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(delwedd C0568) (tudalen 0500)
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— 500 —
Celle qui a gelté le dart, Porte avec soy la garison. La garison ne me peult
pas, Amis, venir de vous ne d'ame.
Al. Chart. Bév. mat., p. 495.
Par mun saveir en vincjo a guarisua.
Chans. de Roi., p. 315.
3. Garison (moyens de subsistance), V. Garneslure.
Garnement. V. Guarnement.
Garnesture {garnelour\ provisions ; to warnestore* , pour- voir,
approvisionner), s. /"., vivres, provisions de bouche. Warnesture,
choses nécessaires pour fortifier une place de guerre. Kel. Guarni,
warnisseraent.
Quand cil dedeaz les agarderent , Lors sorent bien que soupris erent, Mult
lor desphit le sorpresure, Kar poi avoent garnesture.
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 409.
Garnisun, ganiissun, garison, guarisun, ont aussi cette acception en dial.
normand.
Les sumiersfist apareillier
La garnisun prendre e chargier.
Wace, Rom. de Roa, v. 8860.
La garnissun est empeiriée, Tele qui fu es nef cliargée, Tute la lur malmil
l'orage.
Bén., Chron. de Norm., v. 2281.
N'i a vivres ni garison , Fors sulement la veneison.
BÉN., ib., V. 6623.
Ne porte od sei ne pain ne vin Dunt il se digne à cel matin, Ne tant que
vaille un hanetun Entre vitaille e guarisun.
Vie de S. Gile, v. 1247.
Garni. V. Guarni.
4. Garnir {lo warne' 2), v. a., précautionner, prémunir. V. Garnisun.
Un Jor s'esleit garniz Reiniers, Mult avait gent e chevaliers.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2677.
Se tu n'as peu, en temps d'abondance, toy garnir et pourveoir
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(delwedd C0569) (tudalen 0501)
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— 501 —
contre les nécessitez humaines, comment le feras-tu en temps maigre ?
Al. Ciiart., VEsp., p. 266.
2, Garnir (avertir). V. Guarnir.
Garnissement (^arnîs/«eme?U), 5. w., opposition, saisie-arrêt. Terme de
droit. „
Item, pour esctiiver aux dilations de garnissement de décret (vente forcée),
que quierent ou pourroient qtierir ceulx à qui les héritages seroieiit
adjugés, etc.
Ord. de l'Éch. de Norm. de 1462.
Garnissement, en cas de clameur, se fait afin d'emporter levées (rt coites)
du jour d'iceluy contre le tenant qui seroit délayant d'obeyr et faire
délais.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 323.
Garnisun, Garnissun. V. Garneslure. Garnit. V. Guarni.
+ Garouage {garray^ troupe, bande), s. m., vagabondage. « Etre en garouage »
se dit particulièrement des bestiaux en bande, qui errent dans les cliamps
sans gardien. Garouage a été formé de la même manière que l'a été foucade. V.
ce mot.
+ Gars {gase*, oie), s. m., jars, mâle de l'oie domestique.
L'iong d'un russe, l'gar, convouayant ses ouaies, Goum' un sultan, gabarroit
putuflant.
Rimes guern., p. b7.
-\- Gartier {garler), s. m., jarretière. — Garreteres, jarre- tières. Kel.
J'avois de biaux gartiers de laine, Rouges et vêts. Ane. ohans. norm., à La
suile des Vaux-de-Vire de Basselin, p. 167, éd. Dubois.
Gartier se rattache à l'une des anciennes formes normandes dejai'i'el, qui
est garel.
Trenchad les garez des chevals.
Les Rois, p. 147.
Garwall {icere-ivol/f), s. m., loup-garou. En bas-lat. gerul- phum. V.
Gobelin et les autres mots auxquels il est renvoyé à celui-ci.
Quand de lais faire m'entremet, Ne voil ublier Biselaveret ;
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(delwedd C0570) (tudalen 0502)
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- 502 -
Bisclaveret ad niin en Bretun, Garwall l'apelenl li Norman.
Marie, Bisclaveret, v. 1.
+ Gas. V. le mot suivant.
Gast (wast, Sherw. ; loaste), s. m., ruine, destruction, dévas- tation. V.
Guasle, guaster.
Le gast e la destrucion
Ke Hastainz fist ke nos savon.
Wace, Rom. de Hou, v. 446.
Od si fait gast, od tel occise
Ert la terre si à dol mise,
Que n'i aveit riens que mangier,
Que home n'i osout gaaignier (laljourer).
Bén., C/iron. de A'onn., v. 22766.
Le mot, avec l'apocope du t, sub.siste en patois normand de Guernesey ;
A Cliermont, qu'est dans l'Auvergne,
La soU''arderie fait l'gas ; I mettent à faeii, s;ins lanterne,
Couvent, chàté, grange et tas.
Rimes guern., p. 59.
Gaste. V. Guaste.
Gastelle {loasteV)^ s. /"., miche, petit pain de fleur de farine,
gâteau. Du moy. h. allem. ivustel, gâteau.
llem, ensuivent les rentes qui me sunl deues : au terme de Tou-saint, une
livre de poivre, deux boisseaux d'oingnons, à la mesure de Gisors; item,
ching oues, liuit potz de vin, xxili gas- tellez ; item, en argent sec, etc.
Aveu de 1408, dans les Mém, et notes de M. Aag. Le Prévost, I, 342.
Gaster. V. Guaster.
Gastine. V. Guastine.
-\- Gâte {yate, grande porte), s. /".. figure ayant la forme d'une
grande porte, que les enfants tracent sur le sol avec du charbon ou de la
craie, ou simplement sur la poussière avec un bâton, pour se livrer à une
espèce de jeu, dit le « jeu de la gaie ». Ce jeu se fait à cloche-pied ;
lesjoueurs poussent, du pied qui saute, un petit palet, dans les divers
compartiments de la. gale. Gat, porte, Kel. Le mol est d'origine Scandinave.
Gauder (to gaud), v. n., faire fête, se réjouir. Du lat. gaii- dere.
E li princes Boton por veir et gauder.
Wace, Rom. de liou, v. 2258.
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(delwedd C0571) (tudalen 0503)
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— 503 —
-\- Gauge, + Gauger. V. Guauge, guauger.
Gaugeur {gauger), s. m., jaugeur. V. Guange^ guanger.
Les gaugeurs, en ce pays de Normandie, sont héréditaux.
TtnmEN, Comment, du dr. norm.,T^. 78.
(Nous avons) droicl (d'avoir) un gaugeur pour le faict des mesures des grains
et du vin... qui sont vendus en détail su,v l'estendue d'icelle (baronnie).
Aveu de 1000, cité dans les Mcm. et note.f de M. Au</ . Le Prévost, II,
604.
-\- Gaut {%vood), s. m., bois, forêt. — Gault, gaut, forêt. Kel. Ce mot est
d'origine gauloise (1).
De gmiU, l'auteur de la chanson de Roland a fait, par mé- tathèse, gualt. La
présence de 1'/ dans ces deux formes les rapproche de l'allem. wald et du v.
angl. weald" ; en bas-Iat. gualdum, waldwn.
Devers un gualt uns granz leons h vient (p. 215).
Gaiid, l'une des formes de notre mot, à laquelle se rattache de plus près
l'anglais tvood. a donné, en dialecte normand, le diminutif gaudine, fourré :
En celé grani forest me met Al plus espès de la gaudine.
Marie, Bim-laveret, v. 61.
D'où aussi gaudin, voleur réfugié dans les bois. V. Ducange à Gualdus.
-\- Gavelle {gavcd*), s. f. , javelle. D'une forme fictive capellam, que l'on
rattache au lat. capulum, poignée, de capere, con- tenir. En bas-Iat.
gavellam. V. les citations faites par M. Delisle dans VAgric. en Norm. au
moyen âge, p. 309.
Le 31 juillet 1556, il ne resloit que deux champs de trernoys en gavelles, et
ung peu d'orge qui n'est encore meur.
Jnurn. du s. de Goubcrville, p. 338.
Gavelot {gavelok'), s. ?/i., javelot, lance.
Gavelol a probablement le même radical que le mot pré- cédent.
À traire d'arcs e à lancier Les iretichanz gavejoz d'acier.
BÉN., Cliro/i. de Noria., v Wl", , p. 17
(1) Gaa, lingiia j;;illica, sylvam sunai.
Alta.sehh.a., /it-r. Aijun., p. 131.
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(delwedd C0572) (tudalen 0504)
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— 504 —
L'on a usé aussi en dialecte normand de la forme gaverlot.
Tôt à pié portoient lor armes. Lances, gaverlos et gisarmes.
Wace, Rom. de Brut, v.4776.
Gaverlos et mâches li ruent.
Hom. de Rob. le D., dans Ducange, III, 497.
Gayf. V. Gaif.
-f- Gèbe (gib cat, vieux chat), 5. /"., gale des vieux chats.
Gehir, Géir (to gie*), v. a., livrer, confier, avouer.
Celé neia senz rien gehir Unques ne li vout descovrir.
Bén., Chron. de Norm-, v. 7348.
Tant que li terme est venu, Que la daraeisele enfanta, Une vielle ki la
garda, A ki tut sun fstre géi, Tant la cela, tant la covri, Uncques ne fu
aparcevance En parole ne en semhlance.
Marie, Milan, v. 88.
Gelde, Geld (guild, Sherw.),s. f., compagnie, association de gens pour faire
la guerre, homme en faisant partie, fantassin.
Sire Huge del Chastel, ore ça venez avant, E tute vostre gelde, li petit et
li grant.
Chron. de Jord. Fant., v. 1019.
Prist de ses chevaliers mil e set cenz, et vint mille de geld [et vinginti
millibus peditiim, dit le texte latin).
Les Rois, p. 147.
La forme gilde se rencontre aussi en v. fr.. V. Duc. à Gilda; on trouve celle
geude dans Benoît, Chr. de Norm..,\. 13146 et 19478.
Gemele (gemel'), adj. fém.., jumelle. Du lat. gemellam.
Allas ! cum est avenu, Ke li aukun unt seu L'aventure des dameiseles Qui
esteient serur gemeles.
Marie, Le Freisne, v. 347.
Gemini {Gemini), s. 7n.pi., les Gémeaux, signe du zodiaque. C'est le mot
latin conservé.
Par un des signes, ce ai oï, Qui est apelé Gemini.
BÉN., Chron. de Norm., v. 23323.
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(delwedd C0573) (tudalen 0505)
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- 505 -
Gendrer {to gendre', to gender), v. a., engendrer. Du lat. gêner are.
Icil qui gendra Ywenec. Il ot nun Eudemarec.
Marie, Yioenec, v. 9.
Geneste {genesC), s. /",, genêt, arbrisseau à fleurs jaunes. Du lat.
genislam. En bas lat. genesla.
Prpceptum est quod homines genestas in campis suis habentes possint veudere
genestas suas, absqup licentia et tercio doraini régis, nisi luerinl intra
metas alterius bosci.
■ Reg. de l'Échiq. de Norm. (an. 1239), i' 79 Vo c. i, cité par M.
Delisle dans YAgric. en Norm. au moyen âge, p. 354.
A la même époque (1239), cette prescription fut édictée en français, dans les
termes suivants :
Li home pueent vendre les genestes qui croissent en leur chanz dans le congié
le roi, se elles ne sont dedanz les boues d'aucun bois.
Marnier, Établiss. de l'Échiq. de Nornu, p. 179.
Genever (janyvere\ genner*), s. m., janvier, le premier mois de l'année. Du
lat. januarium.
A la quarte kalendo de genever, Ala el ciel senz encumbrer A son seignur.
Vie de S. Thom, deCantorb., v. 1141.
Genevois (Genowaie\), s. m., Génois.
Aucuns Genevois, qui estoient venus de Gennes, entrèrent dedens la cité.
Al. Chart., Hist. de Ch. VII, p. 16.
Je suis, ainsi que une Genevoys, traictable.
P. Gring., I, ?i8.
-j- Gengivre, Gimgibre (gingiber*), s. m., gingembre. Du lat. zinziberem.
Gimgibre et mult girofre, pur escbalfer, mangeit.
5. Thom. le Mart., p. 136.
Gengivre, girofle, queneie, v.'rmellon.,.
Coust, de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 19.
Sus le gengivre et sur l'pellitouaire
Les souaris faisaient leux besoins,
Et dame iragne une rudre guerre
Es chères p'tites mouques dans tous les coins.
Rimes guern., p. 43.
Genglere, Gengleur [jangler)., s. et adj, m., querelleur, im- posteur. V.
Jangleur, jangler, janglerie.
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(delwedd C0574) (tudalen 0506)
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- o06 — Huem geuglere ne sera adrecé en
terre.
Lib. psalm., p. 218. K'um ne deit pas faire seignur De mauvais ne de
gengleur.
Marie, Fable 22.
Cent, Genz (genl*), adj., qui n'est pas petit; vaillant; gentil.
Kncoi auerum un eschec (butin) bel et gent. Nuls reis de France n'out unkes
si vaillant.
C/tans. de Roi., p. 99.
OÙ Troylus, li genz, li proz, D'anbedous parz les venqui toz.
BÉN., Rom. de Troie, v. 8i8.
Genterise, Gentrise (genlry), petite noblesse, haute bourgeoi- sie;
ffenterie', fief de dignité), s. /"., noblesse, grandeur, élé- vation de
sentiments. V. Genl, geniilesse, gentill.
E se en lui a nule franchise. Amers, dulçors ne genterise, Merci crie ne l'en
mesoïe.
BÉN., Chroti. de Norm,, v. 2845.
Seint Thomas les a vencuz Par gentrise.
Vce de S. Thom. de Catitorb., v. 1085.
Gentilesse, Gentillesse {gentleness^ bon ton, savoir-vivre, ha- bitudes d'un
homme bien né), s. /"., noblesse, rang et qualité de ceux qui sont
élevés au-dessus des roturiers. Gentilesse, noblesse. Kel. V. le mot suivant.
Où honneur fault [)erd son non gentillesse.
Al. Chart., Le Bréo. des Nobles, p. 584.
Se aucun chtivalier..., en ce temps, vousdeust argent et vous promeist, eu
foy de gentillesse, que vous serez pbié à tel terme, il ne vous fausist point
que vous ne fussiés poié.
P. Cochon, C/iron. norm,, p. 66, éd. de Beaurep.
Gentill, Gentil (gentile\ gentle)., adj., de race, de noble ex- traction. Du
lat. gentilem. qui est propre, qui appartient aune famille. V. le mot qui
précède. Le sens archaïque du mot se retrouve dans les mots composés
gentilhomme, en français, et gentleman, en anglais moderne, eigenhjlman, en
vieil anglais (Palsg.).
De cels de France i veit tanz morz gésir ; E il les pluret comme chevalier
gentill.
Chans. de Rol.,ç. 156.
Ne volt raestier de sa meisun Ouuer se à gentiz lions nun.
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(delwedd C0575) (tudalen 0507)
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— 507 —
Gentil furent li capelain, Gentil furent li escrivain, Gentil furent li
cunestables.., Gentil furent li despensier ; Li chamberleuc e li uissier
Furent tuit noble chevalier.
Wace, Rom. (le Hou, v. 5957.
Gentrise. V. Genterise. ^
Genz. V. Gent.
Germine (germaine*), s. ni., serme, semence, bouton, bour- geon. Du subst.
pi. n. germina, employé comme subst. sing.
Fus est espris en la meie fuirur... devorerad la terre en sun germine.
Lib. psalm., p. 245.
Germiner (to gernihiate), v. n., germer. Du lat. germinare.
Germinanz herbe as jumenz e fein a tes serfs des liumes.
Liv. (les Ps , cm, 14.
lieneïssez, vus, tûtes riens ttermnanz en terre, à Daainedeu.
Ib.,\). 280, Hymne des Trois-E rifcuis, veraet 11.
Gernier igernier^), s. m., grenier.
U de mes gerniers, u de mes celiers, que vols que jo te face?
Les llois, p. 3G9.
Gernun. V. Grenons.
+ Géroflée (gerafiour*), s. /'., giroflée. Du lot. caryophyl- lum.
1. Gerpir (lo umrp* 6j,!^ a., ravir, enlever. Du lat. rapere (?).
Kar, chascun jor de la semaine, Me gerpissent )i mien demeine.
BÉN., Cliron. de .\orm., v. -1911.
5. Gerpir (laisser). V. Guerpir.
Gerre (gerre'), s. /., querelle, contestation, débat. Degerram, mot qui
remonte très haut dans la basse latinité et qui a donné au franc, guerre, et
à l'angl. werre*, loar. C'est un mot d'ori gine germanique.
Si de vos aveit ire ne gerre, Poi preisereit puis l'autre terre.
BÉ.\., C/iron. de Nornu, p. 9162.
D'où gerrer, faire la guerre.
Tut le pais vers lui s'esdresce Tuit le gerpent, tuit le gerreient.
Bén., Cliron. de Sorni., v. 4288.
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(delwedd C0576) (tudalen 0508)
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- 508 —
D'où encore gerreers, guerrier; en v. angl. werryynge'.
Li quens i alad de Arondel, Ke mult ert e gent e bel E bon gerreers.
Vie de S. Thom. de Cantorb.., p. 620, c. ii var.
Geste igesC), s. /"., histoire, récit. Du subst. pi. n. gesla; em- ployé
comme subst. sing. fr.
Ço dist li quens : Jo n'en ferai nient. Deus me cunfunde si la geste en
desment !
Chans. de Roi., p. 69.
Par tut trovom en geste que Norman sunt venquere.
Chron. de Jord. Faut., v. 171.
Gâter {to get^ faire, trouver: getter, créateur; to jet* 7, in- venter,
imaginer, arranger, combiner), v. a., inventer, faire, produire. Du lat.
jactare, méditer. V. Tresjeter.
Puis getad Yrara un grant vesst^l tut rund que l'um apelad mer de araim {Facil
quoque mare fusile).
Les [lois, p. 254.
A la fin pur lui enveerent, Esleccion trestuz gelèrent Et firent venir.
Vie de S. Thom. de Cantorb., v. 301.
Geu. V. Jeîi.
Geu parti (jeupertye', jeopardy)., chance, risque, hasard, péril. Du lat.
jocum parti tum, qui s'est dit pour alternative. V. Ducange.
Trop fort veisin aveit en Ini, Si out le peor geu parti.
Hist. de Guill. Le Maréchal, \. 368.
Gibet (gibhet* 2, gros maillet en boi.s), s. m., e.spèce d'assom- moir ou de
masse d'armes.
E il a le gibet seisi,
Ki à sun destre bras pendi.
Wace, Rom. de Roic, v. 13458.
-{- Gigier, -|- Gisier {gizzard), s. m., gésier. Du lat. gigeriam.,
entrailles de volaille. Cotgrave donne gisié en ce sens, comme mot français.
Lsissiz les Ichiens et les cats Rôguer l's os, liquer 1rs plats, Les
mollissons et les mouissetles Emplir leux gisiers d'vos miettes.
MET., Dict. frnnco-norm., p. 310.
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(delwedd C0577) (tudalen 0509)
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— 509 -
-|- Giguer (to jig), v. n., danser, sauter.
-\- Gimer {to gyme\ faire des contorsions, exprimer par des grimaces), v. n.,
pleurnicher, se lamenter pour des riens. C'est une métathèse de gémir; du
lat. gemere.
Gimgibre. V. Gengivre.
Gindas, s. w., vindas. V. Winder.
A Jersey, l'on dit aussi gindas :
A gauche en ramontant se trouve un pits profond, Dont le gindas se meut par
une chanette en rond.
La ]Souo. annaie (Jersey, 1873), p. 19.
Palsgrave use de la forme guyndas :
Baille mon guyndas, je vueil bender mon arc ,
Gramm., p. 448.
+ Ginder. N. Winder.
Girfaut (gyrfalcon), s. m., gerfaut, oiseau de proie, du genre faucon.
+ Girie (gilry\ tromperie, supercherie; jeering, raillerie^, s. /., grimaces,
lamentation sans sincérité, doléances hypo- crites. V. Guile.
Botte! c'est de la girie que tout cela ; j' connaissons la loi, e ça ne fait
pas comme tu dis.
Lalleman, Lé nendez-voiis du départ, p. 112.
Gisarme {gisarme', geserne*), s. /"., hache d'armes.
Toi à pié portoient lor armes, Lances, gaverlos et gisarmes.
Wace, Rom. de Brut, v. 11416.
Mais ci oïssiez cri lever Ferir de fauz et de mazues E de gisarmes esmolues.
BÉN., Chron, de Nom., v. 21661.
Gise (gise', ivise), s. /"., guise, façon, manière. Mot d'origine
germanique.
A Baiues eu fu portez ;
Là fu chèrement gardez,
Cura l'om melz pot en nule gise.
BÉtf.fCliron. de Norni., v. 11541.
De mainte gise en ad veu Ki mult purent mesaaisé.
Vie de S. Giles, v. 572.
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(delwedd C0578) (tudalen 0510)
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— olO —
+ Gisier. V. Gigier.
Gisir {to gise*), v. n. déf., gésir. Du lat. jacere.
Li reis ad de lui ciingé pris, En sa chambre se veit gisir.
Vie de S. Gile, v. 2746.
Fous est ki ea pechché volt lungement gisir.
S. Thom. le M art,, p. 5.
Gitei (gite*, splendeur, écht), adj., brillant, resplendissant.
En chandeliers d'or giteiz,
Qui n'erent mie trop petiz,
Ot de granz cierges clers ardanz,
Ne vos sauroie dire quanz.
Béx., Rom. de Troie, v. 16507. •
Glacié iglasedd'), part. pass. de glacier, glisser, couler.
E Rou tint nu le brant d'acer, Enteint de sanc glacié de cors.
Bén., Citron, de Norm., v. 3856.
+ Glaine (glean, glen')., s. /"., glane. En bas-lat. du VI'^ s. glenare
s'est dit pour glaner. Gomp. l'anglo-saxon gelm, poi- gnée. (V. le Diction,
de pat. norm. de M. Delboulle).
-j- Glandre [glanders, gourme, farcin, morvej,s. /"..glande.
Glas. V. Glas.
+ Glatir {to gladish*), v. n.., aboyer, japer, hurler, crier.
Cil d'Ociant i braient e bénissent; Arguille si cume chen i glatissent.
Chans. de Roi., p. 2%.
Ne saveient ke il diseient
Ço lor est vis k'il glatisseient ,
Kar lor langage n'entendeient.
Wace, Rom. de Rou, v. 13364.
+ Glenne. Y. Glaine.
-\- Gloe [log], s. /",, bûche. Le mot anglais est formé par une
métathèse semblable à celle qui de colp, fuie, etc., a fait clope\ flock.
Gloë est, suivant Cotgrave, un mot normand.
Pour les dites caretées de bois admeuer des diz bois eu dit chastel... ; pour
icelui prendre et mettre en gloe... xl s.
Compte de 1340, cité par .M. Delisle, dans les Actes norm. de la Cil. des
Comptes, p. 246.
Pour façon d'un millier de gloe, 10 s.
Autre de 1442, cil6 par M. Ch. de Beauiep. dans ses ?iotes et doc. sur la y
or m., p. 263,
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(delwedd C0579) (tudalen 0511)
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- 511 —
Glorie (glorie, Sherw; glory), x. /"., gloire. De gloriam.
E la nieie gloire en pulJre demeint.
Lih. psal/n., p. G.
Jo rte durrai e richeise e glorie.
Les Bois, p. 235.
Glorier (se) {toylory),v. réfl., se glorifier, se faire gloire. De gloriari.
^
En la multitudine de lur richeises se glorient.
Lib. psaim., p. 64-.
Que te glories en malice, ô puissanz?
Livi. des Ps., LI, 1.
Glorius, Glorious {glorious), ad.^ glorieux. De gloriosum. Dune loe Deu le
glorius e le banin Saint Piere.
Chron. de Jord. Fant., v. 203.
Tant erd od Dieu plus glorious. Pocs. anglo-norm., citée par M. Meyer, Bull,
de la Soc. des anc. textes, 1880, p. 51.
Glose (glose*), s. m., malhonnêteté, mauvaise foi.
Car taunt corne la bourse peut durer, Amour de femme poez aver, El quant la
bourse par defaute se close, De femme ne avérez fors un glose.
Poés. anglo-norm., relatée parle même, loc. cit., p. 74.
Glutir (to glut, to glutch*), v. w., engloutir. Du laL-glulire.
Puet cel estre vis oùssent gluti nus, cum iraisseit la furur d'els sur nus.
Liu. des Ps., CXXIII, 3.
Glutun igluUon), adj., avide, insatiable. De glutonem.
Nos avum dreit, mais cist glutun unt tort,
Chans. de Roi., p. 103.
Taisent s'en li glutun, Devant ço, par raisun.
Ph. de Thaon, CompiU,v. 2733.
Glutunie, Glutonie {gluUomj), s. /"., avidité, gloutonnerie. V. Glutun.
liais puis, par glutunie Par raim de lecherie, Icel siège forfist, En grant
peine nus mist.
Pu. DE TnAON,Co- put, V. 529.
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(delwedd C0580) (tudalen 0512)
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— WÈ -
Il ne puet lessier en nud fuer, Son seurfet et sa glutonie.
MiRiE, Fable 74,
Goale. V. Gaole.
Gobe {gob, bouchée), s. /"., grosse bouchée, gros morceau. Du celt. gob,
bouche. V. Gobin.
Gobelin (goblin, hobgoblin), s. ?n., lutin, esprit follet, reve- nant. V.
Furole, garwal, lailisse, tarane, varou. Du bas-lat. gohelinum, nom donné par
Orderic Vital à un démon qui han- tait les environs d'Évreux. Cotgrave
emploie notre mot adjec- tivement : une face gobeline, une face rouge ; il en
forme aussi un verbe gobeliaer, hurler.
Pourquoy vous jasez-vous, mauvaises ? Hé, suis-je quelque gobelin , Ou
suis-je quelque esprit malin. Qui désire empescher vos aises ?
Vauq. de La ¥vizs^.,Épig., p. 644.
Le goublin normand est le trilby écossais ; il est vif, inquiet, volage,
capricieux.
DE LA BÉDOL., Les Normands, dans Les Franc, par eux- mêmes, II, 155.
Suivant M. Pluquet(£'5s. hisl. sur la ville de Bayeux, p. 326), le goublin
est une « espèce de génie ou démon familier qui habite les fermes, mène les
chevaux boire, leur donne à man- ger, en protège quelques-uns en particulier,
réveille les do- mestiques paresseux, renverse les meubles, les déplace et
rit aux éclats. Presque toujours il est invisible ; seulement quel- quefois
il prend la forme d'un cheval, se présente tout sellé et bridé sur la route,
mais malheur au cavalier qui l'enfourche ; il rue, il caracole, emporte son
homme et finit par disparaitre, en le laissant dans une mare ou dans un
bourbier. »
-}- Gobin (gohbet),s. m., petit morceau, petite bouchée. C'est un diminutif
masculinisé de gobe. V. ce mot.
Si tu m'en baille un gobin, j'n'en frai pas le r'fugna.
MET., Diction, franco-norm., p. 257.
Un gobin de bœu et un morcé de pain de blié ferait du ben à not' monde.
Rimes jers., p. 50.
-\- Gode (cod), s. /"., gade, genre de poisson dont la morue forme une
des principales espèces.
Gole. V. Goule.
Gonelle. V. Gounelle.
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(delwedd C0581) (tudalen 0513)
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— 513 — Gord. V. Gort 2. Corder (lo
gorde'), v. n., éclater, jaillir.
E quaQt vus seigner voldrez, mangez .v. greins u .vu. (de cardamome), si vus ne
gordera mie la veine.
PeC. traité do. mëd. du XI V« s., publié par M. Boucherie, p. 9.
+ Gore {îvhore, prostituée), s. /"., au propre, truie, d'où le diminutif
goret, jeune cochon; au figuré, femme chargée d'embonpoint et sale. Cotgrave
et Lacombe donnent gore, dans la première de ces deux acceptions.
Gorgere (gorger*), s. /"., gorgerin, pièce de l'armure, qui protégeait
la gorge de l'homme d'armes.
Je Jehan Godeffroy de Leure ay eu et recheu de Simon Mon- din... sur les
garnissons d'armeures... douze gorgeres, dont je me tieng pour bien content.
Déch. de 133S, citée par M. Delisle dans les Actes normands de la Ch. des
Comptes, p. 192.
+ Gorgette (gorget), s. /"., gorgerette, collerette à l'usage des femmes
de la campagne. La gorgette tient généralement à la chemise ; seulement elle
est d'un linge plus fin. Ducange traduit pectoralis fascia par gorgerette ou
gorgette.
1. Gort {gord'), s. m., tournant d'eau, flux, courant, flot. Du lat.
gurgitem, gouffre, amas d'eau, lac, fleuve.
Maint gort, maint gouffre ont trespassé.
BÉN., Rom. de Troie, au Gloss.
Péril de mer r'est apelez Quer molt souvent! sunt trovez, Pèlerins passans
perilliez, Qu'el gort de mer aveit neiez, Ou à l'aleir on au venir.
GuiLL. DE S. l^AiR, Hom. du Mont St~Michel, v. 429.
La forme la plus ancienne du mot parait être gurz, tenant de plus près au
radical du mot.
Sunanz e enorguillissanz les suens gurz e demenanz monds en la puissance de
lui.
Liv. des Ps,, xlv, 3.
2. Gort, Gord (gorce*), s. m., barrage d'un courant d'eau, avec des pieux sur
lesquels on tend des filets pour la pèche. Palsgrave, dans sa Gramm., p. 286,
et Cotgrave, dans son Diclionn. , donnent à gort cette même acception. — «
Les gords, dit Laurière, dans son Gloss. du dr. fr., sont des espaces dans
les rivières, où l'on dresse des pieux pour y tendre des filets
33
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(delwedd C0582) (tudalen 0514)
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- 514 -
el prendre du poisson. » On rencontre un v. angl. garth* et ftsh-garths*,
avec le sens de garenne de rivière, pêcherie.
Il ne loise à nul home à fere novel molin en sa terre ne gort qui moille la
terre à ses voisins.
Marnier, Etabliss. de l'Échiq. de Norm., p. 43.
Pierre de RoncheroUes, sieur de Heuqueville , déclare . . . posséder quatre
arches sous ledit pont (le Pont-de-l'Arche), avec gords et droit de pescherie
à tous poissons, avec rets, filets et autres engins. . .
Aveu de 1581, cité par M. de Beaurepaire dans la Coût, de la Vie. de l'Eau de
nouen,'p. 139.
Puis soit anquis de gors levez en euves communes.
Britton, Traité, cité par Lacurne à Estracer.
-\- Gosser {to gossip, débiter des commérages), v. n., hâbler, dire des
bourdes, mentir.
Chasteau vieux, bouffonnant pour gosser et pour rire, Ne laisse à profiter et
plaire en son médire.
Vauq. de la Fresn., Art. poét., I, p. 26.
-\- Goule {gole, mâchoire; goules*, gueules, terme héral- dique), s.
/"., gueule, bouche d'un animal. Du lat. gulam.
Maintenant li autre peisson
Si se lancent, à moult grant foule,
Trestuit ensemble, ens en sa goule.
GuLL. DE NoRM., Best, dio., v. 2137.
La grue met le bec avant Dedenz la goule au mal feisant.
Marie, Fable 7,
L'anglais gole* existe aussi en ancien dialecte normand.
Contre un chevalier s'eslaissa
E cil à lui qui ne 1' dota.
Bos le feri parmi la gole
De si el col en la moole (moelle) ;
E cil caï, gole baée,
Qui la lance avait engolée.
Wace, Rom. de Brut, v. 12204.
L'on remarquera que, dans cette dernière citation, gole y désigne la bouche
de l'homme ; il en est de même en patois normand, quant à l'usage du mot
goule :
Drès iau matin, quand je m'esveille. J'ouvre la goule avant les cils, Et j'ai
recours à ma bouteille, Qui me rend le teint si vermoils.
Ane. chans. norm.. recueillie dans le Journ. des sao. de Norm., p. 749.
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(delwedd C0583) (tudalen 0515)
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— 515 —
Hen, dis don ; tei qu'es leu champion, T'as la goule à sec : mouille, Biaise.
Coup-d'œil purin, p. 32.
Le français a retenu plusieurs dérivés de notre mot : goulu, goulée^ goulot,
goules, engoule-vent, etc.
Goule de august. V. Gule de aust.
Goulfe (gulf), s. m., golfe. "
One ne furent jamais les pirates fameux En tant de goulfes, ports, rivages
écumeux.
Vauq. de la Fresn., Sat., p 439.
4" Goulias {goliard\ bouffon, bateleur), s. m., bavard. De goule, au
sens de bouche, considérée comme organe de la parole. V. Goule. Gouliaase dit
aussi pour bavard à Guernesey. V. le Gloss. des Riines guernesiaises.
Alain Ghartier a dit gouliar dans le même sens.
Et puis dit que tous amoureux Sont gouliars, ou temps qui court.
Le Pail. d'Am., p. 708.
D'où gouliardie, bavardage :
Us sont (les jeunes seigneurs) à l'escolle de gouliardie et viles paroles.
Al, Chart., l'Esp., p. 316.
En pat, norm. de Guernesey, on dit gouliardise :
De patuflia et d' gouliardise J'en airon tantôt ieue assai.
Rim, guern,, p. 112.
-\- Gounelle [gown), s. /"., jupe, cotte. Goune, robe. Kel, Gounelle est
un diminutif de gune, gone ; du ba.s-Iat. gunnam, que l'on trouve dans S.
Boniface, avec le sens de vêtement. En ital. gonna ; en prov. gona.
La meschine fud vestue de une gunele, qui li batid al taiun.
Les Rois, p. 164.
Vestuz de viu gunele.
Vie de S. Auban, v. 1248.
L'on donnait aussi le nom degonelle à une sorte de casaque, dont les
chevaliers couvraient quelquefois leur armure.
L'osberc lui fausse de dessus la gonelle.
Chans. de Roi., p. 109.
Vestent desus les aucotons
Les blans osbers soz les goneles.
BÉN., Chron. de Norm., v. 32785.
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(delwedd C0584) (tudalen 0516)
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— 516 —
En patois normand de Guernesey, gane se dit encore pour robe.
J' l'ai oui, a n'a qu'une gane au monde.
Rimes guern,,-p, 73.
+ Gourd {goury*). adj., lent, apathique, engourdi. Du lat. gurdum, grossier,
sot. Sont donnés, avec le même sens, comme mots français : ^oM/'rf, par
Gotgrave, dans son Diclionn.. et gotirdy, par Palsgrave, dans sa G7'amm., p.
429. Gomp. encore l'angl. curded, figé.
De ^rowrrf est venu, en pat. norm., l'adv. gourdement, d'une manière lourde,
disgracieuse :
Par un autre air, dancirent gourdement Le grand ballet de la folie humaine.
D. Feu., Muse norm., p. 403.
+ Goûtu (gustful, goutous*), adj., savoureux, délicat, qui a un goût
agréable, « une sauce goùtue ». — « Goùtu comme les navets de Fontenay » est
un dicton normand, cité par M. Canel dans son Blason pop. de la Norm., 1,
246.
Gouvernance (govemance), s. f., tutelle, surveillance, admi- nistration. V.
les deux mots suivants.
Pour la gouvernance du royaume de France,
Chr. norm,. du, XV' s., p. 118.
Si lui dist : Bêle mère, retournés, car je vous lesse eu gouver- nance le
royaume et la garde de mes iij enfanz.
P. Cochon, Chron. norm., p. 41, éd. de Beaurep,
Governail [governaille), s. m., conduite, direction, gou- vernail.
(Le vent) lur maz, lur debruisa Lur veiles e lur governailz.
Bé.\., Chron. de Norm., v. 1866, p. 69.
La nef vei tûtes parz en terapeste gésir, Jo'n lieng le governail, tu me ruevei
dormir !
S. Thom. le Mart., p. 119.
Governement {government), s. m., gouvernement, direction, conduite.
Seinte Iglise qui ert vedvée De son père et desconseillée, Pas ne pot estre
longement Sanz pastural governement.
Vie de S. Grég., v. 794.
Governeor, Governor {governor), s. m., -pilote. Du lat. gube?^- natorem. V.
Governer.
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— o47 —
Detries sunt li governeor E des estrimans li millor.
Wace, Rom. de Brut, v. 11496.
Vunt tumbant seriz governor.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2091.
Governer {to govern), v. a., gouverner. Du lat. guhernare. V. le mot
précédent. ^
Vedves et orphanins et povres governa .
5. Thom. le Mart., p. 165.
Ne la neif ne puis governer.
Marie, Gugemer, v. 338.
Graantement. V. Grant.
+ Graanter (to grant, to grmmt. Paisg.), v. a., concéder, accorder. Mot
d'origine germanique. V. Grant.
Haitié e haut, lié e joins Unt la parole graanté.
BÉN., Chron. de Norm., v. 3606.
Li abés a bien graanté
Cest jugement e acordé.
Gl'ill. de s. Pair, Rom. du Mont S. Michel, v. 3772.
Granter, forme à laquelle se rattache plus étroitement celle anglaise to
grant, se rencontre de même en ancien dialecte normand.
Si vus trestuz iço grantez.
Vie de S. Gile, v.2553.
Grantée li fu dune del rei la dignetez.
S. Thom. le Mart., p. 15.
-\- Grabuge (garboU, désordre ; to garboil, mettre la confu- sion, le
désordre dans), s. m., désordre, confusion. En ital. garbuglio, désordre ; du
holl. krabbelen, gratter, suivant Scheler.
Le vocable normand répond à l'ancien verbe fr. grabeller (V. Cotg.), remuer,
éparpiller un petit tas de substances, pour les éplucher ; de même qu'en
angl. garboil se rattache à to garble, trier. Comp. to grabble, tâtonner.
Du reste, le verbe grabeler, quoique non admis par l'Aca- démie, est encore
usité comme terme de pharmacie, et se dit pour séparer une substance
médicamenteuse de ses menus t'ragments, opération dé.signée sous le nom de
grabelage.
-\- Gracier (to grâce), v. a., remercier. Du bas-lat. graliari, corruption du
lat. gratari. V. Regracier.
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(delwedd C0586) (tudalen 0518)
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— 518 — Trestoz li poples lodet Deu e
graciet.
Alex., str. 108.
Ço dist li reis : Graciet en sait Deus.
Chans. de Roi., p. 6i.
Graduation {graduation)^ s. f., collation des grades univer- sitaires.
Il y avoit pour lors un si grand nombre de doctes réc^ents et escoliers en
caste université (de Caen) qu'au temps des gradua- tions, qui se faisoient,
etc.
De Bras, liech. et ant. de la ville de Caen, p. 228.
Grael, Greel (grail, graile*),s. m., graduel, livre d'heures.
Iço fut 11 saltiers E li antefiniars, Baptisteries, graels, Hymniers e li
messels.
Phil. de Thaon, Comput, v. 39.
Item, i. calice, i. sautier, i. grael, i. messal
Invent, du comm. du XI V* s., cité par M. Delisle dans l'A g rie. en ?iorm.
au moy. àge,^. 725.
Greel et antiphonier... pour les paroissiens de Saint Eustache la Forest, 60
s.
Compte de 1451, cilé par M. Ch. de Beaui-ep, dans ses yotes et doc. sur la
Morm., p. 406.
Graer. V. le mot suivant. Graiement (grement. Palsg.), s. m., accord. Eisi fu
fait le graiement.
BÉN., Chron. de Norni-, v. 6704.
Graiement doit être rattaché à graer, concéder, littéralement avoir à gré ;
du lat. gratum, agréable.
Il lui graa qu'isi le freit.
Id., Ibid., V. 4662.
Quant à grement. ce mot se relie à gréer, autre forme du même verbe. V.
Gréer.
Graime {to greme", affliger; gremthe*, grame*., douleur), adj., accablé
de douleur.
Or sui si graime que ne pois estre plus!
Alex., str. 22.
Grement s'est dit pour d'une façon douloureuse.
E, pour la criemme que j'en ai,
Que grement l'espanoïrai (le punirai).
BÉN., Chron. de Sorm., v. 24379, aux var.
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(delwedd C0587) (tudalen 0519)
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- 519 —
Graine {grain* 5), s. f., écarlate, teinture rouge fort vive.
