aplatie et tranchante, dispo.sée
(I) La cliule de l clymologif|ue dans ce mot s-e rencontre de même dans cape,
blâme, dérivé de culpam.
X'esieil gaires soveni clamez Xe mis en cupe n'en jnstise.
BÉN., CIivoiK de Norm.. v. 2.54-53.
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(delwedd C0321) (tudalen 0253)
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— 253 —
devant le soc de la charrue, pour fendre la terre. En prov. collre, en ital.
collro. Du lat. culler, couteau.
Que nuls nul leu de sun labor
U il aura esté le jor
Soc ne cultre ne est ne move.
Bén-, Citron, de \orin,, v, 7151.
Mal fera soc ne coltre ne apleit remuer.
Wace, Rom. de Hou, v. 19T!). ■*
Culvert, Coilvert, Guilvert (culvard'), adj'., lâche, traître, perfide. Du
lat. collibertum, affranchi qui sert le même maître qu'un autre (1). V.
Cnverlage.
Et li culverz mist sa une main vers terre, pur la spée lever, e l'altre main
mist vers le mentun Amase, cum il le volsist baisier, et parla harbe le
saisid, e del espée sudeement le ferid e le ventre Ini purfendi.
Lrs Rois, p. 198.
Ultré culvert, Caries n'est mie fol. Ne traïsun unkes amer ne vole,
Clians. de Roi., p. 108.
Kar li Engleis, li tricheor, Li coilvert, reneit traïtor. . .
BÉN., Cliroii. de .\orin., v. 4283.
Mult s'en fist lée la cuilverte.
Id., ib., V. 7261.
Gumander {cumand', commandé), v. a., commander. V. Cumandere.
Pur ço cumandad Saiil que l'um li feist venir dunt il pout sacrefier.
Les Rois, p. 43.
Mes ore seiez chevalier, pur Deu le vus cumande.
Cliron. de Jord. Faut., v. 1024.
D'où cumandement, commandement :
E establit ice à Jacob en cumandement,
Lih. psalin., p. 151.
Cumandere. Comandere {commander), s. /"., commandant, chef, celui qui a
l'autorité, le pouvoir. V. le mot précédent.
Pur faire. . . que tu seies rei e cumanderes sur tuz.
Les Rois, p. 131.
(1) Colibert, avec le sens de culvert, tel qu'il vient rrcd'o défini, se
trouve dans Guillaume de S. -Pair :
Di, colibert, por ([uei venis En cest mosUer ? Quei quels i
Rom. du Mont S. Mic/i., v. 2fi38.
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(delwedd C0322) (tudalen 0254)
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— 2o4 —
Vos fait il od sei parçonier, Seez li maistre e conseillier, Sor toz les
autres excellenz, E comandere de ses genz.
Béx., citron, de Sorni-, v. 9148
Cumbler (cûmble*), v. a., combler. Du lat. cumnlnre.
Sus ciel n'est aveir delitus Beal ne riche ne precius, Dunt si ne seum
repleni Cumblé e senmanti Que n'en porrum le tierz porter.
Bén., Chron. de Norin-, v. 1173, p. 10.
+ Cumblet [tumbling, Gotg.), s. m., culbute, cabriole. Le patois normand, a
encore le verbe cuinhlolet\ faire la culbute; en angl. lo tumhle.
Gumpainz, Gompainz [compaine), s. m., compagnon, frère d'armes. Du lat. cum
et panem, qui mange le même pain. — Coupa f/ne, compagnon, Kel.
Mult par est proz sis cunipainz Oliver.
C/i<in ■<(/)' UoL, p. 1.5.
Gompainz e mestre lu Bier, Ke l'en clamet Coste de Fer.
N\ A. E, Bum. de Rua, v. 147,
Gumveier. V. Cunveier.
Cuncile. V. Concile.
Gunduit, Gonduit [conducl), s. m., escorte, guide.
Mes li mandast pur son pleisir, E s'il nel volust retenir, Cunduit li dunast
par sa terre, Quant ireit ses SQudées querre. Quant li reis oit les
messagers, Mut les ama, mut les ot chers ; Sun cunestable ad apelez E
hastivement comandez Que cunduit liappareillast, Ke Vi barun li amenast.
Mat;ie, h'iii/uc, v. 115.
Quant li bons dux de Normendie Le sont, mult par se merveilla De ce qu'en lui
tant se fia. Que senz conduit est si venuz.
BÉN'., Cliron. de .\orin., v. 23218.
Guneistre, Gunustre {lo cunne^), v. a., connaître. V. Cunoissance.
E il s'afierent en tei ki cuneurent le tuen num.
Liv. des Ps., IX, 10.
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(delwedd C0323) (tudalen 0255)
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— ihl) —
Bien cmluis le Ijarua ki 's cunduit e ki 's guia.
Clirun. lie Joril. Fant., v. 1151.
Cunustre les pout liom sanz faille u distance.
Viede S. Auban,vATn.
Gunestable {coneslable), .s\ m., connétable. Le mot anglais conxlahle,
officier de police, vient de là. L'anc. forme du mol, CHHSlnh/e, se trouve
dans le diction, de Sherwood.
Cuncslable, dérive de cornes slabuli ; dans le principe en effet, le
connétable était l'otïïcier chargé du soin des'^tables, dans la maison de nos
premiers rois. Par la suite, il devint commandant d'une troupe de guerre,
puis chef général de l'armée ou commandant d'une province.
David survit sa est ; si fist cunestables sur mil chevaliers et altres sur
cent.
Les Hoi.i, p. 185.
Gentil (de noble extraction) furent 11 conestable.
Waie, Rom. ilf Kijii, V. 5f)(>l.
CuDJureisun {conjurison*) , a. /"., conjuration.
Pur quel as fait conjureisun encuntre mei ?
Les Rois, p. 87.
Cnnoisance , Conoisance ( cognizance , insigne , marque ; cof/nisance,
armoiries, Sherw.) , s. /"., armoiries, marques propres à se taire
connaître, que l'on se mettait sur les écus, les cottes d'armes, etc.;
bannières, pennons, portant ces marques.
Escus unt genz (beaux) de mult cunoisances.
Chons. (If Roi., p. 257.
D'espées e de tros de lances, D'enseignes e de conoisances Est tote la terre
jonchée.
BÉN., Cluon. de Norm., v. 1882G.
En bas-lalin, on a donné le même sens au lat. cogniiiones :
Petrus de Maulia aliique nonnuUi fugientium, cognitiones suas, ne
agnoscerentur, [U'cjecerunt.
OuDEUic ViT.\i., 1. XIII, p. 855.
Cunoissance, Gunussance {cunniiig*}, v. /"., connaissance. V. Cuneistre.
Sanz cunoissance d'umme u repruver.
Vie de S. Auban, \. 141
Les cors ki ne estoient de nule cunussance.
Ib., V. 1371.
Cunquerre, Conquerre {lo conquer), v. a., conquérir. Du lat. couquirere.
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(delwedd C0324) (tudalen 0256)
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. — 2o6
Francheis dient ke Normendie, Ço est la gent de North mendie, Pur ço k'il
vindrent d'altre terre Por miex aveir e por cunquerre.
Wace, Bo7n . de Hou, v. 119.
Grant martirie out en terre. Pur noz anmes cunquerre.
Pu. DE TiiAON, Comput, V. 829.
Plus porriez conquerra par vostre humilité.
S. T/<o/,i. le Mart., p. 113.
Ciinquest {conquesl), s. m., conquête.
N'aurez de mun cunquest vaillant à un alié.
Chron. r/e Jord. Faiit., v. 395.
Cunrei. V. Conrei.
Guuseiler, Conseiller (lo conseyly'), v. n., aviser, réfléchir, délibérer. Du
lat. consilica'i, tenir conseil.
A receivre la meie aneme cunseilerent.
IJh, psrdm,, p, 37. Sor un faltre de porpre bise Sont andui aie conseiller.
BÉN., Rom. de Troie, v. 4714.
Gunstrainde {lo conslringe) , v. a., serrer. Du lat. constringere.
En chevestre e enfrain cunstrain lur maixeles.
Lib. paalm., p. 39.
Cuntenance icountenance), s, f., figure, visage.
Suz Sun mantel enfuit sa cuntenance.
Chans. de Bol., p. 73.
Establist sun barnage par fiere cuntenance.
C/iron. de Jord. Fant., v. 81.
Cuntenir (se), se contenir Ho confene'i,v. re'/?., se tenir, rester,
.deiaeurer. Du lat. continere qui a, entre autres, toutes ces acceptions.
Ço fud David qui à esturs plus vertueusement se cunlint.
/-(•snois, p. 73.
Pur Pinabel se cuntienent plus quei (cois).
Citant, de liai., p. 317.
Cornent il se dait contenir. Poés, anglo-norm. citée par M. Meyer, Bull, de
In Soc. des aiiv, textes (1880), p, 55.
Voilà comme nos prédécesseurs se contenoient vertueusement en bonne dévotion,
rendans grâces à Dieu des biens qu'ils recoignoissoyent procéder de luy.
De Bras, liech. et antù/. île la ville de Caen, p. 218.
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(delwedd C0325) (tudalen 0257)
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— 257 —
Guntraire. V. Contraire.
Guntrarius, Gontraricus {con(raryus'), adj., divei-gent,
qui est en désaccord, en lutte. V. Contraire.
Envers Franceis est mult cuntrarius.
Chans. de Roi., p. 103.
A. toz cels qui Deu ainment est tant contrarieus Que l'en ne set qui creire
tant i a boiseeurs. ^
GuicHARD DE Beaulieu, Serniun, p. 15,
Cuntrée {cuntrey, Sherw.; countrey, id. ; country), s. f., contrée, région.
Que jo suis moerge en l'estrange cuntrée.
Chans. de Roi., p. 38.
Li senechaus esteit de la cuntrée nez.
5'. Thom. le Mart., p. 180.
Cuntre-guaiter (se), se contreguetier {to counterwaite'), V. ré/l., se garder
de son côté, se garder à son tour. V. Guaiter.
Li reis de Syrie guerriout ces de Israël, prist en cunseil que il freit les
suens là e là enbuschier pur ces de Israe aguaitier e damagier. . . Li reis
de Israël. . . bien se cuntre guaitad.
Lis Rois, p. 366, A Sun fdl escrit e manda E par essample li mustra Cum il se
puist cuntreguetier, K'hum ne le peust engingnier.
Marie, Fables. — ProU
Cuntrester , Gontrester ( counterstrenght , contrecarre , Sherw.), v. a.,
contrecarrer.
Qu'il vus peussed lungement par force cuntrester.
Chron. de Jord. /''«nC. , v. 6563.
Que nul ne vos puisse contrester.
BÉN., Chrun, de Norm., v. C5G3.
Guntrevaleir. V. Contrevaleir.
Cuntruvement, Gontroveure, Contruvure {coyitrivayice, con triving, Sherw.;
contrevore), s. m., invention, artifice. V Cuntruver, controuveur.
Selunc la felunie de lur cuntruvemenz (secundum uequitiam adinventionum
ipsorum).
Lib. paalin., p. 33.
Ce n'est controveure ne n'est fable ne clianz.
GuiCMiAiU) DE BEAULiEti, Scrmun, p. 9.
Mes trufle est e contruvure.
Vie de S. Au bon, v. 1258.
17
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(delwedd C0326) (tudalen 0258)
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— im —
Cuntruver, Gontrover {to contrive, to controve'), v. a., inventer, trouver,
arranger. V. Cuntruvement ^ controuveur.
L'idée péjorative renfermée dans le français controuver ne se rencontre ni
dans le verbe normand, ni dans le verbe anglais.
Li païen ciintruverent
Les nuns qu'as jurz dunerent.
Pu. DE TiiAON, CompuC, V. 423.
Si faite ovre n'iert controvée, Faite jamais ne porpensée.
Béx., Chron. île Norm., v. 5937.
Cunussance. V. Cunoissance.
Cunastre. V. Cuneistre.
Gunveier, Cumveier {to convaye, Palsg., to cumvay'), v. a., accompagner. De
cw?n, avec, et viare, faire route. — Conveer, convoyer, Kel. V. Veie, convei,
conveier.
Tut 11 poples de Juda out 11 rei cunveied.
Les Rois, p. 196.
Issl cumveient le rei de si qu'à Westmustier.
Chron. (leJord. Fant., v. 1942.
Gunvers [couvert), adj., converti, qui a changé de religion. Du lat.
conversum, part. pas. de convertere.
Dehors Verlame la cité, Estoit de graat antiquité Une eglisette fundée, «
Sancta Syon » ki fu numée Paens cunvers la firent, l'an Ke decolé fu seint
Auban.
