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(delwedd C0368) (tudalen 0300)
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— — 300 —
Seum mais un en amor fine . . . Senz départir, senz deseverer.
Bén., Chron. de Norm., v. 1931.
Desfaciun. V. Defaçun.
Desfaire {to deface), v. a., défigurer, mutiler, V. Defaçun.
Cumendad li reis à ces ki soleient desfaire les genz, que tuas- sent les
pruveires nostre Seignur.
Les Rois, p. 88.
Ses folz cunseilliers fist desfaire, Tolir les terres, li oils traire.
Wace, Rom. de Rou, v. 6144.
Desfîance. V. Défiance.
Desgarni [disgarnished*) , adj.., dépourvu.
Exceptez les desgarnis de foy et vuidez d'espérance.
Al. Chart. VEsp., p. 333.
Desheit, Deshait. V. Déhait.
Desheiter, Deshaitier [to dishearten) , v. a., décourager, attrister,
désoler, désespérer. V. Hait, haiter, déhait, reheter.
Nuls d'els desor ne s'i desheite.
BÉN'., Chron. de Norm., v. 5383.
Uns liuns fu mult deshaitiez De mal souspriz e empiriez.
Marie, Fable 59.
Deshonnesté [dishonesty)., s. f., déshonnêteté, déloj^auté, déshonneur.
Les sotz abusez ont rendu honneur et louange au maistre des deshonnestez.
Al. Chart,, VEsp.,\,.%hi.
Desiderie [desidery*), s. m., désir. De desiderium. V. Desirier.
Le desiderie de sun cuer dunas à lui.
Lib. psalm., p. 24.
Desirance. V. Desirier.
Désirer [to désire, Sherw,), v. a., regretter, être affligé de la mort, de la
perte de quelqu'un. Du lat. desiderare., avoir à regretter, perdre.
Ce grand procureur gênerai Monsieur Bourdin, après sa mort, tant désiré et
regretté par toute la France pour la saincteté et in- tégrité de sa vie.
Terrien, Comment, dudr. norm.,f, 710.
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(delwedd C0369) (tudalen 0301)
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— 301 —
Desirier, Désirer, Desirance {desiring), s. m. et f., désir. V. Desiderie.
Soef manda al duc Robert Ke de vin aveit desirier.
Wace, Rom. de Rou, v. 14705.
De ta char ai grant desirier.
Marie, Fable 7.
D'od vus parler ai-jo eun grant désirer.
S. T/iom. le Mart., p. 107.
Et si disoit qu'el avoit desirance D'estre m'amye, mais elle m'a failly .
CIxans. norm. du. XV" s. Rec. Gasté, p. 13.
1. Desirous, Desirros, Desirus {désirons)., adj., désireux.
Ainz que t'ousse si 'n fui molt desirrose ; Ainz que nez fusses si'n fui molt
anguissose.
Alex., str. 92. Les saives, les religious Oïr e sivre ert desirous.
Vie de S. Grég., v. 121.
Li plus jofne, li corajus, Cil de bataille desirus.
BÉN., Chron. de Norm;, v. 369.
2. Desirous [desirous*)., adj.., désirable.
Deus, eshaucié seit tis seint nom D'iceste tant douce novele, Qui tant m'est
desirouse e bêle !
Vie de S. Grég., v. 860.
Desleal, Desleial {disleal*}, adj., déloyal. Y.Leial, desleier.
(Li clercs) n'est pas desleal.
Vie de S. Auban, v. 601.
Commanda li senechaus que li pledeeur... fussent d'ilec en avant tenuz por
desleaux entre leur voisins.
Marnier, Établiss. de l'Écli. de Nom., p. 48.
D'où les formes deslealted, déloyauté , et deslealment, déloyalement :
N'a truved en lui nul deslealted.
Les Bois, p. 42.
Ils establirent felenessement et deslealment en leurs terres, paages et
treus.
M ARMER, ib., p. 15.
La forme desleial paraît plus ancienne.
Quar il ne voelent estre tenu pur desleial.
5. T/iorn. le Mart., p. 99
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(delwedd C0370) (tudalen 0302)
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— 302 -
A. cette forme se rattache le verbe desleialter, faire dé- clarer déloyal :
Qui que '1 voille desleialter, Il s'en garra vers tote gente .
BÉN., Rom. de Troie, v. 28372.
Or, tous les mots dont il vient d'être question ont pour radical principal le
normand lei (V. ce mot), en français loi, d'où les dérivés loyal, déloyal ,
loyauté, déloyauté , loyalement, déloyalement.
Desleial. V. Desleal.
Desleier {to deslaye') , v. a., rejeter, renier, conspuer. Comme le
précédent, ce mot se rattache à lei et signifie proprement sortir de la loi.
Cist eut quatre fiz reneiez
Pesmes, cruels et desieiez (prévaricateurs).
BÉN., Chroii. de Sorm., v. 801.
Desloer {to disallow), v. a., déconseiller, désapprouver.
De cez paroles fu Hastencs Toz esragez e fors dei sens, Fait il : Bataille ne
meslée N'y serra par mei desloée.
BÉN., Chron. de Norm., v. 3435.
Desmener. V. Démener 1.
Desnaturel [disnatured") , adj., peu naturel, contraire à la nature.
Geste fantasie nouvelle
Me faisoit songer en veillant,
Qui est chose desnaturelle,
Al. Chart., VHospital d' Amours, p. 724.
Desobliger {to disoblige. Cotg.), v. a., décharger d'une obligation, exonérer
d'un engagement.
Les dits sieur de Rouville et sa dicte femme consentirent et acorderent que
la dite terre de Betencourt soit et demeure audit messire Regnaud,
paisiblement, desobligée et desypothéquée. .. desdiz vi<: livres de rente
à vie.
Ch. de 1426, citée à l'Appendice du Canarien, p. 232.
Un plege peut agir vers celuy qu'il a plegé et le contraidre à le desobliger,
combien qu'il n'ait payé et ne soit condamné à payer pour lui.
Terrien, Comment, dtidr. norm,., 231.
Désobligenient est resté , dans la langue juridique an- glaise, avec le sens
de libération.
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(delwedd C0371) (tudalen 0303)
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- 303 —
Desordener {to disorder), v. a., dépouiller des ordres reli- gieux,
défroquer. V. Ordened.
Pur ço voleit li reis, et il et si barun,
Ke se nulz ordenez (qui ont reçu l'ordination) , fust pris à Cumme de
larecin, u murdre, u traisun, mesprisun,
Dune fust desordenez par itele reisun.
S. Thom. le Mart., p. 41.
S'il est pur mesfet desordenez^ Geo est à celé feiz justise asez.
Vie de S. Thom. de Cantorb., v. 475.
Desordonnance {disordinaunce*), s. f., irrégularité, con- duite désordonnée .
Sa providence adresse toutes choses aux fins pourquoy il les créa, si leur
desordonnante ne les destourne.
Al. Chart., VEsp., p. 288.
Despandre, Despendre {to despende*), s. f. , ruiner, dé- vaster, consumer,
épuiser, désoler. Du lat. disyandere .
Despant els en la tue vertut.
Lih. psalm., p. 76.
E divers turmentz en (sur) lui despendi.
Vie de S. Auban, v. 232.
Desparagement , Deparagement {disparagement) , s. m., mésalliance,
littéralement union inégale. Du lat. dispar, dissemblable, inégal, Gotgrave
dit que ce mot est normand. V. Desparager.
Les frères doivent marier leurs seurs , sans desparagement, à personne
ydoine.
Le Rouillé, Grand Coût, de Norrn., i° xliv r°.
Le statut permet aux parens de se plaindre du deshonneur que leur occasionne
le deparagement,
HouARD, Ane. lois des Fr., \, 166.
Desparager {to disparage)., v. a., mésallier, faire déroger, abaisser,
ravaler. V. Desparagement .
Et les frères les pevent marier (leurs sœurs) de meubles, sans terre ou avec
terre ou de terre sans meuble , à hommes ydoines sans les desparager. Ce leur
doibt suffire.
Ane. Coût, de Norm ., ch. xxvi.
Et si (les frères) les (leurs sœurs) peuvent marier, sans rien leur donner,
sans les desparager : c'est-à-dire les mariant à homme idoine selon son
lignage et les possessions de la maison.
Terrien, Comment . du dr. norrn., p. 206.
Desparpeler, Desparpeiller {to desparple*, to disparpyll, Palsg.). V. «..,
disperser. — Desparp^er, éparpiller, Kel.
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(delwedd C0372) (tudalen 0304)
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~ 304 -
Desparpelat lez orguillus en la pensée de sun cor.
Les Rois, p. 253.
De mes enemis tu dunas à mei le dos, e les haanz mel despar-
peillas .
Liv. des Ps., CXVIII, 141.
Despartir (se) {to départ, Sherw.), v. ré/l., s'en aller, se séparer, s'éloigner.
Mors somes e honis se nos nos desparton .
Wace, Rom. de Rou. v. 1744.
Despartir, sans la particule, s'est dit aussi pour s'éloi- gner:
De loin de vous je ne puis despartir.
Chans. norm. du XV' siècle, Rec. Gasté, p. 24.
Dospeirer. V. Desperer.
-\- Despeler {to dispel, dissiper, — ce qui obscurcit — ). V. a.,
débrouiller, expliquer. Du lat. dispellere, disper.ser, entr'ouvrir. V.
Espeler 1 et 2,
Rous s'esveilla, mult s'esmerveille Que la vision li conseille ; Tuz les moz
recorde e les diz Qu'il a en son dormant oïz. . . A un moine de sainte vie
L'ala retraire en sa chapelle E prie li qu'il li espele.
Béx.. Citron, de .\07-m., v. 1007.
1. Despendre {to dispend, Pal.sg. et Sherw.; to spend) (1), V. a., dépenser.
Du lat. dependere, payer, dépenser.
Ne fust pas liverez li argenz par cunte as chamberlains, mais receussent e
despendissent sur lur leelted.
Les Rois, p. 423.
Mais ce li requiert par amor Qu'il le li quit e soille e rende, Si que del
suen rien n'i despende, Riens n'i perde, n'ome des suens.
Ben, Chron. de Norm., v. 36555.
2. Despendre, s'épuiser. V. Despandre.
Despens {despens*), s. m. pi., dépenses.
Pour le louage d'un cheval. . . et d'un valiet. . . iii s. t. par jour. Pour
leurs despens. . . iii s. p. par jour.
Compte de 1334, cit6 par M. Delisle dans les Actes norm. de la Cil. des
Comptes, p. 91.
(1) V. l'observ. faite sous De forain, à la note.
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(delwedd C0373) (tudalen 0305)
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- 305 —
Le mot dépens n'est plus usité, en français, comme sy- nonyme de dépense, que
dans la locution « gagner ses dé- pens ».
Despense {cUspence'), s. /"., approvisionnements, choses nécessaires à
la vie. V, Despencer.
Bien sai, si vos 1 volez entendre, ^
Que jà vers vos n'aura défense, Mult avum vitaille e despense.
Bkn., Chron. de Norm.,v. 1212, p. 47.
Despenser (dispenser, administrateur), s. i)i., dépensier, celui qui, dans
une communauté, est chargé de la dépense et des approvisionnements. V.
Despense.
Cil feit venir un despenser E un butiller sulement Pur eus servir priveement.
Vie de S. Gilc, v. 2692,
Desperer, Despeirer {lo dispair ; to dispayre, Palsg.), V. n., désespérer. Du
lat. desperare.
David desperad que à celle fois eschapast.
Les Rois, p. 92
Vint en la chambre, pleine de marrement. Si la despeiret que n'i remest
nient.
.4^'^'., str. 28.
Despisable [desjiisahle) , adj., méprisable. V. les mots suiv.
Petiz je sui e despisables; tes mandemenz ne ubliai.
Lia. des Ps , cxvni, 111.
Despiaement. V. Despit.
Despiser [to despise), v. a., mépriser. Du lat. despicere, proprement
regarder d'en haut. V. Despit.
11 ne despist ne desdeignat la preiere de povre.
Lib.psalni., p. 30.
Le pis prendent, le mielx despisent.
JMarie, Fable 1.
Despit, Despisement {despiie, despisinf/), s. ;;?., mépris, haine. —
Despit:-, dédain, mépris, Kel. V. Despiser.
Ne defaldrad jà ocisiun de ta maisun, pur ço que tu as mis en despit.
Les Rois, p. 159.
Oste mei de reprou et despit (Aufer a me opprobrium et contemp- tum).
Lib. psalm., p. 181.
20
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(delwedd C0374) (tudalen 0306)
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~ 306 —
Espandrad despisement sur les princes.
Liv. des Ps., cvi, 40.
desT^iiement (despiloush/), adv., avec colère , d'une façon naépnsante.
Quant le roy le vit venir, il le regarda moût despitement.
* Le Canarien, p. 49.
Despiter. V. Dépilur.
Desplacer {to displease)^ v. n., déplaire, mécontenter, con- trarier,
répugner. En prov. desplazer , en esp. desplacer. D'une forme fictive et
correcte displacere, à laquelle a été substituée celle displicere. Place)',
du lat. placera, s'est dit de même pour plaire. V. Plaisir 2. Nous n'avons
rencontré le verbe dont il est question qu'au subjonctif, desplace; c'est sur
ce temps qu'a été formé l'angL to displease.
Ne Iroverez jà vos i face , Qui vos i griet ne vos desplace , N'a rien de
voslre compaignie Laid ne honte ne vilanie.
BÉx., Chron. de Norm., v. 1925.
Irra, ce dié, qui que desplace.
M., ib., V. 22088.
Despleier, Despleer {to displaye, Palsg. ; to display), v. n. , déployer. Du
lat. deplicare.
Quant RogtM- vint od son conrei, i.or gonfaniin furent desplei.
BÉN., Chron. de Norm., v. 28304.
• El pan desus ferai un ploit; (Auigie vus doins, ù ke ceo soit D'amer cel ki
l'defferat E ki despleer le porraf.
Mauie, Gugemer, v. 561.
Despoille. Y. Espuille.
Despoiller {to despoil)., v. a., dépouiller. Du lat. despoliare. V.
Despouilleux .
Li morz vont despoillant.
Wace, Rom. de Rou, v. 4035.
Quelle admiration puet on jirendre ou faict de Marius , tant de fois despoiUé
et privé de sa franchise, et taulost après restitué en liberté et en honneur.
Al. CH\RT.,l'Esp., p. 363.
Despoincter {to dispoinl') , v. a., désappointer, enlever l'espoir. D'une
forme fictive dispunctare, faite sur dispunc- tum, part. pass. de dispungere,
vérifier.
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(delwedd C0375) (tudalen 0307)
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— 307 —
Trop tart ilz furent despoinclz et desmis.
P. GaiNG., 1, 32.
Despolier {lo despoile*), v. n., se déshabiller. V. Despoiller.
La dame ad sa fille amenée, Ele la volt fere cuchier; Si li cumande à
despolier.
Marie, Freisne, v.^10.
Desporter, Déporter {lo disport, lo sport) (1), v. n., s'amuser, se récréer,
se divertir. V. Déport.
Alerenl à Roein desduire e desporter.
Wace, Rom. de Rou, v. 195G.
La nuit, quant vint après souper, Li rois s'asist por déporter.
Marie , VEspitie, v. 175.
Despoteison, Desputeisun {dhputesoun, desputesoim, Ch.), s. /".,
dispute, discussion. Du lat. dispulaiionem.
Mult fu grant la despoteison , E tant dura lor contençon...
BÉN., C/iro/z. de Nonn., v. 25674.
Là fu lur assen commun Ke la grant desputeisun Serroit tenue à Verolarae.
Vie de S. Auban, Rubrique du f° 53 v°.
Despouilleur (despoiler), s. m., spoliateur. V. Despoil.
Antioche, despouilleur des temples, fut mangé de vers.
Al. Chaut., VEsp., p. 309.
Desprisable {dispraisable, Sherw.), adj., blâmable, injusti- fiable,
coupable. Dér. de despriser (en angl. to dispraise) , dépriser.
Despruver (lo disprove)., v. a., réfuter, dénier.
I.i fel veillard se esforçout de despruver la verited.
Les Rois, p. 290, au Comment.
Desputeison. V. Despoteison.
Desputer [despout*, despute*, dispute, discussion , débat) , V. a., disputer,
discuter, débattre. En provenç. desputar.
De tûtes arbres parlad e desputad, et les natures mustrad.
Les Rois, p. 241,
(1) V. l'observation faite sous Deforain, à la note.
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(delwedd C0376) (tudalen 0308)
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— 308 - De multes choses unt entr'els dous despnté.
5. Thom. le Mart., p. 152.
Desraisner. V. Deraine7\
Desramer. V. Deramer.
Desrayer. V. Desrer.
Desrei {deraye', disarey, Palsg.), s. m., désarroi, confusion, ruine,
destruction. V. Arrei, desrer.
Pristrent à sel, par rustie e par desrei, plus que n'en out cumanded la lei.
Les Rois, p. 7.
Jusque Saul le premier rei, Comme il fut de grand desrei, Vers David, qui
produm fu.
GuiLL. DE NoRM., Best. cUv.i V. 73.
Desrene, Deresne ((^erenes"), s./"., opposition, contestation.
Ternie de droit. V. Derainer.
Sous le chap. 1^3 do l'ancienne coutume de Normandie, le mot est ainsi défini
: « Desrene est une loy estahlie en Normendie, par quoy cil qui est querellé,
en simple que- relle, monstre que il n'a pas faict ce que son adversaire lui
met sus. »
Se les namps avoir pris denye Es lieux demonstrés, et il die Qu'à se
dereisner veulle entendre, La deresne est sur ce à prendre.
_ CoiU. de Norrn. en v., p. 57.
Desrener. V. Derainer.
Desrer, Desreier, Desrayer {to deraye', to disray') , u. a. , déranger,
troubler, bouleverser. V. Desrei.
... En son ventre ot lu vif deable, Car veirement, s'en lui ne fust, Tant
desreier pas ne petist.
Vie de S. Grég., v. 2487.
Miphiboseth. . . vint eucuntre le rei ; e out ested desrés e desaturnez, e de
sei e de sa vesture.
Les Hois, p. 193.
Fuz pour luy triste et esmayée Plaine de paour et desrayée.
Al. Chart., Le liv. des Qaatre-Dames, p. 670.
Desrogé [derogale"), adj., avili. Du lat. derogatum.
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(delwedd C0377) (tudalen 0309)
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— 309 —
Les sainctes évangiles sont supprimez et les constitutions sont desrogées.
Al. Chart., YEsp., p. 388.
Desseigner {to design) , v. a., dessiner. Du lat. designare, dessiner.
Mais Diocle, d'ailleurs, desseignant mesme chose Que Polignot , faisoit.. v
Vauq. de la Fresn., Art. poét., i, 37.
Desserte. V. Deserle. Desseverance. V. Desevrance.
Destance, Destane [destaiince* , distance'), s. f. , désaccord ,
contradiclion ; inimitié, félonie.
Que perdu ad lu rei Henri, senz nule destance.
Chron. de Jord. Fant., v. 1258, var,
Te salue par nos mil feiz ,
E servises granz e feeilz,
Od amer dulce, entere e fine, ^
U n'ait destane ne haïne.
BÉN., Citron, de Norm,, v, 1683.
Destenprer [to distempre") v. a. , détremper. Du préf. des et lemperare,
mélanger.
Si vos di bien que la poldriere list de sanc vermeil destenprée.
BÉN., Rom. de Troie, v. 23568
Destourber. V. Délourber Destourbier. V. Déloiirbe.
1. Destreindre [to distrain), v. a., saisir, étreindre, empoi- gner,
contraindre. Du préf. de et stringere.
Mult en sunt lur cors poiirus, Deslreinz e pensiz e dutos ; As plus vaillanz
e as plus sages Tremblent e muent lur corages.
Bên., Cliron. de Norm., v. 175.
Ceo fait Amurs, qui la destreint.
Marie, Gugemer, v. 432.
Si tiel divine service ne soit fait le Seignor poil distraindre, et en tiel
case l'abbé doit faire fealtie.
Rastal, Termes de l(c Ley.
2. Destreindre (se) {to distrene'), v. réff., se restreindre, se se retenir,
s'imposer une privation. V. Destreindre 1.
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(delwedd C0378) (tudalen 0310)
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— 310 -
Miilt sovenl le blameivut que lel vie menait; Kar il ert granment fiebles et
trop se deslreigiieit.
5. Thom. le Mart., p. 126.
Destreire {to distraci), v. a., toui-F» enter, bouleverser, dé- chirer. Du
lat. distrahere. V. Deslreit 1.
Sanglanz, envers, pales et freiz, En i ont rnult à mort deslreitz.
BÉN., Chron. de ISorm., v. 3487.
De toz ses maiis à lui se plaint ; Secors mande qu'il li enveit, Quer de
guerre est forment deslreit. GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v.
1612.
\. "QeîiiTQii [distreite), S. m., gêne, difficulté, embarras, détresse.
V. Destreire.
Ne li faldrunt ne par mort ne par destreit.
Clians. de RoL, p. 287.
El ne saveil qui ce esteit, Qui la teneit en tel destreit. GuiLL. DE S. Pair,
Rom. du Mont S. Mich., v. 3064.
2. Destreit {dislreile', strail) (1), s. m., détroit , défilé, gorge, passage
étroit et difficile. Du lat. (/ts/?'«e/Mm, resserré.
Hait sunt li pui e li val tenebrus,
Les roches bises, les deslreiz merveillus.
C/ians. de lioL, p. 71.
Vit li deslreiz e li sentiers Vit li veies e li rochiers.
Wace, Rom. de Rou, v. 9422.
Destrenchier, Detrencher {dislrynged' , divisé, séparé), v. a., couper les
membres, supplicier. Du lat. detrtoicare, couper, retrancher, mutiler.
Pernez parole o li par semlant d'amissier, Al parlement le fête ochir e
destrenchier.
Wace, Rom. de Rou, v. 4434
Las ! tant i eut paumes batues. Quant il le virent detrencher !
BÉy., Chron. de Norm. v. 12428.
Désirer [destrere'), s. m., destrier, cheval de bataille. Du b'^s-lat.
de.xterariurn , parce que l'écuyer conduisait le
(i) V. l'observation faite à Deforain, en note.
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(delwedd C0379) (tudalen 0311)
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— 311 —
cheval, avec la main droite, au chevalier qui devait le monter.
En Tachebrun sun destrer est munted.
Chans. de Roi, p. 30.
Là pocit um vere chevalers reverseez des destrers.
Hlst. de Foulques, p. 26.
Destrier [lo distrie )^ v. a., détruire, faire cesser.
Non aage (minorité) le plat destrie.
Coût, de Norin. en v., p. 91.
Destroict {dislreile*}, adj., difficile, embarrassant.
Il stiffiroit prouver par tesmoings , mesmemenl en plus destroict cas.
Le Rouillé, Gr. Coût, de .^oi^m.., i' xxiij r°.
Destroire (/o deslroy) , v. a., détruire, anéantir, exter- miner.
Que si l'uns a de nos mester Qu'il premiers voille endamagier E destroire e à
tort mener, Eisi de! tut descriter, Secors li facent erraument Tuil li autre
comunaument.
Bén., Ch/'on. de Norm., v. 8974.
Destrousser {to dislruss), v. a., défaire, mettre en déroute, vaincre.
Durant le siège de Harfleu, furent destroussez bien ii" Anglois et
quarante de la garnison de Vire, qui venoient de courir de Mortaing.
Cliron. du Mont S. Mic/t., p. 55.
D'où le subst. deslrousse, défaite, déroute.
Et firent les François une grande destrousse sur les Anglois.
Ib., p. 40.
Par cette destrousse, le dit prince perdit toutes les places qu'il avoit
audit Daulphiné, lesquelles le roy luy rendit depuis.
Al Chaut., Hist. de Cit. VII, p. 75.
Destruiement [desiroying , Sherw. (1), destroyeng , Palsg.), s. m.,
destruction, extermination.
Cels In garder le durent, mist à destruiement.
Wace, Bom. de Rou, v. 3206.
(I) En'ang. mocl. , ce subst., devenu adj. m , est synonyme de destroyer,
'lestracteur.
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(delwedd C0380) (tudalen 0312)
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— 312 —
Veient les lais destruiemenz E les pesmes trebuchemenz.
Bén., Cliron. de Norm., v. 3148.
Destruieres (destroyer) , s. et adj. m., destructeur, spolia- teur.
Del commun trésor destruieres.
Vie de S. Grég., v. 2790.
Desturbance , Desturbement , Desturbier. V. Détourbe , Desturner {to
clistirnu), v. a., écarter, rejeter. Tu desturuaz la force del glaive de lui.
Lie. des Ps., LXXXVIII, 44.
Mes l'arcevesque ad celé lei desturnée.
S. Thoin. le Mart., p. 40.
Desvé {diswitled'}, adj,, fou, insensé, éperdu, bouleversé.
Respunt irez Cliarles li reis , Si très marriz e si desvez, Por poi lie s'est
toz forsenez.
Béx., Chron de Norm., v. 6118.
Mais saciez par vertet Que ço est grant follet, E primes fut truvet D'alcun
hume desvet.
Phil. de Thaon, Comput, v. 2615.
Desvé est le part. pas. de desver , devenir fou , lequel a donné au français
endêver, mot aujourd'hui banni de la langue littéraire, et qui est resté d'un
usage universel en Normandie.
Desver, dans l'acception indiquée plus haut, ne serait- il pas une forme
contractée du verbe normand desveer , dévoyer , métaphoriquement s'écarter du
chemin de la raison ? Via , l'un des radicaux de ce verbe, a donné au
français voie; d'où desvoier (dévoyer), et au normand veie , d'où desveier et
desveer.
Jà por loer jie desveast De jugement que il jugast.
GuiLL. DE S. Pair, Boni, du Mont S. Mich., v. 1261.
Les autres devriez mener e avpier
E vus les faites tuz chair et trebuchier,
Nis le rei del pais faites vus desveier.
5. Thom. le Mart., 28, dans Littré.
Déterminer (/o détermine) , v. a. , terminer, résoudre , trancher. Du lat.
determinare, borner.
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(delwedd C0381) (tudalen 0313)
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— 3J3 —
El toutes les querelles qui naistront, par raison de varech , doibvent estre
déterminées en la court au duc de Normandie.
Ane. Coût. (leNorni., ch. xvii.
En laquelle court ordinaire dudict escliiquier seroient dis- cutez et
déterminez en dernier et souverain ressort les matières qui touchent les
droitz du roy et des subgectz du dict pays.
Ordon, de l'Échiq. de JSorrn. de 1515.
+ Détourbe, Desturbance, s. /"., + Détourbement , -|- Dé- tourbier, s.
m. [dislurb\ dislurbance, disiurbulyng') , déran- gement, trouble, embarras,
gène. — Desturbance, empêche- ment. Kel. V. Délourber.
L'aime al cel des angles porte Senz desturbance.
Vie de S. Thorn. de Caiit., v. 1079,
Tut à leisir et seinement Onques n'eurent desturberaent.
Chron. anglo-norrn., i, 19.
Par lui ne par sa force n'aurom' desturbier, Dont jo me paisse plaindre,
vaillant un denier.
Chron. de Jord. Faut., v. 536.
Sans ... lui mectre, faire ou donner aucun destourbier ne empeschement.
Ch. de 1152, du carlul. de Lisieux, f° xv.
11 y a des peurves dans l'herbier, Ch'est pour tous un grant destorbier.
MET., Diction, fraiico-norm., p. 175.
Ben souvent non z'a du desteurbé.
La Noao. annaie (Jersey, 1875), p. 3.
-f- Détourber {lo dislurb), v. a., troubler, déranger, gêner. Du lat.
dislurbare, empêcher. V. Délourbe.
Il le deslurbad el veage, quant il vint de Egypte.
Les Bois, p. 53.
Por ce furent là enveiez, Que ne seient mais damagiez Franceis par els ne
destorbez, Ne essiliez ne déviiez.
GuiLL. DE S. Pair, Rom, d,w Mont S. Mieh., v. 1G77.
De m'y donner parfaict contentement, Par mesdisans elle en fut destourbée.
Chans. norm.dit, XV'^ s. — Rec. Gasté, p. 5-1.
Men parent s'en vint me détourber, ..
D. Fer., Musc norin., p. 712.
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(delwedd C0382) (tudalen 0314)
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314 —
Detraire {lo delract' , lo delract), v. a., tirer, enlever. De- traire est
fait sur le lat. detrahere, et to delract, sur delrac- lian, part. pas. de ce
verbe.
Sa barbe blancbe cumencet à detraire.
Chans. de Roi., p. 241.
Jà li reis d'Englelerre ne vus aura raestier... Qu'jI ne nus fdce detraire e
à maie mort jugier.
Chron. de Jord. Fant,, v. 1407.
Detrencher. V. Destrencher.
Detrescer {to distress)^ v. a., réduire, soumettre.
N'i ad lei, ne decré, ne rien qui l'enlredie, N'espée ecclesial ki
l'detresce, n'ocie.
S. Thom. le Mart., p. 115.
Détresse (dislress), s. f., saisie. Terme de droit.
Aulcunes fois appelle len justice une détresse qui descend de droict, qui est
faicte sur aulcun... Celle justice est faicte par prendre meubles ou fieu ou
corps.
Ane. Coût, de Norin., ch. m.
Detur, Deitor, Detteur {deUor); s. m., débiteur. V. Debteur.
Nus pardunums à nos delurs.
Lib. psalm., p. 254.
tCt doivent les devant dis deitors maller (marner)... vint acres de terre.
Bail de 1275, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses Ilotes et doc. sur la
Norm., p. 425.
Le simple plege ne s'est autrement voulu rendre detteur...
Tehuiex, Comment, du dr, norm-, p. 320.
-j- Deul (dole), s. m., chagrin, peine. V. Duler, doel.
La cité si est sor Duglas, Jadis i ot deul e trespas.
Marie, Ywenec, v. 15.
Et j'ay biaucou de deul de te veyr en malaise.
L. Pet., Muse norm.,]) 14.
Ce substantif se rattache au verbe impersonnel dotdoir, éprouver de la
douleur, du lat. dolere, lequel, à l'indicatif, formait je deids, lu dénis,
il deidl (Palsg., Gramm. , p. 420).
De tut ço... ne deut ne plure.
Vie de S. Auban, v. 589.
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(delwedd C0383) (tudalen 0315)
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— 315 —
(]eluy qui se voudra complaindre de lort fait... sera sujet dire ou déclarer
audit commissaire qu'il lui failtort et de ce se deult et compluint.
Ordon. de l'EvIiiq. de Norm. de 1501.
La forme anglaise du mot se rencontre d'ailleurs dans l'ancien diale^cte,
auquel elle a été empruntée :
Si grant honor à grant dol at tornede.
Alex., str. 29.
Toleit lor avum de lor homes Tant, dunt deivent aveir grant dol.
Bén., Cliron. de yorin., v. 3872.
Deveer, Deveber. V. Veei-.
-{■ Devoir (devere*, devoir, ce que l'on est obligé de faire. Devers
représente le verbe normand deveir, employé subs- tantivement), V. a. et n.,
devoir. Du lat. debere.
Si home occit altre e il seit cousaunt e il deive faire les amen- des...,
durra x solz.
Lois de GuilL, 8.
Colas de Lisle... coufessa dever pour lui et pour ses hers...
Ch. de 1485, du baillage do Guernesoy , ciié par M. Havet, dans Les Cours
roy, des îles norm,, p. 238.
Ch'est donc anieu que j'deis vais men tianchi !
Rimes jers., p. 179.
-\- Devinaille (divrnacle'), s. /"., énigme, toute chose que l'on donne
à deviner.
Je aoverrai en harpe ma devinaille.
Lia. des Ps., XL VIII, 4.
Bernart respont cum afaitiez : « Si vos avi'z esté iriez, Beau sire, c'est
par vostre faille, Logiere (facile) est ceste devinaille.
BÉx., Chron. de Norm., v. 13171.
Devinemenz (devining*), s. m. pL, divination, prophétie. Eceo esleva ki se
entremeteient de folz devinemenz.
Les Bois, p. 420.
Là tent toz ses devinemenz, Ses torz e sis prameltemenz.
BÉN., Cliron, de Norm., v. 2993.
Devins, Divins {divine), .«. m., théologie, prêtre. Du lat. divinum., qui a
des clartés divines, surhumaines.
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(delwedd C0384) (tudalen 0316)
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— 316 —
De grant non fu l'abés Martins, Clers merveillos e buens devins,
Bén., Chron. de Norm.,\. H047.
Ço dit Sainz Augustins, Ki fut malt bons divins.
Ph, de Thaon, Comput, v.6\.
1. Devise (devise), s. /"., disposition testamentaire. V. De- viser A.
Si home mort sans devisp, si départent ses enfants Terile en sei per ywel
(par égales portions).
Lois de Guill., 36.
Amaladid li reis Ezechie jesque à la mort, eli prophètes Ysaïe vint à lui; si
li dist : Fais tu devise à tun plaisir de ço que est en ta maisun, kar tu
murras e nient ne viveras.
Les Eois, p. 416.
2. Devise (device), s. /"., dessein, plan. V. Deviser 1.
Mais quant il conut sa baniere E vit l'arsun e la fiimiere De la cité, qui
fut esprise N'i ont une puis allre devise
BÉN., Chron. de Norm., v. 823.
Par F'haraon orgueil on peult blasmer, Quant il voulut oster de leurs franchises
Le peuple esleu, par estranges devises . Luy. ses consors périrent en la mer.
P. Gring., 1,16.
4. Deviser {to divise'), v. a,, distribuer, disposer. D'une forme fictive
divisare , faite sur le lat. divisum, su])m de dividere, disposer en divisant.
V. Deviser % 3 et 4.
Je parsiverai, e comprenderai, deviserai despoilles (Persequar et
comprebendam, dividam spolia).
Cantique de Moïse, verset 9, dans le Lia. des Ps , p. 268.
Quant lur genz orent fait armer E par batailles (escadrons) deviser Si lur
laissent curre à eslès.
BÉN., Chron. de Norm., v. 1089.
2. Deviser [to devise') v. a. , ordonner, commander, pres- crire. V, Deviser
4 , 3 et 4.
Et Uries fist faire un altel, tut de celé baillie, si cum li reis l'ont
devised.
Les Bois, p. 399.
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(delwedd C0385) (tudalen 0317)
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— 317 —
Ne sevent mie cum Deus l'ad devisé.
Vie (le S. Aaban, v. 1028.
D'où le subst. devise, ordre, commandement.
E tiez jà i vimt pur dun, • A la devise dou liun.
Marie, Fable xv. *<
3. Deviser {to devise'), v. a., décider, conseiller. V. Devise 1, 2, 4.
Entre Ernouf e li dus fu la paiz devisée.
Wace, Rom. de Boit, v. 2700.
Eliduc lur ad tut mustré E enseigné e devisé.
Marie, Eliduc, v. 205,
4. Deviser {to devise), v. a., léger, disposer par testament. V. Devise 1.
Et pour le vivre et la substance (subsislance) des dits cha- noines et
serviteurs de la diltc chapelle, nous dotons la dite cha- pelle di-s choses
cy dessous devisées.
Testament de 1317, cité dans les Mém. et notes de M Au a Le Prévost, m, 2%2.
5. Deviser [to devise, Sherw.), v. a., minuter.
En romanz devise un brief, d'un anel l'enseele
Chron. de Jord. Feint., v. 24G.
Devisiun , Devision {devysiorC), s. /"., division, partage.
Rendez-lui le chastel por tel devisiun, E devenez sun hume par tel condiliun.
Chron. de Jord. Fant,, v. 1398.
Gom faite est la devision, Que il la tienge ait e porsée.
Bén., Chron. de Norm., v. 6806.
-\- Devourer [lo devour), v. a., dévorer. Du lat. devorare. Lacune signale
devourer comme étant une forme normande.
Li sire en la sue ire les conturberat, e si' s devurerat fus.
Lib. psalm., p. 24
Mangiée 1' ad e devourée,
Marie, Fable 3.
Devoutement(rfei'on^e»ienr, devoutly), adv., dévotement.
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(delwedd C0386) (tudalen 0318)
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— 318 —
Sa seinte beneiçiin li ad doné, Va à Deu de cel le ad comaundé Uevoutement
Vie de S. Thoni. de Cantorb., p. 825, c. i.
Dextre (dextrous), adj., adroit, habile. Du lat. dexlerum, qui a de la
dextérité.
Il luy fut et estait facile de lever en moins d'un mois, soixante mil hommes
de pied en son royaume et bien dextres aux armes.
De Bras, Rech. et ant. de la ville de Caen, p. 123.
Di , Die {day ; daye, Paisg.), s. m., jour. Du lat. diem. Dans le mot angl.
composé dismal. humeur noire ( littéralement mauvais jour), on retrouve notre
ancien vocable normand. V. Tozdis.
La nuit passe e vint le die, Que l'aube claire est resclarcie.
Bén., Chron. de Norni., v. 19232.
Mes Jesu releva (ressuscita) cum sires poëstifs Au terz di, d'enfer résout
ses prisuns cheitifs.
Vie de S. Alban, v. 164.
Quinze jurs h fist deraurer, Orer e veiller e juner. Quant il out esté quinze
dis, Si manda les clers del païs...
Marie, Pwrgr., v. 576.
Diaphanique (diaphanic), adj., diaphane.
Sa diaphonique luminosité.
Al. Chart., Le Quadrilogue, p. 436.
Die {dike), s. m., digue, chaussée établie pour contenir les eaux, terrain
naturellement surélevé , qui joue le rôle de digue. Du scand. rfyA;island.
diki ; holl. dijk;, dsin. dige ; suéd. dike, tranchée avec remblai. En
bas-lat. diccum.
In marisco deVaravilla, diccus RadulG de Herbertiulmo.
Terrier du XIV' s., cité par M. Delisle dans V Agriv. en Nom. au moy. âge, p.
293.
Johan Chanin, une vergée au long du dicq de Frctesne.
Autre du XV^ s., ib., p. 296.
+ Dicter [lo dite*, lo endyle, Palsg.) (1), v. a. , composer ,
(1) I endyte, i write. Je compose, Je dicte, and je couche. Write thou, and
iwyll endyte: Cu escripras et Je composerai/, oije dicteray, or Je
couckeray le langaige.
Gramm,, p. 534.
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(delwedd C0387) (tudalen 0319)
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— 319 —
rédiger, exprimer sa pensée pai écrit. Du lat. dictare , composer, Horace a
dit dictare versus^ pour composer des vers, et Suétone, diclare aclionem,
pour composer un plai- doyer.— L'une des définitions que donne Ducange de
dic- lare, en bas-Iat., est « epistolam componere », sens qui correspond à
celui qu'exprime le plus souvent, dicter en patois normand. « Voilà une
lettre bien dictée. » « Je ne sais dicter une lettre », sont des locutions
d'un usage jour- nalier en Normandie. Notons encore qu'au moyen âge'î on
appelait c/tc^/e un récit, une histoire , etc. , recueillis par écrit. (1).
V. Diliet.
Je parole à la riche gent ; Ki ont les rentes e l'argent, Quer por els sunt
li livres fez, E bien ditez e bien reirez.
Wace, Rom. de Rou, I, 272, en note.
Li evesques de Lundres un epistre enveia Saint Thomas, ultre mer ; mes sun
non i cela. Et el non des evesques del païs la dita.
■S. Thoin. le Mart., p. 111.
K si n'estoit homme vivant, Mielx dictant ne mielx escrivant.
Pec. poèm. (la Mont S. Michel, p. 17.
Terme (assignation) sur ce lui est donnée,
A l'ordinaire, ainsi dictée :
« Comme contencion soit meue
« Devant nous entre P... et Hue... »
Coût, de Norin., en v., p. 77.
Un' bêt', bêt' coumme un' vaqu', coumme lié,
N'a jaiuais 'té d' taill' pour dicter
Des chôs's, coumm' Betsi veint d'brûler.
Rimes jers., p. 200.
Diffame {diffame, Palsg.), s. m. , honte , déshonneur, op- probre, du lat.
diffamiam, perte de la réputation.
Stérile suis, le cas est tel, Qui est pour moy urig grant diffame. Le Mist.
de la Concept., dans La Concept. N.-D. de Wace, p. 144
Par ce moyen, guidons et estendars Ont esté pris, dont est venu diffame.
P.GUTXG., 1,31.
Bien a seul sa foy acquidié. Dont mainte croniquo et dictié Jà composé Deust
estre. . . Al. Chart., Le Liv. des Quatre-Dames, p. 615,
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(delwedd C0388) (tudalen 0320)
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— 320 —
-j- Différentement {differently) , adv., différemment. V. l'observation
faite, suivant cette forme, à Absolulement.
Geste mutation n'est pas en luy, elle est en toy, qui reçois pu- nitions ou
grâces différentement de luy.
Al. Chart., VEsp., p. 377.
Diffidance , defîdence {difpdence) , s. /". , défaut de con- fiance. V.
Fider. Du lat. diffidentiam. défiance
Les blasraa de leur petite foy et reprint de leur doubteuse dif- fidance.
Al. Chart., VEsp., p. 335.
Ceux-là qui ont en Dieu leur confidence
Fermes seront ainsi que le haut mont (le Mont-St-Michel);
Mais ceux aussi qui auront defîdence
Dessus le sable et grève périront.
De Bras, Bech. ec antiq. de la ville de Caen, p. Hii.
Diffinir {to define), v. a., juger , décider. Terme juridique. Du lat.
diffinire, fixer, régler, terminer.
En laquelle (Gourde l'Échiquier) toutes les causes et matières des hommes el
subgectz dudict pays (de Normandie) et des choses situées et assises es fins
el limites d'icelluy, ont esté traic- tées, ditfinles et décidées, en leur
dernier el souverain ressort.
Ordoii. du Pari, de Norm. de 1515.
La Cour ... a arresté et conclu ... les choses qui ensuivent pour
diffinir et juger les dites matières.
Arr. du Pari, de Norm., cité par Terrien daas son Comment, du dr. norm., p.
267.
+ Difinir {to diffinish'), v. a., définir.
Le patois normand use encore des formes corrélatives difinilion, difinilif^
difmilivement, que l'on rencontre dans l'ancienne langue, où quelques-unes,
sinon toutes, ont per- sisté jusqu'au XVIP s.
-\- Diguer {to dig* ; to dygge, Palsg.), v. a., aiguillonner, piquer avec le
diguet , nom donné en patois à un morceau de bois très court, taillé en
pointe , dont on se sert pour faire avancer les ânes.
1 faut creire que ch'est Satan qui V digue.
La nouv. annaie (Jersey, 1871), p. 8.
On use aussi en patois du fréquentatif digonner , verbe que Cotgrave signale
comme étant normand.
N'eurent les mouches. . . moyen de la (jument) poindre, ni di- gonner.
Nouv.fabr. des excel. tr. de vér,, p. 125.
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(delwedd C0389) (tudalen 0321)
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— 3:>1 —
A (Tuornesey, d'après M. Mélivier, l'on donne le nom de dlgards aux
fabricants d'éperouà'. V. son Diction., p. 177.
Dilater {lo dilate), v. a., s'étendrû sur, développer, dé- tailler. Dulat.
dilatare. V. les deux mots suivants.
Pour aucunes raisons qu'il escript et dilatte assez amplement.
Diî Bras, Recli. C (fir. dn la ville. île Caen, p. 0.
V
Dilation [dilacion), s. /"., délai, ajournement. Du lat. di- lationem,
sursis, remise. V. Dilater, dilayeur.
Pourroit la dilatîon porter grant inconvénient et pi'éjudice à celuy qui
demanderoit icelles tresves.
Ordon, du Pari, de Norni., de 1515.
Combien que ceste dilation soit mise entre celles ottroyées avant la
contestation. . .
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 371.
Dilayeur (délayer), adj., temporiseur. Du lat. dilalore»i, qui remet, qui
diffère. V. les deux mots qui précèdent.
L'âge aporte au vieillard mainte incommodité. . . Soit qu'en toute entreprise
il soit timide et froid, Dilayeur, attendant, riotteux, mal adroit.
Vauq. de La Fresn., Art poêt., II, p. 58.
Diligentement (diligently), adv., diligemment. V. l'ob- servation faite
touchant cette forme à Absolute nient.
Li arcevesques ou li evesques et nostre bailliz examineront di- ligentement
chascun des prestres et des chevaliers qui auront juré por le requenoissant.
Marxier, Etabliss, de l'Echiq. de Norm., p. 58.
Qu'il enquiere diligentement et "en secret des malfaicteurs.
Ane. Coût, de iSorm., ch. v.
Diminutif [diminule'), adj., incomplet, imparfait.
Et par ce l'en peut dire que l'acteur (l'auteur) est diminutif.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm,, f Ixxxviij v".
+ Dindan (ding-dong), s. m., son, bruit de la cloche. Onomatopée. Le mot,
avec le même sens, est dans Cot- grave et dans Oudin. V. Tin.
-\- Discompte {discount), s. m., escompte. Du préfixe dis, indiquant un
retranchement, eicomputum, compte; littéra- lement ce qui est en dehors du
compte. V. les deux mots suivants.
4" Discompter {to discount), v. a., escompter. V. Dis- co)nple,
disconipleuco-. En bas-lat. discoitipulare.
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(delwedd C0390) (tudalen 0322)
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_ Ui —
Nec i)ropter terapestatem qiiœ cecidit anno 1459 , propter qiiara monasterium
habiiit beiie in damno ■1200 modios spellœ; ipsi nihil vuluil discomputare,
nec aliqiiatn gratiam lacère.
Duc, Discornpatare.
4" Discompteux {discounier), s. m., petit banquier, qui liante ses
opérations à l'escompte de billets d'un chitfre peu élevé. V. les deux mots
qui précèdent.
Discord. V. Décord,
Discordable (discordable*), adj.^ produisant le désaccord, la brouille. Du
lat. discorahilern.
Es tu que jugeras de la inulliplication des femmes sarrazines avec un seul
m.iri et de la diversité discordable des enfans ?
Al. Ciiart. VEsp., p. 358.
Item et sont les dictes deux cl.imeurs d'une mesme nature. . . et de leur
nature rejident les choses discordables.
(Jrdoii. du Pari, de Norin. de 1515.
Disjunctivement {disjunctively), adv., séparément, dis- tinctement.
Et aussi ce seroit contre le texte, qui met que la vérité sera sceue en
inntant (en faisant entendre) qu'il suffit de l'un dis- junctivement.
L. Rouillé, Gr. Coût, de Norm., f* Ixxij r°.
Disme idisme), adj., dixième. Du lat. decimum. La disme escliele (cohorte)
est des baruns de France.
Chans. de Roi., p. 257.
Solïereil tant li disme après Teus n"i ont sotferl nus d'eus niés.
Béx., Chron. de Norm., v. 7862.
Dispencer {ta dispense), v. a., permettre, accorder. Du lat. dispensare,
régler, administrer.
El vous dispencera De faire ce qu'il vous plaira.
P. Gring., I, 230.
'Di&'^vXdXiï {disputât ioe], adj., de dispute, de discussion,
d'argumentation.
Entendement met en suspension toutes subtilitez disputatives.
Al. CiiAKT., l"£'*7^.,p. 281.
Disputation {disputation), s. /"., dispute, discussion. Du lat.
disputationem.
Que cy endroit n'ayez pis disputation.
Al. Ciiart., Le Quadrilogue, p. 453.
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(delwedd C0391) (tudalen 0323)
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Dissentir (to dissent), ?^ a., désapproiivei',
refuser son consentement à. Du lut. dissentive. I.osiibisl. dissentiment est
resté français.
Il estoit nécessaire passer procuration specialle ou nom des- (iicts
luibitans pour consentyr ou dissenlyr ledict estnblisseraenl,
Ordon. de l'>Sl , ciK^o par M. lîrt'ard dans ses Arc/i. ,/c la. ville de
lloiilleur, ]). 77.
V
Diter. V. Dicter.
Ditiet, Ditié {dltly, ditie, Palsg.), .v. /«., chant, chanson, récit en vers.
V". Dicter.
E il mist en la meie buclie novel ciiatit, ditiet à iiostre Deu (carmen Oeo
noslro).
Li//. pgaliii,, p. 53.
['hisurs en ai oï conter, Ne voil laisser ne's oblier; Rimez en ai e fait
ditié, Soventes fiez en ai veilhé.
Marie. Faibles. Prol., v. 3'J.
Dition {dicion),s. /"., pouvoir, domination. Du lat. di- iio}ieni.
puissance, autorité. — Dition, puissance, juridic- tion. Kkl.
Seient mais en sa dition Tnit cil de ceste région.
Bkx.. C/iron. de Norm., v. 8289.
Diverser (se) {to diverse*), v. ré/f., se diversilîer. D'une forme fictive
diversare, faite sur diversurn^ part, pas. de dirertere, être différent.
I']stranges sui, d'aillurs veiniz, Qui ne 's ai neis coneuz, Ne lur manières,
ne liir murs, Qui se diversi'ut en plusurs.
Hkn.. Chr-on. ilc .\or//t., v. 11)78.
Diviner [ta divine), i\ a., présager, prédire.
Tôle rien loi" dit e divine Qu'ainz sereient mort de mesaise Que la
terre lurfeist aise.
Hiî.N'., C/iron. de Norr/i., v. (iGâU.
Divins. V. Devins. Doaire. V. Douaire.
+ Dobiche {dohhy\ vieux fou), s.-f., vieille folle, vieille mégère.
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(delwedd C0392) (tudalen 0324)
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- 324 —
Doctriner {to doctrine')., c. a., euseigner, insUuiie.
Cil qui mist tel peine et tel cure, Pour saincte Eglise enluminer Et pour
l(^s aultres doctriner, A la parfin s'entroublia.
Pet. Poèmes du Mont S. Mich.,'^. 63.
F>es ignorans doulcemcnt doctriner, Infidèles à la foy ramener.
P. Gring. I, 121
Doe. V. Lui.
Doel {doele'), s. m., douleiir, chagrin. V. Deiiî.
Une vedve de povie liu Veneit ploratite eschevelée, Cora femme de doel
forsenée.
Vie de S. Grég.,\. 2550.
Loel est le subst. du verbe doele)\ doiler, du lat. dolere, être dans la
douleur.
Mult lor en doell les quors e saigne.
Bén., cil von. de Sornn, v. 10536.
Le cors voil jo ke seit doilant.
Vie de S. G?7e, v. S151.
Doit. V. Ijouet.
Dol. V. Deul.
Doleir, Doler. V. Duler.
Dolle {dole 1), s. /"., morceau, parcelle.
Mon iils, me disoit il, voy la depenre folle D'Arnaut, qui plus du sien ne
possède une dolle.
Vauq. de La Fre.s.v., Sat., p. 310.
Dolor, Dolur, Douleur {dolour)., s. f., douleur.
Tantes dolors at por tei enduredes Estantes fains e tantes sciz passedes.
Aie.!-., str. 80.
Mais por ço qu"en celé dolour Seiute Iglise qui est vedvée. . .
Vie de S. Grég., v. 794.
Ce plusuralmes sunt gardées Par divers lius e escuncées, Ou en repos uu en
dolur, Soluiic Inr re'vree lur labur.
Marie, Purç/.. v. 145.
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(delwedd C0393) (tudalen 0325)
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- 825 - Là comraencerenl les rumours, doulours et
mescliiefs.
C/iroi). (la Mnnt S. Mich., p. 2,
Doloros, Dolorous, Doloreux {dolorous), adj., douloureux, triste.
Mnlt deussent plaindre e plorer,
Por la dolorose udvanture
Ki lor avilit mult maie e dure. »
Wace, Ko/n. (le Roa, v. 131 Iti.
S'en aperçut test en après Quels ert li dolorous décès.
Vie de S. Grécj.,w.'îllï>.
Et son sac estoit tousdiz plains De rudes pareil' rigoureux Pour contredire
les durs plains De son vray servant doloreux.
Al. Ciiart., Le Pail. il'Aiti..\). 706.
Domestique {domestic)^ s. m., individu qui était attaché à une grande maison,
même quand il était gentilhomme et que l'emploi était important.
Présence de maître Charles Tostain, sieur de la Mercerie, de pré- sent
lieutenant gênerai du 'sieur viconte de Falaize, qui pour lors m'estoit
domestique.
De Bi!as, Recli. et antiq. de la ville de Caeii, p. 172.
+ Dône {donny' 3), s, f., femme de mauvaise vie. (Glos?. du pat. norm. de M.
Dubois.)
Donneur [donor), s. m., donateur.