E tu, beau sire, as une amie, Sor les bêles roses florie. Lis de matin,
coloi's de graiue, G'unc meins foie ne meins vilaine Ne fu, cent anz a e plus,
née.
BÉN., Chron. de Norm., v. 24872.
Item, sarge vermeille aussi coniuie de graine, et est bonne.
Invent, de 1334, cité par M. Dclisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 105.
-\- Graisser {to graze*), v. a., engraisser la terre, la fertiliser en y
mettant de la graisse, c'est-à-dire du fumier :
Jean le Grand s'engage à tous les pommiers et entes de l'ab- baye (de
Valmont). . . cherfouir. . . et, à la saison, les rechausser de terre. . .
avesques y mettre la gresse qui y convient.
Accord de 1496, cité par M. Cb. de Beaurep., dans ses Notes et doc. sur la
Norm., p. 59.
+ Granche {grandie. Palsg.), s. /",, grange. En bas-lat. du comni. du
XIll^ s. granchia, d'une forme antérieure granica, qu'on trouve dans la loi
des Bavarois.
Nicholaus quidem inveniet grancbiam rationabilem et suffi- cientem ad
reponendas décimas de Witboe.
Accord de 1205, vtlaXé par M. Delisle dans VAgrlc. en Norm. au motj. âge, p.
312.
Tant sunt de lui asseurés, K'en la grandche si sunt entrés.
Marie, Fable 84.
Gh'étet dans une gx-anche.
D. Fer., Muse norm., p. 204.
Grandece {grandness., greatness), s. m., grandeur, magni- ficence. Cotgrave
donne grandesse comme synonyme français de grandeur.
Quar eslevede est la tue grandece sur les ciels.
Lih, psalm., p. 8.
+ Grand-grand-père, -{- Grande-grand'-mère (great grand- father, great
grandmother), s. m. et f., père, mère de l'aïeul ou de l'aïeule.
Car ch'la s'est arrivé : une vieill' commèr' Me disait Faut' jeu, que sa
grande-grand'-mèr' Y avait assisté.
Uimes Jers., p. H3.
S' tu les véyais cuiller des ieillets, grand-grand-père.
Rimes guern., p. UKi.
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(delwedd C0588) (tudalen 0520)
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- 520 —
De même, lorsqu'on veut parler du trisaïeul ou de la tri- saïeule, l'usage,
en patois normand comme en anglais, est de répéter trois fois l'adjectif:
grand-grand-grand-père, grande- grande- grand' -ynère ; great great
grandfalher, great gréai grandmother.
Grange (grange), s. /"., ferme, métairie.
In foresta Augi, v acras ad grangiam Barilsarto tranferendam ; ad grangiam
quoque de Gnariniprato... v acras.
Cartul. de Foucarmont, t' 33 r°, cité par M. Delisle dans ; \'A(]r. en Norni.
au, morj. d^e, p. 394.
Cotgrave donne le mot français granger, avec le sens de fermier, métayer.
Grant [grant], s. m., concession du souverain. V. Graanter, warrant.
S' aulcune chose estoit hors mise Du fieu de haubert, le service Au prince
yert fait parle tenant, Selon le grant et convenant.
Coût, de Norm. en v., p. 71.
Graantement s'est dit pour de son plein gré :
Sor trestote rien se travaille De lui prover, de faire entendre Que bien
deust la terre prendre Qu'il li offreit graantement.
BÉN., Chron. de Norm., v. 9593.
Granter. V. Graanter.
Grape (grape), s. /"., raisin. Même étym. que Grappe, ci- après.
De la vigne des Sodomiens. . . La grape de cels, grape de fiel, e raisimet
(grappe) mult amer. (De vinea Sodomorum. . . Uva eorum,uva fellis, et botri
amarissimi).
Cantique de Moïse (Deuter. XXXII), versets 47 et 48, dans le Liv. des Ps., p.
277.
Grappe {graple*)., s. m., crochet, crampon. En bas-lat. grapam, grappam. De
l'anc. haut allem. c/jro/j/'a, crochet ; allem. mod. krappen. V. Grapper.
Pour la façon d'unes grappes et ung croq de fer... pour desni- cher iceulx
hérons.
Compte de 1474, cité par M. Ch. de Beaurepaire, dans ses .Votes et doc. sur
la Sorm,., p 93.
-f- Gra'p'peT (to grapple), v. a., accrocher, attacher, saisir. Est usité
aussi comme verbe réfléchi, dans le sens de se cram- ponner, s'accrocher. V.
Grappe .
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(delwedd C0589) (tudalen 0521)
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— 521 —
Gras (crasse'), adj.^ épais. Du lat. crassum. V. le mot suivant.
Li sancs ki est desus vermeil, eusement cum une tenve crustele, dedenz gras e
neir.
Pet. traité de méd. du XIV* s., publié par M. Boucherie, p. 6.
Graspels, Craspois (craspic*, gi'ampus),s. m.,épaulard, gros poisson de mer,
de l'ordre des cétacés. Le graspeis ou le' craspois, littéralement le gros
peisson ou le cras poisson, du lat. crassum piscem, était ce que l'on
appelait, au moyen âge, un poisson royal, lequel, à ce titre, appartenait de
droit au roi(l).
Plenté i a de gras saumons,
De iamprées, d'autres peissons;
Quer l'en i prent e muls e bars,
Torboz, plaiz, congreis, hareiis,
Porpeiz (marsouins), graspeis, quant en est tens.
GuiLL. DE S. Pair, /îom. du Mont S. Midi., v. 467.
Craspoiz, lapis de fil, toute robe et tout vestir et tout cauche- ment... ne
doivent rien.
Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 19
+ Grasse-Poulette (fat-hen*), s. f., arroche sauvage. V. le Gloss. de pat.
norm. de M. Dubois. On applique quelquefois le même nom à une autre plante,
l'ansérine.
Grater {lo grate), v. a., arracher, détruire, raser.
Li chastel tist tost alumer (incendier), Portes abatre, murs grater.
Wace, Rom. de Rou, v. 8499.
Ne laissa nulle rien qu'il peust grater.
Id., Ibid., V. 938.
-{- Gratigner (lo scratch), v. a., égratigner. Graligner est
(1) Henri I", roi d'Angleterre et duc de Normandie, fit connaître
cependant qu'il n'entendait exercer aucune revendication au sujet d'un
craspois péché à Quillebeuf. La charte dans laquelle il déclarait abandonner
son droit et qui est rapportée par M. Ch. de Beaurepaire dans La vie. de
l'Eau de Rouen, p. 170, est ainsi conçue:
« H., rex Angl., Gileberlo de AquilaetWillelmo camerario de Tancardivilla,
salutem. Sciatis quod non calumnio aliquam consuetudinem in crasso pisce qui
captus fuit apud Chilebeof et quod idem captum fuit ad opus meum ego red- dam
abbati, (juando in Normanniam redeam, juste ; et facite abbali rectum de
illis hominibus qui idem habuerunt injuste. Testibus comité de Mellento el
Rie. de Vedducrs et Rogero Big. . . Apud Westmonasterium. »
A propos du même poisson, Robert, comte d'Eu, se montre moins libéral envers
les moines de l'abbaye de Saint-Michel-du-Tréport, relevant de son comté : «
Crassus piscis, si captus f uerit, ala una et medietas caudas erit mo-
nachis. »
Ch, de 1059, citée par Laurière. V Esturgeon.
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(delwedd C0590) (tudalen 0522)
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peut-être une forme fréquentative de gratii\
verbe fictif que l'on peut rattacher, par analogie de sens, au lat. craiire,
her- ser. Le changement du c en ^, que Ton trouve, par exemple, dans gonfler,
grotte, dérivés de conflare, crypta, ne fait pas difficulté. Quant à la
désinence fréquentative, elle peut s'expliquer de la même manière que celle
de trépigner, dérivé du vieux verbe treper, danser, du lat. trepere.
Elle se gratigna de ses ongles.
Palsg., Gramm., p. 338.
Graunt (graunt'), adj., grand.
Mult par est vaillaunt Deus. forz et de graunt bunté.
S. Thom. le Mart,, p. 26.
A graunt anguisse rannta sus.
Marie, Gugemer, v. 168.
Grave (grave), s. /"., fosse, grotte, caverne.
Uns liuns fu mult travelliez E de courre moût anuiez, En une grave (1) fist
sun lit, Bien fu malade, à sun dit,
Marie, Fable 68.
Gravele igravel], s. /"., gravier, gros sable, mêlé de petits cailloux.
E plut sur elz, sicume puldre, carz, et sicume gravele de mer, oisels
empennez.
Teus sunt les peines enfernaus, E les meseises e les raaus, Que nus nés
porreit anumbrer Plus ke sravele de la mer.
Lib. psalni., p. 107.
MàBiE, Par;/., V. 14il.
-|- Grédin [greedy, avare; greedy, avide, Sherw.), s. m., avare, ladre,
fesse-mathieu. En ital. gretto, avarice. Du moy. haut allem. grit, avidité.
Greel. V. Grael.
Gréer {to grée"), v. a., concéder, accorder, octroyer. Greei, convenu,
Kel. V raie ment.
Entre Ernouf e li dus fu la paiz devisée ; D'ambedeuls Pont bien li
compaignon grée.
Wace, Rom. de Rou, v. 2700.
(l) Roquefort, qui donne ici le sens de grotte au mot ^ race, assigne, à
tort, au même mot, dans la fable LVI, celui de lieu sablonneux, bord d'une
ri- vière.
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(delwedd C0591) (tudalen 0523)
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— 523 —
Tant preient le rei e seraonent E tant bon conseil li donent, Que Flandres li
grée e otreie
Bkn., Chron. de yorm., v. 6689.
6ref(5're/fe*), S. m., peine, embarras, difficulté. Dulat. gravem.
Of (avec) bon vent, curent à plein tref (voile), Tant k'à port venent sanz
gref.
Vie de S. A wôan, rubrique du f" 58 r*.
Dans l'ancienne langue, ^re/" était employé le plus souvent comme
adjectif, ainsi que son radical, au sens de douloureux, dur, pénible. Grefs,
accablant, chagrinant. Kel.
Dur sunt li colps e li caples est grefs.
Chans. de Roi., p. 141.
Laide chose erl mult del laisser E gref chose del r'aseger.
BÉN., Chron. de Norm., v. 4333.
-|- Grégir (to crease, faire des plis à), v. a., froncer, coudre à plis
serrés. Du lai. gregare.
Ses flancs etest rechuch et gregis (plissés).
D. Fer., Muse norm., p. 66.
-(- Gremir {to greme', grincer des dents), v. n., frissonner, claquer des dents,
grincer des dents. Le mot est usité en ce sens dans la Seine-Inférieure. V.
le Gloss. de M. DelbouUe.
-f- Grenons, + Guernons {granons, moustaches du chat), s. m. /)/.,
moustaches. Du lat. grani. L'on dit proverbialement en Normandie : « Je n'ai
peur ni de ses noms ni de ses guernons. » V. VEssai hist. sur Bayeux de M.
Pluquet, p. 307.
Si duist do barbe, afaitad son gernun.
Chans. de Roi., p. 19.
N'aveit encore en vis ne, barbe ne guernon.
Wace, Rom. de Rou, v. 3818.
Greu (grew* 2), s. m., Grec.
Fait l'arcevesque : Saint Denis... Greu fu, en Grèce engenoïz E puis par
saint Père convertiz.
BÉN., Chron. de Norm., v. 6'J45.
Greus {to grue\ faire souffrir, causer de la douleur), adj.. douloureux, dur,
pénible.
Si tut lur ert salvage e greus De lui receveieut lur feus.
BÉN., Chron. de Norm., v, 1357.
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(delwedd C0592) (tudalen 0524)
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— 524 —
Grevance ({grevaunce, Palsg., greving, id, ; grievance), s. /"., gêne,
embarras, mécontentement.
Fist tundre ses chevels, quand sa chevelure li fud à grevance.
Les Rois, p. 173.
Car ces faulx loups cerchent leurs alibis, Pour aux pasteurs faire quelque
grevance,
P.Gring.,1, 70.
Le mot, sous la forme guervance, est usité à Jersey, avec le sens de dépit :
1 s'était mariai par guervance.
La noao. annaie (Jersey, 1874), p. 25.
Grève {grève* ; greave^ Palsgr. ; grove), s. /"., bocage, petit bois,
bosquet.
Ci dist que lièvre s'assanlerent A pallement; si esgarderent Qu'en autre
teire s'en ireient Fors de la grève (1) ù ilsesteient.
Marie, Fable 30.
Grèves {greves\ greaves), s. f. ;)/., jambières, partie de l'ar- mure qui
protégeait les jambes.
Et les preux bannerets Depouilloient leurs haubers, grèves et solerets.
Vauq. de la Fresn., Sat., p. 136.
Grevus, Grèves {grevons. Palsg.; grievous), adj., grave, im- portant,
affligeant, accablant. V. Gref, griever.
Grevuse chose lui senablad à mustrer à la pulcele nule descu- venue.
Ki de vice se volt défendre Est\idier deit e entendre ; E grèves ovres
comencier, Par se puet plus esloigner.
Les Rois, p. 162.
Marie, Prol., v. 23.
Griever {to grieve), v. a., affliger, attrister, causer de la douleur à,
faire du mal à. V. Agriever., P'^fi grevus.
Pur ço fet graut pecchié cil ki custume alieve,
Dunt nuls hum ad damage, ne qui nui home grieve.
5. Thoni. le Mart., p. 125.
(1) Roquefort se trompe, croyons-nous, en donnant à ce mot le sens de lieu
plein de sable et pierreux, sur le bord des rivières ; il commet la même
erreur à propos du mot grâce, auquel il assigne aussi ce dernier sens, dans
la fable LVI, et qui là signifie grotte, fosse. Cf. p. 522.
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(delwedd C0593) (tudalen 0525)
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— 525 —
Si pry Dieu qu'il me déshérite De ma meschante vie mauldicfe, Qui tant me
griefve.
Al. Chart. Le Lia. des Qaatrc-Darnes, p. 620.
+ Grigne {grin), s. f., grimace de mécontentement. V, le mot suivant.
-j- Grigner {to grin), v. n., grincer, serrer, montrer les dents. Grigner est
dans Cotgrave, comme mot français, avec" le sens du verbe anglais to
grin. V. Grigne.
Grille {grille*), adj., horrible, hideux, effroyable.
N'i a si vielle ne si grille. N'ait do merdier de cocodrille.
Mir. de la B. V. M., v. 481.
+ Gripper {to creep, Sherw.), v. n., grimper, du scand. gripa, saisir ou
s'accrocher pour grimper.
Gris {gris*)., s. m., espèce de riche fourrure.
D'ermine e de vair e de gris Jent conreiz e beau vestuz.
Bén., Chron. de Norm., v. 10217.
Le vair et le gris et les piaus sebelines et les dras de soie.
Marnieii, Établiss. de l'Echiq. de Norm., p. 40.
Grisle {grizle*), adj., gris-noirâtre.
Qui dune out cheval brun u bai, Sor u bauzan, grisle u ferant, Si i munta
demaintenant.
BÉN., Chron. de Norm., v. 18559.
-f- Groncher (to groche), v. n., gronder, murmurer, grom- meler, grogner.
Groncer est donné par Cotgrave, avec le sens de gronder. V. Grouner,
gruchier.
Escoutez comment la mer gronce.
Palsg., Gram., p. 693.
-{- Groner. V. Grouner.
Grossement {grossly)., adv., clairement.
Ils cogneurent grossement que leur soustenement dependoit de plus haute
puissance que celle d'omme.
Al. Chaut., VEsp., p. 380.
Grosserie(fl'rocer?/), s. f., épicerie. V. Grossier.
Pour... toute grosserie et mercerie, viij d.
Coust. de la oie, de l'Eaue de Rouen, art. 59.
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(delwedd C0594) (tudalen 0526)
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— 526 —
Grossier {grocer), s. m., épicier. Grocer, dans Halliwell), si- gnifie
marchand de toutes sortes de choses.
Je ne voy si volontiers Les boutiques des grossiers Gomme j'ayme en chaque
rue Les bouchons des taverniers.
J. Le Houx, Chans. du, Vau-de-Vire, p. 132.
Un jeune garçon, aagé de dix huict à vingt ans, fils d'un mar- chand
grossier, fort riche.
Journ. d'un bourg, de Gisors, p. 101.
+ Grouner, + Groner [to grone* ; to groan), v.n., grogner, gémir. Du lat.
grnnnire\ en bas-lat. gronnire., mot traduit par gronnii\ dans le Vocab.
lat.-fr. de la biblioth. d'Evreux (XIIP s.). V. Groncher, gruchier.
Eliazar, le vier badin
Notre ami et ten veisin,
Quand je grounais, triste chantepleure,
V'nais m' ravigottair à l'heure.
Rimes guern. — Dédicace.
Diles-mei, n'y fait-i pon meilleu, Que d'aveir, mâlée endreit sei, Une femme
ofutche à vos gronner ?
liimes j'ers.,^. 94.
Oi'unir s'est dit, en anc. dial. norm., pour gémir, se la- menter.
N'aveit bret, ne gruni, ne crié, ne huchié.
S. Thom. le Mart, v. 195.
+ Grout (grout, lie, fond, sédiment; ground, baissière, matière fécale, Sherw
), s. m., eau bourbeuse et fétide.
Gruchier {to grutche, Palsg.), v. n., murmurer, grommeler. V. Groncher,
grouner.
Et li seignur en unt suveut entreeusgruchié.
5. Thom. le Mart., p. 19.
Le subst. grucchande est donné par Halliwel avec le sens de murmure. L'on
trouve aussi, en anc. dial. norm., la forme groucer :
S'il i a nul qui en grouce.
.Uir. de AL D. de Rob.-le-Diable, p. 2.
Cette même forme subsiste en patois normand.
Gruel (gruel), s. m., tisane de gruau.
E une femme estendit un drap sur le puiz, si cume ele i se-
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(delwedd C0595) (tudalen 0527)
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— 527 —
chast orge piled pur faire gruel ; quasi siccans ptisanas, dit le texte
latin.
Les Rois, p. 183.
Grunir. V. Grouner.
Guaengnierres. V. Gaaigneeres.
Guai. V. Wai.
Guaigner [to winne' 3, to gain), v. n., gagner. V. Gainer,' gaaignerres^
guaigne.
Se bien vus puet avenir, il guaignerunt suvent.
Chron. de Jorcl. Fant., v, 402.
Guaigner, guaaigner se sont dits aussi pour faire un gain par la culture.
Quels est la terre, à chaer (récolter) blé, Si ert guaignée e cultivée.
BÉN., Chron. de Norm,, v. 3177.
Boene est la terre à guaaignier.
Id., Ib., V. 6359,
Guaimentei, Weimentisun {ioeyment\ wailment), s. m,, gé- missement, lamentation.
V. Guaimenter.
Firent plaintes e plureiz e horribles guaimenteiz.
Les Rois, p. 15.
A jointes mains a dit e à (avec) weimentisun.
Vie de S. Auban, v. 328.
Guaimenter, Gaimenter, Waimenter {io loaimente*, to ive- ment*), v. n., être
dans l'affliction, se désoler. Uu bas-Iat. ge- menlare, fréquentatif de
gemere. V. le mot précédent.
Les virgenes d'els ne guaimenterent. ( Virgines eorum non sunt lamentatœ).
Lib. psalm., p. 111.
Trait ses chevels, si se cleimet caitive ; Plore e gaimente.
Chans. cle Roi., p. 219.
Plurent e weiraentent li joure e enveilli.
Vie de S. Auban, v. 1513.
Se guermenler est resté dans le patois normand, avec le sens de se
tourmenter, se préoccuper. Dans Cotgrave, se guermen- ler signifie
s'enquérir, s'informer ; mais ce verbe y signifie aussi se lamenter, se
désoler, qui est le sens archaïque, sens que lui assigne pareillement
Palsgrave {Gramm.^ p. 453), et dans lequel Alain Charlier en a fait usage :
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(delwedd C0596) (tudalen 0528)
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— 528 —
Ainsi mon cœur se guermentoit De la grant douleur qu'il portoit.
Le Lio. des Quatre-Dames, p. 597.
Guaingne {gaining, winning), s. f., gain, profit, butin. V. Guaigner.
Gaaingaes de guerre faictes par archiers.
Chron. du Mont S. Mich., Pièces div., (XV' s.), II, 9.
Guaite, Gaite, Gueit, Guette {ivaite\toatch),s.f., sentinelle, garde de nuit.
— Gait, guaite, garde, surveillant, Kel. V. Guaiter.
Les guaites Saûl s'aperceurent,.. e virent l'ocisiun.
Les Rois, p. 47,
Tote noil fist ses gaites e huchier e corner.
Wace, Rom. de Rou, v. 4776.
Kar l'arriver de Dovre, pur la gueit, eschiva.
S. Thom. le Mart., p. 464.
La guette de sainct Denys vit venir les coureurs des François, et sonna.
Al. Chart., Hist. de Charles VU, p. 99.
i. Guaiter, Gueitier, Guieter (to waite), v. a., surveiller, veiller sur ;
passer la nuit auprès d'un mort. V. le mot précé- dent et Guetter (se).
A un muster de nuneins est portée ; La nois la guaitent entresqu'à l'ajurnée.
Chans. de RoL, p. 312.
Dans ce texte, guaiter a la dernière des acceptions qui viennent d'être
indiquées.
Ensanle od li porta un pain ;
Au chien voleit ce pain baillier,
Qui la faude (bergerie) de veit gueitier.
Marie, Fable 28.
Pour fere guieter plusieurs personnes portant armes.
Compte d.e 1334, relaté par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 80.
2. -{- Guaiter {to wait), v. a., rendre des soins à, s'occuper de.
3. Guaiter {to waite*), v. n., prendre garde. V. Guetter (se).
Or veura ben les las dunt nus devuin guaiter.
S. Thom. le Mart., p. 36.
Guarant {warrant), adj., garant, répondant. V. les deux mots suivants et
warrant.
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(delwedd C0597) (tudalen 0529)
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— 529 —
si mort l'eusse, à mort me turnereit, kar ne serrait pas celed al rei, e tu
ne serrais pas mis guaranz.
Les liais, p. 187. Jo i puis aler, mais n'i aurai guarant,
Chans. de Bol., p. 28.
Guarantir {to guaranty, to ivarranl), v. a., défendre, mettre à l'abri ,
garantir. —Warandir, garantir, Kel. V. Guarant, fiuaranlise. •"
Kar jo cesle cited guarantirai pur mei meime e pur David mun serf.
Les Rois, p. 415.
Li nostre Deu, guarantisez Carlun I
Chans. de Roi., p. 276.
Guarantise , Garantise [guarantee, xoarranlize*), s. f., ap- pui, défense,
garantie, V. les deux mots qui précèdent.
Pur mur e pur guarantiae nus furent par nuit e par jur.
Les Rois, p, 98.
N'i a broine, si fort clavel Qui vers sa lance ait garantise.
Bén., Chroii. de Norm., v. 1258.
Guardain. V. Guardein.
Guarde (giiard, ward'), s. /",, garde, sauve-garde. V. Guar- dein,
guarder, rere-guarde, eswarder.
Pose, sire, guarde {custodiam, dit le texte latin) à la meie bûche.
Lib, psalm., p. 219.
Le fuie (troupeau) qu'il eut en guarde, à altre cumandad.
Les Rois, p. G3.
Guardein, Guardain {guardian, wardein' , warden) , s. m., gardien. V. Guarde,
guarder.
Tu es li curre de Israël et guardeins del curre.
Les Bois, p. 349.
Deu ki est de tut guardain.
Poés. anglo-norm., recueillie par M. Meyer, Bull, de lu Soc. de.-i anc.
textes, 1880, p, 50.
Guarder {to guard., to ivard), v. a. , défendre , garder, pro- téger. — Mius
ivardées, mieux gardées, Kel.
Dérive de l'anc. haut-aliem. toar^en , veiller sur, garder; du rad. ivar. ,
considérer, qui se trouve dans l'allem. ivahr. V. uarde, guardein, warder,
esioarder.
Un petit ki guarded noz berbiz.
Les Rois, p. 59. 34
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(delwedd C0598) (tudalen 0530)
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— 530 -
Dunt chascun se deit amender E guarder d'engin del diable, Qui est sublil e
decevahlf.
Marie, Parg., v. 2182.
Guarence {warence')^ s. /"., garance, plante dont les racines
fournissent une belle teinte rouge.
Pourbasle de guarence, d'alun, de glace ou de sucre, nous est deu ii deniers
d'argent pour chascun.
Aveu de 1526, clans les Méni. et notes de M. Aug. Le Prévost, III, C.
Guarer (to warrant), v. a., garantir, protéger.
Nostre sires... del fort Philistien inult bien me guarrad.
Les Rois, p. 66.
Vers Deu ne vus guara castel ne fermeté.
5. Thom. le Mart., p. 5.
-f Guarir. V. Garir 1 et 2.
•1. Guarison {warison, garisoun'), s. /., récompense, sau- vetè, tout ce qui
est nécessaire.
Ki par noz dans voell aveir guarison, Si s prit e servet par granl
afflictiun.
Chans. de Roi., p. 275.
Il (Dieu) me rent bien, ne m'a à gas (moquerie) Assez me trouve guari^un.
5. Tliom. le Mart. , p. 207.
2. Guarison (moyens de subsistance). V. Garnesture.
3. Guarison (guérison). V. Garison.
Guarnement, Garnement (garnement', garmenl), s. m., vêle- nnent, habit.
Cumend.id li reis à Juib e à tul le pople ki od li esteit , qu'il désirassent
lur guarnemenz. (Scindite vestimenta vestra, dit le texte latin).
Les Rois, p. 132.
-Molt grand eschech (butin) en unt si ciievaler D'or et d'argent et de
guaruemenz chers.
Chans. de Roi., p. 10.
Nefs, cors, aveii's e garnements Unt toi livré as quatre vents
Bén., CJiron. de Norm., v. 20S7.
Guarni , Garnit , Garni {ivarned'), adj. , fortifié , entouré de
fortifications. V. Warnissemenz , garnesture.
E Faraa, e Aiolon, e Hebron, citez ki esteienl en Juda e en Benjamin, 1res
bien guarnies.
Les Rois, p. 294 .
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(delwedd C0599) (tudalen 0531)
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— 531 -
En lin garnit (in locum vixinitum) .
Lib. psalm.,^, 91.
Cet adjectif a été employé aussi au figuré :
Li seinz remist tut rt'pleniz E de la grâce Deu garniz.
Marie, Purg., v. 329.
Guarnir , Garnir , -\- Guernir (/o luarn , to werne") , v. «.",
avertir, prévenir.— Gani/, informé. Kel.
Li huem Deu le mandatai rei de Israël, si 1' guarnid ijui», pai' là ue là ne
passast, pur les agnaiz de ces de Syrie.
Les Ilois, p. 36G.
De ço vus voil guarnir Devant ço, par raisun.
Ph. de 1n^oii,Conlpat, v. 29G8.
Li dist : D'une rien te garnis, E si en seies seurs e fiz.
BÉN., Chron. de Xorm., v. 1511.
Ne deivent pas el rei ses anemis guernir.
.S. Thom. le M art,, p. 89.
Guernir est encore usité aujourd'hui dans le même sens, en patois norm. de
Guernesey.
Il a eut r' cours es Tortevalaises ;
Quand les Saint-Pierraises Turent guerni.
(limes guern., p. 90.
Guaste, Gaste {waste), adj., épuisé, diminué. — Gasz , sté- rile, désert.
Kel. V. Gast^ guaster, guastine, wasler.
E France dulce, cura hoi remendras guaste De bons vassals, cunfundnee
cliaiete.
Clians. de Roi,, p. KiO.
Lairoit sa grant tere à desfendre Qui remanra deslruite et gaste, S'il n'el
va secore en liaste.
Rom- de Bob. le Diable, p. 148.
Guaster, Gaster {lo wasle ; to gast"), v, a,, dévaster, ruiner. Du lat.
vaslare. — Gasler, ravager. Kel.
Dans le vocab. lat.-fr. de la bibliothèque d'Évreux (XIII^s.), on trouve
depopulari traduit par gaster. Y , Guaste et les mots auxquels il est renvoyé
à celui-ci.
E David guastoul tute lur terre e n'i laissad et vivre home ne femme.
Les Rois, p. 107.
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(delwedd C0600) (tudalen 0532)
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— 532 —
Caries li magnes ad EspaigQC guasted.
Ctians. de Bol. , p. 62.
Y eut. . . grant partie du pays gasté et bruslé.
Al Chart., Hist. de Charles VII, p. 228.
Pillant et gastant tout le pays où ils passoient.
De Bras, Hech. et antiq. de la ville de Caen, p. 183.
Guastine, Gastine [wasteyn*^ gastoyne*, wasteness), s. /"., solilude,
désert, lieu désolé, ravagé. Gastine, terre déserte; wasteynes, lieux
déserts. Kel. V. Guaste et les autres mots auxquels il est renvoyé à
celui-ci.
Demeurout en un munt de la guastine de Ciph {mansitqiie in monte solitudinis
Slph).
Les Rois, p. 91.
En la gasline suntentré. Parmi les landes trespassèrent, Un autre litin
encuntrerent.
Marie, Fable 69.
Guastine, gastine sont le subst. du verbe giiastir, gaslir. Gastir se
rencontre en anc. dial. norm.
Al rei de France e al barnage Mandent por qu'il laissent gastir La terre
qu'il deivent tenir. . .
BÉN., Chron. de Norm., v. 4986.
Guastir , gastir ont la même acceptation que guaster , gaster, ci-dessus,
mais leur étymologie est différente. Guaste?^ gasler viennent, comme on vient
de voir, de vastare, tandis que les autres formes semblent devoir être plutôt
rattachées à l'anc. haut-allem. loastjan, ravager.
Guauge, -j- Gauge [gauge), s. m., jauge, mesure. V. Gicaii- ger, gauijeur.
Gravé deulx seaulx à merquer les mesures du guauge pour le roy notre sire,
estant en Tostel d'icelle viconté.
Quiet, de 1425, citée par M. de BeaurepaLre dans La Vie. de l'Eau de Rouen,
p. 421.
Il avoit la teste aussi grosse qu'un tonneau de sept muids, les yeux gros
comme un boisseau de gauge.
Nouv. fabr. des excel. tr, de vér., p. 54.
Guauger, -f- Gauger {to gauge), v. «., jauger, étalonner. V. Guauge, gaugeur.
Pour avoir fait tout de neuf et de potin ce qui estoit de plom, c'est
assavoir les pois de vingt quatre livres, douze livres et six livres, servant
pour guauger les troneaulx.
Quitc. de 1425, citée au mot précédent.
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(delwedd C0601) (tudalen 0533)
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— 533 —
Ung pelil bassin... gaugé et marqué par celuy qui est préposé pour avoir
esgard sur 1p, poix.
Aveu de 1600, cité dans les Mém. et notes de M. Aiui . Le Prévost, II, 604.
Gueisseillier {lo guzzle, to wassail) , v. n , ivrogner , faire des orgies.
Li Kngleis sunt bon vautur, ne se sevent oster, Mielz sevent as gros hanaps
beivre e gueisseillier.
Chroii. de Jord. Fant,, v. 979.
Guiet. V, Guaite.
Gueitier. V. Guaiter.
+ Guélot iyelloiv, jaune), s. m., plante jaune, parasite, qui infeste les
terres arables en certaines parties de la Nor- mandie , particulièrement dans
la région dite la plaine de Caen. C'est le sinapis arvensis. De l'islandais
gullinn , cou- leur d'or.
-|- Guencher {lo winch), v. n. , se détourner, éviter, se re- culer, dévier.
V. Guicheux. La forme ancienne est guenchir :
Si li Syrien me mêlent en fuie, tu giieiichiras vers mai.
Les Rois, p. 153.
Li rois sor son cheval a une part guenchi,
Wace, lïom. de Bou, v. 3700.
4- Guerbe (garb*), s. /"., gerbe.
A Guillaume le Maire pour avoir fauqué et lié xiij <= guerbes d'avoine au
clos de Desville.
Compte de 1547, cité par M. Delisle dans l'Agr, en Norm. au moi/, âge, p.
308.
No ly foulet counie guerbe à leu tas.
D. Fer., Muse norm., p. 371.
Garbe, de l'anc. haut-allem. garba , est du mot la forme normande la plus
ancienne, qu'on retrouve, comme on l'a vu, dans le v. angl. garb* et dans le
bas-lat. garba :
Cil felun pristrent garbes de furraent en lur mains.
Les Rois, p. 134. Alumes i; si lur aiduns E les garbes ensanle metuns.
Marie, Fable 88.
Gavelloe serialim supponentur ut sic citius supponentur... ac commode in
minutis garbis œqueque coUigantur ; minuta nani- que garba liabilior est quam
magna ad careandum, tassanduiu et triturandum.
Fleta, 1. II, ch. i.xxxi, 2.
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(delwedd C0602) (tudalen 0534)
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534
Gueredon. V. Guerediin.
+ Gueredoner , Guerredoner (/o giterdon), v. a., récom- penser. V. Gueredun,
reguereduner.
Dcus «on servise li volt eneredoner.
Alex , str. 56.
L'ovre que vos aviez menée Vos serra or giierredonée.
Béx., Cliron de Norm., v. 16426.
Nous avons cru devoir donner place ici à ce verbe , encore bien qu'il soiL
conservé par l'Académie, parce que, en fait, il est complètement banni ,
depuis longtemps, de la langue usuelle , ainsi que le suivant guerdon. En
Normandie, les gens de la campagne en font encore usage.
Gueredun, Guerdun [guerdon) , s. m. , récompense. V. Gue- redoner.
Ben le couuis que gueredun vos en dei.
Clians. de RoL, p. 288.
Nostre sire pramist As apostles et dist Que cil ki le siveient Grant gueredum
avreient.
Ph. de Thaon, Comput,v. 975.
Ui receverez p\-.r1un travail guerdun.
Vie de S . Auban, v. 1725.
On trouve encore, en dialecte normand, les formes (/î/ererfow, guerredon,
geredon, gerredon, guerdon.
Guergat (gargate'), s. in., gosier, gorge. Du lat. gurgitem.
Guergat est une corruption de gargate , que Ion retrouve dans le vieil
anglais et qui préexistait en ancien dialecte normand :
Od graus cutiax e od coignies, I ur unt li gargates trenchies.
Wace, nom. de Rou, v. 6378.
La gargate li ont tranciée.
Id., Rom. de Brut, v. 2219.
En patois normand de Guernesey, l'on dit guerguelle ou garguette. On fait
aussi usage en Normandie de la forme diminutive garguiUette.
+ Guermenter (se). V. Guaimenter.
-}- Guernir. V. Guarnir.
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(delwedd C0603) (tudalen 0535)
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— 535 —
Guernoner (to werne*) v, a., rejeter, récuser, renier. Guer-' nouer est un
fréquenlaiif de guerner, forme simple, supposée, à laquelle se rallacheroit
l'angl. to werne.
Lh unt eslit Thomas et pris à avué,
Tuz, saunz nul contredit de lai ou de lettré,
Fors de celui (l'évèque) de Luntires k'en (qu'on) avait gucriioné,
Kar de seinle iglise ad persecuturs esté.
S. Tliotn. le Mart., p. 17, *
-|- Guernons.V. Grenons.
Guerpir, Gerpir (to iverp\ to vnrp) , v. a. , laisser, aban- donner,
s'éloigner de, rejeter, repousser. VVer/;«r, délaisser, quitter. Kel. De
Tallem. werfer, jeter.
Se nus le bien faisum E le mal guerpissum...
Phil. de Tu AON, Comput, v. 1G60.
Li pèlerin e li baron Guerpissent la procession.
Gun.L. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Midi., v. 945
Il unt parlé de soun aler Et que son seignur ne dust lesser Ne gerpir.
Vie de S. Thom. de Cant., p. G23, c. i var.
Quant ne purent plus endtirer, Le cliam[) gerpent.
BÉN., C/iroii. de Norin., v. 2140.
Guerredoner. V. Gueredoner .
Guerredun. V. Gueredun.
Guerreier. V. Guerrier.
Guerreiur [warriour, Sherw.), s. m., homme qui fait la guerre, combattant. V.
Guerrier.
. . . Jo tieng de Carduil le chnstel e Vi tur Par force cunire lui cume vers
guerreiur.
Chron. de Jord. Fant, . v. l'ilO.
Guerrier , Guerreie'* (to war) , v. a. , combattre , faire la guerre à. V.
Guerreiur.
Li reis de Syrie guerriout ces de Israël.
Les Rois, p! 366.
Traï nus ad le jofne rei qui guerreie sun père.
Chron. de Jord. Ftint., v. 173.
-f Guer van ce. V. Grevance.
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(delwedd C0604) (tudalen 0536)
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- 536 -
Guette. Y. Guai'te.
-f- Guetter (se) {to loait, épier ; to loaite, prendre garde), V. réfl., se
défier, se tenir sur ses gardes. V. Guaiter \ et 3.
Mais il a meint marinier, Qui s'en set garder et guetier.
GuiLL. DE NoRM., Best. div., v. 1039.
De quoy ledit seigneur ne se guetoit point.
Le Canarien, p. 233.
Barbe et noire et rouges ch'veux, Guette-t'en si lu peux.
Divt. nornu, cité par M. Pluquet, Mœurs et coût, du Bessin.
-\- Guicheux [loincer, animal qui rue, qui recule), adj. qui s'applique au
cheval vicieux, qui rue, recule ou se jette de côté. Le mot est usité en ce
sens en pat. norm. de Guernesey. V. le Diction, de M. Métivier. V. Guencher.
-f Guideau, Guidel. V. Quideav.
Guieor, Guiour (gityour*, gioure*), s. m., guide, conducteur, chef. V. le mot
suivant.
Eones li dux est guieor.
Bén., Cliron. de y or m., v. 10293.
... Cil as quels Deus ert guiour, Compainz e duitre e sauveour.
Vie de S. Grég., v. 1985.
Guion., (juiom, se sont dits aussi, en cette acception, dans l'ancien
dialecte normand :
Guions a fait de païsans,
Wace, Rom. de Brut, v. 3031 .
Par un asne, sanz nul guium, Lor avoieaut, quant il poiel De tel sustance
cume aveiet.
GuiLL. DE s. Pair, Rom. du Mont S. Mich, , v. 82.
Guier [to guie'), v. a., guider, conduire, diriger. Gw'er, guider, Kel. V.
Guieor.
Bien ennuis le barunki 's cunduit e ki 's guia.
Chron. de Jord. Fant., v. 1154.
Et se il les voleit guier A duc le fereient lever.
Wace, Rom., de Brut, v,181.
Guieter. Y. Guider.
Guile (guile, wile, gile, etc.), s. /"., ruse, artifice, fourberie.
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(delwedd C0605) (tudalen 0537)
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- 537 -
D'où, en anglais, gilour\ gilir*, begiiiîer, trompeur, et to beguile^
tromper. V. Girie.
Quant li deables qui maint ame, Par sa guile, engingne et confont...
Mir. de la B. M. V., v. 78.
• Plein de grant rage et de grant guile.
L'Advocacie N. D., p. 5. «
+ Guimple {gimple', rvimple), s. /"., guimpe.
Lez li fu une dameisele, Ki gente fu forment e bêle; Bien ert vestue e
aturnée, Sa guimple sor son chief jetée,
Wace, Rom. de Rou, v. 5692.
Jamais homme sage ne simple Point ne doit passer ungconlract, S'il ne veult
eslre d'une guimple - Affublé par vostre barat.
Al. Chart., La Bal. de Fougières, p. 71!1.
De là le verbe se guimpler, se parer, s'ajuster. Jezabel bin se acesmad e bel
se guimplad.
Les Rois, p. 378.
-|- Guinblet, -|- Vinblet (gimblet, wimble), s. m., vrille, vi- lebrequin,
petite tarière. En patois normand de Guernesey, l'on dit gimblet. Gimhelet,
avec la même acception, est, comme mot français, dans Gotgrave.
Nous fusmes chez Pottier fere fere des vimbletz.
Jauni, du s. de Gouberville, p. 830.
-|- Guincher (lo luink), v. n., clignoter des yeux, regarder les yeux à
demi-fermés. V. le mot suivant.