Vie lie S. A uban, Rubrique, f° 61 r".
Gunversement {conversation) , s. m., relations intimes, commerce chai'nel. V.
Conversation, converser 2.
De ces genz dunt Deu out cumandé à cez de Israël que od els ne eussent
cunversement charnel ne cumpaignie.
Les Rois, p. 275.
Gunverser, Gonverser {to converse), v. n., vivre en un lieu, y avoir ses
relations, y habiter. Du lat. conversari, qui a toutes ces acceptions. —
Conversant, habitant, résidant, Kel. V. Converser 2, conversation.
Neel ne se peut accorder. Ne el païs n'osa converser.
Wace, Siom. de Rou, v. 9310.
Cil qui à Roem abitoent,
Ne qui el païs conversoent ,
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(delwedd C0327) (tudalen 0259)
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259 —
Virent les multitiidines grànz Des feus Daneis, paens Normanz.
Hén., Cliron. <!<' Soria., v. 30SI.
Guper. V. Culper.
Curage, Corage, Courage (corage), s. m., sentiment, cœur, goût, pencliant. —
Curage, inclination, Kel.
Mais jo ne sai quels en est sis curages.
Chans. de JioL, p. 17. Puis li comence à descovrir. Sa volenté e sun corage.
BÉN., C/iron. de Non»., v. 4735.
S'il (le vin) est sans eau, je prendrai ce breuvage. Nostre hoste, à vous!
J'en boy de bon courage!
J. Le Houx, C/ians. du Val de Vire, p. 114.
Curaille {coralle'), s. /"., rebut, ordure, écume.
Cum devez mais estre curaille Sor autre terre, qui rien vaille.
BÉN., Chr-on, de Nor/n., v. 18553.
Le mot se rattache-t-il ici par métaphore à curer, enlever les immondices, et
indique-t-il celles qui sont le produit du curage ? ou bien est-il employé
ici dans un contre-sens figuré, pour entrailles, viscères, toutes choses de
rebut? — (■'oralle, coraille, formes très rapprochées de notre mot, ont
eu, en effet, cette dernière acception en ancien dialecte normand (1).
Curaument. V. Curiosement.
-}- Cure [cure*), s. /"., soin. Dulat. curam. Cure, dans le sens qui
vient d'être indiqué, n'est resté français qu'associé au verbe avoir. V.
Curer 1, curieux, curioselé, curieusement.
En patois normand de Guernesey, le mot a conservé l'acception générale qu'il
avait dans l'ancienne langue :
Prie Gu, vier sans cure.
Rimes guern,, p. 99.
Cil qui mist tel peine et tel cure Pour saincte Église enluminer, pour les
aullres doctriner, parfin s'entroublia.
Pec. poèrn. du Mont S. Michel, p. 63.
(I) E les boiaux e les coralles.
GuiLL. DE NoRM., Best, div., v. 1G27.
Les cors lur perce et les corailles.
BÉN,, Chron. de Sorin., v. 1261.
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(delwedd C0328) (tudalen 0260)
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— 260
Elle met seulement et son cœur et sa cure A la richesse vaine, à l'amas, à
l'usure.
Vauq. de La Fresn., Sat., p. 315.
1. Curer {to cure), v. n., se soucier, s'inquiéter, littéràralement avoir
cure. V. Cu7'e, curieux, curiosité. Du lat. curare, soigner.
Car qui requiert de l'injure
A lui faicte, se il ne cure
De la sieure en court asprement,
Il pert (paraît) qu'il se plaint follement.
Coût, de Norm., en v., p. 98.
2. Curer [to cure), v. a., guérir. Même radical que curer \.
De tuz malz, en verte. Nus curât damnes Dé.
Pji. de Thaon, Cornput, v. 1063.
Tant que j'en euz un franc baisier, Qui, pour l'heure, mon mal curât.
Al. Ciiart., l'Hospit. d'Aru., p. 740.
Curgiée {scourge, fouet; scurge', fouet de toupie), s. f., escourgée, fouet à
plusieurs lanières de cuir. Du bas-lat. corgiiam, corruption du lai.
corrigiam, courroie, fouet; de coriuni., cuir.
Chascune noit faiseit sa char discipliner, As curgiées trenchanz et batre et
descirer.
5. Tliom. le Mart., p. 137.
Curial [curial')., adj., de cour, de courtisan.
Je te dis que tu deusses estre A prier Dieu dedens ton cloistre, E tu tiens
termes curiaulx.
P. Gring., I, 115.
Vie curial est de la nature des folles et dissolues femmes, qui plus
chérissent les derniers venuz.
Al. Chaut., l'Esp, p. 297.
Curios, Gurious [curious') , ad., soigneux, soucieux. Du lat. curiosura, qui
a le même sens. Etre curieux de ses arbres, de ses récoltes, etc., être
curieux de ses bestiaux, etc., sont des locutions journellement usitées dans
nos campagnes. V. Cure, curer 1, curieusement, curioseté.
Nus n'eut esté plus curios De tenir terre dreitement.
BÉN-., Ckron. de Sorm. v. 12002.
Dolent fu e pensiz e curios cornent
Il se porreit vengier du roiz e de sa gent^
^^■ACE. Hom. de liou, v. 942.
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(delwedd C0329) (tudalen 0261)
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— 261
Tant ert pénible e curious De garder la cité romaine.
Vie de S. Grég., v. 2723.
Curiosement {curioiisly' à curious'), adv., avec soin, .^vec attention, V.
Curios.
Ceo firent curiosement E bien e bel e sagement.
BÉN., Chron. de Norm», v. 1998.
Une forme voisine, curaument, se rencontre aussi en ane. dial. norm., avec le
sens de sincèrement, consciencieusement, avec cœur.
Pur tes enemis curaument Deu prias.
Vie de S. Auban, v. 925.
Gurioseté, Curiosité (curiositij') , s. f., soin scrupuleux, recherche. Du
\?l\. curiositatem, recherche soigneuse. V. Cure, curer 1, curieusement,
curieux.
Vie, senz, curioseté,
Oîi dras e vivre ad planté.
Qui n'est cel où tant ad meseise,
Il n'i a rien que ne despleise.
Marie, PitJ-g., v. M29.
Ces exemples ne sont pas recitez pour les ensuyr en créance de religion, mais
pour esmouvoir à curiosité de dévotion.
Al. Chaut., l'Esp., p. 383.
Curre (curre'), s. ru., chariot. Du lat. currum.
Li Philistien s'asemblerent à bataille encuntre la gent Deu, à trente mille
curres e set mille chevaliers.
Les Rois, p. 42.
Febum, deu du solail. . . en un curre estant.
Vie de S. Aaban,x.l322.
Curs. V. Curz.
Les Rois, p. 42.
\. Gurt, Gort, Court [curf, court, cour de justice; courtland, domaine
seigneurial), s. f., cour de justice, palais d'un piince. Du bas-lal. curtem,
domaine rural d'un seigneur (4). Dans les premiers temps de l'époque féodale,
c'était là que résidait et siégeait son conseil , là aussi que se
réunissaient le plus souvent les magistrats désignés par lui pour rendre la
justice en son nom. Avec le temps, la dénomination du lieu où se tenaient ces
réunions est de-
(1) C'est en ce sens que cort doit être interprété dans le texte suivant :
I.a cort Richard semblout toz jors feire u marchié.
Wace, Rom. de Rou, v. 1449.
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(delwedd C0330) (tudalen 0262)
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— 262 —
venue celle du corps même des magistrats ou des seigneurs qui y prennent
part. V. Cour.
Qu'il i ait a droit en sa curt.
Lois de Guill., 6.
A Bedeforde out un bacheler. Qui la gent firent en curt juger.
Vie de S. Thom. de Cant., v. 1255.
Quand la defaute ou li torz fez de la cort al segneur est provez, la cause
revient à la cortle roi.
Marnieii, Etabliss. de l'Echiq. de Norm., p. 70.
Assise est une court en laquelle ce qui est faict doit avoir perdurable
fermeté. . . Ceulx sont appelés jureurs qui, par le serment qu'ils ont fait
en court, sont tenus à dire vérité des querelles, selon ce qu'il leur sera
enchargié par la Justice.
Ane. Coût, de yorm., ch lxix.
2. Curt {curte 3), adj. et aclv., court. Du lat. curtum.
Curte la quisse e la crupe ben large.
Chnns. de KoL, p. 127.
Dous plichuns ot de suz, qui furent curt lié.
5. T/iom. le M art., p. 201.
Curteis (curteis')., adj., courtois, littéralement qui appar tient à la curt
(cour). — Ctirteise, poli, civil, Kel. V. le mot suivant et corteis.
E Olivier le proz, le curteis.
Chans. de lioL, p. 314.
Li dulz, li saives, li curteis.
BÉN., CAron. de Norm. v. 4314.
Curteisie (courtesy ; curteousy., Sherw.), s. f., courtoisie, acte de
curteis. Y. ce mot et corteisie.
Li dus le tint à grant voisdie,
Si le turna à curteisie.
Wace, Boni, de Row, v. 7257.
Curver [to curve), v. a., courber. Du lat. curvare.
Devant la face de lui curverunt le genuil tuit.
Liv. des Ps., XXI, 30.
Curz {curse)., s. m., cours de la vie, des astres, etc. Du Lit. cursum.
Li uns fu Rainai li fiz LTrz Qui malenient ad fini son curz En folie.
Vie de S. Thom. de Cant., v. 919,
E creist pur la mer desqu'en som Pur les curs de la luneison.
Bén.. Chron de Norm., v. 8023.
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(delwedd C0331) (tudalen 0263)
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— 263 —
Cusinage [cosinage), s. /"., famille, personnes, ayant des liens de
parenté, d'alliance.
Aiirront (adoreront) devant lui tûtes les cusinages (cognationes) des genz.
Liis. (les Ps., XXI, 28.
Cust. V. Coût.
+ Gustos {custos, garde), -s. ni., huissier d'église (Jans les campagnes.
C'est le mot latin inalléré.
Hoc avait un segrestein, Custode e garde et marrugler.
BÉN., Chron. deISurm., v. 39125.
I Un curé et son custos sont en train de lire une liste d'objets trouvés dans
une maison, après la mort du maître, etc.
J. Fleuuv, Liltér. orale de la Basse- Nonn., y. 196.
Custume, Coustome (cicstom) , s. f., coutume, habitude. Du bas-lat.
costurnam, em])]oyé 'pouv coiisiietudinem dans une charte de 705.
Ço est la custume de Marchenlac, si alquens est apeled (accusé) de larcin. ..
Lois de G util. , 4.
Par custume, matin veneit e estout après la porte.
Les Rois, p. 172. Od meinte autre maie coustome.
Vie de S. Grég., v. 1201.
Gustumer, Gustumier {custoirtey^') , adj., coutumicr, qui est dans les
habitudes. V. Custume, coslumier,
L'endemain quant il ajurnat Li chamberleins lues sus levât, Kar Sun seignur
ert custumer, D'aler par matin al muster.
Vie de S. Gile, v. 661.
E jurra sun serrement dunt il fud custumier.
Chron. de Jord. Fant., v. 853.
Gutel [cutlle"), s. m., couteau. Du lat. cultellum. Aler le sumement de
lance e de cutel.
Vie de S. Auhan, v. 1-126.
La forme la plus ancienne paraît être cultel.
Si se trenchierent, si cume fud lur usages de cultels e riflerent la charu.
Les Rois, p. 317,
Guveiter, Guveitise. V Coveiler 1, covelise.
Guvertage (culvertege', lâcheté), s. m., asservissement? abjection. V.
Culvert.
— 264 —
Ne rien ne puis je tant voleir Cum à eissir del cuvertage E deu renei e del
servage En que vos me quidez tenir.
Bén., Chron de Norm., v. 16705.
Cuvertage se rattache à cuvert, synonyxiie de culvert.
Le cuvert malade se faint, Sa chiere e son viais taint.
Wace, nom. de Rou, v. 574.
Cuyrée. V. Quirée.
Cynamome {cinnamon) , s. /"., cannelle. Du lat. cinnamoi/ium.
Un quarteron de cynamome, 5 s.
Compte de 1455, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses Notes et doc. sur la
Norm,, p. 383.
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(delwedd C0332) (tudalen 0264)
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D
Daible, Debles [dehles'), s. m., diable. V. Deeblie.
Iceste daible tu formas.
Lio. des Ps., CIII, 26.
Mes li debles par envie, Qui tut est plein de tricherie, Le volt trubler.
Vie de S. Thom. de Cantorb., v. 409.
Daingner, Deingner [to deine), v. n., daigner.
Ne daingneient, ne servir, ne estre en sa baillie.