Et pour ce doit chanter chascune sepmaiiie une messe basse... durant la vie
du donneur, et après son décès, son anniversaire chascun un, à toujours mes.
Coat. des Jbr. d» Nom., î. 5 v, cité dans les Mérn. et notes de i\l. Aicfj.
Le Préoost, II, 445.
-|- Doque, Do'che (dock), s. f., patience, plante poussant dans les terres
incultes et dont les feuilles ressemblent à celles de l'oseille. Du lat.
dauciim, carotte.
Le feu se priut à l'herbe. . . tout fut bruslé et ars. . . et n'y demeura
bardane, docques, roseaux et autres herbes qui crois- sent es prez.
Noav. fabr. des exeel. tr. de ver. , p. 24.
-\- Dorée {dorée\ pâtisserie), s. f., tartine de beurre, de confitures, de
compote, etc.
J'aime. . .
A vée, auprès d'ieux rnère, M's éfant?, l'tabouarin' plein, Doraie au bec,
trottant dans l'aire, Autouar de not' villiain.
Rimes </uern., p. 127.
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(delwedd C0394) (tudalen 0326)
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~ 32tJ -
Dortur {dorture, dorlour' }, a. m., dortoir.
Jo frai feire lost le muster, Dortur, chapitre e bon celer.
Vie de S. G fie, v. 2205.
Icist nus dit de cest priur K'il fist faire près del dortur E babitacle où il
mansist, K'il à ses frères ne nuisist.
Marie, Purr/., y. 393.
Dossalidossal'), s. m., manteau d'étoffe précieuse, garni de fourrures,
àru.sage des personnes d'un rang élevé,
La dam(; le prent, si l'enmaine • Desor le lit à la mescbine , Très un dossal
qui, por corline, Fu en la chambre apareilliez.
Mahie, Gufjemer, v. 366.
Dotance. V, Douta ace.
Dote. V. Dule.
Dotis [doutif'), adj., méfiant, déliant. — Dolif, craintif. indécis. Kel.
Franqiies respunt : chers du.-? amis, De ceo ne seez jà dotis.
BÉN., citron, de yorm., v. 9306
Dotosement , V. Duteusement.
1. Dotus, Dotous {dotons'), adj., douteux, incertain, dans h; doute.
Eissi esteit l'oevre dotuse K d'aiibesdous parz perillost^, Que nul n'i
saveit que quider, NVsgardement ne los doner.
BÉN., Vhron. de Norm., v. .')327.
Li evesques est curions
De oeil savfir, dont est dotous.
GuiLL. (le S.-l^Ain, Bout. <hi Mont S. Michel, v. 3333.
-i. Dotus (dotous'), rti-y., craintif, effrayé. V. Double 2.
Prent le danzel entre sa brace, Qui resplendit, oiis, boche e face, Dotos e
si espoeiitnz, Oiie par tôt l'or de set citez N'i vousisl estre à ci-le feiz.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 13049.
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(delwedd C0395) (tudalen 0327)
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- Ml —
Douaire, Doaire {don-aire', dower), s. m., don, présent, dans un sens général
et al)Sûlu. Du bas-lat. dotarium.
chrestien, es appelle. . . aux riches douaires de béatitude de corps et
d'âme.
Al. Chaut., VEsp., p. 335. Mal a le cors servi dunt l'aime a tel doaire.
GuiCHAHi) DE Beaulieu, Seriniiii, p. y).
Doubtable {douhtahle, Sherw.; drmtaUe), adj., redou- table. Du lat.
duhitabilem. V. Doubte 2.
Doubtance. V. Doulance.
i. Doubte (douhl. Gotg.), s. m., question, point douteux.
A ce doubte, l'en peut respondre que la preuve appartient à cil qui a prins
les namps. . .
Lk Rouli.é, Gr. coût de Nornu, i° xv \\
2. Double {doubt, Sherw., doute'), s. f., crainte, tVayeur. V Douter, doutance,
dute, douhtahle, doubteux, dotus ï et 2.
Ltluy croissent tousjours nouvelles doubles.
Ai.. Chaut., Le déb. des deux Fort., p. 57.*.
Quant à raoy, je n'y srai plus,
Car il n'y a point d'aisément.
Pour la doubte des court vestus (les Anglais),
Qui nous viennent voir trop souvent.
Chans. tiorm, du. XV° s. Rec. Gasté, p. 4.
Doubler. V. -(- Douter.
Doubteux (douhtous, Pi\\^.; douteouse", doutons'), adj., quia peur, qui
craint, qui redoute, effrayé. V. Double 2 et les mots auxquels il est renvoyé
à celui-ci.
Bien apparoissoil en son semblant que forment fust ospoventée et doubteuse de
plus grant douleur et maleurté advenir.
Al.. CnART., Le Quadrilo{/u(', p. 407.
-|- Douet, -}- Douit [doicf; duel, ditch), s. m., petit cours d'eau, ruisseau.
En bas-lat. doituin ; du lat. ductuin.
\À doit cnunderent.
Lib. pg<<lin., p. 106.
Le duit de Cedron passer.is; bien saco que tu i murras.
Lts Bois, p. 232
Le soussigné, prévôt du \alle, avertit les propriétaires des douits, qui y
appendent... qu'ils aient à les currr, etc.
(inzi-ttn <le Gucrncscij, 13 sepl. 1879. l'.-u'iie ofl
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(delwedd C0396) (tudalen 0328)
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— 828 -
Le mot est toujours masculin en patois normand ; l'ancien dialecte lui
donnait aussi ce genre ; l'on y trouve cependant dois^ du féminin :
Ha ! covoitise desloiaux Tu es rachine, de tos maiis Tu es la dois e la
fontaine.
Chron, anglo-norm., III, 75.
+ Douillard {dullard* dullarde^ Palsg., sot, Imbécile), s. m., homme mou,
sans énergie, que la plus légère dou- leur fait gémir, qui se plaint de la
plus petite gêne.
Doulçaine (duloimer), s. f., lyre.
N'il n'est harpe, orgue ne doulçaine... Que désormais ouyr requier.
Al. Chaut., Le Liv. des Quatre Darnes, \i. 632.
-)- Dôurdée {clurdur>i\ querelle, lutte), s. /"., volée de coups.
Le patois normand possède, avec ce substantif, le verbe cloiirde7\ frapper,
maltraiter, que Cotgrave donne aussi en ce sens.
Dous. V. Dui.
-\- Doutance (doutance'}^ s. f., crainte, appréhension, doute. Du bas-lat.
dnhitantiain, corruption àa duhietatem. V. Double 'i et les autres mots
auxquels il est renvoyé à celui-ci.
En diitance ert ù il ireit.
Wace, Rom. de Roa, v. 6158.
Quer c'est toute la contenance De famé, quand elle a doutance De perdre ceu
qu'elle doit garder.
L'Advocacie N.-D., p. 37.
Dotance, forme que donne aussi Halliwell, se rencontre avec le même sens dans
Benoît :
De ceo n'imt ore nules dotances. ^
Chvon. de Norm., v. 5717.
-j- Douter, Duter, Doubter {lo doute'., lo doubt), v. a,, craindre,
soupçonner, se défier. DU lat. dubitare, qui pos- sède ces diverses
acceptions. V. Double 2 et les autres mots auxquels il est renvoyéà celui-ci.
D'aler en avant unt mult douté, Por poi ne sunt tuit retorné.
GuiLL. DE S.-Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 3301.
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(delwedd C0397) (tudalen 0329)
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- 329 —
El neV osout areisuner, E il dute à li parler.
Mai;ik, Eliduc, V, 503,
Craignez, doublez sa puissance.
P. Gring., 1,152.
Dovere {Dover), Douvres, nom d'une ville maritime du comté de Kent, en
Angleterre.
Si tout ou m il feu arivé, ^ A la ville de Dovere est aie.
Vie de S. Thom. de Cant., p. 625, c. i.
+ 1. Drainer [ta drean" 2, ta clraiol), v. n., parler lente- ment,
traîner ses paroles,
2. Drainer (soutirer). V. Drainer.
-\- Dranet {drag-nei), s. ?«., petite seine très usitée sur toiil le littoral
de la Manche, dans le Calvados.
Du viaie, une vieille ancre, deux dranets et une seine.
JRimesJers., p. 21.
En ancien dialecte normand, l'on disait drenguet ou draaguet.
Ceulx qui ont les drenguiaux ne verniront ;i la faie (ne vien- dront à la
|)èche), se il ne veiiUent, devimt à la S, Jehan, pot a* ce que les
drauguiaux les acquiteiit, qui doivent graiit ren'e,
Coitst, de L'Eaue de Srdne, dans le Lio. ile.'i Jur. de S. Oueii de Roaen, f
138.
+ Drapât (draper, linge de table), s. m., linge de toute espèce. On use aussi
en patois, avec le même sens, (fe la forme drapiau, forme qui n'est pas
nouvelle, non plus :
item, iij lor.iins à dames, pour les seles dessus dites, envelopez eu
drapiaus.
Invent, de 1334, cité par M. Delislc dnns les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 100.
Ilau, hay, ma commère Perrete, allons légèrement (vite) cueillir nos
drapeaux, voici venir la pluye.
Nouv.fabr. des excel. tr. de ver., p. 28.
"i- Draque {drakes*, rincures; dregs, marc, lie, dépôt; Irash, rebut),
s. /"., drague, marc de bière. Palsgrave donne dracque.,à-à\\% le même
sens, comme mot français {Gramm., p. 215). C'est l'anc. scand. dregy, V. le
Diction, franco- norm. de M. Métivier.
Dras (traps', effets, équipement), s. m. pi., vêtements, habits. Ane. espagn.
et porlug. trapo. De drappum., que l'on trouve au sens de drap, dans les
capitul. de Charte-
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(delwedd C0398) (tudalen 0330)
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- 330 —
magne. Drappuni est, croil-on, un mot d'origine germa- nique.
Le raantel et les dras très k'al quir encisa.
.S. Thom. le M art., p. 194.
N'est merveille se il s'esmaie ; Par mi le cors le sanc lui raie ; Ses dras
esteient desramez E dépecez e decirez.
Vie de S. Gile, v. 1931.
-f- 1. Dréchier (se) {ta dress), v. ré/l., s'habiller, se vêtir. Drechier,
arranger, mettre en ordre. Kel.
En ancien dialecte normand, se drescer, être dreciez se disaient pour
s'habiller :
Tute la nuit entière en oreisuns veilla, Ne pur nécessité del cors ne se leva
Très que après matines ; idunches se dresça E par tuz les alters à orer s'en
ala.
S. Thom. le Mart., p. 213.
Dalès li (près d'elle) est u lit cuchie. . . Amis, dist-elle, levez sus, Vus
ne poez demurer plus. . . Il la baise, puis est dreciez.
Marie, Lanval.v. 151.
■2. Drechier [to dresh'), v. a., tailler, élaguer, ébrancher.
Pour drechier les vignes, fouir le jardin, 3 s.
CoTtipte de 1129, cité pr»r M. Cli. de Beaurepaire dans Notes et
doc. .sur la Nom,, p. 249.
«
Drecier. V. Drechier 1 .
Drainer {to drain; to draine. Sherw.; to dreen", saigner, tirer de
l'argent de quelqu'un), v. a., soutirer, se faire don- ner par adresse ou par
importunité.
Pur li défendre de damage, Eimes venus en soun message
Deques à ws, Ne mie pur du a dreiner, Mais por soun règne e li escuser De
boisdie.
Vie de S. Thom. de Cant., p. 621, c. i.
1. Drescer (se) (s'habiller). V. Dréchier 1.
2. Drescer {lo dresse*), v. n., adresser.
Seignurs, feit Gire, ço sachez. Vus n'estes raie ben drescez.
Vie de S. Gile, v. 1311.
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(delwedd C0399) (tudalen 0331)
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— 331 -
Drinker [to drh-h), v. n., boire. Drhiken, trinken^ en al- lemand, ont cette
acception. Notre verbe trinquer vient de là. V. LriJikerie.
I.es troverent assis manjant E enveiseemenl drincanl.
RÉx., Chron. de Norm., v. 39089.
Drinkerie (rZ)•^n7i^/^^), s.f., ivrognerie. V. Drinker. "
La erent teiis les paieries Et si faites les drinkeries, ^Qup desqu'en Inde
la vermeille Ne fu oïe teu merveille.
Hen., Chron. de Norm., v. 39031.
Drodmun, Dromont, Dromund (dronion')., s. m., petit vais- seau, barque. Du
lat. drohioneui, vaisseau très léger.
Sire est par mer de .iiii c. drodmunz.
Chans. de RoL, p. 132,
N'i a u cil chauel ne bastel ne dromont.
Wace, Rom. de Rou, v. 2749.
Tant cum portereit de fin or un dromund.
Vie de S. Aaban, v. 638.
Dru {dretce*}, s. m , ami, favori. Mot d'origine germa- nique. V. Druerie.
Tant chevaucha il e ses druz, Qu'à la cort au duc est venuz.
Bkn., Chron. de \orm., v. 27 117,
D'amors l'a requise et proiie El que de lui face son dru.
Marie, Graelcnt, v. 26').
Druerie [dreurif), s. /",, amitié, amour. V. Drw..
Puis lur déistes ambesdous : Deus les maldie, Ki de vus departirad amur ne
druerie !
Chron. de Jord. Feint., v. 10.
\A quens lama, s'en fist sa raie ; Multfu bêle lur druerie.
Wace, Rom. de Hou, v. 5402.
-|- Druger {to drudge'), c. a., agiter, remuer, troubler. Il ne faut pas
faire vie quidruge, mais vie qui dure.
Dicton norm., cilé p.ir M. l'iuquot dans son A'.s.s«< /i/.sf. .svcr
Bin/i'ii r. |). 300.
i. Dubler (tu duhli'), v. «., doubler, du lat. dupUcare V.Duhler'i.
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(delwedd C0400) (tudalen 0332)
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33i>
E lur deslei e Inr malice
Creist chascun jor e duble en trfàs.
BÉN., Cliron. de i\onn., v. 868, p. 33 .
2. Dubler(^o clubli'), v. a., redoubler. V. Buhler 1.
Avant urent ire, ore la vunt il dublant.
Vie de S. Auban, v. 824.
Duchie {duchie, Sherw,; duchy), s. m. et /"., duché.
Et le duc, qui lesNormans garde, Par raison du duchie a garde Des raendres.
jusques tant que oultrée , Soit à plain vingt une année.
Coût, de Xorm. env., p. 83.
Item, les lettres de madame d'Alençon se adreceronl aus com- missaire du
bailliage de Gaen, et i)ir tout là où elle a terre en la dite duchie (de
Normandie).
Dijclnr. de 1347 , citée par M. Delisle dans les .4 fies norm. de la Cil. des
Compte.^, p. 358.
Ducs {duke\ duye), s. m., chef, guide. Du lat. ducem, proprement celui qui
conduit. V. Duitre.
Que ducs seit sur mun pople de Israël. E vus ducs del pople Israël.
Les Bois, p. 30.
Adam, p. GO.
'Qm.{tioey' ,tioaye , deux; ttvies*, deux fois; to licin, sé- parer en deux;
— tico, deux; ticin, jumeau, double, gé- miné ; ticice, deux fois), adj.
num.^ deux, du lat. duo.
Li dui message (messagers) descendent el perrun.
Chaiis. de Roi., p. 227.
Li chival fu tirant, sez dui resnes rumpi.
Wace, Rom. de Rou, v. 3701..
Il est en dialecte normand deux autres formes du mot, auxquelles pourrait
peut-être être rattaché plus particu- lièrement l'anglais Iwo., ce sont does
et dous.
Icestes does choses oï jeo: kar empirie de Deu est, e à tei, Sire,
miséricorde.
L'c. lies Ps., i.xi, 11.
Remist il en la tur e saisi dous escuz. . .
Chron. de Jord. Fant., v. 1497.
-|- Duire [to duen), v. «., diriger, instruire, former, dres- ser. Du lat.
ducere. L'on dit, en patois, d'un bon chien de chasse qn'il est bien duit. V.
Duilre, esduire, réduire.
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(delwedd C0401) (tudalen 0333)
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— 333 —
Li pvro l'ont biPii fcl diiiree doulriiier.
Wace, floDi . (le Hou. V. 2513.
De tuz afaitemenz ert duiz.
Béx., Cbron. de Norm., v. 12723.
Duit. V. Douet.
Duitre (duystre*), s. m., guide, conducteur, chef. Dérive du lat. ductorem.
V. Ducs, duire. *
Tu acerles huom d'unei curage, li miens duitre et li miens coneuz.
Lih, psalm., p. 72.
Tu guarderas mun pople e tu ierz duitre sur Israël.
Les Rois, p. 13G.
Duler, Doler, Doleir(<o duller', todiill)^v. n., être dans la douleur,
souffrir. Du lat. dolere. — Doloir, affliger, chagri- ner, Kel. V. Deul,
adouler.
De Deu aiez beneiçun, qui dulez ensemble od mei.
Les Rois, p. 91 .
Virent et dolurent li mont.
Lib. psalm., p. 240.
Souvent aussi le verbe se rencontre comme verbe réfléchi. Ne s'en lassent ne
ne se dolent.
BEn., Ciiron. de îSortn., v. 7072.
Qui Deu perdra en fin mult se pora doleir.
CiuiciiArai DE Beaulieu, Sermun, \>. 29.
Bouler, nous a-t-on assuré, se dit encore dans quelques parties de la
Normandie; cette forme du mot se rencontre dans Alain Chartier :
Et la douleur dont vous douiez.
Le Reo. Mat., p. 49G.
Dulz, Dulce {dulce), adj., doux, douce. Du lat. dulcem. V. Adule ter [s').
Seignors, fait il, li reis engleiz, Li dulz, li salves, li curleis. . .
BÉN., C/iron. de Novin., v. 4313.
Oils dreits et apers e dulce regardeure.
Wace, Rom. de Roic, v. 20G7.
-|- Dum, -|- Dun {diim', doion), s. ru., duvet. Du bas-lat. duniani, mot fait
sur dumalem, couvert de buissons.
Le patois normand use aussi, dans le même sens, de la forme diiniuutive
daraet.
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(delwedd C0402) (tudalen 0334)
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— 384 —
Dunjon, Dungun {duayeon, dutigi/on,' Vaïsg.), s. m., donjon.
... Ne combati mie pur dener, Ne pur chastel ne pur dungun.
Gui de WaraicL. cilé par M. Mever, Bu//, rie In Soc. des aur. textes, p. 49
(1882).
Preceines furent lur maisiins E lur sales e lur dunguns.
Marie, LausCic, v. 36.
Desus le plus maistre dunjon Drescent le reial gonfannn.
Bén., Cliron. de .\'orm., v. SI9.
Durablement {durahly], aclv.., d'une manière durable. Si auras (gloire) od
eus (les anges) durablement.
Bén., Cliron. de Norm., v. t051.
Durece, Duresce (duresse^), s. /"., dureté, insensibilité, ri- gueur,
mal. Du lat. duritiarn. Duresse, injustice, peine, fatigue. Kel.
Met fors de la durece de nostre cuer lermes de compunctiun.
Lio. jisalm., p. 259.
De nos quers la duresce enfreingne.
V/e de S. Grég., v. 9H.
Sauns nule duresse faire.
Britton. Code, ch. cm.
-\- Durer {to dure'), v. a., endurer, souffrir avec résigna- tion. Du lat.
dur are, patienter.
Li maus des flaunc le prist ; jur et nuit le dura.
S. Thom. le Mnrt., p. .55.
Là 11 pris! si grant maladie, Qu'il ne pout suffrir ne durer.
Hist. de Gui/. Le Maréchal, v. 89t;0.
Dutance . Y. Do u ta n ce .
Dute {doute'), s. /., crainte, appréhension. De douter, craindre. Y. Douter,
douhte 2, et les autres mots auxquels il est renvoyé à celui-ci .
N'ait del perdre pour ne dute.
Bén., Cliron. de Nornt.,v. 7162.
E devant tuz dist en oanl K'il n'ont dute de cel péril. Qui les autres mist
en eissil.
Marie, Purg., v. 640.
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(delwedd C0403) (tudalen 0335)
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— 335 —
Doie a été employé par Ware, daiiK le môme sens :
E k'ii n'en eusl dote en veie ne en passage.
Wace, Rom. de B'iu. y. 2371.
Duter. V. Douter.
Duteusement, Dotosement (douhl.fully), adv., timidemeni, * avec crainte,
appréhension. ^
Devant le pertnis au serpent S'en est venuz (Intensément.
MarieI^ Fable 62.
Un plaint geta e un hant cri, Dotosement se resperi.
Bkn., Chron. de Norm., v. 31188.
Dutos {doulous'), adj., douteux,
U ierl si dutose la sorz. , .
11)., Clii'u/i. de yovin., V. 1202.
+ Ebbe [ehh), s. f., Ilot montant, reflux de la mer.
Tout ce qui vient d'ebe, s'en retourne de flot.
Mois.^NT de BitiEUx, Les orig. de qaelq.coiU. anc, i, 91.
Ce vieux dicton, encore usité en Normandie, signifie que ce qui est advenu
illicitement ne saurait profiter longtemps.
Les devant diz abbé (de S. Wandrille) et leur successeurs, porront fichier la
dite estaiiere (appareil de pèclie), de hebe, en la moitié de l'iaue de
Seine, par devers le su.
Avcon/ de /:^A':\ cité par M. do Beaiirepaii-e dans La Vie. de ri'Jaci. de
Roaetl, p. 163.
Le peisson doit estre prisiez par le dit de ij homes leaument, dedens (dans
l'intervalle de) un llo e une ebe.
Franehises aiigl. à Gitertieseï/, art. 7 (XIII' s.).
Il s'embarqua dès l'esbe (la marée montante) du matin.
Journal du s. de Gouberv/lle, ]).8Qi.
Eble {ebble')., s. m., tremble, espèce de peuplier.
Pernez le jus de la racine del eble et de la feugere del cheine et de la
plantenne. . .
Pet. traité de rnéd. du XH'' s., publié par M. Bouchferie, p. 7,
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(delwedd C0404) (tudalen 0336)
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4" Eboiler (to bowel, to emboicel), v. a., éventrer, littéra- lement faire
sorlii- la baille {V. Boille 1). Enbas-lat. eshoel- lare, d'où esboiler,
forme qu'on trouve dans l'ancien dia- lecte:
Craventent les e desenselenl E detrenchent e esbuelent.
BÉN., Chroii. de Norm,, v. 2567,
iîl li Breton les esboelent E destrencent et escervelent.
Wace. Rom. de Brut, v. 3063.
-|- Ecaches (^ca^c/ie.s-, Sherw.). s. /"., éôhasses. En angl. scale,
patin ; en holland., schaals, échasses et patin.
Fallait le veir, en long cotillon, Au seir, gindai stir ses écaches,
La nouv. annaie (Jersey, 1874), p. 24.
E-schace, escache se sont dits dans la vieille langue, pour jambe de bois. En
patois normand de Guernesey, on donne encore aujourd'hui le nom à' eseachier
à l'individu qui a une jambe de bois.
+ Ecale [scale], s. /., écaille. « Desécales d'huîtres ». Du goth, slicilja,
tuile; en allem. schale^ écaille.
Ee 19 décembre 1554, j 'envoyé Piobin Caslel à Monfervillechez Bonyn, quérir
des ouystres en escalJe,
Journ, du s. de Gouhen:ille,j). 14.3.
Nicolas le Valois sieur d'Escoviile... le plus opulent de la ville lors,...
en mangeant un buistre à Tescalle, tomba mort subite- ment d'une apoplexie.
De Bp.as, llecli. <-t. 'uuijj. de (a ville de Caen, p. 132.
Des monocbiaux d'gallots et décales de baïssin.
Jîimesjei's.. p. 21.
I mangit l'hitre, et l'autre en a eut 1 ecale.
Met., Diction, franco-norm., p. 186.
+ Ecalopper {.scallop, coquille, enveloppe), v. a., enlever l'enveloppe verte
qui couvre la coque de la noix. En pat. norm. de Jersey écalojiper a
l'acception générale d'ouvrir, entrouvrir. V. le mot précédent.
Avri écalop', de ses douoehes bruusaies, Le bouton du (dur) frumai (fermé).
La Noar. annuie (Jersey, 1872), p. 20.
On donne, en patois, le nom de calot au brou de la noix ; d'où écalotter,
synonyme norm. à' ecalopper.
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(delwedd C0405) (tudalen 0337)
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+ Ecapper {lo escape ; la acape, Palsg.), r, //. , échaijpcr. D'une forme
fictive ex cappa ire, sorlir de la cappe ou chape. L'une des acceptions du
verbe lo esca/)e est encore se dégager.
Jiiéu l'ocirad et ki à Jliéu escaperad Heliseu li prophètes l'oci- rad.
/.'•..■ Bo!s, p. ^2.
En un balel s'en est entrez, De la terre s'est eskapez.
Bén., Bom. de Troie, v. 1835.
l pouorrait s'écapper, faut pas l'éliboqui.
Riniesjers., p. 17. Sen p'tit mouisson s'écappera.
Rimes giiern., p. 30.
+ Ecars {scare 2 ; scarce), adj., exigu, insuffisant, rare, serré. En anc.
dial. escars, du lat. excarplum , part. jtas. d'excarj)ere, retirer, mettre à
part. Excarpere appartient à la basse latinité et tient de plus près que la
forme latine ex- cerpere aux radicaux ex et carpere, qui leur sont communs.
V. Eschars, ecarseté, escarrir.
\.e passage fust moût escars, enclos de boys e marreis.
Ilisl. (le Foulques, p. 71.
Le mot se rencontre dans Wace avec lo sens de chiche , parcimonieux.
De doncT sont escars et demandent aver.
C/iro/i.asfe/i(/. lies duvsi/e .Xorm,, p. 'i .
Ecars appartient au patois normand de Guernesey. V. le Diclion. franco-norm.
de M. Métivier.
La halle est peu garnie, la denrée est rare ; le poisson et les légumes sont
écarts (écars).
V. Iluia.), XArchijiel de la. Manche,]}. 56.
-\- Ecarseté {scarslee*, scarcilij), s. /"., rareté, pénurie, manque,
disette. — Escarcelee, manque, absence. Kel. V. Ecars, eschars.
' De la vitaille curent chierlé
E de aiguë grand escharceté.
Guii.i.. DE S. Pair, Ro/n. du Mont. S. Mieli., v. 3?|l).
Escharceté est à noble interdite.
Al. Chart., Le Bréviaire des nol)les, p. .590.
Grande est l'écarsetai, s'il en est, d'gens prudents,
Kn trouvrai-je un, d'Lancresse au grand us des Adams?
Mkt., Diction, frnneo-n >riti., p. 1!)0.
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(delwedd C0406) (tudalen 0338)
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4- Ecauder. V. Escauder.
Ecclesial (ecclesial), adj., ecclésiastique, sacerdotal.
N'i ad lei, ne decré, ne rien qui l'entredie N'espée ecclesial ki 1'
delresce, n'ocie.
S. Thom. le Mart., p. 115,
E si lu fist nis envoier Ecclesiaus aournemenz.
Vie de S. Grég., v. 2110.
4- Echardes {shards' 3, écailles d'un animal; shard, têt, coquille), s. f.
pi., écailles (de poisson).
+ Echeite, + Echoite. V. Escheit.
-\- Ecole (schooled), adj., instruit. C'est le part. pas. du verbe escoler
(V. ce mot). Du bas-lat. scholari , de schola , école. Ecole a l'acception
indiquée, dans la Seine-Inférieure. V. le Gloss. de M. Delboulle.
4" Ecore (shore), s. /"., berge escarpée. En anglo-saxon scoi'e, du
Scandinave scorro.
Il existe à Trouville une rue dite me des Ecores, bâtie sur un lieu escarpé,
au pied duquel se trouvait l'ancien port sur la Touques.
+ Ecorer {to shore, étayer; escoted\ appuyé, soutenu), V. a., étançonner,
c'est le verbe français accorer, terme de marine dont le sens est généralisé
par le patois normand. On écore une poutre qui fléchit, un mur qui
menaceruine, etc. Escores est dans Cotgrave, comme mot français , avec le
sens de pièces de bois servant à étayer un navii'e dans un bassin,
c'est-à-dire, dans une cale où il est en construction ou en réparation.
4- Ecoreur (score?', marqueur, qui porte au compte, qui tient état), s. m.,
représentant d'une association de pê- cheurs. V. Escarre.
Au moment où le poisson est débarqué, l'écoreur est chargé de prendre note de
l'espèce, de la quantité et de la valeur du poisson livré par chaqup associé
ou par chaque groupe d'associés. Tout le poisson apporté est mis en commun et
vendu aux en- chères, et chacun reçoit, sur le produit de cette vente, une
part proportionnelle à son apport.
L'association est réalisée depuis des siècles sur les côtes du Calvados et
dans les ports du Bessin. Il y a dans chaque village plusieurs sociétés de
pêcheurs. Toutes ces sociétés sont repré- sentées par le même ero;-e«/r,
syndic chargé d'administrer les re- venus, de diriger les entreprises, de
percevoir les sommes dues. DE La Bédollikue, Las Normands, dans Les Fr.
peints par eux- mêrnes, 1, 181.
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(delwedd C0407) (tudalen 0339)
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On donne aussi quelquefois le nom d'écoreur au mar- chand qui achète le
poisson en gros pour le revendre en détail.
+ Ecoucher {to scutch' 3), v. a., briser, après le rouissage, la paille du
lin, pour en détacher les fibres textiles. V. Escocher.
En certaines parties de la Noraiandie, écocher a le même sens.
Le 2 mars 1.554, je baille à Danielle, pour 12 journées qu'elle avoyt esté
céans à brier (broyer) et escocher (du lin)...
Journ, du s. de Gouberville, p. 318.
Doibvent aussy ayder à cœuillir mes chanvres et mes lins et les escoucher à
mes dépens.
Aveu de 1601, dans les Mcin. et notes de M. Aug, Le Prévost, 11,93, col. I.
-f- Ecrède {screde, abri, ce qui couvre, ce qui protège) , s. f., écaille.
Jamais Israël au co raide N'habillait paissoa sans écrède.
Met., Diction, frnnco-norin.,^. 193.
+ Ecrelle {scrawl*, shrimp), s. /., crevette d'eau douce, très petit
crustacé, commun dans les ruisseaux et quelque- fois dans les puits.
Ecrelle est aussi le nom que l'on donne, par métaphore, à un enfant amaigri
par la maladie. « Maigre comme une ecrelle de douit (luisseau). » Dicton
guernesiais , cité par M. Métivier dans son Dictionnaire.
-\- Ecri {eskrye')^ s. m., cri perçant. Cotgrave donne aussi escri en ce
sens, comme mot français. V. Escrier.
+ Ecrin ishrine, schrine, Palsg., châsse, reliquaire), s. m., coilVe dans
lequel on place des vêtements. Du lat. scrînhim, Escrain est dans Cotgrave
avec le sens de cassette. — Escrin, cofifre. Kel.
Quatre paelles, quatre huches et deuz escrins, deux coites, une quarele
ferée, deux herches.
Invent, de 1333, cité par M. Delisle, dans les Actes norm. de la Ch. des
comptes, p. 60.
4" Ecuchon {esculcheon), s. m., écusson. Terme d'horti- culture. C'est
un diminutif d'ect<, bouclier par assimilation de forme. En bas-lat.
scucheonem (1), du lat. scnlum.
(1) Unum calicem auri, cum scucheonibus.
Let. (l'Edouard III, roi d'Angl., de 1338.
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(delwedd C0408) (tudalen 0340)
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— :VfO —
Aj'ant fiqué o qiios un esquchon.
D. Fer., Muse norm.. p. 58.
Edant {eydent'), adj.^ secourable, diligent.
• Et qui d'els erent plus edanz.
BÉK., Rom. de Troie. Au gloss. V° Aidant.
Eded {eeld), s. m., âge. Du lat. œtalem.
Hély estait lors de grant eded.
Les Rois, p. 8.
Eé, eié, aé se rencontrent aussi en ce sens dans l'ancien dialecte normand.
D'eé e d'anz e de jors pleins
Jusz e assous reconeuz
S'en est à Deu del munde eissuz.
Bés., Cli7-on. de Norm., v. 8437.
En icel leu dont ai parlei, Seient moine par tôt eié.
Guin.. DE S. Pau;, Rom. du Mont S. Midi., v. 2260.
Ont emprezlor seignor, sor li sainz afermé. Membre, vie e honor e paiz e
leallé Garder à Richart, chescun à son aé.
W.vcE, Rom. de Rou, v. 2883.
Edrescer {lo edress'). v. a., préparer.
De tut celés ebosez li voil preer Pur Deu amur, face edrescer.
Vie de S. Tliom. de Cantorb., v. 745.
Efforcible. V. Esforcible.
+ Effouquer {foivk* , fiilk' , folk , la foule , le monde) , V. a.,
effaroucher, effrayer. Ce verlje s'applique particu- lièrement aux animaux
domestiques réunis en bandes. Effouquer, c'est, à proprement parler,
disperser une troupe d'animaux en les effrayant, ce que l'on appelle en
patois normand causer une foucade. V. ce mot.
Fowk, fulk, folk dérivent du vieux mot normand fuie, troupeau (V. ce motj.
C'est encore le sens que possède en anglais flock, métathèse de folk (1),
équivalent de fulk. Tous ces mots dans l'origine signifiaient donc bande,
troupeau, et c'est par une analogie bien explicable qu'ils ont pris le sens
indiqué plus haut.
Dans la somme rurale de Bouteiller, p. 506, foucquer se
(I) C'est par une raétaUu-se semblable que do pscdteriurn, qui a donné en
angl. mod. psulter et en franc, psautier, le vieil angl. a tiré spaltijre, au
lieu de psaltyre. V. Halliwell à Sp'dtr/re.
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(delwedd C0409) (tudalen 0341)
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- 341 -
rencontre avec le sens de disperser une troupe; c'est le même verbe que le
nôtre, moins le préfixe.
Defpulchier, mot dans lequel se retrouve inaltéré le ra- dical fidc, s'est
dit en ancien dialecte normand avec le sens du verbe patois e/fouquer.
... La poûrs del rei les outlVt deirulchier,
.s. Tliom. le Mart., p. 7l>.
Effreer {lo a/frai/*)^ v. a., eli'rayer. V. Effrei^ a/p-ei..
Alanl vint l'aitre cspie come home effreez, Tant aveit acoru ke tuil estait
lassez.
Wace, Nom. de Bou, v. 4558.
Gugemer en piez levez i\e s'est de nient effreez.
Marie, Guc/eincr, v. 585.
-|- Effrei {nffrnie\ afrayé) ^ s. m,, effroi, épouvante. V. Effreei\ afraicr.
Grant fu l'efTrei par les osfeaus.
Chrun. anrjlo-norin,, I, 17,
En grant effrei erent amdui.
Maiue, Gugemer, v. /i'8.
Déjti la mer éragie Sous la falaise ècuraait; La pauvre berbietle écouachie,
P.iraissait morte d'effrei.
Rimes gueni., p. 96.
E/frei, en dialecte normand, a donné ejj'rêer, puis effreier; lie même
qu^e/froi^ en français, a donné e/froyer^ eff'royanl, (■//'roijable. Le
français a gardé e/froi, effroyable et il a em- [»runté au normand effrayer^
effrayanl.
-\- Effriter {lo a/frighl, to friyhl), v. a. , effrayer. Ce verl)e doit èlre
rattaché au lat. friyidum^ l'effroi causant du froid, du frisson.
Au moyen de quoy, se faisoil- un espouvantable son. .. de sorte qu'd en fut
le plus effrité du monde.
yoKC.Jabr. des exeel. tr, de tér.,'ç. 28.
J'sis toute etTritaie D'entrer si tard ciez nous.
La Noua, annaio (Jersey, 1875), p. 14.
Eglenter (eylatiterc'}, s. m., églantier.
Uesuz un pin, dclez un eglenter.
Clians. (le liai., p. 11
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(delwedd C0410) (tudalen 0342)
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— 342 — Od eglenters vus corunerent.
Vie de S. Giles, v. 3653.
Einz. V. Ainz.
Eir {eire\ heir), s. m., hoir, héritier. Du lat. heredem.
De eus remaindrunt lor femmes suies E tuit lur eir deserité, Chascié del
règne efors jeté.
Bén., Chron. de Norm., v. 4597.
E s'il le servit ainz, seit eir de son fié.
Wace, Bom. de Hou, v. 2714.
Eire, Errer, Ere {eyre, voyage des juges. Terme de droit; errour' , route,
course), s. m., route, chemin, vo^-age. Du lat. iter. V. Errer.
lluec est li eires par le quel je musterrai à lui le-salve dur de Deu.
Lib. psalm., p. 67.
Mais des ore volt hasler sun eire. Congé a pris auques joios Del saint home
religios ; Ses nefs fait tost apareillier,
BÉN., Chron. de Nonn., v. 1056.
Et ce fait, il doibl donc eslire Parquieux parties de la terre, Pour iessir,
il prendra son erre,
CoiU. de Norm. en v,, p. 68.
A cest mot se sont mis en ère Vers Engleterre à grant e?pleit.
Vie de s. Grég., v. 1892.
Erre, en français , a perdu l'acception générale que le mot avait dans
l'ancienne langue ; il ne sert plus aujour- d'hui qu'à indiquer, soit le
train, l'allure , soit la vitesse acquise par un navire, soit enfin les traces
et routes d'un cerf.
Eissne [essew), s. f. pi., issue.
Si mettoient nis garde as rues, As entrées e as eissues.
Vie de s. Grég., v. H47.
Seigneur, à l'eissue del cors, Quant les âmes se issent (1) fors.
Marie, Purg,, v, 49,
(1) .Se is.'senr, 3* pers. pi. de l'ind. pi'6s. du verbe se isser, parait ici
se rattacher au lat. eadre; le verbe simple isser serait-il le même que
hisser et celui-ci n'aurait-ilpoint le même radical, ej^ire.?
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(delwedd C0411) (tudalen 0343)
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— 343 —
C'est le pari. pas. fém. du verbe eissir, sortir (du lat. exiré). employé
substantivement.
Venge tant morz e tante plaie E tant sanc de cors eissu.
BÉN., Chron. de Norm., v. 5620.
Eissue subsiste en patois normand ; le mot y indique ce qui provient d'un
arbre abattu, les branches, les racines, tout, moins le tronc,
El iel\ else), s. m., autre (chose). Du lat. aliud.
N'ai beu ne vin ne e), pur unt l'om se poisse enivrer.
Les Rois, p. 4.
Ferez, paien, por el venud n'estes.
Chans. de Bol., p. 285,
Ne pot par el durer ne vivre.
Wace, nom. deR0Lc,\. 73.
A el ne sunt il ententif.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2011.
Elation (elation), s. /., superbe, état enorgueilli. Du lat. elationem., au
propre, action d'élever; au figuré, orgueil.
Ypocrisie, discorde, oultrecuidance Elation el inobediencfi Se mettent sus
avec déception De leurs âmes font la perdition.
P. Gring., I, 16.
-|- Elingue [sling), s. /"., fronde sans bourse. Cotgrave dit que le mot
est normand. Du tudesque slinga ; en danois slynge. V. Elinguev, eslingur.
Nous appelions une elingue, ce qu'en français on appelle une fronde, et
élinguer c'est fronder.
MoisANT DE Brieux, Oriçj. de quelq. coût. anc.,\, 199.
Guillaume Culdefer... rencontra un grand vilain loup, fort horrible à
regarder, au quel il donna avec une eslingue un coup de pierre entre deux
yeux.
Nouv. fabr. des excel. tr. de oér., p. 103.
A coup d'elingue i les mouquet (mouchait) en l'air,
y D. FiCR., Muse norm., p. 174.
-|- Elinguer {to sling), v. a., lancer avec Vélingue. V. Elin- gue, cslingur.
Dans la citation suivante elinguer a le sens absolu de lancer.
Cheniomains quequefois j'èlingiie de ma goule De propos bien janlis, tout
ainla qu'un biau tiens.
L. Pet., Muse norm.,]}. 8.
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(delwedd C0412) (tudalen 0344)
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— 344 —
Elluminer f/o eUumine' , embellir), v. a., illuminer. V. Enluminer.
La nuit si ciime le jurz sera ellumined.
LiL). pS'ilin., p. 216.
-j- Eluger {to sliiggardize, rendre endormi, hébété), v. «., ennuyer,
fatiguer. Du lat. ehicum, assoupi.
Ces gens-là ont une poudre, ils la jettent dans Tair ; ça vous éluge, ça vous
fait voir ce qui n'est. pas.
J. l'"i.ELr.Y, LiUéra.C. orale de la B.-Norni., p. !)1.
Ne no z'éluge illoq de ten fretel.
D. Fer . Muse iiorm., p. 283.
Supendant je m'en vois m'éluger la ohervelle A tracher vitement queuque
drogue nouvelle.
L. Pet., Muse norm., p. 13.
-|- Emâquer {to smash), v. a., écraser. La forme primitive est esmacher : en
dial. norm., mûquer se dit pour mâcher.
+ Emayer (s') (to esmaye'), v. refl., s'émouvoir, s'attrister, s'elTrayer. En
anc. dial., s'esmaj/er.
Ne fu n'en ert plus esmaiée Genz el sièclt', ne plus irêe.
Bén., Cliron, de Norm., v. 5519.
l'^sbahi s'est et esmaié, Quant il n'en a celui trouvé Qui esteit le seir
entré. GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Michel,-v. 2655.
Esmcfier, forme française corrélative, a donné à la langue esmoi, puis émoi,
tandis que le verbe normand a produit esmai.
De tûtes parz sursl li esmais Qu'en nul lin nout juie e pais.
Bén., Ctiron. de Sorm., v. 4845.
Desclarez sans esmay. ..
Chans.' norm. du XV^ .^. — Rec. Gasté, p. 23,
-f- Embarnir ibarn. enfant), v. a., rendre une femme en- ceinte, sens qui est
exprimé, en langage populaire, par « lui faire un enfant. »
En patois normand, le mot est le plus .«-ouvent employé comme verbe réfléchi,
et signifie prendre de l'embonpoint. Les deux acceptions que Ton vient
d'indiquer se rencon- trent en V. fr.
Embataillier {to ein/xiltle), v. a., ranger en bataille.
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(delwedd C0413) (tudalen 0345)
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— O-40 —
Les Englois estoieiit embalailliez on un grant champ de vignes, clos de
hiiies où il avoit pluseurs brèches.
C/iron. tionn. du XIV^ s., p. 114.
Embatre (s'), s'Enbatre [lo imbathe, to enbate), v. réff., se précipiter,
fondre, s'engager, pénétrer. Le mot ne pourrait- il pas être rattaché au lat.
iinbitere, pénétrer, dit pour im- belerc, formé lui-même du préfixe im pour
i«, vers, et he- lere, marcher, aller ?—i?e/e?-t' a ce dernier sens, dans
Plaute et dans Varron.
Sur iioz enemiz sudeement nus erabatuns.
Les lîois, p. 50.
Le cheval fu tirant, ses dui resnes rompi, En Teschielle as Normanz en corant
s'embati.
Wace, Rom. de lioa, v. 4036.
Ne dutent lance ne espée, Quarrel ne saette empenée, Qu'il ne s'enbatent es
Angleis, Là ù les troevent plus espès.
BisN., Cliron. do .\orm., v. 1121.
Emblancir, Emblanchir (to enblaunclien) , v. a., rendre blanc, blanchir. -
^'n^^an/ic/i^'r, rendre blanc. Kel.
Laveras mei e sur neif serai emblancit.
Lib. psalni., p. 68.
Plus ke laitz emblanchi. ~
Vie de S. AuJmn.v. 1511.
Emblant. V. Ambiant.
Emblement {entbez.zlemenl)., s. m., vol, détournement, sous- traction
frauduleuse. V. Embler, emblison.
S'il n'y a emblement de robe, chajtpe ou autre habillement...
'I'eurien, Coinineiit. dw dr. nortn., p. 501.
Embleor (embezzler), s. m., auteur d'un détournement, d'un enlèvement
frauduleux. V. Embler, emblement, em- blison.
Si a gaires des embleors, Des larrons, des cimneors, Oiezcumenl il l'esprova.
Bén., Chroii. de A'o/v».. v. 7400.
Embler {to embezzle ; to embesyll, Palsg. ; to imbe:-el. Slierw.), V. a. ,
enlever frauduleusement, soustraire avec violence ou par surprise. De
imbulare que l'on rencontre dans la basse latinité la plus ancienne,
corruption du lat.
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(delwedd C0414) (tudalen 0346)
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— 346 —
ùivolare, voler, dérober. —Embîef\ enbleir, dérober, voler. Kel. V.
Emblement, emblison^
Nul n'el prust, devant le terme de vj mais, après ço que l'a- veir fu emblé.
Lois de Guill., 44.
Josabeth, ki eut l'enfunt embled, fud femme Joiada, ki lores fud evescbes.
Les Rois, p. 385,
La locution adverbiale (Vemblée dérive de notre verbe.
Emblison (imbez-elling, Sherw.) , s. m., vol, rapt, enlève- ment. V. Embler,
emblement.
Tant tost out ele suspeccion Qui de son fiz le emhUson Par Juz fet et par
tréison.
Hugues de Lincoln, p. 2.
+ Embroiller {to embroil), v. a., embrouiller. L'on dit de de même broillei'
pour brouiller en pat. norm.
+ Embrancher (s') (io embrown) , v. réfl., s'assombrir, s'obscurcir, en
parlant du temps.
Le patois a particularisé le sens du mot, qui se disait autrefois d'une
manière générale- pour voiler, couvrir, cacher.
Pluret des oils tute sa chère embrunchet.
Gitans, de Roi., p. 305.
De ses mains me tenoit la teste et les yeux embrunchez et es- toupez, si que
je n'avoye l'aise de veoir ne oyr.
Al. Chart., VEsp., p. 263.
D'oùl'adj. enbrune^ enbrons, sombre, soucieux :
Li empereres en tint son chef enbrune.
Chans. de Roi., p. 19.
Eissi enbrons, les chés enclins...
BÉ.N., citron, de Norm., v. 2533.' ,
Le patois normand use d'une locution adverbiale de la même famille, la
locution d'embron, d'un air nombre, irrité.
+ Embu {imbued), adj., imbibé, imprégné. Du lat. imbu- lum. Après des pluies
abondantes et continues, l'on dit que la terre est embue.
Penez e escharniz e de fel enbeiïz.
Vie de S. Auban, v. 81).
Embusche [ambush)^ s. f., embuscade , lieu caché où l'on attend l'ennemi. V.
Enbuschemenl, embuscher (s')..
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(delwedd C0415) (tudalen 0347)
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— 347 —
Quant lesdits François les apperceurent, ilz... saillirent de leur embusche.
Al. Chaut., Hist. do Ch. VII. p. 94.
l.es Englois mislrent une embûche à la Quesnoye, en droit
Soteville,
P. Cochon, Chron. nonn., p. 105, éd. de Beaurep.
Embuschement. V. Enbuschemenl. •"
Embuscher (s') (to ambiish), v. re/?., s'embusquer. Du préf. en et busche,
bois, buisson. Du lat. buscum. En allem. busch, en angl. bush. V. Embusche.
Si se vint erabuscher sur le chemin.
Al. Chart., Hist. de Ch. VII, p. 125.
Si l'avisèrent qu'il s'enbucheroienl ou moustier de Saint Saver et as
Emmurez.
P. Cochon, Chron. nonn., p. 105, éd. de Beaurep.
Le mot s'est dit au figuré.
En sa chape s'est embnschié.
Wace, liom. de Rou, v. 6180.
-\- Emer. V. Aasmer 1.
Emergent (emergenl) adj., qui surgit, qui s'élève, qui sur- vient. Du lat.
emergenlem. Terme de droit.
Combien que, de droict, il y ait diflference entre la question in- cidente et
la question émergente ; pour ce que l'incident regarde les mérites de la
cause et a son origine devant le procez intenté ; et la question émergente
regarde le procez et survient de nou- veau...
Terrie\, Comment, dadr. norm.,Tp. 409.
-j- Emeut {uiule (1)), s. m, , fiente des oiseaux de proie. Du lat. emotum,
expulsé, chassé. V. Emeulir.
-\- Emeutir {to mule (2)), v. ?i. , fienter, en parlant des oiseaux. V.
Emeut.
+ Emmi {emiddis*, amid},prép., au milieu de, sur, parmi. — Emi, emmi., entre,
dans l'intervalle. Kel. V. A mi.
Cette préposition s'est écrite, dans le principe, en deux mots : en mil, en
mi.
(1) Nous avons déjà eu l'occasion de faire remarquer que l'anglais avait sou-
veni modifié, par apliérèse, beaucoup de mots empruntés par lui au dialecte
normand; qu'ainsi, par exemple, de ahuge, await,abcder. afondrcr, des-
pendre, desporter, etc., etc., il avait fait hufie, irait,, to hurj,
lofounder. to spend, to sport.
(2) Même observation que pour le mol précédent.
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(delwedd C0416) (tudalen 0348)
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— 348 —
La première de ces deux formes , en mil, se rencontre en l'un des plus
anciens monuments de la langue, seulement ces mots y sont transposés :
Ne prenge hum nam (gage) rail en conté ne defors.
Lois de GailL, 42.
La seconde se trouve dans une ancienne traduction nor- mande du Cantique de
Moïse (Exode XV), verset 8,
Assemblet sunt li abysme en mi la mer (Gongregatoc sunt abyssi in medio
mari).
Lie. des Ps., p. 268.
Les formes postérieures enmi^ emmi, existent de même en dialecte normand.
Fors de la launde enmi la plaigne.
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(delwedd C0417) (tudalen 0349)
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-Marie, Gagemer, 148.
Je rompys ma chausse, en la doubleure, d'empnys le genoul jusques emmy la
cuysse.
Joarn. du s. de Goaherville, p. 834.
En citant ce dernier texte, M;- l'abbé Tollemer fait re- marquer que le mot
dont il est question est resté d'un usage très commun dans le département de
la Manche.
-|- 1. Emmurer {lo immitre), v. a., entourer de murs,
2. Emmurer {to immure), v. a., tenir captif.
Mais c'il avoit ains forjurey Le pays, si soit emmurey En chartre.
Coût, de Norin. en vers, p. 69.
Carie dur souvenir de mon mal enduré
Va emmurant mon cœur dans un plastron ferré,
Ciiamp-Repvs, Œuc. poét., p. 45,
Emparler, Enparler {to iniparle), v. n., parler, entretenir.
â.é]ja.ttve.—Einperler, causer, discuter. Kel.
Molt dolceinent ce li preia Que paisfeisl od les Franceis, Qui li curent
mandei auseis Qu'il l'emparlast, grant ne petit, Les convenanz par un escrit
Qu'o Rous ferunt por pais aveir.
Gun.L. DE S. Paiu, Boni. <hi. Aient S. Midi., v. I'i41.
Les .Jus (Juifs) tost alerenl A lur conseil et enparlereal.
lluf/ucs de Lincoln, p. 15.
Ce verbe est employé substantivement par Marie de France, avec le sens
d'entretien, pourparler :
Del cigne firent messager, N'i avaient autre enparler.
Miloii, V. 281.
Empedecer (/o impede), v. a., arrêter, retarder, gêner, en- traver. Du la t.
iinpedicdre, enlacer. ,,
Les esliz d'Israël empedeçad.
Lib.psah)i., p. 107
Empeerriz, Empereriz {emperice), s. m,, impératrice. Du lat. imperalrirem.
Après lur dit de lur seignur Que bien serablet empereur E bien puetestre rois
ses fiz. Sa famé semble empeerriz,
Maiiie, Fable fiG.
De son seignor out treis jjels fiz, En poi de lenps, l'empereriz.
BÉN., Chron. de Norm.. v. 41819,
Empeindre. V. Enpeindre.
Empeirement , Empirement , Empirance ( impairemenl. Slierw., impairing, id.)
, s. m. et /"., dommage, offense. Enpeirement, détriment. Kel. — V.
Èmpeirier.
Celé s'en fera tels amende Que ses dtilce contes nomez Li rendra sains et
délivrez Senz empeirement de lur cors.
RÉN,, Chron. de Nornt., v. 2780.
Les blés ont empirement
Des bestes, par leur hautement.
Coût, do A'orm. en v., p. 58.
Lors, en renouvelant une vieille empirance, Changer tu peux des mots par
quelque tolérance,
Yauq. de i.a Fuesn,, Art. poét., i, p. 14.