-f- Guincheux [winher), s. m., personne qui a l'habitude de clignoter des
yeux, de guincher. V. ce mot.
Guiom, Guion, Guiour. V. Giiieor.
Guivere, Guivre, Vivre {loivere"), s. f. , espèce de serpent. Wuer, dans
Sherwood, signifie dragon marin. Du lat. Viperam.
Serpenz e guiveres, dragun e averser, Grifuns, ad plus de trente millers.
Chans. de Roi., p. 214.
Eve dolente, cum fus à mal délivre, Quant creutes si tost conseil de !a
guivre.
Adam, p. 41.
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(delwedd C0606) (tudalen 0538)
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— bo8 —
Assez i ou! bestes sauvages... Vivres e tyi^res e tortues, Sagittaires e
locerveres K serpens de mutes maneres.
Vie de S. Gile. v. 1232.
Gale de aust (la), la goule de august (gule 2), le premier jour d'août, la
fête de S. Pierre es Liens. V. Ducange à Gula Augusli.
De Peitevin le Ju fu emblé,
A la gule de aust, en un vespré.
Hugues de Lincoln, p. 1.
Et le samedi proschein devant la goule de august suiant, sire Edward
desconfit sire Simound de Mountford.
Chron. d'Angl-, ciiée par M. Francisque Michel, p. 61 de l'ouvrage qui vient
d'être mentionné.
Gunele. Y. Gounelle.
Gurz {gurds*, élan, irruption, convulsion), s. m., gouffre, tourbillon,
tournant d'eau. Gourt est donné en ce sens , comme mot français, par
Cotgrave; le même mot est dans la Gramm. de Palsgrave , p. 277, avec celui de
flux, flot, torrent.
Li gurz des ewes trespassad.
Lib. psalm., p. 240.
Guster {lo yusl), v. a., goûter. Du lat. giislare.
Une de viande ne gusterent
BÉx., Rom. de Troie, v. 4453.
H.
Habillements. V. Abillements.
-\- Habiller {loabiW, disposer, préparer; hahiliment, équi- page), V. a.,
équiper, mettre les harnais, en parlant du cheval, du mulet et de l'âne.
Habillement est dans Cotgrave , comme mot français, avec le sens de harnais.
Cheval couvert et moult richement habillé.
Al. Chart., Hist. de Ch. VII, p. 220.
HablejAr/^/e*), s. m., havre, port de mer. En bas-Iat. haula.
Pour le salaire de x marmeaux (?), qui la dite nef amenèrent • ■n hable
et en la ville de Touque, à force d'avirons, pour que les aiiemis ne
l'emmenassent par nuit, pour ce c?.
Compte de 1340, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 274.
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(delwedd C0607) (tudalen 0539)
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— o39
(,e 9 juillet 1561, passant au h;ibîe de Cherbourg, je trouvé le cappitayne
Fraiiçoys le CJerc, qui faisoit besongner à son navire.
Jnurii. (lu. a. de Goubervlile, p. 180.
Habundos Uo habunde\ abonder), adj., abondant. Pals- grave (Gramm., p. 228)
donne habimdance , au sens d'abon- dance, comme mol français.
Crestez esfeit e escherdons
Et herifiiez et habundos. >^
GuiLL. i>E S. l'AIR, Rom. (la Mont S. Michel, v. 3222.
Hagard {haggar), adj. , indompté , insoumis , déréglé, in- constant.
Les cordes Je mon hilh nn sont pour un Thébain, Si doctement versé aux
fiedons de sa lire Qu'il trainoit les rochers plus gros que ceux d'Epire,
CaptivHnt à son gré, le hagard genre humain.
Champ-Repus, Œuv. poét., p. 146.
-|- Hague (hagnc*, haghe\ haw) , s. /"., fruit de l'aubépine. Du néerl.
haag.
Le 1^' juin 1562... ma sœur me donna a beyre de l'eau de bagues, qui me
guérit de ma coUique.
Journ. du s. de Goaberville, p. 260.
Et, mes chers, au temps des bagues, Il y en a d' jolis arruns.
MÉr., Fantaisies g uern.
-f- Haguer {to hag', lo agg\ to haggle), v. a., hacher, dé- cliiqueter,
mettre en morceaux.
Pour haguier et resseelcr le piastre partout où mestier en esloit.
Compte de 1344, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la C/i. des
Comptes, p. 306.
nus se -i oysons lit harer se n'armée, Qui les haguit comme chai à |)âiez.
D. Fer., Muse norm., p. 56.
Et Nenn, dans sen pliel dret, d' seri carnichot sortie, Haguait, criant :
Pico !, un vert bouquet d'ortie.
MET.. Dict. J'ranco-norm., p 273.
Hai. V. Ilec.
-|- Haingre {/nmgry\ chélif, faible; Imngry , famélique), arfy., maigre,
faible, languissant. Du lat. œgrimi. Le français malingre vient de là.
Heingre out le cors e graisie et eschewid Neirs les chevels, les oils alques brunis.
Chans. de RoL, p. 319.
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(delwedd C0608) (tudalen 0540)
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— b40 — Ch'est assez pour en devenir
maigres coume des heingres,
La nouv. annaîe (Jersey, 1870), p. 14.
Haïnos {hainous), adj., odieux, détestable.
Si fist Deus ses formations, Ses règnes, ses créations, Que entre eus eust
varietez, Detestances diversitez E que l'un fust l'autre noisable Haïnos e
espoentable.
BÉN., Chron. de Norm., v. 73.
+ Hair {hair), s. m., chevelure.
+ Hairi (hare), s. m., lièvre.
Haistié. V. Haitié.
-\- Hait (hait*, réjouissant, joyeux), s. m., joie, plaisir, satis- faction,
gré. Le mot français souhait vient de là. V. Haiter 1.
N'en devaient n' à eux ne vait Nus qui lor dunt confort ne hait.
BÉ.\., Chron. de Norm., v. 32510.
Je boiray à toy, de bon hait.
Chans. norm. du, XV' s. — Rec. Gasté, ms. de Vire, p. 1,4.
Le patois normand use aussi du verbe haiter, plaire.
Rien qu'aie ichi bas ne me haite.
L. Pet., Muse norju., p. 16.
Hailier, heter se rencontrent, en ancien dialecte normand, au sens de se
réjouir, se montrer enchanté, heureux.
De ce s'est mult li dux haitiez.
BÉN., Chron. de Norm., v. 36726.
Mult het cascuns ke il seit cous (mari trompé).
Marie, Gugemer, v. 218.
1. Haiter (to hete*, promettre, faire espérer), v. a., donner de l'espérance.
Li fiz Saùl vint à lui, si le cunfortat e haitad en Deu.
Les Bois, p. 91.
2. Haiter (to heat), v. a., animer, exciter. V. Heltié^ reheter.
Pur ço li di qu'il haite ses cumpaignuns.
Les Rois, p. 157.
Haitiez, Haistiez (healty), adj., en bonne santé, sain, bien portant, bien
dispos.
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(delwedd C0609) (tudalen 0541)
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— 541 —
Haitiez esleit li clerc e sains.
Bén., Chron. de Norin., v, 301G5.
Kn riant li a dit : Donc n'estez vos haistiez ?
Wace, Rom. de Rou, v. 3477.
+ Haler (to haie*), v. a., déplacer, retirer. Du scand. halo. Le mot n'est
guère usité en français que comme terme de marine, au sens de tirer sur une
corde. En Normandie, aussi bien qu'à Guernesey et à Jersey, haler possède
l'acception plus générale qu'on vient d'indiquer :
Situ n' baies ta quérelte, je n' pourrons jamais passer.
Plusieurs furent qui ne peurent haller leurs talons (sortir, se dégager) de
la presse.
Chroniques de Jersey , c\\. xxiv, p. 69.
Louis avait halle des bâtons qui servaient d' bornes.
La Bastaiule, sat. polit, publiée à Jersey en 187i.
Hallage {hallage*), s. m., redevance que l'on paie pour avoir le droit
d'étaler et de vendre sous la halle.
A cause de la perte que sadite Majesté souffre annuellement de ses
quatrièmes, hallages et travers...
Corwent. de Trois Etats de Norrn. de 1600, p. 191.
Halme. V. Helme.
+ Hane (anile, de vieille), s. f. , vieille femme. Du lat. anum.
Hanste. V. Hante.
-\- Hant (haunte., Palsg.), s. m., fréquentation, accointance, action de
hanter. V. Hantement.
Sunt se nettement guardé tes vadlez, e meimemant de bant de femme.
Les Rois, p. 83.
Fol hant n'afiertà cristien.
Poés. anglo-norm., citée par M. Meyer, Bull, de la Soc. des anc. textes
(1880), p. 66.
-{■ EAnié (haunled) , adj., fréquenté par les esprits, les fan- tômes.
De hant, mot de patois normand, qui signifie revenant, fantôme.
-{• Hante (handle), s. f., manche d'une fléau, d'une faux, d'un fouet, etc.
Il cuida fraper du bout de la hante de sa faux.
Le Mo(/. de parv., p. 75.
La forme diminutive masculinisée hantel est dans Palsgrave (Gramm., p. 27S),
qui la signale comme étant normande.
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(delwedd C0610) (tudalen 0542)
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— 542 —
Hansle, ansle, servaient le plus souvent, dans l'ancienne langue, à désigner
la hampe ou le manche de la lance (1).
Le fer de sa lance (pesad) sis cenz (sicles) et la hanste fud grosse cume le
subie as teissures.
Les liais, p. 62.
De hanste, manche, vint enhanster, emmancher :
One ne leissa por la coignée,
K'il avait sus el col levée
Ki multestoit lonc enhaustée.
Wace, Rom. de liou, v. 13417.
Hautement (liaunting), s. m., action d'aller habituellement en un lieu. V.
Han(.
... Les blés ont empiremeut De bestes, par leur hautement.
Coût, de Norm. en v., p. 58.
Hanliment se dit en patois normand pour hantise , com- merce familier.
Haquebute. V. Harquebulle.
Harace {harass), .<?. /"., extermination.
Chescun m'y het et sus me court, Chescun m'y despit et menace Chescun m'i
court à la harace.
L'Adoocacie N. D., p. 53.
Hardement, Hardiment {hardiment), s. m. , hardiesse, cou- rage. Un vocab. ms.
lat.-fr. du XlIP s., conservé à la bibl. d'Évreux, interprète maagnimitas par
hardement .
Dist Bernart de Baillo : Ki ore u'ad hardement Ne deit aveir honur ne rien
qu'à lui apent.
Citron, de Jord. Fant., v. 1737,
Cil qui devant fud bien armez D'armes de fer e aturnez E qui aveit grant
hardement Ku estur, pur veincre la gent.
Marie, Purg., v. 651.
Bien se tinrent premièrement Tant cum il orent hardiment.
Wace, Rom. de Brut, v. 4371.
(1) Cependant l'acception exacte àehanste estlance; dulat. hastam. « Prea
escut e hanste e esdresee en la meie aïe. (Appréhende scutum et haslam et
consurge in auxilium meum.) »
Liv. des Ps., xxxiv, 2.
C'est par métonymie que le mot est passé au sens de manche , le tou t ayant
été pris pour la partie, la lance entière pour son bois.
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(delwedd C0611) (tudalen 0543)
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— t)4ô —
-|- Hardi ! [tu hard}ie\ encourager, exciter ; hardy, vigou- reux, robuste),
cri d'encouragement, synonyme de l'interjec- tion courage ! Se dit pour
exciter à redoubler d'énergie, « Hardi ! garçons ! n
Hardier (se) [to hardye)^ v. rcfl., s'enliardir.
(Les Anslois) virent de l'autre part de la rivière qu'il n'y avoit nuls
François. Si se hardierent de passer oultre.
Al, Chart., Hist. de Charles VII, p. 31.
Hardiment. V. H ar dément.
-\- Haria {harriage\ confusion), s. m., désordre, vacarme, querelle.
Cachiés sous ce herpins d'harias, Qui vous rongnent ton vo morcias...
Coap-d'ieil purin., p. 61.
Haria est le subst. du vieux verbe harier, tourmenter, que- reller; en angl.
mod. lo harry, malmener, tourmenter; en V. angl., lo harie", faire
dépêcher, presser, harceler.
Jamays ne vis homme aynsi harier sa fjmme.
Palsg., Gram., p. 545.
Harier. V. Haria.
-\- Harin {garran), s. m., mauvais petit cheval, rosse.
4" Harniquer [lo harnish*), v. a., harnacher. Hariniquer se dit en ce
sens dans la Seine-Inférieure. V. le Glossaire de M. DelbouUe. Au XV« s.
harnicheur, a signifié marchand de harnais :
Guiot harnicheur et gourmet de vins.
Duc, Harnescha.
Harou (harroiv*). Le cri ou la clameur de haro ou de harou était un appel
public à la justice et à la protection. Ce cri d'alarme est d'origine
normande. Longtemps il a été usité en Angleterre; il l'est encore aujourd'hui
dans les anciennes îles normandes de Jersey et de Giiernesey, soumises à la
do- mination anglai.se. V. Hii et cri.
Des piez le fiert, suz lui sailli. Si qu'à la terre l'abati. Par un petit ne
l'en gievei Se ii sii'es n'eust criei : Harou ! harou ! hé ! aidiez-moi !
Mauie, Fable 16.
Par la coustume du pays, nous avons titre s[)écial de la clameur de harou.
DE Bras, Rech. et antiq, de la ville de Caen, p. 9.
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(delwedd C0612) (tudalen 0544)
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— 544 —
Harpeor, Harpeur [haiyour', harper), s. m. , joueur de harpe. V. le mot
suivant.
Grans dans duna as harpeors
As prisuns (prisonniers) e as guvors (guides).
Marie, Gugemer, v. 389.
Grand chantre, grand harpeur, grand nourriçon des dieux, Vous estes recogneu
par vos vers doucereux. Gravissant des premiers sur le sacré Parnasse.
Champ-Repus, Œuv. poét., p. 129,
Harper {to harp), v. n., jouer de la harpe. V. Harpeor.
David dune devant le rei harpout
Les Hois, p. 61.
Est tant de putes murs Qu'il nel voilltt oïr, Alt sei de luin gésir, Si i pot
esculter Cum l'asnes al harper.
Ph. de Thaon, Comput., v. 140.
Harquebutte, Haquebute {harguebiU, Gotg.), s. f. , arque- buse. En bas-lat.
arcuni busum; de l'allem. hakenbûchse.
Le 24 mai 1558, Symonnet et Roquincourt furent à Bretteville chez Rouxel fera
raccoustrer leurs harquebuttes.
Journal du s. de Gouberville, p. 183.
Les habitans des villes... aus quels n'est interdit l'exercice de tirer de la
haquebute.
Terrien, Comment, du dr. norni., p. 488.
Haschée, Haschie, Hascée {hache* ; ache) , s. f., douleur , souffrance. V.
Achois.
D'ire, de dol e de haschée A tote la chère moillée.
Béx., Chron. de Norm., v. 16538.
Ore ai perceu meynte dure haschie, Ueble d'enfer m'ount fait n'entendaunt Que
jeo conoys ceo que me va grevaunt.
Clians. anglo-norm., publiée par M. Meyer, JXomania, IV, 378.
Del toen forfait sentirent la hascée. '
Adam, p. 41.
Achie, en patois normand de Guernesey, se dit par accès, attaque d'un mal,
d'une passion.
Quand l' jan houme avait ses achies. Ses soupirs faisaient peux es cats.
Rimes guern,, p. 89.
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(delwedd C0613) (tudalen 0545)
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— 545 -
-|- Hasier [haselrys', buisson de coudriers), s. m., hallier, réunion de
buissons. De haslam,m.ol que l'on rencontre avec le sens de brandie, dans la
basse-latinilé la plus ancienne. V. le Diction, de pat. norm. de M.
Delboulle.
Avant de se coucher, ces gens luy amassoient des fagots de huziers où il
raetoit le feu.
Jourii. de J, Doublet, p. 259.
Hastif, Hastis (hastif*, hasty), adj., ardent, vif, prompt, diligent.
Gotgrave donne hastif en ce sens comme mot français, et Palsgrave assigne à
ce mot la signification de fier {Gramm., p. 312).
Fier doit être pris ici dans son acception archaïque. V. Fier, hastiveté.
La bataille est merveilleuse et haslive.
Chans. de Roi., p. IJO,
Et Franques hastis e joios E del afaire desiros Revient al rei.
BÉN., Chron. de Norm., v. G135.
Hastivel [hasle\ pomme ou poire hâtive), s. m. , poire hâtive.
Trop i en a de hastivel
E trop d'entées seur angoisse.
Mir. de la B. V. M., v. 507.
Hastiveté, Hativetey {hastyvyle*), s. /"., précipitation, em-
pressement. V. Hastif.
Cette malle meschance, de la quelle ne pourrions saillir sinon par. . .
chastier nostre hastiveté périlleuse.
Al. Ciiart., Le Quadrilogue, p. 429.
On ne doibt pas, par trop grande hastiveté, délaisser les ter- mes de raison,
ne priver l'acteur (le demandeur) de ce que cous- turae luy donne, pour
hastiveté de accomplir justice.
Le Rouillé, Gn Coût, de Norm., i" xcj, ro.
G. de Gruchie... avoit puys naguères donné un coup de dague à feu Colin
Burnouf, paT chaleur et hativetey; pour lequel cas, etc.
Acte de 1435 de la Vie. de Valognes, cité dans le Jourii. du s, de
Gouberville, p. 064.
■\- YLdXoiei {haslelciys* (lisez hasteleyts), région des en- trailles
du sanglier ; hastery*, viande grillée ; haslet., fressure), s. ni., terme de
boucherie. Région des côtes du porc; côtelette appartenant à cette région,
35
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(delwedd C0614) (tudalen 0546)
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— 546 —
Le M décembre 1559. Th. Drouet soiippa céans, et en soup- pant, sur un propos
qui so\irdit, touchant garder d'un hastelet, que nous avions à soupper, je
dis à Symonnel, etc.
Joarn. du s. de Gouberville, p. 121.
J'ay trais biaux louys, pouraver un gastel. Un hastelet, bœuf, muuton et
sallade.
D. Feu.. Muse norm., p. 460.
Hastelet est un diminutif de haste, qui s'est dit dans l'an- cienne langue et
qui se dit encore maintenant en patois, pour pièce de viande de porc (1), et
haste, dans cette acception, représente, par catachrèse, liaste, broche à
rôtir; du lat. haslam, lance, par assimilation de forme (2).
+ Hatie (Aa^e, Sherw.; hating, haineux, id. ; hatie\ arro- gance), s.
/"., haine. De l'islandais hâta, haïr.
Jà dirrunt tel parole de guerre, par atie.
Chron. de Jord. Fant., v, 361.
En ancien dialecte normand, l'on trouve has pour haine. Nul d'els ne la vont
dire, pur command ne por has.
5. Thom. le Mart., p. 8?.
Et haz pour je hais :
Povre haz estre en cest païs.
BÉN., Chron. de Norm., v. 34831.
Hativeté. V. Hastiveté.
Hauberc [hauberk), s. nt., haubert, cotte de mailles que por- taient les
chevaliers. De l'anc. scand. hûlsbiorg ; en anglo-sax. healsbeory : en anc.
haut allem. halsberc.
Si vus alez einsi l'espée trette a kurt Vostre hauberc vestu ..
S. Thom. le Mart., p. 57.
De robes sunt trestuit e garniz e veslu, U de haubercs dublers e de buclers
escuz.
Vie de S. Auban, v. 850.
Haulbin. Y. Hobin.
-\- Eautaineté [hautiness, Sherw.; haughtiness)., s.f.., carac- tère hautain,
arrogant. Jlaultaineté, avec le même sens, est donné parCotgrave.
(1) Et ii. hastes de porc lonc de ii. pies.
Aiot, V. 4040.
(2) leellui de la Ronce prist un haste ou broche de 1er.
Let. de Rem-, de 1404, Duc, Hasta,
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(delwedd C0615) (tudalen 0547)
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— 547 —
Hauteice {hcmtesse'), s. f.^ élévation, hauleur. V. le mot suivant.
Deus cenz cotes ont de hauteice. "^
GUILL. DE S. PAIR,/?0«i. (lu Moiit S. Micli., V. 421.
Hauteyn [haulein'), adj.^ haut, élevé, grand, fort. V. le mot qui précède.
Ke plus vaultfel valer meyiis, Et ke meyns vaut fet hauteyus.
Poés. unylo-norin., publiée par M. Meyer, Bull, de la Soc. des nnc.
tt-oL-Ces, 18S0, p. 79.
-|- Haveron (haver-grass* ), s. m., avoine sauvage, folle avoine. Cotgrave
donne, en ce sens, haveron, avron^ comme mots français; il donne aussi,
toujours avec la même accep- tion, aveneron , mot qui est probablement le
radical de notre terme de patois et procède du lat. avenam.
Hebergage. V. Herhergage.
+ Hec, + Hai [heck\ hech* 2, halch), s. m., partie infé- rieure d'une porte
coupée en deuK, ou petite porte à claire- voie, susceptible d'être enlevée à
volonté.
Il a esté quatre jours à fere unghec et ung huys auxestables.
Journ. du s. de Gouberville, p. 810.
En effet, la daunaie laie tiie Avait passai courame un éclair, A travers hec,
iius et huss'rie, Clenque serraeure et taroué d' fer.
Rim, gueni,, p. 98.
Oulle ouvrit le d'siis du bai et le !•' frurnit bien vite.
La nouo. annale (Jersey, 1870), p 9.
Heir {heir), s. m., hoir, héritier. Du lat, heredem. Heirs te durrai.
Les liois, p. 144.
Jo si nen ai filz ne fille ne heir.
Chans. de Roi., ^. 230.
Hel {helm), s. m., gouvernail, timon.
Avant le hel si curt senestre, En sus le hel piircurt à destre Pur le vent as
trefs coillir, Funt les lisproz avant tenir.
Wace, Rom. de Brut, II, 141, Var., c. t.
Helme, Halme [hchn), s. m., heaume, espèce de casque qui
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couvrait la tête et le visage et qui avait une ouverture en face des yeux. De
l'anc. scand. hiâlme.
Tenez mun helme, unches meillor ne vi.
Chans. de Roi., p. 52.
Veez tint haubers e haïmes cuntre le soleil luisant.
Chron. de Jord. Fant., v. 1023, var.
Helz, Heut {helve, hebn, hilt), s. m., poignée, garde d'épée.
D'or est li helz e de cristal li punz.
Chans. de Roi., p. 114.
Dusze livres de fin or mier A entre le heut e le punt.
Bén., Chron, de Norm-, v. 4747.
-\- Henep ihenepe')., s. m., célosie, nom d'une plante connue aussi sous le
nom de crête de coq.
Pur gutefestre (fistule), pernez warence, i. mader e le cou- perun de ruge
cholet e canwe, i. henep (un pied de célosie) u la semence... Si ferez ben
boillir, etc.
Pet. traité de rnéd. du XIV' s., publié par M. Boucherie, p. 9.
Herbere [herber'), s. m., hôtel, logis. V. Herhei^gage.^ her- berger.
De la viande (des aliments) qui del berbère li vient Tant en retient dont son
cors en sostient.
Alex., str. 51.
Une autre forme du même mot, forme que nous croyons plus ancienne, est
herberge, campement :
E caïrent el milliu des berberges d"els.
Lih. psalm., p. 107
Guenes li cuens es venus as berberges.
Chans. de Roi., p. 59.
Herbergage, Hebergage {herbergagé' ), s. m., logement, installation,
habitation. De l'anc. haut-allem. heriberga, cam- pement militaire (1). V.
Htrbere. herberger.
La tere esleit encor salvage N'i ot maison ne herbergage.
Wace, Boni, de Brut, v. 3365.
Uaint boen rechet aras e maint boen hebergage.
Id., Rom. de Rou, v. 1887.
(1) Tel était le sens Alierberrje en anc. dial. norm.
Je vi les berberges d'Éthiope (vidi lentoria Ethiopiaî).
Cantique d'Abbacuc, verset 10, dans le Liv. des Ps,, p, 270.
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Herberger {(o herhoroivc, Palsg.), v. a., héberger, loger. V. les deux mots
qui pi'écèdent.
Franc se herbergent p,ir tule la cunlrée.
Chans. de RoL, p. 63.
Mieulx aimassent vivre en leurs maisons comme seigneurs qu'estre herbergez à
regret et comme hostes.... autruy dangier (autorité).
Al. Chaut,, Le Quadrilogue, p. 427.
Herde, Herte (herd), s. f., harde, troupe, troupeau. Se rat- tache au lat.
haram, étable.
Si cum la herde trespassa. .'.
Chron. aiiglo-norm., I, 54.
Une herte de cers Iroverent.
Wac£, Rom. de Brut, v, 140.
Heredetal, Hereditable [heredi table), adj., héréditaire, relatif à
l'hérédité.
Comme feu Robert de Carrouges eusl vendu et transporté
à feu Jehan Nouvelet... la somme de xl. livres tournois de rente heredetale à
prendre et avoir sur, etc.
Ch. de 146:^, citée dans les Mcm. et notes de M. A ug. Le Prévost, III, 482.
Mesmement que en matière de haro ou autres matières here- ditables... il n'y
convient point de tesmoings pour les conduire. Le Rouillé, Grand Coat. de
Norm,, i' ciij v°.
De Jehan douziesme ne soys hereditable, Car le diable l'occist villainement.
P. Gring., 1, 1^0.
Hereditable, dans ce dernier texte, est dit plutôt pour héri- tier que pour
héréditaire, en ce sens que Gringore semble exprimer le vœu que le pape Jules
11, auquel il s'adresse, ne trouve pas dans l'héritage de Jean II, l'un de
ses prédéces- seurs, la mauvaise chance, signalée par le poète.
+ Héreng (herring), s. m., hareng,
L' peisson, qui avait 'tai par la coue attrapai, Etait, le creiriou?, un
héreng tout salai.
Rimes Jers., p. 18.
4" Hérichon {hirchoim\ hirchen, urchoiie, Palsg.), s. m., hérisson.
Le herichuns li a rové : Or, me besiez en carité.
Marie, Fable 62,
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Murs abati et herichons (^barrières garnies de pointes de fet-).
Wace, Roni. de Hou.
Quiqne limachon ou quique hérichon.
La nouv, annaie (Jersey, 1874), p. 19.
Hermin, Ermin (ermin'), ac(y'., arménien. Uu lat, Armenium. D'où le nom de
l'hermine ou marte blanclie et de la fourrure faite avec la peau de cet
animal, fourrure qui primitivement venait d'Arménie.
N'unt pas vestu burels»^engleis, Meis peliçuas veirs ethermins.
Vie de S. Gile,v. 1648.
Pur esclavine escbaung mun peliçun d'ermin.
rie de S. Auban.v, 1829.
+ Harnais [hernays*), s. ?»., harnais. Mot d'origine celtique.
Emporteront ses herneis e les riches avnirs de lur enemis.
Les Bois, p. 301,
Lor herneiz e loc-hons en ont avironez.
Wace, Bom. de Bou, v. 1782,
Pour guarir un des chevaux du herneiz, des avives, 9 d.
F'luquet, Pièces pour servir à l'hist. du Bessin, p. 32.
Aimable déesse, qui, par monts et par vaux, Chevauche et vais partout sans
bernais ni j'vaux.
liimes j'ers., p. î5.
Hettié {hetter\ heoted), adj., animé, excité, enflammé, ar- dent, impatient.
Y. Haiter'H.
Mes quant as Ireis reials fu mustré et nuncié K'il esteit ariivez, mult en
furent hettié.
S. Thom. le Mart., p. 164.
Heu [huy], s. w., navire de moyenne grandeur, qui n'avait qu'un mât,
supportant une seule voile ; l'arrière était rond. En flam. Jtui.
En 1670 et 4676, le Havre avait peu progressé, car le Registre de son
amirauté ne constate l'entrée que de 295 navires et heux. Goi-SELiN, Doc. sur
la marine norin., p. 64.
En la présence... de Martin Requier... Jean Macé pilotes lama-
ncurs, maîtres des bateaux et de heix, (il a étéj arrêté que dans les temps
de grandes mers. . .
Acte des éclievins de Honfleiir du XYII' s., cité par .M. Bréari dans ses
Arch. de la ville de Honjleur, p. 156.
-|- Heule (hole, trou), s. /'., la partie creuse d'un instrument, d'un outil,
dans laquelle on fixe le manche. La heule d'un
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marteau, d'une ])éche, etc. L'étyraologie de heule est la même que celle de
houle. Y. ce mot.
4" Heurif, -f Heurible {early), adj., hâtif, précoce, littérale- ment
qui vient de bonne heure. Peut-être conviendrait-il plutôt de rattacher la
dérivation du mot à lieur, chance favo- rable?
A bailler à fin d'héritage... terre propre à la culture de la pomrae de terre
heurivc.
Noiai. Chron. de Jerscrj, 6 août 1879. Annonces.
Dans les bonnes terres bien engraissées, mélanger trois espèces de blé
précoce (heurif ou Jienrible).
Ann. de la Norm., (1883), p. 50.
-j- Heurteux (hurter' (1)), s. m., large cercle de fer, fixé à Tex [rémité du
moyeu de la roue d'une charrette et qui s'avance au delà du bout de l'essieu.
Deux heurteu.x, 20 d.; deux fretles et une bourdonnière, 2 s. 6 d. ; un
caretil à gerbes, 15 s.
Compte de 1408, cité par Jl. Ch. de Beaurep. dans ses Notes et doc. sur la
A'orm., p. 392.
« Hurter une roue » se disait, en ancien dialecte normand, pour la munir d'un
heurteux :
Pour hurter unes roes neufves, pour le benel, 3 s. 4 d.
Autre de 1409, cité ib,
-f- Heuse. V. lloese.
Heut. V. Helz.
Hide ( /lîrfe), s. f., mesure agraire, représentant environ -iO hectares. Du
saxon hyd. habitation.
Si aura xs.x. bides quiles per son travail.
Lois de GucL, 32.
Hideur, Hidur. V. Hisdur.
Hidus, Hisdus, Hisdous {/udous')., adj.., hideux, affreux, horrible. V.
Hisdur.
Il virent bien k' il les despist ; Hidus semblant chescun li fist.
Marie, Pur;/., y, 885.
El cuer me tient la rage e ire si hisduse, Mielz volsisse estre pris tut vif
devant Tuluse.
Chron. ilc Jurd. Fait/., v. 1254.
(1) To hurt en anglais et herter en normand, se disent pour heurter.
La pestilence périlleuse
De l'ire Dé, orrible, bisdouse.
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Vie de S. Grég., v. 961.
-f- 1. Hie [Me', hâte, diligence), cri pour faire avancer un animal.
2. Hie [hit)^ s. m., coup.
A celle jouste preraeraine, Se r feri, si a le demaine, Que l'escu porte les
hies, E cil refiert lui tout adies.
Marie, YEspine, p. 339.
Hisdousement ihideously)^ adv., hideusement, horrible- ment. V. Hidur,
hisdur.
Od ço se prist tant à escoure Hisdousement e sanz demoure Qe negun frein ne!
pot tenir.
Vie de S. Grég , v. 2481.
Hisdur, Hisdor, Hidur, Hideur {hideousness , hydiousness , mot que Cotgrave
traduit par /lideuseté), s. /"., état de ce qui est hideux, horreur,
épouvante; c'est un mot qui manque au français.
Mult me semble merveille, si ai el cuer hisdur.
Chron. de Jord. Faut., v. 259.
Poor e hisdor l'en perneit, Qu'orrible chose li esteit.
BÉN., Chron. de Norm., v. 40571.
Ele ad tant jeu en langur Keuns chescuns en prend hidur.
Vie de S. Gile, v. 1113.
C'estoit grant hideur de les veoir.
Al. Chart., Hisc. de Charles VU, p. 112.
Hisdus. V. Hidits.
Historié (Instory), s. /"., histoire. V. Estorie.
Geste historié est amiable grâce e soveraine consolacion à chas- cune memorie
spiritel.
Vie de S. Alex., Prol., p. 178.
Hive {hive), s. f., ruche.
Hive, en anglais, signifie aussi abeille de ruche. Ne poar- rait-on pas
rattacher ce mot, en cette seconde acception, à un radical ewe, qu'on
retrouve dans le diminutif ewelle, qui s'est dit, en dialecte normand, pour
abeille?
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(delwedd C0621) (tudalen 0553)
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Dune altresi cura les eweltes De lur diverses maisonettes Jettent essains
granz e pleniers, U rnult en a nunbres e milliers.
Bén., Chron. de Sorm., v. 335.
+ Hôbe [hobby, petit oiseau de proie), s. m., buse, oiseau de proie. Hobe est
un mot qui se trouve en v. fr.
Hobin [hobby), s. m., petit cheval, poney.
Alors sur son hobin monta, Et de monter fort me hasta.
Lio. de chasse du Gr. Sénes-Ji. de Norni, , p. 8,
Je envoyé Symonnet à Russy sur mon hobin gris.
Journ. du s. de Gouberville, p. 809.
Et comme a fait ton voisin glorieux. Qui vieil a pris un hobin furieux.
Vauq. de la Fresn., Sat., p. 349.
Le mot se rencontre aussi sous la forme haulbin, en anc. dial. norm.
Au mareschal d'Aisié qui avoit médiciné le haulbin de Mon- seigneur, de ce
qu'il toussoit.
Compte de 1512, cité par M Ch. de Beaurepaire, dans ses Notes et doc. sur la
Sorin., p. 207.
+ Hoc [hook), S. m., croc en fer, fixé au bout d'une longue perche et servant
à décharger le fumier. Le mot est usité en ce sens dans la Seine-Inférieure.
V. le Gloss. de M. DelbouUe. V. Hoquer, ahoqxier, houquer. Le diminutif
Itoquerel se ren- contre dans Benoît ;
E se vos ne me volez faillir,
Nos le prendrom (pendrom?) au hoquerel.
Chron. de Norm., v. 15*^33.
+ Hoe [koe], s. /"., houe. Du lat. occam, herse, houe. Occare signifie
briser les mottes avec la herse, la houe ou le râteau. Nous rencontrerons
ultérieurement les formes similaires joe, moe, usités en patois pour joue,
moue.
Hoeis. V, Des.
Hoese, -j- Heuse {husean', espèce de botte ; hose, bas, chaus- ses), s. f.,
botte. Du tudesque hosa ; en celtique hos, chausse.
A vostre femme enveierai dous nusches (bracelets)... Il les ad prises, en sa
hotte les butet.
Chans. de Roi., p. 53.
D'où le verbe hoeser, botter :
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(delwedd C0622) (tudalen 0554)
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— 5o4 -
E si vaslet furent hoesé
E en lor chaceors (chevaux de chasse) monté.
BÉN., Chron. de Norm.
V. 40757.
Indépendamment de heiise, au sens de boite, le patois nor- mand fait usag'e
de houses, comme synonyme de houseaux.
Ducange, sous Osa, relate un ancien texte, dans lequel la destination des
lieuses est déterminée en ces termes : u Heuses sont faites pour soy garder
de la boe et de froidure, quand l'en chemine par pays et pour soy garder de
l'eaue » ; il cite en outre un ancien dict. lat.-fr., où osalus est défini: «
heusez, chaussez de houses. »
Hoem. V. Huem.
Hogastre (hogatte*), s. f., brebis de deux ans, celle qu"on ap- pelait
bidens en lat. V. Hogge 1.
cxl oves matres, Ixxij inter gerces (brebis qui n'a pas encore produit. V. le
Dicl. de pat. norm. de MM. Duméril. V° Gerce.) et hogaslres, xl agnos.
Cart. de l'Abbaye Sle-Trinité de Caen, f' 45 v% cité par M. Delisle dans Va.
g rie. en Norm. au moy. âge, p. 240.
clxvj ovihus et xiij multonibus et Ixx agnis et Ij hogastre.
Rot. norm., p. 125, cit. iô., p. 24t.
Hoge. V. Ho g lie.
1. Hogge {hog*}, s. m., agneau de six mois. La forme dimi- nutive hoggerel
est donnée par Palsgrave.
El is" et XV ovibus matricibus et c et vij arietibus el quater viginti
et x hogges et quater viginti et très agni.
Bot. jio/'/n., p. 135, cit. ib., ): 241.
2. Hogge {hogge, Palsg. ; hog), s. m., porc. Hoguinelle s'est dit en v. fr.
pour troupe de mendiants. (V. Duc. à Coquinus) ; serait-ce un dérivé de notre
mot ?
XV porcos et vij porcellos et viij hogges.
Rot. norm, , p. 131, cit. ib., p. 241.
+ Hogu IJioghe*, haughiy), adj.., hautain, altier, arrogant, orgueilleux.
Dérive du mot suivant.
-f- Hogue , + Hougue Uiogli'), s. f., mont, montagne. V. Hugu.
M. Léchaudé d'Anisy, dans son Invent, des chartes recueillies aux Archives du
Calvados, publié par lui dans les Mém. de la Soc. des Antiq. de Norm., année
1834, cite, t. VIII de ce Re- cueil, p. 249, une vente de 1251 ayant pour
objet deux pièces de terre situées à Touffréville « dont l'une s'étend depuis
la hogue dudit lieu jusqu'à la terre de Robert Gervais. »
Esturent el su met de une hoge.
Los Hois, p. 127.
Au îioiumet d' la hongue à mon père Il y ;i un vier laurier flieuri
Itimvs yuern., \y. 125.
Le cap de la Hogue ou de la Hougue, à l'extrémité N.-O. de la presqu'île du
Cotentin (Manche), a emprunté son nom à la hogue ou hougue, qui le termine.
Le patois normand a encore les formes diminutives hoguelte, houguelte,
coteau, colline :
Prai, cache et gardin, monts et vaux, Hougue et houguette.
Rimes guern., v. 134.
La Hoguelte est aussi la dénomination, en Normandie, d'un certain nomhre de
localités, où se rencontrent des collines.
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(delwedd C0623) (tudalen 0555)
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+ Ho ! Hiss ! {to hoist, hisser), cri
que profère, tout d'une voix, une équipe d'ouvriers, dans le but de régler
l'effort si- multané qu'ils doivent faire, pour hisser le mouton destiné à
enfoncer des pieux.
-\- Hoigne. V. Hoigner.
-f- Hoigner [to hoine*, to whine), v. n., hogner, geindre, pleurnicher, se
lamenter. Hoigner esi usité en ce sens dans la Seine-Inférieure, où l'on dit
aussi //o/'/y/iee, hoignerie^ pour la- mentations, pleurs, et hoignon pour
enfant pleurniclieur. (V. le Gloss. de M. Delboulle.) A Guernesey, hoigner
signifie gronder, murmurer. V, Houiner 1.
Le patois normand a conservé encore le substantif /u><'/7/ie ou hoingne,
plaintes, lamentations, murmures :
Quer bien pensa que sa besoigne Serait toute tenue à hoigne.
L'Adoocacie N. D,, j). 21.
Je leur monstreraj' sans hoingne De quf 1 pesant sont mes doigts.
Chans, norrn, du XV" s,, Rec. Ga.sté, p. 93.
The normand town Valoignes hath been surnam^d La Hoi- gne, because the
inhabitatits thereof are by nature very liligious.
CoTG., Diction.
-\- Hoingne. V. Hoigner.
Homage {homage?-*, feudataire, vassal) , s. ni.., terre, fief sujets à
l'hommage ou à quelque service. V. Hiiem, lionor.
Jurent la paix, livrent ostages, E retornent en lor bornages.
BÉN., Chron. de Nonn., v. 4969.
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(delwedd C0624) (tudalen 0556)
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— me —
E savoit bien... qe ele avoit en Yrlaunde fortz chastels, cités, terres e
rentes e grantz homages.
Hist. de Foulques, p. 63.
Hommage, dans le sens d'engagement de fidélité et de de- voirs par le
feudataire envers le seigneur (1), vient de homme, qui, au moyen âge, s'est
dit pour vassal :
Nous qui sommes hommes de Saint-Oein, avons acoustumé anciennement que la
quareite au segrestain...
Lie. des Jur. de S. Ouen de Rouen, h 82 r%
Comme feu Pierre Cousin, en son vivant nostre homme... feust tenu de nous
faire, rendre et poier, par chacun an, en nostre recepte de Lisieux... 27
bouissiaulx de fourment, etc.