Wace, Bom. de Boa, v. 2078.
Mist à requerre nostre sire
Qu'il lu deingnast moustrer ou dire
Quel loiier espérer deiist.
Vie de S. Grég.,wAlU.
+ 1. Dalle {dalé), s. /"., vallée. D'où les dénominations de plusieurs
localités, telles que Dieppe.dale, Bruquedale, Cvodale, etc., dans la
Seine-Inférieure. De l'islandais dal, vallée; en Loll. délie, fossé.
+ 2. Dalle {to dalle' 8, pencher, incliner), s. f., évier, tahle de pierre
creusée et légèrement inclinée vers un orifice, sur laquelle on lave la
vaisselle.
Quelquefois aussi on donne le nom de dalle ou de dalot au canal destiné à
l'écoulement des eaux ménagères.
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(delwedd C0333) (tudalen 0265)
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— 265 —
Pour un greil de fer, qui est devant la dale d'emprès la porte du cliastel,
pesant iii pesées, ii sous.
Cotnpte (le'ViSl , cité par M. Delisle dans les Actes norm. de In Cil. di's
Comptes, p. 31.
Iceluy Leudes voulloit faire en sa dicte maison sur icelle venelle, certaine
huisserie et yessue et avoir dalles en icelle pour esgouter les eaues de la
dicte maison.
Ch. lie 1458, du Cartul. de Lisieux, i° 71.
Dalphin {dolphin, Cotg.), s. yn.^ dauphin, fils aîné du roi de France.
Et cependant le dalphin, ains né fdz du roy, fut introduit aucuns des
malveuUans dudit duc d'Orliens.
P. Cochon, Chron. norm., p. 212, éd. de Beaurep
-\~ Damage {damage), s. m., dommage. Dulat. damnum, par un intermédiaire
fictif damnaticiim. V. les deux mots suivants.
Leist à faire damage à altre pur pour de mort.
Lois fie GuilL, p. 38.
Si vunt veeir le merveillus damage En Rencesvals là o fut la bataille.
Chans. de Bol., p. 238.
+ Damager {to damage),, v. n , nnire, causer dommage. V. Damage, damagcur,
endamagier.
Abner le fiz Ner asemblad ost... pur damagier e bataille tenir encuntre ces
de Juda.
Les Rois, p. 125.
N'oï riens au comencement N'ou tant eust damagié gent.
Bén., Chron. de Norm., v, 11868
Damageux, Damajos {damageous'), adj., dommageable, nuisible, préjudiciable.
V. les deux mots qui précèdent.
C'est un colp damageux, ki ne s'en seit garder.
W.ivcE, Rom. de Rou, v. 2521.
Mult m'aureiz esté damajos.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2870.
Damesele, Dancele (damsel), s. /"., demoiselle, suivante, jeune fille.
Du lat. dou/inam vint en bas-lat. le diminutif dominicellam, d'où dérivent
les formes domnizellc [Cant. de .S'"" EuL), dam L'yole {Chans. de
Roi.), et celles damesele et dancele, qui nous occupent.
De sa feme départi Par conseil, si com oï dire, Puis prist damesele Sibire,
La soeur le cunte Patriz.
//«.s-f. de G ail. Le Maréchal, v. 370.
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(delwedd C0334) (tudalen 0266)
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— 266 —
E la dancele buenement Li remostrout tôt ensement.
Bén., Chron. de yorin., v. 31284.
Damnement, Dampnement {daraning , Cotg.), condamnation. V. le mot qui suit.
Les maisons aux forbanniz et aux forjurez doibvent estre arses, en tesmoing
de leur damnement.
Ane. Cout. de Nor/n., ch. xxiv.
Puisque le damnement de son père ne luy empesche à tenir le dict héritage,
qu'il eust donné au devant, il s'ensuyt clerement • qu'il ne doibt pas
empescher qu'il ne luy revienne.
Le Rouillé, Gr. cout. de Norm., î° xxxviij i°.
Kar lur conseil li fu à mult grant dampnement.
.S. T/iom. le Mart., p. 17!i.
J)amneT,ï)am]^ïxer{iodamn',todarnpne), v. a.,condaiinier. Du lat. damnare. V.
le mot ijrécédent. •
Ne fist justise des damnez.
BÉN'., Chron. de Nonn , v. 8401.
Le veuls jugier e vels dampner.
^YACE, Rom. de Rou, v. 5582.
Damter, V. Danter.
Dan {dan, messire), adj.^ titre d'honneur que l'on donnait à certains
seigneurs. Dan estditpourcZomjdulat.fZommwm.
Cume fist à dan Isengrin Un chevaler de Costentin
BÉx., Chron. de \orm., v. 16167.
Ço est dan Richart de Luci ki tut le munde prise.
Chron. de Jord. Fant., v. 785.
Dancele. V. Damesele.
+ Dandlotte {dandilly*, femme vaine, sotte; dandler, douillet, mignard,
Sherw. ; io dandle, dorlotter), fille indolente. V. le Dict. franco-norm. de
M. Métivier.
Daneis {Daneis*),s. m. pi., Danois.
Si cum li reis Alrez fist tuer et mordrir tos les Daneis qui esteient en
Engleterre.
Bén.. Cliron. de Norm., II, 419. Sommaire.
Franceis, Daneis tant sunt aie Qu'à parlement sunt assemblé.
Glill. de S.-Paiu. Boni, du Mont S. Michel, v. 4619.
Danger, Dangier {dangers), s. m., domination, suprématie, autorité. Du
]jas-lat. dominiarium, corruption, du lat. dominiiim, droit de propriété.
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(delwedd C0335) (tudalen 0267)
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— 267 —
Soi" Galeis ala osteier
Kar une n'ama jor lor danger.
Bén., Cliron. du Sonn., v. 40337.
Bien nos istrom de son dangier, S'il nos convient seingnor changier.
Hist. de GuiU. Le Maréchal, v. 9263.
L'accord ne lui vauldroytrien et demoureroit en dangier (subordonné à
l'autorisation) de justice. **
Le RouiLi.ii, Grand Coat. fie Norm., f° xcviij v\
Dans l'ancien droit féodal, différents domaines étaient dits en danger, quand
ceux qui les possédaient se trouvaient soumis à l'exercice de certains droits
de suzeraineté. Ainsi, en Normandie, par exemple, les forêts étaient des
propriétés en danger, en ce qu'elles ne pouvaient être vendues ni exploitées
qu'en payant au duc de Normandie une redevance que l'on dési^nnit sous le nom
de tiers et danger, redevance que nos rois, après l'annexion de la Normandie
à la France, continuèrent d'exiger.
Il y a le iiers at danr/er appartenant au roy, à prendre en la forest et
buisson de Hallates. . . Touttefois le roy a tousjours faict don du dict
tiers et danger aux dicts sieurs de Graville.
DiiQ. sin- la fond. du. Havre, p. 474.
. Item, j'ay plusieurs bois, en plusieurs pièces, dont il y a II«LX
P" acres en une pièce, à tiers et dangier, deu au roy nostre dit sire.
Aveu de llO.S, cité clans les Mém. et note-f <le M. Aug. Le Prévost, I,
341.
L'on donnait le nom de sergens dangereux à certains gardes ou surveillants,
préposés à la conservation des droits de tiers et danger, particulièrement
dans les forêts, et au recouvrement des redevances résultant de l'exercice de
ces droits.
Et à icelle forest y a verdier, gardain et sergens dangereux et gardes pour
moy constituez à mes soulz et gaiges, par moy or-
tdonnez. Aveu de 1456, ibid., II, 280. di I
Dangereux {dangerous' 2). adj., épargnant, qui accorde [difficilement.
Car vous en trouverez assez De bonnes et de gracieuses, Plus belles que moy
la moitié. Et qui seront moins dangereuses De faire vostre voulenté.
Al. Chaut., Dial. d'un am. et de sa dame, p. 784.
1. Dangier {danger 2), s. m., dette. •j
Mieul.v aimassent vivre en leurs maisons comme seigneurs ,
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(delwedd C0336) (tudalen 0268)
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— 268 —
qu'estre herbergez à regret et comme hostes , en autruy dangier (en langage
familier, vivre aux crochets d'autrui).
Al. Chart., Le Quadrilogue, p. 427.
2. Dangier [danger, Sher^Y.), s. m., risque, responsabilité.
Tabellions pourront commettre clercz suffisans , présentez par les tabellions
pour les dictes escriptures, qui seront jurez et receuz au dangier des dietz
tabellions.
Orilon, de l'Éckiq. de Norni. de 1463.
3. Dangier (domination). V. Danger. Dangon (clangu'), s. m., donjon.
E li dus fist Sun gonfanon Lever et porter al dangon.
Wace, Boni, de Flou, v. 9625.
Ne remaindra en Flandres rien, Dangon ne tur ne fortelesce.
Bêx., Cliron. de yorm., v'. 13392.
Cette forme subsistait encore en Normandie au XIV« siècle; on la 1 encontre
dans une quittance donnée en 1369, au vicomte de Falaise par Tiiiébaut le
Boulengier, charpentier, pour l'établissement d' « une goutiere en la grosse
tour du dangon. »
Danter, Damter (to clanf), v. a., dompter. V. Daunter.
Od force d'armes tôt à fés, Dantout molt soveut les pervers.
BÉN., Chron. de Sorm., v. 20964.
Mamt félon ai damté come cheval o frain.
Wace, Uom. de Rou, v. 1244.
+ Darcelet (clace, dnr, dart), s. m., vandoise, petit poisson de rivière.
Darcelet est un diminutif de darcel, darset, qui se sont dits dans le même
sens. Il y a aussi la forme darceau.^ donné par Gotgrave.
Darde {darle, Palsg.), s. f., lance (1).
Aucuns des maronniers avoient dardes et barres de feu, toutes prestes pour
gelter sur nous.
Le Canarien, p. )I5.
(1) On distinguait la darde du dari; darde s'est dit plus particulièrement de
la lance :
Le suppliant en soy de/endant, mist au devant dudit Martin ladite lance ou
darde.
LeU de réni, de Vif/l. Duc. Dardas.
Les coups de dars et de dardes. '
Fiioi.ss, XI, 301
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(delwedd C0337) (tudalen 0269)
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— 2G9 —
4- Darne {dam, reprise dans une étoffe), s. /"., pièce, morceau. Du celt
dar^i, portion, pièce. V. Damer.
+ Darner {to £?ar>i), y. a., raccommoder, mettre une pièce. V. Darne.
Coumm' je damais ma cauche, hier. . .
MET., Diction. franco-norm., p. Ki'l.
A Jersey, l'on dit derner : «
Mes Gauches étaient perchies, airait fallu les derner.
Rimes jers., p. 40.
Daunter {to daunf), v. a., soumettre, abattre, terrasser, dompler. Don-té est
la prononciation française de ce dernier verbe. V. Banter.
Lesqueies des leis doivent crestien raeuz garder,
U iceles k'establirent Sarazin et Escler (Esclavons, Slaves),
Et les genz par le mund, pur les felum daunter,
U iceles ke firent ii saint hume en brever?
S. Thoin. le M<irt., p. 44.
De {De 3), 5. m.. Dieu.
Leians e vers De ententis.
Bén., Citron, de Norm., v. 9950.
Dam (le seigneur) De merchia e grâce li rendi.
Wace, Rom. de Rou, v. 4377.
L'on a dit en v. angl. ^jerde" (en décomposant le mot per De .') pour
pardieu ! ; d'où l'angl. mod. perdy !
Dean. V. Deen.
Deavé {to deave', étourdir), adj., étourdi, léger.
Aï! femme deavée
Mal fussez vous de moi née !
Car fust arse iceste coste
Qui m'ad mis en si maie poeste !
Ad.ui, p. 30.
Debatre [la debate'), v. a., ijaitre, tirailler.
Dérochent e debatent du cors le remenant.
Vie de S. Auhan, v. 838.
+ Débauche {dehauch), s. f., contrariété, affliction, désolation.
Le seigneur gagna par argent
Une femme de cliambre, Qui les faisait fort librement
Le soir parler ensemble. I^e père les surprit un jour.
Ali! quel cruel ornge!
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(delwedd C0338) (tudalen 0270)
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— 270
La fille fut mise au couvent Sans tarder davantage. Cet inconsolable
seigneur, Toujours dans la débauche, Entend parler, etc. Chron. norm. du XV III'
s., publiée par M. J. Fleurv [Littér. orale de la Basse-fiorm., p. 314.)
En patois normand, débauché se dit encore aujourd'hui pour désolé, affligé,
désespéré.
Je sis desbauchée
Ma canne (cruche) est cassée.
Lfc Frirjuassée, p. 23.
Dolente, debauchaye et ne sachant que fère.