Empeirier, Enpeirer (/O c»</)e«'re', to enpayre ; lo impair), V. a.,
affaiblir, amoindrir, nuire à. V. Empeirement.
Baex assaillirent, durement l'empeirierent.
Wace, Rom. de liou, v. 1338.
Ceux que vos i voudrez èmpeirier E (lecreistre e abaissier, Sachiez cil erenl
descreu Chascié r morte confondu,
BÉ^f., 6'/irort. de Norin. \ 10709.
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(delwedd C0418) (tudalen 0350)
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— 350 —
Ne me tairai de ço que tu veuls enpeirer Ma cause.
S. Thom. le Mart., p. I2t.
Sous les formes empiere7\ empirer, le même verbe se ren- contre encore en
ancien dialecte normand, au sens propre de détériorer, endommager, sens qui
appartient aussi aux verbes anglais précités.
Et porcs qui prés semeis empiere.
Cout. de Norm. en v., p. 59,
Item, une (courtepointe) de cendaltenné, fourrée de toille ynde, sans ermoirie,
et est ladite fourreure empirée au melieu.
Jnvent. de 1334, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 101.
Empereriz. V. Empeerriz.
Emperie (empery'), s. m. , empire , autorité , domination. Du lat. imper ium.
Dune emperie à tun enfant.
Lih. psalm., p. 123.
Empescher [lo empeshe*), v. a., retenir.
Quant ils furent en S3ville, mons"" de Bethencourl empescha
plusieurs choses que led. Gadiffer disoit lui appartenir.
Le Canarien, p. 114.
Empierer, V. Empeirier.
Empirance. V. Empeireraent.
Empirement. V. Empeirement.
Empirer. V. Empeirier.
Emplaider {lo implead)^ v. a., appeler en justice, accuser. En bas-lat.
implacUare.
Se il est emplaidé et seit mis en furfait, en la counté afiere.
Lois de Guill., 3.
Or cunte d'un chien menteour, De meiutes guises tricheour, Qui une berbis
empleda, Devant' justice l'amena.
Marie, Fable 4.
Empleir [lo emplie'), v. a., plonger, jeter, enfoncer. Du lat. iinjjlicare,
qui a ces mêmes acceptions.
N'en i ad cel sa lance ni empleit.
Chans. de Uol, p. 287.
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(delwedd C0419) (tudalen 0351)
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— 351 -
-f- Empoitume {imposthume}, s. /'., apostume, abcès.
Le 22 mai 1555, maistre Richard Legros, barbier, et moy, al- lasmes pour
l'empostume Harel, puys disnames.
Journ. da s. de Gouberville, p. 211.
Ses confitures i soûlait faire, Quand il avait magniai — l'salop — Quiqiie
empouâtunie ou quique ulcère, D'ia coloquinte ou du d'jalop.
Rimes gueni., p. 5.
Emporter [lo import), v. «., signifier, indiquer, impliquer, supposer. Du
lat. importare, porter avec.
Pilate fist escrire et poser sur la croix de Nostre Salvateur : Jésus
Aazaremis Rex Judeonan, en hebrieu, grec et latin, afin qu'il fust entendu de
tous peuples. Ce qui emporte un grand et merveilleux st'cret, pour nostre
chrestienneté, parce que cest inique juge ne voulut changer ce qu'il avoil
fait escrire, quelque persitation que les Juifs luy fissent de muer ou
adjouster, qu'il se disoit roy des Juifs, mais non pas qu'il le fust.
De Bras, liech. et ant. de lu ville de Carn, p, 210.
Empresser {lo empresse'}, v. a., presser, hâter.
M. de Seignelay... fit empresser l'armement de tous les vais- seaux de haut
bort et des frégates et brûlots et flûtes de trans- port.
Journ. de Jean Doublet, p. 138,
Emprise {emprise), s. /"., entreprise, projet.
Del serrement e del emprise, Dunf sus l'autel de saint Iglise Eriez entr'
aseurez Estes or fors e délivrez.
BÉN., Cliron. do Nortn., v. 15334.
Il rapporte diverses cérémonies... et parle de plusieurs em- prises.
Mois.\NT DE BuiEÙx, Ori(j. deqaelq. coût, a/ic., I, 191.
«
Emprise est le substantif du verbe emprendre qui s'est dit pour entreprendre
:
Tele chose emprendre osassent.
Wace, Eom. de Rou, v. 1711.
Une noil eirt trestot pensis De celé ovre que out empris.
GuiLL. DE S. Pair, Rom, du Mont S. Midi.., v. 357.
-\- En {an 10), s. abstr., on, l'on. En représente ici le vo- cable hem, qui
s'est dit pour homme (1) ; c'est une dériva-
(1) Veintre nel poxit Jiem vivant.
Vie de S. Auban, \.\i'^%.
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(delwedd C0420) (tudalen 0352)
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— 3o2 —
tion absolument semblable à celle que l'on trouve dans on qui, comme on le
sait, représente lui-même l'anc. subst. hom (homme). V. Un.
E cil respondi : L'en m'apelle Haslain,
Wage, Hom. de Roa, v. 1242.
De la requeste se fisl liez E delaié u l'en le mande.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 15668.
Qu'est qu'en d'veindrait? L'Mauvais (le diable), qui sait, [/emporterait...
Rimes Jers,, p. 201.
J'aime l'argent, et pus en z'en peut aveir, pus en z'nest co que de mieux.
Lalleman, Le Rendez—vous du dép(AH, p. 72.
+ Enacs {snacks. morceaux, portions), s. m. 'pi., restes d'un, festin. Le mol
est usité, avec cette acception, en patois normand de Guernesey. V. le
Diclionn. f'ranco-norm. de M. Métivier.
Enasprissant {unappn'zed}, adj., ignorant.
Que il ne seient fait sicume li père d'els,generaciuns felunesse e
enasprissante.
Lih. pS'dm., p. 105.
Enbatre (s'). V. Embatre (s'). Enbeu. V. Embu.
-\- Enbrive {inbred), s. /"., effet, produit.
Ceo dit Plines, sis movemenz-((le la terre) Est l'enbrive des granz venz.
BÉx., Ctiron. de Norm., v. 41.
Enbuschement [enhuschement') , s. m., embuscade. V. le
mot suivant.
Ce veut mult bien li diix Richarz
C'une partie de sa gent
S'en augenten enbuschement.
BÉN., Citron, de Norm,., v. 18579.
Si firent un embuschement Vers saint Albin celée ment.
Wace. Rom. de Rou, v. 8631.
Enbuschier {lo enhusche), v. a., embusquer, cacher. De e?i, et bu.oc/te.,
bois, en bas-lat. biisciim.
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(delwedd C0421) (tudalen 0353)
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- 353 —
L'en a mené e enbuschié Repost e cucé e mucié.
BÉ.\., Chron. de Norm., v. 16796.
Sur une ewe, pur aguait, les suens enbuschad.
Les Bois, p. 53
Encachier. V. Enchaucer.
Ençantir (encented', convenu), v. n., convenir d'une choyé, la reconnaître.
Car qui k'en plore ne qui k'ençant, Le droit estuet aller avant.
Marie, Lanoal, v. 433.
Encerchier, Enserchier {to enserche, Palsg.), v. a., cher- cher, poursuivre.
Ensarchcment^ recherche, Kel. Un vo- cab. nis. lat.-fr. du XIIP s., conservé
à la biblioth. d'Évreux, traduit inoestigare par encerchier. V. Cercher.
En sa chape s'est embuschié, K'il ne fust pris ne encerchié.
Wace, Rom. de Roa, v. 6180,
Ceo poet savir qil volt bien enserchier.
Poés. anglo-norm., recueillie par M. Meyer, Bull, de la Société des anc.
textes (1880), p. 70.
Enchaïr {enchede*, tombé, déchu), v. n., tomber, choir. V. Caïr, decalr,
enchoir.
Mes religiun voille et sun ordre tenir,
Nis s'un le veit, cum humme, en pecchié enchaïr.
5. Thom. le M art, p. 101.
Vers nos sunt primes enchaeit.
BÉN., Chron. de Norm., v. 3588.
Enchaison {encheson\ andiaisun')., s. /., occasion, cause, motif. V.
Achesoun. .
Ce fu grans deus (deuils) e grans pecchez, Mes ne sai p^r quele enchaison ;
Si ne serait mie reison Se g'el saveie, quel deïsse.
Hist. de Guil, Le Maréchal, v. 14152.
Enchalz, Enchauz {enchace')^ s. m.., poursuite, chasse. V. Enchaucer.
Li enchalz (1) duret d'ici qu'en Sarraguce.
Chans. de Roi., p. 301.
(1) Enchalz est le subst. du verbe enclialcier, poursuivre.
sr. far
23
Et cels en deit-un plus blasmer et enchalcier.
S. Thom. le Mart,, p. 179.
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(delwedd C0422) (tudalen 0354)
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— 354 -
En cel enchauz perdi s'espée.
Wace, Rom. de Brut, v. 869.
+ Encharger (^0 enc/iai-^e"), v. a., charger, donner mis- sion à,
recommander à. — Encharger, donner en charge, Kel.
Cil dist ço ke U reis li aveil enchargié.
Wace, Rom. de Rou, v. 4450.
I,i reis a pris un suen message : Quens esleit cil de hait parage, Prodome
avait en lui et sage, Son talent li encharge et dit...
Bén., Rom. de Troie, v. 1010.
Une autre forme du même verbe, encherger, se rencontre en dialecte normand,
ancien et moderne.
Ne pourra chose contredire, Qui luy ait enchergé de dire.
Coût, de Norm. en v., p. 102.
l^t m'ayaut enchergé en ce lieu-chy les luire, Je n'ay voulu faillir,
prinche, à m'en aquitter.
D. Fer., Muse norm., p. 146.
Enchaucer, Encachier, Enchascer, Enchacer (to enchace*}, V. a., poursuivre,
chasser. V. Enchalz, cacher.
C'est enchaiicent, li autres fuient.
Bén., Chron. de Norm., v. 2745.
Semblant firent de fuir, por cels fere encachier.
Wace, Rom. de Rou, v. 3971.
Quant ot li reis de France qu'issi l'enchascerunl. . .
S. Tlioin. le Mart,, p. 13t.
l,es autres l'enchacerent deus lywes e plus.
Hist. de Foulques, p. 46.
Enchoir (enchede , déchu), v. n., être déchu. V. Enchaïr.
Cil qui se plainct doibt avoir tesmoing, ou il encherra de la querelle.
Ane. Coût, de Norm., ch. cxxiii.
Le demandeur sera encheu de sa clameur et en pourra prendre une autre.
Terrien, Comment, dudr. norm.,'p, 356.
Encian. V. Ancian.
Enclin {encline'), s. tn., salutation. Du lat. inclinem.
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(delwedd C0423) (tudalen 0355)
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— 355 —
Mais, oii voiz iliize e od parole Beiiigno, supleant e mole E oil bas vuJz el
od enclins, Traistrent lur brefs e lor latins Puis unt comencé liir message,
Cum afailié e eu me sage.
Bén., C/iron. de Norm.; v. 1673.
S'uns dolens fait une acropie
Ou un enclin devant s'image, *•
Lors li porte si boen coraige
Qu'ains brisereit les uis de fer
E tôles les portes d'enfer.
Mir. de laB. M. V., v. 194.
Enclin est le substantif de encUner, saluer.
Li reis païens parfundement l'enclineL
Chans. de IloL , p. 84.
De tûtes parz l'unt encline,
Marie, Fable 6fi.
Encliner {to enchjne, Palsg.), v. a., incliner, abaisser. Et s'aulcun à force
s'encline...
Coût, de Norm. en v,, p. 94,
Ils (les Juifs) ne daignent encliner leur entendement au sens de la lettre,
mais osent forcer les saincts textes.
Al. Chart., VEsp., p. 342.
Encloistre {incloister), s. m., cloître, galerie intérieure d'un couvent,
couverte et formant un carré. De in eiclaus- iruni, dont le bas-lat. n'a fait
qu'un seul mot inclaustinim.
Devers le temple erl un apenliz, cume encloistres, sur colump- nes et entre
les murs furent larges places.
Les Rois, p. 251.
Vit que li rois ne saveit gaires Qui ert en encloistre nourris.
Wace, Hoin, de Brut, dans Lacurne.
Encombrance {e^icumhrance),, s. /"., embarras, servitude, chose qui
grève. V. Encuinbrement, encumbrer, encom- hros.
Dieu m'a salve par sa puissance De forte ennuyé et d'encombrance.
Poés. anglo-norm. reoueillie par M, Meyer, Bull, de lu Soc. des anc. textes,
1880, p. 77.
Encombrement. V. Encicmbrement. Encombrer. V. Encumbrer.
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(delwedd C0424) (tudalen 0356)
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— 356 —
Encombros {incombrous' , cumbrous), adj., gênant, ren- fermant des obstacles.
V. Encumbrement, encumbrer, en- co'nibrance.
Dunt li nostre orent grant esmai, Qu'encombres ert li leus e haut.
BÉN., C/iron. de Norm., v. 37355.
Encontre. V. le mot suivant.
i. Encontrer, Encontre (encown^er), s. m., rencontre, réu- nion, rendez-vous.
V. Encontrer 2.
A rencontrer grant joïe firent, A Damedieu grâces rendirent.
Wace, La Concept. \.-D., p. 27.
Deux jours après ce malheureux encontre, nous fusmes ata- qués des vents de
oest el sud-oist.
Jaum. de J. Doublet, p. 73.
2. Encontrer, ~Encuntrer {to encounter), v. a., rencontrer. Ki larun encontre
e... li leit aler, si l'amende.
Lois de Guill., 48.
Quant de mai partiras, un leun encuntreras e il te ocirad.
Les Bois, p. 328.
Eacorporer [to encorpore), v. a., introduire, insérer, faire entrer. Du lai.
incorporare.
Pour une commission dudit bailli... les lettres du roy nostre sire dedens
encorporées, faisans mencion que plusieurs cheva- liers, etc.
Compte de 1343, cité par M. Delisle, dans les Actes norm, de la Ch. des
comptes, p. 288.
En faisant le dedens desd. estages se feront au deuxiesme et troysiesme
estages, cheminées encorporées dedens les espoisses.
Doc. sur la fond, du Havre, p. 35.
Encortiné {encurtyned'), adj., garni de courtines, de ta- pisseries. V.
Cortine.
N'est mie en chambre encortinée.
BÉN., Chron. de Norm., v. 25572.
C'est le participe passé du verbe encortiner, encurtiner., encourtiner.
Rois, faites canbres délivrer E de poiles encurtiner.
Marie, Lanval, v. 487. .
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(delwedd C0425) (tudalen 0357)
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— 357 —
Courtine pour une chambre encourliner par cielet par costés.
Jnvent. de 1334, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 101.
Encourre {to incurve^ Sherw.; to incur), v. a., s'attirer. Du lat. hicurrere,
courir vers.
Ne craignent aucuns encourre maie renommée.
Al. Chart., Le Quadrilogue, p. 449.
Encourliner. V. Encortiné.
Encraisser, Encreissier {incrassatecl, engraissé), v. «., engraisser. Du lat.
incrasftare. V. Cras, craisse.
Encraisserunt (pinguescent, dit le texte latin) les bealtez del désert.
Lib. psalm., p. 83.
De celé chambre isseit à ore de mangier, Ne mie pur sun cors emplir et
encreissier,
S. Thom. le Mdft., p. 136.
Encreissier. V. Encraisser.
Encreistre {to increase), v. a., accroître, augmei^ter. Du lat. increscere.
V. Creislre.
Puis encrerrunt mes peines e mes suffraites.
Chans. de Roi., p. 244.
Si grant damage nos encreist Qae la danesche geiit chaitive N'a dunt i seit
ne de quel vive.
Bén., Chron. de Norm., v. 120.
Encrepement (increpation), s. m., blâme, reproche.
Del tun encrepement, sire, del aspirement del espirit de la tue ire.
Lib. psalm., p. 19.
Dér. àe encreper, réprimander, accuser; du lat. incre- pare.
Tu encrepas les gens e périt li fel.
Lib. psalm., p. 9.
Sire, lu encrepas les malfaiturs.
Les Rois, p.
207.
+ Encrouer, + Encrucher {to encroach, enjamber sur. Sherw.), v. a., accrocher.
Se dit particulièrement d'un objet jeté en l'air et qui reste arrêté, soit
dans les branches d'un arbre, soit sur un toit, etc. Wedgwood, dans son
Diction. étymol., rattache avec raison l'angl. to incroach au fran- çais
accrocher, avec le sens de to hooh on to. Le patois nor-
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(delwedd C0426) (tudalen 0358)
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- 358 —
inand possède les verLes corrélatifs décrouer, décrucher. Tous ces verbes
nous paraissent dériver de croc, que l'on prononce cro en normand. Suivant
Gotgrave, encrouer est un verbe normand.
Le fisthint cjntre mont voler, E A faist d'un arbre encroer.
Wacè, Rom. (le Brut, v. 5757.
Enz que de sus vus encrouns, Aitf>rternenl vus moslerouns Cum ftit
lorinent cil chaitif sunt ^
Qui à 1h roue pendu sunt.
Marie, Purrj., ii, 455,
Il n'alla au fond (du puitsj,ains demeura encroué et suspendu en my chemin.
Nouij. fabr. des excel. tr. de vér., p. 143.
Encumbrement, Encombrement {eacorahremenV), s. rit., dommage, obstacle,
empêchement, toute cbose qui grève. V. Encumbrer, encomhrance., encombirjs.
, Venez od mei là ù j'irai, Si faites ceo que jeo ferai ; Jà n'i aurez
encumbrement, Ne tant cum jeo vus puis aider, Si nus ne pouvum rien gainer.
MAr.iE, Eliduc, v. 193.
Encombrement de mariage est quand le mary vend, trans- porte ou aliène...
l'héritage de sa femme, eu préjudice de elle, sans son consentem^■nl ni
obligation.
Le Rouillé, Gi\ Coût, de yorm,, f' cxxij r'.
Encumbrer, Encunbrer, Encombrer {to encumber), v. a., grever, accabler,
mettre obstacle. V. JS ncwmbrement, en- cornbrance, encomhros.
Morz est de doel, si cum pecchet l'encumbret, L'anme de lui as vifs diables
dunet.
Chans. de BoL, p. 305.
Encunbrer le veulent plusur, Par la volunté lor segnur.
Marie, Lanial, v. 429.
L'homme encombre le mariage de sa fenime, quant il fait, en quelque manière
que ce soit, qu'elle est dessaisie.
Ane. Coût, de Norm., ch. c.
i. Encuntrer {to encounler)., v. a., accueillir.
Etli uns aveit l'autre encuntré de (d'un) salu.
5. Thom. le Mart., p. 155.
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(delwedd C0427) (tudalen 0359)
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— 359 —
2. Encuntrer {rencontrer). V. Encontrer 2.
1. Encurir [to incur), v. n. , se présenter, s'offrir. Du lat. incurvere,
aller vers.
Ad Apolin encurent en une crnte.
Clians. de Roi., p. 217.
2. Encurir {to incur) , v. a., s'attirer, s'exposer*' à. V. Encurir l.
Damage incurumps unr à nul jur tant.
Fie de S. A uhan. v. 1140.
Encurtiner. V. Encortiné.
Encurver, Incurver {to incurve), v. a., courber. Du lat. incurvare.
Chaitif sui faiz e encnrvpz {et incuroalus sum, dit le texte latin).
Lib. psalm., p. 50.
Incurvé snnt li tertre Hel mon\, {incur v a ti sunt colles mundi). Cantique
d'A bbacac, verset 9, dans le Liv. des Ps., p. 270.
Encuter {to incute'), v. a , jeter, frapper, faire tomber. Dn lat. incutere,
frapper sur, susciter, inspirer.
Enciitad la crienie d'icels sur eis {Incuhuit timor eorum super eos).
Lib. psalm., p. 157.
Endamagier {to indammage, Sherw.) , v. a. , endomma- ger, causer préjudice.
V. Damager, damage.
Pur les paroles de la gent, Vos laisseriez endamagier...
BÉN., Chron. de Norrn., v. 7235.
-\- Endementeres {in the mean time), adv., cependant.
il disait que endementeres, comme un suen serjant esteit en son servise, et
li qiiereit h mengier, la feme à cel serjant bâti rcnt, dont ce lui fu grant
liunte et grant despit.
Req. de 1^5fi, dans les Mém. et notes de M. Aug, Le Preoost, III, 5,
Endenter {to indenl), v. a., traiter, contracter, littérale- ment se lier par
une endenture. V, ce mot.
Noslre dit cousin s'est chargié de finer et de endenter avec au Clins
cappitaines par lui advisez...
C/iron. du Mont. S . Mic/i., I, 254. Pièces div.
Enàeniare {indenture, Sherw.), s. f., acte authentique double, écrit sur une
seule feuille et dont un des originaux
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(delwedd C0428) (tudalen 0360)
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— 360 —
se trouvait en regard de l'autre. L'acte signé , l'on déta- chait chaque
partie, en dentelant la section, de manière que les deux titres devaient
s'endenter l'un avec l'autre, s'il arrivait qu'on jugeât utile ultérieurement
de les rap- proche {\). V. Endenter.
Du jour de la date de ceste présente endenture jusques à la feste de Saint
Michiel prouchain.
Chron. du Mont. S. Mich., I, 118. Pièces div.
Simple muniment est escript sans endenture (sans être fait double).
HoRNES, M ijrror of Justice, ch. ii, sect. 27.
En conséquence de ce projet, le père fit faire une endenture, où il fut
stipulé que...
HouARD, Ane. loixfr., I, 744.
-}- Enditer {to endite'), v. a., indiquer, faire connaître, raconter. Du lat.
indicere, faire savoir, annoncer, par l'in- termédiaire d'une forme fictive
indictare , faite sur in- dictum.
Ce vout mult chascons d'eus oïr S'il i saura mais avenir, Ne enditer, ne
enseigner Où il troveront le pomier.
Bén., Chron. de Norm., v. 25368.
La roïne a tant demandée, Qu'assés li fu près enditié.
Wace, Rom. de Brut, v. 2025.
Le patois use aussi quelquefois, dans le même sens, de la forme inditer.
-\- Enduire (to enduce'), v. a., induire. De inducere. « Enduire en erreur ».
'
Enduner {to indtoyne*, to endoio), v. a., gratifier de.
Par amistiet l'embaisat en la bûche, Si l'endunal s'espée e s'escarbuncle.
Chans. de Roi, p. 130.
\. Endurer (s*) (indurate', acharné), v. réfl., s'acharner. Du lat.
indurare., s'endurcir.
(1) L'usage de Yendenture avait été peut-être emprunté au droit romain :
Veteres enim, quando aliquid sibi promittebant, stipulam tenentes frange-
bant, quam iterum jungentes, sponsiones^suas agnoscebant.
Isid., I. IV, ch. XXIV.
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(delwedd C0429) (tudalen 0361)
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- 361 —
Li reis vers lor gent s'endura,
La naissance Dieu en jura :
« Ben me vengerci des vileins... »
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 427.
2, Endurer {to endure), v. »;., durer.
Si plet plus de six moy endure,
Le prélat en commet la cure ''
A qui lui plaist de l'Eglise.
Coût, de Norm. en vers, p. 59.
Enemistié [emnity) , s. /"., inimitié. Le mot normand est fait sur
enemi; le mot français, sur inimicum.
[.aid est qu'entre vus ad si grant enemistié.
5. T/iorn. le Mart., p. 111, dans Littré.
Dune les fait bon envaïr par granz enemistiez.
Chron. de Jord. Faut,, v. 147.
Enfefler {to enfeo/f), v. a. , inféoder, investir d'un fief. V. Fieffer.
Ce est itam, cum vos savez, Où l'om l'enfeffe sol envers Où menjucent
laisarde e vers.
Bén., Chron. de Norm., v. 32712.
-{■ Enfétonner [to fetter, entraver; to fetter, entourer de cordes,
Sherw.), v. ft., disposer un ensemble de cordes et de sangles autour du corps
des vaches, des bœufs, etc., pâturant dans les vergers, pour les empêcher de
relever la tête et de manger les fruits pendant aux arbres. V. Fête, feste.
-\- Enfichier {to infix), v. a., enfoncer; ficher dans, sur, à. Du lat.
infigere^ dont le sens est le même. Enf- quer se dit, avec cette acception,
dans la Seine-Inférieure. V. le Diction, de M. Delboulle.
Enfichiez sui el limun de la parfundece.
Lib. psalm., p. 88.
Od clous de fer, e meinz e piez, A la terre suiit enfichiez.
Marie, Purg., v. 947.
Enfler {to enflaimce'), v. a. , exciter, irriter, enllammer. Du lat. inflare;
de in, sur, et flare, souffler.
Vers li rois Loeis fu enflez e iriez.
Wace, I\oin. de Rou, v. 3471.
-|- Enfondrer {infundicV , détruit, ruiné), effondrer, briser. « Enfondrer
une porte. »
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(delwedd C0430) (tudalen 0362)
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— 362 —
Us pernenl la citet, Le m'.ir un enfundret ; Fet i unt granl baée, Viinli, od
grant huée.
Ph. de Thaon, Comput, v. 77.
Hz ont esté es terre et en mer enfondrés.
Chans. norni. du XV^ .s. — Rec. Gasté, p. 123.
Il luy enfondra le test de sa teste.
A. HoRNEs, Le Mirror de Just., ch. ii, sect. 9.
Enforcer [to enforce), v. a., presser, forcer.
Li reis l'enforce mut sovent Ke de lui prenge alkun présent.
Vie de S. Giles, v. 2159
Enforchier, Enforcier [to enforce (1)), v. a., fortifier, en- tourer de
fortifications.
Moiisteroil a bien dus, enforchié e fermé Del pel à hericlion (de clievaux de
fri-e) de mur et de fossé.
Wace, Rom. de liou, v. 2628.
Les diz Navarrois pristrent Roulleboise sur Saine et l'enfor- cberent très
fort. . . et aussi enforcherent, empres Riillebeuf sur Saine, une vielle
muraille.
P. Cochon, Chroii. norm., p. 104, éd. de Beaurep.
Une route d'Anglois avoient enforcié une place près de Pontor- son... laquele
place le dit mareschal et sa route vindrent assaillir mont durement.
Chron. norm. du XIV^ s., p. 106.
Enforcier {to enforce') , v. n. , se fortifier , prendre des forces.
Se nos les lessons auques en la terre enforcier, ISe seront mie poiz à
destruire levier.
Wace, Rom. de liou, v. 857.
Kar jà par niei n'enforcera.
Marie, Fable 6.
Le patois normand use, dans le même sens, des verbes, forchir, enforcher.
Enfermer (to enform'), v. a., instruire, enseigner. Du lat. informare,
façonne)', former.
Pur ço vus devez mult constreindre et guverner Kt tote votre vie de bueiis
mors enformer.
S. Thom. le Mart., p. 108.
(1) Halliwell luterprète ce mot par to strengstren, de strength, forlifi-
cation.
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(delwedd C0431) (tudalen 0363)
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— 368 —
Pour ces causes et pour plusuurs autres dont nous sommes souffisaument
cnformez, paiera x livres d'amende à riostre sire le roy.
Sent, lies commit;, enla Baillio de Caeii, art. 11.
Enfreignur (infrinf/er), s. ?;?., infracteur, violateur.
)*ais à tenir cumande à saint Iglise, ».
Des enfreignurs en fait cruel justise.
Chron. de Jord. Faut., v. G82.
Enfundrer. V. Enfondrer.
-f- Engeler {engeylecV , gelé) , v. n. , éprouver les effets de la gelée,
geler complètement. Notre mot engelure vient de là.
Li moriers d'els etigelada.
Lib. psalm., \>. 107.
Vous m'avez pris' sans m'embr;isser.
Je dirai à votre mère
Que vous êtes engelé, Un mangeur de pommes cuites, Un buveur de lait trulé
(caillé).
La ronde des Trois Coasinettes, aiic. clians. iiorm.
Engendreure (engeadure' ; engendring, Palsg.j, ^. /"., généiation. —
£'n(7e>?(frwre, postérité. Kel.
Le mien mesfait, ma grant mésaventure Compera chier la noslre engendreure.
Adam, p. 43.
Car la première engendreure De l'ainsné fils doibt lieu avoir
Coût, de Norin. en v., p. 72.
Ceux que les barons trouveront en lour liostels et desavowé.s pur lour
engendrure.
Britton, Code, cli lxvi.
Engetter. V. Enjeter.
-(- Engigner, Eaginner {eyigyned', déçu, abusé) , v. a ., tromper, abuser,
circonvenir. Du lat. ingeniiini. — Engi- ner, séduire, abuser. V. Engin 1,
engignos.
... Veut en plusors lieus de sei faire parler Et quiert art et engin de ses
voisins mater, Cum les puisse engiguier, susprendre et tormunter.
GuiCH r.D DE Beaulieu, Ser/nun, p 17.
Li maufez Iraïtor ne fine de gueiter
Le creslien tut dis, k'i! le puisse enginner.
.s. Thom le Mart., p. 14.
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(delwedd C0432) (tudalen 0364)
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_ 364 —
L'on dit en patois engingner, avec le même sens ; cette forme se rencontre,
de même, dans l'ancien dialecte.
Cum il se pnist cuntreguetier, K' hum ne le peustengingnier.
Marie, Proi., II, 60.
Engingnez sûmes en travers.
Vie de s. Grég., v. 2288,
Engignos , Enginnous {enginous') , adj. , habile , rusé , trompeur. De
ingeniosum. V. Engin 2, engigner.
Tel parole mult bel, fel est et enginnous.
GuiCHAUD DE Beaulieu, Sermuti, p. 15.
Donvalo fu mult engignos Et de vaincre mult désires.
Wace, Rom. de Brut, v. 2290.
L'épenthèse de 1'??. après l'i se retrouve en ce mot, comme pour le
précédent, dans l'ancien dialecte :
Uns prestre vult jadis aprendre Un leu et faire letre entendre. A, dist li
prestre ; a dist li leux, Qui mult est fel et engingneux.
Marie, Fable 82.
Engignur, Enginnur {enginer% engineer), s. m., ingé- nieur. V. Engin %
engignos.
Ja pescera (dépècera) la porte, si l'engignur ne ment.
Ckron. de Jord. Faut., v. 1241.
Maçuns mande e enginnurs
Ki funi les fundementz dus murs.
Vie de S. Au ban. Rubrique, f" 59 v".
+ 1- Engin (engin)., s. m., artifice , ruse, fourberie, ma- chination. Du
Idii. ingenium.,vn^id. V. Engigner, engignos.
E pri que tant vos en peignez Que Segure la dunt treis meis, Si qu'entre nos
e ses Daneis N'ait engin ne decevement, N'agait ne nul Irespassement.
BÉN., Chron. de Norm., v. 4920.
Baillé à Guelfroy le I-ong, clerc de Rogier Desmares, pour avoir certains
advertisseraents, pour envoyer à monseigneur le patriarche, touchant le fait
et engin de frère Nichole le Roux, qui nagueres vouloit empeschier le prieur
et administrateur par vertu de bulles, 22 d.
Compte de 1460, cité par M. Pluquet dans son Ess. fiist. sur Bai/eux, p. 201
.
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(delwedd C0433) (tudalen 0365)
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— 365 —
2. Engin {engine, ingene'), s. m. , intelligence , adresse, industrie. De
ingenium , au sens d'intelligence, V. Engi- gnos.
Mielz sembla que si 's oust nature furmez, que engin humain.
Les Rois, p. 24G.
Rois, dist Merlin, et ne ses tu
Qu'engiens sormonte vertu ? «<
Bone est force et engins mius valt,
Là vaut engins où force fait.
Wace, Rom, de Brut, v,82Gl.
+ Engingner. V. Engigner.
Engingneur. V. Engignos.
Enginner. V. Engigner.
Enginnous. V. Engignos.
Enginnur. V. Engignur.
Engle [englile*), s. m.., duperie, flouerie. Le mot ne pourrait-il pas se
rattacher à engluer., au propre prendre à la glu, au figuré tromper?
Li segneur destruioient leur homes (vassaux) par leur molins, où il avoit
trop maux (mauvais) engles, et leur toloient, à force, paletées de farine, et
fesoient venir à leur molins les homes qui en estoient à ii lieues, ou à
trois ou à plus, où il em prenoient sèche moite.
Marnier, Éiabliss. de l'Éch. de Nom., p. 44.
+ Engraisser (s') {to engross*)^ v. réfl. , s'obscurcir , se couvrir de
nuages. Du lat. incrassare, rendre épais. — Le temps s'engraisse , the
weather grows thick. Gotg. , Diction.
Engraver {to engrave), v. a., graver, buriner. V. Engra-- vure.
Ne confessant jamais que les loix engravées Pour luy soient en du cuyvre es
tables élevées.
Vauq. de la Fresn., Art. poét., i, p. 31.
Je veux donc engraver sur le saint double-mont (le Parnasse,
aux deux sommets) L'amour que vous portez aux poètes, qui sont Privez des
biens mondains, voguant, errant par terre.
Champ-Repus, Œuv. poét., p. 139.
Engravure {engraving), s. /",, gravure. V. Engraver.
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(delwedd C0434) (tudalen 0366)
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— 366 -
Preiad que uu meoeslrel bon li enveiast, ki en seust, e mais- tres en fust de
orfaverie e de purtrailure e de engravure e de altres enginz.
Les Rois, p. 252.
Engrés (arig^y), adj., terrible, furieux. Du laf. ingruen- tem, part. jDrés.
de ingruere, fondre sur, attaquer.
En la bataille sunt feiuii e engrès.
Chans. de Roi., p. 270.
Me cumbatrai par la grant presse, U la bataille iert plus engresse.
Wace, Rom. de Rou, v. 12801.
D'où engresté, fureur, emportement.
E il l'ocist par engresté.
Marie, Lauslic, v. 114.
Engrieger, Engrejer, + Engregier (to engregge), v. n. , empirer. Du lat.
iacrescere, s'augmenter, ou peut-être plutôt de ingravare, s'aggraver. —
Engriever, aggraver. Kel.
i
Molt engrieget la soe enfermetet.
Alex., str. 56,
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(delwedd C0435) (tudalen 0367)
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Mais quant ce fut qu'il engreja, Si fist ses
evesques venir E ses barons, por départir Sa terre et ses trésors gisanz .
BÉN., Cliron. de Norm., v. 393:'6.
Engregier, dans le sens indiqué, appartient au patois normand de Guernesey.
Voir le Dict. franco-normand de M. Métivier.
D'où le subst. engrege, aggravation.
Et leveoir est une engrege.
Al. Chart., Le Lio. des Quatre-Dames, p. 671.
Engroisser, Engrossir {to engross), v. n., grossir.
Le flot de la mer vint à celé beure, qui engroissa si l'eaue de Somme que
François n'y peurent passer.
Cliron. norm. du XIV^ s., p. 80.
Ce gros fleuve de Seyue... aussi reçoit et est enflé et eiigrossi des
rivières de Aube, Yosne, Loing, etc.
De Bras, Récit, et cuit, de la ville de Caen, p 35.
Engrutir [to ingroton, se gorger, se sotiler jusqu'au dé- goût, s'indigérer),
v. n.. devenir malade par excès de table. Du bas-lat. ingrolare, corruption
du lat. œgrotare.
— 367 —
Cum bevanz, engrutis de vin [tatiquam crapulatus potens a vino.
Lib. psalm., p. 111.
L'on trouve d'ailleurs dans l'ancien dialecte engroter, avec l'acception
générale de son radical.
Kngrota, si rnorut ; si remest sa bonbance.
Wace, Rom. de Rou, v. 429*1.
Nostre sire est mult engroté Mult malade, mult enfermé.
Bén., Chron. de Norm., v. 1465.
Enhalcer, Enhaucier {to enhalse* , to enhance , to en- haunce, Palsg.), v.
a., rehausser, relever, ex3,lter. Du lat. exaltare. — Enhaucé, exalté. Kel. ^
Ne la devez jamès faillir Mes exhalcer et maintenir, A vostre poeir.
Vie de S. Thom. de Cantorb., v. 322.
Mult le puet on veoir suvent, K'il tant se voelent enhaucier E en tel lin
appareiller,' Ke n'alîert pas à lur curage.
Marie, Fable 16.
Enhorter. V. Enorter.
-\- Enhuiler {to anoyle*), v. a., administrer le sacrement de
l'extrême-onction, litiéralement oindre d'huile, accep- tion commune au verbe
norm. et au verbe angl. V. Enuingdre.
En anc. dial. norm., oile, olie se disaient pour huile (V. oile) ; d'où
enoilier, synonyme de notre verbe enhuiler.
Mons. l'abbé ne le dit prestre ne puet ne ne doit riens recla- mer sur ses
paroissiens... en cas... d'espoussailles , d'effant bap- tisier, de
confession, d'acoraniunier, d'enoilier.
Lia. des Jur, de S. Ouen de Rouen, cité dans les Mém, et Notes de M. Aug. Le
Prévost, II, 166.
An7ieliement, substantif de la même famille, s'est dit en anc. dial. norm.
comme synonyme d'extrême-onction :
Ge lesse (c'est-à-dire je consacre) à mon anneliemenl 5 s., à mon lumiaairn,
12 s.; etc.
Test, de 1349, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses IS'otes et doc. sur la
Norm., p. 417.
Enjeter, Engetter (to inject), v. a., jeter. Du lat. injec- tare, jeter sur.
— Engelter^ engeiter, lancer, rejeter, Kel.
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(delwedd C0436) (tudalen 0368)
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— 368 — DesLir sei les enjetad.
Les Rois, p. 434.
Sa lance prist par le tuet, Si cum ceo fust un bastonet ; Encontremont hait
l'engetta E par le fer receue l'a.
Chron. anglo-norm., i, 8.
Enjoindre [to injoyne, Palsg.j, v. a., joindre. Du lat. in- jungere, joindre
à.
Ses mains lur enjoinst maintes feiz E voleit baiser lur orteiz.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2825.
Le juge doit différer le jugement et ouyr les parties sur l'en- térinement
desdites lettres et enjoindre ledit incident avec le procez principal, pour
le juger avec iceluy, conjointement ou di- viséraent, ainsi qu'il verra estre
à faire par raison.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 401.
Enjoïr (s') {to enjoy), v. réfl., se réjouir, se procurer du plaisir.
Molt s'enjoist qui ensi sojorne (se repose),
Adam, p. 33.
Li reis escouta et oï Corne Guillaume s'enjoï.
Hist. deGuil. Le Maréchai, v. 639.
Enlangouré [enlangoured*), adj., languissant, langou- reux.
Tant ai pleuré Qu'il ne m'en est plus demeuré. Dont j'ay le cueur enlangouré,
Et le viz tout descoulouré
Et arrousé.
Al. Chart., Le Lio, des Quatre- Dames, p. 631.
-}- Enlargir {to enlargé), v. a., élargir, aggrandir.
Pour enlargir son déduit, Un grant païs a destruit.
Chron. anglo-norm, , l, 78.
Enlarger s'est dit aussi pour élargir.
Cesti Aleyn fist enlarger moût le chàstel.
Hist. de Foulques, p. 23.
Enlier {to enlink), v. a., lier, enchaîner, attacher.
II sunt enliet, echaïrent.
Lib. psalm., p. 23.
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(delwedd C0437) (tudalen 0369)
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t_ 369 —
Enluminer {to enlumine'}, v. a, , illuminei', éclairer. Du lat. illuminare.
Le préfixe il e^l ici pour in, à cause de l'euphonie. V. Ellui/iiner.
En tel barnage l'ad Dans enluminet, Meilz voelt mûrir que guerpir sun
barnetz.
Clians, de Roi., p. 45, (I l.i païen cuntruverent
Les nuns qu'as jurs dunerent.
Li primier, qu'apelum
Diemeinc par num,
Al soleil le dunerent,
En sun nuni li posèrent,
Pur ço qu enluininout "
Le munt e nuit chaçout.
Ph. de Thaon, Comput., v. 428.
Ennoy {annoy)^ s. m., ennui. V. Ennoyer , anoyer, amiyer, anoi.
Car je croy, Doulz amis, que ton cuenr sente Tel ennoy.
Al. Chaut., Complainte, p. 774.
Ennoyer {lo annoy), v. a. , ennuyer. V. Ennoy, anoyer^ anuyer.
Las e lassez e ennoiés
En deit estre li plus preisiés.
BÉx., Chroti. de Norm., v. 5597.
Las ! trop fort m'ennoye Que banny en soye. Et qu'el se desvoye
Du tout et fourvoyé. •
Al. CirART,, Le laij de Paix,\>.^h'â.
Enoilier. V. Enhuiler.
Enoindre. V, Enuingdre.
Enorter, Enhorter [to enhorl') , v. a. , exhorter. Du lat. inhorlari.
De lessercelpurpensement Les enortereit buneraent.
Marie, Purg., v. 453,
C'est temps perdu que de moy enhorter A m'esjouyr, rire ne desporler.
Al. Chart. , Complainte sar la mort,^. 533.
D'où le subsl. enortement, exhortation.
24
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(delwedd C0438) (tudalen 0370)
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— 370 ~
J'ay créa ce que, . . . par prédication et enortemens , . . . on
m'a mis es oreilles.
Al. Chaut., Le Quadrilogue, p. 432.
Enparler. V. Emparler.
Enpeindre, Empeindre (empz^/ir, assujéti , fixé), v. a., fixer, afl'erujir,
arrêter. Du lat. impingere, faire entrer.
Od sun espiet l'anme li getct fors, Enpeint le ben, fait li brandir le cors.
Cil ans. de Bol., p. 102.
.\lult en i chaï d'ambes parz, Plus de hardiz que de cuarz, Karli hardiz
avant s'empeignent, E li cuarz de trias s'estreignenl.
Wace, Rom. (le Rou, v. 78.53.
Enpeirer. V. Empeirier.
+ Enque {encke, ink)., s. /"., encre. Du lat. eacaustum. Quier mei, bel
fredr^, et enque e parchemin.
Alex:, str. 57.
Enqueréible {inquirahle) , adj. , sujet à enquête. V. En- querre.
Jj suis seul Dieu, parfait, non enquerable.
Le Mi.st. (le La Concept., dans La Concept. N.-D., de Wace, p. 198.
Enquerement {enquirance) , s.rrn.., demande, question. V. Eaquerre.
Assez li font enqueremenz, Mais à toz lur demandemenz Respunt itant: Ce veez
bien • Que um bom sui, qui par ci vien.
Bén., Ckron. de Sorm., v. 7714,
Enquerre {to enquiere, Palsg. ; to inquire), v. a., recher- cher, chercher à
connaître. Du lat. inquirere. V, les deux mots qui précèdent,
I envoia ses chevaliers,
Por enquerre que il voleient.
Wace. Rom. de Brut, v. 806.
Mais or devuni guarder, Enquerre e espruver. Par diverses raisuns Par quel
lijurn sunt luns.
Phil. de Thaon, Compat, v. 345.
Enraisuner, Enresoner {to enresone*), v. n., alléguer des raisons, parler, interpeller.
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(delwedd C0439) (tudalen 0371)
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- 871 — Mult fièrement Gatlun enraisniiet.
Chans. de /?o;.,p. 296.
VVillara la eni'esona.
Hist. de Foiilijaes, p. 2-1.
Ensaimer. V. Enssaimer.
Ensaingne. V. Enseigne 1. ^
Easample (ensaniple), s. ni., exemple.
Treslut le moud enlumina Pur Tensample qu'il nus duna.
Tie de S. Thorn. de Cunt., v. H98. — V. aux var., p. 028.
Ici purreit ensample prendre.
Marie, Equiran, v. 306.
Enseeler, "Enscoiev {enselecV , scellé, cacheté), v. a., sceller, mettre
un sceau.
Kn romans devise un brief, d'un anel l'enseele.
Chron. de Jord. Faut., v. 246.
Un brief li baille enscellé.
Marie, Milan, v. 513.
1. Enseigne, Ensaingne (ensigu), s. m., signe. Du lat. insignem, signe
particulier. V. Enseigne 2.
E, par ces enseignes que j^ verrez, nostre Siie sun dire avef- rad. (Hoc erit
signuni quod lociitus est Doininus).
Les Bois, p. 286.
A ces ensaingnes me creras, Quant en Jlierusalem venras.
Wace, La Concept. N.-D,, p. 27.
2. Enseigne (ensign), s. m., signal, cri de ralliement. V. Enseigne \ .
Munjoie! escriet ; ço est l'enseigne Cadun.
Chans. de Roi., p. lOi.
Sunl à l'estur fors iessu,
A grant voix criant : Deus aïe !
L'enseigne el duc de Normendie.
Wace, Rom. de Hou, v. 6766.
3. Enseigne {insight, ensencesynge') , s. m. , éclaii'cisse ment,
enseignement, instruction. V. le mot suivant.
Del col ad le brief esté De cbief en chief l'a esgardé, Les enseignes qu'il i
trova E des saluz se rehaita.
Mauie, Milun, v. 271.
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(delwedd C0440) (tudalen 0372)
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— 372 -
Entendemefil commence à cognoislre Foy, par enseignes tant du vieil qne du
nouveau Testament.
Al. Chaut., VEsp., p. 281.
4. Enseigne {ins if/ht), s. m., connaissance. V. le mot pré- cédent.
Quand celui qui suyt (qui poursuit en justice) a enseigne d'as- signation par
le record au sergent, cil qui est suy (poursuivi) du default (pour avoir fait
défaut), peut gaiger la loy contre le ser- gent qui a recordé avoir fait la
semonse, en noyant icelle avoir esté fdicte.
Le Rouillé, Gr. Coût, de A^orm., î' Ix v».
Enseignorir {inseirjnorized., installé comme seigneur, Sherw.), r. n. ,
prendre l'autorité seigneuriale, dominer. V. Seignurer.
Trop pars'i deivont esmaier, K;u" poples coveitos e feus Vienent
enseignorir sor eus K saisir tut quantque il unt.
Ben., Cliron. de Norm., v. 14771.
Ensemblement {easeriihyll), adv., ensemble.
iNabal, en hébreu, ço est fol ; e folie est ensemblement od lui.
Les Rois, p. 99.
- Li codres rauert hastivement Echevrefoil ensemblement.
Marie, Checrefoil, v. 75.
+ Ensembler (to ensemle*) , v. a. , mettre ensemble, réunir ce qui est épars.
Raines furent ensembleez De paour d'eaus sunt effreez.
Marie, Fable 30.
Enserchier. V. Encerchier.
Ensiure, + Ensieuvre, Ensievre, Ensuir [to ensue: to enseice, Palsg.), v. a.,
suivre, poursuivre. Du lat. insequi.
De fei porter e de obéir
E de ensiure tut sun plaisir.
Bén., Cliron. de liorrru, v. 4646.
En caste manière qui ensieut.
Coust. de la vie, de l'Eaue de Rouen, art. 31.
Baillèrent et délivrèrent. . . les choses qui ensievent : Première- ment,
etc.
Déch. de 1335, citée par M. Delisle dans les Actes norm. de la Cti. des
Comptes, p. 118.
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(delwedd C0441) (tudalen 0373)
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- 373 -
Vt'Z ci lesservises queledil Jeliaule Mère doit [)our la serjan- terie desus
dite et por les autres rentes qui easuient. . .
Lio. des Jiip. (le S. Ouen de Rouen, f 87 r°.
Enssaimer {la enseam , graisser) , v. a. , engraisser. V. Saim.
Encraissiez, enssaimez, essamplis, il sacrifièrent à diables. ^,
Lib. psalm., p. 244.
Il y a dans l'ancienne langue, en sens opposé, le terme de fauconnerie
esseimer , essimer, amaigrir, littéralement retirer le sabii (la graisse),
L'étymologie de ce verbe , telle qu'elle est donnée dans Littré, est
certainement inexacte.
Entaiez. V. Tai.
Entaille {entaille'), s. /". , sculpture, objet sculpté.
Ue sus les us fud mult riche entaille de chérubin e de palme.
Les Rois, p. 249.
Un deu cuiitrefait en entaille u peinture.
Fie de S. Auban, v. 597.
Entailleure est une autre forme du mot, à laquelle cor- respond le V. anglais
intaiUn;/ (Sherw.), et que donne pareillement le dial. norm.
E ore les entailleûres {sculpluras, dit le texte latin) de li oel- raent od
haches e od doleures dereslrenf.
Liv. des Ps., lxxiii, (i.
Eutalenter {to eyitalente), v. a. , exister , encourager. V. Talent^
atalenter, maniaient.
De bien faire les entalente,
Grant cure y met e grant entente.
BÉN., Cliroii. de Nonn., v. 2355.
Chascun est de mal faire issi entalentez.
GuicHARD DE Beaulieu, Seriiiuii, p. 20.
Entechier {entetchccV , entaché, souillé; eHtecches' , taches, souillures),
v. a., entacher, souiller. Un vocab. ms. lat.fr., du XIIP s., conservé à la
bibl. d'Évreux , Ira^luit inficôvc par entechier. V. Teche.
Donc, ou temps qu'il esloil novice, 11 fut trop entrepris d'un vice, Qui test
maine à plusors péchiez Tous ceulx qui en sunt entechiez.
Pec. poèin. du. Mont S. Michel, p. 19.
Ki vous fait faire les pechiés Dont vostre cors est entechiés.
Lai il/If/niiurès, p. 10.
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(delwedd C0442) (tudalen 0374)
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— 5/4 —
Entencion, Entenciun, Entention {entencioun)^ s. fr.^ in- tention. V. Entente
'2.
E jo, sire, si fet solonc m'entencion, Du servise mi père aten jo giieredon.
Wace, Boni, de Bou, v. 3078.
E par ceste raisun E par s'enlenciun Vint et quatre hures sunt Par qnei li
jurn estunt.
Pu. DE TnAOx, Comput, V. 341.
. . .Od bénignes ententions Rendirent lor oblations.
BÉN., Chron. de Norm., v. 6881.
Entendable [intendable*], adj., intelligent, attentif, digne de confiance.
Se il ne pot derainer par ij. entendable homme ilel plaidant et veant, qui il
ne l'aura dit, recovered a sa parole.
Lois de Guiil., 28.
Rous, senz demore tôt maneis, Manda les meillors des Oaneis, Les plus
vaillanz, les plus raisnables E ceus qu'il sout plus enlendables.
Bén., Cliron de Norin., v. 6337.
Entendable s'est dit aussi pour compréhensible, intelli- gible.
Jo Marie ai mis en mémoire Le Livre de l'Espurgatoire, En romans k'il seit
enlendables A laiz genz e covenables.
Marie, Pwr<7.,v. 2297.
Entendance (entendau^ice*), s. /"., intelligence, attention, esprit,
pensée. V. Entente 3.
Ne voilles eslre fait sicuine chevals e mais, es quels n'en est enlendnnce.
Liv. des Ps., XXXI, 10.
Tant aveit vers Deus s'entendance Tant ert devoz e bénignes.
Bé\., Chron. de Norm., v. 26583.
Entendre {to entend*), v. n., donner son attention à, s'occuper de,
s'appliquer à. Du lat, intendere : de m, vers, et tendere, tendre. V. Entente
3, ententif , ententi- vement, entendable, entendance.
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(delwedd C0443) (tudalen 0375)
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— 375 —
Un Engleiz a li dus veii, A li ociere a entendu.
Wace, Ilom. do Rou, v. 13910.
Mais unques Rous, puis qu'il fii né,
IN'out lien veu de sa beaté;
S'il l'aime, s'il i entent,
De ceo ne vos merveillez neient.
BÉN., Chron. de Norm., v. 4lS7.
-j- 1. Entente (entent*), s. /., intelligence, dans un sens absolu, esprit,
jugement, entendement. Du lat. intentum, action de tendre.
Geste beste ad entente e sen.
Marie, Biscicwarct, v. 157.
^2. Entente [entente', intent) , s. /., intention. A le même radical que le
mot précédent. V. Entendre , entencion, ententement.
Pur ço, par bone entente,. . . ai fait inun sacrefise.
Les Rois, p. 43.
En celle entente k'il estait Des oreisuns k'il feseit.
Marie, Parg., v. 283.
3. Entente {intentness) , s. f., attention, application. Même radical que les
deux mots préeédents. V. Entendre et les mots auxquels il est renvoyé à
celui-ci.
E li dux r'a mise s'entente En ceo qui mult li atalenle.
BÉN., Chron. de Norm , v. 10833.
Mais asseiz tost l'entre laissa Por autre rien, où s'entente a.