Fieffé de 1440, du Cartul. de Lis., f° 141.
Home. V. Huem.
Hommager [to homage), v. a., rendre hommage à.
Que n'estions nous en vie ! Aurions, d'un pas léger, Comme les roys d'Arabie,
Courru là pour l'hommager.
, J. Le Houx, Noëls virois, p. 28.
Honeste (/(0/iesr), adj., grand, élevé, noble, illustre. Du lat.' Iwnestum,
noble, de distinction, honoré.
Mielz valt de basse gent et buen estre et munter,
Ke de halte genz estre et en enfer aler.
Les meins honestes membres (du clergé) deit-un plus onurer,
Solunc l'apostre et plus d'onur envolepcr,
5. Thom. le Mart., p. Ii9.
+ Honesté, Onesté {honeslee\ honesty), s. /"., honnêteté, po- litesse.
Tel est le sens limité du mot, en patois normand. Du lat. honestatem.
Onestée, décence, bienséance, Kel. V. Ho- nesté 2, deshonneslé. Dans
l'ancienne langue, le mot avait l'acception générale qu'il a encore
aujourd'hui :
Nobles hora ert e netée Araa toz dis et honesté. GuiLL. DE S. Pair, Rom. du
Mont St-}tic/)el, v. 3030.
Ribauz, routier et coterel
E genz qui n'ont d'onesté cure .
Mir. de la B. M. V., v. 450.
(1) « Cil qui fait homage, dit l'ancienne Coutume de Normandie, eh. xviii,
doit esiendre les mains entre celles à celuy qui le reçoit et dire ces
paroles : Je deviens votre home, à vous porter foy contre tous, sauf la
feaulté au duc de Normandie. »
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(delwedd C0625) (tudalen 0557)
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— 557 —
2. Honesté, Onnesté {honestée*),s. /"., honneur. En cette se- conde
acception, le mot a aussi pour radical le lat. honeslalem, qui signifie non
seulement honnêteté, bienséance, mais avant tout honneur, considération. « Honesté,
dit Brunetto Latini {Trésor, p. 338), n'est autre chose que honor estable et
per- manans ». V. Honesté 1 et deshonesté, Onur 1, onurance.
Puisqu'il al ordre fu doné, Est tuz jurz en honesté
De denz l'église De seint Alban le bonuré.
Vie do S. Thom. de Cantorb., v. 799.
Les droits de luy (du prince) bien barder doivent Tors révoquer, s'ils
l'apperchoivent, Et comme de son œul regarder, Pour l'onnesté de lui garder,
CAjat. deNorrn. en v., p. 98.
Honnour {honotir)^ s. m., honneur, faveur. V. Onur i.
... Eu ce m'est destinée Haute joie et granz honneurs.
Raoul de Ferrikues, Chans., p. 10.
Honor, Honur (honour), s. m. Terme de féodalité. Domaine noble, fief de
dignité ; mode de propriété, titre, auquel étaient attachés des droits seigneuriaux.
Le mot se rencontre aussi assez fréquemment, sous les formes onor, onur. V.
Homage.
: De lui ne tient terre ne lieu
Nul de eus, ce sach'-il sans dotance
Qui de la coione de France :
De là unt tuit lur anceisor
Tenu e terres e honor,
De là la tendront ensement.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 8469.
Poi preise terre ne honur ; Vers Deus turna tute s'amur.
Vie de S. Gile, v. 261.
Honour. V. Honnour.
Hontage, Huntage {honteye*)., s. m., abaissement, déshon- neur, infamie,
Hontage, huntage, alîront, Kel. — Mot d'origine germanique.
E teus porchace autrui hontage. Qui muit est près de son damnge.
BÉN., Chron. de Norm., v. VM2.
Si ert marrie et très penseie Que l'acheison out oubliée
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(delwedd C0626) (tudalen 0558)
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— 558 —
Del reprover et del hoiitage Qui li ert sort en cel veiage.
GuLL. DE S. Pair, Rom. du Mont-S. -Michel, v. 3099.
Cil est vostre parjuire, si quiert vostre huntage.
Chroii. de Jord. Fant., v. 59.
1. Honur (honneur). V. Onxir 1.
2. Honur (terre, fief). V. Honor.
Honurance. Y. Onurance.
-\- Hoquer Uo hoo/;)., v. a., accrocher, suspendre. V. Hoc, ahoquer,
Jiouquer.
Horribleté. V. Orriblelé.
Hort, Ort [hort-yard'), s. ?«., jardin, verger. Du lat. hortum. — i^or^
jardin. Kel.
Murut e fud enseveliz en un hort de sun palais.
Les Bois, ^.i2l.
Deus t'a faitgardein de son ort.
Adam, p. 17.
Host. V. Ost. Hosteler. V. Hôte 1er.
Hostillemens {hostilements' ) ., s. m. pi.., objets mobiliers, us- tensiles
de ménage, attirail agricole, outils, etc.V. Otislillemens.
Monseigneur l'abbé de Saint Oenprent et a toute la partie des biens moebles à
chescun de ses reseants... esceptez toz ces hostil- lemens... assavoir la
charete bastnrde, etc.
Lir. des Jur. de S. Ouen de Rouen, i° 282 r°.
Doy avoir ung fou (hêtre) à Noël... pour faire de la vaisselle de bois pour
mon hostel et autres hostiUements...
Aveu de 1450, cité par M. Delisle dans V Agr. en Norm. nu moy. âge, p 373.
Hostur, Ostour, Ostur (hoslour'j, s. m., autour, oiseau de proie. Du lat.
Astur.
Vos li ilurrez urs e leuns e chens, Set cenz camelse mil hosturs mués.
Clians. de Roi., p. 5.
bien sout esprevier duire e ostour e folcon.
Wace, [iom. de Rou, v. 3825.
Ligger cum uus osturs mué.
Vie de S. Auhan, v. 1005.
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(delwedd C0627) (tudalen 0559)
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— 559 —
-f- Hôteler (to hoslele'), v. a., héberger, loger, recevoir chez soi.
Les dis messages (messagers) ad fait eriz hosteler.
Chans. de Bol., p, 15.
A Noef Chastel sur ïyne fud la nuit ostelé.
C/iron. de Jord. Fant., v'. 1909.
-\- Hottiau {hol^ 3), s. m., espèce de petit tombereau servant le plus
communément au transport du fumier. V. le Dict. de pat. norm. de M Delbouile
et celui de Dubois au suppl.
+ Houaler , -j- Houler , -f- Huler {to hoiol^ crier, hurler; hullarC,
chathuant), v. n., hurler, pousser des cris perçants, huer. Du lat. ululare.
Huualer et Imler sont donnés en ce sens par Cotgrave comme mots français. V.
Uslement.
Les chiens huilent et font ennuy et presse.
Al. Ciiakt. Le Déb- des deux Fo!'t.,Tp.5è6.
La cohue, où se tiennent les plès de la viconté, y est située, où l'on crie
et huile assez haut, pour les expéditions communes de partie à partie.
IIe Bras, Rech. et aiit. de la ville de Caen, p. 16.
Hougue. V. Uogue.
+ L Houiner {lo luhinny), v.n., hennir. Du lat. /«'nnire. Le poulain s'arrête
et houine.
Rimes (juern., p. 84.
-\-2.'Q.o\xine,v [toivhine), V . n., crier, en parlant des ani- maux. V.
Huigiier.
Se dit particulièrement des cris aigus que poussent certains animaux, quand
ils sont blessés, poursuivis ou simplement in- quiétés ; s'applique également
au hennissement de colère, produisant un son aigu, que fait entendre le
cheval vicieux.
Le malhureux, il était changé en varou (loup-garou), quai! méconnaissable,
ihouinait.
De la Bédol,, Les Normands, dans Les Fr, peints par eux-mêmes, I, 155.
L'on a dit dans le même sens hugnier.
Il se fist apporter un petit porcel et le prit par les oreilles et le fist
hugnier et crier si fort que les pors de la grant porclierie y accoururent
les gueuUes baées.
Chron. norm- du XIV' s., p. 10.
-{- Houle (hole, trou, orifice), s. f., terrier, entrée d'un ter- rier. Ce
mot paraît d'origine Scandinave. En v. norv. hola, en danois hutU, en
holland. hoU signifient creux; hohl^ enallem., a la même signification. V.
Houlette.
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(delwedd C0628) (tudalen 0560)
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- 560 -
Jésus li repounil : Les r'nards ont des houles et les mouissons du cieil des
nies, mais 1' Fis d' l'houmme n'a pas où l'posair sa
tête.
MET., S. Match., ch. viii, v. 20.
-^ 1. Houler {lo hulV 5), v. a., jeter, lancer. Le mot est usité en ce sens à
Guernesey. V. le Dict. franco-norm. de M. Métivier.
4- 2. Houler (hurler). V. Houaler.
-\- Houlette {holeUez\ trous), s. /"., terrier, nid de lapin. V.
Houle.
Houlette de conil (lapin).
CoTG., Diction.
+ Houper [to ivhoop)., v. n., crier, hucher. V. Houter.
-\- Houquer [to hook)., v. a., accrocher; au figuré, dérober. V. Eoc, hoquer,
ahoquer.
Et si je n'avais pon un long bâton croqui,
Qu'a 'tai fait tout exprès pour pouveirles bouqui,
Il y a déjà longtemps qu'i s'raient de l'autre bord.
Himes j'ers., p. 119.
Houre. V. Oiire.
Hourque {hulk\ hulke, Sherw.), s. /"..grand vaisseau destiné aux
transports. En angl. mod, hulk sert à désigner un ponton, un vieux bâtiment
de guerre rasé., Hourque, Imrque sont dans Cotgrave traduits par hulk.
À Mathieu Luttesensson, maistre d'une hourque... pour les gaiges de lui et de
xl compaignons estans dedens... et pour le fraitde la dicte nef, pour un
mois... iiii"^ livres tournois
Compte de 14P5 dans la Chron. d^u Mont S. Mich., I, 186.
Le maistre de la petite hourque... et aussi une partie des com- paignons dud.
esquippage, après qu'ilz furent en mer, s'en re- tournèrent.
Doc. sur la fond, du Havre, p. 175.
Houses. V. Hoese.
Houstillemens. V. Ouslillemens.
-{- Houter {to howt, crier), v. a., appeler en criant. V. Houper.
Eu. V. Huz.
Hue et cri. V. Hue et cri.
Huem, Hoem, Home (Fadj. home, domestique, delà maison, du foyer domestique),
s. m., serviteur. V. Homage.
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(delwedd C0629) (tudalen 0561)
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— bm —
Fiz sui Ysaï de Betlileem, ki est Us hiiem (filins servi lui [saï
Belhlehemitœ ego su»i).
Les Hois, p. 69.
« Ricliard, tu es mis lioeni, si me deis porter fei. »
5. Thom. le M art., p. 75.
Homes son père fumes, iiomes son filz soon : Li peires raainteismes, e li
filz mainteuon. .là ne perdra de terre le gel à un bastori, Tant come nos
poissionz caucliier nos esperon.
Wace, Honi. de Rou, v. 2780.
La jurée soit faite par homes qui ne soient cosin ne home à l'une partie ne à
l'autre.
Marnier, Établies, de l'Échiq. de i\orrn., p. 8.
Hu et cri [hue and cry, cri, clameur de haro), cris, cla- meurs. V. Harmi,
huz, « Hue et crie, dit Rastal [Lea termes de la Ley)^ est un pursuit de un
ayant commis félonie par le hault ciiemin. »
Dimc recuraencent e le hu et le cri.
Chans. de Roi.,]). 172.
Et tantost le hu et le cry fu en la ville (de Houeti).
P. Cochon, Citron, norm., p. 122, éd. de Beaurep.
On usait aussi de la loc. adv. « à hu et à cri », en poursui- vant de ses
clameurs,
E Francheis les encachent e à hu e è cri.
Wace, lioni, de Rou, v. 1641.
Hugnier.
-|- Huler. V. Hoiialer.
Humage. V. [Image.
Humaniste (humnnist), s. w., personne qui connaît la nature humaine, les
hommes.
que nostre âge est plein de grand' fortune. Où des vertus ne s'en trouve pas
une, A qui ne soit un méchant vice joint ! Et d'humaniste on ne trouve ore
point. Ou peu souvent.
Vauq. de la Fresn., Sat., p. 212.
Humblesse {huniblesse*), s. /'., humilité. Humblesse se rat- tache
immédiatement à humble ; humilité dérive du lat. himiilitatem.
Puis trespassa martyr en grant humblesse.
P. Gring., 1, 173.
36
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(delwedd C0630) (tudalen 0562)
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' _ 562 -
Hundred {hundred)^ s. m., centurie, division terriloriale, canton. Mot
d'origine saxonne.
Ue murdre f recels occisl, e les homes del hundred nel pren- gent e amènent.
Lois rie Guil., 26.
Huntage. V. Hontaçje.
1. Hure {hure 2), s. /"., chevelure.
Enz el chief de l'pspée grant cop li va doner, Si ke de la corone le cupel
enporta. Et la hure abati et granment entama.
S. Thom. le Mart,, p. 194.
Hurepé se dit pour hérissé, ébouriffé, en patois normand ; c'est là une forme
dialectale fort ancienne :
Ço fud unshuem hurepez, Vir pilosus, dit le texte latiu.
Les Rois, p. 345.
Hi.iré a aussi cette acception dans le même patois; le mot se rencontre
pareillement dans la vieille langue (i).
2. Hure (heure). V. Ure.
Hurley (hurly'), tumulte, querelle.
Teu fais, teu chaple. tel hurlei Ne soffri chevalier sor sei.
BÉN., Chron. de yorm., v. 21G38.
Hurt (Imrl)^ s. m., choc, coup, atteinte. V. Hurler.
Quant les flotes s'entrecontrerent INes contre ues s'entrehurterent Hurt
contre hurt, fort contre fort, Colp contre colp, bort contre bort.
Wace, Rom. de Brut, v. 2505.
Pas ne sera aux premiers hurtz faillant.
Ai.. Chart., Le Dcb. des deujc Fort.,-^. 5G3.
+ Hurter [lo Imrl), v. a., heurter, choquer, offenser. Dans un vocab.
lal.-fr. du XIIP s., conservé à labiblioth. d'Evreux, impingere est traduit
par hurler. V. Hurt.
Des qu'ai duc vient, si l'a liurté Que loinz tut plat l'a enversé.
BÉN., citron de Norm., v. 10953,
(4) Hurées ont les testes et barbes et grenons.
Rom. d'Alex., p. 337, dans Lacurne. Il csloit bossu et contrefait et si avoit
la teste hurée.
Perceforest, IV, i° 8, ib.
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(delwedd C0631) (tudalen 0563)
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— 5C)H —
Ultre sen kuiderent passer E li altres conreis hiirter.
Wace, lîom. de Rou, v. 6707.
Hnrtant du pié la terre rudement.
Vauq. de l.\ Fuesn., Forest., I, 4.
-f- Hussier (usher), s. m., huissier, littéralement le gardien du hiis
{huis). — Usser, huissier. Kel.
Ilem, assavoir que les hussiers de la salle. . .
Ordon. de 1317, Duc, Ribaldi.
Hus est la forme normande du mot huis; on la rencontre fréquemment dans
l'ancien dialecte et elle subsiste en palors.
Dous lis de sap pendirent de fors e dons dedenz.
Les Rois, p, 250.
Nos v'ià au pid d' notre hus.
Rimes Jers., p. 64.
Le patois a encore les dérivés hiisserie, huisserie et husset, petit panneau
mobile, adapté à une futaille.
Huz, Hu {hue), s. m., cri, huée. V. Ihi et cri.
Quant jeo conuistrai ma baniere, Maintenant ert sur eus li huz.
Bén.j Chroti. de Norrn , v. 727.
Les chiens vindrent en moult fort hu ; Le cerf s'estoit là debatu.
Liv. de la cluissv du Gr. Scnech. de Norm,, p. 17.
-}- I {it, him, hyn), pron., lui.
Vindrent à la sorcière, de nuiz, e Saiil i parlad.
Les nois, p. 109.
Que serait ço que gie (je lui) direie?
BÉN., Rom. de Troie, v. 3150.
Ainchin, si tu veux, faut i écrire (Et ch'la sans dont' la f'ra ben rire) Que
nou n' voulait que la puni...
Rimes Jers,, \). 176.
-f- lau iyaiv), embardée, mouvement de rotation imprimé par le courant. Terme
de marine., s. /'., eau.
Les bordiers deivenl... garder que l'iaue ne se perde et estou- per les
pertuis.
Lie. des Jur. de S. Ouen de Uouen, f° xv i°.
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(delwedd C0632) (tudalen 0564)
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Rimes jers., p. 14.
- o64 - J' mimes nouos lignes à l'iau.
Idle. V. Ydle.
-\- leil. V. le mot suivant.
lelz, lex, Ex [exjea, yes\ yees^), s. m. pi., yeux. — Yex, y es, yeux. Kel.
V. Oex, oll.
Li ielz aveit hardiz et fiers.
BÉN., Rom. de Troie, v. 5140.
Si l'en lessiez aler o iex, o puinz, o piez,
K'il n'ait les guarez cuis u ii dui piez tranchiez
Encor fera Francheiz coruços e iriez.
Wace, Rom. de liou, v. 8987.
Biax ex. biax vis, bêle façun. En li n'a nient de mesproisun.
Marie, Gracient, v. 595.
En patois normand de Guernesey, on dit iers :
Mais sais tu qu'est qu'est v'nu, manfaite, Fis-ju ? De m^is daeux iers,
Mad'lon, J'ai veu les cônes, veire, et la couette (Ma chair en tertit) du
démon.
Rimes guern., p. 98.
leh, iex représentent le plur. d'une forme iel, conservée dans le patois
guernésien, ieil (1) :
J' vous d'mande s'il aimait sa pijoune!... A r r'gardait du coin de s'n ieil,
Kl r clier ami, pour la mignouue, Airait halai l's éteilles du ciel.
Rim,es guern., p. 45.
Iers. V. le mot précédent.
Igaus {eqnal, Sherw.), adj., équitable, impartial, c'est h dire e^a/pour
toutle monde. Du lat. œqualem, dérivé âiœquum, juste. V. Ywel {Per.), ewels.
Deus qui justz est, pius e igaus, E reis de toz les reis mortaus...
BÉN., Chron. de Norm., v. 7942.
(1) Le second i de ce mot est leUre épenthétique, souvent usitée en patois
guernésien, dans les mots ayant une désinence semblable :
Les mouissons du cieil ont des aies, mais 1' Fis d' l'houmme n'a pas où r'po-
sair sa tête.
Met., s. Math., ch. viii, v. 20.
I
I
I
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(delwedd C0633) (tudalen 0565)
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— 565 —
Igneus, Igneaus (igneoiis), adj., rapide comme la flamme. Du lat. igneos, du
feu.
E vunt saisir ses armes igneus e demaneis,
Chron, de Jord. Faut., v. 155,
Si je sui bien igneaus de pié.
BÉN., Chron. de Norm.,v. 28565.
Ignot [ignote*), adj., ignoré. Du lat. irjnoiuni.
Pource que le crime et la cause pourqiioy la forfaicture vient au prince
estoil une chose ignote et non sceue.
Le Rouillé, G^. Coût, de Norm., £' xxxvij v».
Illuminer {lo illuininale), v. a,, enluminer, colorer.
Basselin fut de fort rouge visage, Illuminé comme est un chérubin.
J. Le IIoux, Chans. du, Vau de Vire, p. 147.
Tant s'en faut qu'il deutestre en un écrin doré, En vierge parchemin, bien
peint, bien azuré, Escrit, illuniiné.
Vauq. de la Fresn., Art poét., III, p. lOL
Imbué {imbiied), adj., imbu, pénétré.
Ils estoient (si) imbuez de ceste opinion, qu'ils se persuadoient n'y avoir
rien en tout le monde qu'on deust tant chérir, priser et honorer que
d'exposer sa vie... pour le salut publique.
Terrien, Coinrneiit. du dr. norni., p. 480.
Immouvable [immovable), adj., immeuble, immobilier, lit- téralement qui n'est
pas susceptible d'être déplacé. Terme de droit. V, Movable.
Le contens de possession
Double est, dont l'un fait mencion
De mouvant meuble, autre immouvable.
Coût, de Norin. ea v. , p. 94.
Impartable (impartible), adj., qui ne peut être divisé, im- partageable.
Terme de droit. V. Partir 1, partable.
Ou se Tainsné ainsy propose Que le fieu à quoy l'en s'oppose A avoyr contre
lui partye, Soit ûeu franc ou sergenterie, Fieu de haubert ou porcioii
D'iuipartable condicion, L'enqueste de ce se termine Comme nouvelle
dessaisine.
Coul. de Norni. en v., p. 151.
Lequel (héritier) blasme lesdits lots, disant lesdits fiefs estre impartables
entre frères.
Terrien, Co/zi/ne/it. (/w rfr. nor/n.,p. 205.
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(delwedd C0634) (tudalen 0566)
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— o66 —
Impartable, quoique depuis longtemps inusité, avait été conservé par T
Académie ; mais le mot a été rejeté de la der- nière édition de son
dictionnaire, publiée en 1877.
-|- Impartit" {lo impart]^ v. a., accorder. Du lat. imparlire.
gratifier. « Impartir un délai, pour le paiement d'une dette» est une
locution admise par tout le monde en Normandie.
Alixandre Doisnel... est en adventure de y (aux prisons de Bayeux) iiner en
brief misérablement ses jours, se nostre grâce et miséricorde ne lui estoit
sur ce impartie.
Chr. diL Mont S. Mich., I, 207. Pièces div.
Toulesfois, estant requis par partie,* il seroit sujet de passer outre pour
ce qu'il est tenu d'impartir son office à qui le re- quiert justement.
Terrien, Comm. du dr. norm., p. -115.
Impediment {impediment)^ s. m., empêchement, obstacle, entrave, difficulté.
Du lat. impedimentum.
L'en seult jadis enquestes fayre De tous impedimens.
Coût, de Sorm. en v., p. 152.
Imperfaict {imper fect), adj., imparfait, incomplet. Du lat. imperfectum. \ .
Perfaict.
Par semblable, est malheureuse ignorance imperfaicte en soy et en ses euvres
impotente.
Al. Chaut., VEsp , p. 319.
Impersonal (impersonal), adj., impersonnel.
Tel ki flst Personal de verbe impersonal Singuler et plurer aveiltot par
igal.
5. Thom. le Mart., p. 80.
Impollu (impoUitled), adj.., pur, non profané, sans souil- lure. Du lat.
impolhdnm, non souillé.
Ce Dieu, qui fait d'un mot quoi qu'il ail résolu, Te regarde toujours comme
un vase impollu, Où les grâces seraient encloses.
P. Corn., Loaancjcs.
Importable {importable), adj., que l'on ne peut porter,
in suyjpor table.
Jh suis comme l'asne qui soustienl le fardel importable.
Al. Cn.Mvr,, Le Quadrilofjue, p. 417.
Nous avons eu congiioissance que les cappitaines des dictes bonnes villes...
contraingtient indeuement nos diz subgés à leur paier,. gran?, excessives et
importables sommes de deniers... Chi'on. du Mont S. Micli., I, 225. Pièces
div.
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(delwedd C0635) (tudalen 0567)
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— rJ()7 —
Importer Uo import), v. a., impliquer. Du lai. imporlare, causer.
Et cela faict, ou les délais de ce faire, imporlans forclusions, escheus, sera
faict droict en l'audience.
Teukien, Comm. du dr, iiorni., p. 373.
4" Importeunation {imporhmacij), s. f., importunilé.
Impotence [impotence)^ s. f., impuissance, dans le sens absolu de son radical
impolenliam. V. le mol suivant :
De qui te deffies-tu, entre les humaines impotences, quant huniauité est si
joincte à Dieu ?
Al. Chart., VEsp., p. 336.
S'il a autre excuse raisonnable, soit à raison du sexe, de l'aage, impotence
et debilitation de ses membres. . .
Teruikn, Coinrn. du dr. nornt., j», 108.
Impotent (impotent), adj., impuissant. Du lat. impolentem. Ce mot n'est plus
admis en français que dans un sens restreint, c'est à dire pour désigner un
individu privé de l'usage d'un ou de plusieurs membres.
Estimation humaine se rendit confuse, quant elle vit mon povoir conduit par
impotente humilité.
Al. Chaut., VEsp., p. 286.
Improperie {im,propery)[\), s. m., reproche, opprobre.
Tu seis le mien improperie e ma confusi m e la meie révérence.
Lib. psal/n.,^. Sd.
Impropere s'est dit plus tard avec le même sens :
Luy demonstraut le vice et impropere Qu'elle faisoit de ses servans séduire.
P. GiiiNG., 1.99.
Impugnation {impugning, Sherw.), s. f., attaque, contesla- lation. Du lat.
impugnaiionem, assaul. V. le mot suivant.
Pourveu qu'en l'instance... n'nit eslé parlé de la filsité ou qu'il n'y ait
eu impugnation des dits titres.
Teuiiien, Coinni. du dr. norin., p. 713.
(1) Il:illi\\el iradnii ce mot par iinjifopricty Nous inclinons à penser
qu'il doii y avoir là une erreur. Il existe entre. Improperie et iniproperij
une toile similitude de forme, (jue l'on est nalurellement porté aies
considérer eommo étant un même mot, ayant un radical commun, le lai .
iin/iroperi'iirn, et possédant le même sens que ce radical, sens qui n'est
point celui indiqué par Halliwcl.
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(delwedd C0636) (tudalen 0568)
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— 568 —
Impugner (io impugn), v. a., attaquer, repousser. Du lat. impugnare. V.
Impugnalion.
Si le condemné monstre et faict deuement apparoir que la sentence qu'il veut
impugner de nullité est donnée par juge in- compétent, etc.
Ordon. du Pari. de.Xorm., de 1515.
(Toute partie mise en cause régulièrement ne pourra alléguer l'incompétence
du juge) ny opposer autres exceptions pour im- pugner et debatre la cedule.
Terrien. Comrn. dudr. norm.,ip. 233
Impurité {impiirily)^ s. /"., impureté. Du lat. imjmritalem. V. Piirilé.
Remède (alliage) est défectuosité ou impurité tolerable, c'est à dire mixture
d'argent ou d'airain.
Terrien, ib., 132.
In [in), prép.^ en. C'est le mot lat. conservé.
Ne puel li prince Auban fleechir
Par menacer e par blandir, . K'il Jesu à clere voiz \ Ne cleirae, ki murut in
croiz.
Vie de S. Auban, rubrique i° 34 v*.
Incenser {to incense), v. a., enflammer de colère. Formé sur incensum^ part.
pas. de incendere, embraser, échauffer.
Paresse, ayant depuis cette muse guidée, Sur les rives du Clain, fist
incenser Medée.
Vauq. de la Fresn'., Art poét., II, p. 70.
Incertctineté {incerlainly, Sherw. ; tincerlainty), s. f., incer- titude,
chose incertaine, éventualité, V. Certaineté.
Entre les grands paours et incertainetez est la probation de bonne espérance,
plus reluisant et plus loisible.
Al. Chaut., l'Esp., p. 331.
Incidentel {incidental)., adj., accessoire, incident. V. le mot suivant.
Combien qu'un juge puisse cognoistre de la question inciden- lelle. .
Terrien, Comm. du, dr. norm., jk 90.
Incidentellement {incidentally), adv., accessoirement, inci- demment. V. le
mot précédent.
Quant au crime de symonie, combien que la punition en ap- partienne au juge
ecclesiasiique, toutesfois le juge royal en peut cognoistre incidentellement,
au procez meu par devant luy.
Terrien, ib., p. 474.
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(delwedd C0637) (tudalen 0569)
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- 569 -
Inclinable (inclinable) , adj., enclin , porté, dispoèé. Du lat.
inclinabilem, qu'on fait pencher.
La puissance de Dieu (eslj inclinable à nos oraisons exanlcer.
Al. Chart., VEsp., p. 378. .
Le même sens est encore exprimé par l'pncien adj. norm. inclin, auquel
correspond exactement l'adj. angl. inclined.
Affin que justice soit plus incline à faire appreliender le mal- faicteur.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Nof/n., fo ciij v".
Vray est que moy, qui suis incliu A dormir à l'aise, au matin, Ne clianterois
de si bonne heure.
J. Le Houx, CIkuis. du, Vau de Vire, p. 91.
Inclusive (inclusive), adv., inclusivement.
On doibl tenir les assises de quarante jours en quarante jours, et se compte,
inclusive, du premier jour que l'assise commence.
Le Rouillé, Gr. Coût, de !\'orni. fo Ixxvij ro.
Inconvénient (inconvénient), adj. , peu convenable. Du lat. inconvenienlem,
discordant, inconvenant.
Seroit inconvénient pour la femme, se il falloit qu'elle demou- rust si
impourveue pour le faict de son mary.
Le Rouillé, ib,, fo xxxvij ro.
Seroit il aliène (étrange) et inconvénient de le prendre et entendre comme
lesjurisconsultes.
Trrien, Coininent. du dr, norm., p. 711.
Incoupable, Incoulpable (inculpable , unculpable), adj., in- nocent, qui ne
peut être inculpé. Du lat. inculpabilem.
Et se le mallefice part (apparaît) Et l'accusey dit en apert Qu'il se veulle
incoupable rendre, Et du creisme l'enqueste attendre, L'en ne doit pas
emprisonner, Se à ce se veult habandonner.
Coût, de Norm. en v., p. 96.
Le prince ne doit . . . permettre une fausse délation pour spo- lier un
innocent et incoulpable.
Terrien, loc. cit., p. 53G.
Incurver. V. Encurver,
Indifférenteraent findiff'erenlly) , adv., indifféremment. V. Absolutemenl.
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(delwedd C0638) (tudalen 0570)
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— 570 —
Si le sont (condamnés) à chascun jour les contumax et défaillans, en toutes
matières indifi'erentement.
Ord. du Pari, de Norm. de 1515.
-\- Inditer. V^. Enditer.
Ineffablement (ineffabhj), adv.. d'une manière ineffable. Du lat. uielfahiU
menle.
Christ, Rédempteur de tous. Fils unique du Père,
Seul qu'avant tout commencement, Engendrant en soi-même et produisant sans
mère,
11 fit naître ineffablement.
P. Corn,, Hijnines.
-\- Inel (sneW), adj., vif, ardent, rapide, alerte. En anglo- saxon et en v.
allem. snel a cette acception.
Isnel est fréquemment usité avec le même sens, dans les anciens textes
normands , ainsi que l'adv. isnelement , rapi- dement.
Puis redevaienl plus isnel Que ne vole faucs n'arondel.
Bén., Chron. de Norm., v. 2069.
Et si baron et si garant S'aparillent isnelement.
Wace, Rom. de Brut, v.9378.
11 existe, aussi en dial. norm. , un synonyme diisnel., c'est
ignel.
Ignel cume uns clievrols.
Les Rois, p. 136.
Grant désirer ignel.
Vie de S. Auban,v. 1421.
Or, ignel nous paraît la forme primitive du mot ; elle dé- rive du lat.
igneolum, dim. à'igneum, enflammé, ardent, bouil- lant, Taj)ide. Isnel en
est, croyons-nous, une forme corrompue, à laquelle se rattache elle-même, par
aphérèse, celle S7iel.
A Guernesey, Ton dit, dans le même sens, egnilli, autre corruption,
.semble-t-il, d'ignel.
Quand j' gniollais, une seule p'tite miette, Auve quiqu' egnilli d' garçon. .
.
Rimes gue/ n, , ]). 15.
laexpert (inexpert), adj.., inexpérimenté, inhabile. Du lat. ine.rperluin.
Les personnes instruites font encore usage de ce mot en Normandie.
Les inexperts le crurent follement par la contrefaçon d'un faux miracle.
Al. Cuakt., Vlisjj., p. 350.
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(delwedd C0639) (tudalen 0571)
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— r;7i —
Infection {infeclion), s. /'., nclion crcnlacher d'illégalité. Tenue d'ancien
droil. Du lat. infeclionem.
Et se faite est l'infection Dient que tel porcion Ne leur fut oncq par eulx
baillée Ou que eue ne l'ont mye. ., Par enqueste contenz si nez Doibvful
estre déterminez.
Coût, de Norm. en v., p. 151.
Infélicité (ùifeliciti/), s. /'., malheur, épreuve douloureuse. Du lat.
infelicilatem.
Gémis d'avoir aimé les plaisirs de la table... D'avoir pris le travail pour
infélicité.
P. CouN., Iinit. du J .-C.
Infeudation (infeudaiion), s. /'., inféodation. V. Fea.
Pareillement le juge royal cognoit... du petitoire des dismes infeudées, qui,
à cause de l'infeudation, sont réputées prophanes et temporelles.
Terrien, loc. cit., p. 80.
Infinité (infinité), adj., infini, immense. Du lat. infînitum.
Tes peines e tes enfertez, Tes labors doni tant es grevez E tes mesaises
infinité...
Vie de S. G ré g., v. 1789.
-f- Ingénion (ingeny*), s. m., intelligence, esprit, jugement. Du lat.
ingenium.
-\- Innocent (innocent), s. m., fou inoffensif, idiot, imbécile. Cotgravc
donne innocent, comme mot français, avec cette acception. Du lat. innocentem;
du préf. nég. in et nocentem, qui nuit.
-(- Innocentement (innocently), adv., innocemment, légiti- mement. V.
AI)Solutement.
Fut une merveilleuse chose et cautement faite aux Anglois et Uourgoingnons, et
simplement et innocentement à ceulx de dedens la ville.
Al. Chart., Ilist. de Charles VU, p. .50.
Innumerable (innumerable), adj., innombrable. Du lat. in- nuinerabilem.
Des richesses tu as innumerables.
P. Grin(;., I, I2;f.
Ledit impost se levé... sur le pauvre Tiers iistat surchargé d'iiHiumerables
sommes de deniers.
ConociU. de.< Trois ÈCats de .\oriii. de IGOO, [). 160.
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(delwedd C0640) (tudalen 0572)
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— 572 —
Inobédience {inobedience) , s. f., désobéissance. Du lat. ino- hedienliam.
Fait au prince inobedience.
Coût, de Norm. en v., p. 55.
L"adj. inobédient se rencontre aussi dans les anciens textes normands.
Inquis (inqidred), adj., interrogé, enquis. Le mot norm. dérive de
inquisition, part. pas. de inquirere ; le mot angl. est fait sur l'infinitif
de ce verbe.
Inquis si le dit collège est fondé et quel nombre de boursiers, de quelle
valeur et du nom de ceux qui sont pourveuz comme boursiers, — a dit que, pour
le peu de temps qu'il est pourveu à la dite principauté (fonctions de
principal), il n'a advertissement qui soient les boursiers, ny, au certain,
de la valleur, etc.
Pr. cerb, d'eni/. de 1544, cité par de Bras dans ses HecJi. et antiq. de la
ville de Cuen, p. 244.
Je n'ay peu tant advancer comme j'eusse désiré, et ay seule- ment inquis
d'une sergenterie, divisée en troys branches.
Leu. de 1604 adres. à la Cli, des Comptes de Rouen, citée par M. Ch. de
Beaurepaire, dans ses Cali. des Etats de Norm., Il, 286.
-|- Insoufifrable (instijf érable) , adj., que l'on ne peut souffrir,
insupportable.
Instorer (to enslor'J, v. a., renouveler. Du lat. inslaurare.
Delez la chambre, en un vergier, U ele alout esbanier, Là instorerent lur
parlement, Milun e ele bien suvent.
Marie, Milan, v. 49.
Insuperable (insuperahle) ., adj., qui ne peut être surpassé. Du lat.
insuperabileni, qu'on ne peut gravir , insui'montable.
Supernelle bonté immense, Seul Dieu régnant, insuperable...
Le Mist. de la Concept, dans La Concept. N- D. de Wace, p. 163.
Mais ton ayde insuperable,
Ta science véritable,..
Le peventde lout deffendre.
Al, Chart., VEsp., p. 273,
Insusceptible, (unsusceplible) , adj. , non susceptible (de), incapable (de).
Je meure, ami, c'est un grand charme D'être insusceptible d'alarme.
P. Corn-, Poés, diu., p. 28.
Intenable (intenable)., adj., qui n'est point tenable.
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(delwedd C0641) (tudalen 0573)
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— 57;-{ -
Interrupt (inlerrxipted) , adj. , interrompu. Du lat. inler- ruptwn.
(Ne peut) laisser ledict procès interrupt et discontinué, par an et jour.
Le Rouillé, Grand Coût, de Norm., fo cxxxj r».
Si le procès est interrupt par (pendant) un an, l'instance est périmée.
Terrien, Comment, dit dr. norm., p. 2(J1.
Intituler (lo entille), v. «., pourvoir d'un droit, de titres. Du préf. in et
titidare, donner en litre.
La cour ordonne que si aucun propriétaire veut racheter rentes appartenant à
églises... ledit propriétaire fera appeler par devant les juges desdites
églises, c'est à sçavoir : Si la rente appartient à bénéfice intitulé, le
détenteur de ladite rente, avec le patron et collateur ; et si le dit
bénéfice n'est intitulé, le dona- teur et ceux qui de luy auront cause.
Ordonn. du Pari, de Norm. de 1541.
Intoxiquer , Entuscer (lo intoxicale*) , v. «., empoisonner. Du préf. in et
du bas-Iat. loxicare, fait sur le lat. toxicaium, de loxiciim, poison.
La beauté des femmes, intoxiquée de ardante libidinité cor- ruplive de toute
vertu, etc.
Fabri, Art. de rhét., 1. I, f 16.
Li crestien en sunt apris e enluscé.
Vie de S. Auhan, v. 908.
Du iat. in, loxicum sont encore venus en dialecte normand les vocables
inloussique, entosche, poison.
Li doua intoussique à beivre, Pur qu'il le fist del olme seivre.
BÉN., Cliron. de Norin., v. 31742.
Teus fut Tentosche e li venims.
Id.,?:^;., V. 36952.
Invader (lo invade), v. a., envahir. Du lat. invadere, mar- cher vers. V. le
mot suivant.
Elle (la ville de Gaen) a esté invadée et prise diverses fois par les roys
d'Angleterre.
De Bras, Rech. et antiq, de Caen, p. 58.
Invaseur (invader), s. m., envahisseur. Le mot norm. est formé sur invasoreni
et le mot angl. sur invadere. V. le mot qui précède.
Il devoil estre condanné à rendre et restituer à sa partie, non
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(delwedd C0642) (tudalen 0574)
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seulement l'héritage baillé à ferme,
mais la valeur d'iceluy, comme ua invaseur du bien et possession d'autruy.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 305.
Invectif (invective), adj., injurieux, qui a le caractère dïn- vective. Du
lat. invectivum.
Ces quels termes sont assez mal sonnants : ce sont termes invectifs.
De Bras, loc. cit., p. 212.
loune (Young), adj., jeune.
Je veul bien que Gadiffer de la Salle sache que si fut ansi iouiie que mey,
je l'alasse tuer.
Le Canarien, p. 27.
Si estoit sa feme belle ioune dame,
Ib., p. 194.
4- Iragne, Iragnie drain*), s. /■., araignée. Du lat. araneum. —
Yraigne, araignée. Kel.
Dous yrainnes vit surdre del funz, d'une tenur.
S. Thom. le M art., p. 140.
E defirre fesis si cume iraignie (toile d'araignée) l'aneaie de lui.
Lib. psalm., p. 52. La dame iragne en fait son nid.
Rim. jers., p. 68.
Iriez, Yreux (irons*), adj., en colère. Du lat. iraiiim. V. Irur. "
Iriez en fu, grant dol en ot.
Wace, Boni, de Hou, v. 56.
Ne seiez vers nos iriez.
Bén., Cliron. de yorm., v. 5581.
Tous blasphemeurs, sont plains de couardise, Ou sont yreux et rempliz de
faintise.
V. Grixg., 1, 130.
Irrision (irrision, Sherw.), .'?. f., dérision, moquerie. Du lat. irrisionem.
A aucuns de ses prestres et religieux ils (les protestants) cou- payent les
oreilles et les attachoyent pour enseignes en leurs chappeaux. . et de leurs
testicules faisoyent des patenostres (cha- pelets) par irrision.