L. Pet., Muse norm., p. 13.
C'est le part. pas. du verbe se débaucher, qui s'est dit pour s'affliger; du
lat. debacchari, s'emporter, d'où l'anc. verbe debaccher, que donne Gotgrave,
et auquel il assigne, entre autres acceptions, celle de se désespérer.
Debles. V. Daible.
Deboneire, Débonnaire {debonaire, bonair'), adj., poli, bien élevé, bien né.
Mult ert curteise e deboneire.
Marie, Gugemer, y. 466.
Il prit par mariage Inde, femme débonnaire et de saincte conversation, qui
estoit seur du duc de Bourgonne.
Chron. de JSorinandie, à la .suite du Miracle de A'.-jD. de Robert-
le-Diable, p. 154.
Dans le principe, cet adjectif s'écrivait en trois mots : de bone aire ou de
bon aire, c'est-à-dire de bonne extraction. V. Aire 1.
E ! gentilz hom, chevaler de bone aire, Hoi te cumant al glorius alerte.
Chans. de Roi., p. 187,
David esteit mult sages, si refud de bon aire.
Chron. deJord. Fant., v. 113(j.
Il y a dans l'ancienne langue, avec un sens opposé, un autre mot de formation
identique, deputaire , de basse extraction (V. Put), lequel tantôt s'écrivait
en un seul mot, et tantôt en formait trois.
Le fel, le chen, le deputaire,
BÉN., Chron. de Norm., v. 769, p. 29.
Kar estes fel e de put aire,
Marie, Fable xciv.
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(delwedd C0339) (tudalen 0271)
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— 271 —
De depulaire, M. Atkinson, l'éditeur de la Vie de Auban^ forme deux mots :
Cist clercs de puteire, damage est k'il ne peut (v. 1579).
Ce texte est incorrect, croyons-nous ; il fallait, comme dans les deux
exemples précédents, écrire deputeire ou de put eire. Dans son glossaire, M.
Atkinson assigne à ' puteire le sens de « vie débauchée », tandis qu'il
sigvaifie, selon nous, « basse origine. »
Débouter, Débuter {tù debout, Gotg.), v. «., expulser, repousser, chasser,
littéralement bouter (jeter) de.
Mielz valt filz à vilain qui est preuz et senez, Que ne feit gentilz hum,
failliz e débutez.
5. Thom. le Mart., p. 89.
En yceluy an 1461, mourit Charles VIIn>e, roy de France , qui avoit esté
en sa jonesse, débouté par les Bourgoignons et par les Anglois, presque hors
de tout son royaulme.
CliTotx. (la Mont S. Micliel, p. 63.
Du pais de France ils (les Anglais) sont tous déboutez.
Chans. norm. du. XV° s. — Rec. Gasté, p. 121.
Debruisier, Debruser, Debriser {debrusede\ debrysed\ froissé, écra^séj, v.
a., écraser, briser, àéchivQV.— Debrusez, mis en pièces ; de&rwer,
annuler, résilier, Kel. V. Bruisier.
Li reis Othes, lui e ses genz, • Li veut livrer à ceus dedenz Por debruisier
son cors od paus, U traire à eues de chevaus.
BÉx., Chron. de Norm., v. 19G22.
Le brief aveient deslié, Ele en a le seel debrusé.
Marie, Miliin, v, 226.
Pou de fleurs de lys y apparoissoient, qui ne fussent debrisées ou salies.
Al. Chart., Le Qaadrilogue, p. 408.
Debte {debt), s. f., dette. Du lat. debitum. V. Debteur.
Ses namps mette Et baille pour payer la debte.
Coût, de Norm. en vers, p. 120.
Sur ceu que Guillaume Le Gris offroit à... paier sa debte, etc.
Sent, des Commi.'i. en la Baillie de Caen, art. 97,
Debteur {dchl.nr), .<?. m., débiteur. Du. lat. debitorem. V. Debte. detur.
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(delwedd C0340) (tudalen 0272)
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Pour... le pavement d'une des chambres es debteurs, pour piastre, arsille
(argile) et quarrel et pour pairie, xs.
Compte de Vi^Si, cilé par M. Uelisle daus les Actes norin. de ta Ch. des
Comptes, p. 73.
Se tu as pris d'elle (de la Fortune) ce qu'elle t'a peu et voulu donner,
alors tu es debteur de toy mesme, a fin qu'elle rende celuy meschant
(malheureux) qu'elle avoit devant eslevé.
Al. Chaut. Le Curial, p. 394.
Débuter. V. Lebouter.
Decaduit. V. le mot suivant.
Decaïr {to decay), v. n., tomber, dépérir, manquer, s'évanouir. Du bas-lat.
decadere, corruption du lat. decidere. V. Caïr, dechedement^ enchaïr.
Sicum les foilles des herbes, tost decarrunt.
Lib. psalm., p. 46.
Cum decarrat ma force e ma baldur !
Chans. de Roi., p. 242.
Le patois normand use de l'adj. decaduit, ruiné, tombé en décadence. Du lat.
decadivum, qui doit tomber. En V. angl. decas% ruine.
+ Décasser (se), {io discase*, se déshabiller), v. ré/l., se débarrasser de
ses vêtements de grande toilette, pour en revêtir de plus simples.
Deceivre, Deceveir {(o deceive), v. a., décevoir. Du lat. decixiere. V.
Becevement, decevere.
Chi jure à sun pruesme e n'el deceit.
Lib. psalm., p. 15. Le rei duna conseil deceivre sun frère.
S. Thom. le M art., p. 33.
Pont l'om mais gent si deceveir ?
BÉx., Chron. de Norm,, v. 1680, p. 62.
Decentement {decently), adv., décemment. V. Absoluternent.
Doibt le sergent estre adverti de soy porter decentement envers ceux à qui il
s'adresse.
ÏEUUIEN, Comment, du dr. norm., p. 76.
Decepte. V. Lecevement.
Deceptif (deceptive), adj., décevant. Du lat. deceptivum.
Les aucuns sont ingrats et deceptifz, Qui ne veuUent aucun pardon donner Et
commettent plusieurs maulx excessifz Dont ilz ne font souvent cloches sonner.
P. Grino., I, 53. Tel argument est deceptiL
Al. Chart., l'Esp., p. 336.
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Décerner (to décerne, Sherw.), v.n., proclamer sa volonté, sentencier. Du
lat. décerner e, juger, décréter.
Dieu décerna par la voie d'Isaïe, sur ceux quichastier ne se vouloient, par
tels ternies : Mandez, etc.
Al. Chart., l'Esp., p. 304.
Decevable (deceivable), adj., trompeur.
Decevable, en français, a un sens passif ; facile à trofiiper, sujet à être
dupe ; tandis qu'en normand, cet adjectif a le sens actif qui vient d'être
indiqué.
Decevables chavals à salut (Fallax equus ad salutem).
Lib. psalm., p. 40. Uncor vus voil jo plus conter Dunt chascuns se deit
amender E guarder d'engin del diable, Qui est subtil e decevable.
Marie, Purg., v. 218».
Decevance. V. Decevement.
Deceveir. V. Deceivre.
Decevement, Decepte, Decevance {deceiving, Sherw.; desceyvance ; deceil ;
desseyt, Palsg.), s. m. et /"., tromperie, supercherie. Decevanche,
ruse, fraude, Kel.V. Decevable, deceveir, decevere.
E ceo que felonessement Nos quert, od fol decevement, Li famés saveir senz
demore.
BÉN., Chron, de Norm., v. 8986.
Nostre creaturs Furmat trestuz les jurz Eissi faitierement,- Senz nul
decevement.
Ph. de Thaon, Comput, v. 501.
Quant par eux est faicte si grant decepte. . .
P. Gring.,I, 32. Ceux qui aiment decevance.
Al. Chart., le Lie. des Quatre Dames, p. 597,
Decevere, Deceveur {deceiver), adj., tfompeur. V. les trois mots qui
précèdent.
Fantosmes esteit d'engin pleins, E faus e decevere e vains.
BÉN., Chron. de Norm., \. 7770. Se aida le malin esperit de ce deceveur du
monde.
Al. Chart., l'Esp., p 351.
+ Dechacer, Dechacier {to discase'}, v. a., chasser, expulser. Le verbe
français est composé du préfixe de et de chacer ;
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(delwedd C0342) (tudalen 0274)
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quant au mot anglais correspondant, il est formé du préfixe dis, pour de, et
du verbe fictif to case, dit pour to chase, chasser, par la substitution du c
dur au ch, qu'on trouve particulièrement en dialecte normand, où cache?', par
exemple, se dit pour chasser.
lo ces ki me heent dechacerai.
Les Bois, p. 209.
Odinel de Umfranville est pris et dechaciez.
Chron. de Jord. Fant., v. 1987.
Decheement , Dechedement , Dechiet {decaying , Sherw. ; decay), s. m., chute,
décadence, déclin, ruine.
Sicurae umbre, cum ele est enclinée à decheement, sut demened e escus sui
sicume languste.
Liv, des Ps., cviii, 24.
Li soleilz cunut sun dechedement (sol cognovit occasum suum).
Lib. psalm., p. 152.
Quand nous voyons ainsi France decheoir, Et à vous tous du dechiet mescheoir.
Al. Chart., l'Esp., p. 262.
Le radical bas-lat. decadere, qui a donné au dialecte normand decair (V. ce
mot), lui a donné aussi decheer, dechaeir, verbe auquel se rattache notre
substantif, sous ces deux formes :
Dient Franceis : mult decheent li nostre.
Chans. de Roi., p. 137.
Guert vit Engleiz amenuisier, Vit k'il n'i out nul recovrier, Vit son lignage
dechaeir. De sei garir n'eut nul espeir.
\Vace, Rom. de Rou, v. 13946.
Declairé {to declai-e, éclaircir), adj., clair.
En oultre le texte, depuis cy jusques au chapitre « De la défaulte D , est
assez declairé, sans lui donner aultre exposition ou entendement.
Le R,ouiLLÉ, Gr.Cout. de Norm., i' cxix.
Il ne fut mie declairé au peuple la cause pourquoy le roy fisl mourir le dit
conte d'Eu.
Chron. norm. du XIV' s., p. 96.
Déclarer [to déclare, Cotg.), v. a., indiquer.
Toutes les choses. • . lesquieulx seront déclarés quant temps et lieu sera.
Le Canarien, p. 28.
Declerement [declaremeni*), s. m., déclaration.
. .. Dont plainement Feront après declerement.
Coût, de Norm. en v., p. 73,
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(delwedd C0343) (tudalen 0275)
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Décliner {to décliné), v. n., dévier, s'écarter, s'éloigner. Du lat.
declinare, qui, entre autres sens, a ceux qui viennent d'être indiqués.
Si tost qu'il déclina de la loy de Dieu, pour suyr ses plaisirs, Dieu lui
suscita nouveaulx ennemis.
Al. Chart., l'Esp., p. 293.
+Décord (dtscord, Sherw.), s. m., désaccord, dissentiment. V. Descorder f
descordable, desacordance.
Et fu ce descort à Noël mil. cccc. et j.
P. Cochon, Chron. norm., p. 204, éd. de Beaurep.
Est difficile, voire presqu'impossible, que quelquefois, malgré soy, il ne
faille avoir des descords et des débats ensemble.
Vauq. de La Fuesn., Or. sur la Calomnie, p. 213.
Baillé à Jehan Le Terrier, Germain Bethon... mâchons, arbitres et juges d'un
decord, concernant ledit hostel.
Pluquet, Pièces pour sero. à l'hist. du Bessin, p. 38.
Au commencement du XV» s., la forme du mot, usitée en Normandie, était
discord, forme que l'anglais adopta :
Y ot grant discord entre pkisieurs gens de la compagnie, tant que le voiage
fut en grant danger d'estre rompu.
Le Canarien, p. 5.
Decorir {to discoicrse*), v. n., couler, s'épancher. Du lat. discurrere, se
répandre.
Là decort sanc de tante plaie.
Bén. , Cliron. de Sorni., v, 3511,
Decourir. V. Descourir.
Decreis (decrease), s. m., décroissement, diminution (V. Creît, décreilre).
Del tut esteit turnée sainte Eglise en decreis.
5. Thorn. le Mart., p. 202.
+ Décreître (to decrease), v. n., décroître, diminuer. Dxi lat. decrescere.
V. decreis, creître, creît, creissant, acreilre.
Normanz decheient et descreissent.
Wace, Rom. de Hou, v. 9127.
Ceus que vos i voudrez empeirier E descreitre e abaissier, Sachiez cil erent
descreu Chascié e mort e confundu,
BÉN., Chron. de Norm., v. 10709.