GuiLL. DE S.-Paiu, Rom. du Mont S. Mich., v. 2942.
4. Entente (intent, atteinte, coup, Sheiw.), s. f., atta- que, assaut. Du
lat. i)itentum, supin à'intendere, au sens de diriger, adresser : iniendere
sagittam (VjRa.), inten- dere ictus (Tac).
Si lur livroent granl entente.
BÉN., CJiron. de Norm., v. 5360.
Ententement [intendment'), s. ni., intention, dessein. V. Entente 2.
Quant li reis d'Englelerre entent le mandement De son cusin d'Iiscuce, de sun
ententement, Dist à sim message qu'il ne fera nient.
Chron. de Jord, Fant,, v. 339.
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(delwedd C0444) (tudalen 0376)
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— 376 —
Ententif {ententif, intentivé), adj,, attentif. Du lat. intentum. V.
Ententivement , entendre^ et les mots aux- quels il est renvoyé à celui-ci.
A lor déduit ententif sunt,
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich.,v. 1737.
Qu'il ne li siet cose ki vive, Tant est à s'amor ententive.
Marie, YEspine, v. 257.
Entention. V. Entencion.
Ententivement [intentively), adv., attentivement. De in- tenta mente. V.
Entendre et les mots auxquels il "est renvoyé à celui-ci.
Eatentivement se purpeusenl cil jui les jugements unt à faire.
Lois de Guill., 4t.
Tu m'as servie suveniîrement e ententivement ; que vols que jo te face?
Les Hois, p. 357.
Enterinetez (en^eriMe55) , s. /*., intégrité. De enterrin, qui s'est dit pour
sincère (1) ; du lat. fictif integrinum., de integrwni. D'où le verbe
français e^itériner et le verbe nor- normand entringner (2), littéralement
livrer en entier, ren- dre complet. CotgraA^e donne entiereté, pour intégrité
(3). V. Entier.
Retrait li imi-i'otreiemenl Que li reis li fait bonement De desus
l'enterinetez De fei que tient crestientez.
BÉx., Chron. de Noria,, v. 6707.
+ Enterprenant ienterprising)., adj. , entreprenant. V. les deux mots
suivants.
-|- Enterprendre {to enterxtrise), v. a., entreprendre. De tnter qI
prehendere. V. Eyiterprenant, enterprise.
(1) A Jesu me abaundun, serf loial, enterrin.
Vie de S, Auban, v, 1844.
(2) El, (juanl à tout ce (que) dessus, (le vendeur) dit tenir et entringner
(l'acquéreur) de point en point.
Vente de 1436, relatée dans la Chron. du Mont S. Michel, II, 97,
(3) Le mot, sous la forme enterreté, existe en anc. dialecte normand.
Et en cel mesme estât et en l'enlerreté, Qu'el oiu as anceisurs et par antiquité.
S. Thom. Le Mart., p. IH.
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(delwedd C0445) (tudalen 0377)
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— 377 —
Enterprise (enterprise), s. f., entreprise. V. les deux mots qui précèdent.
Entertenement (entertainnienl). s. ;n., admission. Terme d'ancienne
procédure.
Poursuivant... enteit<>nemenl dudit appointement de la dicte
délivrance, procès soit meu devant, etc. ^
Chron. du. Mont S. Mich. , Piùccs (Ho. (XV* s.), II, 213.
+ Eûtertenir {to entertain*), v. a. , entretenir. V. En- tertien.
Qu'en z'a de ma, do toutes ces fd!es-là ; c'est le diable à enter- leni,
Lalleman, Le Rendez-vous da départ, p. 81.
Pour enti-rtenir femme et fille, Not' gaillard était terjoiis prêt.
Rimes gaern., p. 44.
-f- Entertien i^en^er/rt^n"), s. jh., entretien. V Entertenir.
-\- Enthiérer {to tether, to tie), v. a., mettre les chevaux, les vaches,
etc., au piquet, à l'attache. Dérive de Ihier , pieu, auquel on attache les
bestiaux pour les faire pâturer. V. Thier.
Enticement (enticement) , s. m., incitation, instigation. V. le mot suivant.
Si que li reis meismes suvent le. cuniralie ,
Par l'enticcment de ces qu'inment la folie.
, Ckron. de Jord. Fant., v. 388.
Lesgenis d'Escoce mistrent en feue Rokesburghe, par l'entice- ment del counte
de Dumbare.
Brut. d'EmjL, cilé pav M. Meyor clans le Bull, de la Soc. des une. re.-rtes,
p. 138.
Enticher, Enticier (to entice), v. a. , entraîner, exciter, pousser à. G'e^t
le même verbe que inciter, sauf l'échange de t)lace entre le c et le t. Le
radical du mot est donc bien iiicitare. V. Enticement. En pat. norm. l'on dit
dans le même sens enticher et aticher (1).
-<1) Atiefier est dit pour uClver, ancienne forme normande du mol, dérivée
du bas-Ial. attivinari, de ad, à, et de titiunem, tison.
Fai remaindre la grant malice, Qui es cors de félons s'atice.
BÉN., Chron. de Norm., v. 12121 .
L'ennemi, qui tout mal atlice. .. De vaine glore l'arrocha.
Pet. poèmes du Mont S. Mic/i., p. 39.
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(delwedd C0446) (tudalen 0378)
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- ;^78 -
Satlianas... entichad David que il feist anumbrer ces de Israël e ces de
Juda.
Les Bois, p. 215.
Mull l'entice, mult l'aguillonne, Eu maint sen l'en araisone.
Bén., Cliron. de Norrn., v. 21028.
Entier {intire, Cotg.), aclj., sincère, probe, intègre. Du lat. integrum,
honnête, vertueux. V. Enterinetez.
Aveit en Engleterre un rei Qui mult par ert vaillant de sei, Crestiens, sainz
e honorez Qui Aleslans ert apelez Verais, entiers, bénigne e plus, Dulz,
charitables e gentils.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 1653.
Entier^ au sens précité, est donné aussi par Cotgrave, comme mot français.
Entors {to i/Uort, entortiller), adj. , étreint , tordu, tor- turé. Du lat.
intortuni, part. pas. à'intorquere, tordre , rouler, entortiller.
De dolor, d'angoisse entors, Sur le plancher sejut adens.
BÉN., Cliron. de Norm. v 2100.
Entosche. V. Intoxiquer.
Entrait [entrete), s. m.., emplâtre, onguent.
L'auteur d'un petit traité de médecine du XIV*^ s., écrit en dialecte
normand, et publié en 1875, par M. Boucherie, donne au § 4.3 de ce traité,
sous le titre : a A plaie entrait » la recette d'un emplâtre ou d'un onguent
destiné à la guérison des plaies. Le § 44 du livre prouve que, dans le titre
précité du § 43, entrait a bien le sens qu'on vient de préciser; il est en
effet intitulé :'« De rechef altre em- plastre à tute nianere de plaie w (J).
Entrechanjablement [interchangeably) , aclv. , alternati- vement,
réciproquement.
(1) Le mot se renconlre, d'ailleurs, assez souvent en ce sens, dans la
vieille langue :
C'est un précieux entrait Dont mainte playe est guérie.
E. Desch., Poés. mss., l" 164, dans Lacurne.
. . . Vrais est li entrais , Ki garist clers et lais.
Poés. Fat., i' 120, ib.
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(delwedd C0447) (tudalen 0379)
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- 379 —
Mais ore est qiiestiun, Pur quel cliose truvuiii, Enz el meis d^jenvier
Kalendes de février ; Des altres ensement KfitrechHnjablement.
Pli. DE TiiAON, Coinput, V. 1157.
Entredalier (s') {to deal^ agir , parler , en user avec quel- qu'un ;
inlerdeaV, conduite , manière d'agir entre per- sonnes), V. ré/?,, se
comporter l'un envers l'autre , s'expli- q^uer, discuter.
En ceste manière s'entredalierent devant lerei.
Les Bois, p. 236.
Entredire [entreditede ,i\\\.&Yo.\i)^ v. v., interdit. Du bit.
intcrdicere. V. Entred^lt.
Refist partul sun ban crier E entredire e deveer Que lerres ne fusl consent
uz, Ne, s'il estere apcrceuz, Que celez ne fust à justise.
Bkn., citron, do. N or m . v. 7148.
iNi ad lei ne decré ne rien qui Tentredie.
S. Thoin. le Mart., p. lI5.
Entredit {efilirdit*), s. m., interdiction , défense. Du lut. interdlctum. V.
Entredire.
Pur le devé, pur l'entredit, Que jeo vos ai conté e dit, Oit en sa arée
degerpiz Um gaagnerus ses ustilz
Bén., Cliroii. de \orin., v. 7166.
Entrejetter (to interject), v. «., intercaler, insérer. D'une forme fictive
interjectare, formée sur interjectum, supin de interjicere, placer entre.
Je croy que ces m^ts « douze » et « fameux « ont esté icy entrejellez par
erreur ou surprinse.
Teiuuen', Comment, dtc dr. norm., p. 421.
Entremedler {to interr/ieddle) , v. a. , se brouiller. V. Medler 2 et 3.
Li barons de la terre jo ne voil nonibrer, Ki li filz vers li père lirent
desuaturer Et li père et li lilz firent entre medler.
Wace, Citron, ascend. des ducs de Norm., p. 5.
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(delwedd C0448) (tudalen 0380)
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■- 380 -
Entrencher {to eairench)^ v. a., retrancher. De in et truncare, trancher.
Traite ad l'espée (le punt est de cristal), Si fiert Naimun en l'elme
principal, L'une meitiet l'en frnissel d'une part, Al branc d'acer
l'entrencbet ,v. deslaz.
Clians. de Roi., p. 288. .
Entrevenir {s') {entervien, rencontre; to inlervene , se trouver), v. réfl.^
se rencontrer, se réunir.
Li reis et l'arcevesque se sunt entrevenu,
5. Thom, le Mart., p. 155.
Entrevenir ?,& dit pour intervenir , en dial. prov. ; le verbe a été
usité en ce sens en Normandie.
S'il entrevient quelque débat pendant le marché, le seneschal en peut
cognoistre, pourveu qu'il n'y ait sang et playe.
Terrien, Comment, 'lu dr. norm., p. 468.
Entringner. V. Enterinetez.
Entuscer. Intoxiquer .
Enuingdre. Enoindre(^o enoynt, Palsg.), v, «., oindre. Du lat. inungere. V.
Enunction, enhuiler.
Te enveirai un barun de terre de Benjamin, e si l'enuingderas que ducs seit
sur mun pople de Israël.
Les Rois, p. 30.
Dez ke li reis Ewart fu niorz, Héraut, ki erl manant e forz. Se fist enoindre
et coroner.
Wace, Bom. de Rou, v. 10977.
Enumbrer [to inumlrate), v. a. , couvrir de son ombre, protéger. Du lat.
inum'brare, mettre à l'ombre. V. Vendre.
Fn ses espaldes enumberrad à tei.
Liv. des Ps., XC, 4.
Seiniz Esperitz en toi vendra reeunser, Ki cumme mère vudia enùrabrer.
Vie de S. Auban, v. 136.
Enunctiun {anonxcion), s. f., onction, action d'oindre dans la cérémonie du
sacré. Du lat. inunctionem. V. Eniiinffdre.
Sovenir vus devreit de la profession Qu'offristes sur l'autel, à vostre
enunctiun.
S. Thom. le Mari., p. 110.
Envaïr {to envie"), v. a. , attaquer , assaillir , charger.
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(delwedd C0449) (tudalen 0381)
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— 381 —
Du lat. invadere ; de in, contre, et vadere , marcher, s'avancer. V. Invader.
ïut par seit fel ki ne 's vail envaïr.
Chans. do Roi., p. 172.
Willame fii armez, sis anemiz requisl; Dex aïe! s'escria, forment les
envaïst.
Wace, nom. de Rou, v. 2322.*
Enveluper. V. Envoluper.
Envenimer {to envenime')., v. a. , empoisonner. Du pré- fixe en et de venim,
qui s'est dit pour poison. V Yenim.
Mez cil cunquest poi 11 valu; Envenimez tu, si moru.
Wace. Rom, do Rou, v. 45,
D'où envenimement., empoisonnement :
Kar, par un envenimement,. . . Murut Alains en Normendie.
Id., ib., V, 8136.
En patois normand, envelimer se dit pour envenimei-, au sens actuel du mot.
Cette forme est fort ancienne dans la langue; elle correspond au vieux mot
velin, qui s'est dit pour venin.
Envermeller (to envermeil), v. a., teindre en vermeil, couvrir d'un sang
vermeil.
Ij'erbe del camp, ki erl verte e delgée, Del sanc des cors est tute enverra
dlée.
Chans. de Bol., p. 285.
Knverser {to invert), v. a., renverser. Du lat. invertere. Un vessel à uelie.
. . sur le chief Saiil enverra.
Les Rois, p. 32.
La main tendi aval, li pié el rei leva, A sa bûche le traist e li rei
enversa.
Wace, Rom., de Rou,, v. 1903.
Envie (e>iyî/), S. /"., haine. Du lat. iwuMia;;?, qui signifie tout à
la fois envie, dans le sens actuel du mot, et haine.
Bien s;u qu il ma pieça haïe, Jeo quit qu'il a de moi en\ie.
Marie, Gracient, v. 441.
Envions [envious), s. eiadj. m. sing. et plur., envieux.
Tant par erl la malice grant, Nel reqenoistrent li envious.
Vie de S. G ré g., v. 278G.
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(delwedd C0450) (tudalen 0382)
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— 382 —
+ Environ {environ'), prép. et adv., autour. De en et de viron (1),
substantif du vieux verbe vironner. (V. Duc. à virare Ij, tourner autour, lequel
est un fréquentatif de virer. V. Yirun.
De ci ke il out. . . clos le mur environ Jérusalem.
Les Rois, p. 233.
La fortelisce e la maisun Ceignait Hisle tut environ.
Wace, Rom. de Roa, v. 9321.
Envoluper, enveluper, envoleper {eavoluped \ enveloppé), V. a., envelopper.
Du lat. involutare, envelopper.
Knvolupet fut d'un pâlie alexandrin.
C/ians. de Roi., p. 35.
Ad l'oiselet envolupè. . . A sun ami l'ad enveié.
MàRiE, irtastic, V. 137.
Dedenz un trosel (botte, paquet; d'herbe le fist ^nveluper.
Wace, Rom. de Rou, v. 3163.
{.es meiiis honestes (grands) membres dyit un plus onurer, Solanc l'apostre
et plus d'onur envoleper.
S. Thom. le il art., p. 119.
On trouve, dans Chancer, voluper ^\i pour capuchon.
+ Epec [peCher), s. m., pivert bigarré. Dnlat. picu^n.
-\- Epignoche, -f pignoche, -|- pinoche (spigoi), s. f., fausset, cheville
servant à boucliei' le Irou lait avec un foret à une futaille.
J'ai ilau de bouan cidre cœuru de l'aimée draine, qui vos ra- fraîchira un
miot la garguelt-s attendez ! — Betty, happe une canne et va nos en haller
une gorgie ; et, si ne veint pas assez vite par la pinoche, halle le vrétoi
(morceau de bois, taillé en bouchon et fermant la bonde).
Rimesjers., p. 53.
Epistle [epjistle), s. f., épître, lettre. Du lat. epislolam.
Voldrai vus les epistles et dire et recunter Qu'ai rei et as evesques enveia
li sainz ber.
5. Thom. le M art. p. 100.
(1) Quelquefois même notre mot en forme deux, reproduisant chaque radi- cal
séparément : '
Se nuls me dit: Guarniers, ou vas? Tuz li munz est miens en virun.
5. Thom. le Mart., p. 207.
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(delwedd C0451) (tudalen 0383)
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— 383 —
Epitomer {io epitomize). v. a., abréger. Du lat. epilo- mare.
Ceux qui ont epitomé le droit, appelé droit escrit.
Terrien, Comment, du <lr. norm., p 84, en note.
4" Epléter. V. Espleiter.
Epluquer. V. Plucoter. "
-j- Epoutis {spotty, moucheté, couvert de taches, de 5joo^, tnche,
souillure), s. m., terme de manufacture, parcelle de colon qui se trouve dans
les tissus de laine, et que la tein- ture n'a pas dissimulée.
-|- Eprevin (spavin), s. m., tumeur au jarret d'un cheval. Ésprevains est
donné, avec ce sens, comme mot français, par Cotgrave.
Equalité {equalily). s. f., égalité. Du lat. œqualitatem.
Aucuns y a qui se go.ivt-rnent par personnes establies à prési- der certniii
temps, potir garder le jour et l'equalité à chacun de la communité en
aucti.rilé.
Al. Ciiart. VEsj).,Y).'il5.
Si le puisné, en feisant les lots, commet aucune faute contre la coustume, il
doit estre condamné à les refaire... Et, s'il est refusant,. . . celuy qui
est puisné après, les peut faire, en gar- dant toutesfois equalité [)our In i
artie du puisné.
Terrien, Comment du dr. norm., p. 204.-
+ Equelle (scale)., s. f., échelle. Du lat. scalam.
Ceux qui ont pressouer doivent aveir esquelles, tasseaux, etc.
Coust. de la/or. de Vernon, cité par M. Delisle dans VAgric. en .\orni. au
moyen âge, p. 374.
Tu reclouais les bancs, tu dreichais les esquelles.
D. Feu., Muse norm., p. 316.
+ Equoreur. V. Ecorne ur.
-j- Eracher {toeradicate),v.a.,a.vrncher. Du lat. eradicare. Tos ses chevels
a eraschiés.
BÉN., Rom.de Troie, v. 16425.
Lis neis li erascha del vis.
Marie, Bisclavaret, v, 234,
11 érachait les dents, ma finge !
Rimes guern., p. 5.
Quand . . . toutes les Heurs de men gardin s'raient érachies.
La Bastaude, sat. polit, publiée à Jersey en 1871, p. 13.
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(delwedd C0452) (tudalen 0384)
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— 384 —
Erceveske, Erchevesqe (ere/teresge *), s. »2., archevêque. —
Ercevesqae^ercewec, archevêque, Kel.
L'erceveske ad cunseilié Que issi seit la noit laissié.
Marie, Freisne, p. 499.
Par consayl de le erchevesqe Hubert, esposa dame Mohaud de Gaus.
Ilist. de Foulques, p. 63.
Ere. V, Eire.
Eremite (eremite*), s. m., ermite. Du lat. eremitam.
Uns solitaires ereraites. . . Eaz el désert où il maneit SouIe une soue chate
aveit.
Vie de s. Grég., v. 1725.
Erer, Erier. V. Ai7^er 1.
+ Ergarder. V. Esioarcler.
'Etigot [herigau'), s. ni., ergot, corne du pied des ani- maux domestiques,
ongle pointu à l'arrière du pied de coq. Halliwel rejette à tort, selon nous,
ce dernier sens, attribué à herigau par un autre glossateur, qu'il cite.
Cotgrave, comme Rob. Gloucester, traduit le mot franc, herigotes par
clew-claivs, spurs.
Ermin. V. Hermin.
Errance {errande *), s. f., erreur, faute. Du lat. errantiam.
Si te esteras trestot d'errance E de péril e de dotance.
Bén., Cliron, de ]Sorm,, v, 1553G.
Deus! fait Richai-t de Luci, cum sui en grant errance!
Cliron. de Jord. Faut., v. 792.
Erre, v. Eire.
Erreir [erre*), s. m., mal, douleur. Tute France mist en erreir.
Wace, Rom. de Eau, v 7708.
Errer [toeyre\ aller, marcher ; errour*, course; errand- goer, messager,
Sherw.), v. n., aller, voyager, cheminer. Du bas-lat. iterare. V. Eire.
Ki en alcim de ces chemins oceil home qui seit errant par le pais, u asalt,
si enf eint le pais le rei.
Lois de GuilL, 30.
Sui clop (boiteux) e ne poi à pié errer.
Les Bois. p. 19i.
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(delwedd C0453) (tudalen 0385)
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— 385 —
Au moyen âge, en Angleterre comme en Normandie, la jus- tice était
administrée par des tribunaux ambulants. Les ma- gistrats qui composaient ces
tribunaux étaient appelés en Angleterre des « justices (juges) errans » :
Les justises erranz ferunt là poi d'espleit.
s. Thom. le Mart., p. 158.
Que ceste negligelîce soit puny, à la venue le roy ou dei-ses justices errans
en celles parties (contrées).
HoRNES, Myrror of Justice, cL. i, scct. 12.
Ers. V. Aire % Esboiler. V. Eboiler.
Escaffault {scaffold), s. m., échafaud. VjU bas-lat. scafaldum. Le fist le
rois décoller à Paris sur i escaffault.
Chron. norm, du XIV' s-, p. 60.
Escale. V. Ecale.
Escander [tv scan*), v. a., bafouer, railler, tourner en ridi- cule.
Ainsi fu (Minulius) contrainct de rendre grâces de son secours à (Fabius)
celuy dont il avoil escandé l'honneur ; et tenir pour vertu la constance de
Fabius, que paravant avoir appellée las- cheté.
Al. Chart., Le Quadrilogue, p. 429.
Escanteler {to scantle), v. a., mettre en pièces. Du vieux mot canie/,
morceau. V. Canlet.
L'escut del col li freint e escantelet.
Chans. deRol.,\}. 109.
Escaper. V. Ecapper.
Escarcement. V. Escharcemenl.
Escarlette (scarlel), s. /*. , écarlate, teinture d'un rouge écla- tant.
Dune devint saint Thomas plus vermeilz, quant ço vit, Ke n'en ert escarlette.
5. Thom. le Mart., p. l82
Escarnir. V. EKcharnir.
Escarrir, Escharir {scare* 2, étriqué, mesquin, chétif), v. a.^ amoindrir,
diminuer. De escars, eschars. V. Ecars, eschars.
Od mult escarrie compaigne (compagnie), S'en est partiz dreit vers les bois.
BÉN., Chron. de Norm., v. 22435.
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(delwedd C0454) (tudalen 0386)
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— 386 —
A Roëtn chevalcha assez à eschari (avec mince équipage).
Wace, Rom. de lion, v. 5101.
Escars. V. Ecars.
Escauder (fo S(?aZ(/), v.a., échauder. Du lat. excaldare, du préfix ex et
caldum., chand, en dialecte normand caud (1).
Sun bain ?i chaud e si buillant, Sii7, ciel ne ad liumme vivant, Ne fust
escaudi'Z e mal mis Einz que dedenz si fust asis.
Marie, Equitan, v. 254.
Ecauder se dit encore en patois pour échauder.
Ma pauvre ame est enqueraudeye (ensorcelée), Ten bel euil la bien écaudeye.
L. Petit, Muse norni., p. 27,
J'ii écaudrais l's norelles.
Rimes jers., p. 130.
Eschale {schale'),s. f., écaille. En allem. shale.
Une welke (tortue) truva entière, Mais ne sot en quel meniere Peusl l'eschale
despecier.
Marie , Fable 13.
Eschandele {shandliche'), s. m., honte, opprobre, avilisse- ment, sens que
renferme le mot angl. scandai. — Du lat. scandalum. Y. Esclaundre. _
Ju li durrai pur ço que ele li seit à eschandele e à mal , e que le
J^hilistien le metent à mort.
Les Rois, p. 71.
Eschardes. V. Echardes.
1. Escharir (lo scare, effrayer, épouvanter), v. a., effarer, effrayer,
ahurir.
Quant Héraut suz sa main tendi, La main trembla, la char frerai ;
Poiz a juré et prami
Si corne home ki (est) eschari.
\\'ace, Rom. de Roa, v. 1083.S.
2. Escharir (amoindrir). Y. Escarrir.
(1) Desoz li piz (poitrine) li mist sa main,
Caut le senii et le quer sain.
Marie, Gugemer, v. 301.
Li fumet de nos biaus pains cauds.
Rimes guern., p. dSO,
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(delwedd C0455) (tudalen 0387)
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— 387 —
Escharnir, Escarnir {lo skare' uj, v. a., ridiculiser, bafouer railler. V,
Charrer.
S'el est qui or vienge à plaisir, Molt s'eu porra bien escharnir.
Bén., Chroiu do Norm., v. 153G0. Cil e celés qui l'esgarderent, L'escarnirent
mult e gabereut.
Marie, Graelent, v. 189.
Il y avait aussi dans l'ancien dialecte le substantif escharn eseArt?'5,
moquerie (1). '
Mutrpar en fu puis tut le meis Estrange eschar entre Fnmceis,
BÉ,\., Cliron. de Norm., v. 5909.
Eschars (smre* 2), ac?y., mesquin, chiche, avare. V. Ecars ecarselé.,
escharsement, escarrir. '
Ne vos besoignast pur cent mil mars Qu'eussiez esté si eschars, Se coveitos,
si plein d'envie, Vers Richart, l'eir de Normendie.
Bén., C/iron. de Norm,, v. 16428.
Car plaisance est plus jolie, Qui dueil et soucy enchâsse Et n'est ne gloute
ne escharse.
Al. CiiART., Le h.uj de Plaisance, p. 538.
Escharsement, Escharcemeat, Escarcement {scarcelu), pe- titement, mesquinement,
à peine. V. Eschars.
Escharsement aveient vivre.
GuiLL. DE S. Pau;, Rom. da Mont S. Mich., y. 72.
Car convoitise est toujours coustumière D'aimer honneur assez escharcement.
Al. Ciiart., Le Bréviaire des Nobles, p. 586.
Garny je suis si très parfaictement
D'or et d'argent, de chevaux et d'armure
Et d'aultres bien, aussi escarcement.
Chans. norm. du XF= s. — Rec. Gasté, p. 83,
(1) Tu nos posas repruece ... e escharn à ces ki estaient en nostre aviru-
iivUiciii (
Lia. des Ps., xLui, 13.
De eschars ne gas oïr n'ai soing ne voluntô.
Vie de S, Auhan, v. 901.
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(delwedd C0456) (tudalen 0388)
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— 388 —
Escharseté. V. Ecarceslé.
Escheit, Escheette {eschetes\ escheals), s. /., biens confis- qués ou en
déshérence, attribués au seigneur.
Quant il fu mort sanz heir de sei,
Son héritage saisit le rei,
E cum esctieit tint en sa main.
Chron. anglo-nor-ni, I, 74.
Nus d'euls n'aura part en l'escheetle ne n'i recoverrunt rien.
Marmer, Etabliss. de l'ÉcIdq. de Norm,, p. 178.
Écheite^ échoite subsistent en patois normand pour indiquer ce qui advient de
succession. Ces mots avaient aussi cette ac- ception dans l'ancien droit
normand.
1. Eschekier, Escheker (eschekere, exchequer), s. m., échi- quier, table sur
laquelle on joue aux échecs. — Escheqir, es- quaquer, échiquier. Kel.
Quant verra tanz beaus escus, tanz healmes peitevins, Ne volsist en
l'eschekier devenir un aufin (V. Aufin).
Chron. de Jord. Fant., v. 590.
Del autre part del escheker Devent sa fille enseigner.
Marie, Eliduc, v. 487.
2. Eschekier, Eschequier {exchequer), s. m. Trésor de l'État, cour de
l'Échiquier, haute cour de Justice (1).
Adoniram fud maislre del eschekier e de receivre les treuz
(tributs).
Les Rois, p.'^8.
Y estoit le président de l'Eschequier de Rouen... acompai- gnié de ses
compaignons, avocas de Parlement à Paris, qui estoieat audit Eschequier avec
lui.
P. Cochon, Chron. norm., p. 133, éd. de Beaurep.
Eschele, Eschiele (eschele*), s. /"., cohorte, compagnie, co- lonne,
escadron. Le mot' est d'origine germanique.
Nos chevaliers od nous remaignent.
Qui par escheles s'accompaignent (se groupent).
Bén., Chron. de Noj-rn., v. 5133.
A cascune eschiele par soi Quis face tenir en conroi.
Wace, Rom. de Brut, v. 3169.
(1) En bas-lat. scaccarium : Habet eliam rex curiam suam et juslitiarios suos
in scaccaiio. . .' cujus loci capitalis est thesaurari.us. . .
Fleta, 1. Il, ch, xxv.
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(delwedd C0457) (tudalen 0389)
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— 389 —
Escherdous {sherdeV), adj.., couvert d'écaillés.
Crestez estait et escherdous Et hericiez et habundos D'un mal venin qui lot
ardeit Herbes e cen que consueit.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 3221.
Eschevement {eschewing, Sherv^.), s. m., action d'éviter V. Escheve):
Obeyssance (est nécessaire) pour exploicter promptemenl en lieu et temps, à
l'avancement de son prouffit et eschevement de son dommaige.
Al. Ciiart., Le Qaadrilogue,^. 437.
Eschever {to esc/iewe, Palsg.; (o escheiv), v. a., éviter, es- quiver. V.
Eschuir.
Sage est celuy qui fait guerre eschever.
P.Gring.,1, 182,
Pour eschever son meschief, l'occit par trahison
Al. Chart., VEsp., p. 365.
Eschevi (shoivy), adj., superbe, magnifique, brillant, écla- tant.
De chérubins e de palmes ont desure riche entaille e bien eschevée.
Les Rois, p. 250.
Quant en la chapele est entré, E vit le lit à la pucele Qui resemblot rose
novele Del cuvertur l'ad descovri E vit le cors tant eschevi, . .
Marie, Eliduc, v. 1010.
Eschiele. V. Eschele.
Eschiever {lo eschewe'), v. a., irriter, agacer.
Chose briefve fait prouffit. Car plustost en la relieve ; El c'est d'Oraces
qui dit Que trop long parler eschiefve.
Al. Chart., Le Reg, de Fort., p. 711.
Eschipre {ship, vaisseau, navire (1); shipman*, marinier), s. ?/?., matelot.
(1) Chippe, au sens de bateau, se rencontre dans le passage suivant d«
Rabelais : « Deux lits, trois flourins, ciuq ohippes, huict voluntaires,
quatre gondoles et six frégates. » (V. Le Ducbat sur Ral)elais, t. IV, p,
100, note 13,
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(delwedd C0458) (tudalen 0390)
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— 390 —
Yram enveia ses humes, ki eschipres furent bon.
Les Rois, p. 271.
N'i ad eschipre qui cleiral se par loi nun.
Chans. de Bol., p. 132.
Eschir, Eschiver. V. Eschiiir.
Eschis {shy* 4), adj., intraitable, violent, sans pitié, auda- cieux.
. . . Li traislre ki ert foun (vicieux) et eschiz.
Wace, Bom. de Rou, v. 2672.
E s'il bien sunt cruels e feus, Faus, décevant parjur eschis. . .
BÉN., Chron. de Norm., v. 2669.
Escbuir, Eschiver, Eschir [lo eschive*), v. a., éviter, déser- ter, fuir. Mot
d'origine germanique. — Eschuir, eschiwe, es- chiver, eschure, eschever, se
retirer, se dérober. Kel.
E al qui est redte et teslimouiet de leauté, e le plait Irez fois eschuit. .
.
Lois de GuilL, 45.
Jà pur mûrir n'eschevirunl bataille. ,.
Chans. de RoL, p. 94.
Bien li a dit que par grant cure Eschit adès et fuit luxure.
ilir. de la B. M. V.,\. 353.
Escientels, Escientos {scient')., adj.., savant, docte, instruit. Du lat.
scienlem. Y. Scient.
Home verai resambla bien, Escientels sur tute rien (chose).
BÉN., Chron, de Norm., v. 1507.
N'est mie mult escientos.
Wace, Rom. de Rou, \. 16031,
Esclairer, Esclarier [lo clear (1), v. a., dissiper, dégager, dé- barrasser.
Einz i ferai un poi delegerie,
(Jue jo'n esclair ceste meie grant ire.
Chans. de Roi., p. 26,
Du père nos poons sor li filz esclarier.
Wace, Rom. de Rou, v. 8-4.
(l) Voir, quant à l'aphérèse de la première syllabe de ce verbe, l'observa- n
faite sous Emeut, à la noie.
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(delwedd C0459) (tudalen 0391)
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— 391 —
Esclaunire (sclaimdre* , slander), s. m., calomnie, diffama- lion, opprobre.
Du lat. scandalum. — Esckmnder, discrédit, préjudice. Kel. — V. Eschandelc.
lîsclaundre niist e grant errur Entre lui et son seignur, Par bosdie.
Vie de S. Thom. de Cuntorb., v. 145, var. p. 617,
Hornes use de la forme csdaunder. "
Pur esclaunder de sodomy ne assenterent nnques nous aun- ciens peeres que
l'en les monstroit en manière de actions.
Le illi/rror de Justice, ch. ii, sect. H.
Esclaver {s') {(o slave), v. réfl., s"écliiner, s'éreinter, littéra-
lement travailler comme un esclave.
Suive la cour, croque le bénéfice, Qui vil se veut esclaver en service.
Vauq. de la Fresn., Sat., p. 205.
Esclem {tusklem*, se dérober), s. m., déclin.
Anceis vait en esclem E par ço pruvet l'em Que, quant il vait de luin. Ne
sunt li jurn lung.
Ph. de Thaon, Comput, v. 383.
+ Esclot [rlaw (1), ongle, grifîe), s. m., ongle ou sabot des ruminanis ou
des solipèdes. Se dit aussi du sabot, cbaussure en bois. Sont dans Gotgrave,
comme mots français : esclou, empreinte du sabot du cheval, et esclot,
cbaussure en bois. L'ancienne forme du mot se retrouve dans to sclaïC,
creuser le sol en grattant.
Vit une bisse od sun fonn. . . 11 lent sua arc, si traist à li, Eu l'esclol
la feri devaunt ; Ele chaï de maintenaunt.
Marie, Gugemer, v. 92.
Le roy e sa gent pursiwyrenl molt sovent sire Fouke, par le esclotz
(l'empreinte des sabots) des chyvals.
Hist. de Foulques, p. 66.
Escocher {lo scotch), v. a., entamer la peau, l'érailler. V. E coucher.
(1) Voir ce qui esl dit plus haut, à EincuC (en note), loucliant certaines
apliérèses semblables.
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(delwedd C0460) (tudalen 0392)
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— 392
S'aulcun estoit, par fortune. Noyé ou ars, ou en alcune Fosse cht'u ou s'il
s'escoche D'arbres ou de pierre ou de roche.
Coût, de Sorm. en v.
Escolage {schooling), s. m., enseignement, instruction. De scholam.
L'autre povre escollier, soy entremettant, pour avoir sa povre vie et
substentacion. de fait d'escolage, et de monstrer science et doctrine, à son
povoir, à enfans.
Citron, du Mont. S. Mich., I, 162. Pièces div.
_ Escoler {lo school), v. a., instruire, enseigner, élever. V, École.
Est-ce le sens dont (vous) l'escolez? Eu lieu d'enseigner (vous) l'affolez.
Mir de N.-D. de Hob.-le-Diable, p. 94.
Escomengier, Escummenjer [to excomtnenge*), v. «., excom- munier.
Si dit Hastenc al reneié
Al très orrible escomengié :
f( Tu ies de cestes genz~estrais. . . »
BÉN., Chron. de Norm., v. 3243.
Et ceus, ke le saune usent lur prisme, escumraenja.
5. Thom. le Mart., p. 48.
Escommeniement (excomunemenl, Palsg.), s. m., excommu- nication.
Item, se aucun frère ou suur va de vie à trespassement , et il soit en
sentence d'escommenienient. . .icelle carité luy doit aidier à le fere
absouldre.
Stat. de 1406 de la Charité de N.-D.-de-la-Couture de Bernay, art. 41, dans
les Além. et notes de !U. Aug. Le Prévost, I, 310.
-\- Escondire (s'), s'escundire (lo sctin* 3, éviter, se sous- traire), i'.
réfl., s"excuser. Du préf. ex et de condicere.
L'ovre e le fait nie e desdit E del occise s'escondit.
BÉN., Chron. de Norm., v. 13519.
Femme voleient qu'il prenist (qu'il prît) E il forment s'en escundit.
Marie, Gucjemer, v. 648.
Esconser (s').
Escorne [scorn), s. /"., dédain, mépris, défaveur. V. Escort.
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(delwedd C0461) (tudalen 0393)
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— 393 —
De softe qu'à Janus, froid et peu tempéré, Il ouvre le portail, pour entrer
sur la borne Du cliasserol troyen, pour donner quelque escorne A la prime
saison et temps plus modère.
Ciiamp-Rei'us, Œuv. poct., p. 122.
Escores (shores), s. /"., pièces de bois dressées verticalement pour
servir d'étais ; le mot s'appliquait particulièrement ai\,x navires en
construction ou en réparation ; il est donné par Cotgrave avec celte
acception. Escoted' s'est dit en v. angl. pour supporté, étayé, appuyé.
Autant en prenoit pour le rablllage de cliascun navire quand elle estoit mise
hault sur les escores.
Doc. sur la fond, du Havre, p. 432.
Escorre {to score), v. a., compter, supputer, marquer. V. Ecoreur.
Si qu'à bref délai, senz demore,
Quil qu'il iront la preie (le butin) escorre,
BÉN., Cliron. de S or m., v. 32016. '
Escors (escorches'), s. m. pi., animaux écorchés. Du lat. excoriare [ex
corium).
Li mors vont despoillant, si jurent corne pors; N'en ont graignoi pitié, k'il
oussent de escors.
Wace, Rom, de Rou, v. 4036.
Escort (scorie'), s. m., avanie, dérision, mépris. V. Escorne.
A si barons parla, si lor mostra l'escort, Li pertes, li damages e li malz grans
e laiz, Ke cil e sis anceis si orent sovent faiz.
Wace, Eom. de Rou, v. 848.
1. Escot (Scol), S. m., Écossais.
Li Escot i curent par tut cunie malfez.
Chron. de Jord. Faut,, v. 1595.
Furent les Escoz desconfiz et en y ot de mors bien il mil, et fut le roy
d'Escoise pris.
Chron. norm. du XIV^ s., p. 87.
2. Escot {scole* 1), s. m., échalas.
Colin du Douit pour x escoz de quesne ses etii de fauc (hêlre).
Compte de 1-344, cité par M. Delisle, dans les Actes norm. de la Ch. de.s
comptes, p. 313.
+ Escote (scutlle, Sherw.), s. /"., écoutille, trappe pratiquée dans le
pont d"un navire pour descendre dans l'intérieur.
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(delwedd C0462) (tudalen 0394)
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— 394 —
N'ia ne veile, ne hobeiic, Utage, n'escole, ne drenc.
Bén., Chron. de Sorni., v. 2082.
+ Escouer {lo skevf 2, to scoul)~ v. «., secouer. Du lat. excutere.
Escus sui sicunie locuste {excussus siim sicut locusla).
Lib. psaliri., p. 170.
En Tabeie tost se enfui, Ses draz escut e se tapi.
Wace, nom. de Hou, v. 5637.
Ecoueiz... l'poussier d'vos pids.
MET., .S. Matth., ch. X, v. 14.
Escouer se dit encore en patois normand pour frapper, cor- riger ; telle est
également l'acception du v. angl. io sculch' 2.
J'vos les escourois, d'belle iraportanche.
Cou/j-d'œil purin, p. 57.
Excutere, le radical de notre verbe, est traduit par escoure, dans le vocab.
lat. fr. de la biblioth. d"Évreux (XIIF s). Es- coure est une des
anciennes formes norm. de ce verbe.
Od ço se prist tant à e?coure... Qe negun frein ne! pot tenir.
Vie de S. Grég. , v-iiSl.
Escourier (s') (lo scou?-)^ v. réfl., se purger d'une accusa- tion, établir
son innocence.
Ço est à saveir qu'à coite linmps le. ils per non. .si s'enescou- riad sei
duiizime de main (pvrgnbil se duodecima manu, A\\ une traduction latine du
.WI*^ s.)
Lois de GuilL, 10.
Escremie, Eskermie (skirmish, schyrmisshe. Palsg.), s. f., assaut, combat,
lutte. D'où le français escrime. — Eskirmye, combat. Kel. Escremie est un mot
d'origine germanique. V. Escremir.
Od s'espéf ki resfiamblie
As Englciz rend duit- escremin.
Wace, Rom. de Hou, v. 13174.
Od les espées s'entrevunt, Ne fu oïe en tut le munt Mais si felonesse
escremie Cura rendent cil deNormendie.
BÉN, Cliron. de Norm, v. 21428
,.. la grant eskermie dunt Deus l'aveit getlé.
S Thom. le Mart., p. 50.
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(delwedd C0463) (tudalen 0395)
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— 395 —
Escremir {to s/armish), v. n., escnrmouclier, s'escrimer, lut- ter,
combattre. V. Escremie. Dans le vocab. lat. fr. de la bi- blioth. d'Évreux
(XIII'' s.), on trouve dimicare^ traduit par escremir.
Riohart sont escremir o virge et o baston.
Wace, lionu de Hou, v. 3824.
. . *
S.ichant d un p;rant jeu aatu'
D'esches, de dez e de escremir.
BÉN., Chron. de Norm., v. 13659,
Escreppe (scr/^vjDe, besace, Sherw.; sc/-î)^, petit sac), s. /".,
besace.
Ainsi atourna le roy son navire et tout ce qui lui faisoit mé- tier, et prisl
escreppe et bourdon à Notre-Dame de Paris, et chan- ta le evesque la messe.
P. Cochon, Chr. norm., p. 41, éd. de Beaurep.
Escrever {lo screeve*), v. n., crever, laisser écliapper du pus, de la
matière.
I.i abbés vcit vers sa contrée, Meis ne pot faire grant jurnée, Ke sa plaie
forment lui grève, Ri chascun jur seigne e escreve.
Vie de S. G îles, v. 3241.
Escri. V. Écrî.
1. Escrier {to screech, lo scream., to shriek., pousser des cris), V. a.,
poursuivre de ses huées, crier en poursuivant. Escrier se rencontre aussi en
ce sens, comme verbe actif, dans Cot- grave. V. Ecin.
Kl quant il s'enparti de la chaumbre le rei, Jtistises et barun (tel ke
nummer ne dei) li'e'-crierent en haut, ci hii et à desrei: «I l>i traîtres
s'en vet ! Veez-lei ! veez lei ! «
S. Thom. le Mart., p. OS.
Le blé cuillirent e purterent ; Mais li vileins les escrierent. Li uns des
leus a haut pallé; Sun cumpaignun a apellé. Vez, fait-il, cum il nus
escrient. Mal nus vuelent e pis nus dient.
Marir, Fable 88.
Mistrent viele gent e autres par tôt le champ ov corns pur escrier Foukes e
ces compaignons..
Hist. de Foul(/ues, p. 59.
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(delwedd C0464) (tudalen 0396)
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— 396
2. Escrier {to scrye"), v. a., explorer, chercher à découvrir. Du la t.
exquirere (?).
... Il qui prolixement dient Esquerent souvent el escrient Maintes fiez
dehors lor martyre.
Hist de Guil. Le Maréchal, v. 11097.
Escrin. V. Écrin.
Escriveur [scrivener, Sherw),s. m., écrivain, auteur, rédac- teur.
Tu celestiel Isaie... semblés mieulx escriveur d'évangile que an lonciateur
de prophétie.
Al. Chart-, VEsp., p. 32?.
Escroe [scrue, Cotg.; scrow* 4, scroll, rôle, liste, tableau ; scrowle,
cédule, Sherw.), s. /"., cédule, mémoire, liste. En bas- lat. scroa,
scrua ont aussi cette acception. Du Scandinave skra^ un écrit.
Et aussi fut présent Jehan de la Haie, sergent, qui nous dist, par son
serment, que, ou temps et au terme dessus diz, ledit vi- conte l'avoit
charclié de la dicte amanile de quarante soûls par escroe... et, quant il
vint compter de ladite escroe audit viconte, ledit viconte Tan déchargea et
li dist qu'il s'en tenoil pour paiez. Défi, de 1333. citée par M. Delisle,
dans les Actes norni. de la Ch. des Comptes, p. 62.
Parles escroes bailliez en la chimbre des comptes, ils ont eue congnoissance
de tous les feulz (tiefs) du royaume.
P. CocHOx, Chroii. norm., p. 161, éd. de Beauiep.
C'est de là qu'est venu le français écrou, au sens d'article du registre des
prisons, constatant l'entrée d'un prisonnier. Escuer. V. Escouer. Esculurger,
Escolorjer {lo scowl), v. n., se répandre.
Sûmes cume l'ewe ki esculurge sur la terre.
Les Rois, p. 169.
11 en est de notre verbe comme de l'anglais lo glide : il si- gnifie tout à
la fois s'écouler et glisser.
El helme ferir le kuida Rlaiz li colp ullre escolorja.
Wace, Rom. de Hou, v. 13103.
D'où sont venus le subst. esculurgement terrain glissant, et, sous deux
formes un peu différentes, Tadj. esculorjable, esco- luî-gable, gYmsanl,
fugitif.
Sait la veie d'eals leniebres e esculurgement (lubricum).
Liv. des Ps., XXXIV, 7.
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(delwedd C0465) (tudalen 0397)
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— 397 —
Tost fil l'amor de ceus niuable. Fausse e vaine e esculorjable.
E?É.\., Cliroii. de Nornt., v. 8914.
Li premiers erl escolurgables. Nus n'i tenist ses piez astables.
Marie, Pur g., v 1283.
Escummenjer. V. Escomengier. Escundire (s'). V. Escondire (s').
Escunser (s'), Esconser {lo acun* 3, se retirer ; to ensconce, mettre à
couvert), v. réfJ.. et a., se retirer, caclier. D'une forme tictive esconsum^
supin de escondere, qui aurait pu se dire pour abscondere, aussi bien que
escendere se dit pour adscendcre. V. Ascons^ resconser.
Joab e Abisaï pursewirente enchalcerent Abner,qui s'enfuieit, jesque li
soleils s'escunsad.
Les liois, p. 127.
I cist lurment sunl esconsé, A la gent ne sunt pas muslré,
MiniE, Purg., v. 163.
Escusement. V. Excusement.
Esduire (s') {lo educe), v. réfl., s'écarter, s'éloigner, s'esqui- ver. Du
lat. educere, tirer de, faire sortir, mener hors {ex du- cere). V. Duire,
réduire.
Sovent s'esduient de sa veie
BÉN., Chron. de Norm., v. 2423.
Cist encbaucent, li autre fuient,
Qui n'uut leisir que de els, s'esduient,
Id., ib., V. 2745.
Esforcement {en forcement) ^ s. m., acte de force, expulsion. V. De
forcement^ de forcer.
Se l'en desforce à aucun l'eiilage à son encessor, il se porra plaindre
didanzl'an de l'esforcement.
Marnieu, Établiss. de l'EcIdq. de Norm., p. 54.
Esforcible, Efforcible {forcible) (1), adj., fort, puissant. V. F or cible.
Li reis Assiriens enveiad Tharshan... od grant e esforcible cumpaignie à
Jérusalem.
Les Rois, p. 407.
(1) Voir ce qui est dit, toacliant semblable aphérèse, sous Emeut, à la note.
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(delwedd C0466) (tudalen 0398)
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— 398 —
Un mut riche hume del païs Mut efforcible e de grant pris.
Mauie, Milan, V. 126.
Esgarder, Esguarder. V Eswarder.
Esguaré, Esgaré {sware'3), adj., triste, abattu.
Tant en 1 ad que mesure n'en set ; En lui meisme en est mult esguaret.
Chans. de Roi., p. 189. .
Mes jo ki sui eschapé vif,
Tut esgaré e tut cheilif,
Ceo qu'ai seele pris puis plus amer,
Vei savent venir e aler.
Mabie, Cliaitivel, v. 214.
Eskermie. V. Escremie.
Eskiper (to esquip*, to skiff), v. n., s'embarquer, traverser en esquif.
A la mer vint li sainz, à Sandwiz eskipa.
5. Thom. le Mart., p. 74.
Eslaiser [to elaxale*), v. a., desserrer. De exel laxare. V. le mot suivant.
Eslaise ta bûche eje Remplirai li.
Lib. psalm., p. 116.
Eslaissiei" (s') {lo slacken), v. réfl., se relâcher, s'abandon- ner. V.
Eslaiser. Même radical que le mot précédent.
Lor vait un chevalier ocire, Dunt si ami orent grant ire. Cil s'esteit primes
eslaissiez, D'armes corages e preisiez.
Bé.\., Chron. de Nom., v. 948V.
Eslaver (to sleave'), v. a., arracher.
Seient eslavé du livre des vivanz.
Esliger {lo sUght), v. a., dédaigner.
Lib. psalm., p. 90,
La roïne Semiramis Quant ele eut unques plus aveir E plus poiiçance et plus
saveir, Ne l'emperere Octavian N'esligascent le destre pan.
Marie, Lanval, v. 82.
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(delwedd C0467) (tudalen 0399)
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— 399 —
Eslingur islinger), s. m., frondeur. V. Élingue, élingtier. E li eslingur
avirunerent la maistre cited.
Les Bois, p. 354.
Le chastel vulJrad aveir par Flamens e archiers, Par bones perieres, par
engins mult fiers, E par ses eslingurs, par ses arbelasiiers.
Ckron. de Jord. Fant., v. 1180^,
Esliz, Eslit (e/«r), adj.^ élu, choisi, recherché. C'est le part, passé
d'es//re, du lat. eligere.
S'evesques ou preslre est esliz et alevez, U diacres, par prince, ke il seit
dégradez.
5. Thom. le M art, p. 167.
Des adherens ont ung grand tas, Par blandir parolles esliles.
P. Gring., I, 73
Esloinier, Esloinner {lo esloyne*), v. a., éloigner.
Près est de Deu e del règne del ciel, Par nule guise ne s'en volt esloinier.
A^e^., str. 36.
Ke ne soiez de lui esloinnez par nulli.
Vie de . Auban, v. 489.
Esloingne se rencontre comme subst., au sens d'empêche- ment.
Si loerent k'il i venist,
Que nule esloingne nel tenist.
Hist. de Guil, Le Maréchal, v. 8945.
Esmaier. V. Émayer (s').
1. Esme {aim), s. m., but, dessein, soin. V. Esmer.
Jadis avint k'un lox promist Que char ne mengerereit, ce dist, Es quarante
jurs de quaresme, A tant eu aveit mis sun esme.
Marie, Fable 73.
2. Esme (aim), s. m., visée, action de diriger sa vue vers un but. V. Aaasmer
1.
Cil met la main devant son front
Grand pièce vise contremunt.
Puis enteise (s'apprêter à tirer), puis saut avant,
Dune reuse (recule), à terre autretant;
A genoillons reprend son esme,
En maint sen (sens) s'aaise e acesme
De lasser la saette aler,
Bén., Chron. de Norm , v. â9097.
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(delwedd C0468) (tudalen 0400)
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_ 400 -r-
3. Esme (am*), n. m., conjecture, supputation, appréciation, estime. Ici esme
est le substantif du verbe suivant esmer. Eme, estimation, prix. Kel.
A cel terme, selunc mua esme, Garni Willealme de Belesme E kuida tenir
Alençun.
Wace, Boni, de Hou, v. 7591.
La fiere gent Qu'auras en ton comandement, Dunl nuls ne saura esme faire,
Bén., Chron. de jSorm., v. 1569.
Benoit a usé aussi de la forme esmée.
Tant orent altre gent à pié, Que nul n'en sut faire esmée.
Ib., V. 736,
Esmer {te aini'), v. n., conjecturer, évaluer, estimer, déter- miner. Du lat,
œstimare. \ '. Aaasmer 2, esme 3.
Tant esteit grand la pudre, ne pot la gent esmer.
Wace, Rom. de liou, v. 1517.
La raultitudine e la plenlez, Qu'il ne peussent estre esmez, Signefie...
BÉN., Chron. de Norm., v. Ir67.
Ce verbe, au sens d'évaluer, était encore usité en Norman- die à la fin du
XVl" s. Un arrêt du Parlement de Rouen du 'lo mars 1599, cité par M. Ch.
de Beaurepaire dans ses Cah. des FA. de Norm, II, 214., permettait aux
marcliands de Rouen de posséder certains anciens poids qui n'étaient plus
régle- mentaires, mais <' pour esmer seulement leurs marchandises, « sans
qu'ils pussent, avecq eux, achapter ou vendre, encore « que les achepteurs le
consentissent, à peine de forfaiture de (( leurs marchandises. »
Esmier [to smyte, Palsg), v. a., briser, mettre en pièces. Le verbe angl. se
rattache à smite\ petite portion. En angl. mite, rien, peu de chose.
Les altels à deables lut esmiad.
Les Rois, p. 300.
1. Esmoveir(s') {lo emmove'), v. réfl,^ se mettre en mouve- ment, sébranler.
L>u lat. emovere. V. les deux mots suivants.