DE Bras, Rech. et anliq, de la ville de Caen, p. 18'.
Irur, Iror {irour*), s. /"., colère, emportement, /rowrs, indi- gnation.
Kel. V. Iriez.
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(delwedd C0643) (tudalen 0575)
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— 575 —
Icistfenint nos Françt-is graiit irur.
Cltans. do Roi., p. 88.
Dune disl li dux par grant iror : Teu fin deit faire traïtor.
BÉN., Cliron. de Norm., v. Ç500.
Islet [islel), s. m., ilol.
En un islet esteit assise.
Wace, Bom. de JRou, v. 10653.
Isnel. V. IneL
-|- Issir {to issue; to isshen'), v. n. , sortir. Du lat. exire. Yssir,
sortir. Kel. Le part. pas. de ce verbe, d'oii procède le verbe anglais, est
seul resté en français .
Li pères lor diseient ke de la terre ississent.
Wace, Rom. de Roa, v. 3527.
Au plus lost k'il pout, s'en issi.
Marie, Gugciner, v. 635.
Le patois normand fait encore usage aujourd'hui de issir, mais seulement à
quelques-uns de ses temps. Isse, qu'il sorte, par exemple, se dit
impérativement pour sors, détale; l'on dit aussi : les poules issent à
travers la haie.
4" Itou, Étou {too, de môme , aussi ; ai-to"" , toujours , en
tout temps, en toute occasion), adv., aussi, également, de même, de la même
façon. Se rattache au lat. item.~Ygo , aussi. KÈl. ^^ Nitou.
Mon père itou voudra nu parler de Fabri.
Lalleman, Le Rendez-vous du départ, p. 60.
Ou r savez ben étou.
nim. Jers., p. 13
L'on a dit, en ancien dialecte normand, itel pour tel , du lat. hic lalem.
Oliver frère, itels colps me sunt hels,
Clians. de Roi,, p. 117.
Ne saveir pnrquei sunt itans.
Bén., Cliron. de Norm., v. 250.
Itel, en cette acceptation, doit-il être préféré à item, comme radical de
notre mot ? — L'identité de sens nous a porté à penser que item était
préférable.
Ivel. V. Yivel.
-\- Ivire. V. le mot suivant.
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(delwedd C0644) (tudalen 0576)
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— 576
Ivurie, Yvire {ivory, yvorie, Palsg.), s. m., ivoire. Du lat. eboreum,
d'ivoire.
Li reis se fist faire un trône de ivurie merveillus.
Les Bois, p. 273.
Kt par ce texte appert que s'il vient à varech... francz oiseau Ix, comme
espreviers, l'yvire, le rochal, etc.
Le Rouillé, Gr. coût, de Sorm., i' xxviij v°.
Sen tetin est comme boule d'ivirc.
L. Pet., Muse norm., p. 17.
L'adj. ivorin, d'ivoire, se rencontre aussi en vieux nor- mand :
Maisons ivorines.
Lib, psalm,, p. 60.
Jagonce, Jagunce (jagounce), s. m., grenat, espèce de pierre précieuse.
Fist faire ovraignes e merveilles... De jagonces et de safirs.
Bén., Chron. de Norm., v. 2G091.
De fin or i aveit un unce;
En chescun turn out un jagunce.
Marie, Le Freisne, v. 129.
Jaian (giant; jeyant*), s. m., géant. Du lat. gigantem. — Jaiant, jagan,
géant. Kel.
Li amiralz. x. escheles ad justedes : La premere est des jaians de Malperse.
C/ians. de Roi., p. 270.
Comme jaians forz en bataille, Que n'i a lors le suen i vaille.
BÉN., Chron. de Norm., v. 8410.
Jame (James), nom pr., Jacques.
De Saint Jame la scale (coquille), qui en plun est muée.
.S. Thom. le Marc., p. 205.
Jangler {lo j angle ; to jangyll. Palsg.), v. n., quereller, épi- loguer,
discourir. V. Genglere, Jangleiir, janglerie.
E dist : Lesse Sathan jangler, Anciez le puist l'en estrangler,
L'Advocacie N. D,, p. 50.
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(delwedd C0645) (tudalen 0577)
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— 577 —
Cil qui jungloit veut songer et soy taire, Et le songeart du joyeulx
contrefaire.
Al. Chart., Le déb. des deux Fort., p. 550.
Janglerie ijangling^ Slierw.), s. /"., dispute, discussion, ba- vardage.
Jangler, jangleur, genglere.
Se tu veux sçavoir dont est source telle janglerie. . .
Al. Chart., l'Esp., p. 317.
Jangleur {jangler, Sherw. ; jatigeler*), s. m., parleur, dis- coureur,
cajoleur. — Jonglena', jonglew-, ménestrel, Kel. V. Genglere, jangler,
janglerie.
Il n'est jangleur, tant y meist De sens, d'estudie et de peine, Qui si triste
plainte feist, Comme celuy qui le mal maine.
Al. Chart., La belle Dame sans mercy, p. 510,
Jaunter {tochaunt, Palsg.), v. a. et n., chanter. Un jour avynt que il messe
jaunta.
Vie de S. Thom. de Cant., p. 622, c, i, var.
Jehir, Jeir {to gee^), v. a., reconnaître, convenir de.
Corn bon crestien de cest mortal siècle issi, Mult parfu bien confez e sis
péchiez jehi.
Wace, Rom. de Rou, v. 2057.
En ma poesté tôt le (péché) déguerpirai Et jo jeir confés, et me repentirai.
GuiCHARD DE Beaulieu, Sermufi, p. 28.
-f- Jélousie (gelousy, Palsg. ; jealousy), s. /"., jalousie. V. le mot
suivant.
En amor ad sen e folie, Honor, hounte et gelousie.
Chans. anglo-nor m. ,r(icuei]lie par M. P. Meyer, Romania, iv, 378.
Il est tourjou sieuvi de dame gelousie, Au visage gaunet, à la mine trancie.
L. Pet., Muse norm., p. 10.
-f Jéloux (gelons'; jealous), adj., jaloux. Du lat. zelosum. V. le mot
précédent.
Kar ceo perportoit sa nature, Ke tut li viel seient geloux.
Marie, Gugemer, v. 217.
Velà donc chen qui te ran jelouse.
L. Pét., Muse norm., p. 26.
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(delwedd C0646) (tudalen 0578)
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— o78 -
Jetter {to jet' 7), v. «., trouver.
Les jeunes à Paris aprennent à jetter
Combien d'un million se peut le tiers monter...
S'on demande au a:aiçon : Qui de mile ostera
Sf^pt cents escus, di-moy qui plus te restera?
— Trois cents. — C'est bien conté, c'est assez, bon courage,
Tu peux à l'avenir te garder de dommage.
Vauq. de la Fresn., Artpoét., III, p. 100.
Jeu, Geu, Jueu ijew), s. m., juif. Jeu, geu, gieu, juif. Kel,
Croiser se fist par grant amur, Requerre le voloit el lieu Où le
cumdampnerent li Jeu.
Marie, Purg., p. 1914.
Un Geu qui aveit par Moysen juré...
5. Thom. le Mart., p. 123.
Cil qui por nus se sufrit pendre t as Jueus liverer e vendre, Il nus vendrat
nos mérites rendre In die novissimo. Poés. anglo-norm., publiée par M. P.
Meyer, liomania, IV, 372.
Jeu, Jueu sont des contractions de l'ancienne forme Judeu. Du lat. Judœutn.
Paiens, Judeue gent.
Phil. de Thaok, Comput, v. 1549.
Jeu parti. V. Geu parti.
-\- Jocer {to joke), v. n., plaisanter, rire, railler, se moquer. Du lat.
jocari.
Jode (j'aw), s. /"., mâchoire. V. le mot suivant.
Les jodes des leuns fraindra li sire.
Lib. psalm., p. 75.
+ Joe ijole, joue ; jaw, mâchoire , bouche;, s. f. , joue. Un vocabul.
lat.-fr. ms. du XllI*^ siècle , conservé à la biblioth. d'Évreux, traduit
77iala par joe. V. les mots similaires hoe, moe.
La meit langue aerst à mes joes.
Lib. psalm., p. 26.
La destre joe en ad tute sanglante.
Chans. de Roi., p. 327.
Ta mère, en te vpj-ant, tira les jos léquer.
D. Fer., Muse norm., p. 37.
Des jaues comme une pouine.
Rimes guern., p. U6.
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(delwedd C0647) (tudalen 0579)
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— 579 —
Joefne, Jofae, Joevne. V. Juefne.
Jotuesce (joyfnes*), s. /'.Jeunesse. V. Juefne.
Ert tant cum l'om porreit retraire Saive e raisnable en sa jofiiesce.
Bén., Cliron. de Norm., v. 8057.
Si fuissez péri en vostre jofnesce.
Vie de S. Auban, v. 466.
Joglere. V. Jugler.
Joiance (Joyance), .s. /"., joie, allégresse. V. Joïant, joïr 3,
joius.
Haitez e pleins de joyance.
Bén., Cliroii. de !\'orm,, v. 1611, p. 60.
Joiant {to joy, être dans la joie), adj., dans la joie, dans l'allégresse,
c'est le part. prés, du vieux verbe joh\ se ré- jouir. Du \a\.. gaiidere. V.
Joïr 3, joyance.
Par uii la mer s'en viint à nage Baul e haitié e tuit joiant.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2032.
Li sires les ad herbegiez, Ki mut en fu joians et liez.
Marie, Gugemer, v. 867.
Joie (joy), s. f., félicitations, compliments de félicilation. V. .Joïr 1.
Ne vos porreit estre retraite La grantjoie qu'il se sunl faite.
BÉN., citron, de Norm., v. 4512.
Joiosement {joyously), adv., joyeusement.
Gels qui armes porent porter
Joiosement, non à enviz,
Unt tost d'armes lur cors garniz.
BÉN., Chron. de Norm., v. 474.
Joious. V. Joyous.
1. Joïr {lo joy), V. a., féliciter, fêter. V. Joie, che?'er.
Donc prist li reis li dus, el beisia e joï.
Wace, liom, de Hou, v. 2414.
La requeste de Rou si cum li reis Totreie, Cum il est desiros qu'il lejoïsse
e veie.
BÉN., Citron, do Norm,, sommaire, I, 144.
2. Joïr [lo joy'), v. n., jouir d'une cbose, la posséder.
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(delwedd C0648) (tudalen 0580)
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- 580 -
(Bien) que d'icelles (terres) ilz aient joy et usé paisiblement, et encore
font à présent...
Chron. du Mont S. Mich., I, 169. Pièces div.
Le roy lui promist que il le feroit joir de sa conté de Flandres.
Chron. norm. du XIV' s., p. 36.
3. Joïr (se) {lo joy), v. réfl., se réjouir. Du lat. gaudere. V. Joïant.
Des paroles mult se joïst Seint Thomas...
Vie de S. Thom. de Cant., p. 622, c. i, var.
. . . Dan Hiige del Chaslel ne s'en joïra mie.
Chron. de Jord. Faut., v. 1063.
Joius ijoyous), adj., joyeux. V. Joyous.
Mult par sui joius et leez.
Vie de S. Th. de Cant., v. 707.
S'il le receit tut boneraent, E joius seit del mandement.
Marie, Eliduc, v. 359.
Une autre forme antérieure est joûs. Rn curage estjoùs e liet.
Chans. de Bol., p. 234,
+ Jolet (jollity), s. m., gaieté, jeu , badinage, gaillardise. Jolieté,
joliveté sont donnés en ce sens par Gotgrave. V. les deux mots suivants.
Jolif, Joliz, Jolly {jolif\ jolly), adj., réjoui, allègre, gai, joyeux,
content. De l'anc. scand. jul ., désignant les fêtes et festins solennels,
qui avaient lieu au solstice d'hiver. Diez et Littré pensent que le mot a dû
être introduit dans le français par les Normands. V. Jolet, jolifre.
Je suis jolif, silent et mus, Jeo serve luzjours sanz service. Chans.
anglo-norra., recueillie par M. P. Meyer, Romania, IV, 377.
Quijustise (justicier) est et juges, et il en est joliz, 11 et li peschiere
est en oël (égale) culpe assiz.
S. Thom. le Mart., p. 101.
Plus j'en vivroye Et plus joilyj'en seroye Pour bien, ce m'est advis. Car en
elle j'ay mon cueur mis,
Chans. norm, du, XV* s. Rec. Gasté, p. 57.
Jolifre {jolif, gai, réjoui), s. /"., amour des plaisirs. V. les deux
mots qui précèdent.
k
I
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(delwedd C0649) (tudalen 0581)
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— 581 —
Mes n'ot entre eus nule folie, Nejolifre, ne vileinif.
Marie, Eliduc, v. 575,
Joliz. V. Jolif.
Jolly. V. Jolif.
+ Jonquette {jonkets , Sherw. , junkeC , chose exquise , friandise), s.
/". , espèce de crème faite avec du lait bouilli, additionné de jaunes
d'œufs, de sucre et de caramel. /oncarfe, avec le même sens, est dans
Cotgrave.
-\- 1. Jornée {jornai/J, s. /".. journée. Jornêe est dit en ce sens,
dans l'arrond. de Pont-Audemer (Eure). V. le Diction, de pat. norm. de M.
Robin.
2. Jornée, Jorneie, Journée (journey), s. /"., voyage.
Tote li content sa façon Dont ert meus e sa jornée.
BÉN., Chroti. de Norm., v. 7745.
Tant ont alei par lor jorneies, Que venu siint en lor contreies.
GuiLL. DE S. Pair, [\oni. du. Mont St. Michel, v. 712.
Comme il eust ordené une journée au Pont Auderaer, à la quinzaine du mois de
jullet, ans prelas, barons et bonnez villes de Norniendie, pour avoir conseil
et deliberacion pour la def- fense dudil pais...
Compte de 134S', cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 372.
Et de la personne exonnée (excusée) Doibt eslre la journée assise (fixée) Aux
prochains plès ou à l'assise.
Coût, de Norm, en v. , p. 89.
Joster {f.o jostle, se pousser avec rudesse), v. n., jouter, lutter,
folâtrer. V. Juster.
Mult voissiez, forment armez, issir Normanz, Querre tornoiement e joste
demandauz, E joster e ferir de lances et de branz.
Wace, liom. de Rou, v. 4097.
+ Jougue (jug)., s. /"., cruche, jarre. A Guernesey, où le mot est en
usage, on prononce djougue :
Et mourtraiz-mé s'n égal pour levair 1' fond d' la djougue.
Rimes yuern., p. 106.
-f- Jouquer, -|- Juquer {to jouke, dormir, passer la nuit (1) ), V. ?«.,
jucher.
(1) Halliwell signale le mot eomme étant un terme de fauconnerie
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(delwedd C0650) (tudalen 0582)
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— 582 —
11 est tourjou haut jouqiiay.
L. Pet., Muse norm., p. 18.
Mais mé qui juque (demeure) tout seu...
Bernes guern., p. 13.
Journée. V. Jornée.
Jouvente, Jovente. V. Juvente.
Jovent ijuventee*), s. m., jeune homme, adolescent. Du lat. juventutem, jeune
âge.
Itant vos pri que vostre gent Qui à ce sunt de beau jovent Fort e hardi e
vertuus Geus en laissiez venir od nos.
BÉN., Chron. de Norm., v. 4766.
Joyous, Joious {joyoïis), adj., joyeux. V. Joins.
Merciz rendant s'en vait joious.
Fie de S. Grég , v. 399.
En la vie tôt dis joyouse.
Poés. anglo-norm., citée par M. Meysr, Bull, de la Soc. des anc. textes,
1880, p. 51.
Judicative (j'udicative faculty, faculté de juger), s. /"., judi-
ciaire, faculté par laquelle on juge, on apprécie. Du lat, judicativum
(Quicherat, Addenda).
Si doibveut ceuls ({ui oyent le haro, arrester les parties et menei- à
justice, aftin de prendre plege (garantie), et aussi pour ce qui ne chet pas
en leur judicative savoir se l'en doibt détenir les parties en prison ou
délivrer à plege, mais en l'office de justice.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm-, i' Ixxv v»,
Judicial (Judicial), adj., juridique, usité en droit.
Ce seroit chose non seulement frustre, mais illusoire, si l'obli- gation d'un
tel plege estoit vaine et sans etfect. Aussi, elle sem- ble estre comme
sli|iulation prétoriato, conséquernmentjudiciale, cautionnale et commune.
Teiirien, Comment, du d.r. norm., p. 265.
Juefne , Jofne. Joefne , Joevne ijoyfnes') , adj. , jeune. Du lat. jxivenem.
Les messagiers al juefoe rei devant lui les apele.
Chron. deJord. Fant., v. 247.
E cels qui erent genz e beaus, Bachelers, forz, jofnes, danceaus... Cels
trait à sei, cels honora.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2001.
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(delwedd C0651) (tudalen 0583)
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— 588 —
VA par li ai mandé Al joefne rei engleis, Henri mun lil Painzné, Bien et en
pès aiez vostre propriété.
5. Thom. le Mcu-t., p. 160.
A cel' hore l'amenot Ne sa quanz joevnes jovenceaus.
Vie de S. G ré g., v. 465.
Juel (jeivel) , s. w., joyau, ornement précieux d'or, d'ar- gent, etc. Du
bas-lat. jocalem, fait sur le lat. jocari.
Nis les juels d'or et d'argent Trestot donot cntrinement.
Vie de S. Grég., v. 1535.
Juerie [jewnj), s. /". , quartier d'une ville habité par les Juifs.
. . La femme ne ala plorant
Par la Juerie demandant
As us (portes) de Jus : U est mon enfant?
Hugues de Lincoln, p. 2.
Juger (to jugge', juger ; jugh\ juge), v. a. , prononcer une sentence
judiciaire. Nous nous arrêtons à ce verbe dans le but seulement de signaler
une parité probable de la pronon- ciation particulière du g , en ancien
dialecte normand et en vieil anglais. L'on devait prononcer jug, j^iguer ,
par le changement régulier du e du radical judicare^ en g dur dans le dérivé,
comme on le remarque, par exemple, dans viguier, cigûe, gonfler, venus de
vicarium, cicutam, conllare. Celte par- ticularité de prononciation se
rencontre d'ailleurs , quant au verbe qui nous occupe, dans le provenç.
jiUgar, l'esp. juzgar et le portug. julgan.
Quant il jugout, il jugout dreit ; Jà por loer ne desveast De jugement que il
jug.i-^t.
GuiLL. L)E S. Pair, Rom. du Mont S. Mirli., v. 1260.
Kar jeo ineismes me jugai. De tûtes femmes mesparlui.
Marie, Le Freisne, v. 79.
Et as seinz l'enfant juga Pur Deu servir.
Vie de S. Th. de Cant., v. 65.
Jugerre , Jugeor, Jugeur (Jndger) , s. m., juge. La pre- mière et la
troisième de ces formes représentent le nominatif, la seconde l'accusatif.
Dans, dreit jugerre, forz e sulhanz.
Lib. psalni., p. 7.
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(delwedd C0652) (tudalen 0584)
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— 584 — Par ses messages mandet ses
jugeors.
Chans. de Roi., p. 309.
Et se les jugeurs descordent Tienge ce où le plus s'accordent.
Cout. de Norm. en v., p. 59,
1. Jugler (to juggle), v. a., jouer, duper, tromper. Du lat. joculari. V. les
deux mots suivants.
Juglé m'a 6 envilani, Laidement m'a le jeu parti.
Bén., Chron. de Norm., v. 15240.
2. Jugler, Jugleor, Joglere (juggler, jogelour*) , s. m. ., jongleur,
bateleur. Du lat. jocidatorem. V. Jugler /, juglerie.
Talifer ert cil appeliez, Jugler hardiz esteit asez.
Chron. anglo-norm., I, 7.
Cil jugleor là où il vunt, Tait lor vieles traites unt.
GuiLL. DE S. Pair, Hom. du Mont S . Mich., v. 767.
Assès donna li dus argent As jogleres et à autres gent.
Rom. de Rob. le Diable, p. 127.
Juglerie (juggling), s. f., jonglerie. V. les deux mots qui précèdent.
N'en est pas juglerie.
Ph. de Thaon, Compiit., v. 98.
Juiesse (jeroess), s. /"., juive. Juiesse est le fém. àe jui, qui en
dialecte norm. anc. et mod., signifie Juif {ï).
Une Juiesse jeune et belle
Fut accusée d'avoutire (adultère).
Pet. Poèmes du Mont S. Mich., p. 53.
' 1. Juise (justice), s. m., juge. Y. Juisse, justice. Deus nus ad mis ad
plus verai juise.
Chans. de Roi., p. 283.
Une uns n'en ont autre manaie, N'aulre merci qui en fust quise ; Mais n'en a
nul pris le juisi;.
Bén., Chron. de Norm., v, 7287.
(1) Uns de Juis i ot, i. maistre.
Qui se commença à iraistre.
Wace, La Concept. N- D., p. 75.
I s' moquaient d' li et disaient : Salut au roué des Juls.
MET., S. Math., ch. xxvii, v. 29.
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- 585 —
2. Juise (justice). V. Juisse.
Juisse, Juise (justice), s. /"., justice. Juise est, dans Hal- liwell,
au sens de jugement.
K s'il aveir nés pot, aut (qu'il aille) à la juisse.
Lois deGuill., 17.
Sire, dist li Baudrains, refuser ne le quier,
Ne la juise d'Amors ne quier-je pas noiier (nier).
Boni. d'Alex., cité dans la Chron. de Bén., II, 515, c. i.
Jullet ijubj), S. m., juillet, 7^ mois de l'année.
La quinzaine du mois de jullet.
Compte de 1334, cité par M. Delisle, dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 372.
Le jour Sainte Anne en jullet.
P. Cochon, Chron. norm., p. 337, éd. de Beaurep.
iviiaenz [jument.<i'),s. f.pL, hèles de somme ou de trait; chevaux, bœufs,
ânes, etc. Du lat. jumenta.
Humes e jnmenz tu feras salfs, sire. (Homiues et jumenta salvos faciès,
Domine).
Liv. des Ps., xxxv, 6.
Jung (jtine), s. m., juin, 6^ mois de l'année.
Par lettre donnée le iiii" jour dejung, l'an dessusdit.
Compte de 1346, cii6 par M. Delisle, loc. cit., p. 335.
Item, dimence xij^ jour de jung (mil), cccc. et. xij.
P. Cochon, loc, cit., p. 337.
Jureeur, Jureour (juror), s. w., juré. Du lat. juratorem.
Et si n'i ait (dans le jury) nul qui ait haine vers aucune des parties, li
jureeur soient esleu par la justice.
Marnier. Étahliss. de l'Échiq. de Norm., p. 8.
L'en doibt donques faire venir Lesjureours au serment.
Coat. de Norm. en v., p. 127.
Jurisdiction (jurisdiction), s. /"., juridiction. Du lat. juris-
dictionem.
La jurisdiction des fiefs appartient au duc de Normendie.
Ane. Coût, de Norm., ch. xxxn.
(Il faut) pièges solvables... qui soyent resseans de la jurisdic- tion où la
matière est pendante.
Terrien, Com,ment. du dr. norm., p. 418.
+ Juser {to juice, humecter de jus, de suc), v. n., laisser
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(delwedd C0654) (tudalen 0586)
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- o86 -
échapper le jus, dégoutter. Jiiseux se dit de même en patois normand pour
juteux.
1. Juste ijuftte'), s. f'., espèce de vase à large panse, au cou long et
étroit. V. Jougue.
Sa juste esieit miilt bone e chiere N'iert mie à achater legiere.
Wace, Horn. de Rou v. 7511.
Je vos aport un petit trésor, Une m ait riche juste d'or... Li diix esgarde
le vaissel, De ses oilz n'out veu si bel, Ne meus ovré mais en sa vie. Quant
la juste ont assez joie E le vaslet mult raercié, S'a lez sei 1er clerc
regardé Tent li la juste e si li done.
Bén., citron, de Nom., v. 30148.
2. Juste ijust), S. /"., joute. Du lat. juxtam. V. Juster.
Mainte juste faire envers ses enerais.
Chron. de Jord. Fuiit., v. 76
Dune 11 tourneiraenz (touintu) s'asenibla ; Ki juste qtiist (chercha; tost la
trova.
Marie, MUon,y. 399.
Juster {to jusl), v. n , jouter, engager un combat, une lutte. V. Josler,
Juste 2.
l'ar vos li mand bataille i seit justée.
Chans. de Roi., p. 231.
Si nus ici les atendums, Peot cel eslre nus justerums.
Marie, Eliduc, v. IGD.
Justise (justice), s. ?Ai.,juge (1). V. Jusliser, juise.
Fist ses fiz ju^tises sur la terre (Posait filios sans jiidices Israël).
Les Rois, p. 26.
Cel ovre e celé honte e ceu lait Manda estreil à ses justises.
BÉN-., Ckron. de \orm., v. 41692.
Justiser {to justice), v. n., rendre la justice. Justizemcnt, jusiice/nent,
iu^emeni. Kel. V. Justise.
(1) En bas-lal. Justitius : Cum clamai quis domino régi aul ejus justitiis.
Glanville, Traité, 1. I, ch. v.
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(delwedd C0655) (tudalen 0587)
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- 587 -
Arcliediacre est del Mont, Toz justise cels qui i sunt.
Guu.L. DE S. PAUt, Rom. du Mont S. Mick., v. 2-ll().
Tute sa tere li gardoil E maiiiteueit pjustisoit.
Marie, Equitan, v. 63.
Jut (se) (to jnt'), V. réfl. défeclif, se coucha, s'étendit. Du lat. jacuit,
3« pers. sing. du parf. dejaceî-e, verbe qui a donné au français gésir.
Jus à la tere l'estendi, Desus se jut, si s'endormi
Wace, Boni, de Brut, v. 677.
Jut s'est dit aussi neutralement pour « fut couché, étendu ». Et jut mult
lungement.
s. Thoni. le Mart. , p. 128.
Là jut li enfez trestot nuz.
BÉN. , C/iron. de Norm., v. H493.
Juvente, Jovente, Jouvente (juventee'), s. f.,ie\xne^&e Du lat. juvenlam.
— De sa juvente, quand il était jeune. Kel.
Gunversed ai od vus, de ma juvente jesque à cest jiir.
Les Rois, p, 38.
A quel dolor déduit as ta jovente.
Alex., str. 91.
Et pour ce, ainsi nous tourmente
Le desroy De fortune, qui n'a loy Qui m'eslongne ta jouvente.
Al. CiiART., Complainte, p. 774.
K.
Kalendre. V. Calandre.
Karel, Garrel (quarel*), s. m., pierre de carrière, moellon. Du bas-lat.
quadrellinn, dimin. du lat. quadrum (s. ent, la- pidem), pierre de taille.
Fist 6 ferma (fortifia) une maisun ; Tant i a fet e tant ovrez, Ke de palis,
ke de fossez, Ke de mortier, ke de karel, K'il a ft't un fort chaste],
Wace, Rom. de Hou, v. 6621.
A Bayeux, la possession de la maison despecée, qui est .sans
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(delwedd C0656) (tudalen 0588)
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— 588 —
franche matière (c'est sans mortier et sans carrel) doibt revenir
à celuy de qui elle est tenue.
Ane. coût, de Norm., ch. xxv.
Karnal, Gharnal (carnal), adj., charnel. Du lat. carnalem.
Et celui (Dieu) het et dampne, k'il trove trop karnal.
s. Thom. le Mart., p. 27.
La charnale créature Revint arrière à sa nature.
Vie deS.Grég., v. 2245.
Kauwe {koo\ corneille de clocher ; lo kaw^ coasser), s. f., corneille.
D'un vilein dist ki nnrrisseit Une kauwe que inult ameit ; Tant la nu ri
qu'ele parla ; Uns siens veisins la li tua.
Marie, Fable 48.
Le diminutif cauvette, que donne Cotgrave, subsiste en pa- tois normand, qui
l'a emprunté à l'ancien dialecte :
Il lui respondit qu'il mangeroit bien, s'il en avoit, des petits oyseaux,
comme merles, moulois, cornillarts, cauvettes...
Nouv. fabr. des excel. tr. de véœ., p. 116.
Kei. V. Quei.
Kenoissance [knowyng'), s. /"., connaissance. Voir plus bas, à Qenu, les
observations i^résentées touchant la prononciation de certains mots, à la
famille desquels appartient celui qui nous occupe.
Laissiez ceste folie ester E ge vos ferei ra corder (reconcilier) A (avec)
vostre frère, sanz dotance, Quer g'ai à (avec) lui grant kenoissance.
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 6777.
Keneu. V. Qenu.
Kernel {kernel'), s. m., créneau. Du lat. cre?îam, entaille. V Carneau.
E il, en despil del rel, asistrent les cieux (aveugles) e les clops e les
leprus, as kernels de la cited.
Les Rois, p. 136.
Un hauberc out vestu, à un kernel puiant.
Chron. dcJord. Fant., v. 1370.
D'où le verbe querneler, créneler.
As berteiches montent et al mur quernelé.
Wace, Rom. de Rou, v. 4063.
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(delwedd C0657) (tudalen 0589)
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— 589 —
Kerssun {kersoun'), s. m., cresson.
De racines e de kerssun
Knz el désert vesqui meint jur.
Fie de S. Gile, v. 1495.
Kien. V. Quen.
Knivet [knife, couteau, poignard), s. m,, petit poignard. De l'anc.
Scandinave knifr, couteau.
Agim le Ju (Juif) son knivet prent Et perce la coste del innocent.
Hugues de Lincoln, p. 6.
Koisir {coisy\ choisi), v. a., choisir. Du goth. kausjan, examiner.
Les reis n'eslit pas Deus, ne ne koisist, ne prent.
5. Thom. le Mart,, p. 4.
Koral. V. Coral. Koveitise. V. Covelise. Kovertur. V. Coverlur. Kremir. V.
Cremer. Kuint. V. Cointe. Kuitement. V. Quitement.
L.
Labor, Labour, Lahur (labour), s. m., travail, peine, fa- tigue, ouvrage. Du
lat. laborem. V. le mot suivant.
Bel frère Abel, issura ça fors.
— Porquoi ? — Por déporter nos cors
E por reguarder nostre labor.
Adam, p. 49.
Perdu sera vostre labour S'il ne seil de meuz acompli.
Vie de S. Grég., v. 1948.
Guvint lur vie démener en labur.
Vie de S. Auban, v. 111.
Laburer [to labour), v. n., travailler. Du lat. laborare. La- bourer,
travailler, Kel. V. Labor.
En poi d'ure Deu labure, ço dit le mendiant.
Chron. de Jord. Fant, v. 1578.
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(delwedd C0658) (tudalen 0590)
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— 590 —
Forment laburereit, A prof ço qu'il faisait Pur noz anraes cunquerre, Cum li
bos fait en terre.
Pli. DE TnkOs,Comput, v. 1541.
Lnlmrer s'esl dit aussi pour souffrir; c'est une des acceptions de Tangl. lo
labour.
NVst ki de mahain ne labure.
Vie de S. A uban. Rubrique du f* 49 r".
+ Lachet (/ac/;e/, Palsgr, ; /a/c/te/), s. m., lacet, cordon. C'est un
diminutif de lach, qui s'est dit pour lacs. Du lat. la- queum.
J'avois un biau pourpoint de telle,
Un biau blanchet, Attaquaydevantma fourchelle,
D un fin lacbftt.
Ane. c/inns. norm.. recueillie par M. Dubois, à !a suite de son éd. des ^'aux
de Vire de Basselin, p. 232.
Car je t'en baillerai iun, tout neu et tout fringant, Moût assez de lacbette,
pour amarer par devant.
Rimes jers., p. 48.
Le patois normand a le verbe lâche?', qui se dit de même pour lacer.
1. Lacier {to lace* 5), v. a., empêcher, littéralement entou- rer de lacs.
Sunt li prélat le rei tut trei escumengié ; E pur ço volt li reis qu'il
seient deslié, Que vus les assolez, que rien n'i ait targié ; Si cum il sunt
par vus suspendu et lacié.
5. Thom. le Mart., p. 184.
2. Lacier (to lace),v. a., broder, passementer.
Sont les fleurs de lis laciées de gros iil d'or.
Invent, de 1334, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 100.
Lage (lag*), s, /"., règlement, loi, coutume.
Il mist les liges et les lois, Qu'encor tienent li Englois.
Wace, Bom. de Brut, v. 1231.
1. Lai (lay' iO), adj., ignorant, illétré, sans instruction. C'est le subst.
lai., laïc, employé adjectivement, par opposition à clerc, qui signifiait
homme instruit, savant. Laie, par l'in- termédiaire latin laïcurn. vient de
).avx6;, du peuple, qui appar-
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(delwedd C0659) (tudalen 0591)
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- 59i -
tient au peuple. Lacurne, au mot clerc, dit que, dans les dic- tionnaires de
Monet, de Borel, de Corneille et ailleurs, li clerc, li lai se prennent pour
les personnes de lettres et pour les ignorans. Nicolas de Clairvaux n'hésite
pas à affirmer qu'à l'époque carlovingienne il y avait, entre un clerc et un
laïque, la dil'lerence qu'il y a entre riionime et la bêle : « Quantum a
belluis homines, tantimi distant a iaïcis litterati. » V. Baluze,
Miscellanea, l. II, p. 234. —V. Clergie 2.
Là unt eslit Thomas et pris à avué,
Tuz, saunz nul contredit de lai ou de lettré.
S. T/iom. le M art, , p. 17.
Et Metael fu la plus laie (1) Et Gandole fu la plus gaie.
Wace, Ro7n. de Brut, v. 1601.
2. Lai (violences). V. le mot suivant,
Laidir, ledir, leidir (to lay" /4, to ledge*), v. a., maltraiter,
blesser moralement ou physiquement. Du lat. Icedere.
Mult tud marriz pur David e pur ço que sis pères Tout si laidith par parole.
Les Rois, p. 81.
Les veizins asseaderent, cels voleient laidir.
Wace, Rom. de Roa, v. 967.
Danz Willames de Capes, si li cria merci Des hummes l'arcevesque, ke ne
fusent ledi.
5. Thoin. le M art., p. 72.
L'tmd de rechief mut plus k'avant pené... De père déroché e leidit et nafré.
Vie de S. Auban, v. 1009.
Les verbes anglais lo laïf, to ledge* ont été formés sur les substantifs du
verbe normand, laid, leid, qui se sont dits pour violence, injure, outrage.
On remarquera que l'angl. to ledge*, comme le norm. laid, leid. laidir,
laidir, conserve le d éty- mologique.
Ne troverez jà vos i face... Laid ne honte ne vilanie.
Bén., Cliron de Norm., v. 1925,
As dens le prist, vers li le trait, Jà li eust grant leid fait,
(1) Le sens du mot se dégage peut-être plus clairement dans cet autre texte :
Il n'estoit mie aus armes lais.
Poés. mss. dans Lacurne à Forclose {A la).
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(delwedd C0660) (tudalen 0592)
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- 592 —
Ne fust li reis ki l'apela, D'une verge le menaça.
M.kR\z, Bisclavaret, v. 199,
Laier {to laye, Palsgr. ; to leie ; to lay, io let), v. a., laisser, mettre,
déposer. Du lat. legare. La forme française actuelle, laisser, vient de
laxare. — L'une des acceptions anglaises de laisser est, d'après Cotgrave, to
lay apart, et, suivant Sher- wood, l'une de celles françaises de to lay aside
est laisser.
Les castiax prist, sis fist garnir N'i laia forteresce à prendre.
Wace, Rom. de Brut, v. 2470.
Lor dame content e ratraient Tute l'ovre, que rien n'i laient.
Bkn., Chron. de Norm., v. 2813.
Le patois normand a retenu le futur et le conditionnel de ce verbe : je
lairai, tu lairas, etc. ; Je lairais, tu tairais^ etc.
Je lesray ma terre gésir Qui se voulist byen labourer D'en voir le fruict
j'ay grant désir ; Dieu m'y doint bien persévérer. Ane. chans. norm., la 6= à
la suite des Vaux de Vire de Basselin, éd. Dubois.
Tu ne lerras point teu mantel en gage.
D. Fer,, Muse norm,., p. 374.
Ces mêmes formes se rencontrent dans l'ancien dialecte normand :
Or ne lairai ne m' mete en lor bailide.
Alex., str. 42.
Biax filz, fait-il, lais là ta folie, Cil dit qu'il ne la laira mie.
Marib, l'Espine, v. 213.
+ Lairai (je), tu lairas, etc.; je lairais, tu lairais, etc. V. Laier.
Lais {laie*) s. ?n., lac.
Li lais es toit grans et parfons, Car de valées et de mons Soisante eves
dedenz caoient Et aloc totes remanoient.
Wace, Rom. de Brut, v. 9662.
Laissur. V. Leisi.
-{■ Laitisse {lettice\ espèce de fourrure grise), s. f., sorte
I
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(delwedd C0661) (tudalen 0593)
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- 593 —
de l)elelle à poil gris blancliàtre. Cotgrave donne ^eiù'e, comme
dénomination française d'un animal à pelage gris blanchâtre. Lailisse, dans
le même, indique une fourrure ayant cette dernière couleur. — Du bas-lat.
lactit non, covrupliou du lat. lacteutii., de lait.
Lailisse, lailiche servent encore en patois normand à dési- gner une sorte de
lutin, qui apparaît sous la forme d'un petit animal blanc. V. Gobelin et les
autres mots auxquels il est renvoyé à celui-ci.
Lame {lame* 3], s. f., terre, sol. Du lat. lamam, fondrière, bourbier.
Compar. l'angl. loam, glaise, terre limoneuse.
Car ma dame, en son testament, Prist à la raort, Dieu tn ait l'ame, Et
emporta mon senteraent Qui gist elle soubz la lame.
Al. Chaut., La Belle Dame sans merci/, p. 503.
Lamente, Lament (/awe»^, lamentations; lamenling, regrets), s. m., regrets,
chagrin, douleur, lamentations. De lamenta qui se rencontre en latin, tout à
la fois comme substantif pi. neutre et comme substantif sing. fém.
Se ainsi pert sa famé, mult en ert grant lamente.
Wace, Rom. de Hou, v. 3526.
Vous orrez (entendrez), ô forests, ses laments douloureux!
Vauq. de la Fuesx., Bal., p. 474.
Lamprée {lamprey), s. /"., lamproie. Du lat, lampetram, mu- rène.
Pleuté i a de granz saumons. De lamprées, d'autres poissons.
GuiLL. DE S. l'Aui,Roni, du ilont S. Mic/t., v. 4G7.
-{- Lançon {launce'), s. m., petit poisson de mer, du genre de l'éperlan, que
l'on jDêche dans le sable.
Dans les anciennes îles normandes de Jersey et de Guer- nesey, l'on dit
lanchon :
La pêque au p'tit lanchon...
Bimes yuern,, p. C9.
I demeiirirent sots comme des lanchons.
Rimes jers, p. 26.
Lande {land), s, /"., terre, champ, bien-fonds. De l'allem. land,
champs.
38
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(delwedd C0662) (tudalen 0594)
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— 594 —
Vindrent li plusur en une lande ù il truvftrent miel. (Vnlgus venit in saltum
(1), in quo erat mel in faciem agri).
Les Rois, p. 48.
Par viel essanple truis escrit Cura Ysopes racunte e dit K'un bues entra en
une lande U il aleil querre sa viande.
Marie, Fable 94,
Lange (langeU\ couverture de laine), s. m., tissu, étoffe de laine. Du lat.
laneum, fait de laine, par opposition à linge, tissu de lin, du lat. linewn,
en lin.
Onques n'avint à si hait home, Ce qui avint à son morir Kar i'om ne Tout de
qnei couvrir ; Ainz remest si povre e estrange K'ii n'out sor lui linge ne
lange.
Hist, de GuU. Le Maréchal, v. 9108.
Lange s'est dit aussi pour vêtement de laine, habit de deuil :
Vont les dames eschevelées Par mi la vile, forsenées ; En langes suz les
pavemenz Les veissiez culcher asdenz.
Ben., Chron. de Norm., v. 5197.