DedicaLcionidedi cation), s. f.. con?éctation, dédicace. Du lat.
dedicationem.
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(delwedd C0344) (tudalen 0276)
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276 —
En yver, ce trovons lisant, Une feste faisoient grant, Ce ert la dedicacion
Qui fu dou temple Salemon.
Wacb, La Concept. N.-D,, p, 11,
+ Deeblie (devil), s. m., diable. V. Daible.
Les ewes de deeblie epouterent mei (Torrentes Belial terruerunt me.)
Liv. des Ps., XVII, 4.
Deen, Dean [deen, dean), s. m., doyen, dignitaire ecclésiastique. Du lat.
decanum, au propre, supérieur de dix,
Ansel de Saint Bosnier escuier doit Ix sous tournois ; le deen de Condé, XXX
sous tournois, etc.
Invent, de 1307 , cité par M. Delisle dans XAgric. en Sorm. au moyen âge, p.
726.
Tuit dient, fors Milloel et le dean del Sepucre et Canbremer, que ceste vente
doit estre ratrete.
Marnier, Établiss. de VÉchiq. de Norm., p. 108.
Defaçun, Defaçon, Desfaciun (defacement), s. /"., mutilation, action de
défaire, supplice. — Defaçum des membi'es, perte des membres, Kel. V. Des
faire.
Le feme est jugée à mort u à defaçun des membres, ki sait enecintée, ne faced
l'um justice, desquele seit délivrée.
Lois de Guill., 35. A Bedforde out un bacheler, Qui la gent firent en curt
juger
A defaçon ; Les oils li firent à tort crever De desudes choses à léger Per
mesprison.
Vie de S. Thoni. de Cantorb., v. 1255.
Livrez à mort et à desfaciun.
5. Thoni. le Mart., p. 41.
Défaire {to defizen'i^v.n.., défaillir, périr, se dissoudre. Du lat.
defîcere, s'éteindre, finir, expirer. V. Defisement.
Isnelement exoï mei, sire; defist 11 miens espriz.
Lib. psalm., p. 221.
Cist reaumes dunt reis esteie E que jeo governer deveie, Defist, perist, à
neient torne.
Bén., Chron. de Norm., v. 4897.
Nous n'avons pas rencontré ce verbe employé, en vieux français, au mode
infinitif. Et nous nous sommes demandé si défaire était bien, à ce mode, la
forme exacte du verbe. Nous avons pensé que son radical defîcere., formé
lui-même
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(delwedd C0345) (tudalen 0277)
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de de et ficere, pour facere, faire, pouvait former défaire, tout aussi bien
que reficere, perjicere ont formé refaire, pa.rfaire, alors que les deux
exemples cités plus haut peuvent d'ailleurs se rattacher régulièrement à la
forme proposée défaire. D'un autre côté, cependant, la désinence latine
ficere n'a pas toujours pour correspondante en français la désinence faire.
C'est ainsi, par exemple, qne sufficere, conficere, ont donné suffire,
confire. Defire pourrait donc aussi être le mode infinitif de notre verbe.
Peut-être encore l'angl. to defizen a-t-il été formé sur défisse, imparf. du
subj. de défaire, employé au sens du radical deficere (1). Pour un de nos
trouvères normands, Guillaume de S. Pair, ce mode paraît avoir été défier.
E se tu mes (demeures) en nonchaleir,
là ne t'aura foison aveir ;
Ainz défiera tôt, ensement
Comme fait nule (nuée) par grant vent,
Geste richece que ore as.
Rom. du Mont S. Mich., v. 2916.
Defamer {to defame), v. a., diffamer.
Il nus ad à tel tort démenez Comme malvaises genz huniz e defamez.
5. Thom. le Mart., 135, dans Littré, p. 176.
Defaulte [default), s. f., faute. V. Deffault.
Il ne seroit pas raison que les aultres (héritiers) fussent prejudiciez par
la defaulte du plus prochain, qui sont héritiers comme luy. Le Rouillé, Gr. Coût,
de Norni., i' cxx r°.
Defaulter {to default., manquer à ses obligations), v. n., faire défaut.
Terme de droit.
Et si doibt l'en sçavoir que se le demandeur default et l'autre vient en
court, il s'en yra sans jour.
Ane. Coût, de Aorm., ch. xciii.
Defectif. V. De/fectif.
Defendement [defending, Cotg.), s. m., défense, protection.
Li sires tis guardains,îli sires li tuens defeddement, sur la main de ta
destre.
Liv. des Ps., CXX, 5. E od sa main destre 11 jure Garde, aïe, defendement
Vers toz homes, vers tute gent.
Bén., Chron. de Norm., v. 13278.
(1) Il nen est pas escrit, ne clerc ne n'est qu'il lise
Que ja por nule peine l'aime issi (en enfer) défisse.
GuicHARD DK Beaulieu, Sermun, p. 30.
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(delwedd C0346) (tudalen 0278)
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Defenderre, Deffendere, Défendeur (defender), s. «i., défenseur, avocat.
Li miens defenderre et la cornu de la meie salut.
Lib. psalm., p. 18. ... En es e père e avocaz Deffendere, sire e prelaz.
BÉN., Chron. de Norm., v. 6681.
Mes nus clercs qui en sûmes menistre et servitur En devrium adès estre
défendeur.
S. Thom. le Mart., p. 190.
Defens [défende*)^ adj., défendre. Du lai. Defensum.
De tuit le fruit de paradis Puis jo manger, ço m'a apris, Fors de sul un, cil
m'est defens, Çolui ne tucherai de mains.
Adam, p. 14.
+ Defensable (defensible, fensable'), adj., en état de défense. Du lat.
defensibilem. Defensable se dit en patois normand, particulièrement des
arbres fruitiers, plantés dans les pâturages, lorsqu'ils ont acquis un
développement suffisant pour n'avoir plus besoin d'êlre protégés contre
l'atteinte des hestiaux.
E aparaillerent tuz ces ki defensables esteient.
Les Rois, p. 354. Rous, conut bien qu'en la cité Anciene de antiquité. Ne el
pais, n'en la contrée Naveit forz vilz genz desarmée, Poi defensable e poi
vaillante.
Bén., Chron. de .\orm.,v. 3119.
Soit enquis qui ount fait chasteux ou fortelets ou meson de pierres
cliarneles (crénelées) et defensables.
Britton, Traité, ch. xx.
Deffault [default), s. m., faute. V. Defaulte.
La seconde procure remission des passez deffaulx.
Al. Chart. ,VEsp., p. 381.
DefiFauite (defaull; défaite, Palsg. ; de faute'), s. f., manque, privation,
besoin.
Fort maigres par deffaulte de viandes.
Gring., 1, 161.
Par deffaulte de vivrez, il a fallu qu'ils se retraïssent.
P. Cochon, Chr. norm., p. 301, éd. de Beaurep
DefTectif, Hefectif {de fective), adj., sujet à faillir, imparfait, qui a un
défaut. Du lat. defectivum, imparfait.
I
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(delwedd C0347) (tudalen 0279)
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Ne te arreste point à deffective espérance, ne aux suffrages des biens
mondains.
Al. Chart., l'Esp., p. 359.
Parquoy celle déclaration est defective.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., î° ij r*.
Deffîance (défiance'), s. /"., refus. V. Défier.
Le m'ont mostré, que gie vos die, *
Qu'à la bataille n'alleiz mie ; Par mei vos en font deffîance Et merveillose
demonstrance.
Bén., nom. de Troie, v. 15231,
Comme celuy que courroux, faim et deffîance de confort (appui) mainent
douloureusemenl à son dernier jour.
Al. Chaut., Le Qaadrilogue, p. 418,
Deffier. V. Défier.
Défiance, Desfiance [défiance), s. f., défi. V. Defiement.
Mande ses genz, si lor retrait La parole cum ele vait, La défiance e le
dévie.
BÉN., Chron. de Norm., v. 9228. E Willealme le desfia, E desfiance li manda.
Wace, Rom. de Roa, v. 11072,
Defidence. V, Diffidance.
Defiement [defxjing)., s. m., défi. V. Défiance.
Lur defiement ad entenduz et notez.
S. Thom. le Mart., p. 186.
Défier, Deffier [to defy'), v. a., rejeter, repousser, dédaigner. Du lat.
deficere, abandonner. V. Deffîance.
Les deus que servi ai, desore mais défi.
Vie de S. Auban, v. 1100. Genz lasches et recreuz Deffiez et nucreuz Et de
vertu descteuz Qui à souffrir ne t'apprennent.
Al. Chart., l'Esp., p. 332.
+ Defîner [to define, Gotg.), v. n.. finir, prendre fin. V. Finer 2. Du lat.
definire, terminer.
Et tel désire n'ert jamais definez.
Poés. anglo-nom., citée par M. Meyer daus le Bull, de la Société des anc.
textes (1880), p. 54.
Or, te tien-ge, fauz traite. Aujourd'ui feray de toy justice ; que saches que
ta vie definera aujourd'ui.
P. Cochon, Chron. norm., p. 84, 6d. de Beaurcp.
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(delwedd C0348) (tudalen 0280)
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— 280 —
Définir s'est dit dans le même sens :
Ainceis que cest siècle cumence à définir.
Chron. de Jord. Faut., v. 938.
Définir. V. Difinir.
Defîsement Uo defizen, dépérir, languir), s. m., abattement, découragement.
V. Défaire.
Defisement tint mei, pur les peccheurs déguerpissant la tue lei.
Lib. psalm., p. 187.
Defiser. V. Défaire.
+ Defluxion {de fluxion, écoulement), s. /"., fluxion, catharre. Du lat.
defluxionem.
Defoler {to defoille'), v. a., fouler aux pieds, soumettre, subjuguer.
Tût de rechef fu trébuchez E defolez e esquachiez De mil chevaus par sus le
cors, De ci que l'aime en issi fors.
BÉN., Chron. de Norm., v. 33624.
Bien sunt armé, à cheval vunt, Nos maisnies defolerunt.
Wack, Rcn^. leRou, v. 13007.
La forme la plus ancienne du mot paraît être defuler.
En Deu serums fort, e il defulerad (concu/co6it) noz enemis.
Lia. des Ps., cvii, 13.
Deforain [foreign, foreigner (1)), s. m., étranger, littéralement homme du
dehors.
Chascons aveit en sa baillie Des deforains une partie.
BÉN., Rom. de Troie, v. 694
Tuit estoient assis'moiain, Ne n'i avoit nul deforain.
Wace, Rom. de Brut, v. 10006.
Deforain vient de defors, qui s'est dit pour hors, dehors. Du lat. déferas :
Defors sun cors veit gésir sa bucle.
Chans. de Roi., p. 187.
(1) Dans le passage du nonnand à l'anglais, la chute de la première syllabe
du radical est assez fréquente Nous avons déjà remarqué l'aphérèse de l'a en
un grand nombre de verbes anglais. C'est ainsi encore que l'adj. defensable a
formé Jensable' et que les verbes deramer, despendre, desporter, sont devenus
en anglais to ram.e', to spend, to sport.
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(delwedd C0349) (tudalen 0281)
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De forain a pour synonyme horsain, en patois normand :
Quay perdre un vendredi ? le jour de la semaine Là où ch'est qu'à la halle,
on vend pu de souliais chavetiers horzains, qu'en prengnent à douzaine. Les
gardes, comme may, en voudront du rabais.
D. Feu., Muse norm., p. 367.
Deforcement { de for cernent) , s. m., possession précaire, détention sans
droit. Terme de droit. V. Deforcer, esforcemeni.
Se li povres hom qui tient sa terre est convaincuz, et il la porsis malement
et à tort celle terre, il pert la terre et remaint en la merci le duc, por le
deforcement.
Marnier, Établiss. de l'Échiq. de Norm., p. 17.
Deforcer, Deforcier, Deforcher (to de force), v. a., posséder à titre
précaire, détenir sans droit. Terme de droit. V. Deforcement, esforcement.
Il rescoue les nans et deforce.
Liu. des Jur. de S. Ouen de Rouen, f* 88 r*.
Querelle de héritage deforcié doibt estre terminée par bataille.
Ane. Coût, de Norm., ch. xci.
En deforchant audit sergent ses namps. . .
Rôle de 1335, cité par M. Delisle dans les Actes norm.ands de la Ch. des
Comptes, p. 139.
Defrauder (lo defraud)^ v. a., tromper, frustier. Du lat. defraudare,
frustrer.
Afin que. . . il ne fust defraudé de l'honneur et louange qui luy sont deus.
Terrien, Comment, du dr. norm,., p. 84, en note.
Mais deux s:)leils de chaleur trop bruslante, Des ménagers defrauderoient
l'attente.