David le matin s'enlurnad e 11 Philistiea s'esmeurent e vin- drent en
lesrael.
Les Rois, p. 113.
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(delwedd C0469) (tudalen 0401)
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— 401 —
Si enquesistqu.'int ce seroit Que li navies s'esmonvroit.
Wack, La Concept. N.-D., p. 3.
Ce verbe était aussi employé fréquemment au sens actif. Li amiralz ki trestuz
les esmut. •
C/inns. de lioL, p. 235.
Ci ouvra bien la vertu Dé,
Qui od un berz (berceau) a cen osté,
Que esmoveir sol ne poieit
Tout le pufcple qui ésleil.
GuiLL. DE S. Pair, Hom. du Mont S. Michel, v. 321.
Emouveir est resté dans le patois normand avec le sens de remuer, agir : «
Émouvei-tei don «, sors donc de ton inaction.
2. Esmoveir {lo enunove*), v. a., exciter, entraîner, engager. V . Esmoveir 1
et 3,
Tex pot guerre esmoveir e guerre comenchier, Ki ne la pot mie fenir, quant il
vont apaier.
Wace, liom, de Rou, v. 4321.
Le quens Krnol.par qui sordeit Trestot cest mat e esmoveit.
GuiLL. DE s. Pair, lio/ii. du Mont S. Midi., v. IGOl.
3. Esmoveir {lo emmove*}, v. n., faire naître, produire. V. Esmoveir \ et 2.
Prin temps après reverdit les préaux, Car il esmeut fleurettes, arbres beaux.
P. GuiNG., I, 66.
Esneier {lo sny* A), v. a., déblayer, débarrasser.
Jo esneirai e forjeterai quanque remandrad del lignage Jéro- boam, cum l'um
soit faire fiens.
Les Bois, p. 292.
De eus e de tôle lor liguée Sera la terre esneiée.
BÉN., Ciiron. de Norm., v. 9298. .
Espalde {spalde*),s. /"., épaule. Du lat. spalhidam:^ omoplate. Je
desturnai del feis s'espalde (amovi ab onere humeruiù ejus).
Lia, des Ps., lxxx, 6.
Sur tôt le pople plus fut ait del espalde en avant.
Les Bois, p. ^29.
1. Espaûdre {lo expand), v. a., déployer, étendre, ouvrir. Du lat. expandere,
de ex, et pandere, déployer.
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(delwedd C0470) (tudalen 0402)
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— 402 —
Dous chérubins de olivier furent faiz... E chascune de lur eles oui cinc
aines de luug, e il les dous de lur eles , si que Tune tuchad l'altre, par en
sum l'arche estendirent, e jesque sur la parei del sud e del nord les altres
dous espandirent.
Les Rois, p. 249.
Si nus espandimes nos mains à estrange Deu. ,
Lib, psalm., p. 59.
2. Espandre [to expand), v. a., répandre, propager, divul- guer. Même radical
que espandre \ .
La novele espandue del saint martir novel , Qui giseit el mustier ocis sur le
quarrel.
S. Tliom. le Mart., p. 199.
Nuls ne retraireit la dolur
Ne le damage que il (les Normands) tirent,
Las ! ne le sanc qu'il espandirent.
Bén., Chron. de Norm., v. 1094, p. 42.
Espanir (/o 5/mn*), V. a., épanouir. Espanir est une autre forme d'espandre
et a le même radical. V. Espandre 1 et 2.
E, quant l'aube fu espanie, Li reis, o sa grant ost banie De Vincestre fors
s'en turnerent.
Hist. de Guill. Le Maréchal, v. 307.
Plus beus (beau) ke n'est lis espani.
Vie de S. Auban, v. 1070. •
1 . Esparnier {to spare), v. v., épargner.
L'on a fait dériver ce verbe du lat. parcere, réserver, mé- nager. Si cette
étymologie convient bien pour le sens, peut- être laisse-t-elle à désirer
quant à la forme. Comment en effet expliquer ïn d^esparnier^ lettre que ne
donne pas parcere ? Aussi, pensons-nous qu'il serait plus exact de rattacher
le mot au lat. spernere, séparer, mettre à part. Ce radical convien- drait
autant que parcere, pour le sens ; et, en plus, il donne- rait la raison
d'être de la lettre étymologique précitée. Ajou- tons qu'il existe en dial.
norm. anc. et mod. un doublet du verbe qui nous occupe, c'est espernier, forme
qui tient aussi presque possible, comme on le voit, à spernere (1).
Cil ki fait la victorie en Israël, ne te esparnira.
Les Rois, p. -57.
(IJ Iglises ... ne mezons n'espemierent.
Wace, Rom. de Rou, v. 4920.
Epargne Tmeurtrier qu' j'adore,
Rimee guern., p. 102.
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(delwedd C0471) (tudalen 0403)
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— 403 —
Tuz snnt ocis cist Franceis chevalers. Ne mes seisanle que Deus i ad
esparniez,
Chans. de Bol., p. 142.
"2. Esparnier (fo spare, Sherw.), v. a., tempérer, modérer. Même rad,
qn^esparnier 1 .
La justise seit fête et plenere et furnie, Pur père et pur frère n'est à
esparnier mie.
S. TJiom. le Mart., p. 4'1.
-{- Espace (/o space*, mesurer pas à pas), s. /"..mesure ayant la
longueur d'un pas ordinaire. Du lat. s^^a^iî^m, mesure.
Devers l'église de la Couslure (à Bernay) y a commencement de grand fossez et
rerapartz, de vingt cinq pieds de large ou environ du dit costé, qui pourroit
estre de longueur de cent cin- quante espaces.
Seat, ^hc bailli d'Orbec de 1544, dans les Mém. et notes de M. Aug. Le
Prévost, I, 273.
Espèces. V. Speces.
+ Espécial {especial].,adj., spécial. V. le mot suivant.
Les especiaulx amis ne les ennemis ne doybvent pas estre
reçus au serment.
Ane. Coût, de Norm., eh. I.XIX,'
Ne peult amender son cueur pale Vers s'amour très especiale.
Al. Cuart., Le lia. des Quatre-Danies, p. 678,
+ Espécialement {especially), adv., spécialement. V. Es- pécial.
Le duc en doibt avoir aulcunes choses , qui espécialement lui appartiennent,
par l'ancienne dignité du duché.
Ane. Coût, de Nom., ch. xvii.
Là où l'abhomination de Dieu se tourne contre les sacrifices, la persécution
encoramence sur les hommes et espécialement sur les sacrifians.
Al. Ciiart., l'Esp., p. 390.
Espeier {to spear),v. a., percer d'un coup de lance, d'épée ou d'épieu.
Par les gros des cors les espeient Des glaives dacer reluisanz.
Bén., Chron. de Norm., v. 28767.
De espeie, lance, épieu, épée :
Haume ont fait de créance, L'autre armeure d'espérance, Esj^eie ad del seint
Ëspirit.
Marie, Purg.j v. 804.
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(delwedd C0472) (tudalen 0404)
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— 404 —
-}- Espeir (espeyre*), s. m., espoir, attente. Du lat.sperew, que l'on trouve
dans Ennius, pour spe77i .
Tex cent vei ci, au mien espeir, Que cil qui a menor poeir. , .
Bén., Rom. de Troie, v. 5719.
Ki ores voldreil son cors veir, Ne trovereit, el mien espeir.
Wace, Rom. de Rou, v. 33.
Et j'ay esper, quay qu'i veille gronder, Qu'aveuc le dret, je pourray
emporter Le graut prochez meu pour un nid de pie.
D. Fer., Muse norm., p. 86.
Espeisser {spiss\ ferme, épais, condensé), v. a., grossir, s'accumuler, se
condenser. Du lat. spissare.
Des or espeissent les noveles. '
Béx., Chron. de Xorm., v. 8653.
Li turneiement cumença ,
Li rang crurent, mult espessa.
Marie, Chaitivel,w. \M.
1. Espeler [to spell)., v. a., cherchera expliquer, à décou- vrir. En prov.
espelar, expliquer. Du lat. expellere (?j, fuir, sortir, dégager. V. Espeler
% despeler.
Cil espeloit le songe, si com il le disoit.
Wace, Bom. de Rou, dans Ducange.
2. Espeler {to spelle"), v. a., dire, apprendre, enseigner, montrer. V.
Espeler 1.
Par li viscals que tu veis. . . Peins et purtraiz e colorez , Signefie, ceo
te espeluns, Genz de diverses régions.
Bén., Chron. de Norm., v. 1549.
Espenir, Espeneir {to spene'), v. a., expier, effacer, faire disparaître,
anéantir. De ex et pœnire, forme archaïque de punire.
Que faire devum pur nostre mesfuit espenir?
Les Rots, p. 20,
Ses péchez vont espenir.
BÉN., Chron. de Norm., v. 31604.
Se aucuns asaiit autre en chemin... il l'espeinera par les membres, et se il
l'ocit il em perdra la vie.
Marmer, Etabliss. de l'Echiq. de Norm., p. 15.
Esperable {sperable), adj., qu'on peut espérer.
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(delwedd C0473) (tudalen 0405)
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— 405 —
Est appellée foy la substance , c'est-à-dire le fondement des choses
esperables.
Al. ChaRt. VEsp., p. 328.
Esperiment. V. Eœperiment.
Esperital, Espirital, Espiritel, Espirituel iespiritueïV) adj., spirituel. V.
Espirit.
Ceo que deservi saint Morice , Corone es ciels celestials, Od les angeles
esperitals.
Bén., Chron. de Norm., v. 11324.
Lurpere espirital jugent cumme felun.
S. Thom. le Mart., p. 66.
A la gent ne sunt pas mustré Pur ço qu'il sunt espiritel.
Marie, Purg., v, 165.
Vainquant le monde charnel par l'espirituelle puissance.
Al. Chart., YEsp., p. 280.
Espessement {spissely, Gotg.), adv.^ en grand nombre, à foule compacte.
Le pais dotent e la gent Dunt mult i a espessement.
BÉN., Chron. de Norm., v. 1187.
Espesser. V. Espeisser.
Espeur (spereV, attache), s. m., patte, sorte de clou à tige carrée, dont la
tête large, aplatie dans le sens vertical, est percée d'un ou plusieurs trous
et qui sert à fixer un objet à la muraille.
Pour un quarteron d'espeur qui fut mis à l'auvent de la grant sale ; pour le
espeur et pour clou , ii s. ix d.
Compte de 1334, relaté par M. Delisle, dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 69.
Espié. V. Espiet.
-f- Espie [spy), s. m., espion. V. Espier.
E par ses espies enquist, et certeïnement le sout k'il fud venuz.
Les Rois, p. 103.
Tant erent enquerant de lur estre, Que par espies que par fenestres. Qu'il
ont trové Alcun chaitif qui sur defens aura chanté.
Poés. anglo-norm., recueillie par M. Meyer, Romania,lY, 390.
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(delwedd C0474) (tudalen 0406)
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— 406 —
Espier (tospy), v. a., épier, observer secrèlement. Du lat. specere, V.
Espie.
Sire cumpainz, mult ben le saivez Que GueueluQ nos ad tuz espiez.
Chans. de Roi., p. 98.
Entretant envoia Rou espier Baex. De Paris i aveit plus de cinquante liex,
Espier list Evereues, espier fit Lissieex.
' Wace, Rom. de Rou, v. 1316.
Espiet, Espié {spear),s. m., lance, épieu. Mot d'origine ger- manique.
Od sun espiet l'anme li getet fors.
Chans. de Roi., p. 102.
E lançad as escuz Ireis espiez esmuluz ; A chacun des espiez ad un mort
abatuz.
Chron. de Jord. Fant, v. 1499.
+ Espiquer {tospeah., parler, dire, déclarer), v. a., expli- quer.
'EsT^irii (spirit), s. >n., vent, souffle, esprit. De spiritum. V.
Sjperitz., esperital.
En fort espirit contribleras les nés de Tharse.
Lib. psaltti., p. 63.
Mult essumples nus met avant Seint Grégoire, en sermunant Des espiriz, qui
sunt es cors E des autres qui sunt defors.
Marie, Purg., v. 11.
Espiritai, Espiritel. V. Esperital.
Espleier {to splaye*), v. a., déployer. Du lat. expUcare., qui a le même
sens. L'ancienne forme française était esploier., éployer ; le part. pas. de
ce verbe est seul resté dans la lan- gue, comme terme de blason. « Oiseau
éployé y>, oiseau qui a les ailes étendues.
Dune veissiez ces marchanz e venir e aler, Destendre ces paveilluns e ces
trefs espleier.
Chron. de Jord. Fant., v. 1280, var.
Espleit (e^pZo/r), s. ra., avantage, profit, intérêt, revenu.
De siglier pensent al espleit, Atomes sont venus loi dreit.
Wace, Rom. de Rou, v. 470.
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(delwedd C0475) (tudalen 0407)
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— 407 —
Si povres hum prent curapaignie A plus fort humme k'il ne seit Jà dou gaaing
n'aura espleit.
Maris, Fablo 11.
Espleiter(<o eocpleite*), v. n., travailler, opérer, exécuter, faire. Du
lat. explicare, par un intermédiaire fictif explici- tare. — Expleiter, faire
promptement, expédier. Kel. Éplé- ter a conservé ce dernier sens en patois
normand.
Mult ben espleitet oui dannes Deu aiuct.
Chans. de Rot., p. 306.
Ariere s'en vunt tut lié Mult avaient bien expleité.
Marie, Eliduc, v. 225.
Espleter {to exployt, Palsg.), v. a., appliquer. V. Exploic- tier.
Et tendront et pourserront les diz religious les devant diz bois en la fourme
et en la manière que nostre sire le roy les tenoit quant eux estoient en sa
main, et auront la sieute des diz bois par tout et en la manière que nostre
sire le roy l'avoil, et esple- teront des amendes autressi, comme il fesoil.
Échange de 1308, dans les Mém.et notes de M. Aug, Le Prévost, II, 27.
Espoisse {spiss'), s. f., épaisseur. Du lat. spissum.
Lesd. tours chacune de dix huit piedz d'espoisse.
Doc, sur la fond, du, Havre, p. 33.
Espondre. V. Espundre.
Espositur (expositor), s. m., interprète, commentateur.
Li fol espositur l'en unt poi esveié.
5. Thom. le Mart., p. 216, append.
1 . Esprendre {to spring, jaillir, s'élever ; to spread., se dé- ployer, se
propager), v. n. et re/?., s'enflammer, s'embraser, se propager.
La sue ire esprendra en brief tens.
Lib. psalm., p. 2,
Poiz mistrent li feu vers le vent ; Li boiz fu sec, li feu s'esprent.
Wace, Rom. de Pou, v. 9481,
2. Esprendre (to spring, pousser; to ^prin*;, bourgeonner,
Sherw.), v. n., croître, grandir.
Avarice est par tôt racinée et esprise.
GuiciiARD DE Béaulieu, Sermun, p. 29,
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(delwedd C0476) (tudalen 0408)
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. — 408 —
+ Esprité (spirited), adj., spirituel, vif, ardent. Oudin donne le mot en ce
sens.
Nenniû, nennin, s'fîl Bobby, un avé (enfant) esprité à rouages queveux.
.Ift Bastaude, sat. polit, publiée à Jersey en 1871, p. 10.
-:Espuer {spur), s. jh,, éperon, arc-boutant, ouvrage de ma- çonnerie servant
d'appui à une construction; contre-fort. V. Espurun.
Fud li espuers de quatre parz atnrnez, dès le pavement aval jesque as trefs
(poutres).
Les Rois, p. 247.
Esptiille [spoil), s. /"., dépouille, butin, de spolium.
E de labealtet de maisun à départir espuilles.
Lib. psalm., p. 86.
Au XV° siècle, on usait, en Normandie, de la forme des- poille :
Des despoilles de Normendie Est la cruel tourbe canine Enrichie, dont maint
mendie, Que pourvoit la grâce divine.
Complainte des bons Français.
Espundre, Espondre {to eœpound), v. a., exposer, enseigner. Du Lat. exponere.
Si cum l'estoire nos espunt.
Béx., Chron. de Xorm;, v. 29880.
jMaislre Guaces, uns clerzsacbanz, Nos espont et dit en romanz. . .
Wace, La Concept. N.-D,, p. 1.
Il est dans l'anc. dial. norm. un autre verbe espondre, qu'il ne faut pas
confondre avec celui dont il vient d'être parlé. Espondre s'est dit aussi
pour garantir; en celte seconde ac- ception esjiondre a pour rad. le lat.
spondere dont le sens est le même.
Brelaigne a quise e demandée,
Celb li a li reis donée
E espondue quitement
En paiz senz nul requement.
Bé\., citron, de ?iorni., v, 6697.
Espurgaciun {expurgation), s. f., purification, justifica- tion. .Du lat.
expurgalioneni. Y.Espiirger.
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(delwedd C0477) (tudalen 0409)
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— 400 —
Il n'erent raie bien créant, Qui dient k'espiritelment Veient e non
corporelemeiit Quant il entrent en la niaisun Que est de Deu espurgaciun, Les
granz peines e les turmenz Qui suiit establiz là dedenz.
Marie, Purg., v. 200-1.
Espurger (s') {to expurge, Palsg.), v. ré/f., se purger d'une accusation, se
justifier. Du lat. expurgare, verbe qui, dans Tacite et Salluste, se
rencontre avec ce sens. V. Espurgaciun.
É ki larun encontri-. e sanz qui a acient, li lait aler, si l'a- mende a la
vailaince de larua u se n'espurge per plener lei qui il laron nel sout.
Lois de GullL, 48.
Le verbe se rencontre aussi au sens actif.
A nus vendront, bien le sachiez, ^ Quant il erent tuz espurgiez.
Marie, Purg., v. 1737.
Pur ses maus espurger.
Vie de S. Auban, v. 675.
Espurun {spur), s. m., éperon. V. le mot suivant et spuer. Chevalche cnntre
els à espuruns.
Cliron, de Jord. Fant., v. 65.
Ist de la vile à espurun, N'i atent per ne compaignun.
Vie de S. Gile, v. 2629.
Espuruner {to spur), v.a.., donner de Féperon, aiguillonner. V. Spur un.
Li maistre vint espurunant, E ad trové les chens ullanl.
Vie de S. Gilc, v. 1631.
Vunt s'en li message, lur chevals espurunent.
Citron, de Jord. Fant., v, 317.
Esquacher, Esquachier (lo squash). v. a., écraser. De ex et quassare, broyer.
Li kachevels al chair li esqua^iha, et si sa vie chalt pas fina.
Les lîois, p. 16 .
Tost de rechef fu trébuchez E defolez e esquachiez De mil chevaus par sus le
cors, De ci que l'aime en issi fors.
BÉiN., C/iron. de Xonn., v. 33624.
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(delwedd C0478) (tudalen 0410)
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— 410 —
Esquartierer {to quarter, briser en morceaux, lo squard\ déchirer, arracher),
v. a., mettre en pièces, en quartiers. V. Carteler.
Fiert li boens dux, fièrent Normanz, Que les clers heaumes reluisanz Lor
descerclenl e esquarlierent.
BÉN., Chron. de Nom. v. 21610.
Esquerre. V. Exquir.
Esquiele {skieV, vase dans lequel on fait rafraîchir la bière), s. f.,
ècuelle. Du lat. sculellam, dim. de scutam., écuelle.
Li demanda par maltalenl Porqoi et l'esquiele ostée.
Marie, Fable 46.
Esquier {esquire, squire), s. m., écuyer. Du bas-lat. scu- tariuiJi, qui
porte l'écu, de scutuni.Esquer, esquier, écuyer, Kel.
Li fiz Saûl dist à un de ces esquiers : viens , si 'n irrura en l'ost des
Philistiens.
Un suen esquier apela, Sun message li enchargea.
Les Rois, p. 45.
Marie, Milun, v. 167.
Esquiper. V. Eskiper.
+ Essart {assart*, assart), s. m., terrain essarté, défriché. lie exarturn,
mot qui remonte loin dans la basse-latinité. V. Assart.
Là ù oui vignes u vergiers Furnienz u altres bels essarz Creisseit buissons
de tûtes parz,
BÉN., Chron. de Norm., v. 1138, p. 44.
Item, pevent cueillir. . . en la dicte forest, es essarts, en taille et en
deffens.
Coust. de la for. d'Evreur, cité par M. Delisle dans l'Âgrie. en y'orm. au
moyen âfje, p. 379.
-|- Essente (shingle), s. /"., bardeau, planchette mince et courte, dont
on fait usage comme de tuiles. Cotgrave donne, en ce sens, essende. En
bas-lat. essanam., corruption du lat, scindulam, de scindere, fendre.
Si facianl domum teclam de essana.
Çh. de 1216, Duc, Essana.
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(delwedd C0479) (tudalen 0411)
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— 411 -
Par défaut de tuile ou d'ardoise, il est d'usage de couvrir en bardeau ou
essente.
Pesnelle, CoM^. de Norm. expl., p. 823.
Le clocher, revêtu d'esseute et percé d'ouvertures, présente une base carrée,
etc.
DE CKX^MOtiT,Stnt, monument, de l'arrond. de Lisieux, p. 780.
Il est à remarquer que l'anglais a conservé Vl du radical, lettre qui fait
défaut dans le patois, mais qu'on retrouve dans une autre forme normande du
mot: esseulé.
Pour xij milliers d'essenle mis es maisons dudit chastel, par Robert Soulain
; pour chascun millier fendre, doler, amener et mettre en œuvre, vi.l.vj.s.
Compte, de 1329, cité par M. Delisle dans les Actes norm, de la Ch. des
Comptes, p. 17,
Essoigne, Essoigner, Essoigneur. V. Essoine, essonier, essonieeur ,
-\- Essoine, Essoigne {essoine'), s. /",, excuse, retard. En bas-lat.
sonniarn ; de l'ancien saxon sunnen, empêchement. V. les deux mots suivants.
Que, senz délai e senz essoines, Li enveiast sol tresze moines.
Ben., Chron. de Norm., v. H013.
Hoel oït la grant besoigne, N'i quist contredit ne essoigne.
Wace, Eom, de Brut, v. 9386.
Essonieeur, Essoigneur (essoiner, Sherw.),^. îu., celui qui invoque une
excuse pour autrui. Terme de droit. V. Essoine, essonier.
Li essonieeur diront la manière de l'essoine, mes il ne nome- ront en asise
ne jor ne terme.
Marmer, Établiss, de l'Éch- de Nom., p. 31.
Et se l'essoigne ne trouvoient Ou les essoigneurs dit avoient, Les essoignans
l'amenderont.
Coût, de Norm. en v., p. 90.
Essonier, Essoigner {to essoin, Sherw.), v. a., excuser. Terme de droit. V.
Exoinié, essoine, essonieeur.
Plet et batailles pueent estre essonié ou respoilié (différé) par troiz foiz
.
MarnieR, loc. cit., p. 30.
Se peult aulcun fayre essoigner Sans fayre plus essoigner.
Coût, de Norm. en v., p. 89.
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(delwedd C0480) (tudalen 0412)
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— 412 — Essue. V. E issue.
Estable [stable)., s. f., écurie. De stabulum. Étable, en français, ne se dil
plus aujourd'hui que du lieu où logent les bestiaux:. vaches, bœufs, porcs,
etc.
Le destrier ses ciel n'a si bel. . . En l'astable pur sei le met.
Marie, Graelent, v. 355,
A Durand carpentier. . . pour. . . asseoir les râteliers de l'auge en
l'estable des chevaux des escuiers.
Compte de 1451, cité par M. Ch. de Beaurepaixe dans ses Notes et doc. sur la
Norm., p. 14.
Establie {stahlye\ poste, réunion de chasseurs), s. f., com- pagnie de
soldats, cantonnement. Comme le précédent, ce mot dérive de stabulum, lieu où
Ton s'arrête.
Mais nepuroc lor genz conreient. Tant n'icrementne ne s'effreient Qu'il ne
facenl lor eslablies E lor coareiz et lor parties.
Bén., Chron. de Norm., v. 8670.
Cil assaudrenl les cliastels par force d'eslablie.
Chron. de Jord, Fant,, v. 421 .
Establissement {establishment, Cotg.), s. m., institution, ordonnance,
décret, statuts.
Li lai volent aveir lur establissement
El lur us, si cuai ourent, devant eus, iur parent.
S. T/iom. le Mart., p. 4-1.
Leis, dreitures ne jugemenz
Ne nutres establissenienz Ne tendront mais. . .
Béx., Chron. de Norm., v. 26683,
C'est une forme extensive du vocable eslabli dont le sens est identique.
Ne sai vostre lei ne cuntenement Ne ke Jésus en ses establiz aprent.
Vie de S. Auban, v. 177.
Estache istake), s. f.. poteau, pieu, proprement endroit où l'on attache.
£'5^ac/ie, pilier, pilot, Kel. V. Attaquer., taque, taquet.
A une estache l'uni atachet cil serf.
Chans. de Roi., p. 313.
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(delwedd C0481) (tudalen 0413)
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— 413 —
Plusieurs . . . par menues et petites négligences , ont esté balus de verges
à l'estache et rabbaissez de reng de chevalerie.
Al. Chart., Le Quadi-iloguv, p. 445.
Pyller lo do juslyce — eslache.
Palsg., Grain., p. 254,
1. Estage [stage), s. m., phase, période. Du Isii. s tativam, temps d'arrêt,
station ; du lat. stare, être debout. V. Estage, 2 et 3. . "
Ne vus durra, pur sun busuin, en cest premier estage, Acreissement de terre,
ço est en sun languago, Ainz verra si li ferrez amur e cusinage, Cument vus
vus cuntendrez, cum fol u cume sage.
* C/iron, de Jord. Fant., v. 375.
2. listage [stage, relais dans un voyage), s. m., station, ar- rêt, séjour.
Y. Estage, 1 et 3.
Tel fud l'asise le rei Salomon que. . . ces de Israël. . . feissent lur
estage le meis entier.
Les Rois, p. 281.
Parti s'en (est) li reis, à tant n'i fist plus lung estage.
Chron, de Jord. Faut., v, 558.
Estage s'est dit aussi dans l'une des acceptions de son ra- dical statipa,
celle do campement :
En un emplein unt prise lur eslage.
Chans. de Roi., p. 260.
3. Estage [stage], s. m., pont de navire, plancher supé- rieur, tillac. V.
Estage 1 et 2.
Li borl des nefs e li estage Sunt garni e li chastel (gaillard),
Bén., Chron. de Norm., v. 3G14.
d. Estai [stalV 10), s. m., résidence, demeure, séjour. Pur voslre amur ici
prendrai estai.
Chans. de Roi., p. 178.
iN'ai homes en ma terre si vaillant ne si os, Ki là lienge estai ù vos tornez
li dos.
Wace, Rom. de Rou, v. 2598.
2. Estai {stair 10), s. m., poste, siège, place.
Si l'ordenot erraumenl lors Setme deirtcre chardenal. Si lu mist nis en son
estai Sostenirod sei son office.
Vie de S. Grég., v. 694.
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(delwedd C0482) (tudalen 0414)
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_ 414 -^
Estaller (^o stall), v. a., installer.
A dessus de la derraine assiecte desd. geetéez, passeront lon- gues pierres
de greclz. . . pour estaller le navire, quant raestier en sera.
Doc. sur la fond, du Havre, p. 36.
Estamine (staminé*), s. /., chemise faite d'une étoffe de laine grossière,
que les moines portaient sous leurs robes. Du lat. stamen, filament.
Et cole (cagoule) et estamine et un froc en estèrent.
Wace, Boni, de Rou, dans Lacurne.
Estamines e frocs e colles, Uossels, curtiues e tapis.
Vie de S. Gile, v. 2260.
-|- Estamper {to stamx)^ Sherw.), v. a., presser, fouler, broyer, écraser.
Cotgrave donne estamper en ce sens.
Estancher, Estanchier [to stanch), v. a., arrêter. Du lat, slagnare.
E jo i lèverai un altel à nostre seigneir, si estancherad à tant la murine e
l'ocision.
Les Rois, p. 219.
Le verbe a été aussi usité neutralement dans le^ sens de s'arrêter.
Dune veissiez tant beau destrer Desoz lor seignorz estanchier.
BÉN., Chron. de Norm., v. 28422.
Estant (en) [standing), loc. aclj., sur pied, debout. Du lat. stantem. V.
Ster.
Les (forts) fist tous abatre par le conseil dudit mestre Pierre du Tuetre,
qui dit au roy Cliarlez de France que, tant comme les fors seroient en
estant, il n'aroit pais.
P.' Cochon, Chron. norm., p. 149, éd. de Beaurep.
Demourront les dites fourches (gibet) en estant, tant qu'elles pourront
durer.
It^^izii, Comment, du dr. norm.,^ 467,
Estater [to state),v, a., régler, fixer, littéralement arrêter l'état, le
compte de.
Apres cela sont estatez les arrierages des dites rentes seigneu- riales,
foncières et tolerables, etc.
Terpjen, ib., p. 449
-f- Estation {estasion% boutique, échope), s. f., station. Du lat. stationem.
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(delwedd C0483) (tudalen 0415)
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— 415 —
Apres vendras al munt Damne Deu, ù li Philistien uni lur es- taciiuj.
Les Rois, p. 33,
Tant sunt alei qu'il sunt venu Là où erent aresteu Li clerc e la procession :
. Dune refont lor estacion.
Guin,. DE S. -Pair, lioin. du Mont S. MicJi., v. 951. „
Estaulir [lo stalV iO et 11), v. a. établir, instituer. Du lat. slahilire. Al
et au ont une valeur identique, dans la forraa- mation du mot anglais, comme
dans celle du mol normand.
De plusurs fisl ses chevaliers ¥a des aucuns ses cunsselliers, Et les serjau
de sa maisun Estaulil il chascun par nun.
Marie, Fable C6,
Estée (^^ay), s, /"., séjour, se rattache à stare, au sens de demeurer.
Trop par fu l'ovre perillose E al duc mult espoentose Si oriente e issi
redolée, C'unc ni osa plus faire eslée.
Bén., Chron. de Norm., v. 20144.
Apres la feste s'en revunt Mais li dux i fist tant d'estée Que Pentecoste fu
passée Puis est à Roem repairiez, Sainz e joios e bauz e lez,
Id., ib., V. 11544.
Esteement {staying, Sherw.; 5/a?/), s. m. arrêt, repos, A le même radical que
le mot précédent.
Qui n'as repos ne esteement, Qu'airiz est tuz jorz en movenient.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2115.
Esteer {lo stay). v. a., étayer.
Pour esteer la mesonqui est sus la porte de l'entrée du grant chastel de
Bretueil. . .
Compte de 1329, citée par M. Delisle dans les Actes norm. de la Cil. des
Comptes, p. 16.
Estelle {estellacioun*, astrologie), s. /"., étoile. Du lat, stellain. —
Esteille, étoile, astre. Kel.
La lune e les esteiles en la podested de la nuit.
Lib. psalm., p. 211.
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(delwedd C0484) (tudalen 0416)
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— 416 —
Hoc lisant truvum Que Deus fist par raisim Le soleil e la lune E esteile
chascune.
Pu. DE Thaon, Com.put,\. 217.
En patois normand de Jersey, éteille se dit encore pour étoile.
Je n'veis qu'éteilles.
Rimesjers., p. 159.
Estente, Extense {extent), s. f., étendue.
La court deffend à tous les baillifz, vicontes et leurs lieuxte- nans qu'ilz
ne postulent ne patrocim^nt en leurs jurisdiclions ne es metlespouoir ou
estentes d'icelles, sinon que ce fust en leur propre cause ou pour leurs
pareris ou poures personnes, sans salaire.
Ordon. de l'Echiq. de Norm. de 1401.
Ung boys qui est de granl extense.
Le Rouillé, Gr. Coust. de Nonn,, f° xvij v'.
Ester. V. S ter.
Esterlin (sterling), s. m., nom d'une ancienne monnaie. Du bas-lat. nummi
easterlingi., monnaie des Easterllng, c'esl-à-dire des marchands venant de
l'est de TAllemagne. — Esterlingue, pièce de deux sous, liard. Kel.
Maih jo ne suis mie venuz En cest païs od tant d'escuz, Por ses esterlins
réceveir, Maiz sa terre lole aveir.
Wace, Rom. de Roa, v. 11986.
Esterman, Esturman [steersraan, stei^esman* sterisman, Palsg.), s. ni.,
timonier, pilote. Estière elMan.
Detrès sunt li governur
Li meislre esterman li meillur.
Wace, Boni, de Brut, II, 141, var. col. 1.
Assez out odlui chevaliers, Gentes puceles e niuilliers, Esturraanse
marineaus E bachelers cointes e beaus.
Bé.\., Chron, de Norm-, v. 41051.
Esternir. V. É ternir,
Estière [stère, Palsg.), s. f., gouvernail, poupe, arrière du vaisseau. Comp.
to steer, ta stère, gouverner, diriger, et steerage, timonerie, direction, N.
Esterman.
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(delwedd C0485) (tudalen 0417)
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— 417 —
Al estiere vait guverner ; Tant guverna la neif e tint, Le hafne piist, à
terre vint.
Marie, Elidac, v. 866,
Estiker {to stijcke, estocader. Paisg.; stick, bâton), v. a. frapper,
littéralement bâtonner. ''
Tuz les eussent eslikez, ocis e mcîl bailli.
Chron. de Jord. Faut., v. lfr9.
+ Estimation [esUmalion), s. f., estime, opinion favorable V. Pris.
Estimer {lo stim'), v. a., bourrer, battre durement.
Si ne fust de Deu vertuz...
Hors del sen fust afolez
Chauz a val (renversé) e estimez.
Marie, Purg., v. 830.
Estiquette {lickef), s. /"., mémoire, note, compte de fourni- tures ou
de travaux.
And. Varlet (serrurier) pour les parties contenues en son esti- quette; paye
le xviii de septembre (1504), xxix 1. v. s. vi d.
Comptes du Chat, de Gaillon, p. 84.
Estoble. V. Étouble. Estoc. V. Éloc.
Estochier, Estocher {lo stock', frapper ; stocke*, coup, bles- sure), V. a.,
frapper, blesser.
Es chiés (à la tête) devant estochier.
Marie, Yweiiec, v. 293.
Le verbe a été usité aussi sous la forme réfléchie s'estocher avec le sens de
se cogner, se heurter, se blesser en .donnant contre...
Mais s'aucun estoit, par fortune, Noyé ou ars, ou en aulcune Fosse cheu ou
cil s'estoche O'arbres ou de pierre ou de roche, Sans entente de soy occire,
L'en ne doibt mye pour ce dire Qu'il ne soit de loyale commune, Retenir du
sien chose aulcune.
Coût, de Norm. en v,, p. G6.
Estofer (to stu/f), v. o,, garnir.
El quant aux buurses de Caen, il ne s'en faict en autres villes
27
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(delwedd C0486) (tudalen 0418)
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— 418 —
des plus mignafdes, propres et richement estofées de velours de toutes
couleurs, de fil d'or et d'argent.
De Bras. Rech. et ant. de la ville île Caen, p. 26.
-|- Estoire (store, grande quantité), s./"., fiotle.
estoire passa les mers.
BÉN., Chron. de Norm., v. 36343.
Comme flotte (V. ce mot), estoire a dû, dans le principe, exprimer l'idée
d'abondance, qu'on retrouve dans l'angl. mod. store et dans le v. ang. flode\
A une époque postérieure, nous pensons que le sens du mot s'est particularisé
et qu'il n"a plus servi qu'à désigner la réunion d'un grand nombre de
navires, une flotte en un mot.
Estoper. V. Estaper.
Ester. V. Estur.
Estorer. V. Élorer.
Estorie {storie., Slierw. , stonj), s. f., bisloire. Du lat. histo- riom. V.
Historié.
Ne fud unkes engendré huem de tel memorie, Salemun le sage, ne David ke fist
Testorie, Ke mult ne se glorifîad d'aver si grant victoire, Cum cil leur
prometeient ; mes tut fud veine glorie.
Chron. de Jord. Faut., v. 46*, var.
Mais nostre estorie me remembre Ce que ge vi et bien me membre.
Hist. de Guill. Le Maréchal, v. 3885.
Estories (storied, historié), s. f. pL, enjolivement, dessins
historiés.
Cinq aines ont de hait li vaissels, e dous ordres out entur de purtraiture et
d'estories.
Les Bois, p. 254.
Estorie est le subst. d'estorier, peindre, enjoliver.
Molt s'est peneie d'amender, A son poier, e d'estorier La chapele', si cum
l'aveit Al Mont voie par grant destreit. GviLL. DE S. Pair, lioin. du Mont
St-Uichel, v. 3167.
Estormi [storiny, turbulent. Cotg.; stormy, orageux), adj., révolté, soulevé,
insurgé.
Multveissiez grant pople en poi d'ore estormi.
Wace, Rom. de Rou.v. 3688,
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(delwedd C0487) (tudalen 0419)
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— 419 —
Par tôt esprist e arst maneis, Si furent estoriniz Franceis.
Ben., Chroii. do. Norni., v. 35381.
Estortre [ta extort), v. a., arracher. Le mot est fait sur lo lat. exlorlum,
part. pas. de extôrquere^ ôter des mains, obtenir violemment ; d'où le fr.
extorquer.
... Creinstreat que Rou? fust venuz
Sur eus od plus de mil escuz (hommes armés de boucliers),
Qu'onc n'en quida estortre un pez (un pied, un homme).
BÉN., Chroii. (le Norni., v. 5901.
Ce verbe se rencontre encore employé fréquemment comme V. réfl., au sens de
s'échapper, de se soustraire en luttant à un danger.
Vos vos repentirez si Richart s'ea estort.
Wace, Rom. de Rou, v. 2298.
S'ert tut esloigniez f-. partiz El deses enerais estors.
BÉN., Clit'on. de Nor-rn., v. 3821.
Esluerdre se rencontre de même, en anc. dialecte, au sens d'arracher.
Quant le loc (la serrure) volt estuerdre, el puiriz li est chaûz..
5. Thoni. le Mart, p. 189.
Estoteier, Estoutoier {to slotaye*)^ v. a., embarrasser, con- fondre. V.
Esiultie.
Estrangement les estoteient,
Kar bien conntiissent e ben veient
Que rien ne puent perdre od eus.
BÉN'., C/iron. de Norm., v. 283'.8.
Si seront tos estoutoiez.
Wace, liom. de Boa, v. 7822.
Estouble. V. Étouble.
Estour. V. Estur.
Estoutie. V. EsluUie.
Estoutoier. V. Estoteier.
Estover. V. Estuveir.
1. Estrace {exlreat*, slrain*), s. /". , race, extraction, origine,
famille. Du lat. extractum, supin de extrahere, extraire.
.Multest vostre sire bien nez... MuH est gpnîilz, de noble estrace.
BÉN., C/iron. do Norm., v. 1809.
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(delwedd C0488) (tudalen 0420)
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• _ 420 —
Quant un clerc de Caen, qui out non mestre Vace, S'entremist de l'estoire de
Rou et de l'estrace.
Wace, Chron. ascend. des ducs de fiorm., p. 2.
Race ne serait-il pas le même mot qu'es/race, modifié par une aphérèse
semblable à celle qui d^ exemple a fait sample ? V. ce dernier mot.
2. Estrace, Estrac (sentier). V. Étrat.
Estraier (to stray), v. n., errer, vaguer, s'éloigner, s'égarer. De extra, en
dehors, et ire, marcher. L'angl. a encore le subst. esU-ay, épave, en v. fr.
estrayer. V. Cotgrave.
Estraier funtli plus vaillant, Autresi cum li meins puissant.
BÉN., Chron. de Norm, v. 19686.
Cil qui furent al assembler "Virent tant bel escu percier... Tant bon
cheval, tant bon destrer Par mi la bataille estraier.
ÏD.,ib., V. 8681.
Estrain. V. Étrain.
Estran (strand), s. m., toron, cable formé de l'assemblage de plusieurs fils
de caret, tournés ensemble et destinés à sou- tenir les mâts d'un navire.
Dune veissiez ancres lever, Estrans traire, hobans fermer.
Wace, Rom. de Brut, v. 11486.
Estrande {sirand),s. f., rivage, grève. Lur nef acostent à l'eslrande.
Vie de S. Giles, v. 1642.
Estrange {strange}., s. et adj. m., étranger. Du lat. exlra- neutn.
Entre estranges m'estuvera deraurer.
Les Bois, p. 105.
Cestui requiert, merci li crie Qu'estrange ne li seit s'aïe.
BÉN-., Chron. de Norm , v. 11666.
Étrange se dit encore aujourd'hui pour étranger, dans le patois de la
Seine-Inférieure. V. le Diction, de M. Delboulle.
1. Estrangement {slrangely), adv., merveilleusement.
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(delwedd C0489) (tudalen 0421)
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— 421 —
S'il escapast de la bataille. Bien l'en estast ; mais pris i fu ;
Estrangetnent s'ert défendu.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2T12.
2. Estrangement {estrangement; estranging, Sherw.), alié- nation. Terme de
droit.
Les unes de ces querelles naissent de prest, les autres de con- venant et les
autres d'estrangement.
Ane. Coût, de Norm., oh. lxxxviii.
Le texte parle après d'eslragemenl, c'est-à-dire aliénation, et s'entend de
toutes marchandises, soit en gros ou en détail.
Terrien, Comment, du dr. norm.,^. 229.
Estranger {lo estrange), v. a., éloigner, détourner, cacher. De exlraneare,
que l'on trouve dans Apulée, pour externare, rendre étranger. Etranger est
resté français dans le sens pré- cité, mais seulement comme terme de chasse.
Ne estrangera de biens icels chi vunt en nunuisance.
Lib. psalni., p. 120.
Souffrir douleur et ne s'en oser plaindre Et ses souspirs estranger et refraindre.
Al. Chart., Le Déb. des deux Fort., p. 552.
Estre {es Ire*), s. m., situation, état, condition, sort.
Dune nus respit ; manderura nostre estre à tuz ces de Israël. Si poura avoir
rescusse, nus l'atendrum, si nun, nus nus ren- drum.
Les Hois, p. 36.
K pur enquerre bien sun estre, Li a ceo requis e mandé Qu'ainz qu'il s'en aut
de la cité Parout à lui, n'i ait faillance.
BÉN., Chron, de Norm,, v. 7753.
Quant ert abés, l'abit en dut aveir et Testre.
S. Thom. le Mart., p. 23.
Estrecier {lo slrailen), v. a., embarrasser, gêner, littérale- ment mettre à
l'étroit. V. Estreil, élreit,
Li fiz estrange se sunt partid et en lur anguisses serrunl es- Ireciez.
Les Rois, p. 200.
^ Estrée {eslre*, eslrelc\ slreel), s. /"., voie, route, chemin. De
slratam, sous-entendu viam. — Eslreil, eslreat, rue., place pu- blique, Kel.
V. Strae, étrat.
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(delwedd C0490) (tudalen 0422)
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— 422 --
Une raisun lur a dite et mustrée : Venez, païen, kar jo suis à l'estrée.
Chans. de Roi., p. 27'J.
Li mes s'est tost mis en l'estrée.
Bén., Rom. de Troie, v. 4605.
Estreindre {to sti'aine*), v. a., étendre. Du lat. slringere, tirer.
Li malades ki gist envers (couché sur le dos) e esireint ses mains amunt, e
puis laisset chaeir cunlre val, co est signefiance de tuort.
Petit traité de médecine du XIV° s., publié par iMi Bou- cherie, p. 4.
"2. Estreindre [la slrain), ?'. a. . maîtriser, contraindre, con- tenir.
Du même rad. slrinfjere, au sens de tenir soumis.
Puis veissiez heaumes lacier. Ceindre espées, chevaus estreindre.
BÉN., Chron. de Norm., v. 3742.
1. Estreit {streile"), afJv., étroitement. C'est l'adj. eslreit. étroit,
de strictum, employé adverbialement dans le sens du lat. stricte. Y. Etreit.
Cuntre sun piz t'Streit l'ad enbracet.
Chana. de Rol.-V- 183.
Kar la dame ert estreit gardée, Quant cil esteit en la cuntrée.
Maiue , Laastic,\. 49.
2. Estreit (étroit). V. Èlreit.
Estreitement. \ . Etreitement.
Estreper {lostrepe\ to strip), v. a., dépouiller, dévaster, dé- truire Du
lat. e.rslirpare, détruire, au propre arracher, de ex, hors, et stirpem,
racine.
Cist estrepad les vergiers e destruiz les lieus ù l'um soleil
deable cultiver par tute Juda.
Le.s Rois, p. 334.
]\Iès lur champs unt perdu et trestut lur furment, Lur gardins estrepez de
celé maie gent.
Citron, de Joi'd. Fant., v. I'i77.
Estres. V. Aiirc.
Estricher Ha slri/;e\ v. a., amener, carguer les voiles
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(delwedd C0491) (tudalen 0423)
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~ 423 —
Ne lu estut pas estricher, Ne rendre tref ne helenger.
Vie de S. Gile, v. 891.
Estrieu, Estreu, Estriu [stirrup), &. m., élrier. Mot d'ori- gine
flamande.
Son boen cheval fist demander...
Tendi sa main règnes prist. *
Pié en estrieu, de suz s'asist.
Wace, Rom. de liou, v. 12673.
Le pié teneitjà en l'estreu, Quant de ses ganz li resovint,
BÉN., Chron. de Norm., v. 25161. Sun estriu li teneit li reis ;d remunter.
5. Thoin. le Mart., p. 454.
Estrif. V. Èlrive.
Estriver. V. Élriver.
Estrus (à) {slruggle, grand effort), loc.adv.^ à toute force.
A estrus i voleit aler, De lui volt estre edefié.
Vie de S. Gile,\. 1070.
Se vus ne fêtes pès, hui vers lui, à estrus.
S. Thom. le Mart,, p. 21.
Estuble. V. Élouble.
Estnàie {s tiid y) ,,8. m., soin, sollicitude, attention, application. Du
lat. sludmm.
Gantez al Segnur chi habitet en Syon, annuneiez entre les genz ses estudies.
Lib . psalin ., p. 118.
Car il y a mise son estudie.
P. Gring.,I, 152
Estudius, Estudious (sludious), adj.., soigneux de, attentif à. Du lat.
studiosutn, qui s'est dit aux mêmes sens.
Abominables fait suntles estudius.
LiD. des Ps., XIII, 2.
Estudious De garder la cité romaine.
Vie de S. Grég., v.2724.
Estuer, Estuier {lo .sloiv), v. a., arranger, mettre en place, en réserve.
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(delwedd C0492) (tudalen 0424)
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_ 424 —
Samuel cumanda que l'um iiseist devant Saûl le mes real, que il out par
purveauce cumandé, que à Saùl fust estué.
Les Bois, p. 31.
Ce que dam le Deu lui estuie Ne perdra pas, ne dreiz n'en est.
BÉN., Chron. de Nortn., v. 21869.
Estuerdre. V. Eslortre.
Estuinc, Estuin (studding-sail), s. /"., bonnette, petite voile qui
s'ajoute aune autre, pour présenter une plus large surface au vent.
Ne lur estoet muverlur greie, Ne n'i out la nuit lof cloé, Estuinc trait ne
tref gardé.
Vie de S. Gile, v. 884.
Estuins ferment et escotes
Et font tendre les cordes tôles.
Wace, Rom. de Brut, v. 11508.
Estult. M.Esluz.
Estultie, Estoutie Iskmthj, intrépidement, bravement), intré- pidité,
bravoure, valeur allantjusqu'à lafolie.Du lai.stidlîtiam, imprudence, folie.
V. Estuz, estutement.
Vasselage (courage) ad e mult grant estultie.
Chans. de Bol., p. 126 El duc Guillame vindrent andui par estoutie.
Wace, Rom. de Rou, v. 230i.
Estupe {s(iipe'), s. /"., morceau'de linge, que l'on plonge dans un
médicament, pour rappliquer sur une plaie. Du lat. slup- pam, étoupe.
E quant vus l'avez ben lavée (laplaie), muUez estupes en albun del of, si
metez desure.
Pec. traité de méd. du XIV* ^., publié par M. Boucherie, p. 6.
Estuper, Estoper (tostop), v. a., arrêter, fermer. Du bas-lat. stuppare,
boucher avec de l'éloupe, de stuppam, étoupe.
Tûtes lur funteines estuperez e tuz lur champs de pierres cli- verez.
Les Bois, p. 453.
Autre fumes enserré, Pris, retenu e estupé, Cum qui nos eust clos de mur.
Bén., Cliron. de Norm,, p. 1739.
Quand virent si lur veie totes parz estopée.
S. riiom. le Mnrr.,i>. 189.
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(delwedd C0493) (tudalen 0425)
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- 425 —
Estur, Estour {stoure^}, s. m., lutte, mêlée, combat. Es- lormi.
Là vit li rpis si merveillus estur.
Chaii.>>. <lo noL,p. 216.
Mais tant vos di bif^n senz mentir
Fieres batailles, fiers esturs, *<
Fisl dux Reiniers od lui plusurs.
^tfi. , Cliron. de Norin. , v. 2618.
Souvent me livre granz estours Desmesurée pensée.
Raoul de Feurières, Clians., p. 10.
Ausquels soustenans ses estours N'est home à ra3'(le couru, Purgrans
cliemiiis ne par deslours Qui de rien leur ait secouru.
Robinet, La Complainte des bons Français, citée par M. Puiseu.x, dunsV
Émigration normande au XV' siècle, j>.9d.
Esturdi (sturdy), adj., hardi, brutal, grossier.
Jà vodrunt la ville asaillir E desi que as portê>s venir , Eliduc a la
noise oie De la geut qui eslurdie.
Marie, Eliduc, v. 151.
Esturman. V. Esterman.
Estutement (stoully), adv., intrépidement, témérairement, avec un eourage
aveugle. V. Estuz, estuliie.
Dunt reparlèrent li chevaler Que venu erent de ultre mer Estutement.
Vie de S. Tliom. de Cantorb., \. WH.
Estuveir, Estover (estovers ; slover'). s. m., moyens de sub- sistance,
aliments, provisions.
Bien avérât Sun estuveir.
Marie, Eliduc, v. H30.
Et tant cum li pleist soujourner Li reis li fel asez trover Soun estover.
Vie de S. T/iom. de Cantorb., var. p. G21, c. ii.
Estuz, Estult (s^i<r, slout), adj., brave, vaillant, courageux. V.
Estuliie, estutetnenl.
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(delwedd C0494) (tudalen 0426)
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— 426 —
Fort e estuz fu li vilains.
BÉN'., Chron. de Sorm., v. 3819.
Héraut out grant pople e estult.
Wace, Rom. de Hou, v. 12913.
Esvarir (s') {to evanish), v. réfl., s'évanouir.
Si tost cura Deu li out ço dit, Ke devant sa f.ice s'esvanit.
Mabie, Purg.,v. 327.
-j- Eswarder, Esguarder, Esgarder (to sware*4),v. a., exa- miner, considérer,
résoudre.
Preiad lui que fesist les seignurs asembler ; E quanque il voldreient entre
aus eswarder Qu'il deust al martir e faire e amender, Volentiers e de gré le
voldx'eit graanter.
S. Thom. le Mart., p. 210.— Append.
Tes mandemens esguardoe ; pur iceo haï tute dente de men- çunge.
Lio. des Ps., CXVIIi; 104.
A nul fuer ne pot escliiveir Iço que la générante Communaument ot esgardé.
Vie de S. Grég., v. 818.
L"on trouve en anglais le verbe to aware^ dont le sens est à peu prés le
même et qui ne diffère du nôtre, quant à la forme, que par la substitution du
préfixe a au préfixe es ; tous deux se rattachent au même radical ward. V.
Warder, ivarler, Quarde^ guarder.
Esgarder s'est dit aussi en ancien dialecte, pour regarder:
Que quor d'orne ne sot penser, N'oreille oïr, n'oil esgarder.
BÉN., Chron, de Norni., v. 8352.
I Esgarde ses trésors.
GuiCHAUD DE Beaulieu, Semiun, p. 17.
Le patois normand use, dans le même sens, du verbe er- garder.
Ergarde dreit devant té.
Rimçs jers., p. 7.
Étage {stage), s. ??i., scène, théâtre. Du lat. stativum.
Le Comic tout ainsi sur l'étage fera
Conter ce qu'au couvert l'amoureux fait aura.
Vauq. ue la Fkesn., Art poeti'/ue, II, p. 55.