En Normandie, on donne le nom de langet à un coupon de gros drap, dont on se
sert pour maintenir les couches de l'en- fant au maillot, auxquelles on
applique improprement le nom de langes. — La forme primitive dj mot parait
être langeul; on la trouve dans Lacombe {Diction, du v. lang. />-.), avec
le sens que làngel possède en patois normand ; en v. fr., langeul s'est dit
pour couverture de lit (;2) ; d'où l'angl. langell.
Langer, Langour. V. Languour.
Langouste. Y. Locuste.
Language (language)., s. m. et /"., langue, langage. Du lat. linguam,
avec adjonction du suffixe âge, qui correspond sou- vent à celui latin
alicum.
Gens d'aliens paTs, de mult divers language.
5. Tlwni. le Mart., p. 20i.
(I) Saltus signifie non seulement levis, mais aussi terre, bien rural, pâtu-
rage, prairie.
[2.) Uu langeul à lit, qui bien valoil 10 solz.
LeC. de Rém., Duc, Langet uin.
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(delwedd C0663) (tudalen 0595)
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— 595 —
Il les welcume (leui' souhaite la bienvenue] en sa language.
Vie de S. Gile, v. 2467.
Languide {languid), adj., languissant, faible, sans force. Du lat.
languidîim.
Afin que, reprenant de nouvelles forces, il vous puisse cy après plus
allègrement secourir, et, pour eschantillon de sa pro- messe, bien que
languide et misérable, ... il vous fait offre liberallement des sommes qui
ensuivent.
Cah. des Et. de Norin. de 1604, p. 46.
Ne laisse pas mon âme impuissante et languide Dans la stérélité que le crime
produit,
Et telle qu'une terre aride Qui, n'ayant aucune eau, ne peut rendre aucun
fruit.
P. Cow^., Imit., 111,3.
Langueur, Langour, Langor {langiior, langoure\ lango7% Sherw.), s. /.,
langueur.
Prens ton plaisir à vivre, pour traîner languour, et angoisse porter.
Al. Chaut., l'Esp,, p. 275.
Volt soffrir La Iribulacioun e la dolour Pur seinte Eglise, que est en
langour
Prest de périr.
Vie de S. Thom. deCantorb., p. 620, c. i, var.
(Justice) cbaete est en langor.
GuiCHARD DE Beaulieu, SemiUTi, p. 18.
Laquer {to slacken), v. a., lâcher. Du lat. laxare. Brochent les bien, tûtes
les resnes lasquent.
Chans, de Roi., p. 324.
L'herbe écrille... par leux jourolles Il ont fliétri les paqu'roUes. S' fait
l'une : Maufait d'anima 1 Laque, dit l'autre, ou tu airas ma!
Rim, guern., p. 121.
Large [large*)., adj., d'une vaste étendue, immense. Du lat. larguin,
considérable.
Tantes batailles en camp en ai vencues E tautes teres larges escumbatues.
Chans. de Roi., p. 192.
filz, oui ierent mes grans hereditez Mes larges terres dontjeaveie asez.
Aléa;., str. 81.
4- Larris {lanf, vain, stérile), s. m. pi., landes, bruyères.
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(delwedd C0664) (tudalen 0596)
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— 596 —
Larris est dans Cotgrave, comme mot français, avec le sens de terre inculte.
Cuverz en sunt 11 val e les muntaignes - E li lariz e trestutes les plaignes,
Chans. de Roi,, p. 93.
Que esteit dont des plaiseiz E des forez e des larriz ?
GuiLL. DK S. Pair, hom, du Mont S. Mich-, v. 785.
Las, Lasse {lass*, traînant, languissant), adj., malheureux, malheureuse,
misérable. Du lat. lassitm, tombé, languissant.
Ne leur chaut que li las deviengne, Mais que chascuns sa part en tiengne.
Marie, Fable 4.
Vif ou mort, mom las cueur regrette.
Al. Chart, , Le Liv. des Quatre- Dames, p. 673.
Ço dist le pedre : Chiers fi'.z, com t'ai perdul ! Respont la medre : Lasse,
qu'est devenus ?
.4.^ej;.,str. 22.
Lasse, dolente se clama.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 3113.
Lasquer. V. Laquer.
Lassesce {lashness'), s. f., lassitude, faiblesse, épuisement.
David vint à ses dous cenz cumpaignuns, ki furent remis par lassesce ariere,
car siure ne l' pourent.
Les Rois, p. 116.
Mult le hastCj mult l'outre maine Faut li li quers, faut li l'alaine, Li
tlanc li bâtent de lassesce.
BÉN., Chron. de Norm., v. 28464.
Latinier (latimer*) (1), s. m., interprète, truchement. A Rou et à sa geut
par latinier parla.
Wace, Rom. de Rou, v. 1167.
Por ÇO h'il ne saveit comprendre Sun language, ne rien entendre, 11 fist un
latinier venir, Pur lui mustrer e aovrir.
MabIe, Parg.,y. 229.
4" Laton (lalten), s. m., laiton, alliage de cuivre et de zinc.
(1) Latiner est une faute d'impression; latinier est cerlainemeiit la forme
exacte du mot.
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(delwedd C0665) (tudalen 0597)
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— 1)97 —
En bas-lat. kilo (V. Duc. ;"i ce mot). — Laton , lalen , cuivre jaune,
laiton. Kel.
Fil de laton, fil de fer et à cardes, le c. p., iiii d.
Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. xii.
Quatre casses de carreaux pour espringales, tous prés, em- passés de laton.
Compte de 1338, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Cil. des
Comptes, p. 195.
Laust (law, droit, loi ; laniful, légal, permis, loisible), verbe nui
personnel, ({\\\\?,o\l conforme au droit , qu'il soit permis (liceal). —
Laust, légitime. Kel.
Si le père truitet sa fille en avulterie en sa maison u en la maison de son
gendre, li laust oure (ocire) l'avultere.
IMs de Guil., 37.
Lavatoire (lavnlor;/), s. m., lavoir , lieu où l'on verse les eaux sales. Du
lat. lavalorimn.
Boire bon, plustost moins boire, Nous faict fuir à mille maux. Mon cors n'est
pas lavatoire Où l'on jette toutes eaux.
.1. Le Houx, Chans. du Vau de Vire, p. 56.
Lavenderie (lavendrey' , lessive, blanchissage), s. /"., buan- derie.
Pour charrier en la lavenderie, 2 s.
Compte de 140s, cil6 par M. Ch. de Beaurep, dans ses yotes et doc. sur la
Norm., p. 403.
+ 1. Laver (lo lavish), v. a., dissiper, dépenser follement. « Laver un
héritage ».
2. Laver (lo lave)., v. a., baigner, traverser ou borner une contrée, un
territoire, en parlant d'un fleuve, d'une rivière , de la mer. Du lat.
lavere, baigner, mouiller, arroser.
Ces deux bailliages de Caux et de Gisors sont lavez et nrrou- sez du fleuve
d'Oyse et des rivières d'Epte et Andelle.
DE Bras, Rocli. et antiq, de la ville de Caeii, p. 54.
Laveur (laver*), s. m., bassin, auge, citerne. — Lavonr, bassin. Kel.
Ço fud li laveurs ù li pruveires soldent laver, quant durent el temple
célébrer.
Les Rois, p. 256.
Lé (ley'), s. m., latitude. Du lat. latum, côté. Latus mandi est dans Horace
avec le sens de pays, région, contrée du globe.
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(delwedd C0666) (tudalen 0598)
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— 598 —
? Fundez esl par esleecement de tute terre le mont Syon, les le d'Aquilon.
Lib. psalm., p. 63.
Leal. V. Leial.
Lealment (lelly', lelely) , adv. , loyalement, sincèrement. Les deux
anciennes formes anglaises qu'on vient d'indiquer sont faites sur le normand
kl , contraction de leal, loyal. V. Lel, leial.
Pus (puis) irez à un bon rei, Ki vus amera en dreite fei E lealment.
Vie (le S. Thom. de Cantorb., var. p. 620, c. ii.
Leauté (leaiite), s. f. , loyauté. De leal, leial, formes nor- mandes du mot
loyal ; du lat. legalem^ conforme à la loi. — Leauté, conformité à la loi.
Kel. V. Lei, leial.
Etal qui esl redle e testiraoniet de leauté...
Lois de G ail., 45.
Quant il n'a leauté en sei.
M-ARiE, Equitan, v, 142.
Lecherie (lechery ; leachery. ^hQVV^\) , s. f. , impudicité lubricité. V, le
mot suivant.
Par raim de lecherie, I cel siège forfist.
Phil. de Thaon, Comput, v. 530.
Que clers ne moine ne se prengue A lecherie ne à luxure.
Mir. de la B. V. M., v. 414.
Lecheur , Lecherre (lécher^ lécherons; lechour* ; leacher. Sherw.), s. m.,
libertin, impudique, débauché. V. le mot pré- cédent.
Sa famé laidi e hlasma ; E la dame li demanda Pur qu'il palloit ensi vers li.
E sun barun li respundi Que il ot veu sun lecbeùr, Qi li fist hunte et
deshonur, Aler od li en la forest.
Marie, Fable 41.
Qui cheut que li lecheùr face ? Ja ne perdrum ne gré ne grâce, Pur une
putein, s'il la trace (cherche) .
Poés. anglo-norm-, rec. par M. Meyer, Roinania, IV, 391.
S'acoustuma premièrement Et à mentir hardiement ;
I
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(delwedd C0667) (tudalen 0599)
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— 599 -
Ne donbta vnillant. i. bouton, Puis devint lecherre et g!o»iton.
Pet. Poèmes du 31 ont S. Michel, p. 56.
Lecteur (leclxirer), s. /"., personne qui fait un cours, pro- fesseur.
V. Lecture, lire.
Comme aussi furent faits venir de Toulouze (à l'Université de Caen) trois
jeunes et sçavans lecteurs, dont Monsieur François Duarin, encores jeune,
estoit l'un, un surnommé Goltin et l'autre Bigotte.
De Bras, Rech. et antiq. de la ville de Caen, p. 232.
Lectrun (lectorn\ lectern), s. m. , lutrin. Du bas-lat. lecUH- huin, dérivé
du lat. leclrum, mot qu'on trouve dans Isidore au sens de pupitre.
Devant l'autel s'agenoilla, Sour un lectrun ses ganz jeta.
WacE, Rom. de Rou. Duc, Lectrum.
Lecture (lecture), s. f., leçon, cours. V. Lecteur, lire.
Messieurs de la cour du Parlement, en 1521, ayant eul'adver- tissement qu'il
se commençoit un desordre en ceste Université (de Caen) , aussi que les docteiu's
en droiet, pour lors anciens, ne pouvoient continuer leurs lectures, etc.
De Bras, lac. cit., p. 230.
Ledir. V. Laidir.
Leece, Leesce (lee\ lisse'), s. f. , liesse, joie, allégresse. Du lat.
lœiiliam. — Leesce, leeche, joie. Kel.
Tu me rempliras de leece ottuen vult.
Lib. psalm., p. 16.
Kar leesce, ne bien, ne joie N'a nuit ne jor se dolor non.
Bén., Cliron. de Norm., v. 2848.
Légèrement, Legierement (lightly), adv., facilement, aisé ment. V. Lecjier,
ligemoU.
Qui en tel voie ert encontrés Légèrement ert destorbés.
Wace, Rom. lie Brut, v. 3001.
Qui fust aux armes pros et sage ? Le roi Genseriz en Cartage. Prist donc Rome
legierement.
Pet. Poèmes du Mont S. Mich., p. 15.
Legible (legihle), adj., lisible. Du lat. legibilem, de légère.
Et ledit tableau (sera) escrit en bonne et grosse lettre bien legible et
cognoissanle.
Ordon. du Pari, do Norm., de 1519.
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(delwedd C0668) (tudalen 0600)
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— 600 —
Legier (light, facile ; legeans\ liberté, facilité), adj. , facile, aisé. Du
lat. levem, facile, qui ne donne pas de peine. V. Légè- rement.
Prende Baex poeit; à prendre esleit legiere.
Wace, nom. de Hou, v. 1323.
De ceste raatiere les exemples sont par tout dru<"-ment semez es
escriplures, et legieres à trouver.
Al. Chaut., VEsp., p. 382.
Legierement. V. Légèrement.
Legistre (legesler*), s. m., légiste, juriste.
Le bon legistre de Ciricestre
Lur ad dit : c( Lequel, clerc u prestre...
Vie de S. Thom. de Cantorh., v. 278.
1. Lei \ley\ lay' 2), s. /"., loi. Du lat. legem. V. Létal, aleier.
Si receverez la lei des chrestiens.
Chans, de Bol., p. G.
Lor leis lor font et lor dreiture.
BÉN., lloin. de Troie, s. 21770.
2. Lei {ley' !),.<;. /"., parages, contrée, région.
Li haut home de celé lei Furent au plait devers le rei.
BÉN., Cliron. de Norm., v. CG9.
Leial , Leal (liale'), adj.., loyal. De legalem. Leias , légal , honnête,
licite. Kel. V. Lei, leautc, desleal, lei.
S'il fust leial ben resemblast barun.
Chans. de Roi, , p. 315.
Si veiremenl, ciim Deus vit, prudum es eleal.
Les Rois, p. 113.
Leid. V. Laidir.
Leis (lead)., s. m. pi., toitures en plomb.
La riche iglise seint Maart E la sainttz e leis ensfment Sunt arses tresqu'el
fiiiidement.
BÉN., Chron. de Norm., v. 886.
-\- Leisant flosel, lazy)., adj.., fainéant, paresseux. Laisant., indolent,
nonchalant, désœuvré. Kel. Leisant est le part, prés, de fane, verbe norm.
leisir., leiser, du lat. licere, être permis. V. Leisi.
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(delwedd C0669) (tudalen 0601)
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— 601 —
Leiser. V. le mot suivant.
-f- Leisi (leisure, leijser, Palsg.) , .•?. m. , loisir. — Leisir, loisir.
Kel. — En pat. norin., l'r désinentiel , précédé d'une voyelle, disparaît
toujours dans la prononciation. V. Leisant.
Sa cuslume est qu'il parolet à leisir.
Clians. de Roi., p. 13.
Bien li purat, tut à leisir, IVIustrer et du'e sun curage.
Marie, Guge?ner, v. 474.
J'aime à vée les c'mins d' saint Jacques, Et les étellt'S pélilli Et les
brebis et les vaques Huminaîr à lus leisi.
La tioiiv. annale (Jersey, 1871), p. 3.
I déroule à leiseir l'ancien r'gître du monde.
Rimes gucrn., p. 160.
On trouve en anc. dial. les formes norm. laissure , leiser , auxquelles se
rattachent plus étroitement -celles angl. leisure., leyser, précitées.
En pur la custume anciene Que là teneit la gent paene, D'aver des femmes lur
laissur, Senz nul chalenge de seignur.
Chron. de Norm., v. 57, p. 82.
Demain, kant vus serrez dignez Tut à leiser e reposez, 1 purrez aler par
déduit.
Vie de S, Gile, v. 2393.
Leist, List (lo leste*, lo liste*., trouver bon, convenable, licite), verbe
uni personnel., il est permis, loisible (licet). — Lait, iisl, permis. Kel.
Non ne leist à seignurage de partir les cultivurs de leur terre.
Loi.s de Cuil., 33.
Haute est inult l'ovre e la matire, E si i aureit trop à dire E mei ne list
pns demorer, Car mult i a de el à parler.
BÉN., Cliron. de Norm. v. 179, p. 9.
Leitoiaire (leteivarye'), s. m. , électuaire , médicament. V. Lettuaire.
Donot pimenz e leitoiaires E autres dons plus precious.
Vie de S. Grég., v. 1648.
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(delwedd C0670) (tudalen 0602)
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— 602 —
heitrum (letteron' ; lettern), s. m., lutrin. Du bas-lat. lec- trinum,
diminutif du lat. leclrum, pupitre.
Devant l'autel s'agenuilla, Sur un leitruni sis ganz geta.
Wace, Rom. de lîou. v. 5453.
Lel, Lele flele')^ (i(fj-, loyal, vrai, véritable. Dans la seconde citation,
lel est dit pour loyal au sens qu'exprime ce mot dans la locution « une
marchandise loyale. » C'est une contraction de leal. V. Leial, lealment.
Lele gent sunt mult.
Chron, de Jord. Fant., v. 1934, aux var.
Li orz el 11 plubs si suut metals, Mes ne sunt mie parigals
Ne d'un valur : Li uns est bels, lusant et lels, Li altre lels et neirz et
fels
Et senz luur.
Vie de S. Tliom. de Cant., v. 637.
Lendit (tende' % convenu), s. m., convention, pacte, traité.
Cume je receverai lendit, si jugerai dreit. (Cum accepero con- dictum, ego
recla judicabo.)
Lii'.desPs.,l.XXlV,2.
Léon, Leun (leo')^ s. m., lion. Du lat. leonem. Y. Leonem.
Li leon a dit ejurei
Ke tuit sevent par veritei...
Deus en celé saisun Fut forz cume leùn.
Marie, Fable 11.
Ph. de Thaon, Comput.v. 963-
Leonesse (lioness)., s. f., lionne. V. Leon.
(Courroucé) plus ke leonesse ki pert sun leuncel.
Vie de S, Auban, v. £405.
Leprus (leprous), s. m., lépreux.
Sana paraletics... leprus e cuntrez...
Fie de S- A uban, v. 148.
-f- Lèque (leke* ; part, portion), s. f., lèche, petit morceau , a une lèque
de pain. »
+ Léquer. V. Ligue?-.
Lest (lasTj, s. m., ancienne mesure en usage pour cer- taines marchandises,
dont le transport se faisait le plus géné- ralement par eau.
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(delwedd C0671) (tudalen 0603)
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— 603 —
Un lest se composait, savoir: pour le blé, de 80 boisseaux ; pour le poisson salé,
de 12 barils ; pour la poix, le goudron, les cendres, de 14 barils; pour les
cuivres et les peaux, de douze douzaines; pour la laine, de 12 sacs, etc.
Pour chacun lest de harenc blanc et sor, est deu, tant par les bourgeois que
forains, xx sols.
Coust. de la Vie de l'Eaue de Rouen, p. M2.
Item, de toutes les autres marchandises qui se vendent au lest pour marchands
estrangers, comme harenc, cendres, brey, pour chacun lest seize deniers
tournois.
Ib., p. 415.
+ Létanie (lelany, Sherw.),s. /. , litanie. En prov. letanias; en esp.
letania ; en ital. letanie. Du lat. lilanias, prières.
Seaumes e letanies cantent cler e chanoigne.
Wace, Rom. de Rou, v. 1583.
L'ewe beneite jetterent Desurlui, après l'amenèrent Od letanie, od oreisun E
od bêle processiun.
Marie, Piirg., v. 585.
'LQiT\iXQ(leUrure*),s.m., science, lettres. Du lat. Utleraluram,
Et quant n'entendez la letrure, Al franceis oyre metez cure. Poés.
anQlo-norm. citée par M. Meyer, BuÀl. de la Soc. des anc. text., i880, p. 62.
Lettuaire (lectuarrj), s. m., électuaire , espèce de médica- ment. Terme de
pharmacie. Du lat. electuarium. V. Leloiaire.
Uns lettuaires vous dunrat E teus beivres vus baillerai Que lut vus
recunforterunt E bone vertul vus dunrunt.
Marie, Les Deux Amants, v. 103.
Leuo. V. Léon.
Leven (leven, Palsg.; leaven), s. m., levain. Du lat. levamen.
Pernez leven, si en unynez le mains.
Pet, tr. de nickl, du XIV s., publié par M. Boucherie, p. 4.
1. Lever, Liever (lo lift, élever; levacion\ élévation), v. a.. élever. Du
lat. levare., qui a ce sens.
Allais levèrent el ydles à l'onurance à deable.
Les Rois, p. 295, Ce fu el mois d'avril entrant, Quant cil oisel lievent lur
chant.
Marie, Ywenec, v. 55.
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(delwedd C0672) (tudalen 0604)
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— 604 —
+ 2. Lever (to lift), v. a., enlever. Dérive aussi de leva7'e,qm s'est dit
pour ôter, retirer.
Avant qu'il y mette la main De cy ben tost les lèverai Et ailleurs vendre les
irai.
Miracle de N. D- de liob. le Diable, p. 74.
Si quid que jà des abatuz N'en serra uns par eus levez.
BÉN., Chron. de Norm., v. 728.
+ Lian {hjam'), s. m., lien. Du lat, ligamen.
As lians rumpre e depechier Lor fist li feus secors plenier.
GuiLL. DE S. Pair, /to/n. da Mont S. Mich., v. 3652.
Quatre fois l'an, c'est assavoir à la fere des sainctes cendres, à la
Penthecouste, à la saint Pierre et saint l'ol, et la saint Pierre- aux-lians.
C/t. de 1457, du Cart.de Lisieux, t° 91
+ Liart (liard') , s. m., cheval gris pommelé. Le mot est emploj^é
adjectivement en Normandie, où , comme dans l'an- cien dialecte, l'on dit un
cheval liart (1). Lia)'t est en effet un adjectif, indiquant certaine couleur
de la robe d'un cheval. 11 en a été de ce mot comme du mot morel, qui
signifie noir et qui s"est dit pareillement pour cheval noir. V. Mo7'eL
'
Libéral {libéral), adj., libre. Du lat. liberalem, qui émane d'une personne
libre.
Parle moyen d'humiliation du libéral arbitre.
Al. Ciiart., l'Esp,, p. 371.
Librairie {library), s. /"., bibliothèque, collection de livres.
Autres principaux livres, des celestiaux sciences, sont attribués à
Ptoléraée, qui assembla la noble librairie en son pays, dont nul ne pouvoit
estimer le nombre de volumes.
Al. Chart., l'iisp., p. 318.
Nous trouvons, par les anciennes chroniques de ce duché { de Normandie), que
j'aiveuës latines en un livre de grand volume en parchemin en la librairie de
l'Université de Caen, dont quel- qu'un est encores saisi, qui feroit bien de
les y remettre, comme je l'eu prie.
De Bras, Rech, et untiq, de la ville de Caen, p. 5,
(1) Un petit cheval lyart, hors d'âge, G% s, parisis.
Compte de 1391, cité par M. Ch. de Beaui-epaire, dans ses IS'otes et doc, 8ur
la Norm,, p. 372.
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(delwedd C0673) (tudalen 0605)
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— 605 —
Librarie [liherarye*), s. /"., science, insIrucUon. De l'adj. pi. 11.
liôraria, choses qui ont rapport aux livres.
Ço dit sainz Augustins, Ki fut inult bons divins, Avis unkes pot estre Que il
unkes seit prestre S'il ne set cest librarie.
PiiiL. DE TiiAON, Coinput, V. 61.
-\- Lice {lisl, barrière), s. /"., espèce de barrière, formée de deux
pièces de bois, soutenues sur deux poteaux et qu'on déplace à volonté. La
lice ferme généralement l'entrée d'un champ.
-\- 1. Licher (lécher). V. Liquer.
+ 2. Licher {to like, trouver à son goût; io like*, se délec- ter), V. 71.,
rechercher les bons morceaux, écornifler. Licharder est donné avec ce sens
par Cotgrave. — Zeie/ie?', licher, trouver à son goût. Kel. V. Relicher,
licheries^ licheur.
-\- Licheries, -{• Liqueries [Uckerish, Sherw.), s. f. pL, friandises, bons
morceaux. Licheries est dans Cotgrave en ce sens. V. Licher 2, licheur.
+ Licheur, + Lécheur {licher, Sherw.; lykeruus. Du G., p. 918; Uckerish)., s.
m,, friand, gourmet, pique-assiette, homme qui cherche à faire bombance aux
dépens d'autrui. Du lat. lecalorem, gourmand.
On trouve, comme mots français et avec l'acception de friand : lecheur, dans
la gram. de Palsgrave, p. 239, et licheur dans le Diction, de Cotgrave. V.
Licher, licheries.
Licorece (licorice), s. f., réglisse. Du lat. liquiriliam, dont le sens est
le même. V. RigoUsse,
Sinopre, azur e vert de Grèce, Zucre, cauel e licorece.
Vie de S. Gile, v. 853.
+ Lider Uo slide), v. n., glisser. Du sax. slidan. L'on a usé en v. fr., dans
le même sens, des formes c//rfer et eslider. V. Duc. à Clidare et à Elidere.
Liège {liège, lige), adj., engagé, lié par une promesse. Du lat. ligatum. V.
Ligance.
Au prestre mua tout li sans, Quant chelui ot ramentevoir Qu'ele cuidoit tout
liège avoir.
Lai d'Ignaurès, p. 10.
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(delwedd C0674) (tudalen 0606)
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— 606 —
Liepars (lihbards, Sherw,), s. m.pL, léopards, armoiries de l'Anglelerre (i).
Terme de blason. Un vocabul. lat.-fr., ms. du XI11"= s., conservé à la
biblioth. d'Evreux, traduit leopardiis par liepart.
Ce Juc Guillaume (le Conquérant)... bailla aux Anglois les armoiries que
portent les roys d'Angleterre, c'est à savoir deux liepars d'ur en champ de
gueules, auquel a esté, adjousté le troi- sième liepa^d, à cause de la duché
de Guienne.
Terrien, Comment, du dr. norm-, p. 43.
Liever. V. Lever.
Ligance, Ligeance {ligeance'), s. /"., engagement de fidélité, de
soumission. V. Liège.
A lui voil que facez ligances
E celés fermes otreiances
Gum home deivent à seignor faire.
BÉN., Chron, de Norm-, v. 14455.
Pur nul meschief ne se partirent de la ligeance nostre seignur le roi.
Pét. des hab. de Jersey et de Guerneseï/ au roi d'Angle- terre (XIV* s.),
citée par M. J. Havet dans Les cours roy. des îles norm,, p. 230.
Ligement {lightly' 2), adv. , volontiers. V. Légèrement, léger.
Je par sui siens si ligement Ke je ne sui autrui ne miens.
Raoul de Ferriéres, Clians-, p. 5.
+ Liger, + Ligier [liqhl), adj., léger.
Inconstant prompt et variable, Liger d'esprit, fort variable.
P.Gring.,1, 213.
Ont en la court de simples qurelles, Ligieres ou grosses.
Coût, de Norm. en v., p. 95.
Orains, vêtue à la ligère, Blanc coumm' la née, à la lumière Du bel astre qui
nous éclaire, Tu ouvrais ten sein.
Rimes guern,, p. 124.
(1) Un poète normand du XV« s. donnait à l'Angleterre le nom de Léopartie :
Hélas ! la fere Léopartie A destruit de France la lee La plus grâce et riche
partie, Qui Normendie est appelée. Robinet, La complainte des bons François,
citée par M. Pui- seux dans l'Emigration normande au XV" s-, p. 99.
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(delwedd C0675) (tudalen 0607)
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^ 607 —
J' la vé dansant ligière et gaie.
Met., Dict.franvo-noi'iii., p. II.
Lign, Ligne {ligne"), s. m., lignage, race, famille.
De plusurs choses à remembrer li prist... De dulce France, des humes de siui
lign, De Carlemagne sun seignor ki 1' niirrit. ..
Chnns. de llol,, p. 198.
Lenr presclia et monstra la haulte lignée dont il esloit venuz et que mieulx
Ini appartenoit, par droit de ligne, le royaume de France que au roy Jehan.
Cliron. norrn. dcc XT' s., p. 12.'5.
-f- Lignie (lynye'), s. /"., lignée, descendance. Et il el sa lignie et
sa mesuns péri.
5. T/iorn. le Mart., p. 103.
Et se le duc de Normendie Trouvoit aulcuns de ia lignye, Qui tel possession
tenist, Le prince pour soi le retenist.
Coat. (le Norrn. eu v., p. 6!).
Mauldite en soit tresloute la lisnye.
Chans. norin. du XV s., Rec. Gasté, p. 122.
Denis, Haraon, Lecras formaient la compagnie, Et de plusieurs ocouo nou
trouve la lignie.
La Nuuv. aniiaie (Jersey, 1873), p. 20.
Lilie, lA\e{lily; lillie, Sherw.), s. m.,\\s. Du lat. lilinm.
Fud uvrez li chapitrel àlilies.
Les liais, p, 253.
Car le un fu blanc et dugé
Et i'altre vermei, entrelacé
Cum lile et rose.
yie de S. Th. de Cant., v. 1095.
4- 1. Lime {bird-lime, gluau ; lo lime, prendre au gluau, prendre dans un
piège), s. m., piège, embûche, guet-apens. — Lym, glu. Kel.
Qui voudreit dire e descovrir l.a longe lime e le rennei Que tant aureiz tenu
vers mei, Si com chascon le set de vos, Jà le tendreiz à ennoios.
BÉN., Clirnn. de ISorm., v. 23452.
+ 2. Lime [slime, vase, limon), s. ni., fossé vaseux. Du lat. Zi??m/H., lieu
humide, limoneux. Le mot est donné avec le sens de fossé plein d'eau dans le
Diction, de pat norm, de M. M, Dumèril.
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(delwedd C0676) (tudalen 0608)
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— G08 —
Linage {linafje\ lineage), s. m., lignage, famille. — Lincuje, parenté. Kel.
Cum adosas tôt ton gentil linage.
Alex-t str. 90.
Cbascnns ot femme biele et gente De haut linage, de grant gent.
Lcd d' Irjtiaarés, p. 7.
+ Lincher [lo linch", frapper, battre), v. a., donner un coup de fouet.
V. le Dict. franco-norm. de M. Métivier. D'où cet autre mot de pat. linchie,
coup de fouet :
Les linchies d' vot' neire épine, L' maîte Massy, Gu vous les rende!
Rimes Quern., p. 15.
Linge {linrjxf), adj., léger, souple.
Des armez erent Fors de lur linges armures.
Ilist. de Guil. Le Marcelial, v. 310.
+ Liquer, + Léquer, + Licher [la lick'), v. a., lécher. Licker, lécher. Kel.
Mets tes bras à mon ces, yvrongne, Et me lègue deux feys la trongne.
L. Pet., Muse norm., p. 30.
Et la Judith Hammon, qui creit faire une belle happe, En comptant sur
Georges, n'a qu'à s' liqui la patte.
Ririi. jers., p. 48.
té qui liques la graisse du lait...
Rimes guern., p. 68.
En pat. norm. de Guernesey, on donne à la langue le nom de lichouetle :
Ecoutais les mots de ma lichouette.
MET., Diction, franco-norm., p. 309.
Liqueries. V. Licheries.
Lire {to leetvre), v. n., donner des leçons orales, faire un cours,
professer. Du lat. légère, expliquer. V. Lecteur, lecture.
Il (Rouxel de Bretheville) s'adonna au droit civil... Il alla premièrement à
Orléans et puis en l'Université de Bourges, du- rant le temps que messieurs
Duarin et Balduin y lisoient en grande et fameuse réputation.
V.\UQ. DE LA Fresn., Or. funèb. de Rouxel, p. 252.
4" Lis {lisl), S. )ii., lisière d"étoffe. Lice, qui est la pronon-
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— 609 -
dation normande du mol, se trouve avec le même sens dans Gotgrave, comme mot
français. « Des chaussons de lis » ; en anglais list-shoe. A Guernesey, l'on
dit « des sôlers de liss » (V. le diction, de M. Mélivier. p. 310), et à
Jersey « des souyers de lis drap. »
Nenn' cy, saut' vit' à haut, j' t'en prie, Li cherchi mes souyers d' lis
drap.
Ri/)iesjers,,p. 107.
List. V. Leist.
-\- Liter {lile', lutte), v. n., lutter.
L'en loe un fort homme quand il lite bien ou quand il jousle bien.
Nici Oresme, Etii., 28, dans Littré.
Liver, Liverer [lo liver*) , v. a., livrer, remettre, aban- donner. Du lat.
liberare.
Pur sun cors liver à torment.
Vie de S. Auban, v. 1218.
Cil qui por nus se sufrit pendre E as Jueus liverer e vendre...
Poés. angio-norm., donnée par M. Meyer, Romania, IV, 372.
Ne fust pas liverez li argent par cunte as charaberlains.
Z,esi?ojs, p. 423.
Entretant a li dus parlé, Tant que Héraut U a graé Ke Englelerre li liverra,
Très ke li reis Ewart morra.
Wace, Rom. de Hou, v. 10816.
-\- Livet [level), s. ???., niveau. Du lat. Iibella77i, niveau, di- minutif
de libram , balance. La forme primitive du mot était livel, qui a donné au
patois normand livet^ comme morsel, capel, etc., lui ont donné mo7'cel,
capet, Liveau, forme secondaire, est dans Gotgrave et dans Nicot, avec le
sens de niveau. Livet est usité avec ce même sens à Guernesey. V. le dict.
franco-norm. de M. Métivier au mot Livé.
Qui ne coramence sou œuvre sur affection vertueuse et ne la conduit au liveau
et sous la mesure de raison semble à celuy qui editie sur faulx fondement.
Al. Chart., l'Esp., p. 298.
Livrée [livery* 2), s. /"., livraison, remise.
Les habitans avoient fourny les vinj^l mil pains... el les viriglz muydsde
vin, mais n'avoient fourny les deux mil escuz, à cause
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— 610 —
qu'après la livrée de ce que dessus le roy (Henri III) avoit esté tué... par
un Jacobin de Paris.
Journ. d'un bourgeois de Gisors, p. 9.
Livreisun (livery' 1) (1), ration , redevance d'aliments en nature, due aux
soldats et aux chefs.
Urie s'enturnad e l'uin enveia riche livreisun de la curt à sun ostel
{Egressus est Urias de doino régis seculusque est eum cibus regius).
Les Rois, p. 155.
Ço dient li Flameng: Nus Tagraventerums, Ù raar nus durrez soldeies ne
livreisuns.
Chron. de Jord. Feint., v. 604.
-|- Lober [to lob* 3), v. a., pousser du pied, frapper avec le pied.
Mais je ne serai mie lent... De ces moines batre et lober Et de leurtolir et
rober.
Mir. deN.-D. de Rob. le Diable, p. 2.
Loc (lock), S. m., serrure, de l'angl.-sax. loc ^ fermer. D'où le fr. loquet.
As autres chaumbres out une chambre ajustée, Par où la veie esteit al
cloistre plus privée, Mes à cel ore esteit à un grant loc fermée.
5. Thom. le Mart,, p. 189.
Locuste, Langouste (locust) , s. /"., sauterelle. Du lat. lo- custam,
qui a le même sens.
Escus sui sicurae locuste.
Lib, psalm., p. 170.
Estranges ravisseurs, dont la terre est semée, comme des langoustes, qui
luers tourbes gastent les ragions.
Al. Chart., YEsp., p. 271.
Au XVIP s., langouste se disait encore pour sauterelle.
Ceint d'un cuir de brebis, ton corps pour couverture
Prend un rude poil de cha.meau, La langouste et le miel pour toute
nourriture,
Et pour tout breuvage un peu d'eau.
P, CoHN., Hijmn.^ 7.
Lode(Zflî/rfj, s. /"., louange. Du lat. laudem. V. le mot suivant.
(1) La livrée des chanoines, their liverij or eorrodij ; their stipend, ex-
hibition, daily allowance in victuals or mone/j .
CoTG., Diction.
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(delwedd C0679) (tudalen 0611)
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— 611 —
Esledece. e Iode, liabitaciun do Syoïi ; kai f^^anz el railliu de lei li
siiinz Israël.
Lib. psalni., \). 232.
Loder {lo laud), v. a., louer. De laudare. V. Lodc. Les meics lèvres loderunl
tei.
Lib. psalrn., p. 80.
Duiiz Alexis en lodet Deii del ciel.
Alex., str. 25.
Loenge {loenge'), s. /"., louange. Jo recunte tûtes tes loenges es
portes de la fille Sion.
Lcv. des Ps., IX, 11.
Li angere les cunveieiit ki haut chantent e cler « Gloire e loenges » pur
joie démener.
Vie de S. A Liban, v. 1353.
Loge [loge), s. /"., tout local où l'on réside. Dans le texte suivant,
loges signifie tentes.
Alez fumes as loges as Syriens, e n'i truvasmes aneme.
Les liais, p. 37,?.
Lombard, Lumbart {lombard', banquier), s. m., usurier, prêteur sur gages. —
Au moyen âge, le commerce de l'argent était fait, d'une manière plus ou moins
licite, en France, et ailleurs, par des gens venus de la Lombardie, lesquels
fini- rent par devenir l'objet de l'exécration publique , à raison des
exigences odieuses qu'on leur imputait. La rue des Lom- bards, à Paris,
Lombard slreet, à Londres , ont emprunté leurs noms à l'établissement qui y
fut fait du commerce de ces individus.
Sout bien que cardonal (cardinaux) sunt pernant (prenant) et
[lumbart, Coveitus sunt d'aveir [»lus que vilein d'essart.
S. Thom. le Mavt., p. 81.
Hem, pour lettrez envolera tous lesvicontez, pour prendre les
lombars, qui s'estoient mis en franchise, partout où l'on trouve-
roil, et d'apllquierlour biens au roy, elpourfere lez bannir, xv. s.
Compte de 1331, cité par M. Delislo dans les Actes
110 r m. de la Cit. des Comptes, p. 22.
-f- Long, Lunges, Longes (/o«,7) , adr. , longtemps. Du lat. longe.
-Si vus iestisplus lunges aresté, Maie chançun serrad de vus chanté,
Chron, de Jord. Faut , v. 731.
Ne pout siiffrir ne endurer K'il deùssent longes durer. '
Hist.deGuil. Le Maréchal, v. 87.
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(delwedd C0680) (tudalen 0612)
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- 612 — Je t'ai moult lonc portée (mon
épée).
Roncisvals, 23, dans Littré.
Longement. V. lungement.
-}- Longis {lungis, Sherw.), s. m., homme extrêmement lent dans tout ce qu'il
fait, lambin.
Dans les mystères de la Passion, que l'on jouait au moyen âge, Longis ou
Lungis était le nom que l'on donnait au per- sonnage représentant le soldat,
qui avait percé d'un coup de lance le flanc de Jesus-Christ, en croix.
Longis, ceste lance tenez ; En vostre main la porterez. Et ces compaignons
aiderez; Je vous en pry par amitié.
La Pass. de N.-S,-J.-C.
Par Jueus e Judas, le traître, fu (Jésus) quis, Trahis e vendus, guetez,
truvez e pris, A tort encupez, leidiz e en croiz mis, E au queur féru du
chevaler Lungis.
Vie de S. Auban, v. 155.
Loquence {loquintue, éloquent) , s. f., faconde, paroles sono- res, grands
mots. Du lat. loquenliam. Loquence est dans Cot- grave, comme mot français,
avec le sens de discours, causerie, bavardage.
En prinche loyalté, En clerc humilité, En prélat sapience, En advocat
loquence.
Adage norm., cité par M. de Beaurepaire dans l'Introduct. de la Chron . norm.
de P. Cochon, xxxiii.
Lorain {loreine')^ s. m., rêne, bride.
Mult veissiés as escuiers Palfrois mener et deffers, Seles mètre, seles
ester, Lorains terdre, lorains laver.
Wace, Rom. de Brut, v. 10619.
Enselé furent richement Et enfrené si gentement Que por M. besanz moneiez Ne
fust li lorainz achetez.
BÉN., Rom. de Troie, v. 6229.
Lorer (lorer'), s. m., laurier.
Suz un lorer ki est en mi un camp...
Chans, de RoL, p. 223.
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(delwedd C0681) (tudalen 0613)
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— 613 —
Los (lose'., loos'), s. m., réputation, renommée, mérite, hon- neur. Du lat.
laiidem. V. Alosé^ los^angier.
Consteritineiz, dist li dus, de vos est mult grant los.
Wace, Rom. de liou, v, 3997.
De li, si l'estoire ue ment, Fu Willame nez, e Gerlos, Une pucele de grant
los.
BÉN. , Cliron. de Norm., v. 4162.
+ Losangier {losenjour') (1), adj. , flatteur, flagorneur, trompeur. V. Los.
E, par lozengiers k'il créi, Richart sun frère meservi.
Wace, Rom. de Rou, v. 6129.
Ne volt pas eslre losenger, Ne vers lui faus ne mençonger.
BÉN., Chroii. de Norm., v. 2293.
+ Lou, -|- Loulou [louse), f. m., pou. Du scand. lus.