Vauq. de La Fresn., Pour la Monarchie, p. 178.
Defuier. V. Defoler.
Degecter. V. Dejetter.
Degenereux {dégénérons*)., adj., dégénéré, bas, indigne.
L'homme qui s'enhardit aux faits degenereux.
Vauq. de La Fresn., Son., p. 697.
Degeter [to deject) , v. a., abaisser, abattre, courber. Du lat. dejeclare.,
fréquentatif de dejicere. V. Dejetter.
N'unt pas degeté tei, mais mei (Non abjecerunt te, sed me).
Les Rois, p. 27. Qui donc le vit son grant dol démener. Son piz debatre e son
cors degeter.
Alex., str. 86.
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(delwedd C0350) (tudalen 0282)
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— 282 —
Degret, Degré, Degrey (degree*), s. m., perron, escalier qui
y mène.
Eufemiens, bels sire, riches hom,
Quer me herberge por Deu en ta maison ;
Soz ton degret me fait un grabaton.
Alex., str. 44.
Il descent parmi le degré.
Marie, Guyemer.y. 701.
Pour deux journées de Giles de Cambes, machon, pour appareiller le degrey de
la dite maison, iii s.
Compte de 1338, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 175.
+ Déhait {dishele*}, s m , déplaisir, peine, chagrin. V. ffait, haiter,
deshaiter.
Turné li est à grant deshait.
Wace, Rom. de Rou, v. 6840.
Dount les malveis eurent envie E deshait.
Vie de S. Thom. de Cant, — Var. p. 625, c. i.
Daigner (deyner*), s. m., dîner. En pat. norm, l'on prononce dain-né.
Si recez (sa retraite) fu près de la mer Estre i peust à sun deigner.
Marie, Eliduc, v. 887.
Deingner. V. Daingner.
Deintet [deintee), s. /"., valeur, dignité. Du lat. dignitatem.
Asez est melz qu'il i perdent les chefs, Que nus perduns l'onur ne la
deintet.
Chans. de Roi., p. 6.
Deis (deis*)., s m., la principale table de la salle à manger, ce Priore
prandente ad magnam mensam, quam dais vocamus », Mathieu Paris. — Du lat
discum, table à manger.
A curt esterras e à mun deis tuz jurs mangeras
Les Rois, p. 150.
Li riches hum sist al manger, A tant es vos le messager ; Devant le deis
s'agenoilla, Tut sun message li cunta.
Marie, Freisne, v. 19.
De là est venu le mot français dais., tenture formant le couronnement d'un
autel, d'un trône, etc. Gomme le deis, dans l'acception précitée , était
ordinairement surmonté de riches tentures, l'on a généralisé cette
dénomination en l'appliquant aux estrades, au-dessus desquelles sont dispo-
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(delwedd C0351) (tudalen 0283)
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séeb des draperies et sur lesquelles prennent place de hauts personnages.
Deitez, Deitet [deity ; deitee'), s. /"., divinité, être divin.
Kar del cher Père vient li Fiz,
E de eus descent sainz Esperiz.
C'est une sole deitez
E une sole poestez. v
BÉN., Chron. de Norm., v. 11159 — var.
Deus fut morz, jut en terre, Pur nos anmes cunquerre, Sulune l'hunianitet,
Nient sulune deïtet.
Ph. de Thaon, Coniput., v. 1531.
Deitor. V. Detur.
Dejetter, Degecter (lo dejecte, Palsg.), v. a., chasser, expulser. V.
Dégeler.
Item, si aucun par force et violence est dejetté et mis hors de la possession
de son héritage...
Terrien, CornmerH. du dr. norm , p. 412.
Hélas ! la fere Léopartie (Angleterre) A destruit de France la lee La plus
grâce et riche partie Qui Normendie est apelée... Et en a le roy degecté
Dehors par son oultrecuidance. Robinet, La Complainte des bons Français,
citée par M. Puiseux, dans V É mig ration normande ait XV' siècle, p. 99.
Delaiement, Delayemeût {delaying, Sherw.), s. m., ajournement, retard. V.
Delaier.
E prendrum le baile (enceinte) senz nul delaiement.
Chron. de Jord. Fant. , v. 1342.
Aulcun ne se peut excuser par exoine de l'aide de l'est, à quoy il est tenu
du fief qu'il tient, car il n'y peut avoir aulcun delayement.
Ane. Coût, de Norm,, ch. xliv.
Delaier (io delay), v. a., retarder, différer. Du lat. dilatare. V.
Delaiement.
Paris de riens ne se délaie,
Mult en ocit et molt en plaie. ,
BÉN., Bom. de Troie, v. 10784.
E dist que mut l'unt curecié, De çou que tant l'un delaié.
Marie, Lanval, v. 497.
Delayement. V. Delaiement.
+ Délibéré de {delybered") , disposé à, porté à, résolu à.
I
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(delwedd C0352) (tudalen 0284)
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— 284 —
Les quels estoient délibérez d'aller à Rouen.
Al. Chart., Hist. de Ch. VII, p. 80.
Délibérez du discord entreprendre. Comme devant.
P. Gring., I, 329.
Je suis desliberée De faire ung aultre amy, De qui seray aimée Mieulx que ne
suys de luy.
Chans. riorni. du XV' s. — Rec. Gasté, p. 28.
Délit [delight; delyte, PaLsg.), s. m., plaisir. Du lat. delichim, qui s'est
dit pour deliciœ.— Delyt, délice, Kel. V. les trois mots qui suivent.
Qui à terre se puet cucher, Ce li est vis c'unques teu lit N'eut mais nul jor
ne tel délit.
BÉN., Chron. de Norm., v. 5526.
L'autre joie prise petit, Se il n'en a le sien délit.
Marie, Lanval, v. 255.
Delitable (delitable'), adj., délectable, agréable, doux. — Delitable,
réjouissant, Kel. V. Délit, delitable, delitos.
Delitable seit à lui la meie parole.
Lib. psalm., p. 153.
Arbre bien fuillie truvad e ki umbre delitable getad.
Les Bois, p. 396.
Déliter (to delight), v. a., réjouir, faire les délices de. V. Délit,
delitable^ delitos. Dans un vocabul. lat.-fr., du XIIP s., conservé à la
biblioth. d"Évreux, on trouve oblectari traduit par déliter.
Ne délitas mes enemis sur mei.
Lib. psalm., p. 35.
Ne me asavure ne délite mais, ne beivre ne mangier.
Les Rois, p. 195.
Delitos, Delitious {délitons', delicious), adj., délicieux. V. les trois mots
qui précèdent.
• Sa vie e le suen testament Sera cum gemme pretiose, Sor autres ovres
delitose, Pleine de faiz e de merveilles.
BÉN., Chron. de Norm., v. 7929,
Si com is erent delitious,
A chasqun segon sa mesure. . .
Vie de S. Grég., v. 1650.
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(delwedd C0353) (tudalen 0285)
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Deliver {to deliver), v. a,, délivrer.
En croiz murut pur deliver (1) nus d'enfernal baillie.
Vie de S. Alban, v. 1448.
Deliverrai le e'glorifierai lui.
Lib. psalm., p. 134.
Tu m'as oïd e deliveras mai.
Les Bois, p. 169.
Délivre [deliver)^ adj., libre, dispos, dégagé.
Faiz sui sicume huem sanz ajutorie, entre morz délivres.
Lib, psalm,, p. 124
N'ai pas li cuer sain ne délivre. Ne kuid mie lungement vivre.
Wace, Rom. de Bou, v. 620.
Delivrement (deliver ly*)., adv., rapidement. V. Délivrer (se).
l'ur ço, t'en va delivrement.
Les Bois, p. 79.
Li dus prist Monsteroil asez delivrement,
Wace, Bom. de Rou, v. 2605.
Délivrer (se), lo deliver' 2), v. réfl., se dépêcher, se hâter, en finir. Du
bas-lat. deliberare, se décider à. V. Delivrement.
Sa, des nappes pour cy estendre ; Remon, monseigneur veult disner ; Il est
encore à desjuner. Délivrez-vous.
Miracle de N.-D. de Bob.-le-Diable, p. 74.
Delivrere, Delivreur {deliverer), s. m., libérateur, sauveur.
Je amerai tei, sire, la meie vertut, li sire li mienz firmamenz e li miens
refuges e li miens delivrere.
Lib. psalm., p. 17.
Mais ce n'est pas pourtant que on doye diffei'er ung terme pour avoir garant
delivreur (qui délivre l'obligé principal au respect du créancier), et n'est
pas appelle garant simplement, mais garant delivreur.
Le Rouillé, Gr. coat de Norm.,, î° Ixxiv i°.
Délie (rfer, deyl*, dielle", deal, part, portion ; lo dele', to deal,
partager, diviser), s. /'., groupe de pièces de terre en labour, compris dans
ce que l'on appelle un dellage, c'est-à-dire dans la région d'une plaine en
labour où les pièces ont
(1) M. Atkinson écrit deliorer et il fait remarquer que le ms. porte deliver
. Il n'y avait pas lieu de faire celte correction : deliver, pour délivrer,
est une forme qu'admettait parfaitement l'ancienne langue. V. Ducange, à
Deliberare 3.
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(delwedd C0354) (tudalen 0286)
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leurs sillons tracés dans le même sens et aboutissent le plus souvent à un
chemin d'exploitation commun. Une délie porte toujours un nom particulier :
délie de VOrmelée. délie de la Cavée, etc. Mot d'origine Scandinave; en dan.
et en hol. deel; en suéd. del; en island. deild, partie, portion. — En
bas-lat., l'on disait delà :
Apud Conde, in delà que dicitur Lons Baeals, Ch. de 1216, citée par M.
Delisle dans l'Agric. en Xorm. au moy. âge, p. 376.
Le second fauxbourg est vulgairement appelé le Vdl-Gueu, à cause d'une délie
de terre ainsi nommée. .
De Bras, Rech. et antiq. de la ville de Caen, p. 23.
M. Léchaudé d'Anisy , dans son Invent, des chartes norm., publié t. VIIl p.
43 des Mém. de la Soc. des Antiq. de Norm., année 1834, en cite une, de 1221,
suivant laquelle Robert Lestorchos donne à l'abbaye de Longues, diocèse de
Bayeux, une pièce de terre située à Banneville, dans la délie dite le
Vitoual.
Cette pièce est à fleur de coin... Elle a été trouvée, au mois de septembre
dernier (1872), dans la commune de Ouistreham, délie du Castelier.
Bull, de la Soc. des Ant. de Norm., VI, 308.
Demaine, Demeine, Demeigne [demain, demesne ; demaine, Sherw.), s. m.,
domaine. En bas-lat. demanium (V. Duc), corruption de dominium. V. Démener 4.
E per le dener que ]i seignur durrat, si erent quiètes ceals.qui meinent
(demeurent) en son demaine.
Lois de GuilL, 18.
Me gerpissent li mien demeine.
Bèn., Chon. de Norm., v. 4912.
Jusque à tant que tout le blé soit aporté, qui a creu es demeignes Saint Ouen
et du Viez Maneir.
Liv. des Jur. de S- Ouen de Rouen, î' 105 v".
Demanderres (demander)., s. m., demandeur, plaignant. Terme de droit.
Se li demanderres ne vient avant, cil à qui il demande tandra la possession
qui li sera ajugiée à toz jorz, par la defaute au plaintif. Marnier,
Elabliss. de l'Echiq. de Sorm.., p. 30.
Demeiner. V. Démener 2.
-}- Démené {demening\ demeanour)., s. m., conduite, direction, tenue,
habitudes. L'on dit en patois « le démené d'une maison », pour indiquer son
train, sa tenue, son personnel. V. Démener 1.
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(delwedd C0355) (tudalen 0287)
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S'on treuve, par le demeney, Que lez il print, si lez rende.
Coût, de Norm.. en v., p. 58.
Porta lettres (annonçant) à mons"" de Bethencourt corne tout se
portoit, et tout le démené que lad. barge avoit fait.
Le Canarien, p. 72, Il faut d'mander tout le tiné, Qu'était causai par la
marmaille ; Et, quand nou z'a un té dem'né, Comben i faut que nou leux
baille.
La Nouv. annaie (Jersey, 1875), p. 7.
1. Démener, Desmener {to demene, to demean), v. a., gouverner, régir,
diriger, conduire. V. Démené, Demaine.
Tu démenas sicurae oeilles le tuen pople.
Lib. psalm., p. 104.
Cil a mult toz li boni laidement desmenez.
Wace, Rom. de Rou, v. 3583.
2. Demener,[Demeiner {to demene'), v. a., étaler, manifester, faire éclater.
Du lat. demanare, se répandre. V. Mainer.