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(delwedd C0495) (tudalen 0427)
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— 427 —
-f- Étampe [stamp), s. f.. empreinte en creux, faite avec une tige de fer
rougie au feu, ayant à l'une de ses extrémités des lettres en relief. Cette
marque s'applique ordinairement sur les futailles, les chaises, les
ustensiles en bois, etc., suscep- tibles de déplacement. V. Élnmper.
-\- Étamper [to slamp), v. a-., marquer d'un élamjic. V.ce mot. «"
-\- Étanchon (slnnchion), s. m., étançon. D'oii le verbe de patois
élanclionner, étançonner, en ancien dialecte extanchon- nier.
Lesquelles (barques), par force de mer, pour ce que estan- (cUonnierz
n'estoient, hurtoient et fi'apoient l'une à l'autre, <4 e^- toienl
fendues, par quoi la mer y entroit.
Mand. de 1350, cilé par M. Dolisle, dans les Actes noriii, de lu Cl(. des
Comptes, p. 420.
-\- Étanperche, + Étanperque {slan<j, perche), s. /", grosse perche,
utilisée souvent comme étai. Cotgrave donne, comme mot français, eslamperche^
avec ce sens.
Dans l'Index des chartes normandes publié par M. Léchaudé d'Anisy, Mém. de la
Soc. des Anl. de Norm. (année 1834), il est fait mention, t. VllI, p. 399 de
ces Mémoires, d'un ordre de M. de Bourgueville, lieutenant du bailli de Gaen
au receveur de cette ville, en date du 28 mai 1540, enjoignant de payer à
l'exécuteur des sentences criminelles... 10 sols pour avoir dé- capité un
criminel ; <- item, 10 sols pour avoir mis sa tête à une esteniperclie sur
le Pont-Frilleux. »
Dans la citation suivante le mot est employé au figuré pour désigner une
femme de taille élevée et très maigre.
Ouïr avait d's iers coum' des perdrix, Un nez si long qu'il'tail d'ernurque.
Des c'veu.x qu'étaient couleur d'suoris ; Ch'était une tristi'e étaraperque.
Lu yotœ. annale (Jersey, 1875), p. 8.
+ Éteille. V. Esleile.
-\- Etente {tenter) (1), s. /"., séchoir en plein vent.
Eternal {eternal), adj., éternel. En prov. et en esp.,r?^enm/; eu
\\-à\.,eternale\ du bas-lat. œlernalem ., un lat. œternwn.
(1) Voir ce qui est dit plus haut à Emeut, louchant semhlahle aphérèse, à la
note.
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(delwedd C0496) (tudalen 0428)
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— 428 —
Que les unes sunt eternaus E les autres sont temporaus
Bén., Chron. de Norni,, v. 2135.
Eternir (to strew^ épandre, étaler), v. n., étaler la litière. Du lat. slernere,
qui a donné au vieux français esternir (Cotg.), dont le sen.s est le même. Le
mot est usité en patois de la Seine- Inf. —V. le Diction, de M. Delboulle.
Retenue du logis pour loger leurs fains, feurre pour faire leurs lits et
esternir leurs chevaux.
Bail de IJ^l, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses Notes et doc. sur la
Norm., p. li.
+ Etoc (stock), S. m., tronc d'arbre, souche. En tudesque, stock.
Le 7 décembre 1555 arriva père Richard Charles et ung aultre cordelier de
Vallongues, qui venoyent devers raoy pouravoyi- deux ou troys estocz de
chesne.
Journ. du s. de Gouberville, p. 577,
Desus son etoc branchu, De trois autres mi fourchu... Je vi se nicher
l'autr'hier Une tourtre e un ramier.
Vauq. de la Fresn., Forest., I, 12.
+ Etorer ito st07-e),v. a., pourvoir, gratifier, enrichir, em- bellir, munir.
Du lat. staurare. L'on dit en patois, d'une femme qui entre en ménage,
largement pourvue de linge, de vêtements, etc., qu'elle y entre bien étorée.
Fist Jumeges e estora.
Wace, Rom. de liou.v. 342,
Si lor enjoinst en penaance L'apostoiles (le pape) qui, à lor vies,
Estorassent deux abeies.
BÉN., C/iron. de Norm., v. 35154.
Le verbe restaurer, estorer ou embellir de nouveau, est seul resté dans la
langue, laquelle avait aussi le substantif eslore- mens, mot que Lacombe,
dans son Diction, du v. lang. fr., définit « toutes sortes de meubles d'une
maison t. Ce substan- tif se trouve aussi en patois normand.
Vous n'erez donc, pour votte etorement, Les biaux mireux découverts sur la Seine.
D, Fer., Muse norm., p. 414.
+ Étou. V. Itou.
-\- Étouble (slubhle), s. m., éteule, chaume qui est resté attaclié au sol
après la moisson. Du lat. stipulam.
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(delwedd C0497) (tudalen 0429)
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— 429 —
Si cume estuble devant la face del vent.
Liù.p.talni.,p. 118.
Dès l'entrée des estobles, si qu'à la seint Micliiel.
C/i. de 1260, citée par M. Delisle dans VAyric. en î^orin. du. morj. âge, p.
244.
Et l'autre cueult après, aiilciins herbages ou estoubles sur le dict
héritage.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Nonn., f° cv r. '"
En bas-lat. slubulam.
Tune porcos non expediet custodire, nisi tôt tantun» qnot ex stabula, tempore
auturnnali, cum aliquibus minutis grangiarum exitibus poterunt confoveri.
Fleta, 1. II, ch. lxxx.
+ Étrain {slraw}, s. m., paille. Du lat. stramen. Estrein, es- train, paille.
Kel.
Li mont ke Rou sonjoitert d'oisiax si garnis...
Estrains e rainz (brindilles) portoient, sis'aloient muchier.
Wace, Rom. de Rou, v. 991.
Noef vins garbes d'eslrain, c'est asavoir sexante de formentes...
CIu de 1299, du oartul. de S. Wandrillc.
D'eslrain et de chenevote Se chauffoit tous les hyvers : Il eust vendu
volontiers La graisse de sa calotte.
J. Le Houx, Vaux de Vire, I. p. 48.
Un lict d'chiques (chiffes) et d'étrain.
Rimes g lœrn. , p. 86 .
-j- Étraquer [to track) (1), suivre à la trace), v. n., suivre la trace d'un
animal sur la neige, jusqu'à son gîte. V. Élral, trac, tracer^ tracher,
détraquer.
Le 24 décembre 1553, il estoyt encore fort neygé. Symonnet fut . tout seul
estracquer et prinst deux lièvres. Cantepye, Douart Gardin,... furent presque
tout le jour à estracquer à la forest et ne prindrent rien.
Journ. du s. de Gouberville, p. 61, éd. Ant. de Normandie.
J'ay au talon des engelures, Par quoi je ne puis plus trotter ;
(1) Dans le passage du normand à l'anglais semblable aphérèse n'est pas rare.
Voir à EmiU.
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(delwedd C0498) (tudalen 0430)
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— 430 —
Prises m'ont les froidures, En allant étraquer.
Ane, chans. norm., publiée dans Le Mortainais, 20 déc. 1859.
+ Étrat {strate\ Irack) (1), s. w., sentier, voie. Se dit par- ticulièrement
du passage frayé dans la neige, en y marcliant. V. Étraquer.
Les anciennes formes dialectales du mot sont estrace, es- trac.
Tes estraces ne sunt coneûdes.
Lit', dvs Ps., Lxxvi, 19.
Ne forsveient pur chose averse, ne pur prospérité; tienent la dreite
estrace...
Les Rois. p. 22, Comment, du trad.
Se séparèrent. . . pour aller chercher de tous costez leur avan- tage sur los
Anglois, et tant chevauchèrent qu'ils tro\ivenl leur estrac et leur piste.
Al,. Chart., Hist. de Ch. VII, p. 195.
Il commença à neger ; on eust peu suyvyr ung lièvre à l'eslrac.
Jcmi'ii. du s. de Gouberoille, p. 801.
-j- Étreit {slreil', slrait), adj., étroit. Du lat. striclurn. — Eslreyle,
slreyle, resseré. Kel. V. Eslreit, estrecier, éireite- menl.
Cist lieus ù nus manuns odtei, est estreiz.
Les Rois, p. 365.
Parmi une estreite fenestre.
Marie, Yœenec, v. 111.
L'quet des deux qu'mins choisiront i ? S'ra-ch' l'étreit ou ben l' large ?
La nouv. amiaie (Jersey, 1873), p. 4.
Entreiz par la porte étreite.
MET., .S. Matth., ch. vu, v. 13.
L'influence du dialecte normand était encore tellement puis- sante au XV1I«
s., dans la langue parlée, que certains écri- vains crurent pouvoir adopter,
pour quelques mots, les formes de ce dialecte, dans la langue écrite. C'est
ainsi que La Fon- taine a écrit étrel, étrèle, pour étroit, étroite. (Fables,
111, 17 ; IV, 6): craitre, pour croître {Ib. XI, 1); drète, pour droite. {Le
cas de conscience), etc.
(1) Même remarque que celle consignée eu la note précédente
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(delwedd C0499) (tudalen 0431)
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— 481 —
-J- Etreitement [straitly), adv.^ étroitement. — Eslreclemeut. streytement, à
l'étroit. Kel. Ètreit^ eslreit.
Cil ki el gouvernail s'assist, Estreitetnent al vent se prist.
Wace, Rom. do lîou, v._14980.
Dune verrez Robert de Vaus estreilement aler (d'un pas serré).
Citron, de Jord. Fant , v. (121. ^
4" Étreitesse {strailness), s. /"., état de ce qui est étroit.
Palsgrave {G^'cinun., p. Ml) donne, dans le même sens, esireis- ><eur,
comme mot français. — Élroilesse manquait au français; le mot n'a été admis
par l'Académie que dans la dernière édi- tion de son Dictionnaire, publiée en
1877. V. les deux mots qui précèdent.
+ Étrivard {striver), adj., hargneux, querelleur. Gotgrave donne estriveur,
en ce sens, comme mot français. V. les deux mots suivants.
-|- Etrive [slrife; strive*).,s. f., démêlé, conlestalion, désac cord. V.
Élriver, étrivard.
E pur l'estrif ke il remaine,
Ke l'un de'l'allre ne s'en plaigne,
Wace, Rom. île Rou, v. 5584.
Entr'eux eurent estrife guerre.
Marie, Eliduc, v. 90.
-j- Etriver {to strive), v. «., causer de l'ennui, disputer, gourmander. Du
celt. slrif, striv, querelle. V. Etrive.
Forment les oï<siez daneschier e crier, E encunlre Richart durement
estriver.
Wace, Rom. de Hou, v. 5125.
Si a le munt toz tens duré, Qu'eissi contendent et estrivent
BÉN., Cliron. de Nonn., v. 32051.
En tout temps, esté etyver, Volluntiers je laboureroye D'accort, de haict,
sans estriver; Je y prends soûlas, plaisir et joie. Ane. chans. noria.,
publiées à la suite des Vauœ-de-Vire, de Basselin, éd. Dubois.
Ce verbe, précédé de faire., est d'un usage fréquent en Nor- mandie. « Faire
e'/n'yer quelqu'un », c'est le contredire à tous propos, pour des vétilles.
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(delwedd C0500) (tudalen 0432)
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— 432 — Tu me fais trop étriver.
L. Pktit, Muse norm., p. 27.
Et pour étriver les garces (les filles).
La nouo. annaie (Jersey, 1874), p. 23.
+ Étumber {la slumble, rencontrer par hasard), v. n., coïn- cider par le
temps, arriver par hasard à un moment, à une époque déterminée. « La foire
étumhe un dimanche. » « J'ai souscrit deux billets, qui, sans intention,
étumberont à la même date. » — Ce verbe est aussi usité sous la forme réflé-
chie. « Cela s"étumbe bien s veut dire « ceci arrive à propos, »
Eurif, Eurible. V. neiirif.
Évacué {evacualed. Sherw.), adj., anéanti. Du lat. evacuare, que Ton trouve
dans S. Jérôme, avec le sens d'annuler, sup- primer, anéantir.
Leur espérance (celle des Juifs) est évacuée, et leur créance vaine, pour ce
qu'ils n'ont voulu humilier leur sens au vrai en- tendement des escriptures.
Al. Cuart., l'Esp., p. 342.
Évader {to évade), v. a., esquiver, éviter, échapper à.
De lamenter suis très lasse. Que courroux ne puis évader. L'HLst. de la
Coiicep.. dans la Concept. .V. D. de Wace, p. 163.
\
Tu évades les misères que je seuffre chacun jour.
Al. Chaut., Le Cariai, p. 392.
Et parce poinl maint péril évadoit.
P. GniNC, Œuis.. I, 27
Évent (evenl), s. m., dénouement d'une pièce de théâtre, d'un poëme, etc. Du
lat, evenlum, issue, dénouement.
Puis, qu'est-il rien de plus beau qu'une aigreur adoucie, Par le contraire
event de la péripétie ?
Vauq. de La Fress., ArC poét., III, p. 88.
Évidence (évidence), s. /"., preuve, déposition, témoignage, témoin.
Sur quoy appoincté fut que les registres anciens et de l'Eschi- quier seront
veus et que les parties produiront teles escriptures et évidences qu'ilz verront
bon estre, en la fin dudit Eschiquier.
Ordonn. de I'ilcJl. de Norm. de 1453, concernant l'év. de Lis,, cit. parM,
Quiclieral, ///.5-f. lie Cli. F//, par Tli. Basin, IV, 203.
I I
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(delwedd C0501) (tudalen 0433)
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— 433 —
-|- Evrédin (*o>-eerfe/t (1), insensé; ioandering, égarement; divagation,
course errante), 5. m., coup de tête, idée fantasque, frayeur irréfléchie.
I s'avisent, non ne sait trop par quil évrédin, De nos faire une cauchie et
de trébùqui des sous.
Rimas jers,, p. 23.
Mais, pour un evretiii, y quitte, à l'abandon, Les chanteux.
D. Feu., Musc norrn,, p. 39.
Ewe {ewer, pot à eau ; eaves. larmier, bout des toits ; evet, salamandre
aquatique, mouron d'eau ; to eave\ dégeler ; Eivnre\ le Verseau (verse eau),
en lat. Aquarius, en angl. Water-bearer, littéralement qui apporte l'eau)
(2), s. /"., eau. De œva, eau, forme fort ancienne dans la basse
latinité : Lapis tune in œvis fluvii mit. — Aive, yve, eau. Kel. - Kelham
donne aussi pour équivalent au mot français eaux le mot an- glais exoes. Le
subst. fr. évier vient de là.
Balaines e tûtes les choses qui sunt moiies es ewes, beneissez al Seignur !
Lib. psalm., p. 249.
Prendrai pur ço mun pain e ma ewe.
Les Rois, p. 97.
Ewels {even), adj., égal. Du lat, œqualis. V. Igaus, Ywel (Per).
Ewels al Perre selunc la divinité (^Equalis Patri secundum di- vinitatem).
La comune fei, verset 33, dans le Lio. des Ps., p. 291.
Ewette. V. ffive.
(1) V. ce qui est plus haut à Emeut, touchant semblable aphérèse.
(2) Ce signe du zodiaque, par suite de la révolution annuelle de la terre,
est en effet parcouru par le soleil, à l'époque où généralement les pluies
sont le plus abondantes, c'est-à-dire approximativement du 20 janvier au 19
fé- vrier, période qui correspond exactement au cinquième mois du calendrier
républicain, le mois de pluviôse.
Philippe de Thaon, parlant du signe du Verseau, sous le titre De Aquario
allegoria, dit :
E puis qu'il vint la sus Fut il aquarius Que evus (humide) apelum En
franceise raisun.
Comput, y. 1795. Signalons, à cette occasion, l'étymologie donnée par M.
Littré du mot Ver. seau, étymologie certainement inexacte et qu'il était
cependant facile de trouver, en divisant simplement le mot (verse eau).
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(delwedd C0502) (tudalen 0434)
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484 — Ex. V. lelz.
Examen {examen), s. m., interrogatoire d'un prévenu, d'un témoin, etc. Terme
de droit. V. les deux mots suivants.
Le 5 mai 1557, Gantepye fut à Sct-Pierre-Eglise pour fera exa- miner des
tesmomgz pour Marguerite Berger contre Nicollas Levesque... Le lieutenant
Esgremont, qui debvoyt fere l'exa- men, ne se trouva poinct. . .
Journal du s. de Gouberville, p. 348. éd. des A. de N.
Et fut leur examen cassé et adnullé et ordonné que lesdits tesmoins seroyent
tout de nouveau examinés.
Terriens, Comment, du dr. norm.,'p 385.
Eaminateur {examine?')., s. m., juge d'instruction, magistrat qui interroge,
qui fait une enquête. Terme de droit. V. Exa- men, examiner i .
Est ordonné que les parties contre lesquelles enquestes se fe- ront, soyent
appelées à voir recevoir et jurer tesmoins, . . Autre- ment seront les dites
enquestes nulles, et auront les parties leur recours contre les examinateurs
qui feront les dites enquestes.
Teurien, ib., 385.
i. Examiner {to examine)., v. a., interroger, en parlant d'un prévenu, d'un
témoin, etc. Terme de droit. Du lat. examinare, peser, mettre en équilibre.
V. les deux mots qui précèdent.
Ce faict les xij. (experts) sont envoyez à part, pour eux con- seiller
ensemble, et, au retour de leur conseil, viennent devant le juge ; et sont
les tesmoings de certain premièrement examinez chascun de ce qu'ilz sçaivenl
en la matière. Puis les gens d'en- queste sont examinez , qui font leur
rapport par la bouche de l'un d'eulx.
Ordon. du. Pari, de JS'orm., de 1515.
Si les tesmoins sont examinez en secret sur faicts rédigez par escrit , il
est accoustumé de prendre v. sols pour chascun tesmoin.
Terrien, loc. cit., p. 71.
Si autem juratores minus bene examiaati obscure dixerunt vel ad interrogata
non responderint. . .
Fleta, 1. V, ch. xxn, 10.
2. Examiner {to examine, Sherw.), v. a., décourager, acca- bler, éprouver. Du
lat. examinare, consterner, inquiéter, litté- ralement ôter la vie. Examiner,
dans cette acception, est dit par métathèse pour exanime7\
La durée de cette playe fut longue. . . atin. . . que Dieu resti-
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(delwedd C0503) (tudalen 0435)
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- 435 —
tuast (pourvût) sa terie de peuple tout nouvel, examiné par adversité.
Al. Chart., l'Esp., p. 321.
Excogiter {to excogilale), v. n., réfléchir, penser.
Apres avoir longuenient excogité et pensé en son entende- ment, elle se
délibéra.
Nouv, fahr. des excci, tr. de ver., p, 147*
+ Excveissance {excrescence), s. /"., excroissance. V. d-eit, creiire,
creissanl.
Excusaciun, Excusatioa (excusalion'), s. /"., justification, excuse,
motif d'excuse Du lat. excusalionem. Excusation, excuse. Kel. V. Excusement.
iNe décliner mun cuer en paroles de malice, à excuser excusa- ciuns en
pecchez.
Lib. psalm., p. 219,
Ton inconstance ne doit estre dicte moindre que la mienne, et ton excusation
moins recevable, de tant comme ton sens et ton auctorité est greigneur.
Ai.. CirART., Le Qiiadrilo(/ue, p. 432.
Excusement, Escusement (excusemenl") , s. m., excuse. V. Excusaciun.
IN'ount pas ici verrai escusement.
Pocs. aiiglo-Horin., recueillie pav M. Ueyev, BulL do la Soc. des nue.
textes, I8S0, p. 71.
Ceulx (les délais) sont denyez, où il n'a aulcune droite cause de excusement.
Ane. Coût, de Norm., cb. xxxvii.
Exécuter, Exécuteur (execiUor) , s. m., exécuteur testamen- taire. Terme de
droit.
Des quix biens ledit mestre Richarl, comme executor, a pledié contre ladite
famé devant l'official de Baïex.
Sentence des Coniiniss. en la BailUe de Caen, .ail. 81.
Se aulcun demandoit dix solz ou aultre somme à lexecuteur du défunt, qui les
doibt pour aulcune cause, que l'exécuteur n'en fust tenu respondre en court
laye.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm. P ex r°.
Exemplifier {lo cxemplify), v. a., donner en exemple, mon- trer par un
exemple.
Pour proufiter à soy et exemplifier aux autres.
Al; Chart., l'Esp., p. 334.
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(delwedd C0504) (tudalen 0436)
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— 436 —
Item, le texte, en exemplitiaut, met : « Se Pierre a quatre frères et une
seur, etc. »
Le Rouillé, loc. cit., ta x\\ ro.
Exeques (exequy*), s. f. j)l., funérailles , obsèques, convoi. Du lat.
exsequias.
Pour occasion d'une voix qui fut oye à Paris es exeques d'un escolier.
Sous-titre de la xiv pièce de poésie comprise dans les Petits poèmes du Mont
S. Micitel, p. S6.
Il assiste à l'exeque du trésorier La Guette.
Journ. du s. de Gouberville, p. 805.
Exercitaciun {exercitalion), s. f., habitude, action, médita- tion. Du lat.
exercitationem, exercice d'esprit.
Guntrestez sui en la meie exercitaciun.
Lib. psalm., p. 71
Exoinié [essoined)^ s. m. , celui qui a fait invoquer une excuse. Terme de
droit. V. Essonieew, essoine, essonier.
Quand l'exoinié vient à court, il doibt avoir avec soy ses exoi- neurs, afin
de vérifier les exoines qu'ilz ont apportées, selon ce qui est acoustumé en
ce cas.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., t° xliv r*.
Expectation (expectation), s. f., attente, espérance. Du lat. expectationem,
curiosité, impatience.
Il congneut par sapience la certaine expectation des biens du ciel.
Al. Chart., YEsp., p. 334.
Expeller {to expel) , v. a., expulser, chasser. Du lat. expeikre.
Pour expeller et extirper les brigans et autres ennemis et ad- versaires.
Chron. du Mont. S. Mich., I, 265. Pièces div.
. . . Car jamais nul n'expelle Qui bien le sert.
J. JoRET, Le Jardrin salut., p. 120.
Experiment (experiment), s. m., expérience. Du lat. experi- mentum, essai.
La divine éloquence dudict Virgille te vaudra experiment.
Al. Chart., l'Esp., p. 272.
Le mot est ancien en dialecte normand.
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(delwedd C0505) (tudalen 0437)
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— 437 -
Si réfrènent li dux ses genz Par naerveillos esperimenz.
BÉN.,Chron. de Norm. v. 7448.
Explanation (explanalion)^ s.f., explication, éclaircissement. Du lat,
explanationem, interprétation.
Contre la quelle tentation. .. saint Augustin composa le liyre de la Cité de
Dieu, et Laclance escrivit le volume des Divines Institutions, aus quels tu
pues avoir recours, en l'explanation de ceste matière.
Al. Chaht., ib., p. 348,
Exploictier ( to exployt, Palsg. ) , v. a. , appliquer. V. Espleler.
Ay (si) long temp travaillé et foulé mon petit entendement, que je ne le puis
exploictier à choses dont me viennent liesse et confort.
Al. Chart., ib., p. 263.
Exploitable {exploitable, Sherw.) , adj. , saisissable , qu'on peut saisir.
Terme de droit.
Si l'obligé bailloit ou monstrait biens meubles et exploitables, il seroit
raisonnable que le sergent commençasl par la vendue des dits meubles.
Terrien, Cmtnent. du dr. norm., p. 436.
Exploiter {to exploit*), v. a., exécuter.
Toutes lettres royaux, si elles ne sont exploitées dedans l'an et jour, sont
de nul effet.
Terrien, ib., p. 724.
Exploter {to exploit").^ v. a., s'acquitter de.
Pour porter lettres à tous les sergens, faisantes mencion que briefment l'en
ceuUit (recueillit) et explotast l'argent du subside ou aide de l'ainznée
fille monseigneur le duc, iiii. s.
Compte de 1,349, cité par M. Delisle, dans les Actes norm.. de la Ch, des
comptes, p. 382.
Exquir, Esquerre {to esquive*), v. a., demander, chercher, rechercher. Du
lat. exquirere.
El jurn de la meie tribulaciun Deu exquis.
Lib. psalm., p. 102.
Lendemain vindrent li Pliilistien pour cerchier e esquerre les morz.
Les Rois, p. 119.
Extendre {la extend), v. a., étendre. Du lat. extendere.
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(delwedd C0506) (tudalen 0438)
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- 438 —
Gaen... ne s'extendoit anciennement que au quartier de la paroisse Saint
Estienne, que l'on nomme encore de présent Saint Eslienne le Vieil.
De Bras, Hech. et ant. de la ville de Caen, p. II.
Les seigneurs bas justiciers, eu extendant ce pouvoir, ont ac- coust*mè de
lever aussi bien xviii. sols i. denier d'amende.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 88,
Extense. V. Estente.
Extoller {lo exlol) , v. a., exalter, louer, préconiser. Du lat. extollere.
Monsieur Postel, Monsieur Postel, C'est bien raison qu'on vous extoUe Et
qu'on vous donne un los tel, Que vostre bon bruit partout voile.
Sat. norm., citée par de Bras, /6., p. 48
Exuler, Exuiller {lo exulale), v. a. , exiler , bannir. Du lat, exulare.
Les exukz fist reapeler,
Ke Harold out fait enchacer.
Ed. le Confess., v. 49-1, flans LiUré.
De parais les ruva ambesdeus exuiller.
Vie de S. Auban,v. 109.
+ Eyer {lo eye), v. a., regarder, voir, observer.
-|- Fabin (fahbin*, flatteur), adj., hypocrite, menteur, déla- teur, espion.
L'on dit aussi flabin, dans le même sens.
Fableir, Fabler {lo fable)., v. n , dire des fables, faire un récit fabuleux,
mentir. Du lat. fabidari, faire des contes , mentir, — Fabloir, conter des
histoires. Kel,
Israël iert à tules genz à respil dunt il eni purrunt fableir.
Les Bois, p. 268.
Mais ce vunt fablanl ça genz laie, (Jue la mare Huusniare out non. Pur
solement tant d'achaison, Qu'enz jeta plein boceau de vin.
Bex., Chron. de Norm., v. 7441.
Fableur {f'ahlcr), s. m., inventeur de fables. Du lat. fabu- lator.
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(delwedd C0507) (tudalen 0439)
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- 439 - Autrement le dit fableur est mentant.
Vie de S. Aubnn, v.833.
Face ifoce), s. /"., apparence. C'est l'une des acceptions de faciès,
radical du mol.
N'est si grande erreur à qui impression de paroUe continuelle ne donne face
de vérité. „
Al. Chart., VEsp., p. 348.
Fâche {fask*)^ s. /"., trouble, embarras, désagrément.
. . . Quelconques raisons qu'on saclie Qui font au requérant fâche.
Coût, de Norm, en v., p. 128.
Fachon (fashion) , s. f. , façon, manière , genre. Du lat. factionem.
Famé li donrai, gente e de bone fachon.
Wace, Rom. de Bou, v. 1857.
Rente que il (le vigneron) doit, pour estre quitte de la fachon de la vigne,
au priour.
Compte de 1331, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 34.
Veis-tu bien ma fachon n'est point dé pu chelive.
L. Pet., Muse norm., p. 7.
. . . Votre adresse fait allusion
A quiqu's chansons de ma faichon.
Rimes jers., p. 71.
Facteur (factor)., s. m., agent.
Pour ce se fist honorer et reputer par ses alliez et facteurs.
Al. Chart., VEsp., p. 350.
Item, la desraine que l'en procède sur ses facteurs, recheteeurs,
deffensenrs...
P. Cochon, Citron, norm., p. 140, éd. de Beaurep.
Fade {fade), adj., triste, mélancolique, accablé, peiné.
Combien qu'assez vous m'avez diz Que, quand vous estes nn vo lit, Vostre
cueur tressault, tant est fade. Mais je cuide bien qu'il se rit, Ou, s'il a
mal, il est petit, Car vous n'estes pas si malade.
Al. Chart., Di(d. d'un am. et de sa dame, p. 788.
+ Fafiner [to faffle*)^ v. n., plaisanter, folâtrer, badiner.
Ch'esl pour vair, sans fafiner, l.e mireux d'une demoiselle.
D. Fer., Muse norm., p. 468.
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(delwedd C0508) (tudalen 0440)
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— 440 -
Faillance [failing) , s. f., faiblesse, défaillance, état de ce qui fait
défaut. Y. Faille.
Il set bien la vérité enfin e senz faillance.
Citron, de Jord. Fant., v. 1257.
N'i a eu nul leu faillance.
Bén., Chron. de Norrn., v. 7872.
+ Faille (fail; fayl. Palsg.), s. /"., faute, omission, erreur. Du lat.
fallam, dit pour fallaciam, de fallere. V. Saunz.
Ceo me dit l'estorie, senz faille, Que mult perdirent icel jur.
BÉN., Chron. de Norm., v. 3836.
D'or esmeré bien fait et fins,
Le voir vus en dis jeo, sans faille.
Marie, Lançai, v. 62.
Le patois use aussi du diminutif faillette, au sens de feinte, + Failli
ifayly), adj., misérable, lâche, traître.
Mielz valt filz à vilain qui est preuz el senez. Que ne feit gentilz hum
failliz et débutez.
S. Thom. le Mart., p. 89.
Mais les failliz couardz fendirent Les renez, quant à fuite tendirent.
Al. Chart., Le liv. des Quatre-Dames, p. 667.
De bourdonnant ministre ou de failli prêcheux.
La nouv. annale (Jersey, 1874), p. 5.
Va, lu n'es qu'un failli piant !
Met., Diction. franco-norm.,^. 221.
+ Faindre. V. Feindre.
Faint. V. Faynt.
Fainti {fainly'), adj., mou, sans énergie, pusillanime. V. Feindre, feinlise,
faynt.
Et seront ceulx faintiz prouvez, Qui sont faulx amans esprouvez.
Al. Chart., Le lie. des Quatre-Dames, p. 664.
Faintise. V. Feintise.
-\- Faisihle (feasible), «rfj., faisable, exécutable. Le mot, en ce sens est,
dans Cotgrave, comme mot français.
Faisses (fassis), s. f. pi., glands, cordons , écharpes, orne- ments de
toutes sortes. Du lat. fascias.
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(delwedd C0509) (tudalen 0441)
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— 441 —
Tute la glorie à la fille le rei dedenz, devant les faisses orines, li
veslemenl de lui (Omnis gloria filiae régis intrinsecus, prœ fasciis aurais,
vestimenta illiiis).
Liv. des Ps., xliv, 13.
1 . Fait {fayte')^ adj., actif (doing).
Si faite genz e si armée '■
C'unc mais si granz ne fu justée (réunie).
BÉN., Chron. de Norin., v. 3221.
2. Fsdt {féal'), adj., beau, soigné, complet , fini , achevé, parfait. Du
lat, faclum. soigné. Facli versus, vers travaillés, HoR. — Fada oratio, discours
soigné, Gic. V. Faitiz.
Si faite ovre n'iert controvée (imaginée). Faite jamais ne porpensée.
BÉN., Chron. de Norm., v. 5937.
Unques mais si faite es joiance
Ne quid nul jor qu'entrast en France.
Id.. ib., V. 6819.
Faitement [failhly), convenablement, exactement, bien. V. Failiz, afaitié.
Ses fîz vindrent à lui e cunlerent cum faitement li hoem Deu oui en Bethel
uvered.
Les Rois, p. 287.
Con faitement purrai RoUant ocire?
Clians. de Roi., p. 48.
Une autre forme faitierement, laquelle rattache cet adverbe, d'une façon plus
étroite au radical commun faitiz (v. ce mot), se rencontre dans Philippe de
Thaon :
Lisant en Genesin Que nostre Creaturs Furmat Irestuz les jurz Eissi
faitierement.
CompuC, V. 500.
Faitiz ifealish"), adj., bien fait, bien établi , de belle appa- rence.
Du lat. faclilimn. V. Fail % failemenl, afaitié.
Basti sunt li mur e haucié, Fort e espès e bataillié, E le danjon,
l'eschaafauz Defensables, faitiz e hauz.
BÉN., Chron. de Norm., v. 32286.
Li soller sunt fait luit faitiz.
Guit.L. UE S. Pau;, Rom. da Mont S. Mich., v. 515.
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(delwedd C0510) (tudalen 0442)
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— 442 —
Faitor (faitour*), s. m., auteur. Le mot est pris ici en mau- vaise part et
est usité, comme terme de reproche ou de mé- pris , avec le sens attribué le
plus souvent à fauteur. Mais faitor et fauteur sont des mots différents ; Tun
dérive de fac- torern, de facere ; l'autre de fautorem , de f avère.— F ai
tour , agent. Kel.
Par tote France e par Borgoine Fu sue ceste besoigne, E par les règnes d'environ
Retraite la grant traïson : Blasmé en furent li failor E apelé faus traïtor.
BEn., Chron. de Norm., v. 20876.
Faitre {father ; fader, Palsg.), s. w., père, auteur, créateur. Gomme le
précédent, ce mot dérive du lat. factorem.
Quant la supernal providence De ceus de la haute majesté En quoi Deus maint
en trinité, Reis des angeles, faitres del mund, Père des choses qui i sunt.
Bên., Chron. de Sorm., v. 2 du liv. II, t. I, p. 80.
Cist estoit faitres, cist faiture (créature); Cist crierres (créateur), cist
criature; Cist estoit granz et ciz petiz, Cist estoit pères et cis fis.
Wace, La Concept. N.-D., p. 43.
Faiture {featîire), s. f, figure, visage, forme. Du lat. fac- luram{l). -
Faiture., façon, structure. Kel.
bêle boche, bel vis, bêle faiture, Corne est mudede vostre bêle figure !
Atex., str. 97.
Trenchet li quir e la cheveleure, E si li trenchet les oilz e la faiture.
Clians. de Roi., p. 112.
Falcun, Falcon (falcon), s. ?«., faucon. Du lat. falconem.
Plus est isnels que nen est uns falcuns.
Chans. de Rot., p. 133.
(1) Cette.dérivation est certaine, ce que prouve le texte suivant, dans
lequel Ihitor est remplacé par son doublet /rt/fwr.
La mêle aie del Seignur, faitur del ciel e de la terre (Auxilium meum a
Domino, factore cœli et terrœ). Liis. des Ps., cxx, 2.
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(delwedd C0511) (tudalen 0443)
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— 443 — Bien sout esprevier duire e ostour e falcon.
Wace, Rom. de Rou, v. 3825.
Falde, Faude (fold^ faud* ; foiiUle. Palsg.), s. /"., bercail, étable où
logent les moulons. — Faude, faulde,heYgev.\e, Kel. En bas-lal. faldam,
étable (1).
E vint San! à unes faldes de berbiz. ♦<
Les Rois, p. 93.
Une faude veit de berbiz,
E un grant parc lez un costiz,
Veit le pastor qui's gart e meine. . .
BÉN., C/iron. de Norm., v. 284%,
D'un lairon cunt qui ala Berbiz embler, que il espia Uedenz la faude à un
vilain.
Marie, Fable 28,
Faldestoed ifalds(ool\ fauteuil ; fald-slool, fauteuil d'évè- que), s. m.,
fauteuil, siège portatif, anciennement pliant. En bas-lat. faldislorium^
faldisloUum. Le mot est d'origine ger- manique.
Desuz un pin, delez un eglenter, Un faldestoed i unt fait tut d'or mer : Là
siel li reis qui dulce France tient
C/ians. de Roi., p. 11,
Fais (false)., adj., faux. Du lat. falsuin. — i^rtte, faux, Kel. V, Falser,
fahcrie.
Dégelèrent lur fais deus.
Les Rois, p. 24,
Sur met avez turnet fais jugement.
Chans. de Roi., p. 26.
Falser (lo false") v. a., fausser, tromper, abuser. Du lat. l'alsare. V.
Fanlser, fais, faherie.
Pristrent luiers e falserent juslise et dreiture.
Les Rois, p. 26.
Si li roiz li alout de ntile riens faisant.
Wace, Rom. de Rou, v. 3285.
Falserie, Falsité {falsness, falschood, falsity : falsehed*,
(1) Cum aulern calidum tempus accesseiil et serenum, multuin expedit ju-
venoulas et vaccas, instaunimqiie besliaium in falda bene straminata noc-
(anter custodiri.
FleUc, liv. II, ch. i.xxvi. 11.
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(delwedd C0512) (tudalen 0444)
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— 444 —
falste^),s. /"., fausseté, œuvre de faussaire. Falserie dérive d'une
forme fictive falsariam, du lat. falsarium, faussaire, et falsité du lat.
falsilalem. V. Fais, falser.
Fruissent les ymagenes e trestutes les ydeles ; N'y remondra ne sorz ne
falserie.
Chans. de Roi,, p. 307.
Tant vice, tant symonie que paillardise et falsité.
De Bras, Rech. et antiq. de la ville de Caen, p. 162.
Falve (/afwe*). adj., fauve. Du lat. fulvum.
Blanche la eue e la crignete jalne, Petite oreille, la teste tute falve.
Chans. de Roi., p. 127.
Famé (faîne), s. /"., bruit, renommée. Du lat. famam. La famé e la
renummée de cest fait par tut le mund ala.
Les Rois, p. 206.
Bons rois fu et de bone vie Et sa moillier et nom Marcie. Letrée fu et sage
dame, De bon pris et de bone famé.
Wkcz, Rom. de Brut, v. 3385.
Fameiller {to famile*), v. n., être affamé, Fameillanz e sezelans {esurientes
et sitientes).
Lib. psalm., p. 163.
Doù l'adjectif fameillus, affamé;
Les fameillus sunt asaziez.
Li oiseus esteit fameillus E de viande coveitus.
Les Rois, p. 6.
Marie, Milan, v. 261.
+ Fanes (fen ; fenne. Palsg., marais, marécages), .s. f, pL, longues herbes
aquatiques qui flottent à la surface des eaux. De fœnum.
Il prenait ses joyeux ébats dans la rivière, quand tout à coup il se trouva
embarrassé dans les fanes, qui le firent couler au fond de l'eau.
Journal de Pont-Audemer, 6 sept. 1871.
Fantasia [fantasie'), s. f., fantaisie, imagination. Du lat. phanlasiam,
idée, apparence* V. Fantasier.
. . . Vrays cresliens qui firent leurs effortz
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(delwedd C0513) (tudalen 0445)
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— 445 —
A résister contre leurs hérésies Faisant cesser maulvaises fantasies.
P. Gring., I, 319. Lors fantasie, Rage de cueur, souspeçon, frenaisie Le
suprennent avecques jalosie.
Al. Ciiart., Le déb. des d-iux Fort., p. 571,
Fantasier {to fantasie*), v. a,, captiver, exciter l'imagina- tion de. V.
Fantasie. *
Pour chasser cest amour, le quel me fantasie, Je ne veux espargnf^r ny vin ny
malvoisie, Me deust-il faire mal I Petit mal j'ayme fort, Qui plus grant mal
endort.
J. Le Houx, Chans. du Vau~de-Vire, \i. S5.
Fantastic {fantastic), adj., fantasque, qui se laisse aller à sa fantaisie.
Du lat. phantasHcum.
Advint qu'un jour estant seul en son eslude, tout fantastic et divers.
Nouv.fabr. des excel. tr. de vér., p. 145,
Fardai {fardel)^ s. m., fardeau, paquet.
N'i a torche pot ne gifarde.
Tant ait desoz poure fardel,
N'ait cuevre chief, manche ou hardel.
Mir. de la B. M. V., v. 494.
Chascun. . . faict son fardel pour s'en aller.
Al. Chart., VEsp., p. 270.
-f- Farme (farm), s. /"., ferme, métairie. Le mot se prononce ainsi dans
l'arrondis, de Pont-Audemer (Eure). V. l'Etude sur le pat. norm. de M. Robin.
Fastengé {fasting, Sherw.), à jeun.
Ne de sa joye n'est jamais fastengez.
Poés. anglo-norm., citée par M. Meyer, Bull, de la Soc. des anc. textes,
1880, p. 54.
Fauchon {fauchon*, fauchion), s. m., glaive ou coutelas re- courbé. Forme
diminutive de faux, du \n.\.falcem qui s'est dit de toute arme de guerre, à
lame large et recourbée.
Espées, guisarmes, maçues, Miséricordes et fauchons. Rom. de Cléomadcs, cité
dans \a.Chron. de Bén., II, 450.
Faude. V. F aide.
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(delwedd C0514) (tudalen 0446)
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— 446 —
Faulser {to false'), v. a., arguer de faux. V. Falser. VA aussi faulse homme
ce que son adversaire dict sur luy.
Ane. Coût, de \orni. ch. cxxui.
Faulses-brays (false-bray. Sherw.), s. f. pi , espèce de mu- raille, établie
en dehors d'une forteresse et servant de retran- chement. Bray dérive du
bas-lat. bracam, digue, levée.
Estant à Cherbourg, je m'eu allé à la grève ; nous en retour- nasmes à la
ville, entrant par les faulses brays.
Journ. du s. de Gouberville, p. 832.
Faun {fawn, fooume^j, s. m., faon, petit de bête fauve. De fœtanum, forme
fictive exten.sive du lat. f'œtum^ produit de la conception.
Sa mère apela li faons, Demanda li qui chius hum fu.
Marie, Fable 92.
Il y a dans Tancien dialecte normand un mot de la même famille, auquel se
relie plus étroitement le v. angl. fooxone, c'est foiinement, employé par Ph.
de Thaon avec le sens de naissance, littéralement action de mettre bas, en
parlant des animaux.
Or fait l'um questiun
De chaïls al leùn (de lionceau)
Que iço signefie
Que treiz jurz sunt senz vie,
Knz el cumencement
De lur foûnement,
E puis vienent à vie
Par le leùn ki crie.
Comput, V. 1673.
Faus (false), adj., qui est contraire à la loi, à la justice. Du lat. falsum.
V. Faux.
Ki tort élèvera u faus jugement fra pur curruz ne par hange uper aveir, seit
forsaurre lerei de xl. solz.
Lois de GuilL, 41.
+ Fauter (to fauW \), v. n., commettre une faute. De fallere, par un
intermédiaire fictif /a/^«re, fréquentatif de ce verbe ; d'oîi le subst. fr.
faute. L'anglais moderne a conservé le verbe to falter, être interloqué, se
troubler, trembler comme qui se trouve en défaut.
-|- FdMiiî{faulty), adj.., coupable, qui a failli.
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(delwedd C0515) (tudalen 0447)
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— 447 —
+ Faux {fause\ traître, perfide, déloyal), s. m., menteur, fourbe, trompeur.
Du lat. falmtti, imposteur. Gotgrave assigne le même sens au mot français
fauls.
C'espoenta les tricheors Les faus e les deceveors.
Bén., Cliron. de Norm., v. 7380.
« Encontre un faulx, ung et demi. » — C'est ce qu'exprime l'adage : « A
trompeur, trompeur et demi. »
Ai.. Chart., Hist. de Cli. VII, p. 719.
L'on rencontre aussi en anglo-normand, faus, employé ad- jectivement dans une
acception que le mot ne possède plus aujourd'hui en français, mais qu'on
retrouve dans le vieil an- glais fciKse.
Yl menti come faus chevaler,
Hist. de Foulques, p. 38.
Infamies sont... touts faux judges, touts faux userers et touts ceux qui sont
attaints de personalx trespassés.
A. HoRNE.s, M irror de Justices, ch. IV, seot. 13,
De même, l'ancien verbe falser, fausser, s'est dit quelque- fois pour arguer
de mensonge, de faux. « Fausser la Cour ou le jugement, dit Trévoux, c'est
soutenir l'iniquité du juge- ment ou de la Cour. » Telle était aussi, dans la
basse latinité, l'acception de falsare : « Et si quis in posterum hoc
refragari vel falsare voluerit, a testimonibus convincantur. « Lois ri-
puaires, tit. LIX, § 2.
Favele (favelV), s. /"., flatterie, cajolerie, discours insidieux. Du
lat. favillam, fumée, chose vaine (?)
Beau li comence sa favele, De loinz l'aceint e acembele.
Bén., Cliron. de Norm., v. 18180.
Plus set d'enchantement, d'art e de favele Ke ne set de tanailles fevre ki
martelé.
Vie de S. Auban, v. 1249.
D'où faveler, conter des sornettes, flatter, circonvenir, abuser.
Tant dist Bernart al rei e tant li favela . . ,
Ke li reis par malin à Huon enveia
Un chevalier ki dist ço que ii reïs manda.
Wace, Rom. de Boa, v. 3451.
Favour (favow), s. /"., faveur, grâce. Du lat. favorem.
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(delwedd C0516) (tudalen 0448)
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— 448 —
Donc à la divine favour Joieusement grâces rendoit.
Pet. Poèmes du Mont-St-Mich., p. 39.
Faynt [faini)^ adj.^ faible, mou, affaibli. V. Fainti^ feindre^ feinlise.
Jeo sui fort et feble e faynt ■
Hardi, plein de couardie.
Chans. anglo-norm., publiée par M. Meyer, Romania, iv, 377.
1. Fé (/ee), s. m., fief, domaine noble. En bas-lat. feodum ; du golh. faihu.
V. Feu, fief-ferme.
Com si ço fust fé d'eritage.
Vie de S. Grég., v. 1241.
Ne tieng, feit seint Thomas, de lui fé n'eritez.
S. T/iom. le Mart,, v. 67.
2. Fé ifee* 2), s. m. qualité.
Ore oiez de ses fez e de ses granz vertus.
Chron. de Jord. Fant., v. 1495, var.
3. Fe, phe [feedef, serviteur ; pheer., fere\ compagnon), s. m., homme,
serviteur.
Truverent un fe de Egypte el champ (invenerunt virum ^gyptium in agro).
Les Rois, p. 115.
E uns phe fud de la raaignée Saùl e out num Siba ferat aulem de domo Saùl,
servus nomine Siba).
Ib., p. 149.
Et vus qui apriraez Les povres Deu, et force fêtes as humbles fez. , .
5. Thom. de Cant., p. 110.
I.'angl. fellow, felau*, feylo\ qui, outre son acception géné- rale, de
camarade, compagnon, a pareillement celle de pauvre diable, homme vulgaire,
ne serait-il pas formé de notre mot /e, homme, et de Tadj. loii\ pauvre,
humble, commun? Com- parez fellah, nom des paysans de l'Egypte.
Feable (feable'), adj., feudataire.
Le roy manda Gautier de Chastillon, Miles de Noiers et plu- seurs autres
chevaliers feables. . , et les envoia contre ses enne- mis.
Chron. norm. du XIV* s., p. 32.
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(delwedd C0517) (tudalen 0449)
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— 449 —
Fealté, Feelté, Feaulté {fealty, feaullie, Palsg.), s. /'., fidé- lité, foi
et hommage. De féal, mot qui se rattache au lat. fide- lis. V. le mot
suivant.
Chescun, par menchonge, fealté li jura.
Wace, nom. de Roa, 76, v. 1911.
Vus estes mon lige seigneur, e à vus fu je lié par fealté, tant come je fu en
vostre service.
Ilist. de Foulques, p. 53!'
Mes saint Thomas ne volt qu'il fesis feelté.
S. Thom. le Mart., p. 165.
... La feaulté De leur dame...
Al. Chart., Le Lio. des Quatre-Dames, p. 616.
Quant franktenant ferra fealty à son seignior, il tiendra sa maine dexter, etc.
LiTTLETON, Instit., sect. 91.
Fîauté est resté usité en patois normand, avec le sens de confiance, foi. V.
Feuté.
Feble V. Fiéble.
Feblir {to feeble), v. a., affaiblir. V. Fiéble.
Ainz que vienge desqu'à treis anz Serrent si morz e si febliz. . . Qui qui
les voldra fors jeter •
iNe s'i oserunt aresler.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2010, p. 74.
Feelté. V. Fealté. Feeuté. V. Feuté.
Feeument {fewte*, fidélité), adv., fidèlement. V. Fealté^ feuté.
Sire, grant tens de longement T'auront servi si feeument.
BÉN., Chron, de Norm., v. 15520.
Feelment s'est dit dans le même sens :
Cist ert si niez qui feelment Les a serviz e lealment.
GuiLL. DE S. Pair, /îom. du Mont S. Midi., v. 2173.
Feffez, Feffé {fefede*), adj., qui possède fief.
Li senechaus esteit de la cuntrée nez ; Bels chevalers et granz, riches et
bien fefîez.
S. Thom. le Mart., p. 180.
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(delwedd C0518) (tudalen 0450)
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— 4o0 — Li autre prince tant riche e tant feffé.
Vie de S. Auban, v. 357,
+ Fei (fay, feye' ; faiih), s. /"., foi. Du lai. fidetti. V. Par ma fei!
Ma fei!
Serveie le par feid e par amur
Chans de Roi., p. 315,
Cum fei mentie e parjurez Nos sûmes vers lui démenez.
Bén., Chron. de Norm,, v. 4642.
-|- Feindre (to faint), v. n., défaillir, faiblir, succomber. L'on dit, en
patois, d'un homme chargé d'un fardeau exces- sif, qu' cf il feint », lorsque
ses jambes fléchissent et qu'il semble sur le point de s'affaisser sous le
poids qu'il porte. Dérive du lat. fingere. V. Feintin, faynt., fainlé.
Se faindre se rencontre dans l'ancien dialecte, avec le sens de ménager ses
forces, épargner sa peine.
Seignors, fait-il, qui ci se faint Ne désire si la mort non.
Bén., Chron. de Norm., v. 1150.
Le plus souvent ce verbe est associé à une négation : Mais ki plus pot fere,
ne s'alout pas faingnant.
Wace, Rom, de Rou, v. 3979.
En une ville ne gerra (co\ichera) que une nuict, si ce n'est par grand
defaulte de santé, et ne se faindra d'aller tant qu'il soit
hors de Normandie.
Ane. Coût, de Norm., ch. lxxxii.
Faison bonne chère ; ne nous faignons point, Bevon, ma commère : nous ne
bevoa point.
Chans. norm. du XV' .«. — Rec. Gasté, p. 25.
Feinté. V. le mot suivant.
-f- Feintise (feintise* 2, fainlness, fainling) s. /"., mollesse,
faiblesse, défaillance. V. Feindre, faijnt, fainte.
K'entre vus n'ait envie, descorde ne feintise.
S. Tkom. le Mart., p. 124.
Ains lor rage e lor folie, Perece, wisense e faintise Enpire amor en mainte
guise.
Marie, Graelent, v. 80.
Feinté s'est dit dans le même sens. .
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(delwedd C0519) (tudalen 0451)
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— 451 —
Loinz as plains chans sunt esloigné; Adunc cornèrent sans feinté, Si durement
que l'ost s'esfreie.
BÉN., Chron. de Norm., v. 5857.
-{- Feire {feire, f'air), s. f. foire. Du lat. feriam^ fête, ré- jouissances
publiques.
La cort Richart serablout tozjors feire u marchié.
Wace, lioin. de Kou, v. 4449.'
Il est assavoir que les ainsnez des becqueries, bouveries et por- queries
sont frans èsfeires de Montore.
Lio. desJur. de St-Ouen de Rouen, t' 143, v°.
Tous chez carleux, à la faire dernière. Ont fripiers vendu jusqu'o mantei.
D. Fer., Muse norm., p. 141.
... Tu m' traînes pas à pas,
Coume un ch'va qu'non mène à la feire.
La nouv. annccie (Jersey, 1875), p. 14.
Feivros. V. Feverus.
Fel (fel'f fell), adj., féroce, cruel, barbare, traître. Si vengez cels que
li fels fist ocire.
Chans. de Bol., p. 19.
Li roiz fu fel et fies.
Wace, Rom. de Rou, v. 3029.
Fel, en patois normand, se dit pour traître, mauvais. Le mot s'applique aussi
bien aux choses qu'aux per.sonnes. Un ouvrier dira, par exemple, d'un outil
qui se brise entre ses mains, que « cet outil est fel ».
Félicité (felicitate), adj. , heureux, comblé de bonheur. C'est le part,
passé de féliciter, au sens de rendre heureux,du lat. felicilare, dont
l'acception est la même.
Là survindrent ung grant tas d'ypocrites, Qui preschoient canons et loix
escriptes, Aftin qu'on dist : « Sont gens félicitez ; Dieu les reprent par
ses evangelites. »
P. GumcŒuv.. I, 100
Felonessement, Felonneusement (feloniously) , adv. , en traître, avec
intention criminelle.
Fumes si felonessement... Requis à mort e envaiz... Qu'à peine en quidames
estoertre.