+ Loubo (looby), adj., lourdaud, niais. Le mot est usité en ce sens à
Guernesey. V. le dict. de M. Métivier. Slierwood traduit loobie par longue
échine.
Louer (loioer* ^) , s. m., récompense, salaire, prix. Luer, salaire,
rémunération. Kel. V. Luer.
Cil doint Deus tel destiné Que sa aime seit ai ciel porté, A louer I
Vie de S. Thom. de Cant., v. 1432 — var.
Li leuz li dist par mal talent Et afferma par sairement Que li sambleit, e
vertez fu, Que bon louer en avoit eu, Quant sa teste en sa gule mist, K'il ne
l'estrangla e oscit.
Marie, Fable 7.
En anc. dial. norm., on usait encore des formes luer, hiier, loer, loier :
La destre de els reamplie est de luers {repleta est muneribus).
Lib. psalm,.,^. 31.
Mais turnerent à avarice, prislrcnt liiiers ( acceperuntque munera).
(1) C'est une ancienne forme normande.
Et qui sara mentir et iert losengeors.
GuiCHARi) JJE Beauliuv, Serm un, ]>. 15.
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(delwedd C0682) (tudalen 0614)
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— 614 —
Jà por loer ne deveast Du jugement que il jugast.
GuiLL. DE S. Pair, l'.om. du Mont S. Mich., v. 12G1.
Ainsi poie Dieu ses traistes; ce fut son loier.
P. Co( iiON. Cliron. norni., p. 12, éd. de Beauiep.
+ Loure Uo loiv, meugler, gémir), s. /"., cornemuse.
Il avoit fait crier, à son de loure, que lous les pauvres belis- tres eussent
à venir prendre une quarrelure de ventre.
Nouv. J'abr. desexi-tl. (r. île ver., p. 135.
Si qu'il fasse, crrossir d'une puissante haleine Le ventre de sa loure.
J. ViTEL, La Pririse du Mont S. Hlivh., p. 48.
-[- Lousser (<o loose, s'affranchir de toute contrainte; lo loose.,
lâcher. Sherw.), v. n., vesser. Le pat. norm. a aussi le subst. lousse,
vesse.
Loyal flûi/al), adj., attaché au souverain, fidèle; littéra- lement soumis à
la loi. Du lat. legalem. V. Loyaultc.
Tous ceulz qui sont resseantz (résidants) en duché deNorraen- dif doibvent
faire feaulté au duc et la garder, et pour ce doib- vent estre loyaulx vers
luy en toutes choses.
Ane. Coût, (/e Norm., ch. xiv.
Loyaulté (loyally), s. f., attachement au souverain, fidélité. V. Loyal.
Le duc'(de Norinandif^) doit avoir l'aliance. et la loyaTilté de tous sf's
hommes, de toute la contrée ; parquoy ilz sont teniiz à lui doiinfr conseil
et ayde de leur propre corps, contre toutes personnes.
Atic. CouC. de .\orm.., ch. xui.
Tous ses subjectz luy doibvent garder (au duc de Normandie) foy et loyaulté.
Le Rouillé, Gr. Coût, de A^orni., i° xxxv r".
Lozengier. V. Losangier.
Luer {loiver' fi, récompense, salaire), v. a., rémunérer, récompenser, payer.
Du lat. hiere , payer, acquitter. Nous venons de voir le même mot, sous la
forme louer, employé comme substantif, avec le sens de récompen.se. V. Louer.
Bien en purrat luer ses soldi ts.
Chuns. dé Roi., p. 5.
Luiserne (hicern), a. /'.. lumière, éclat. Du lat. lucernam, lampe.
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(delwedd C0683) (tudalen 0615)
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— 615 —
Lnveie la tue luisenie e la tue vei tet.
Lir. des Ps., XLII, 3.
Là sus amunt pargetent tel luiserne.
Clians. de RoL, p. 221.
D'où le verbe hiiserner, luisarner, briller, éclairer : Luiserne à mes piez
la lue parole.
Lib. psalin., p. 191.
Soleil qui liiisarne au matin, femme qui parle latin et cnfanl nourri de vin
ne viennent à bonne fi:i.
MoiSANT DE BruEUx, Ori(j. de (juvlij. eouC, ane., I, 77.
Lumbard. V. Lombard.
1. Lumbris (lumb)-ic), s. m., lombric, espèce de ver. Du lat, lumbricum, ver
de terre.
En enfer met les aimes et les cors fait mendis ; La char quant ele muert fait
mangier as lumbris.
GuiciiARD i>E Beaulieu, Scrmuii, p. 11.
i2. Lumbriz (lumbar), s. m. pL, lombes, région de l'abdo- men sur les côtés
de l'ombilic. Du lat. lumbos.
Tu posas liisiiur à noz lumbriz.
Lio. des Ps., LXV, 9.
Luminarie {luminary), s. m., lumière, flambeau. Du lat. lurniuMvia, astres.
Chi fist granz liimiriaries.
Lib, psalin., p. 211.
Pur David que de sun lignage luise clarted e luminarie en Israël.
Les Bois, p. 280.
Lundreis (londreis') , s. m. pi , Londoniens, habitants de Londres.
Ne place Damne Deu, ki furmad terrée mer, Ke nul peusl les Lundreis traîtres
apeler.
Cliron. dejord. Faut., v. 1937.
bi Lundreis funtjoio de la venue lur seignur.
Ib., V. 1913.
Lungeraent, Long'ement {lon(jly. Sherw.), adv.., pendant un long temps.
Si lungement tuz tens m'avez servit.
C lians. de Roi., p. 156.
Une plaie ai mult grande que Je vos mostrerai ; Longement l'ai celée, ur la
dehcoviirai.
GuiciiAKi) iiE Beal'i.ieu, Seniiun, \>. '2(J.
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(delwedd C0684) (tudalen 0616)
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— 616 —
Lunges. V. Long.
Lungis. V. Longis.
-j- Luquer (to lucke*), v. a., reluquer.
Anne, Anne, qui fail apos
De ne point luqué ma Toinette.
L. Pét., Muse norm.,ç. 16.
"J- Luquerne (lucayne'), s. /"., lucarne.
Pour appareillier les heusers d'une luquerne, qui est chiés Pierre de Vivers.
Compte de 1348, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 367.
Dans un autre texte, aussi du XIV s., on trouve la forme luquenne qui
correspond, au moins pour l'oreille, à celle du vieil anglais lucayne.
A la lueur de la lune, qui entroit en sa maison par une lu- quenne.
Duc, Luvanar.
Lus (luce)^ S. m., brochet. Du lat. lucium.
Et est à savoir que... se l'en pesche lus, saumont, lamproie qui vaille v. s.
et se il vault plus, monss. l'abbé et le couvent de S. Ouen de Rouen y ont la
moictié.
Liv . des Jur. de S. Ouen de Rouen, i' 1^8.
Luxurie {luxurlc. Sherw.), s. f., luxure. Du lat. luxurmm.
Sunt si en luxurie esboillant Si volentif e si ardant Que à tuz sunt les
femmes unes Abandonées e communes.
BÉN-., Cllron. de Norm., v. 515, p. 20.
M. '
Mader (mader ivorl'), s. m., armoise, plante appelée aussi herbe S. Jean.
Pur gutefestre (fistule), pernez warence, .i, mader (un pied d'armoise) e le
couperun de ruge cholet... si ferez ben boillir... Pet. traité de méd, du XIV
s., publié par M. Boucherie, p. 9.
-\- Ma fei ! (ma feie*), loc. aff. ou nêg., ma foi ! V. Fei, par ma fei.
Se n'euil, ma fey ! supe l'alaine Comme un brouctié la bechon.
L. Pet., Muse norm., p. 17.
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(delwedd C0685) (tudalen 0617)
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— 617 —
Ma fé I ben sûr anien.
Si je n' nos trompons ben
Un jour de tout' biauté j'avons!
lU'/ncsjers., p. 152.
-j- Magot {m.a(j(jol , larve ; maggoUe , « \er de chair. » Paisg.), s. m.,
petit ver, ver blanc.
I suffit qu' les magots l'mordent (Cli'est la paîle qu'abuse le sassepen) A
tout pécheur miséricorde ! Amen ! amen ! amen ! amen !
Rimes gucrn-, p. 6.
Mahaingner, Mahainner. V. Mèhainer.
Maienettet [vieannesse. Col.) (1), s. /"., milieu. V. Meien.
Je dis eu la maienetet (m merf/o) de mes jurz : je irrai as portes d'enfern.
Cant, d'Ezt'uldel, verset 1, dans le Liv. des Ps., p. 264.
+ Maignie , Mainie , Meisnie , mesgnie (meiny; meinie. Sherw. ; meni/),
.>.'./"., la famille, les serviteurs, les gens de la maison, la
réunion des personnes qui y demeurent. Les formes maigniev, mesgnie se
rattachent à meigner, maigner, demeurer (2) ; quant à celles mainie, meisnie,
elles se relient à mainer, meiner, qui se sont dits aussi pour demeurer (V.
Meiner); toutes dérivées du lat. manere. — Mainy , magnie, maisnée, mesnie,
niesnée, meine, famille. Kel.
Sire, turne ceste venjance sur mei e encunlre le lignage de la maignie mun
père.
Les Rois, p. 218.
Od grant mainie (suite) vint à Dreus.
Wace, liom. de Rou, v. 8447.
Si come li apostre, quant il virent saisir I,a meisnie Pilate Jhesu.
5. Thom. le M art., p. 188.
Perdrons-nous, pour femme et mesgnie. De boire à lirelarigol ?
.T. Le IIoux, Clians. du Vna-de-Vire, p. 34.
V'ià qu'i baille à sa mêgnie. Au dimanche, aurun d'caffi,
(1) Mnyennoté est le mot, alors français, auquel Colgrave donne pour
équivalent en anglais meannesse. Or, moyennelc indique l'état moyen, ce qui
est au milieu.
(2) Dient alquanz (jue diables i meignent.
Chans. de Roi., p. 85.
Tous ceuls qui maignent en fleu as Feivres, deivent...
Liv, des Jur. de S. Oaen de Rouen, fo xvj.
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(delwedd C0686) (tudalen 0618)
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— 618 —
Une bouiture de faives graillies, Pour les mettre en appétit.
Bim.es guern,, p. 36.
Le patois normand a conservé deux autres vieux mots de la même famille, le
mol maigniers, enfants, ei le mot mesnil (l'on prononce mè-ni), servant à
désigner, soit un hameau dans le voisinage d'une ville ou d'un bourg et qui
en forme une dépendance, soit une maison de campagne avec les terres qui s'y
rattachent, comme annexes ; en anc. dial. norm. , maisnil, maisni. V. ce que
nous avons dit à ce sujet dans nos Éludes d'onomalologie normande, p. 322.
+ Maigresse (//;e«^re«ess), .s. /"., maigreur. Maigresse est, aussi avec
le même sens, comme mot français, dans Pals- grave {Grainni., p. 238).
Mail (mair 1), s. m., marteau, masse de fer.
De mailz uni dépecé lur deus;
Vie de S. Au.ban,\, 1792.
Malle. V. Melle.
Mailler {lo mail), v. a., frapper d'un maillet ou d'une massue. V. M aller.
Hector i fiert, Hector i maille, Hector tresperce ta bataille.
Bén., Rom. de Troie, v. 10589.
-|- Maillot hnaliole)., s. m., maillet à long manche.
Un maillot de boys, duquel l'en estoque Ips terres.
Let, de liém. de 1416, Duc,, Extocarc.
Les factieux qui, sous Charles VI , furent désignés sous le nom de
Maillolins, durent ce nom à l'habitude qu'ils avaient de se réunir armés de
maillots.
Maindre. V. Meiner 1.
Maine [main), adj., grand , du lat. magnum. Le mot, avec cette acception, se
rencontre dans le nom composé Charle- maine., Carlemaines. V. Permaine.
Messe chante miilt à leisir ; Charleraaine le vait oïr.
Vie do S. Gile, v. 3201.
Sire, dist Carleiiiainea, ersair nus herbergastes.
Poème de Cliarlemaijnc, p. 27.
Le même vocable se rencontre aussi comme surnom du père de Hugues Capet. Le
comte de Paris, duc de France,
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(delwedd C0687) (tudalen 0619)
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- 619 -
Hugues le Grand , est désigné par Benoit sous le nom de Hue le Maine.
Pur aveir pris traist mainle paine, Apelez fu lluc le Maine.
C/u'on. (le iVoriii,, v. 7G30.
1. Mainer, Mener {to mené' 2), v. «,, exprimer, manifester, marquer,
indiquer. Du lat. //;rt?!are, se répandre, V. DehieneVi.
r.uiigcment se sunt entre auié, Tant que coo vint à un esté. Que bois e prés
sunt reverdi E li vergierierent'fluri. Cil oiselrz par grant diiçtir,
Mairieut lui- joie ensum la flur. Ki amer ad suii talent N'est inerveilk'
s'il i entent.
Marie, Laic.-<(ic.,v. 57.
A la chambre m'araye Les oysi'illons y crient Et l'allouelte et la maulvis Et
le doulx'roussignol jollis, Qui chante et maine joye.
C/ià.iis. non», du XV S- Reo. G;U'tc, p. 85.
Nuls hom ne vos set reconter La graiit dolor qu'il a menée.
BiÎN., Chro/i. 'le .\or/ii., v. 51G8
Ne deust itel duel ne fere ne menfir.
5. Thoin. la Mart., v. 1/5.
"2. Mainer (rester). Y. Meiner 4.
Mainie. V. Maignie.
Mainpernor, Mainpernable. V. Pcntant.
Maintenance, Maintenant, Meintenement {maintenance, niainlaininr/. Slierw.),
s. m., soutien, subsistance, moyen de vivre. V. les deux mots suivants.
Kar si en cest pais surt guerre Mesler avra lur maintenance.
Viole S. Gile, v. 257G.
.Ma Ilerloin querre maintenante secors.
W.\CE, Rom. de Roa, v. 2565.
Pur force e pur meintenement La dame en voil fere présent.
Marie, Milan, v. 188.
Maintenance et mamitenliun , deux mots congénères, ont été synonymes dans
l'ancienne langue.
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(delwedd C0688) (tudalen 0620)
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— 620 —
Sera supliée vosire Majesté de se vouloir resouvenir des ser- vices que luy a
fait sa Noblesse de Normandie... qui n'a espargné ny sa vie ny ses biens pour
l'establissement et manutention de ceste couronne.
Corivent. des Trois États de Norm. de 1595, p. 70.
Maintenere {maintainer, Cotg.), s. m. , protecteur , soutien. V. Maintencnce,
maintenir.
De terre fu bons maintenere, Bons chevaHer, large donere.
Wace, Rom. de Brut, v. 3875.
Maintenir {lo maintain\ lo mayntayne., Palsg.), v. a., pro- téger, défendre,
conduire, guider. V. les deux mots qui pré- cèdent.
Li pères mainteismes, e li filz maintenon.
Wace, Wom. de Rou, v. 2781.
Desuz une entive cité,
Kl ciés esteil de cel régné,
Li sires, ki la mainteneit,
-Mult fu velz hum, e femme aveit.
Marie, Gurjemer, v. 209.
Le verbe apocope se rencontre aussi en ancien dialecte nor- mand.
E pur ço vus envei-un mun clerc mult privé Johan d'Oxeneford, cui jo ai
comraendé K'il vus maint el pais.
5. Thom. le Mart.,^. 160.
Cette forme existe, de même, dans le vieil angl. to mainte\
Maire {mair*, meyre), adj. , plus grand. Du lat. majorem. V. Major
Pur ceo te mande e fait saveir Que or a besoig e estoveir Si grant qu'il ne
poeit aver maire Ne plus ennui, ne plus contraire.
BÉN., Chron. de Norm., v. 4279,
Coslan l'aisné, qui esteit maire, N'oseient de l'habit retraire.
Wace, Hon. de Brut, v. 6629.
Maisnie. V. Mai(jnie.
Maison-Dieu (Maïson-Z)ei(;e*), s. m., Hôtel-Dieu, hôpital (1).
(1) L'on donnait pareillement le nom de maison de ville à l'édifice qui porte
aujourd'hui celui d'hôtel-de-ville .
11 n'y a plus que trois ou quatre petites maisons, restant à la sortie de la
maison de ville.
Hist. de VAbbat/e S. Mirh. du Tri^port, p. 25.
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— 621 —
Et sera la présenfe ordonnance enregistrée an matrologe de la dite ville (de
Caen) et (à) celui de la Maison-Dieu et es registres du trésor de chacune
parroisse.
De Bkas. liec/i, et anC. <lc la ville de Caen, p. 135.
Acte de 152;^ portant establissement d'un homme pour soy te- nir à riiospital
et Maison Dieu, affin de loger en icelluy les bourgeois cstans niallades.
Arch. de la ville de Honjieuv, p. 47.
Maistre. V. Maître.
1. Maistrie, Mestrie {maislrie, ch.; maisterie) , s. f. , maî- trise, direction,
domination, suprématie, autorité du maître. Maislrie., pouvoir. Kel.
Ceste (cité) porte la seignorie K l'excellence e la maistrie ; Trestotes les
citez veisines Esteient à cestui enclines.
Bén., Citron, de Norm., v. 15130.
Desoz Bier prist la mestrie, Des mesnies et du navie.
Wace, Boni, de Rou, v. 236.
2. Maistrie (maistrie, ch. ; maisterie'), s. /"., dextérité , adresse,
savoir-faire.
N'esteit engin, sen ne maistrie, Afaitement e corteisie Que cist ne li seust
mostrer E aprendre e endoctriner.
Bén., Chron. de Norm., v. 12727.
C'est une des acceptions, en anglais, de mastership et 7nas- tery, et
qu'avait, en ancien français, maitrise : « Il y a eu de la maistrise à faire
cela (That matter hath been cunningly or workmanly handled) ». Cotg. Dict.
-{- Maître {maister*, master], adj., principal, dominant. Cet adj., lorsqu'on
parle de certaines choses, comparées à d'autres de même espèce, sert, en
patois normand, à indiquer leur qualité supérieure. Ainsi, l'on appelle
maître cidre, le cidre fabriqué sans eau ; maître foin, le foin de la
première récolte, etc.
Dans la vieille langue, le même adjectif était souvent ajouté à divers
substantifs pour désigner la chose dominant parmi d'autres semblables. En v.
fr., par exemple, maistre cité, comme maister toun, en v. angl., servait à
désigner une mé- tropole, c'est-à-dire la ville principale d'une province,
d'une région.
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(delwedd C0690) (tudalen 0622)
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— 622 - Sulunc le numbre dt^s maistres
citez de caste terre.
Les Rois, p. 20.
Ces locutions abondent en anc. dial. norm.
Einz que jo vienge as maistres porz de Sizer.
Chans, rie liol., p, 245.
Jusqu'à la mestre forterece.
BÉN., Rom. de Troie, v. 4194.
Icist partout la maistre enseigue,
Id., Chroii. de Norm., v. 3468.
Major [major], adj. comp., plus grand. C'est le mot latin francisé. V. Maire.
Rous a tuz ses barons mandez, Tuz ses princes, tuz les majors E de ses genz
tuz les meillors.
BÉN., Chron. de Norm., v, 1455.
Quant Talme part del cors dunt i a grant poor Mais al jor del juise
(jugement) porunt aveir major.
Guir!i.\RD DE BbAULiEU, Scrmuti, p. 18.
Mal (maie), adj., méchant, pervers, mauvais.
Depaitid a les 1 on.- des mais.
Les Rois, p. 207.
Hé Dex ! corne mal' paiz ço out corte durée !
Wace, nom. de Hou, v, 2708.
+ Malart (ma//«?Y/ ,■ malarde; Palsg.), s. m., canard do- mestique
mâle.
Auprès d' mé j' vais sourdre l'aloUette, L' malart échardant sa pirette.
Rimes guern., p. 165.
Malcontent {malcontent), adj., mécontent.
Aucuns protestants et catholiques mal contents, s'esleverent avecques port
d'armes, sans qu'on en eust peu prévoir ni enten- dre l'occasion.
, DE Bras, Recli. et anliij, de la ville de Caen, p. 195.
Mal comptent du roy par ce qu'il n'avoit pas assez grande pension.
Chron. du Mont S. Mich., p. li^.
Malcontentement {nialcontentedness)., s. ta., méconten- tement, V, le mot qui
précède.
Ce qui causa une jalousie et raalcontentement à l'endroit des princes du nom
de Bourbon.
De Br.AS, loc. cit., p 164.
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(delwedd C0691) (tudalen 0623)
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— 623 —
Eudit an 1404, il enl ung pou de conindicion et malconten- teraent entre le
roy l-onys (XI) et le duc de Bourgoigne.
C/iron. ((a Mont, S. Michel, p. 08.
Maldit. V. le mot suivant.
Maledeit, Maldit {maledict'), ndj., maudit. De malediclum. Maledeit chi
déclinent de tes comandemenz !
Lib. psnlm., p. 184.
Maldite seit teus nurrelure !
Marie, Fable 80.
Malefaçon, Malfaçon {maie fac lion), .«./'., méfait, action cri- minelle.
Lui reprouchant et disant que plnseurs malefaçoiis il avoit faites en la
liaye (forêt) de S.iint-Sauu, dont il avoit esté garde. Rôle lie 1335, cité
par M. Delisle, dans les Actes norni. de la Cil. des Comptes, p. 136.
Auquel cas le plaintif, avec la probation des malfaçons dont il est plaintif,
est subject de prouver par enqueste qu'il crya haro.
Ord. du Pari, de Norin, île 1515,
Malegranate (pomeg7'anale), s. f., grenadier, arbre. Dérive de maluin
granalnm., dénomination de cet arbre donnée par S. Jérôme. Le mot normand se
rattache h malus, pommier, et le mot anglais à pomus, arbre fruitier ; l'un
et l'autre se com- plètent par l'addition de l'adj. granalus, abondant en
grains.
■lut sus une malcgranate ki esteit en un champ.
Les Rois, p. 15.
Maleïçun {malison'), s. /"., malédiction. Du lat. maledic- lionem.
De maleïçun sa huche est pleine.
Liv. desPs., IX, 27.
Quant les cors et les aimes ensemble revendrunt Dunt creistra lor dolor, lor
peines doblerunt, La mail ïçun Deu iloques murunt.
GuiCHARD DE Beaulieu, Sermuti, p. 13.
Maleuré {maletu-yd' ; à Malary), adj., infortuné. Dérive de wrt/ et
/((?»/•«', part. pas. de heurer, pourvoir d'une chance quel- conque. Ce verbe
n'avait une acception déhnie que par l'ad- dition de l'un des adv. bien, mal,
ou de tout autre équivalent. Dans le cas pré.sent, nous le trouvons employé
dans un sens péjoratif, d'autres fois, il était usité en une acception
opposée (1).
(1) Bien heurée prospérité.
Moi. INET, p. 191, dans Lacurne,
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(delwedd C0692) (tudalen 0624)
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— 624 -
Le sjibst. heur, lui-même, qui se dit aujourd'hui pour bonne fortune,
signifiait anciennement chance quelconque, heureuse ou malheureuse, comme le
prouvent bon-heur, mal-heur. V. Malhur.
Pourquoi sui si maleurée ?
Wace, La Concept, N. D., p. 241.
Or, viea avant, maleuré.
L' Advocacie N. D., p. 13.
Malevoillance [malevolence), s. /",, malveillance, haine, ja- lou.sie.
Du lat. malevolentiam.
Qu'en nostre genz n'ait mesestance Ire coruz ne malevoillance.
BÉN., C/iron. de Nonn., v. 1459, p. 54.
L'on trouve aussi dans la Chron. de Benoit (v. 6181) bone vaillance dit pour
bienveillance.
Malfaçon, V. Maie façon.
-\- Malfaicteur {malefactor), s. m., malfaiteur.
Tous malfaicteurs se mettent en servaige.
P. Grinc, 1,37.
Baillé à Sandrin le Monnier, lieutenant du vicomte, pour don- ner un
mandement d'emprisonnement contre le dit malfaicteur, 2 s. 6 d.
Compte de 1466, cité par M. Pluquet, dans son Ess. hist. sur Bar/eux, p. 201.
-f- Malhur {raalure*), s. m., malheur.
Malignant [malignanl), adj., méchant, malfaisant. Du lat. malignantem. V. les
deux mots suivants.
Je haï l'église des malignanz.
Lib, psalm., p. 31.
Maligne (malign)^ adj. ?»., malfaisant, malin, nuisible. Du lat. lûalifjnum.
Y. Bénigne., malignant, malii/ner.
Raensis David tun serf de maligne glaive.
Lib. psalm,, p. 223.
Li malignes esperiz le rei Saiil plusurs feiz assaillid.
Les nais, p. 61.
Maligner (lo malign), v. n., nuire, agir méchamment. Du lat. malignari,
maltraiter. V. les deux mots qui précèdent.
Es miens profilu4es ne voilez maligner.
Lib. psalm., p. 155.
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(delwedd C0693) (tudalen 0625)
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- G2o —
Maller (lo inall, SherwJ, v. a., maltraiter, frapper. V. Mailler.
Bon sunt mallez par jugement des altres.
Chans.de Roi., p. 322.
Maltalent. V. Maniaient.
Maltraitement (mallrealmenl) , s. m., mauvais traitement.
Je luy renvoyois sans maltrailenient fous mes prisonniers.
Joarn. de J. Doublet, ji. 102.
Man (man), s. m., homme. Mot d'origine germanique,
Jiistez etisehle norlli e man E ensemle ditez Northman , Ce est hum du North
en romanz.
Wace, lio/n. de Rou, v. 5225.
... Normant, homes du nort, Qui si les nome ne fait nul tort.
BÉN., Cliroii. de Norm., v. G69, p. 25.
Nous avons trouvé le même radical dans berman., portefaix, et eslerman,
pilote (V. ces mots). Nous le rencontrons encore dans bruman., mot que
Gotgrave signale comme étant nor- mand, lequel était en effet usité en ancien
dialecte et qui subsiste en patois normand, où il se dit pour mari de la bru;
de Tallem. brîU, fiancée, et de notre mot man.
11 esloit brumen de la lille de mons'" de la Heuse.
P. Cochon, Cliron. norm., p. 322, éd. de Beaurep.
Les tjirchons assistent le brumen.
1). Feu., Musc norm., p. 425.
Le mot est d'ailleurs entré assez couvent dans la formation de quelques
autres, aussi bien en français qu'en anglais.
Maaace (manace"), s. /"., menace. V. Manacer.
Co sel hom ben, n'ai cure de manace.
Chuns. de Roi., p. 25.
Cil furent forment desgarni E des manaces esbahi.
Wace, Rom. de Rou, v. 9505.
Manacer (lo manace"), v. a., menacer. Maneceant (1), ma- nassable.,
menaçant. Kel. V. Manace.
(1) I.a substitution de l'e à Va, dans la seconde syllabe de ce mot, donne
aussi une ancienne forme normande :
E dan Robert de Vaus durement raaneçant.
Chron. deJord. Faut., v. 1572,
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(delwedd C0694) (tudalen 0626)
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— 626 —
En pardurableted me manacerad.
Lib. psalm., p. 149.
Li rois mult le nianace, malt li fet laide cliiere.
Wace, Rom. de Hou, v. 925.
Manaie (rnanagé), s. /"., direction, gouvernement, puissance. De Vi
voyelle, l'anglais a fait un i consonne, équivalent à^ ou g. V. le mot
suivant et Mesnage i .
Mielz est que jo me mette en la manaie e as mains nostre sei^uur... que en la
manaie des humes.
Les Rois, p. 217.
Mult humblement merci querra, En sa manaie se metra.
Wace, Eom, de non, v. 6170.
Manaier {to manage), v. a., ménager. V. le mot précédent.
Dune point li sire de la Haie Nus nVsparne ne ne manaie.
W.\CE, Rom. de Rou, v. 13701.
Mais tant ne quant ne s'i mannit-nt.
BÉN., Chron. de Norm., v. 16351.
Manaier se rattache à main et signifie littéralement tenir en sa main, en sa
puissance ; d'oî^i le sens de diriger, gouverner. Telle est Tune des
acceptions du verbe anglais lo manage et de son radical normand manaier.
C'est aussi l'une de celles du français wm?H'e/-, dans l'ancienne langue :
Dictes nous dont ce dueil procède, Qui si asprement vous manie (domine).
Le Mist. de la Concejit., dans La Concrpt. N.-D. de Wace, p. 151.
Aujourd'hui encore manier est quelquefois employé en ce sens ; quand on dit,
par exemple, que le peuple ne se manie pas facilement.
Ajoutons enfin que le subst. manaie (duquel procède immé- diatement manaier),
dans la première des citations faites sous ce mot, se trouve être précisément
la traduction du lat. ma- nus, employé dans le texte suivant : a Melius est
ut incidam in manus Domini quam in manus hominum. »
Manantie, Manauntie (manaun(ie'), s. /"., richesse, moyens d'existence.
Sont mu!t tost coru as n.ivires, Tor avoir les grans raananties.
Wace, Ram. de Brut, v. 1333,
Nul n'a el siècle manantie, Fois cl! qui moine liomste vie,
DÈ.N., Chro/i. de Norm., v. 12083.
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(delwedd C0695) (tudalen 0627)
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- 627 —
Manaunlie est la vraie forme anglo-normande.
Eiiisi li crut adès honiirsot manaiintie.
s . Tlioni. le M art., p. 11.
Mananlie dérive de mananl , adfoclif ayant, entre autres acceptions, celle de
riche ; du lat. manenlein, qui a un domicile fixe, c'est-à-dire qui possède
là où il réside, sans être oblige d'aller les chercher ailleurs, les moyens
de vivre dans l'ai- sance.
Mult (Sleil riches et manauz.
Les Rois, p. 195.
Uns païsans, QiU d'ciifanz ert aestz manatis.
GuiLL. DE s. l'AIR, Roni. du Mont s. .Uic/i,, v. 265.
Manbote {man-ho(e), s. f., compensation pour le meurtre d'un vassal.
Si humo occit allre... dura de sa munhole al signer, pur le franc home x.
so!z.
Lois (le Guil., 8,
Manc (mankil'), s. ?»., manchot.
Nuls hom ne vril par la cité Ne vcie u marie u avoglé.
Vie de S. Gile, v. 4,)7.
-\- Manchette (manchet, miche, petit pain blancj, .s-. /"., pain à
croûte dure, inégale, fait en forme de couronne. V. Nou- rvllc.
Manecier (manest*, menacé^, v. a., menacer. En wallon, manesi.
Là n'aveit mot del manceior, Ne di'l parler, ne del tenticr.
llist. de Guil. Le Mareehal, v. 319.
-\- Maneir (mancr''), s. jn., manoir, ancienne résidence seigneuriale, à la
campagne, moins importante que le châ- teau et généralement entourée de
larges fossés , appelés douves ou molles.
Villes essillent et maners, Mesons ardent, prennent avers.
Wace, Rom. de Hou, dans Lacurne.
Touz les autres borJiers deivent meiner les nins au maneir de Periers.
Lia, des Jur. de S, Ouen de Rouen, i° 15 ro.
Maneir, du lat. manere , s'est dit pour demeurer en ancien dialecte norm. Le
mot qui nous occupe est l'infinitif de ce verbe, employé substantivement.
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(delwedd C0696) (tudalen 0628)
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— 628 — En h cité Jade maneit.
Wace, La Cnn^:cpt. N. D,, p. 42.
E cil qui pros du mont esteicnt E as viles d'entur maneieiit,..
Marie, Fable 94.
Maner. V. Maneir.
Manere (manner), s. /"., manière, genre, façon, habitude.
N'aveit femme de sa manere, Si chaste ne si almonere.
Vie de S. Gile, v. 29.
Des oiseux (oiseaux) volt aprendre les £;ez et la manere.
s. Thorn. le Mart., p. 8,
Mangunel (maiifjoneV), s. m. , mangonneau, machine de guerre servant à lancer
des pierres et des dards. Du bas-!at, mangnman, de [AaYyâvov, artifice,
machine de guerre.
Ne lur pot aveir niestier mangunel ne periere.
Chro/i. de Jord. Fant., v. 197.
Il a fet un fort clias^el ;
Ne creiiit mangunel ne perrieres.
Wace, llom. de Rou, v. 6G25.
Manicles (taanides^ Cotg. ; manaclcs)^ s. f. pi. , menottes, fers que Ton met
au poignet des prisonniers. Du lat. mani- ctdas^ diminutif de r/uinicns, de
manus.
Prisun ad obscure, pur sale e pur scier Manicles e buics, en iiu de buus d'or
cler.
Vie de S. Auhan, v. 679.
En toy se assurent ceux que; les ceps et les manicles tiennent esliennez es
ténèbres des prisons.
Al. CiiAnx,, YEsp., p. 331.
Manier (manned'). adj.^ s'altachant à, habitué à.
Chevaliers i u bons et maniers à joster.
^V'ACE, Rom. de Rou, v. 4119.
-|- Manifacture (m an i facture, Sher\v.J,s. /"., manufacture. Dans le
diction, de Nicol et de Cotgrave, mani facture et manufacture sont donnés
comme synonymes. En bas-lat. mani/acturare (V. Duc, à ce mot); en ital.
manifatturare. Par un écart semblable de l'étymologie, on dit en français
mani- forme, manihwe, manivelle.
-\- Manjure (mange, galej , s. f. ^ démangeaison. En pat. norm. de Guernesey,
l'on dit manjue (V. le Dict. de M. j\lé- tivier). Manrjeson est dans
Cotgrave, comme mot français, avec le sens de démangeaison, gale.
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(delwedd C0697) (tudalen 0629)
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1
11 me mangent (il me cuit, il me démange).
l'ALSG., Gramm,, p. 722.
Mansiun , Mansion (mnnsion), s. /"., maison, résidence, demeure. Du lat.
uinnsiunein, do manere.
Chascuns de vus rcturnt à sun recet e à sa mansiun.
Les lîois. p. 284,
Puis allons querre mansions Pour aliènes l'egions,
Waciî, nom. de Brut, v. 52o.
Mantel (manlel), s. ni., manteau. Du lat. manlelluin, voile.
Afublcz ert d'un mautel sabelin.
Chans. de Bol., p. 39.
Le manlel el les dras tresk'al quir encisa.
S. Thom. le Mart., p. 194.
Maquerel (mnckerel), s. m., maquereau.
Pour poisson sale on Engleterre, viii d., et as sergans x d., de l'un et de
l'autre, c'est à savoir du maquerel et du congre... Coa^t. de la Vie. de
l'Eaice de Rouen, art. ix.
Mar {lu inar. troubler; to marre, perdre, ruiner, Slierw.), adj., troublé,
inquiet, malbeureux, désolé, marri (1).
Tant mar fud vostre grant bunlé.
Vie de S. Gile, v. 7"27.
Pur lui estait triste e dolente, Et puis dist : Mar fu sa juvente.
Marie, Gugeiner, v. 293.
Mar se rencontre très souvent encore, employé adverbia- lement, au sens de
malheureusement, à tort.
Cum en Esprdgne mare venis, seigiuir!
Chans. de Roi., p. 212.
Jà mar en auras esjieranco.
Bén., Cliron. de Norni.. v. 21105.
Un trouve de uiè^ne, en dialecte normand , dans un sens opposé, l'adv. hor.
(1) Marri esl le pai-l. pas. de nutrrir, verbe depuis longtemps sorli de la
hiiigue, el que représente, par apocope, l'angl. to mar. Ce verbe se
rencontre en dial. norm. avec le sons do fâcher, brouiller.
I'! si lur fairiios à s.'ivcir (i)uol uiguil fu à cnvair, A faire loi conir'
eus marrir.
BÉiN'., Citron, de Aonn., v. 8397.
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(delwedd C0698) (tudalen 0630)
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— 6^0 —
B.iruns, esveilliez-vus. Bor vus fud ameitié. Tele chuse ai oïe dunt jo vus
frai liailié.
Chron. de Jord. Fant., v. 2018.
Du rapprochement de ces deux vocables est née la conjec- ture qu'ils
pourraient bien avoir été formés, par contraction, Fun de mala hoi^a, et
l'autre de bona hora.
En ce qui touche Tadv. mar, Diez justifie cette dérivation, en citant le
texte que voici : « Tarn mala hora te viderunt oculi mei » (Gesta reg. Franc
)t qu'il met en regard de celui- ci : « Tant mar vus vi » [Vie de S. Auhan,
v. dSOS).
Selon Littré, cet adverbe doit être, soit d'origine germ., en goth. marzjian,
et en anc. haut allem. marrjan, empêcher, rendre vain, soit d'origine celt.,
en basbret. mâr, difficulté.
De mar est venu maremenl^ trouble, douleur , désolation.
Ses guainemenz de dol e de maieiiu'nt dossirad.
Les Rois, p. 424.
A Lcum fu li roiz, ki out grant marremcnt.
Wace, Rom. de Roa, v. 3203.
Marchaandie, Marchandie (marchandije), s. Z'., marchandise.
Veient qu'i po l venir navie A [101 z e giaul marcbaandi'^.
BÉN., Chron de Nurni-, v. 3MI.
E venent od lur marclnndie E poilenl pailles de Hussie.
fie de S. Gile.v, 847.
Marchandise {marchandise), s. /"., commerce, négoce, trafic, marché.
L'on trouve, dans le diction, anglo-franc, de Sher- wood, lo exercise
marchandise, interprété par trafiquer.
De ceuh qui oultre mer ou on aullre peleritinge ou eu loing- laine
marchandise soûl allez, doibt l'en sçivoir que, dcilenz l'an et le jour de
leur revenue, ilz auront u recongnoissanl de ia sai- sine que ilz avoient en
l'an et jour, que ilz partirent du pays.
Ane, CouC. de Norni., cli. xciv.
l'npon recite (cite) un detteur pour marchandise de pdn, prinse à croc.nce
(crédit), avoir esté reci-u es lettres de rcspit.
TeuiîIEN', Cornin. du dr. norni., p. 45'i.
Marchir (lo mardi'), v. n., être avoisinant, confiner. Dérive de marche,
frontière.
Manda Robert li conte d'Où Ki marchist à cels de Vimou.
Wace, nom. de Rou, v. 11122.
Baissié, sozmis out si Galeis, Qui haÏQOs suut vers Engleis,
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(delwedd C0699) (tudalen 0631)
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— G31 —
Qui si les tint en granz dcstrece?, Que par tôt tirent forteleces Si home qui
od eus marchireut.
hi-.y., C/iron. ((a JVorrn., v. 12005.
Le litre de noblesse tnarrjtiis vient de là ; ce titre était donné
primitivement aux seigneurs, préposés par le souve- rain à la garde des
marches ou des frontièr<.'s de l'Etat,
-f- Margot {magol-pie ou par contraction 7/iagpie), s, /"., pie
apprivoisée. C'est un diminutif du nom Marguerite. On ap- pelle aussi de ce
nom une femme bavarde, quelquefois en,*ore une femme de mauvaise vie.
Margot, dans La Fontaine^ est l'appellation sous laquelle il désigne parfois
la pie à l'état sauvage (Fables, Xll, H).
Marine, V. Mnrrine.
Mariole {Mariole*, petite Marie), s. /",, petite image de la vierge
Marie. — Mariole, image de la Vierge, Kel.
Devant ne sai quel Mariole, Qui un enfant tient et acole, Tote jor s'aloit
acroupaut.
Mir. de la B. V. M., v. 145.
Markié {rnarkel), s. m., marché. Du lat, mercahim.
Quant u markié furent entré, Un hume borgne tint encuntré,
Marie, Fablo 71.
Que de jour en jour soy haslal droii de estraungers, plaintes en fagres et
maïkcts.
IIor.xES, Mi/rror qfju.tticc, cli. i, sec(. 3.
Le son ouvert que donne la désinence du vocable anglais se retrouve en ancien
dialecte normand, dans ses doublets iiiar- chied., marchel.
L il ait teslinionies que il l'achitad al marchied.
Lois de Guil., 25.
Li reis Marsilies de nos ad fait marchet.
Chairs, de Bol., p. 98.
-|- Marie {mari), s. f., marne. Du bas lat, margidam, dimi- nutif du lat.
margaiii., marne, mot d'origine gauloise, suivant Pline. V. Marier.
La mousse, le caillou, la marie, le i^enest...