Li nevou Othon vint grant nobleiz (pompe) démenant,
Wace, Rom. de Rou, v. 3990.
Forment demeine grant dolur,
Mauie, Eliduc, v. 81.
Tiemenier [demented' , insensé, en démence), v. n., devenir fou, perdre la
raison. Du lat. dementare. Gomp. l'angl. to demad, rendre fou.
La bone medre s'en prist à dementer, Et son chier fil sovent à regreter.
Alex., sti.iQ,
Le patois use très fréquemment de ce verbe comme verbe réfléchi, avec le sens
de se tourmenter, s'inquiéter :
Demente-tey de contre ten soulier,
D. Fer., Muse Norm., p. 366.
Et s'il a freid au dos, ah ! qu'est donc qui s'en d'mente ?
Rimes guern,, p. 157.
Se dementer se rencontre avec le même sens dans l'ancien dialecte :
Bien oïd que Franceis se démentent.
Chans. de Roi., p. 137.
De riens ne se desmente.
Wace, Rom, de Rou, v. 3513.
C'est ce dont plus me démente.
Al. Chartier, p. 774.
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(delwedd C0356) (tudalen 0288)
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— 288 —
Demere (derrière), s. f., retard, séjour. V. Demerer, Demur.
. . .1 feist longe demere,
A tant q'un jor mourit sis père.
Vie de S. Grég.,Y. 211.
Demerer {to demere*), v. n., tarder. Du lat. demorari, rester. V. Demurer.
La roïne se cureceit
De çou que trop i demereit.
Marie, Lanval, v. 542,
Demonstrance [demonstrance, Sherw.), s./"., démonstration,
preuve.
Tu, celestiel Isaïe..., descripvis clairement ceste demonstrance en la
persécution que tu predicts sur Egypte.
Al. Chart., l'Esp., p. 322.
Hommage se fait avec le baiser, en signe et demonstrance d'amour. Terrien,
Comment, du, dr. norm., p. 179,
Deux autres formes du mot, plus anciennes, sont demustrance, demostrance.
Fist en Egypte ses signes e ses demustrances.
Lio. des Ps. lxxvii, 43.
N'i a eu nul leu faillance,
Mais mult certaine demostrance,
Bén., Chron. de Norm., v. 7872,
Demonstrer {to demonsier), v. a., déclarer, alléguer. Du lat. demonstrnre,
indiquer.
Se les namps (gages) avoir pris denye Es lieux demonstrés, et il die Qu'à se
dereisner veulle entendre La deresne est sur ce à prendre.
Coût, de Norm.., en v., p. 57.
Demorance [demorance')., s. /"., délai, retard, repos.
Boton al prince a comandé Que le danzel seit amené ; Et si fist il, senz demorance,
Bén., Chron. de Norm., v. 8268.
Engrota, si morut ; si remest sa bonbance A Lohier, son filz rois emprez sa
demorance,
Wack, Rom. de Rou, v. 4295.
Demorance est le substantif du verbe demorer, qui s'est dit pour demeurer,
tarder.
Il ne savent quant il sunt, Cumbien il demorerunt.
Marie, Parg., v, 1767,
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(delwedd C0357) (tudalen 0289)
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— 289
Demur, Demure (demur), s. f., hésitation, incertitude, difïiculté, retard. V.
Demure7% demere. demerer.
Al rei fesist homage 11 esliz, sanz demur, Feelté et ligance, cum à lige
seignur.
S. T/wm. le Afart, p. 89.
A ceo n'a long tens ne demure.
Bén., Cliron. de Norin., v. 6253.
• Iço fut pur sa rente Neient pur altre entente Que il aveir voleit De cels
qu'il maintenait A terme e à hure E senz tutq demure.
Ph. de Thaon, Cornput, v. 1881.
L'on a dit dans le même sens demurer, demo^Her, demorement.
SaTnuel n'i vint pas, e Saûl set jurs l'atendi, e par le demurer li pople
s'en parti .
Les Rois, p. 43.
Li demorier nos pot grever, N'avon mestier de demorer.
Wace,:/?o»i. de Rou, v. 12300.
Herout i vint od bien grant gent Qu'onques n'i out demorement.
GuiLL. DE S.-Paiu, Rom. du Mont S. Midi., v. 1615.
1. Demurer {to demur), v. n. , hésiter, balancer, tarder. Dérive comme
demerer, donné plus haut, du lat. démoravi. V. Demurer 2.
A conseil d'els en volt ovrer D'or en avant senz demurer.
BiÎN., Cliron, de Nom., v. 117,
Dunques prist li lox le mutun, Si Festrangla lès un buissun E le manga sanz
demurer.
Marie, Fable T3.
2. Demurer {to demur), v. n., faire des difficultés, soulever des objections.
V. Demurer i.
Quant li reis Tout tut sul en mi le champ mené, Fet-il : a Sire arcevesque,
mult m'avez demure. »
S. Thoni. le Mart., p. 151.
S'est dit aussi , comme verbe réfléchi , dans le sens de s'opposer, faire
résistance.
Mors est U quens, que plus ne se demuret.
Chans. de Roi., p. 1G9. 19
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(delwedd C0358) (tudalen 0290)
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— 290 —
Deneier {to denay), v. a., refuser, rejeter. Du lat. denegare.
Ceo ne desvoil ne ne denei.
BÉN., Chron. de ^'orm., v. 2156.
Se aulcun se dit estre ainsné, et Des aultres luy soit dené...
Coût, de Norm., en v., p. 151.
Unqe ne fust bon rey qe deneya à ces franke tenauntz ley en sa
court.
Hist. de Foulques, p. 54.
Dener [deneere'), s. m., denier, ancienne monnaie. Du lat. denarium.
Franc home, qui ad aver champester trente deniers vailaunt, deit le dener
saint Père.
Lois de GuilL, 18.
Pris en ad or e aveir e dener s.
Chans. de Roi., p. 98.
Deniance {denying, Sherw.), s. f., dénégation.
A justicie B sur une pièce de terre qu'il dit à soy appartenir, pour dommage.
B fait deniance, disant que l'héritage justicie n'est point à partie adverse.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., î° xv t-.
Dénuder {to dénude), v. a , dégager, découvrir. Du lat. denudare, mettre au
jour.
Tu feris le chief de la maisun de felun, dénudas le fundement desque al col.
Lib. psalm., p. 240.
Denuncier {to denunciate), v. a. , annoncer. Du lat. denuntiare, qui a cette
acception.
Bien saveit sun martire ; si l'aveit denuncié.
S. Thom. le Mart., p. 172.
+ Deoler {deoV souffrance), v. a., torturer, faire souffrir.
Saint Piere en fu pendu et saint Pol deolez Et le ber saint Estienble à
pierres lapidez.
GuicHARD DB Bbaulieu, SermuTi , p. 20.
Deparagement, V. Desparagement.
Département {département , division), s. m. , action de partager, de repai
tir. C'est le substantif du verbe départir, distribuer.
Le lieutenant gênerai du bailli de Rouen mande d'envoyer (f homme exprès à
Rouen pour estre présent à la cottisation (taxa-
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(delwedd C0359) (tudalen 0291)
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— 291
tion) et département de l'emprunt faict sur les villes clozes du bailliage. »
Lett. pat. de 1551, citées par M. Bréard dans ses Arch.de la
ville de Honfleur, p. 73
Vostre majesté ordonnera, s'il luy plaist, que pour l'advenir il ne se face
aucuns departemens aux Eslections; pour les deniers de la taille... sans y
appeller le délégué de chacune Eslection, pour estre présent au département
desdits deniers.. v^
Conaent. des trois États de Norm., de 1595, p. 85.
Départie [departing), s. /"., séparation, dispersion, départ. V. Départir.
Mult einz le vespere ert gref la départie.
Chans. de Roi., p. 146.
Par tute la cuntrée firent lur départie.
Chron. de Jord. Fant., v. 1163.
Le patois use, dans le même sens, de département , mot qui n'est pas nouveau,
avec cette acception. V. Partement.
Waltier de Bolebec, Odinal ensement,
En orent des prisuns (prisonniers) à lur département.
Ib., V. 1892.
Départir {to départ)., v. n., partir, se retenir, s'éloigner.
Li naïfs ki departet de sa terre, dunt il est nez, e vent à autrui terrO;
nuls nel retengent, ne li, ne ses chatels.
Lois de GuilL, 33.
A si grant tort m'ocis mes cumpaignuns ; Colp en auras einz que nos departum.
Chans. de Roi., p. 70.
+ Deperdre {deperdit., chose perdue), v. a., perdre. Du lat. deperdere. Le français
a conservé le subst. déperdition. Le patois a maintenu ce verbe, mais
seulement comme verbe réfléchi.
Desturne mais à mes enemis, en la tue veritet depert els.
Lib. psalm., p. 70.
Quant ele est tant alée, Que la terre est posée Dedevant sa luur, Dune depert
sa culur.
Ph. de Thaon, Comput, v. 2763.
-r Dépiter {to dispite'), v. a., défier, braver. Du lat. despeclare, regarder
d'en haut.
Celé covient qu'en seit despite, En que la char plus se délite.
Ben., Chron. de Norm., v. 11087.
Vous avez, par une damnée et accoustumée blasphème, despité le nom de celuy à
qui tout genoil se doit fléchir.
Al. Chart., YEsp., p 319.
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(delwedd C0360) (tudalen 0292)
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Je veux chanter un jour des vers en ton honnenr, Qui dépitent la
faux de l'âge moissonneur.
J. ViTEL, La Prinse du Mont S. Michel, v. 38.
J t'en dépite... Que que j'crains, mei?
Coup-d'œil purin, ^, 39.
1. Déport {disport, sport), s. m., amusement, plaisir, récréation,
divertissement, V. Desporter.
En bois et en rivières démener sen déport.
Wace, Rom. de Rou, v. 2997.
Mais assez aveit veir e gris, Chères viandes e déport,
BÉN., Chron. de Norm., v. 41510.
2. Déport {disport'), s. m., détour, manigance.
A qui, dites moi sans déport, L'avez tolue (la malle) ?
Mir. de N. D. de Rob. le Diable, p. 5.
Deportement {deportment), s. m., agissement, manière d'être.
C'est pourquoy il plaira à sadite Majesté revocquer toutes commissions
extraordinaires lorsqu'il sera informé des actions et mauvais deportemens de
leurs subdélégués.
Cah. des Et. de Norm. en 1604, p. 34.
1. Déporter (s'amuser). V. Desporter.
+ 2. Déporter (se) {to disport*), v. réfl., se désister, se départir. Se
déporter de sa parole se dit fréquemment pour renier ses engagements. Du lat.
deportare.
3. Déporter [to disport'), v. n., s'éloigner. Dérive aussi du lat. deportare.
Mais il ne vot pas déporter, K'ove lui n'alast a grant gent.
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 522.
Je veul bien que Gadiffer de la Salle sache que si fut ausi ioune que moy, je
l'alasse tuer; mais pour ce qu'il ne rait(est) mye, par adventure je me deporteré.
Le Canarien, p. 27.
Depreiable {deprecahle), adj., qui peut être fléchi, qui se laisse fléchir.
Du lat. deprecabilem. V. Depreier.
Depreiables seies sur les tuens sers.
Lib. psalm., p. 132.
Depreier {to deprecate), v. a., implorer, conjurer. Du lat. deprecari. V.
Prêter, depreiable.
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(delwedd C0361) (tudalen 0293)
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— 293 —
Si alcuns... vienge chaenzta merci depreier, oï sa requeste,
Les Rois, p. 263. Tôt le pueples la nuit veilla, Dévotement Deu depreia.
GuiLL. de S. -Pair. liom. du Mont S. Michel, v. 3335.
Depriver {to deprivë), v. a., priver de.
En a faict volumes plus que assez, ^
Pour son plaisir, par maintz lieux dispersez, A discorder les Eglises unies
Et depriver sainctes cerimonies.
P. Gring., I, 330.
Députer {to députe, Gotg.), v. a., assigner, destiner, affecter. Du lat,
deputare, attribuer, assigner.
Les autres sont bien patrimoniaux qui sont députez à l'usage du prince .
Terrien, Comment, du Dr. norm,, p. 94.
Dequasser [to dequace'), v. a., briser, anéantir, détruire. Dérive du préfixe
de et quassare, broyer.
Dequassera les chiés en terre de mulz (multi).
Lib. psalm., p. 171.
Trestoz les detranche et dequasse.
BÉN., Roman de Troie, v. 9232.
Derainer, Desraisner, Deregner, Derenner, Dereisner, Desrener {to deraine' ,
to dereigne*, to dereine, Gotg.), v. a., prouver, justifier, débattre,
contester. Du préf. de et ratiocinari. A desrener, Gotgrave dit que ce mot
est normand. V. Desrene.