BÉN'., Chron. de Norm., v. 1751,
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(delwedd C0520) (tudalen 0452)
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— 452 -
R. se plainct de T., qui a meurdry son père felonneusement en la paix de Dieu
et du duc, qu'il est prest de prouver et de lui faire cognoistre en une heure
de jour.
Ane. Coût, de Norm., ch. lxviii.
Feloun (feloun*), adj'., méchant, perfide, cruel.
Ce esteit par le encusement Des evesques e de autre gent, Asez felouns. Vie
de S. Thom. de Cantorb., p. 625, c. ii.
Femelle (femeV, female), s. f., femme, dit en bonne part.
N'y auroient rien (aux conquêts) les femelles ne ceulx qui se- roient yssuz
d'elles.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., î' xl V.
Fendre (to fend), V. a., défendre. Du lat, fendere, pousser, exciter.
Se l'autre offre à soy fendre, la bataille en doîbt estre gagée.
Ane. coût, de Norm., ch, lxx.
Fer (fer*, fier ce), adj., féroce, cruel, ardent. Du lat. ferum.
Cerf e bisse sout sivre e prendre E grant sengler e fer atendre,
Bén., Chron. de Norm., p. 17403.
Distrent à lur père Ke dévorez esteit de celé beste fere.
5. Thom, le M art, ,^. 92.
Ferant (feraunV), adj., gris, couleur de fer.
Qui dune out cheval brun u bai Sur un bauzan grisle u ferant. Si i munta
demaintenant.
Bén., Chron.de Norm., v. 18559.
Li reis chiet à la terre, e le cheval ferant.
Chron. de Jord. Fant. , v. 1787.
Fermail {fermail), s. m., agrafe, petite boucle. Du bas-lat. firmacidv.m; du
lai. firmare, fixer.
Hagin le juyf se complagnet de llenaut de Mellon qui avoit pris du soen un
pot de cuivre de 1. s. et ii fermail de vii. I., dont le dit juyf n'eut que
xviii. s. de la famé Maupas, à qui Renaut les baïla.
Sent, des Commiss. en la Baillie de Caen, art, 66,
+ 1. Fermer (to fiinn), v. a., fixer, arrêter, assujetir. -Du lat. flrmare. V.
Fermer 2 et 3.
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(delwedd C0521) (tudalen 0453)
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- 453 -
Je fermerai sur tei le^, miens oils (firmabo super te oculos meos).
Lib. psalni., p. 39.
Esperuns d'or ad en ses pied fermez.
Chans. de Roi., p. 30.
2. Fermer (lo (îrm*), v. a., confirmer, rendre stable, durable, V. Fermer 1
et 3. ^
Li reis Yram enveiad messages al rei David, pur fermer od lui auiur e
aliance.
Les Rois, p. 137,
E i sunt li treis ordres fermé E establi e comandé.
BÉN., Chi'oti. de Norm., v. 11165,
3. Fermer (lo ferme'), v. a., fortifier, munir de remparts. V. Fermer 1 et 2,
Gileberl de Montfichet son chastel a fermé.
Chron. de Jord. Fant., v. IGIO.
Juste l'ewe ki Arve ad nun Fist e ferma une maisun.
Wace, Ro/n. de Brut, v. 6620.
D'où fermeté, fortification.
Enforchie est de turz e d'altres fermetez.
Id., ib., V. 4161.
Dona aveirs e riches dons, Dunt il refirent les cloisons Les chasteaus e les
fermetez,
BÉN., Chron. de Norm., v. 7084.
Ce substantif s'est contracté en ferté, mot que l'on retrouve aujourd'hui
dans la dénomination d'un grand nombre de loca- lités : La Ferté-Milon, La
Ferté-Bernard, La Ferté-Macé, La Ferté-Fresnel, etc., etc.
+ Fertin {ferlhyng'), s. m., fretin, chose de mince valeur, un farlhing. « Un
peu de menu fertin (petite pièce de mon- naie) d'argent ». Duc. Frelo.
Ferlin, frelin, frelon et le plus souvent fretin (V. le diction, de Lacurne à
ces quatre mots) désignaient anciennement, comme notre mot fertin, une pièce
de monnaie de la plus pe- tite valeur.
Fertre, V, Fierté.
Feste (fest\ attache ; to fast, amarrer), s. f., amarre, cable servant à
retenir un vaisseau. V. Fêle, enfétonner.
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(delwedd C0522) (tudalen 0454)
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- 454 -
Les dits sergans purent coupptr la feste ou la corde de quoi la dite estoit
fermée (V. Fermei' 1) sur terre au kai, et lessier la dite nef toute seule et
aler vagaate par l'eaue.
Coust, de la Vie. de l'Eaae de Rouen, art, 53.
Festival {festival), adj., de fête. Du haa-lat. festivalem ; du lat. feslum.
Jo pris cungé pur uns festivals sacrefises.
Les Rois, p. 78.
Quant li dus senz delaiement,
Out fait sun aparellement
E sun convive (festin) festival...
BÉx., Chron, de Norm., v. 7032.
Festivité (festivity), s. /"., joie, allégresse. De festivilatem.
Le pays de Languedoc, en la prinse du ro}' Jehan, se mua en vestures et
gouvernement de hommes et de femmes, en délais- sant toute reiuonstrance de
leesse et d^- festivité.
Al. Chart., Le Qicadrilog ite , ^. 414.
Festrir {to [ester), v. n., s'ulcérer, se putréfier. V. Fêtre.
Mes l'une de ses faces idnnc li a festri,
Si que dedenz la bûche très qu'as denz li purri.
5. Thom. le M art., p. 127.
Fête iphetele', cordon, bande de cuir; to fetter, entourer de cordes,
Sherw.), s. /"., cordage, lien. V. Feste.
De eus est aie grant compaignie Por aporter fêtes e clices, E Iflz e
raairiense palices.
BÉN., Chron. de Norm., v. 5682.
-{- Fêtre (^0 /es^er, s'ulcérer, s'envenimer), s. m., panaris. C'est l'ancien
mot festre, abus, ulcère ; substantif de festrir. V. ce mot sous le 3 51 d'un
petit traité de médecine du XI V« siècle, publié par M. Boucherie; l'auteur
normand de ce traité donne la recette d'une poudre destiné à guérir les
festres.
Fetures (fêlures'), s. f. pi., œuvres, ouvrages, littéralement choses faites.
E mult i aveit granz fetures, Granz merveilles et granz peintures.
BÉN., Rom. de Troie, v. 16601 .
Feu (feud),s. m., fief, domaine soumis à certaines charges féodales. Du
bas-lat. feudum, mot d'origine germanique. D"où le français
/eMrfa<a/re, feudiste. V. Feiidal, infeudation, fé.
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(delwedd C0523) (tudalen 0455)
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— 455 —
Jà n'en querroie mer passer S'em pais le volent, creanter Que à Home Ireu
rendissent Et que lor feu de nous tenissent.
Wace, Rom. de Brut, v. 3973.
E por lui od qu'il ert venuz, Li fu entiers feus renduz.
BÉN., Citron, de Norm., v. 10065. ^
Feudal (feudal), adj., féodal. Dérive de feu. V. ce mot.
On voit assez de liefs nobles, sujets à quelque rente envers le seigneur
feudal, mais cela n'est de la substance du fief ou de
l'infeudation.
Terrien, Comment, du Dr. norm,, p. 247.
Feupe. V. Peufe.
Feurre. V. Foyrre.
Tenté, Feeuté ifeivie"), s. /*., fidélité, foi et hommage. En provençal,
j'eutal. V. Féalté, feeument.
Les humages ont pris del tut et feuté.
S. Thom. le Mart,, p. 18.
Si n'ont Guillaume Long Espée De rechef feeuté jurée.
BÉN., Chron. de Norm., v. 8376.
Fevere. V. Fevre 1.
+ Févérier, Fevrer {feverere'), s, m., février, le second mois de l'année. Du
lat. februarium. Feverez, février. Kel.
En vendanges donot lu vin... Lu lart en fevrer, l'oile en marz.
Yie de S. Grég., v. 1633.
Le xx^ jour de feverer
Brut d'Englet., cité par M. Meyer, Bull, delà Soc. des anc. textes, p. 127.
Feverus, Fevrus, Fevros, Feivros (feverous), adj., fiévreux.
Sana paraletics, feverus, avogles.
Vie de S. Auban, v. 149.
Engrutez, fevrus e ardanz, Une ne vit hom ensemble tanz.
Vie de S. Giles, v. 499.
La fille à un riche home en devint tote saine, Ki eut esté fevrose, mainte
lunge semaine.
S. Thom. le Mart., p. 128
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(delwedd C0524) (tudalen 0456)
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— 456 —
A maint feivros fut saluable.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du. Mont S. Michel, v. 1169.
1. Fevre, Fevere (fever), s. /"., fièvre. Du lat. febrem.
U la fevre le prent, u il s'en va fuiant.
Wace, Rom. de Rou, v. 2326.
Urine, es feveres très aguës, ki ad ensement cum lie u niule escumeuse e
culur cuoimefel, péril signefie.
Pet. traité de méd. du XIV' s., publié par M. Boucherie, p. 5.
2. Fevre {fever)., s. m., forgeron. Du lat. fabrum, onyrieT.
Nuls fevres forjanz ne pout estre truvez.
Les Rois, p. 44.
Boens fevres e boens ferreors.
Wace, Rom. de Rou, v. 11601.
Fevrer. V. Févérier.
Fevros, Fevrus. V. Fevencs.
-\- Fiancé, + Flanche (fiaunce), s. /"., confiance. Du lat. fidentiam,
assurance. D"où le français fiancer, fiançailles. V. Af^aunce, afiancer,
afier.
La fiance que avums en tei.
Les Rois, p. 300.
Fiance prist de Guenelan le cunte.
Chans. de Roi., p. 130.
Comme un homme fonday en très grande flanche.
D. Fer., Muse norm., p. 323.
I met sa flanche en Gyn.
MET., S. Matth,, ch. xxvii, v. 43.
La forme anglo-norm., donnée par Halliwell, a été em- ployée par Marie de France.
Lur fiaunce s'entreplevirent.
Equitan, v. 182.
Fiante. V. Fealté.
1. -|- Ficher (to felch), v. a., mettre. L'on dit, en patois, ficher le feu à
une maison ; ficher les pieds quelque part.
Preeschiere ne doit flschier Son pied en nule maie teiche.
Lacombe, Dict. du v. latif/.fr., V Tachée.
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(delwedd C0525) (tudalen 0457)
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Droit à ces grant fossez irront ; Por grant pour, s'i ficheront.
Adam, p. 75.
2. Ficher {to fiche), v. a., fixer, arrêter. Du lat. flgere (?).
Un rais ki flamboie, ki du cel descendi, Sur la tumbe Auban se arestal fichi.
Vie de S. Auban, v. 1061. ,.
rider (se) (fide*, foi, confiance), v. réfl.^ se fier, avoir foi, confiance.
Du lat. fîdere. V. Diffidence.
Se fident enlur vertut.
Lib. psalm., p. 64.
-j- Fiéble {feble* {l),(eeble), adj., faible. Du lat. flebilem. V. F le b le,
feblir.
Povres huem sui de fieble afaire.
Les Rois, p. 72,
N'i a ne fort ne fieble ki à Rou contrestace.
Wace, Rom. de Rou, v. 1441.
. ... Quand su mal Sera dégrédouilley de ton fiéble estomal.
L. Pet., Muse Norm,, p. ii.
L'esprit est prompt, mais la chair est iièble.
MET., 5. Matt.h,, ch. xxvi, v. 41.
Le V, angl./(3&Ze se rencontre, de même, dans Marie de France:
Si dit seint Gregoires ki feble Sunt par lur veillesce e endeble.
Purg., V. 391.
L'auteur de VHist. de Foulques use de deux formes, p, 78 :
La dame e l'enfant qe febles erent... La dame e l'enfant fu- rent raolt
liebles.
Les autres mots de la même famille : fîéblesche, fléblement, fieblet (un peu
faible) et fiéblir se trouvent aussi bien dans le patois que dans l'ancien
dialecte, sauf fiéblir, qui n'existe qu'en patois.
Fiefe-ferme {fee-farm), s. /"., propriété tenue à perpétuité en
(1) Feble est aussi une ancienne forme normande':
S'ensi fust feble hoem, dret mes ne conquestat.
S. Thom. le Mart., p. 85.
Le cors m'est feble e anienti.
Vie de S. Auban, v. 1454.
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(delwedd C0526) (tudalen 0458)
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— 458 ~
fieffé (V. Fieuffement), moyennant une redevance annuelle en argent ou en
nature, due au seigneur fiefîant (V.i^ie^er), mais exempte de tous services
envers lui. Terme de droit féodal.
Bailler à fiefe-ferme, dit Terrien (Comment, du Dr. norm., 1. Vil, ch. IX),
c'est bailler à perpétuité à la différence de la ferme muable.
L'ancienne Coutume de Normandie, ch. cxii, donne la formule du bref de
fiefe-ferme.
Les souverains donnoient aussi à ferme les fonds qu'ils avoient réunis à
leurs domaines par la forfaiture ou la déshérence de leurs vassaux ; et ces
fermes, en ce qu'elles étoient perpétuelles, s'appelloient fief fer me ^ car
le mot fief dans les loix angloises et normandes est ordinairement opposé à
fratiktenemeyxt (1) ou à la tenure à terme,
HouARD, Ane. loix des François, I, 389.
Il yavoiteu descort... pour raison d'une baronnie et fiefferme, nommée la
tieff'erme de Droucourt.
Acte, de 1370, du Cartul. de Beaumont-le-Roger, cité dans les Mém, et notes
de M. A ug. Le Prévost, II, 18.
1603-1626.— Trois aveux rendus à Jean de Naguet, sieur des Ibelins et de la
sieurie et fiffferme de Fourneville.
Ch. Bréard, Les Arcti. de la ville de Honjlear, p. 384.
+ Fieffé, FiefiFement. V. Fieuffement.
-\- Fiefifer (lo feffe*), v. a., vendre ou acheter un fonds à fieffé,
c'est-à-dire moyennant la constitution d'une rente per- pétuelle. Ce mode
d'aliénation, autrefois très commun en Nor- mandie, y subsiste encore,
particulièrement dans les cam- pagnes. V. Enfe/fer, fieuffement, fieffeur.
Depuis laquelle prinse ainsi faicte, icelui curé eust baillé et fieffé le dit
jardin.
Ch. de 1455. du Cartul. de Lisieux, i' 42.
Les places vaines, vagues et vuides de la forest de Lyons, où il ne croissoit
aucun bois, ont esté fieffées il y a quelque tens.
yoav.fabr. des excel. tr, de oér.. p. (J5.
En l'an 1563, furent envoyés (à Jersey)... Thomas Carey... et autres pour
fieffer, vendre... certaines parcelles des domaines et revenus de la royne.
S. DE Carteret, Chron. de Jersey, ch. xxii, p. 89.
Wace écrivait fieufer.
A tox en Normendie retenus e fieufez.
Wace, Kom. de Rou, v. 1938.
(1) Franktenement est une possession de soil (sol, lem(oire) que frank- horae
tient en fee à luy et à ses heires ou au meins à terme de vie.
Britton, Traité, ch. xxxii.
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(delwedd C0527) (tudalen 0459)
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FiefFerme. V. Fief- ferme.
Fieffeur (feoffer)^ x. wi., personne qui aliène un héritage foncier,
moyennant une renie. V. Fie/fer, fieuff'ement.
Se ung homme tieffe sa terre à un^i^ aultre par rente, ]e fons est tenu du
fielTeur ou de cil qui a la rente dessus.
Le Rouillé, Gr. Coj^st. de Norm,, f° xlviij r".
Est au long déclaré les fieffés 'aictes en la dicte ville Fran- çoyse et les
sommes que les fieffeurs en doibvent.
Doc sur la fond, du H((.vre, p. 342.
Fien [fiants*, fientes du sanglier, du loup, du renard, de la marte et du
blaireau), s. m., fiente, excrément des animaux. Du lat. fîmum, fumier.
Je esneirai e forjeterai quanque remandrad del lignage Jéro- boam, cume l'um
soit faire Gens.
Les JRois.p. 292.
Ci vus racunte en cesle fable C'uns vileins traist fors de s'estable, Od ses
bues, les fiens que il firent.
Marie, I-'able 85.
Fier {fiers'), adj., violent, rude, furieux, féroce. Du lat. I^erum.
Molt fu la guerre lîere e lungement dura.
Wace, Eom. de llou, v. 4332.
Molt fu la mers fiere e orrible.
BÉN., Rom. de Troie, v. 5051.
En patois de la Seine-Inférieure, fier se dit encore aujour- d'hui pour
irascible. V. le Diction, de patois de M. Delboulle.
Fiertre, Fierté, Fertre iferire'), s. f., châsse, reliquaire. Du lat.
feretrum, brancard pour porter les morts. — Fertre, fierté, châsse. Kel.
En une fiertre honesteraent, Qui couverte eirt d'or et d'argent, De l'evesque
metronl le cors, Que osteront del sarqeu fors. GuiLL. DE S. Pair, Rom. du
Mont S. Midi., v. 1339.
En riche fertre est seelez.
Vie de S. Gilc, v. 3741.
Des fertres covers de doumaires.
Vie de S. Grég., v. 1297,
La châsse qui renferme les reliques de saint Romain, arche-
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(delwedd C0528) (tudalen 0460)
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— 460 ~
vêque de Rouen, s'appelle encore aujourd'hui, en cette ville, la fierté S.
Romain. C'est là une dénomination traditionnelle.
Et furent les stens de leglise aux processions continuelement, en portant la
flerte saint Romain.
P. Cochon, Chr. norm., p. 294, éd. de Beaurep.
Ceux qui l'obtiennent (ce privilège) doivent assister par sept années
suivantes, aux processions au tour de la fierté S. Romain.
De Brap, Rc'ch. et antiq. de la ville de Caen,Tp. 34.
Fieuffement, Fieufement, Fieffement (fe(fement\ feoffement, Sherwj s. m.,
bien inféodé, tenu en fief ou en fiefl'e, dénomi- nation qui subsiste en
Normandie. V. Fieffer, fieffeur.
Fieux de haubert, sergentemens Frans et autres fieuffemens.
Coût, de Norm. en v., p. 95.
Homs puet doner en fieu son tenement... jà soit ce queli sires ne s'assent
pas au fieufement.
Marnier, Établiss. de l'Échiq. de Norm., p. 79.
II ne pourra aliéner ce fieffement à quelque église, hospital
ou lieu de religion, en aucune manière.
Accord, du XV' s., cité par Cli. de Beaurep. dans ses Notes et doc. sur la
Norm., p. 142.
Fieffé est un mot que Cotgrave signale comme normand ; il est resté, aussi
bien que la chose qu'il exprime, d'un usage universel en Normandie. L'on a
dit plus haut, à Fie/fer., ce que c'est qu'une feffe.
■j- Filbert (noix de) (filbert, fîlberde, Sherw., aveline), s. f.
noisette alongée.
-|- 1. Fin ify7î', fine, accompli), adj., qui s'ajoute à certains mots pour
en renforcer la valeur et exprimer un état complet, parfait, superlatif. Du
bas-lat. fnum, mot que Ducange traduit par excellenter bonus... cui nihil
addi potest ; du lat. fînitum, fini, achevé, parfait.
Halliwell cite les anciennes locutions anglaises: by fine force, par une
contrainte absolue ; of fine force, de toute nécessité.
Dei aveir le Palladion
En fine quitance e en pès.
Bén., Rom. de Troie, v. 26694.
Bêle, jà fuissiez vus reine, Ne fust l'amur leale et fine Dunt vus m'amastes
leaument Mut ai pur vus mun quor dolent.
Marie, Eliduc, v. 943.
En patois normand, cet adjectif est d'un usage très fréquent. Ainsi l'on dit
: Du vin, le fin meilleur -. Il est arrivé le fin
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(delwedd C0529) (tudalen 0461)
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premier — Le fin mitan (milieu) d'un fossé — Le fin bord d'une table — Le fin
coupet (coupeau) d'un arbre, etc.
"Vostre feu naist au fin millieu de l'eau.
Vauq. de la Fresn., Forest., II, 9.
Té diseux, ch'est des bêtes à somme, Et lu, bégas, tout le fia preumier.
Coup-d'œil purin, j). 14.
Son frère, au fin mitan, éternuit du drière.
D. Feu,, Muse norni., p. 321.
Dessus le tout fin baut no découvre la France, Depis le cap Carteret es
clochiers de Goutance.
La Nouv. aiinaie (Jersey, 1873), p.l9.
2. Fin f/îne, accord final, judiciaire), s. m., accord, arrange- ment,
transaction, V. Fin 3.
Si est raisun qu'il dnnge x. solz de bengwite et fin fasse la justice.
Lois de GuilL, 5.
Quant Borgoignon e Peitevin Oïrent parler de la fin Que volent faire li
François Ensemblement od les Daneis...
Bén., Chron. de Norm., v. 4965.
Si corne après la mort ascun que ne raornst point seisi forsques del fraunk
tenemeut seulement par fyn faite.
Britton, Code, ch. lxv, p. 264.
Dans une note relative à ce passage de Britton, Houard fait remarquer qu'ici
le mot fyn indique une transaction qui, pour être plus autbentique, a été
arrêtée en présence des juges, transaction qu'on appelle fin^ parce qu'elle
termine irrévoca- blement les contestations.
3. Fin (fine, redevance, terme de droit féodal), s. m., rançon,
caution, garantie (1).
Là se (substituer te) dunra fins, sans retraire, A toz jorz mes de ton bon
faire.
Bén., Chron. de Norm., v. 12059.
Et puis soit enquis de taverners que ount vendus vyns en- contre la droit
assise.., et combien leur gayne amounte hors de droite assise, et ceux soient
punis... par fyn (amende) mountaunt à la double value de lour gayne.
Britton, Code, oh. xxx, p. 132.
(1) Celte troisième acception du mot fin ressort clairement du texte sui- ant
: « Icelluy les pourra semblablcmen'l et caution. » Nouv. Coût, gén., II,
124.
vant : « Icelluy les pourra semblablcmen'l appréhender et relever, baillant
fin » No "' .. --.
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(delwedd C0530) (tudalen 0462)
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— 462 —
Finement, V. Finissement.
-f- 1. Finer (to find), v. a., trouver, procurer.
Se commencherent le meau peuple à asembler et armer de tiex armeurez comme il
poient finer.
P. Cochon, Chron. norm., p. 100, éd. de Beaurep.
Lequel duc leur envoya messire Jean Fastot, à tout (avec) ce qu'il peut finer
de gens.
Al. Chart., Hist. de Cit. VII, p. 71.
J'ay biau traché du passetens Aveu mé s'amis e compères, Sans finer, dans meu
cœur je sens Malaise, anhan, douleurs amères.
L. Pet., Muse norm., p. 18.
2. Finer (to fine)., v. a., finir, cesser, terminer, achever (1). V. Definer.
Du lat. finem. V. Emissement.
Jamez ne tinerai, se Dex sa fei me gart.
Wace, Rom. de Rou. v. 2902.
E tut eissi serrai
Cist tens, quant finerat.
Ph. de Thaon, Comput, v. 517.
Finissement {/ynisment')., s. m., achèvement, dernière per- fection. V. Finer
2.
Les frises, les festons, les corniches, les chapiteaux sont pa- reillement
d'or et portent pour finissement des vases de porce- laine, d'où sortent de
liros bouquets de fleurs.
P. CoRx., Toison d'Or, Décoration du 3« acte.
Finement s'est dit, beaucoup plus anciennement ,au sens de fin, terme.
Pur ceo que sur la mare esteient E que sur la mare pendeient,
(1) Bernant, part. prés, de ce verbe, est venu le subst. finance, qui s'est
dit primitivement pour fin, terme.
Si lui dirent les maistres que le demoui'ant estoit legier (facile) à
accomplir, mais qu'il fist finance de la couverture (mais qu'il achevât la
couverture) .
Percef. VI, 93, dans Lacurne.
Comme la conclusion ou la, finance d'une affaire se faisait souvent moyen-
nant argent, on transporta, par métonymie, le nom de cette conclusion à l'ar-
gent même dont le versement en était la condition. De. finance, au sens ac-
tuel est \e.n\i financer, payer.
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(delwedd C0531) (tudalen 0463)
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— 463 —
E tant i furent longement,
Ertmais de ci qu'au finement (fin du monde)
La forestRoniare apellée.
Hén., CJiron, de Norm., v. 7434.
De la virge Seinte Marie, De Seiat Michiel ensement Et de toz seinz sans
finement.
GuiLL. DE S.-Pair, Rom. du, Mont S. Mich,, v. 2305. '"
+ Finite (fînile), part. pas. f. de finir.Du lat. fînilam. « Ma besogne est
finite. »
+ Fisée (physy)., s. /"., fusée.
Fisician, Fisicien (physician), s. m., médecin. Fisechien, médecin. Kel. Du
lat. physicum, physicien, naturaliste. V. Phisike.
Fisicians en lur escholes
En firent lunges graus paroles.
Wace, Rom. de Rou, v. 7527.
De grant valor e de grant sen Out pris puison ; mais mal esta Quant une de
lui se dessevra.
Bén., Chron. de Norm., v. 35991.
Fisike. V. Phisike.
+ Fivre {fyvire"), s. /"., fièvre. Du lat, febrem. Mautez n'est
nule desleiée Maudite, ne si escumengée Fivre d'enfer, forsenements, Traïsuns
ne decevemenz Dunt sis cors ne fust repleniz.
Bén., Chron. de Norm., v. 721, p. 28.
Flael iflail), s. m., fléau, instrument servant à battre le blé et les autres
grains. Du lat. flayellum. V. Fiée.
Un flael à battre grain, 18 d.
Compte de 1449, cité par M. Cb. de Beaurepaire dans ses Notes et doc. sur la
Norm., p. 394.
Flael s'est dit au.ssi, au figuré, dans l'une des acceptions du français
fléau, pour indiquer une grande calamité :
Lur vint sure tele pestilence e tel flael...
Les Rois, p. 403.
Trop en i a venu, mult i out grant flael.
Wace, Rom, de Rou, v. 4930.
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(delwedd C0532) (tudalen 0464)
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— 464 —
D'où la forme extensive flaielement, calamité.
Amis, qu'icist tlaiplement...
Fait-il que dès ore mais remaignent.
Bén., Chron. de Norm., v. 4664.
D'oîi encore le verbe flaeler, flageller.
Od humes ne serunt flaelé.
Liv. des Ps., lxxii, 5.
Puis suut penduz et flaelez, En ord liu gettez.
Marie, Purg., v. 87.
Flageul, Flageol iflagell'), s. m., flûte, flageolet. De flautio- lum, dim.
du bas-lat. flaulum, corruption du lat. flalwn.
Flageus, toreis, mireeurs, fuiseaux... ne doivent rien.
CousC. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 19
Vous sautez comme Pan, lorsque, dedans les bois, Il désire emboucher son
flageol ou haut-bois.
Champ-Repus, Œuv. Poét..p. 3i.
Tout checun de sen flageol resveille.
D. Fer., Muse norm., p. 159.
Le mot n'est plus usité aujourd'hui en patois normand.
Flagon (flagon), s. m, flacon. De flasconem., mot fort ancien dans la
basse-latinité : flasco est un diminutif masculinisé du latin flasca, vase
pour le vin. Le changement du c en ^^ est fréquent; c'est ainsi que de
ciconia, locusla^ cicuta, etc. sont venus cigogne, langouste, cigiie.
Verres, flagons et bouteilles, néant.
Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 19,
-|- Flair (flayre, odeur), .s. m., mauvaise odeur. L'on dit, en patois, de la
viande, du poisson qui commencent à se gâter, qu'ils ont du flair.
Flair s'est dit de toute espèce d'odeur :
Des erbes ung flair doulx issoit. Que l'air sery adoulcissoit.
Al. Chaut., Le Lia. des Quatre-Darnes, p. 595.
C'est l'ancien mot normand flair or., flerur, apocope, lequel, de même,
s'appliquait aussi bien aux mauvaises odeurs qu'aux bonnes. Comp. l'angl.
flavour, arôme, parfum, sen- teur.
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(delwedd C0533) (tudalen 0465)
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— 465 —
De la charoigne ist la flairors
E li ers (cercueil) est pleins de puors.
BÉN., Roman de Troie, v. 12677.
Si senti une tel odur, Tant douz e si bone flerur.
Marie, Purg., v. 1507.
• + Fiais. V. Fiée.
+ Flambe (flambe*)., s. f., flamme. Du lat. flammam. L'in- tercalation du h
s'explique comme dans/iwjw&Ze, comble, Qic, dérivés de humilem, cwnulum,
etc.
Fist sua fiz cunduire par fu e flambe el enurance de deables.
Les Rois, p. 420.
E fous e flambes i ert apareillez.
Chans. de Roi,, p. 214.
Et daus mes couret (entrailles, cœur) il alume De la flambe.
L. Pet., Muse norm., p. 2G,
Vère et parcordi, j'en mettrais
Ma main dans la flambe ou l's orties.
La nouv. annaie (Jersey, 1874), p. 2G.
Le patois normand a encore le mot flmnbée, pour indiquer un feu clair. Le
français lui-même a emprunté à flambe, flamber, flambeau, flamboyant, etc.
Flammant f/fammande*, brillant, éclatant), a^J., jetant des flammes. Du lat.
flammanteyn, enflammé.
Dunad lur pluies grisille, fu flammant en lur terre.
Lio, des Ps., CIV, 32.
Quant il oï la friente d'eus, Orrible e flammanz e feus, Lor sailli tost,
gole baée.
BÉN., Chron. de Norm,, v. 36218.
Flaon (flaun, flawn), s. m., flan, espèce de tarte aux pommes. Du bas-lat.
flatonem, du lat. flatare,, fréquentatif de flare,, souffler.
Item... pour ii douzaines de flaons et iii douzaines et demie de tarteleites,
iiii d. pour pieche, valent xxii s.
Compte de 1349, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 377.
-j- Fias {flaiv), s. m., coup de vent. Du lat. flMus, Le mot est usité, avec
cette acception, en patois normand de Guerne- sey. V. le diction, de M.
Métivier.
30
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(delwedd C0534) (tudalen 0466)
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- 466 — Ah I quet brit, quet terrible flias !
Rimes guern., p. 137.
Flaschir (to flash* 3), v. n., sortir, jaillir. . Seint sanc glorius ki du
cors est flaschi.
Vie de S. Auban, v. 896.
Flatir {to flatten, abattre; afiat, aplat), v. n., être jeté à' plat,
renversé. Du scand. fiât, plat ; en island. flatr.
Dont veissiez Rommain flatir Plaies saignier, navrez gésir.
Wace, Rom. de Brut, ms., f 43, cité dans Lacume.
Le mot subsiste en patois normand sous la forme se flatrir, se coucher,
s'étendre, forme que l'on rencontre aussi dans l'ancienne langue. V. le mot
suivant.
+ TiaXti {flatioise \ flatly, Sherw.), adv., à plat, tout à plat. Y. le mot
précédent.
Fleble, Flebe (flebled*, affaibli), adj.^ faible. Du lat. flebilem. V.
Fièhle.
La raison est pour abatre les faulses plainctes et clameurs que les puissantz
et fortz hommes pourroient faire contre les flebles.
Le Rouillé, Grand Coût, de Norm., t' xcv V.
Pour sa nef, appellée la nef Saint-Jame, proisiée, avecques les appareuls, à
vii <= 1. 1., flebe monuoie.
Compte de 1346, cité par M. Delisle, dans les Actes norm. de la Cti. des
Comptes, p. 334.
+ Fiée, + Fiais {fleyle, Palsg.), s. m., fléau, instrumenta battre le blé et
les autres grains (1). V. Flael.
Pour un flest a batte le senevey, 6 d.
Pluquet, Pièces pour servir à l'hist duBessin, p. 43.
Faux emoulir, dard ou faucille, Ëbliaiteur, fourque ou fiais.
Rimes guern., p. 427.
L'une des anciennes formes dialectales du mot, à laquelle tient d'assez près
le v. angl. fleyle, est fleel.
N'i avait el païs ne vilain ne corbel N'alast Flamens destruire à furke e à
fleel.
Chron. de Jord. Fant., v 1081.
(l) Fiée est le substantif defléer, qni s'est dit pour battre le blé,
rorge,etc.
Icellui Troude prinsi une verge à fléer, de meslier, et courut audit Petit
pour le ferir.
Let. de rém, de 1391, Duc, Flagellum.
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(delwedd C0535) (tudalen 0467)
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— 467 —
-|-Fleu {flour^ farine de blé), s. f., farine. Du lat, florem. On trouve dans
Pline fioris semodlus, pour un demi-boisseau de farine. En norm. fleu (1), en
angl. /four s'emploient seuls pour désigner la farine, tandis que la
dénomination française « fleur de farine » est indivisible et ne se dit que
de la partie la plusfine de la farine. « Flour ou farine ». Duc, Flora.
A un jour Ysaï apelad David sun fiz, si 11 dist : Receif ci treis muis de
tlur, al oès tes frères, e cist pain, e va delivrement eh l'ost.
Les Rois, p. 63.
Happ' chu sa vu l'y a d'ia fleu.
Rimes fers., p. 225.
I s'froltil la fâche atout (avec) d'ia fleu.
La nouv. annaie (Jersey, 1875), p. 18.
Les personnes qui se piquent de mieux parler que le vul- gaire disent de la
fleur.
Dans les jours de régal, on fait des crêpes ou caresmes-pre- nans avec de la
fleur de sarrasin.
Annuaire de l'Orne, année 1809, p. 30.
-f- Fleume (fleiome*)., s, f., pituite épaisse que l'on rejette en crachant,
flegme. Du lat. phlegma.
Nully ne meurt de ceulx qu'ay assaillis, Car les fleu mes, que fais gecter
par terre, Mondent le corps.
P. Gring., 1, 186.
+ Fleuretir {to flirt, folâtrer), v. n., tenir -des propos ga- lants, conter
fleurette. Cotgrave donne le mot, sous la forme française flemme ter, avec le
sens de faire des coquetteries.
On y oit le chant et ramage mélodieux des rossignols, qui fleurtissent,
fredonnent et dégoissent dedans ceste cercle et jar- dius prochams.
De Bras, Rech. et ant. de la ville de Caen, p. 6.
+ Flip {flip, boisson composée de bière, de liqueur spiri- tueuse et de
sucre), s. m., cidre chauffé, auquel on ajoute du sucre, de la cannelle ou
d'autres épices et de l'eau-de-vie.
La fabrication de cette boisson est indiquée dans le pas- sage suivant des
Rimes jersiaises, p. M : a Mais buvais don,
(1) Fleu est une ancienne prononciation normande Aq fleur. De la langue
parlée, cette forme est même quelquefois passée dans la langue écrite.
Ainsi, au moyen âge, IIonHeur, Fiquelieur, Plarlleur, Barfleur s'appelaient
Honnejleu, FiqueJleu,Harjleu,Barjleu, et tous ces noms s'écrivaient de même.
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(delwedd C0536) (tudalen 0468)
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— 468 —
maître Philipp ; est-che qu'on n'trouvais pas chu cidre-là bon ? Vos piaît-i
que not' femme vos le caouffe et qu'on li fouote une pinchie d'allspice ? i
Ce dernier mot est employé par les paysans jersiais pour all-spice (épices),
mot anglais qu'ils défigurent.
Des individus entrèrent dans le débit et demandèrent du phlippe, boisson qui
n'est guères connue que dans notre con- trée et qui se confectionne avec du
cidre doux, de l'eau-de-vie et des épices, le tout mis ensemble sur le feu.
Le Lexovien, 2 mars 1870.
Flique (flick"; flich. Cotg. ; flitch), s. f., flèche, bande de lard. De
l'anglo-norm. flicce.
Por i. bacon qui ait été occis, i. d. ; por i flique, i. d,, et se ii.
fliques sont ensemble, mes qu'eles ne soient d'une beste, il paeronti. d.
tant seulement.
CousC. de la vie. de l'Eaue de Rouen, art. 23.
Pour fere ardoir une flique de char pourrie, iii s.
Compte de /.55^, relaté par M. Delisle dans les Actes norm. de la Cti. des
Comptes, p. 81 .
Dans la Seine-Inférieure, flique se dit pour morceau de pain ou de viande. V.
le Gloss. de M. Delboulle.
Flo de boys (floaf 4), s. m., train de bois, radeau.
Les marchantz qui font flotter et passer leurdit bois... sont subjets de
paier les droits des moullins estans sur la dite ry- vière (l'AndelIe) et de
satisfaire à tout ce qui se trouvera de dommages faictz de (par) leur Qo de
boys tant ausdits moullins, gords, pescheries, etc.
Aveu de 1600, cité dans les Mém. et Notes de M. Àug, Le Prévost, II, 603.
Floin. V. Flouyn.
-\- Flon [felon^ Sherw.), s. m., furoncle. Le mot est usité en ce sens à
Guernesey. V. le Diction, franco-norm. de M. Métivier.
-|- Flondre {floundre, Palsg. ; flounder), s. /"., poisson, voisin de la
limande, qui se rencontre à l'embouchure de la Seine. Du suédois flondra.
Pour une flondre, le mercredi, 8 d.
Compte de 1435, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses Notes et doc. sur la
Norm,., p. 214.
-\- Floque (flock, loch, flocon, toulïe). s. /"., petite touffe, léger
flocon de laine, de coton, de bourre, etc.
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(delwedd C0537) (tudalen 0469)
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— 469 —
Le patois normand a le subst. masc. fï.oquet, lequel est un diminutif du
vieux mot poc, qui s'est dit pareillement pour flocon, touffe.
Floquet de laine.
MoiSANT DE Brieux, OHg. de quelq. coût, anc, I, 124.
. . . Faisoit remuer un floquet
De barbe, en remuant sa lèvre. "
Vauq. de La Fresn,, Forest,, I. 11.
Flor, Flur, Fleur (f!o7'e' flour*), s. f., fleur. V. Florete., flurir.
Ami Rollans, Deus metel l'anme en flors, En pareis entre les glorius.
Chans. de Rol.,^. 242.
Sera de toz princes la flor E le plus sage e le meillor.
Bén., Chron. de Norin,, v. 8005.
Cum cist ke ert de bone vie E flur de chevalerie.
Vie de S. Auban, rubrique du i° 55 v*.
Toute la flour des genz d'armes y a esté desconflte.
P. Cochon, Citron, norm., p. 114, éd. de Beaurep.
Royne des flours,que je désire tant,
Quant je vous vois, mon cueur voile dejoye.
Chans. norm. du XV* s., reo. Gasté, p. 9.
Florete, Florette (floret, flourette*), s. /"., fleurette, petite fleur.
V. le mot précédent.
E il geta, si la feri, Que la florete li chei.
Marie, Élidac, v. 1047.
Une pièce de soye violete, faicte à florettes jaulnes.
Invent, du mob. du card. d'Amboise, p. 489 (XVI" s.).
Florir. V. Flurir.
Flote [flouP), s. f., paquet.
Raoul Dieu, maistre de la nef Saint Jaque de Lisebone, pour flotes, pour sieu
et pour oint, xx d. t.
Compte de 1339, cité par M. Delisle, dans les Actes norm.. de la C/t. des
Comptes, p. 210.
Flote (A). V. à Flote.
4" Flotte iflode*, abondant), s. f , grand nombre, grande quantité,
foule. C'est le sens du mot dans l'ancienne langue.
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(delwedd C0538) (tudalen 0470)
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— 470 -
Pour indiquer une réunion de nombreux vaisseaux, l'on ne se servait pas du
mol « flotte » seul. '( Une flotte de nefs » signifiait une multitude de
navires. En espagnol flota. et en portugais /"roia, se disent pour
multitude et flotte.
Quant les Anglois virent leiiit fonsset (canot) prias, ils sail- lirent en
l'isle, à grant flotte, et assaillirent de tout granl force les François, là
envoyés la nuit devant, qu'ils les tuèrent et prirent tous.
Al. Chart., Hist. de Charles VII, p. 115.
De ces jeunes guerriers la flotte vagabonde Alloit courre foituue aux orages
du monde.
Malh., Poésies, 10,
Flotter {to flotte*), v. n., couler, s'écouler.
l.es gazouillardes fontaines Y flottent à grosses veines Avec argentins
ruisseaux. Couverts de feuillus rameaux.
Champ-Repus, Œuu. poét., p. 124.
Flour. V. Flor.
Flourir. V. Flurir.
Flouter {floict\ flot ; to floio^ flotter), v. n., flotter.
Les maneuvres (de Xerxès) rompirent la grant montaignf: de Athos, pour y
faire traverser la mer et flouter les naves, où par- mi son navire (sa
flotte) couvrit la mer méditerrienne, jusques à y faire un pont de rivage à
autre.
Al. Chart., VEsp., p. 364.
Flouyn, Floin (floyné^, sous Floygene, deux mots syno nymes), s. ra., espèce
de petit vaisseau léger.
22 août 1550. — Jehan Pinchemont le jeune ira à Rouen acheter... certain
nombre de taffetas pour faire plusieurs pavil- lons à mectre aux deux
floiiyns qui seront esquippez pour le passage dud. seigneur (Henri II) du
Havre en ced. lieu (Hon-
fleur).
Délib. du Cons. de ville de Hon/leur, dans les Archives de Honfleur, p. 68.
4 octobre d5S4. — Voyage au Havre de Pierre de Brisse et Jean Pinchemont, «
affin de entendre de monseigneur le vis admyral l'intention du roi sur le
faict de la construction des deux floins ordonnez pour estre faictz en ceste
ville pour la seureté de la coste de Normandie. »
Autre délib., citée ib,, p. 8i.
Flued {floud, Sherw.), s. m., flot.
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(delwedd C0539) (tudalen 0471)
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- 471 — Establid esturbeillun en p3isibleté,e turent
li flued de lui .
Liv. des Ps., CVI, 29.
Flum iff.um*), s. m., fleuve. Dulat. /lumen. V. Fluvie. ... Danube, un fliim
mult grant.
Wace, Fîoin. de Rou, v. 171.
Si obtreiras par nos los "
La terre dès le flum d'Andele.
Bén., Chron. de Sorm., v. 6146.
Flur. V.Flor.
Flurir, Flourir, Florir (to flurichon' ; to /îourish), v. n., fleurir. Du
lai. florere.
Li juste sicume palme flurira.
Lib. psalrn., p. 135,
• ".omraandé fu que tuit venissent Et en lor mains verges tenissenl. En
cui main verge flouriroit, A espeuse Marie auroit.
Wace, La Concept. jV.-Z)., p. 35.
Et gent florirent li ramel.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2018.
Florir se rencontre aussi au sens métaphorique de pros- pérer, sens que
possède de même l'angl. to flourish.
11 n'y a chose qui enrichisse et face tant florir les bonnes villes que la
communication qui se fait du trafic avec les estrangers. Cah. des Et. de
Norm, de 1605, p. 56.
Fluvie {fluvie* (1)), s. m., fleuve. X)\x\aX. fluvium. V. Flum.
Ki treslurnad en sanc lur fluvies e lur ruiseals, que il ne beùssent.
Llv. des Ps., LXXVII,44.
Foge (foggy*) adj., simple, borné, stupide, dépourvu. Bien deit l'en foge
effant por sage rei changier.
Wace, Rom. de Rou, v. 3330.
Foille, Foil {foile'),s. f., fouille. Du lat. folium.. Si cum les foilles des
herbes tost decarrunl.
Lib. pscdm., p. 46
(1) Halliwell écrit Jlunie ; évidemment le mot a été mal lu.
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(delwedd C0540) (tudalen 0472)
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- 472 —
Ce truis lisant en icest foil Que li assaut fu comenciez.
BÉN., Chron. de Norm., v. 11853.
D'où faillie^ cabane en feuillage :
Herberges e foillies e paveillons tendirent.
Wace, Rom. de Rou, v. 6699.
Li drap dunt ele ert despoulie, Erent dedens une foillie.
Marie, Gracient, v. 213.
Foirre. V. Foyrre.
Foletez. N. Foltet.
+ Folier, Folir [to fool, faire des folies), v. n-, être ou devenir fou,
extravaguer.
Estranget sunt li pecchedur de naissance, folierent de ventre, parlèrent
falses choses.
Lib . psalm. , 15,
Li dus est là torné, mult crein k'il ne foleit.
Wace, Rom. de Roa, v. 2668.
Au désir de son cuer foloye.
Pet. Poèmes du Mont-St-Michel, p. 30.
Foltet, Foletez {foltrye'), s. f., folie.
A fais saciez pur vertet Que ço est grant foltet.
Ph. de Thaon, Comput,\, 2615.
E si eschaper nos quidez Ce sereiten grant foletez.
Béx., Chron. de Norm., v. 2903.
Fondera, Fondeeur, Fondeur {founder), s. »i., fondateur.
De totes sui faitres e fonderes E conseillans e aidieres.
BÉX., Chron. de Norm., v. 39391.
Li abés a les Chartres au fondeeur de s'abaie, qui li donnèrent
celle iglise.
Maunier, Établis.?, de l'Echiq. de Norm., p. 187.
Nous sommes tenus de faire à Dieu prières et croisons, . .pour les âmes de
nos fondeurs et bienffacteurs.
Aveu de 1424, cité dans les Mém. et Notes de M. Aug . Le Prévost, 11,319.
-f- 1. Fondre (lo founder*), v. n., tomber. Du lat. fundere., au sens de
couler, lâcher. V. Afondrer.
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(delwedd C0541) (tudalen 0473)
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— 473 —
Est le pont en péril de fondre, car la maçonnerie est chaite en l'eaue.
Compte de 1332, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 43.
Le pont fondit et tous ceuli qui estoient sur ledit pont fon- dirent en la
rivière de Loire.
Al. Ciiart., Ilist. de Ch. VII, p. 71.
2. Fondre, Fundre (to fomid'), v. a., détruire, dévaster. Dérive du lat.
fundere, au sens de renverser, abattre.
Ci avons jà sis longuement, Por la vile que volons prendre, Fondre et ardeir
et mètre en cendre.
BÉN., Rom. de Troie, v. 18262.
Par tantes feiz, ne l'sai retraire, M'auront tait damage e contraire, E
assailliz mes bonz cliasteaus E pris efunduz des plus beaus.
Id., Cliron. de Norm., v. 10505.
Forcheure. V, Fourcheure.
Forcible {for ciblé), adj., fort, puissant. V. Esforcïble.
Si fiz erent produme e forcible e vaillant ;
S'il se tienent ensemble, plus en erent puissant.
5. Thom. le Mart., p. 217. Append.
Forcier {forcer), s. m,, petit coffre-fort, cassette.
Fortune a le forcier cassé, Ouj'espargnoye ma ricbesse.
Al. Chart., Œuv., p. 503.
' Forain (forrein, Sherw.; foreign ; forennar, Palsg.), adj.., étranger. Du
bas-lat. foraneiim ; du lat. foras, hors. Forein, foreign, étranger. Kel. V.
Fors.
Gist foreins habiz fu de chanoine reullé.
5. Thom. le Mart., p. 201.
1. Forfaire {to forfaite*, lo forfayte, Palsg.), v. n., faire tort, faire
mal. Du bas-lat. forisfacere, nuire, littéralement agir en dehors de ce qui
est permis. V. Forfaire 2, 3 et 4.
Rollans me forfist en or e en aveir.
Chans. deRol.,'ç. 316.
Une mes ne li forfit de nient.
Marie, Eliduc, v. 439.
2. Forfaire (se), {to for-fare*), v. rcfl., se perdre, aller à sa ruine. V.
Forfaire 1, 3 et 4.
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(delwedd C0542) (tudalen 0474)
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— 474 — En ceste baillie se forfirent vers nostre
Seignur.
Les Rois, p. 285.
La traïsim jurât, si s'est forsfait.
Chans. de Roi., p. 51.
3. Forfaire {to forfeit), v. n., encourir par un forfait la perte de sa vie,
de ses membres, de tous ses biens, ou d'une partie. V. les deux mots qui précédent
et les trois qui suivent. V. aussi Forfet.
Ki purgist femme par forze, forfair ad les membres.
Lois de GuilL, 19.
Les daQinés (condamnés) ne forfont fors ce qu'ils ont et que leur est propre
et ce qu'ils tenoient au temps que ils firent le mesfaict et ce qu'ils ont
depuis acquis.
A71C. Coat. de Norm., ch. xxiv.
i. Forfaire, Forsfaire (to forfeit), v. a., confisquer {\). V. Forfeture,
forfaire 1, 2 et 3 ; forfait.
Se il (le marchand) s'en va atout (avec) son cheval ou ses che- vaulx sans
paier les vi d. d'estallase dessus dis, si tost corne il ara passé la barre,
les chevaux seront forsfais.
Coût, de la Vie. de l'Eau de Rouen, art 90.
Le chastel des usuriers n'est forfaict, fors de ceulx qui ont usé d'aulcu ne
des manières de usure dessus dictes, en l'an qu'ilz sont morts.
Ane. Coût, de Norin., ch. xx.
Forfait [forfeit),s. m., amende.
Et si alquons meist main en celui qui sa raere Yglise requirit... rendist ce
que il avereit pris e cent sols de forfait.
Lois de Guil., 1.
Il (le sénéchal) visitoit les forests et les hayes du prince et re-
voquoit les forfaits.
Ane. coût, de Norm., ch. x.
Forfet (forfeit), adj., condamné à mort. V. Forfaire 3.
Quant veit li reis Henris ke veintre ne l'purra, Ne ke les cUts forfez
disfere ne ierra, Mut durement vers lui en ire s'enflamba.
S. Tho/n. le Mart., p. 43.
Forfeture, Forfaiture {forfeiture), s. f., confiscation, perte par
confiscation. V. Forfaire 4,
(1) Confisquer, en terme d'ancien droit français, était nn verbe neutre dont
le sens était encourir !a confiscation. « Confisquer son fief, dit Lau- Tièie
(Gloss. f/a f//-./r.;, c'est ce que les autres coutumes disent commettre ou
forfaire son fief, quand, par la faute du vassal, il est aquis au seigneur
feudal. »
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(delwedd C0543) (tudalen 0475)
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— 475 —
Quant il vienent d'aulre molin, se ledit Guillaume les trove, il les prent,
et est le cheval à l'abbé par forfeture, et la ferine au rei, et le sac audit
Guillaume.
Liv. des Jur. de S. Oaen de Rouen, l' 70 v'.
S'il advient que le dit advenant trouve aucune chose qui tourne à forfaiture,
il en doit avoir le quart.
Aveu, de liOfi, cité par M. Delislc dans l'Agric. en ISorm. au moy. âge, p.
107. t<
+ Forière (forehead*), s. /"., portion déterre inculte autour d'un
champ. Du lat. forts, en dehors. Les /bn'eres se trouvent, en effet, en
dehors de la portion cultivée du champ. Les plus larges se remarquent aux
extrémités des pièces en labour, là où aboutissent les sillons. C'est sur ces
forières que l'on fait tourner les chevaux et la charrue, quand, ayant formé
un sillon, il s'agit d'en recommencer un autre. C'est là aussi qu'on prépare
les amendements destinés au fonds. Outre forehead, Halliwell donne foraere,
mot par lequel il désigne la partie en guéret, c'est-à-dire la partie non
ensemencée d'un champ en labour.
Wace a dit les foriers, pour les dehors :
Eneslepas (incontinent) descoiifi fussent Et lor prisons (prisonniers) perdu
eussent, Se ne fust Guitard de Poitiers, Qui le jor i^ardeit les foriers.
Wace, Rom. de Brut, v. 12608.
Forjeter. V. Forsgeter.
Forjuger [lu forejudge), v. a., préjuger. Forejugé , pré- jugé. Kel.
Kar chose jugée entre eus ne forjuge pas les altres, ki ne sont à présent.
Lois de GuilL, 39.
Forjuger signifie littéralement juger /br? (hors), sous-cn- tendu la présence
d'une partie intéressée ( V. Fors), c'est-à- dire la juger sans connaître les
raisons qu'elle peut invoquer; par conséquent à tort, injustement. Telle est
encore l'une des acceptions de ce verbe en vieil anglais, (V. Halliwell à
Fore- juged), acception que l'on rencontre aussi en ancien dialecte normand :
Del bien aura cist sun hier Ne l'vout mie Deus forsjugier,
Bén., Cliron. de Norm., v. 25637.
Ne pot mis, od le tricheur, Li loiaus huns avoir honur. En cort, où l'on
veille trichier E par mensoigne forjugier
Marib, Fable 66.
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(delwedd C0544) (tudalen 0476)
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- 476 —
Forjurer. V. Forsjurer.
Forkes iforks'), s. f. pi., gibet, potence, fourches patibu- laires. Du lat.
furcam, fourche, ainsi appelé en ce que le gibet était primitivement établi
sur deux piliers.
Ele respunt ke ne dutast, Asseur fust e tôt en pès, Quant des forkes estera
près, Si s'apiaut li lierres od sei.
Marie, Fable 72,
Mais il firent, por as vengier, Sor un mont lor forques dercbier.
Wace, Rom. de Brut, v. 3099.
Forlongner, V. Forsloigner.
Forluigner. V. Forsloignier.
+ 1. Forme, Fourme {forme. — Du G. Gramm.,-p. 909: form ; fourni, Sherw.), s.
/., banc. Le mot est usité en ce sens à Guernesey. V. le Dict. franco-norm.
de M. Métivier.
Item, formes, Iraistres (tréteaux) et tables grant foison pour l'estorement
de l'ostel.
Invent, de 1307, cité par M. Delisle dans ÏAgric. en Norm. au moyen âge, p.
724.
Pour meittre une fourme en la cohue (salle ou siégeait le tri- bunal), et un
es à l'entrée de la chambre aesiée (latrines) d'icelle cohue... vi s.
Compte de 1.334, cité par le même dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes,
p. 71.
2. Forme, Fourme (frame), s. f., châssis.
A Robin d'Arqués, victrier, pour avoir descendu de la lanterne de la dicte
église vii furines de verre, les rapareiller et nestoier et les reraetre en
pion neuf.
Compte de 1452, pour les trav. de rép. de la cathédr. de Lisieux, t. IV, • p.
201, de VHist. de Ch. VII àe Th. Basin, éd. Quicherat
Pour une fourme de voerre... assise en l'église de Périers...
Compte de 1469, cité par M. Ch. de Beaurepaire, dans ses Notes et doc. sur la
Norm.., p. 411.
Forques. V. Forkes.
Forrage {forage), s. m., fourrage, provisions. V. Foyrre., forrier.
Doivent (les fermiers)... à ladite abeiesse et à sa gent. . ., toutes les
foiz qu'i vendront à la Gauchie (nom d'une ferme), trouver du forrage et
osteler les.
Bail de 1275, cité par M. Ch. de Beaurep., dans ses Notes et doc. sur la
Norm., ^, 425.
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(delwedd C0545) (tudalen 0477)
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— 477 —
Forrier (forreeur), s. m., fourrageur, pillard. Du bas-Iat. fodrurium, de
fodnim. fourrage. V. Foyrre.
Prez del rei se herbergereit E des forriers garde prendreit.
Wace, Boni, de Rou, v. 9975.
Fors (forlh), prcp., hors ou dehors. Du lat. foj'is.
Et si alcun isthed les chatels fors de la nef senz busun, s'il" rendet.
Lois de GuilL, 38.
Quant fors furent trait li destrier. . .
Bên., Cliron. de Norm., v. 3134.
Forsclos (/br-c^osec^*), adj., exclu, mis en dehors. Dehors (v. ce mot) et
clore. C'est le part. pas. de forsclore, verbe qui subsiste en français sous
la forme forclore, et n'est plus usité que comme terme de pratique, à propos
des ordres judiciaires.
Vers celé partie del temple, ki del chancel fud forsclose, tur- nerent lur
vis.
Les Rois, p. 249.
De cens qui de proesce unt los Ne devez mais estre forsclos.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 22206,
Forsfaire. V. Fo?- faire.
Forsgeter, Forjeter {to forget, Sherw.), v. a., rejeter, mé- connaître. De
fors (v. ce mot) et jeter.
Et forsgeta de la face d'els les genz (Et ejecit a facie eorum gentes).
Lib. psalm., p. 110.
Jo esneirai e forjeterai quanque remandrad del lignage Je- robam.
Les Rois, p. 292.
Forsjuger. V. For juger.
Forsjurer {te forswear, répudier), v. a,, délaisser, aban- donner.
Humles li a merci crié, Qu'aler l'en laist sol, sain e vis, Tôt li forsjurra
le pais Qu'à nul jor mais de son aage Ne clainl ne part ne eritage.
BÉN., Citron, de Norm., v. 34051
« Forjurer le pays », c'est en Normandie, dit Laurière, dans son Gloss. du
dr. fr., v° for jurement, « délaisser et abandonner le pays, m
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(delwedd C0546) (tudalen 0478)
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— 478 —
Forsloigner, Forluigner, Forlongner [forlorn, éloigné, dé- laissé, perdu), V.
a., abandonner, éloigner. De Fors (v. ce mot et loin).
Dans un vocabul. lat.-fr. du XIII" s. de la bibl. d'Évreux, on lit : «
Degenus vel degener, fors lignables. »
Pot cel estre por engignier Ne volent eissi forsloigner.
BÉN., Chron. de Norm., v. 19808.
Ele n'est mie forluignée.
Vie de S. Giles, v. 1679.
Je m'estoy forlongné Du labour où j'estey n'a guère embesongné.
Vauq. de la Fresn., Art, poéU, II, 64.
Fortelesche, Fortelesce {fortelace*}, s. /"., forteresse. — For- selet,
fortelet, château-fort, Kel. En provenç. fortalessa, en
espagn. forlaleza.
Fortelesche n'aveienl ki les pont garantir,
\Vace, Rom. de Rou, v. 801.
A grant plenté e à largesce, T'en garnirai la forlelesce.
Bén., Chron. de Norm., v. 11938.
Fortuner {to fortune"), v.n.,se conjuguant avec l'auxil. être, éprouver
en bien ou en mal. Du lat. forlunam, qui se disait de tout événement, soit
heareux, soit malheureux. La citation qui suit offre, comme on va le voir, un
exemple de l'emploi de fortuner, au sens péjoratif.
(Les habitants de la ville et du bailliage d'Evreux) ont esté for- tunés par
gresle et fouldre du ciel, telle estant impétueuse, qu'il n'est mémoire d'en
avoir veu une telle.
Cahier des États de Norm. (XVI= s.), p. 36,
Forveier {to for-waye\ to fo7'waye,Falsg.), v. n., faire fausse route,
fourvoyer. De fo7's et veie. V. ces deux mots.
Li asnes ert si enseigniez
Que, quant tornout d'Astre chargiez
Ja en nul leu ne s'eisteust,
Ne forveier pas ne peust,
De si que à cel mont veneit
Où ses mestres tramis l'aveil,
GuiLL. DE S. Pair, liom. du. Mont St- Michel, v. 85.
-\- FouaiUes {fuel, fowayle), s. f.pL, combustibles. Le mot subsiste en
patois normand et ne sert plus aujourd'hui qu'à désigner les menues branches
sèches, servant à faire un feu clair, en patois une fouée. — Fowales,
fowyles, fouayles,
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(delwedd C0547) (tudalen 0479)
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— 479 -
fuayl, chauffage, aliment du feu, Kel. - En bas-lat. focalia, du la t. focum.
En vendenges donot lu vin, Les bacons (le lard) à la seint Martin, Leùn
(légumes) en juing, fruit en setembre, Robes (vêlements), foiiailles en
décembre.
Vie de S. Grég., v. 1633.
A Jersey et à Guernesey, on donne le nom de fouailles aux fougères, dont les
tiges desséchées servent à allumer le feu."
+ Foucade (fowk', /'MWe*,/b^A, la foule, le monde ;/7ocA-, trou- peau, bande.
Ces quatre mots sont congénères et possèdent la même acception générale), s.
/"., course désordonnée d'un troupeau de moutons, de bœufs, etc.,
laissés en liberté dans les pâtures, espèce de panique et d'effarouchement,
dont la cause n'apparaît pas toujours. — Foucade se dit aussi, par mé-
taphore, pour coup de tète, action irréfléchie. V. à Effouquer, comment les
mots anglais fouk\ fulk*, folk, peuvent se ratta- cher au mot de patois
foucade. V. aussi Fuie.
Le mot français fougue n'aurait-il pas quelque rapport d'ori- gine avec notre
mot foucade ?
fouldre. V. Fuldre.
-f- Fourc {forke, Sherw.), s. m., endroit où une branche commence à se
fourcher, soit avec le tronc de l'arbre, soit avec une grosse branche s'y
rattachant. « Le fourc d'un abre» Gotg.. Diclionn. — Cotgrave donne aussi les
locutions similaires: le fourc des doigts, le fourc d'un chemin, le fourc des
rues.
En angl. fork se dit encore aujourd'hui de la bifurcation d'un chemin.
Nons vismes, au fourc d'un hêtre, le premier tableau encore tout frais.
Vauq. de la Fresn., For est.. II, 9.
Se aucun chesne apert sec par le coupel, au dessus du maistre fourc en
amont...
Coût, des Forêts (Pacy), cité par M. Delisle dans VAgric. en Norm. au, moy.
âge, p. 362.
-f- Fourchât. V. le mot suivant.
Fourcheure, Forcheure, Furcheure (furchure*), s. f., la partie du corps,
entre les deux jambes, s'étendant du périnée aux genoux. Dérive de fourche.
Gambes ont lunges, dreites, large la fourcheure.
Wace, Rom. de Rou, v. 2064.
La forcheure ad asez grant li ber, Graisles les flancs et larges les costez.
Chans. de Roi., p. 263.
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(delwedd C0548) (tudalen 0480)
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— 480 — Moult out Idrge la furcheure.
Fie de Giles,y. 65.
A Guernesey, Ion dit fourqueure. V. le Dictionn. franco- norm. de M.
Métivier, p. 239.
En patois normand, fourchet, fourquet, expriment le sens précité. L'on dit de
même le fourquet ou le fourchet d'un pantalon, pour désigner la partie de ce
vêtement qui touche au périnée. L'on substitue quelquefois, par métathèse,
frou- quet à fourquet :
J'en happis iun pa 1' frouquet de ses braies.
Rimes jers., p. 23.
Fourlore. V. Furole.
Fourme. V. Forme 1 et 2.
+ Fourniment ifurnirnent*], s. m., fourniture, provision. Fourniment est
donné en ce sens, comme mot français, par Cotgrave,
+ Fourque (fork)., s. /"., fourche. Du lat. furcam.
N'i aveit el païs ne vilain ne corbel, N'alast Flamens destruire à furke e à
fleel.
Chron. de Jorcl. Faut., v. 1081.
Item, pour sommes de pelles et fourcques en bois, j. d.
Coust. de Lisieux (XV* s.).
J'attrape une fourque et, palfrandine ! J'ia li pique à travers l'aileton.
Rimes guern,, p. IM
-|- Fourquet. V. Fourcheure.
Fonx {foui*), adj.^ vicieux, méchant.
Fauces i fu, li traistre, kl est foux e eschis.
Wace, Rom. de Rou, v. 2671.
Foyrre (fodder), s. m., fourrage. Du Scandinave fôdr. Comp. l'angl. food.
nourriture. V. Forrage, forrier.
Le 30 avril 1555, les serviteurs de céans revindrent de Gou- berville atout
(avec) une chartée de foyrre..
Journ. du s. de Goubercille, p. 360.
C'est le V. mot feurre, conservé par TAcadémie, et qui en fait est
complètement tombé en désuétude, si ce n"est en Nor- mandie, où il est
resté d'un usage journalier, surtout dans les campagnes.
Le dim. pi. feurrels y indique les menues pailles et les herbes desséchées,
recueillies lors du peignage du glui. Feurrer s'y dit aussi pour empailler,
littéralement garnir de
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(delwedd C0549) (tudalen 0481)
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— 481 —
feurre. Fourrer, en français, a une dérivation similaire: fourre est, en
effet, un doublet de feurre (1).
Frael. V. F rail.
Fragance [fragrance)., s. /"., odeur, parfum. Du lat. fra-
grantiam.Y.Fragrant.
Les Imnides qui ont le soin des praries et fragance des fleur^.
De Bras, Recli. et antiq. de la ville de Caen, p. 208.
Fragrant ifragrant), adj., odorant, parfumé. Du lat. fra~ grantem. V.
Fragance.
Lors on eust veu esprits vivifier,
Qui exprimoient mots plus fragrans que rose.
Chant royal, dans les Bech, de M. de Bras, p. 236.
Frail, Frael, Fresle [frail), adj., fragile, sujet à tomber en faute. Du lat.
fragilem. V. Fresle té.
La vide est fraile, ni al durable honor, Geste ledice revert à graut tristor.
Alex., str. U.
Leur fraelle puissance.
Al. Chart., l'Esp., p. 323.
justiciers, qui rainistrez Justice,
Pas n'est requis d'eslre foibles ne fresles.
P. Gring., I, 50.
Fraindre [lo fray* ; to frael), v. a., briser, détruire. Du lat. frangere,
fractum.
W\ remaint bore à fraindre ki tant fust bien garniz.
Wace, Rom. de Bou, v. 1807.
Sf-nz estre fraite ne quassée, l/unt (la paix) si estreilement jurée, (Ju'eie
ne puisse estre deslièe, Ne maumise ne empeirée.
Bén., Chro/i. de Norm., v. 2051, p. 75.
Grant cols se vont entreferir Enson le vermés des escus, Qui tous les ont
frais et fendus.
Marie, ÏEspine, v. 324.
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(delwedd C0550) (tudalen 0482)
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(1) A tuz ces chevals truverent furre o provende.
Les Eois, p. 240.
Dans ce texte, l'a de furre, aussi bien que ceux de taz, truverent, se
prononçait 00..
31
— 482'—
Framure iframé), s. /"., charpente, structure.
Fud plate la fiatnure ki esteit sur le tierz estage.
Franche aumosne. V. Pui-e et franche aumosne.
Franchir {to franchise), v. a., affranchir, délivrer, littérale ment rendre
franc (libre).
Li boens Baïns e si enfant S'en vutit à Deii gtace rendant, Quer saint
Autbert franchi li ont Trestout son feu, où que le sout.
GuiLL. DE s. Pair, Boni, du Mont S. Mich., v. 329.
Deus suffri mort en croiz pur s'igUse franchir.
S. Thom. le Mart., p. 98.
Frapaille {frape*, assemblée, réunion de personnes), s. f. bande, troupe de
valets d'armée, de goujats. Terme de mé- pris. Le mot anglais et le mot
normand sont les mêmes, sauf l'addition à ce dernier du suffixe péjoratif
aille , comme dans valetaille, ferraille, etc. — Frap de gents, foule nom-
breuse, réunion de gens du peuple. Kel.
Li sarchon e l'altre frapaille, Ki mestier n'orent en bataille, Ki le menu
herneiz gardèrent, Deverz un teltre s'en tornerent.
Wace, Rom. de Rou, v. 13076.
Frarie. V. Frérie.
Fraudulent (fraudulent) , adj. , frauduleux , obtenu par fraude. Du lat.
fraudulentum.
Item, (il a été ordonné) que les donations fraudulentes, faites des non
exempts aux exempts, n'empescheront ne serve ou con- tribue.
Terrien, Comment, du dr. norm.,^. 116.
Freel, Freal, Freau {frail), s. m., cabas, panier servant à mettre des
figues. — Fraile, panier. Kel.
Abigaïl pur ço se hastad ; fist prendre dous cenz pains... e dons cenz freels
de figes, e fist tut chargier sur adnes.
Les Rois, p. 98,
Deux freaux de figues et un de raisins achetés à Rouen.
Compte de 1413, cité par M. Delisle, dans VAgric. en IS'orm. au m,oyen âge,
p. 506.
Un freel de figues du Portugal, 36 s. Autre de / 4 55, cité par M. de
Beaurep. dans ses A'"ofps et doc. sur la iSorm., p. 3t>3.
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(delwedd C0551) (tudalen 0483)
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- 48;-{ -
Pour lin treau <ie fi^^iif-s, raisins... pour chascun ii deniers. Aveu de
1326, cilé dans les Méni. et Notes de M. Aag. Le Prévost, III, 6.
+ Freidir {lo freeze) v. n., froidir, devenir froid. V. Be- freidir.
-\- Freir {fray* 1, fear, frighl), s. /"., frayeur.
En ceus dedenz n'out que freir.
Bén., Citron, de iVorni., v. 4398.
Freis {to fret, sculpter, ciseler), adj., ciselé, travaillé en relief, relevé
en bosse.
Garni se sunt al raeuz qu'il pout, Chascons devers le rei Aigrout, De blans
osbcrs, de heaumes burniz E d'escuz freis, peinz à verniz.
BÉN., Chron. de Norni. v. 16140.
Vestir hauberes e bruines, lacier ces healmes freis.
Chron. de Jord. Fcuit., v. 156.
Notre mot freis, dans l'acception qui vient d'être indiquée, ne serait-il pas
le radical du terme d'architecture frise, par lequel on désigne les ornements
et bas-reliefs disposés à la partie supérieure d'un édifice, d'une porte,
d'une cheminée, etc. ?
Fréquence {fréquence), s. /"., concours, afEluence, foule. C'est le sens
exact du radical frequenlia.
Nous l'avons veu avoir une aussi grande fréquence d'auditeurs... au temps que
la peste ravageoit entre le peuple... et renversoit toutes les familles.
Vauq. de la Fresn., Or. fanéb. de llouxel, p. 261.
-f- Frérie \frary\ frierxj, Sherw., confrérie), s. f., confrérie formée par
des laïcs, en vue de rendre les derniers devoirs aux morts. L'on donne aussi
à ces confréries le nom de cha- rités. Du lat. /ra^riam, collège,
corporation. — Freris, frarie, Kel.
Emperur de AUemaine esteit Uns qui la cisme mainteneit, Par non frarie.
Vie de S. Tliom. de Cantorb., v. 1153, var.
Pour cette finance furent venduez toute la vesselle d'argent des fraries et
charitez.
P. Cochon, Chron. norni., p. 167, éd. de Beaurep.
-j- Freseler {to wriqgle), v. n., s'agiter, flotter, ondoyer.
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(delwedd C0552) (tudalen 0484)
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— 484 —
Treis mil escus i (sur le? tours) estencelent E mil enseignes i fusaient.
Bkn., Chron. de Norm., v. 3939.
Fresle. V. Frail.
Fresleté {frailty)^ s. f., fragilité. V. Frail.
Mais tiel est nostre fresleté, Nul ne pout vivere saunz pecché. Poés.
anglo-norm., citée par M. Meyer, Bull, de la Soc. des anc. textes, 1880, p.
68.
Frestel {fristele'), s. m., flûte.
Encuntreras les prophètes ki d'amunt vendront à estrumenz, psalterie, tympans,
frestels e harpe, e prophetiserunt.
Les Bois, p. 33.
Cors e boisines e fresteals E fleutes e chalemeals Sonnoent si que les
montaignes En retinloent e les pleignes.
GuiLL. DE s. P.\iR, Boni, du Mont S. Mich,, v. 781.
Fri {fry). s. m., frai. Du lat. fricare, frotter.
Pour faire un grant greil en l'entrée du grant estanc par où la ryviere
entre, afin d'arrester le poisson, le quel, en temps de fri, monte amont la
ryviere et part d'icelui estanc.
Compte de 1340, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 256.
4" Frigousse [fi-igge*. culotte de bœuf ou de mouton), s. /".,
viande en ragoût. La désinence ousse indique un sens péjo- ratif, comme dans
le mot populaire frimousse.
-f- Frisquet frisky), adj., fringant, vif, sémillant. C'est une forme
diminutive du vieux mot p'isque, dont le sens est le même. De Tallem. frisch,
frais.
Sottes frisques, sottes doulces, rebelles.
P. Gring,, I, 201.
Vous estes bien adroit et frisque.
De Br.\s, Rech. et antiq. de la ville de Caen, p. 47.
c( Frisque on frisquaire, dit Moisant de Brieux {Orig. de quelq. coût, anc,
1, 156), signifie souvent un homme guay, enjoué, plaisant. »
+ Frit [fryte*), s. m., fruit. La chute de Wt devant i est un fait assez
commun en dialecte normand, où H, pils, brit, bis- son, etc., se disent pour
lui, puits, bruit., buisson.
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(delwedd C0553) (tudalen 0485)
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— 485 —
Toutes les choses de quoy diesme est due, qui creissent en la parroisse de
Rus et de Norraie, exceptée la diesme deu Voacre... et de tous les t'riz
desus diz.
Liv. des Jur. de S. Oucn de Rouen, t' G5 ï°.
U frit de me n'amour.
L. Pet., Muse norm., p. 27.
L' seul frit qu' j'aime, i faut qu' je 1' dise, •■
Ch'est la gradille et la ch'lise.
MET., Diction, franco-norm., -p. 129.
Le verbe français effriter, rendre la terre stérile, telle qu'elle ne
produise plus de fruits, dérive du préfixe privatif ef, pour ex, et de notre
substantif />•«/ ; la forme de ce verbe était primi- tivement effruiter.
Le vent effruite la terre et nuist as flors.
Psaut., î° 94, dans Littré.
Le patois normand use des dérivés fritier, frilage. V. Fruî- lage.
-j- Froisser. V. Fruisser.
Fruc, Frut {fruce*, frute, Palsg.), s. m., fruit. Du lat, fructum.
De bon arbre vient buen frue.
Hist. de Guill. Le Maréchal, v. 19179.
En la fin de France est une plane plene de boiz et de divers frut (c'est de
la Normandie dont on parle).. .
L'Ystoire de U Nnrniant., p. 9.
Fruisser {io frush), v. a., briser, rompre, mettre en pièces, détruire. D'une
forme fictive frustrare, faite sur frustum, morceau.
Si alcons est apelez de muster fruisser, et de chambre, et il n'eit esté blasmed
en arer (antérieurement), s'en escondit per xlij le^ls liomes.
Lois de Guill., 17.
Fruissent les ymagenes e trestutes les ydeles.
Chans. de Bol-, p. 307.
Le patois normand use, dans le même sens, de la forme froisser, qui
appartient aussi à l'ancien dialecte :
Froissent lances e enastelent Et cors des chevaliers desselent.
Bén., fto/n. de Troie, v. 15559.
Et qui jouster ne sçait, se garde de joiister Ni de vouloir froisser, mal
apris, une lance.
Vauq. de la Fresn., Art poét., III, p. 107,
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(delwedd C0554) (tudalen 0486)
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— 486 -
-\- l'ruitage, -\- Fritage {frw'lage), s. m., toute sorte de fruits. Y. FiHt.
Peut avoir et cuillir des fruitagez en icelle forest, comme pom- mez, poirez,
mêliez.
Coût, de la forêt de Beau mont, cité par M. Delisle dans VAgr. en Norni. au
moyen âge, p. 379.
La place de devant l'église calhedral de Saint Pierre de Li- sieux, en
laquelle on vent les fruita^es...
Ch. de 1458, du cartul. de Lisieux, f 39.
Mate, frilage, ognon, lait à pleine tarrine.
L. Pet., Muse norm., p. i3.
Fruition (fruition), s. f., jouissance, possession. Du lat. fruitionem, de
frid.
Mais, parla provision, Le croyons sans vision, Jusques à la fruition De sa
majesté bénigne.
Al. Chart., l'Esp-, p. 284.
Frument, Fnrment [frumenlarioua, de froment; farmenty., bouillie de farine de
froment, Sherw.), s. m., froment. Du lat. frumentum, blé.
Lt^s valedes abunderent de frument.
Lib. psalm,., p. 83.
Offrirent à David. . . furment e orgee farine.
Les Rois, p. 185,
On prend men cœur pour un cribre à fourmen,
L. Pet., Muse norm., p. 10.
Frut. V. Fruc.
Fuildre. V. Fuldre.
Fuison (fiiyson"), s. f., foison. Du lat. fusionem. Fuison, abondance. Kel.
Mult out despense en sa meson, Et mangier et beivre et à fuison.
Vie de S Thom. de Cantorb., v. 169.
Li rois est venus de cachier (chasser); Tart et prise à grant fuison Et
volatile et venison.
Marie, l'Épine, v. 172.
Fuie (flock, troupeau ; folk, fulke\ fowk\ la foule, le monde), s. m., bande,
troupeau. V. Eff'ouquer, foucade.
Ne receverai de la tue maison, vedels, ne de tes fuies, buis.
Lib. psalm., p. 66.
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(delwedd C0555) (tudalen 0487)
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— 487 —
Cum çooïii David, el désert, que Nabad fist tiindre sun fuie.
Les Rois, p. 96.
Fuldre, Fuildre, Fouldre {fouldèf*), s. /"., foudre, tonnerre.
Cheent i fuldres el memit et souvent.
cil ans. de Roi., cix, dans Littré.
Fuildresraustrad ; eve de funtaine i aparul e reveled sunt It-s fundemenz de
la terre.
Les liois, p. 207.
(Les habitans de la villti et du bailliage d'Evreux) ont esté for- tunés
(maltraités), par gresle el fouldre du ciel.
Ca/i. des États de .\orni. (XVI* s.), p. 30.
Fumer {to fume), v. n., pester, être vexé, être" en colère. Du lat.
fumare, exhaler de la vapeur. On trouve avec le sens d'irrité, fâché :
fiimish, dans Halliwell, el fumouse dans Palsgrave (Gi-am., p. 774.). Enfin,
Halliwell donne l'adv. fu- moiishj, avec colère.
Heliseus, prophète renommé,
A ung homme, par nom Naaman nommé,
Donna santé, dont ne voulut riens prendre ;
Son serviteur Giezi en fut fumé (irrité),
De convoitise si tresfort enflammé,
Que symonie il voulut entreprendre.
P. Gring., 1,91.
Tu m' fais fumer, fouine ou tais-tei.
Coup d'œii parin, p. 24.
Fums {fume), s. m., fumée, vapeur. Du lat. fumus.
Muntat li fums en la sue ire. (Ascendit fumus in ira ejus.)
Lib. psalm., p. 18.
Li fums en soleil araunt 'ever.
Zes Rois, p. 249.
Function {ftinction), s. /"., fonction. Du lat. functionem.
Pour le regard des archers du sel, le règlement fait sur la function de leurs
charges doit estre soigneusement gardé.
Ca/i. des Et. de Norm. de l(JO(i, p. 94.
Mon esprit, qui n'a pas cette vive lumière, r.onduit trop pesamment toutes
ses functions.
P. Corn., Galerie du Palais.
Fundement (fundemenC), s. m., fondement, fondation. Du lai. fundamenlum.
Les fundemenz des munz sunt esmeuz e crodlez, kar nostre sires est curuciez.
Les Rois, p. 205.
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(delwedd C0556) (tudalen 0488)
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— 488 —
Pur çà Dpus tout ouvré sur le boen fundement.
5. Thom. le Mart., p. 13.
Fundre. V. Fondre 2.
Furbir {to furhish), v. a., fourbir, polir par le frottement. De Fane, haut
allem. furhan. nettoyer.
Ferez, seignurs, des espées fnrbies.
Chans. de Roi., p. 161.
Auban décolé fu à la espée furbie.
Vie de S. Auban, v. 1443.
Furchoure. V. Fourcheure.
Furmeire (to fitrme*, former), adj. , créateur, littéralement celui qui
forme. V. Furmer.
Mes Jesu le glorius, de tûtes riens furmeire.
Chron. de Jord. Faut., v. 1263.
Furment. V. Frument.
Furmer (to furme*), v. a., former. V. Furmeire.
Dampnedeu, tu ki me fesis, Alpha et w, ki me furmas A ta semblance, e nus
salvas...
Vie de S. Gile, v. 2104,
Nabugodonosor fist une image ovrer
D'or et d'argent mult urant, à sun semblant furmer.
S. Tkom. le Mart., p. 48.
Furmer vient de furme, qui s'est dit pour forme : Erranment list prendre les
mesures e les furmes des altels.
Les Bois, p. 399.
Furni (furnished, Sherw.), adj., complet, suivant les règles, bien ordonné.
La justise seit feite et plenere et furnie.
5. Thom. le Mart,, p. 41.
i. Furnir [to furnish), v. a., présenter, offrir.
fuis revint le serf Deu Helchana. .. pur sacrefier et festiva- lement offrir
et pleneireraentses vudz furnir.
Les Bois, p. 5.
2. Furnir {to furnish, Sherw.), v. a., accomplir, faire.
Ne deivent porter armes ne granz guerres furnir.
S. Thom. le Mart., p. 89.
Tuz ses commandemeuz summes prestz de furnir.
Ib.,v- 175.
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(delwedd C0557) (tudalen 0489)
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— 489 —
-\- Furole {furole*. espèce de météore). .«. /"., feu follet, lutin, revenant.
V. GobcUn et les autres mots auxquels il est renvoyé à celui-ci. Palsgrave
{Gramm.^ p. 228) définit le mot ainsi : « Hagge a flame of fyre that shyneth
by night. n Voici une autre définition du même mot, donnée par Cofgrave : « A
little blaze of fire appearing by night on the tops of souldiers launces, or
at sea on the soil-yards, where it whirls, and leaps in a moment from one
place to anotl)er ; some mariners call it S. Hermès fire ; if it come double,
'tis held a sign of goodluck; if single, otlierwise. ))
Le patois a aussi le mot fourlore, qui a à peu près le même sens et qui n'est
peut-être qu'une corruption de frelore.
Fust (fust').^ s. m., bois coupé. Du lat. fustem, qui a le même sens.
E lur deus firent ruer al feu, kar ne furent par deus, mais, uverez par main
de humme?, de fust e de pierre.
Les Bois, p. 413. Un apentiz a fai! de fust.
GuiLL. DE S, Pair, Ho/n. du Mont S . Mic/i., v. 27:20.
Gaaignage. V. Gagnage.
Gaaignerres, Guaengnierres, Gaigneur ( gainer, ivinner, personne qui gagne),
s. /»., personne qui gagne par la culture, laboureur, cultivateur. V.
Gnaigner^ gainer.
Out en su arée degerpiz Uns gaaignerres ses ustilz.
Bén., Chron. de Norin., v. 7168
Li guaengnieires ne soit destorbez d'arer.
Marnier, Établiss, de l'Éch. de Norm., p. 16.
Il y a plusieurs terres qui sont omosnées; que les gaigneurs tiennent par
fief iay.
Ane, CouC. de Norm., cli. xxxn.
Une autre forme du mot, plus ancienne, est gainni).
Si les seignurages ne facent altri gainnys veuis (venir) à lor terre, la
justice le facet.
Lois de Guill., 33.
Cotgrave traduit gaigneur, par husbandman plongbman : terres gaignables,
arable grounds; et gargnerie, par lilled ground, tilling, the profit that's
mad of tillage.
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(delwedd C0558) (tudalen 0490)
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— 490 —
Gagner, cultiver, labourer (1) ; gagnerie^ culture, labou- rage; ^ffj/nowr,
laboureur ; wainable^ labourable. Kel.
Gaaulier (gaoler), s. m., geôlier, gardien de prison. L'on prononçait
ga-au-lié. V. Gaholer, gaole.
Le gaaulier du cha^tel de Rouen, chascunaa, aii. eschequiers, xxvij Ib. vij
s. vid.
Coitst. de la vie. de l'Eaue rfe Rouen, art. 28.
Gab, Gabe, Gaberie [gab, faconde; gabbing*, plaisanterie*), s. m. et/".,
plaisanterie, raillerie, amusement. Du Scandinave gabb, raillerie. V. le mot
suivant et gap.
Paien l'entendent, ne l'tindront mie à gab.
Chan.t. de Roi., p. 176.
Il quidouent qu'il se joast, Et que les diz à gabe tornast.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 2568.
Pur ço que, par gaberie, l'ourent hume Deu apeled.
Les Rois, p. 345.
Longes fu puis, par Normandie, Retraite ceste gaberie.
Wace, Bom. de Troie, v. 5564.
Gabber, Gaber, [to gabbe*), v. n., jâser, se moquer. V. Gab.
Il ne gabberent nul de lui.
Marie, Purg ., v. 2054.
Ele respunt : Ne me gabez, Mes vostre dreit chemin tenez. Poés. anglo-norm.,
citée par M. Meyer, Romania, iv, 382.
Gabe. V. Gab.
Gaberie. V. Gab.
+ Gable (gable), s. m., pignon, la partie, s'élevant en triangle, des murs
d'une maison.
l'our plastrer les dites clostiirps et les ij. gables dessus diz... Compte de
1338, cité par M Delisle dans les Actes norm, de la Ch. des Comptes, p. 178.
Les deux gables de cette si ample salle sont si admirables en hauteur et
largeur que, quand on en contemple l'un, si aucun demandent, par admiration,
ou en soit encores un semblable,
(1) Gaaigné a été employé, au sens de cultivé, par Benoit :
La terre est morte e eissillée. N'est arée ne gaaignée.
Chron. de Norm., v. 4901.
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(delwedd C0559) (tudalen 0491)
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l'on ne piiit antie chose respondre, sinon que c'est l'autre gable opposite.
De Bras, Rec/i. et antiq, de la ville de Caca, p. 33,
Un petit clocher en charpente s'élevait au dessus du gable occidental.
Diî Caumont, Stat. mon. do l'arrond. de Lisieui; p. 174.
En Normandie, comme en beaucoup d'autres provinces, ot\ ne pouvait, au moyen
âge, avoir pignon sur rue que moyen- nant l'acquit de certaine redevance
féodale. Cette redevance, en Normandie, s'appelait gablage.
iij denarios de gablagio pro hebergagio, quod fuit olim Johanne la Biiide.
Petit livre rouge de Tronrn, cité par M. Delisle dans VAgric. en :\orrn. au
moyen âge, p. 63.
Gaffe ioaljlc^), s. /"., partie de l'arbalète, dont on se sert pour
bander l'arme. Mot d'origine celt. ; en bas-bret. gwâf, crochet.
Il alla fere accoustrer son arbaleste, à la gaffe.
Journ. du s. de Gouberoille, p. 808.
Gagement. V. Gaigement.
Gager (to gage\ to wage* 3), v. a., garantir.
S'il congnoist qu'il fut plege (caution), il gaigera la debte et aura terme
de la paier ou d'avoir en court le dehleur qui en fera droit.
Ane. Coût, de Norm., ch. lx.
Ledit Renaut li gaja l'outre plus et les viii blanches raaulles.
Sent, des commis, en la baillie de Caen, art. 38,
Gager la loi {io wage law. Sherw.), c'était, dans l'ancien droit normand,
s'engager sous caution à répondre à une action judiciaire. Resiipvler fut employé
avec le même sens et resli- pidalion fut la dénomination de cette sorte
d'obligation. (V. Heslijmler et Heslipulaiion dans le Diciionn. de Cotgrave).
Legc'in vadiare se rencontre aussi, en basse laiinité, avec l'ac- ception
générale de promettre d'exécuter la loi. V. Ducange, sous Lex, p. 881.
Gager la loi, en droit normand, s'est dit aussi spécialement, pour prêter le
serment décisoire. Tel est resté, en droit anglais moderne, le sens de la
locution to wage o'.s law.
Quand homme est accusé de default, il peut respondre de deux manières, car il
peut nyer la semonse et gaiger une loy contre le semonneur.
Ane, Coût, de Norm. ch. xxxvui.
Qui voudroyt gager la loy contre un sergent ou un justicier du
Mult resunt boen li gaaignage.
Béx., Chron. de Sorm., v, 6532.
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roy et s'inscrire de faux contre le record du sergent ou acte du justicier,
le textp ponrroit avoir lieu.
Terf;iex, Comment, du dr. norm., p. 384.
L'offer de faire le serement est appel le gHger del ley et quand il fst
accomply, adonques est appel le fesans del ley.
R.\STAL, Les termes de la Letf,
Et tiel st'remt-ut serra fuit en attaint et en battail et en ley gager...
LiTTLETON, Inst., sect. 514
+ Gagnage (gaignage*), s. jn., gain, profit Mult resunt boen li gaaignage
Béx.,
Bon gaignage fait bon potage.
CoTG., Dictionn.
L'on a dit, avec le même sens, gaaingne :
.., Nos i donst bone gaaingne.
Vie de S. Grég,, v. 495.
Gahoier [gaoler), s. m., gardien de prison, geôlier. V. Gaau- lier, gaole.
Mis i tu enchaesnez pur son cors plus grever En garde e en destresce à felun
gahoier.
Vie de S. Auban, v. 670.
Gaif, ve {ivaif\ bête domestique abandonnée ; waifes, choses abandonnées,
Sherw.; waî/, épave), adj. m. et/"., abandonné, abandonnée. V. Vaivez.
Choses sont gayves nommées, Qui de nul ne sont reclamées.
Coat. d.e Norm. env., p. 64.
De waife et de tout autre chose trouvée.
HoRxEs, )I y rror of Justices, ch. in, sect. 89.
Symonnet et Martin Ler... s'en allèrent por parler à Pierres Bicher por ung
beuf gayf qu'il avoyt prins à la Haulte-Vente, sans demander
Journal du s. de Gouberuille, p. 37, éd. Ant. de Norm.
Gaigement (gagement% gaging, Sherw.), s. w., action de donner en gage, de
s'engager.
Par record de bataille ne sont recordées fors les choses qui ap- partiennent
à la bataille, si comme le gaigement de la bataille, l'ussignemeut des
terrnes, la liéduction de la querelle, etc.
Ane. Coût, de Norm,, ch. cxxi.
Gaiger la loi. V. Gager la loi.
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(delwedd C0561) (tudalen 0493)
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Gaigneur. V. Gaaignerres.
Gaimenter. V. Guaiinenter.
Gainer (lo gmjne, Palsg., lo gain), v. a., gagner. Ganer, tirer profit de.
Kel. V. Guaigner.
U jà gueres ne gainera.
Ne en grant pris ne muntera.
Marie, Eliduc, v. 189.
Jo VUS assure leaument Jà ii'i aurez encumbrenient, Ne lant ciim jeo puis
aider, Si nus ne pouvum rien gainer.
Id.,ii., V. 195.
Gainny. V. Gaaignerres. Gait igaii*), s. m., chemin,
Labretesque d'entre le gait Hauville et la tour du Fenil.
Compte (le 134S, cité par M. Delisle dans les Actes norrn. de la Ch. des
Comptes, p. 364.
Gaite. V. Guaite.
Gaive. V. Gaif.
Galantise {gallantry), s. m., vaillance, valeur, bravoure. Gallant, en angl.
et probablement aussi en anc. dial. norm., se dit pour brave, vaillant.
Ainsi la galantise et sagesse d'un prince Conserve son pays et ceux de sa
province.
Champ-Repus, Œuv. poét,, p. 31.
1, Gale (gale' 7), s. f., moquerie, sarcasme, brocard.
Et ne menoit jeux, ris, feste ne gale
Mais sembloit bien sa douleur dure et pialle.
Al. Chart., Le déb. des deux Fort., p. 566.
2. Gale igall, écorchure),s. /"., croûte ou plaque formée sur la peau
par l'humeur que secrète une écorchure, une bles- sure. Du lat. galla., gale
des arbres, rugosités qui se forment sur leur écorce. Cotgrave donne galle,
comme mot français, dans le sens du vocable normand.
Une petite blessure écorchure ou gale.
MoiSANT DE Brieux, Orlf/. de qaelq. coût, anc, I, 76.
Ou vous verra sans doute Plein de nodus, de gales et de goûte.
Vauq. de la Fresn., Sat., p. 407.
4" Galer [lo gall)., v. a., maltraiter, blesser, harceler, tour-
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(delwedd C0562) (tudalen 0494)
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menter, pousser à bout. Galler est, en cette acception, dans Gotgrave, comme
mot français.
Galie {(jallie. Slierw.), s. /"., galée, ancienne dénomination des
navires, dits depuis galères. V. Galiot,
Eschiez e barges e galles e nefs.
Chans. de Roi., p. 221,
Je Mabieu Quiedville... ay eu et reccheu île Thomas Fonquez, garde du c os
des galitz du dit seigneur à Rouen, pour la néces- sité de la nef
Siinte-Aune, faite eu dit clos, les clioses qui ea- sieverit, ch'est
ass.<ver, etc.
Déch. de lS3f), citée par M. Delisle daus les Actes nom. de la C/i. des
Comptes, p. 142.
Galingal [galingale, Cotg.j, s. m., sorte d'épice.
Zucre, canel e licorece, Galingal e escamonie.
Vie de S. Gile, v. 854.
Galiot {galiot), s. m., galiole, petit bâtiment à rames et à voiles.
C"est un diminutif de galie. V. ce mot.
Conme J^h^n Pestai de Leure doie aler, li xl de hommes, en galiut saint
Miquiel du dit seigneur en l'année qui présentement est ordetiée à faire,
pour la garde de la mer, etc.
Marid. de 1336, cité par le même, ib., p. 149.
-|- Gallon [gallon), s. m., petite cruche en grès, de la capacité d'environ 4
litres. Le gallon angl. contient 4 litres y4 cent.
C'est dans des galons d'étain que l'archevêque (de Rouen) fait offrir du vin
aux seigneurs de l'échiquier, en 1403.
Ch. de Beaurepaire, Notes et doc. sur laNorm., p. 39&(
Deux grans brocz, ung gallon qui a le pié rompu, ung autre gallon de pot et
demj', un broc de deux po1z.
Inv. du mob- du card- d'Amboise, p. 506 (XVI* s.V
A Pierre Pommerel... pour 6 gallons de vin, chacun gallon tenant 2 pots (4
litres).
Acte de 1455, cité par le même dans YAgr. en Norm. au moy. âge, p. 565.
+ Galvauder ito galver\ faire, exécuter vivement), v. n., exécuter un travail
à la hâte, sans goût.
+ Gamaches {gamashes'), s. f. pL, grandes guêtres en toile, montant jusqu'au
dessus du genou, maintenues sans boutons autour de la jambe, au moyen de
cordons.
Sen cauche pied, aveucq une gamasche.
U. Feu.. Muse norm., p Si.
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(delwedd C0563) (tudalen 0495)
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+ Gambe {gamble, jambe; gambone\ jambon; gamhrel, jambe de cheval), s.
/". , jamlje. Du lat. gamba, jarret. Dans un vocabul. lal.-fr. ms. du
XII1'= s., conservé à la biblioth. d'Evreux, libia est traduit par gambe.
Piez ad copiez e les gambes ad plates.
Clians. de Bol., p. 127.
Par les gambes liez a munt,
Li uns pendaient cruelement... '*
Marie, Purg., v. 1083.
J'avois de biau-V gartiers de laine,
Bouges et verts. Qui me ballest avaud les gambes.
Jusqu' !ux mollets.
Ane. clians. norni., à la suite des Vaux-de-Vire de Basseliiij p. 233, éd.
Dubois.
Remuant à peine et gamb's et bras.
Rimes jers-, p. 70.
Le patois normand a encore les mots congénères gambette., gambier,
gambiêres., gambu, gambet, gambèlei\ engamber ; le français lui-même a, se
rattachant au radical normand, gam- bade., gambader, gambillcr.
Ganbeson, Gamboison (gambeson*, ivambais''}, s. m., vêle- ment contrepointé,
descendant jusqu'aux genoux, sur lequel on endossait la cotte de mailles.
Mais son fleu retient Par armes plaines, que j'appel Rouchin, gambeson et
cappel.
Coût, de Norm. en v., p. 117.
Celuy qui ne tenoit fief de haubert devoit servir par un roucin, par un
gamboison, par un chappl et par une lance.
Terrien, Comment, da dr. norm., p. 114.
D'oùl'adj. gamebesié, par lequel on indiquait une garniture de laine ou de
coton, piquée entre deux étoffes.
Je Robert Le Garpentier... ay eu et recheu de Thonmas Fou- ques... les
armeurez etartiileriez, qniensievent... ch'est assavoir... vint cotez
ganibesiez, dis pt huit bachinés et heauniez, vint et chine arbalestez, etc.
Décli. de 1336, citée par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ck. des
Comptes, p. 145.
Gandir [lo gander* ; to mander), v. n., courir çà et là, errer.
Cil empierent e cil amendent, Hardiz fièrent, cuarz gandissent.
Wace, «owi. deliou,v. 13205.
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(delwedd C0564) (tudalen 0496)
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— 496 —
Li traîtres, li soduianz, Qu'or est-il certains de morir, Ne or ne set il maià
à t^andir.
Bén., Chron. de .Vor/n, , v. 17943.
Gaole, Goale (^ao/, ^rort/e, Sherw.), s. /"., geôle, prison. V.
Gaaulier.
Fil trouvé mors en la gaole, Mult par en fu fet grant parole.
Wace, Rom. de Rou, v. 9358.
E mnlz autres que ne vos nom mie,
Riches hom de Normendie,
Que il fist mettre es buies granz
De fer, ahoges e pesanz,
E en prisons et en gaoles,
Où poi furent lor couches moles.
Bén., Chron. de Norm., v. 41425.
Ceux qui apparoiteront avant judgement rendue, soient mani- festement livrés
à la goale.
HouNE.^, Mirror of Justice, ch. ii, sect. 8.
Gaoler. V. Gaholer.
Gap (Jape'), s. m., risée, raillerie, moquerie. V. Gah.
E plusors vunt par gap criant : Filz à putains, fuiez, fuiez.
Wace, Rom. de Rou, v. 15069.
f,à n'ot eschar, ne gap, ne ris.
Bén., Rom., de Troie, v. 10175.
Garantise. V. Guarantise.
Garantisun (wat'rantise*), s. /"., autorité, pouvoir, gage.
Une vile Luvre out nun Ki ert de sa garantisun.
Wace, Rom. de Rou, v. 8733.
Garbe. V. Guerbe.
Garçun {garson), s. m., page. — Garceon, serviteur. Kel.
Ne n'i adeist esquier ne garçun.
Chans. de Roi., p. 206.
N'i out nul. si petit Bretun, Escuier, serjant u garçun Ki de Richart sun dun
n'eust, Dras u deniers, ke ke ce fust.
Wace, Rom. de Rou, v. 6576.
Gardage {guardage), s. m., tutelle. V. Garde, gardeur.
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(delwedd C0565) (tudalen 0497)
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— 497 —
... Et cil n'en tenoient Riens, les signeurs des lieux auroient Des soubz-aagés
(mineurs) les gardages, Des fieux dont ils oui k-s hommages.
Coût, de Norm. en v., p. 83.
Gardain. Gardein [gardeen*^ warden), s. m., conservateur, prolecteur,
gardien. — Gardein, conslable. Kel. V. Gai'deur, gardian. k
Dun ne l'a Deus rais e posé Prince gardain de sainte église E pur tenir leial
justise?
BÉN., Chron. de Norm., v. 11292.
A Tosteins ki fu chainbrelens De sa chambre mestre gardeins... Li livra li
dus 11 corz sainz.
Wace, Rom. de Rou, v. 8383.
Garde (ward), s. /"., tutelle. V. Gardage, gardeur. Femme n'yst pas de
garde, fors par mariage.
Ane, Coût, de Norm., ch. xxxin.
Gardein. V. Gardain.
Gardeur (guarder, warder)^ s. m., tuteur, défenseur. V. Garde, gardage.
La fiance de li enprist De sa tere gardeur en fist.
Marib, Elidac, v. 269.
Gardian (gardian, Sherw. ; guardian), s. m., gardien. V. Gardain.
N'est l'ainsné que gardian de la succession pour luy et pour ses puisnez.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., i° sliij.
4" Gardin {garden, gardyne, Palsg.), s. m., jardin. V. les trois mots
suivants. Du ludesque garlo ; en allem. garlen.
A cel tenis aveil un gardin A Caëm prez de Saint-Martin.
Wace, Rom. de Rou, v. 16403.
Item, le sauf qui part de devant le moslierde Saint-Gire, aval le gardin as
Kestouz.
Reg, de l'abb. de Troarn, cité par M. Delisle dans VAgr. en Norm. au moy.
âge, p. 110.
Tu vas dans ces gardins jouer au cochonnet.
Fer,, Muse norm., p. 314.
Coumme un' bonn' fille, cheurs (cours) dansl'gardin, Vaîe si n'y a pon
quiqu's pourrets.
Rimesjers., p. 105.
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(delwedd C0566) (tudalen 0498)
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— 498 -
-f- Gardinage (gardening), s. y/i. , jardinage. V. Gardin, gar- diner,
gardinier.
John . . . avait même doublé et triblé s'n argent d'poucliette par sen
querpentage et sen gardinage,
La Bastaude, sat. polit publiée à Jersey en 1871.
+ Gardiner (to garden)^ v. n., jardiner, travailler au jar- din. V. Gardin,
gardinage, gardinier.
-\- Gardinier {gardynar, Sherw. ; gardener ; garthynere*), ■S. ?n.,
jardinier. V. les Irois mots qui précèdent.
J'o (j'entends) cliantair l'gardigner.
MET., Fantaisies guern.
+ Gare (varied, Gotg.), adj., bigarré. Ne se dit en patois normand que de la
couleur de la robe des bœufs, vaches, tau- reaux et veaux. Du lat. varium.
Garenne («;a?Tenj, 5. /"., enceinte où les seigneurs gardaient en
réserve leur gibier et où se trouvaient leurs viviers. En holland. warande :
du celt. kimry givara, défendre l'accès des palissades. Garenne, en français,
ne sert plus aujourd'hui qu'à indiquer un lieu, à la campagne, généralement
boisé, où Ton conserve des lapins : loarren, en anglais, possède, outre cette
acception, celle de pêcherie, de cours ou de pièce d'eau, où l'on garde du
poisson.
Posséder des garennes constituait anciennement un droit féodal.
Et a en la dite terre (de Goupillières) certaine porcion de bois, montant
xxiv acres,., et les dits xxiv acres sont.., en franche garenne de toutes
choses. Et a en la dite seigneurie la rivière de Rille, en laqut-lle rivière,
partout où elle s'estend en ladite sei- gneurie, il y a franchise de garenne
de tous oyseaulx, poessons et bestes, s'aucunes y en a prinses.
Ai^eu de 1450, cii6 dans les Mém. et notes de M. A. Le Prévost, II, 189.
-j- Gargache (galhj-gaskins'). s. /"., culotie, pantalon. C'est le V.
mot fr, garguesques, donné par Cotgrave, qui a recueilli aussi une autre
forme du mot, greguesqiies, définie par lui : « slops, gregs, gallogascoins
venetians. ■->
J'avais une belle gargache D'un fin coutil.
Ane. chans. norm., à la suite des Vaux-de-Vire de Basselin, p. :â33.
Gargate. V. Guergat.
-\- 1. Garir, -|- Guarir [la warysshe, Palsg. ; to guarish*), V. a., guérir.
Mot d'origine germanique. V. Garison 2.
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(delwedd C0567) (tudalen 0499)
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— 499 -
là pur Charlon ti'i ert nul guarit (préservé),
CItans. de Roi., p. 105.
Mortz resviscita, guari les ydropics.
Vie de S. Au/jari, v. 151.
E, corne plusors distrent, la veiie perdi, Mez tost la recevra et asez tost
gari.
Wace, Rom. de Rou, v. 1630.
Fait-il : Si tu ne veux morir, ^
Pren tost conrei de tei garir.
BÉN., Cliron. de Norni., v. 3703.
Pour guari r une soif maline. J'ay recours au bon vin comme à une médecine.
Ol. Bassklin, Vaux-de-Vire, IV
Il me dist que ma niepce estoyt guarie.
Journ. du s. de Gouberville, p. 835.
Mais, j'vous dirai, ça m'a guari tout d'suile.
MaîL' Jacqu'd Rouen, p. 12.
2. Garir, Guarir (la rjarrison., se défendre par des places fortes), V. n.,
se mettre en sûreté.
A Paris s'en alerent li Normanz tuit ensemble ; Tote la gent de France de
poor de Rou tremble ; Ne saivent à garir.
Wace, Rom. de Rou, v. 1348.
Il n'out devers sei compaignon, S'il ne gari par esperun, Qui en l'estor ne
fust occis.
Bé.\., Cliron. de y'orm., v. 2715.
Ne purrad en nul lieu guarir, en plein ne en boscage.
Chron. de Jord. Fant., v. .52.
1. Garison {garrisson), s. /'., place forte. V. Garir, 2.
Kar me faites, fait-il, saveir, Seignor, cher ami corapaignon, Cum fu de
vostre garison, U trovastes defendement Ne ù eustes arestement, Gum poûstes
eschaper.
BÉN., Cliron. de Norm., v. (J016.
+ 2. Garison, Guarisun, {garisoim, ch.), s. /'. guérison. Garesun, rétablissement,
Kel. V. Garir \.
Sages mires aveit mandez, Sei ad al chevaliers livrez, Ki en sa chambre- jul
nafrez, Tant qu'à garisun est turnez,
Marie, ihaitioel, v. 173.
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