Lerainer, au sens de justifier, correspond à araisnier^ qui s'est dit pour
accuser. V. Araisnier.
Si home volt derainer covenant de terre vers son seignor, per ses pers, de la
tenure meismes, qui il apelerad à testimonies, les cuverad derainer; kar par
estranges nel purra derainer.
Lois de Guill., p. 27.
Il vint pur pecheors ; bien le desraisnerai, Etjo suis pecheor,ja nel'
noierai.
IGuicHARD DE Beaulieu, SermuH, p. 27.
Entre mei e Thiebaut laist li rois covenir, Li terres deregner et li terres
despartir.
Wace, Rom., de Rou, v. 5049.
L'usage de ce verbe comme verbe réfléchi, avec le sen.s de se justifier,
était fréquent en dialecte norm.
Là fist li reis sumundre saint Thoma, pur plaider; K'il i fust prez al jur et
pur sei derenner.
S. Thom. le Mart., p. 51.
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(delwedd C0362) (tudalen 0294)
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— 294 —
Si les namps avoir pris denye Es lieux demonstréSj et il dye Qu'à se
dereisner vuelle entendre...
Coût, de Norm en v., p. 57.
Il doibt demeurer quicte, et ne convient pas qu'il s'en desrene. Le Rouillé,
Gr. Coût de ISorm., t° xxxiv v*.
Deramer, Desramer {to rame* i) (d), v. a., déchirer, arracher.
Tes riches guarnemenz as deramés (scidisti vestimenta tua).
Les Rois, p. 425.
Entur un pel le funt aler, Le gros buel'li orent trait Od agoilles k'aveient
feit, Là le firent entur aler, Par sa buele desramer, K'ii ne pot mes ester
en pies. Chron. de Geof. Gaimar, citée dans celle de Benoit, III, 80, c. 2.
Deregner. V. Derainer.
Dereisner. V. Derainer.
Derenner. V. Derainer.
Deresne. V. Desrene.
-{■ Derire {to déride), v. n., se rire, se moquer. Du lat. deridere,
dont le sens est le même. Deris, dans Cotgrave, est dit pour moquerie.
Dérision, dérisoire, sont restés dans la langue.
Derner. V. Damer.
+ Dertre [dertre'), s. f., dartre. De l'anglo-saxon tet-er, qui a le même
sens.
Derumpre {to disrupture), v. a., romjDre. Du lat. disrumpere. La forme
normande est faite sur l'infinitif de ce verbe, et celle anglaise sur son
part. pas. {disruptum).
Derumpums les lur liens e degetums de nus le juh de els.
Lib. psalm., p. 2.
Trestuit si nerf mult li sunt estendant, Et tuit li membre de sun cors
derumpant.
Chans. de Roi., p. 331.
Dérompre se rencontre aujourd'hui encore en patois, mais dans un sens un peu
différent, celui de discontinuer, interrompre.
(1) V. l'observation faite à Deforain, en note.
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(delwedd C0363) (tudalen 0295)
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295 —
Desacordance {disaecording, Sherw.), 5. /"., discordance, dissentiment,
état de ce gui est discordant. V. Descorder^ descordable, décord.
Les paroles sunt recordée, E retraites et recontées, Oiant trestuz, en
audience, Si c'unc ni sorst desacordance.
Bén., Cliron. de Norm., p. 6733.
Desamonester {to disadmonish, Sherv.), v. a., dissuader. V. Ammo?ieste7\
El la mère le rei le desamonesta.
S. T/iom. le Mart., p. 120.
Raison les en desamonestoit.
Al. Chart., l'Esp., p. 348.
Desappointer {to disappoint, Sherw.) , y. a., destituer, frustrer, priver.
Nul ne pourroit plus outrageux vitupère penser, que desappointer son roy de
toute auctorité.
Al. Chart., l'Esp., p. 367.
Desavancir, Desavancer {to disavawice' ) , v. a., ôter l'avancement à, faire
reculer, repousser.
Mais vos veez e savez bien, Si vos ne l'poez traïr, E son orguil desavancir,
Qu'il chascon jor vers vos atise.
BÉN., Chron. de Norm., v. 21055.
Car chascun d'eux met son entente En moy vers vous desavancer.
Al. Chart., Pastoar. de Gransson, p. 767.
Desbareter, Desbarater (todebar), v. a., dépouiller, frustrer.
Si tu pos mes enemiz les Allopheles encuntrer, descunfire et desbareter.
Les Bois, p. 71.
Thiebaut fu à Chartres griement desbaratez.
Wace, Eom. de Bou, v. 4851.
Descente {descent) , s. f., transmission par succession. Terme de droit.
Et se l'en donne pour ce rente. Aux hoirs ne yert pas la descente, S'il ne
fut dit au convenant Tant du baillant que du tenant.
Coût, de Norm. en vers, p. 79.
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(delwedd C0364) (tudalen 0296)
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296 —
C'est le substantif de descendre, advenir par succession.
Et tout ce qui (à ses pupilles) leur descendra^ Tout en garde le duc tendra.
Ib., p. 83.
Descheveler (to dishevel), v. a., écheveler.
E granz vieillies deschevelées,
Ki sembloent famés desvées (folles).
Wace, Rom. de Boa, v. 6338.
Desclore {to disclose), v. «., découvrir, mettre à jour.
L'escut li freint e Tosberc li desclot.
Chans.de Roi, ^.\.Q2.
Pur ço plus ententivement, Pur amender la simple gent, Voit desciore ceste
escripture E mettre, pur Deu, peine e cure.
Marie, Purg., v. 45.
Descoluri. V. Lesculuret.
Desconfir (se) {to discomfite, Sherw.),y. rêfl., s'enfuir, se débander.
Se desconfirent les Espaignolz, car les archiers des Englois tuèrent et
navrei'ent grant foison de leurs chevaulz.
Chron. norm. du XIV' s., p. 184.
Descord. V. Décord..
Descordable {diseordahle)^ adj.,en désaccord, en dispute. V. Lécord,
descorder, desacordance.
Orent lor paiz ferme e estable, C'unc puis ne furent descordable.
Bén., Chron. de yorm., v. 4704.
Vit le peuple aucques descordable.
Wace, Rom. de Brut, cité dans Lacurne.
Descorder {to discorde*), v. n., différer, être dissemblable; :»e pas
s'accorder, être en désaccord. Du lat. discordare. V. Décord, descordable.
desacordance.
Pur ço te pri que ta parole ne descort de la lur.
Les Rois, p. 336.
Autres mais suffrent veirement
Qui ne se ciescorde(nt) nient Al cunte ke cunter volons E ke nus comencé
avuns.
Marie, Purg., v.
Descoulouré. V. Desculuret.
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(delwedd C0365) (tudalen 0297)
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297 —
Descourir, Decourir (io discourse'), v. n. , aller et venir. Du lat.
discurrerc.
Anciennement souloit descourir par Normendie ung justicier,
grigneur des justiciers devant dictz, qui estoit appelé le senesclial
au prince ; il corrigeoit ce que les aultres bas justiciers avoient
delinqué.
Ane. Coût, de Nonn., ch. x.
V»
Ce qui ne pourroit estre faict par ledict grant seneschal en decourant par le
pays.
Liî Rouillé, Gi\ Coût, de Nonn., î° xx v".
Descovrir {to discover), v. a., découvrir. V. Covrir 1.
Joe ai esté en grant purpens D'une ren ke vus voil gehir, Meis ne l'osoue
descovrir.
Vie de S. Gile,y. 348.
. . . Jo sai un conseil, s'il vos voil descovrir.
GuiCHARD DE Beaulieu, Sermuii, p. 25,
Descreître. V. Bécreitre.
Descrivement {to descrive*, décrire), s. m., description.
C'est le descrivement, Ki est el firmament.
Pii. DE Thaon, Comput, V. 2783.
Desculuret, Descoluri, Descoulouré {discoloured\ to discolour, Palsg,), adj.,
décoloré.
En sun visage fu mult desculuret.
Chans. de Roi., p. 185.
Pourus e discoluri .
BÉN., Chron. de Nonn., v. 9617.
Le viz tout|descoulouré.
Al. Chaut., Le Liv. des Quatre Dames, "p. G31.
Descuvrance {discovery, révélation), s. /"., indiscrétion, intempérance
de langue.
Par descuvrance vient grant max.
Marie, Fable 74.
Desdaingner. V. Desdengner.
Desdeig. V. Desdeing.
Desdeignance {disdaining , Sherw). s. f., dédain, mépris. — Ditdeinance,
mépris, Kel. V. les trois mots suivants.
Seignors, oez queu desdeignance E quel orguil osent mander Qu'il ne deussent
sol penser Icist Breton, cist fei mentie .
BÉ.\., Chron. de Norm,, v. 8535.
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(delwedd C0366) (tudalen 0298)
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Desdeignos {disdeinous*}, adj., dédaigneux. V. les deux mots
suivants et le précédent.
En l'ost n'en oui si orgoillos, Si riches ne si desdeignos.
BÉN., Rom. de Troie, v. 23709.
Desdeing, Desdeig (disdain), s. m., dépit, dédain. V, Desdeignance,
desdeignos, desdengner,
Li reis returnad à sun palais, od grant desdeing.
Les Rois, p. 330.
A desdeig]vos|seif e'à gros
Que unques fussent sa gent si os
Que ceo li osèrent loer.
BÉN., Chron. de Norm.,, v. 445.
Desdengner, Desdaingner {to disdain) , v. a., dédaigner. V. les deux mots qui
précèdent.
La desdengnerent arester.
Marie, Fable 26.
Item fu auques desdaingnie.
Wace, La Concept. N.-D., p. 23.
Desduire {to deducf), v. a., abaisser, rabaisser. Du lat. deducere, faire
descendre.
Li rois virent desduire mult orguillosement.
Wace, Boni, de Rou, v. 3601.
Deseriteisun {disheriteson\ desinherison), s. f., exhéré
dation.
E, par force u par traïsun, Querrunt sa deseriteison.
Wace, Bom. de Rou, y. 8794.
Déserte. Desserte (désert), s. /"., ce que l'on mérite, récompense ou
punition. V. Deservir.
Jo toi rendrai ta déserte,
Jo t'en donrai por ton servise.
Adam, p. 36.
Qui dessert le bien, il le treuve. . . Mais le grief mal que c'est,
d'attendre En longue douleur la desserte.
A. Chart., Rev. waî., p. 497.
Déserter {désert, ravagé, dévasté) (1), v. a., ravager, dévaster.
(1) Telle est, suivant M. Skeat (V. son Diction. ÉtymoL), l'une des
acceptions en angl. du vocable désert, qu'il interprète par waste.
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(delwedd C0367) (tudalen 0299)
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299 —
Mars qui met sa louange à déserter la terre Par des meurtres épais. . .
Malu., Poés., p. 96.
En patois normand, déserter se dit pour essarter, défricher.
Deservir (to deserve)^ v. a., mériter. Du lat. deservire, servir avec zèle.
V. Déserte.
Tu as deservid la mort, pur ço que tu n'as mielz guarded tun seignur le rei.
Les Bols, p. 104.
Il esguarda e dist por dreit
Que qui chanoine estre voleit,
Sa provende (prébende) bien deservist
Altre por lui nul n'i meist.
GuiLL. DE S. Pair, Hom. du Mont S. Michel, v. 1721 .
Desesperable {despairable., Sherw.), adj., désespérant, de nature à
désespérer. V. Desperer.
Entre si desesperables misères.
Al, Chart., YEsp., p. 363.
Desestimer {to disesieem), v. a., cesser d'estimer, retirer l'estime,
mépriser.
Cependant tu permets Tes pages, tes laquais sortir à main armée, Pour rendre
ta valeur par toy desestimée.
Vauq. de La Fresn., SaL, p. 442.
Deseverer. V. Desevrer.
Desevrance, Desseverance (disseverance), s. f., séparation. — Desceverance,
disjonction, Kel. V. Desevrer.
Mais ço n'esteit pas fine amor. Que traïson et decevance : Gries en esteit la
desevrance.
Bén., Rom.de Troie, v. 28610.
Li pardona sa mauvoillance : Od amor fu lor desseverance.
Id., Chron. de Norm., v. 31214.
Desevrer, Deseverer (to desevere', to dissever), v. a., séparer, éloigner. Du
lat. disparare (V. Diez, Gramm., L, 11). Dessevrer, mettre séparément, Kel.
V. Severer.
Desevrez de mei tuit chi uvrez felunie.
Lib. psalm.. p. 6.
Je trencherai e deseverai le règne Salomun .
Les iîois, p. 279.
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