Coust. de la Londv (XV' s.), oitôo par M. Delisle dans VAijr. en IV or m. au
moi/, âge, p. 378.
Traversant parmy ce bois, vint tomber dans un puits à marie,
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(delwedd C0700) (tudalen 0632)
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— 6:-5"2 —
où l'on avolt autrefois mis dessus des espines et des branches pour éviter le
danger.
iVoHO. fabr. des excel. Cr. de vér., p. 143.
Marier {lo mari), v. a., marner. V. Marie,
Ut ipsi marièrent unusquisque medietatem terre quam lune tenebant.
Charte de 1161, relatOe par M. Delisle, loc. cic, p. 268.
Se aucune qui soit mariée a fet nn son mnriap;e bonnes mesons ou planté
vignes ou marié terres, elle choisira sou mariage que elle a amendé.
Marmeu, Établiss. de l'Echiq. de Norm., p. J3.
-j- Marlou [harlot^ homme dépravé ; liarlolry', langage obscène), s. m.,
protecteur.à gages d'une prostituée. Marlou nous paraît une corruption du
vieux français arlol., qu'on re- trouve, modifié par la prosthése de ïh, dans
le vieil anglais harlot, et qui servait à désigner un débauché, un homme
vivant avec les prostituées.
Icellui Pierre appellasl le suppliant arlot, lacain, bourc, qui vault à
dire... garçon (1), Irnant, bastart.
Let. de Hém. de 1111, Duc, Tanghanarn.
-j- Marmalade {mar malade), s. /"., marmelade.
Marrine, Marine (marj/n*), s. /"., côtes de la mer. Du lat. marinurn, de
la mer, qui appartient à la mer.
Si laissum nos Escoz la marrine guasier, Mar larrunt en estant ne maisun, ne
ivustiir.
Chron. de Jord, Fnnt., v. 1688.
E seint Michiel loent forment,
Qui gari a apertement.
Ce vt'ientbien, sa pèlerine
De mal, de mort, en cele marine.
GuiLL. DE S. PAin, nom. du Mont S. Hlic/i., v 3682.
Marrir. Y. Mar.
Martel {martel')., s. //;., marteau. En bas-lal. marlellum.
\À uns assei, li autre taille... Cist de haclie, cist de martfl.
Vie de S. A a ban, Rubri<)T;e f* 60 i°.
(i) Ce mot a souvent eu, dans la langue du moj'en âge, le sens de débau- ché,
libertin, sens rapprocliiî de celui qu'exprime aujouid'hui le leime grossier
garce, appliqué à une femme.
E gavpuns e pulains ont saint Thomas bué.
Thoin. le Mart. , <6, dans Litlré.
C'est l'espée du roy ; tu ne vaus pas que tu l'ayes, car tu n'es qu'un
garson.
Fkoissakd, Chron., t. Il, ch. lxxvii.
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(delwedd C0701) (tudalen 0633)
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— 633 —
Martine (martin, marlen), s. /"., marlrc, petit quadrupède carnassier.
Pour i. c. de peaus de martine, xiiii d.
Coust. de lOr Via, de l'Eaue de Rouen, art. 11.
De la douzaine de peaux de chats,... bellettes, martines... 2 d,
CoiU. de Bar/eux (XV» s.), ci(6 par M. Pluquet dans son Ess. hisc, sur Bai/.,
p. 192.
L'on a dit aussi martin pour martre :
Prendre martin pour regnard.
CoTG., Diction.
En quelques parties de la Normandie, on donne le nom de marline à une espèce
de lutin, qui se montre sous la forme d'une martre.
Martirer (lo marlire'), v. a., tuer, massacrer, martyriser. E Normariz e
Daneis o haches les martirent.
Wace, liom, de Hou, v. 1691.
Et ceste femme rigoureuse Martiroit fort l'amant loyal.
Al. Chart., Le Parlent . d'Arn.,^. 702.
D'où mariirie, massacre.
Ne r di por ço dos voz iert la martirie.
Cil ans, de Roi., p. 49.
MarvdLumenl (marvel., merveille), adv., merveilleusement; en angl.
marvellously.
N'i eusl rien deu retenir,
Ne deu champ jà plus maintenir
Se Deu n'eu feist marvaument.
Bén., C/iron. de Nor/n., y. 37382.
Massis (massy), adj., massif, épais, grossier, lourd.
ciieurs pesans, gros, enflez e maàsis.
P. Gring., 1,252.
Fors a. i. petit point massis Lmmy un très grant cercle assis.
PcC. Poèmes du Hlont S, Michel, p. 13.
Matere (maller) , s. f., matière. Du lat. molcriam. Mater, matière. Kel.
Kl de hoine mateie tr;iite
iMiilt me peise se bien n'rst faite.
Mahie, Gugemer, v. 3.
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(delwedd C0702) (tudalen 0634)
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— 634 -
Qu'ils ne séjournent en ung lieu que par une nuit et en com- paignies
modérées, sur la peine dessus dicte, et en alendant l'or- donnance et
provision qui... sera advisée et faite en la malere. Citron, du Moni S.
Michel, Pièces div. [X\' s.), Il, 183.
Piiilippe de Tliaon dit malire :
Pur çol me plaist à dire D'iço est ma matire, Que jo demusterrai E à clerc e
à lai.
Coinput, V. 221.
Matheras (matlress), s. m., matelas. Du bas-lat. maleracium.
11 esloil par dessus la figure dudil roy sur un matheras.
Al. Chart., Hist. de Charles VII, p. 251.
Matière (matter, affaire, sujet de plainte ; maller in laiv, procèsj, s.
/"., procès.
Le 9 juin 1553, Thomas Drouel reviust de Rouenet avoit gagné sa matière
contre KicoUas Quentin.
Journ. du s. de Gouberville, p. 16, éd. A, de N.
Matté (mated), adj.^ subjugué, écrasé.
Comme mattés et vaincus.
De Bras, Rech, et antiq, de la ville de Caeii, p. 10.
Le mot apocope s'est dit tantôt avec le sens d'abattu :
Si maz e si afebleiez
Qu'à g ant [leine estunl sur lur piez.
BÉN., Ckron. de Norni., v. 2187.
tantôt avec celui de bas, lâche :
Cuer mal, soubz orgueilleu.x arrois A deceu gr.mdz dames et rois.
Ai- Chart,, Le Lie. des quatre Dames, p. 664.
Mattre f/0 wirt/t', tenir tète, résister), v. n., lutter, com- battre.
Viri'ut mat're comnnalment Contre Rou e contre sa gent.
BÉN., Chron. de .\orm., v. 827.
+ 1. Maugré {maugrc),]vép.,mt{\gvé. V. Maugré'2.. Magré, mavgré. malgré. Kel.
Maulgré elle sa maison usurpèrent.
GiiiNG.,1,78.
La mort maulgré moi me. fuioil.
Ah- Chart., l'Hosp. d'Am , p. 723.
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(delwedd C0703) (tudalen 0635)
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— 635 —
Maugré le dieu guerrier.
Vauq. de la. Frbsx., Forest., I, 2.
Mais je lus finies bélôt vaieque, maugré lus caquet, Nou peut aussi ben
qu'ieux d'viser au cabaret.
JRimesJers., p. 22.
Maugré çao.
P. Genty, Œuv, poct,, p. 47.
2. Maugré {maugry, Palsg.), s. ?«., mauvais gré , mauvais youloir, rancune.
De mal et gré. V. Mal, maugré 1.
Ostnont dont la parole, maugré l'eu a seu.
Wace, Rom. de Bon, v. 3010,
Mult li servi à sun poeir, Jà ne deust maugré aveir.
Marie, Eliduc, v. 59.
Maulgré. V. Maugré 1.
Maumis {maimed), adj., mutilé. Maumis, estropié, Kel.
En i oui merveilles oscis, Plaiez e nafrez e maumis.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 5511.
Maunches (maiincJies*), s. f. pL, manches de vêtement.
La kule (cagoule) ont sus les dras, cel ordre volt celer ; Mes de pans et de
mauriclies Taveit fet ecrancer.
s. Tliom. le M art., p. 23.
Maunder (to maund'), v. a., notifier, commander.
Le reis Henris, fet-il, ke tenum à seignur, Al kovent ad maundé, par nous, et
al piiiir ..
S. Thom. le Mart., p. 16.
Quant en averay el oï, Ws maunderai.
Vie de S. Thom, de Cant., p. 620, o. il, var.
■4- Mautalent (inale talent'), s. m., mauvaise volonté , ani- mosilé,
colère. Mau talent., maltalent, dépit, colère. Kel. V. Talent, atnlenter,
enlalenter.
Si lor regiiencbissent es vis, D'ire et de mautalent espris.
BÉN'., Citron, de Norm., v. 5311.
De mautalent et d'ire et teinz et tressuoz.
S. Thom. le Mart., p. 54.
La vieille forme anglaise, donnée par llalliwcll, existe aussi en ancien
dialecte normand :
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(delwedd C0704) (tudalen 0636)
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63(3
Li quens Ernouf dota ke li reis nel' prist.
E ke par mal talent as Norniaiiz iiel' rendist.
Wace, r.om. de liou, v. 4223.
Par inallalent se parti Robert, et assembla ses gens et s'en ala à siège
devant I,il]f.
Chron. norm. du, Xlf* s., p. 30.
+ Mauve (moiv\ mew, mow* Qi) , s. /"., mouelte, oiseau de mer. En allem.
môwe, mewe. Mauve^ avec le même sens, est dans Cotgrave comme mot français. Marie
de France donne à la mouette, tantôt le nom de miawe, tantôt celui de maoue :
Si a une miawe encuntrée... Dune la maoue a respondue.
Fable 81.
Vé-tu la mauve, a vient e va ; Jusqu'au Camp du Moulin la v'ià.
Met. , Dict.franco-norm., p. 32-1.
Mavais (maveis')^ adj., mauvais, méchant.
Mult est mavaise ta prière, Mult e-t mavaise tel manière, Mult est mavaise ta
prou messe.
Marie, Fable M.
Maz (maze, trouble, abattement; lo nia:e, troubler, effrayer), adJ., accablé,
triste, troublé.
Si raaz e si afebleié
Qu'à grant peine estunt sur lur piez.
Bén., Chron. de A^orm., v. 2187.
Mes mult esteil maz et pensis.
Marie, Gugcmer, v. G'i8.
Mé. V. Mei.
Mechanique, Mécanique (mec/ianic)., s. m., artisan. Du lat, mcrlianicum, qui
a le même sens.
Le mot a dû s'appliquer primitivement aux ouvriers ira-; vaillant dans les
ateliers, où fonctionnaient des appareils mé- caniques.
Comme un pauvre mechmiqiie devint un monsieur.
Tiirc d'un conie, dans la Xoav . J'ubr. des cxecl. Cr. de ver,, - p. 158.
Les artisans et mécaniques n'en beuvoyent aucunement (de vin).
t)E BuASj Bcc/t. et antiij, de la cille de Caen, p. 82,
Mécanique s'est dit aussi comme adjectif, appliqué aux per-
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(delwedd C0705) (tudalen 0637)
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— 637 —
sonnes de la classe ouvrière : Des oxivriers mécaniques, des gens mécaniques.
Consentirent leur plus chier et naturel aornernent estre... traictépar les
rudes mains d'ouvriers niécaniqups.
Al, Ciiart., Le Quaih'ilo/juc, p. 426,
Geste ville se mayntient par ses "gens mécaniques.
Palsg., Gram., p. 733.
En Normandie, on appelle encore aujourd'hui les ouvriers de fabrique du nom
de mécaniciens ou d'ouvriers mécani- ciens.
-\- Méchant (meschaunC), adj. , malheureux , infortuné. Ternie de
commisération, journellement appliqué, en patois normand, à tout individu
faible et sans défense, lorsqu'on le voit souffrir. Clet adj. précède
toujours le subst. dont il est le complément : « 11 marlyrise son méchant
enfant à propos de rien. » — « Il refuse le nécessaire à sa méchante femme. »
Se lu as pris d'elle (de la Fortune) ce qu'elle t'a peu et voulu doiHUT,
alors lu es dehteur de loy même, à tin qu'elle rende ci'luy meschant qu'elle
avoil devant esli!vé.
Al. Cil\rt., Le Cariai, p. 394.
Méchant , qu'on écrivait autrefois plus exactement mes- cheanl (1), est le
participe présent du verbe mesclioir (V. Méchoir), et signifie littéralement
celui à qui mal arrive, qui a une mauvaise chance , en un mot une meschance.
V. ce mot ; V. aussi méchet.
■\- Méchet (mise/de f), s. m., malheur, désagrément, décon- venue.
C'est le suljstantif du mot suivant. V. Méchoir , mé- chant, meschance.
Ne vus piiis relraire les occises, Les mt'.-chaaites ne les prisvs. Qui lur
avml par plusois feiz.
Bén., Cliron. de Norm., v, 4616.
En vint du nieschief assés.
P. Cociiox, Chron. norm., p. 132, éd. de Beaurep.
J'ai refusé net de continuer A garilrr un vilain secret, Qu'airait peu causer
du méchet.
Rim. Jers., p 199.
(1) A .iuz les mcscliecans siii pcrs.
Poés. inss., dans Lacurne.
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(delwedd C0706) (tudalen 0638)
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— C38 —
+ Méchoir (lo mescheve ; to mischieve, Sherw.j , v. n., arriver du mal.
Méchel, mcchanl, meschance.
Ron li a demandé se mfz le cumbalreit,
E Hi gniir disl ke non, quer trop li me^cliaeit.
Wace, Rom. de Rou, v. H28.
Qui rompt sa foy, droit est qu'il luy meschée.
P. Gring., 1, 164.
Si l'une des parties meschete, que il ne puisse combattre, son fils eigné
legilliine purra faire la battaile pur luy.
A. HouNES, Le Mtjrror de Justices, ch. m, sect. 23.
Medalle (medat), s. /"., médaille. Du lat. metallum.
Sur lequel (linge) les artisans telliers représentent toutes sortes de
fleurs, bestes, oyseaux, arbres, medalles et armoiries de rois.
DE Bras, Bevli. et anliq. de la mile de Caen, p. 26.
Medlée (medley, Sherw.), s. f., mêlée, lutte, combat, que- relle, V. Mellei\
medler.
E ki cumencerad la medlée? Respundi li prophètes : Tu.
Les Rois, p. 325.
Bone amor seit tenue e gardée,
Ke jà mez à nul, n'ait en els nule medlée.
Wace, Rom. de Rou, v, 2706.
1 . Medler {to medyll, mêler, Palsg. ; medled, mêlé, mé- langé. Sherw.), v.
a., mêler, mélanger. D'un rad. fictif mix- tidare, fait sur le lat. mixliun,
part. pas. de miscere.
Ki medlera la salse (sauce), mult la bevera araere,
5. Thom. le M art., p. 217. Append.
Vi sanc issir d'ewe medlé.
Vie de S. Auban. Rubrique f" 37 V.
2. Medler {to meddle), v. n., se mêler, toucher à, s'ingérer dans. V. Entre
medler.
Pur ço volt bingleterre à sun poeir medler.
Chron, de Jord. Fant , v. 945,
3. Medler (se), se mesler {to meddle* 2j, v. ré/l., s'entre- choquer, être en
conflit, lutter. V. Medlée, medler % nieller; entre medler.
lliT.iut et Guerl l.irit e^liivcrent Ke par paroles sr medierent.
Wace, Boni, de Hou, v. 121.0.
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(delwedd C0707) (tudalen 0639)
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- 630 -
Poi aveit jor en la semaine Qu'il ne s'alasl oti eus rnesler.
BÉN., Chron. de Norm., v. 265V,
+ Méhain {maiihcm, maim) s. m., mutilation, blessure, mésaventure. MaJiem,
niahair/ne, mahayn^ ijlessure. Kel. V. le mot suivant.
N'i oui gaires Francheiz ki en loruast sainz mehaing.
Wace, Rom. de Rou, v. 1553.
Et puis que fortune et rudesse Ne m'ont mie fait ce mehaing, Mais vostre très
belle jeunesse, l'ourquoy l'avez-vous en desdaing?
Al. Ciiart., La Belle Dame sans merci/, p. 509.
Les diverses formes anglaises du mot qui nous occupe tiennent de plus près à
mahain, doublet norm. de mehain.
iN'est ki de niahain ne labure.
Vie fie S. A uban. Rubrique du f° 49 i°.
-f- Méhainer, -(- Méhaigner {lo maim; to mayne. Palsg.; lo main* 5), v. a.,
mutiler, blesser, offenser. Palsg. (Gramm.., p. 017) signale mehai;/nei\
comme étant un mot normand. V. Méhain.
A rose de lur sancs la plaigne, Tant en i ocit et meiiaigne.
BÉN., Chron. de Norm., v. 22i9.
Et tu eu es moll mehaigniés.
Le Roi GuilL, p. 118.
Il y a 'lieu de faire ici une remarque semblable à celle consignée sous le
mot précédent, à savoir que les formes an- glaises du verbe dont il est
question se rattachent plus étroi- tement à mahainner, mahaingner, autres
formes normandes du même verbe.
Dtsvé u avoglé u mort u mahainné.
Vie de S. Aiiban, v, ITT^î.
Tant en i ocit e mahaingne Qu'eu n'en fu une contes diz.
BÉN., Chron. de Norm., v. 2250.
Mei [me; mee. Sherw.). pron., moi. Du lat. me.
Délivre mei des ovrans iniquilet e des humes de sanc salve
Lib. psalm., p 76.
Quirr mi i, bels freJre, et enque et parchamin.
Alex,, str. 57.
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(delwedd C0708) (tudalen 0640)
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— 640 —
Mey, je l'aime à la véritey,
Mais cli'esl d'autre fachon que tey.
L. Pet., Muse norm,, p. 26.
Or, entre l's autres rimeiix et mei, I n'y a pon l'épaisseur d'un deigt.
Rim. jers., p. 71.
La forme mé^ pour moi, se rencontre aussi bien en dial. norm. ancien et
moderne qu'en anglais; c'est le mot latin inaltéré.
Je regeïrai à lei, sire, kar tu ies curruciez à me {quoniam ira- tus es
mihi).
Cant. (.VIsaïe, verset 1, dans le Lio. des Ps., p. 263.
Ten frère de lait cb'esl mé.
Rimes guern., p. 83.
Meien {meene)', mean), adj\, moyen, qui occupe une situa- tion intermédiaire.
Du lat. medianum. V. Maienelet.
Si vuz donnez entre les meiens clergiez,
Lib. psalm., p. 86.
A une vis (escalier) par unt l'iim muntad al estage meien, e dMucal suverain.
Les Rois, p. 247.
Mailler. V. Meller.
-j- Maine [mien), s. f. , mine, physionomie , aspect du visage.
1. Meinar, Mainer, Maindre {to remain), v. n., demeurer, rester, séjourner.
Du lat. manere. L'anglais n'a retenu que le verbe composé, verbe qu'elle a
emprunté au dialecte çormand, dans lequel il subsiste maintenant. V.
Remaindre, Maignie.
E per le dener que li seignur durrat, si erent quiètes ceals qui meinent en
son demainer.
Lois de Guill , 18.
Tu vei que jo main en paleis de cidre.
Les Bois, p. 142.
Kar ele (la région) est tele e si vaillanz Qu'estre te deit bien softisaiitz
A maindre en paiz eà régner.
Bén., Chron. de î\'orm,, v. 6371,
2. Meinar [lo mayne') v. a., mener, conduire, diriger, gou- verner, régir. Dn
lat. minare,
Omnipotens, veirs Deus autisme, Qui des hait ciels tresqu'en abisme Meines ta
puissance e estenz.
Béx., Chron, de Norm , v. 2107.
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(delwedd C0709) (tudalen 0641)
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— G41 —
Meiner se reaconlre aussi employé quelquefois comme verbe réfléchi, ou au
sens de se conduire, agir.
Ces paroles, c'est mandement On li diix Guillaume e entent Gum li Breton vers
lui se meinent.
Id., ib., p. 8516.
Meintenement. V. Mainlenance.
Mais (mains*), s. m. , métairie, ferme, champ, enclos sur lequel existe une
habitation. L'on trouve dans Ducange (v"' Mansus) mex, mais , avec cette
acception. Mex, melz sont donnés par Gotgrave avec celle do terre en culture,
habitation. «' Le mex ou meix c'est, dit Laurière, dans son Glo^s. du dr.
fr.^ le tènement et héritage main-mortable des personnes de servile condition
et de main-morte. » Comp. aussi le v, angl. meese", champ, pré, pâture.
Cil Tierri et asez plusors, De Caëm (Caen) toz li meillors, Onl pris en un
raeis, à Caignie ^^l), Le vieil Robert de Siint Romie.
Wace, lio/ii. de Uou, V. 16280.
Sount ascuns accions pledables par raesme teles destresses... si comme play
de dette... la destruction de mees ou de boys on de autre fraunk tènement.
BniTTON, Code, chap. xxvi, p. 92.
Meisnie. V. Maignie.
Meister. V. Meslier "i.
Mel [inelle* 3), s. m., miel. Du lat. mcl.
Pernez peiz résine e pur encens e thimiene e un poi de cire e de mel, si
builez (faites bouillir) en une paele (poêle).
Pet. traité de méd, du XIV" .•>■., publié par M. Boucherie, p.
7.
-\- 1. Mêle {melle 2), s. m., merle.
Si chantait si bien et si bel L'orsignot, melle ne mauvis, Ne l'estornel, ce
se m'est avis.
Lui ,le l'OiseLet, v. 84.
Les mêlcà y chanlent-i dans l's ormettes !
Lu noue, (xanaie (Jersey, 1872), p. là.
Et je soufflais comme un mêle, attendant ma Râché.
Rimes guern,, p. 106.
(1) Cagiiy, commune à 8 kilom. de Caen.
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(delwedd C0710) (tudalen 0642)
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— 642 —
-j- 2. Mêle [me die* ; medlar), s. /?•,, nèfle. Du lat. nuspilum. V. MiHier.
En 1361, 5 mines de melles marchandes, ù la mesure de Rouen, sont vt-ndues 8
florins d'or.
Cil. DE Bëaurepaire, Notes et doc. sur la Norm., p. 66.
Avec le temps et la paille l'on meure (l'on fait mûrir) les raesles {Prov.).
CoT., Dict.
No servit le dessert de plusieurs mesles blecques.
D. Fer,, Muse norm., p. 177.
3. Mêle (maille ou anneau). V. Melle.
-\- Mêlier [viedler. Du G. {Grani. , p. 914) ; medlar tree), s. m., néflier.
V. Mêle -2.
Si comme le pomier qui est en la cour, et les meslier? sont en devise entre
nous, et en partirons le fiuit moitié à moitié...
Cartul. de S. WandriUe, I, 157 (XIII= s.).
Comme une greffe que l'on ente Dessus le pied d'une autre plante. Comme on
voit en un s'allier, Sur i'aubepinc. le meslier.
Vauq. de la Fresn., Past,, p. 5'i.7.
Pour ten meslier du coin, lu ne le verras pus.
D. Fer., Muse norm., p. 62.
-j- Melle {mayle', Palsg., mair 4), s. /"., anneau. Se dit, en
particulier, soit de l'anneau dans lequel s'assujettit l'agrafe , soit de
l'anneau d'une chaîne, d'un rideau, etc.
En bas-lat. niella, contraction du lat. macrila, maille d'un filet, d'un
réseau.
Pour 50 melles à rideaiilx, le solds.
Journ. du s. de Gouberville, p. 813.
Mimère de la vie humaine.
Que de melles à la longue chaîne!
La Souv . annaie {i&c%&j, 1873), p. 5.
L'armure défensive, dite haubert ou cotte de mailles, dont se revêtaient les
anciens chevaliers , était formée de petits anneaux qui .s'entrelaçaient; on
les appelait primitivement mailes (1) et non mailles, comme on l'a écrit à
tort depuis :
le blanc osbeic dont la malle est menue,
Chans. de Roi., p, IIJ.
(1) Cette forme se retrouve en v, angl. V, Palsgrave et Sherwood.
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(delwedd C0711) (tudalen 0643)
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— 643 -
Le mot, n"ayant qu'une /, ne pouvait se prononcer autre- ment que mèl,
prononciation que le patois normand a fidèle- ment conservée. Si un doute
pouvait subsister à cet égard, il serait levé par les textes suivants.
Mainte mêle faussée.
Wace, lioni. de Roa, v. 4014.
Une armie riche et bêle
Dont dor et d'argent sont les mêles.
Uom. de Perceval, dans Borel.
L'on retrouve encore la forme primitive du mot dans l'an- cien verbe
desmailer, qui s'est dit pour rompre les inailes (mailles), en parlant d'un
haubert.
L'escut 11 freiut e l'osberc li desmailet.
Chans. de Roi., p. 107.
Lor vunt les osbers desmailer.
BÉN., Chron. de Norni., v. 32521.
Meller, Mailler (lo melle), v. a., brouiller, mettre en que- relle, en lutte.
V. iMedlée, medler (se).
Mais li frère se descorderent E por la reine se mellerent.
Wace, Rom. de Brut, v. 1493.
Et puis al père le meillerent.
Vie de S. Thom. de Cantorb ., v. 862.
Melliflue (mellifluous), adj., suave, plein de douceur. Du lat, 7nelliflmim,
d'où coule le miel.
La lecture de la melliflue éloquence dudict Virgile te vau- dra experiment.
Al. Chaut., VEsp., p. 272.
Melodye [melody., Gotg.), s. f.. musique. En français et en anglais modernes,
le mot indique une musique harmonieuse, soit instrumentale, soit vocale.
Telle n'est pas l'acception de mélodye dans le texte suivant, où il s'agit,
au contraire, d'une musique enragée, ressem- blant plutôt à un charivari,
sinon comme but, au moins comme exécution.
Trompettes sonnoient et clérons, tabourins, raenestrés, herpès, rebébets,
busines el de tons instrurnens; ou n'eut pas ouy Dieu tonner de la mélodie
qu'iiz fesoient.
Le Canarien, p. 162.
Memorie [mémorye, Palsg.; memory), s. f. , mémoire, souvenir.
Périt la memorie de els.
Lib, psalm., p. 9.
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(delwedd C0712) (tudalen 0644)
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_ 644 — Aioiis, seinors, ci'l saint home
en memorit*.
Alejc,, str. 125.
Menaceur {menacer), s. m., personne qui menace.
Gaignerent l'honneur et la force sur leurs orgueilleux me- nace urs.
Al. Ciiart., YEsp., p. 3G9.
Que l'autre en sa grandeur se mainlient par cautelle, Fait le grand, et
tenant un soldat menasseur Du pauvre villageois est injuste opresseur.
Vauq. de i.a Fre.-;n., Sut., p. 30G,
1. Mener {manifesler). V. Mainer.
2. Mener Qo mené 4), v. n.. pleurer. Du lat. manare^ verser, répandre.
Sun quer mené chaldes lermes.
Les Rois, p. 3.
Mener et plus souvent mainer (V. ce mot) ont été fréquem- ment employés dans
le sens de manifester. C'est ainsi que l'on •à ùxi mener joie , mener duel
(douleur). Mais ici mener^ en cette acception, ne nous a point paru s'adapter
exactement au sens du vers. Nous avons préféré le sens indiqué plus haut,
auquel correspond d'ailleurs celui du verbe anglais.
-f- Menommer (se) [to vnsname\ v. réfl., prendre un nom
qui n'aj)partient pas.
Meuor, Menur {minor, menour'), adj.^ moindre, d'une im- portance inférieure.
Nuls ne li ose contredire, Ne al menor de ses François.
Bén. , Chron. de Nonn., v. 15421.
Cil fist dou Un engins pliisurs Dont priât oisiax grans e meniirs.
Marie, Fable 18.
Menuir [to minish*)^ v. a., amoindrir, réduire. Du lat. minuere.
Cil ki les encachent e menuient, Mult les destireut e destriiient.
Wace, Rom. (le Rou, v. 9293.
Menur. V. Menor.
-f- Ménuse (me««<se*, petit objet), 5./"., petit plomb de chasse. Du
lat. mhmliam, chose de très petit volume.
1. Mer, Mier (mère), adj., pur, sans mélange. Du lat. merum. V. Merement.
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(delwedd C0713) (tudalen 0645)
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- 645 — L'escut 11 freitil suz la hiicle
d'or mer.
C/iun.-<. lie Roi., p. m.
Le calice en la main d^l Seignur de mier vin plein.
LU). i>.<(-dii,., p. 101,
Mèrc^ dans le même sens, est reste français, mais seule- ment dans les
locutions w?ère goutte, mère laine.
"■2. Mer {mère, mère stone), s. m., borne, limile. Mcrd'Es- coce,
frontières d'Ecosse. Kel. L'on trouve dans Ducange (V. Meerits et mcrrare),
mère comme dénominalion d'un droit que l'on payait pour le bornage des
terres.
Mer, en palois normand de Guernesey, a, enire autres ac- ceptions, celle de
borne. V. le Diction, de M. Métivier.
En Normandie, l'on use, en ce sens, du subst, merc ; du lai. marginem. C'est
un vieux terme de droit coutumier.
Les maisons et héritages de la ville et fanxbourgs de Bayeux et partie de \a
banlieue, selon qu'elle est bornée par d'anciens mercs et devises, sont tenus
en franc aleu.
Cour., de yorm-, us. loc de la vie. de B;iyeux, art. 2.
Merc, dans Parlonopeus, cité par Lacurne , sert à désigner les limites d'une
forêt, d'un cbamp-clos.
+ B. Mer (but, cible). V, Merque 4.
-\- Merc, V. Merqne 1 et 2, et 7ner 2.
Merche. V. Merqve \.
Merci (mercy), s. /*., miséricorde, compassion, pitié, clé- mence. Du
bas-lat. mercedem, mot que l'on trouve dans Gré- goire-le-Grand avec le sens
de compassion , pitié. Merci, en français, a une acception différente. V.
Merciable.
Remembre des tuesmerciz, sire. [Reminescere miseralionum Inarum, Domine).
Lih. psalm., p. 29.
Merci ai fiit à la maignée Saùl tun père (... qui fecerim mi- scricordiam
sKper domitm SaiU patris lui).
Les Ituis, p. 129.
Merciable {merciable'), adj., miséricordieux, compatissant, clément. V,
Merci.
.Mais il (Dieu) est merciable, e propicius sera faiz as peccliez.
Lib. psaliii., p. 108
Li reis de Israël sunl mult mrrciiibles.
Les Bois, p..S27.
-(- Mercier (to mercien*), v. a., remercier. .¥e?v;;>/* donne le
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(delwedd C0714) (tudalen 0646)
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- 646 -
sens vrai du mot ; remercier, qui a pris sa place dans la lan- gue, signifie
rendre grâces de nouveau, c'est vers le XV"= s. que ce changement s'est
opéré. Se rattache au lat. merces , récompense.
Cil douse ont à Gofar pramis A vengier de ses anemis, Et il les en a merciés.
Wace, Rom. de Brut, v. 927.
Quant il ad la parole oïi^, La dame forment en mercie.
Marie, Gugemer, v, 361.
Merement imerely)^ adv., purement, simplement, entière- ment, absolument. V.
Mer 1.
I.a possession dont est à présent question est merement phan- lastique.
Tlrkils, Comment, du dr. «or/n.,p. 265.
Merger {to rnerge), v. n., se perdre. Du lat. mer gère, plon- ger, couler à
fond.
Ço est Jhesu Crist nostre sire, Qui par son prophète ainsi crie; Melz voeil
qe li pecchere eit vie, Fait s'il, e q'il sh convertisse A moi, q'il merge ou
q'il périsse.
Vie de S. G ré g., v. 998.
Mérite {meryte, Palsg. ; merit), s. /"., prix, récompense. Du lat.
meriivm, gain, profit, peine, châtiment; mot participial du verbe mereri,
mériter, lequel a donné le verbe merir au dial. norm. (1).
Tu feis merci as tiz Israël quant il en vindrent de Egypte, e ore en avéras
mérite.
Les Rois, p. 54.
Molt désert (mérite) cil mal mérite, Qui de son gré se deserile.
Béx., Rom. de Troie, v. 4099.
-j- 1. Marque (merke'), s. f., marque, trace, signe. — Merk Ictlres, lettres
de marque. Kel. Dans le texte bas-lat. des ElablissemoUs de Rouen (art. 10),
publié par M. Giry, t. 11, p. 18, de son ouvrage, on appelle merc la
flétrissure imprimée
(1) Sulunc la nettée de mes mains me merirad.
Les Rois, p.- 208.
Par esample de vus gloire du cel merir.
Vie de S. Auban, v. 1226.
I
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(delwedd C0715) (tudalen 0647)
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— 647 —
avec un fer chaud sur l'épaule d'un criminel : « Latro vel « falsonarius
judicabitur per communiam... et si débet habere « merc, fiet ei. » V.
Merquer.
Li clerc porte sun merc en le sun chef adès.
i)\ Thoni. le Mart., p. 45.
Kar li dux le r'a si ateiiit Que lot son glaive li empeint Par mi l'escu e
par le osberc, Si qu'es coslez perent li merc.
Bén., Cliron. de Norm., v. 9494.
Vos yeul.^ ont si empraint leur merche Kn mon cueur, que, qiioy qu'il
adviengne, Se j'ay honneur où je le cherche, Il convient que de vous me
vieiigrie.
Al. Chart., La belle Dame sans merci/, p. 514.
Quatre signez faiz de cuivre et gravés pour les nierqs et signes d'icelle
viconté.
Cil. de 1435, citée par M. de Beaurep. dans La Vie. de L'Eau, p. 421.
La merque de lus pis (pieds).
Rimes Jers., p. 111.
Les merques de trn mauvais que.
Rimes gaerii-, p. 19.
-|- 2. Merque, Mer [merke* ; mark)., s. m., but, blanc, cible, point où l'on
vise.
Je vendrai e trois saettes trarrai, si cume en déduit m'ausasse à traire à
alcun merc.
Les liois, p. 79.
Dès que te n'euil y mit sen merc, Jaqu'y tint à tey comme 1ère.
L. Pkt., Muse norm., p. 24.
L'une des acceptions de met-, en patois normand de Guer- nesey, est cible. V.
le dict. de M. Métivier.
-\- Merquer {to merke, Palsg.), v. a., marquer. Mot d'origine celtique; en
bas-bret, merka, marquer. V. Merque 1.
Pour paynne et matières d'avoir fait tout de neuf et gravé deulx seaulx à merquer
les mesures du guauge.
Compte de 1435, cité par M. Ch. do Beaurep. dans La Vie. de l'Eau,\>. 421.
Le prince de Normandie (voulut) ([ue le terme de la longue tenue fût m;irqué
par l'autorité d'aukune chose solennelle.
Ane, Coût, de Norm., oh. ixi.
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(delwedd C0716) (tudalen 0648)
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- 648 —
Merqui d' la inerqiie du démon.
MET., Diction, fronvo-norm., p. 330.
Mervaille. Y. Merveille.
Merveiler (se) {to mervaile, Sherw. ; to marvel), s'émerveil- ler,
s"étonner. Se ntarvailler est donné par Palsgrave [Gramm., p. 038),
comme verbe français. V. le mot suivant.
Il vedanteissi se merveilert nt.
Lib. psalm.,'çi, a.
Nuls hom ne se merveilt, Ne pur ço ne s'esveill.
PiiiL. DE Thaon. Coinput, V. 271.
Merveille, Mervaille ()nervaille'), s. /"., étonnement, ébahis- sement.
V. le mot qui précède.
Dist li païens : Mt-rveille en ai jo grant De Carleraagne ki est canuz e
blancs.
Chans. de Roi., p. 46.
11 me conviendra brief finir,
Par une douleur savoureuse
Se vous n'estes de moy piteuse,
Qui me tient, dont j'ai grant merveille.
Al.. Ch.vrt., DiaL d'an am. et de s<( dame, p. 787.
Ceo est mervaille que Dieu volt tant suffrir. Poés. anglo-norm., recueillie
par M. Meyer, Bull, de la Soc. des anc, textes, 4880, p. 70.
Merveillous {mervaylonse, Palsg. ; marvellous)., adj-, mer- veilleux.
Dampne Deu nos consent qui tint est merveillous.
GuiciiARD DE Be.\L'lieu, Scrtnun, ]>■ 16.
Mes {mess), s. m., ration, portion, plat. Dubas-lat. minorium, un plat,
littéralement chose envoyée.
Hem, il doit... à chascun barrier, i. pichier de vin.., et i. mes de bfuf
eti. mes de porc.
Coust. lie 1(1 Vil-, de l'Eaue de Rouen, art. 72.
L"auteur anonyme de la facétie normande, intitulée « Le tracas de la
Foire du Pré », fait de notre mot, au ^ens de repas, un substantif féminin,
qu'il écrit comme messe, office, service divin.
Où vas-tu, compère Colas,
El qui le fait hâter le pas?
As-tu quelque messe promise,
Ne puis-je estre de l'entreprise,
Et même, en payant pinte ou pot,
Ne serai-je pas de l'écot ?
p. 13 de l'éilii. de M. Prosper Hlanclieniain .
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(delwedd C0717) (tudalen 0649)
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— 649 -
-|- Mésaisé {niiseysete'), s. et adj.^ malheureux.
Le mesaisé esdresce del piildrier.
Les Bois, p. 7.
Il veit celui raesaiesié; Prise l'en a molt grant pitié. Guii.L. DK S. Pair,
liom. du Mont 6". AJlich., v. 2674.
Meschaaite. V. Méchel.
Meschaeir. V. Mechoir.
Meschance {rnisrhanre), s. /"., mauvaise chance, malheur, revers. V.
Méchant^ inôchet, méchoir.
[-6 doulx, le seur, le bon heur, la meschance.
Al. Ciiaht. Le Rf'g- de Fort.,\i.'i\^.
Dieu le gard de nieschanco.
Chans, iwr/ii, du XV^ s., Kec. Gaslé, p. 12.
Mescheir. V. Méchoir.
Meschief. V. MccheL
Meschine, Mesquine {mlshin-fro, Cotg.), .<. /". , jeune fille,
servante. Ce subst., sous la forme masculine, se rencontre aussi, mais plus
rarement, au sens de jouvenceau, page. (1).
Oui el païs une meschine Gentil femme, gente pucele.
BÉN., Chroii. de Nor/n-, v. 24809.
La justice fera veoir la meschine et sa bleceure par prcuda famés et Iraus
qui sachent quenoistre se elle a esté prise à fui ce.
Marnier, Établiss. de l'Ec/iiq. de Nor/n. p. 31.
Au varlet de chariot et à sa femme, mesquine de céans...
Compte de 14S4, cilé par M. (^li. de Beaurep, dans ses Soti's et doc. sur l(c
.\orm., p. 23<.
MescoDter [to miscoiinl). v. a., mal compter,
Tuit li denier furent conté, Quer il cuident que mesconté Eust cil qui les
eut prestt z.
Hifit. de Guil. Le Maréchal, v. ('841.
Mescreance. V. Miscreanlise.
;1) D'icez oui non li ainznez Rous...
Qui sage e proz e gen/ mescliins.
hÉN.yC/tron. lie Nor/n , V 247.
Témoin avpiai of moi mein veillart e mescliin.
Vcr,/eS. Ai/han, v. 184).
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(delwedd C0718) (tudalen 0650)
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— 6S0 —
Mescreant {miscreant, miscreaunte'), s. m., mécréant, in- fidèle, misérable.
— Miscreaunts, hérétiques. Kel. V. Mes- creaniise, créant.
Judeu vunt disant,
Qui tant sunt mescreant...
Phil. de Thaon, Comput, v. 2727.
Les mescreanls et cenlx qui sont mal renommez ne doibvent pas estre receuz à
porter tesmoing.
Ane, Coût, de ^'orm., ch. lxxxv.
Des renées et mescreauntes, de traytours et de poysonours.
Britton, Code, ch. xxix.
Mescreant est le part. pr. du vieux verbe normand mes- creire., ne pas
croire, démentir :
E l'on mescreit icen de ça.
GuiLL. DE S. Pair, nom', du Mont S. Midi., v. 3499.
Ge me desrenerai très bien Qu'il ne m'en meskrera de rien.
Marie, Fable 61.
Mescreantise (miscreancie, Sherw.j, s. /".. incrédulité. V. Mescreant.
Les martyrs vainquirent leurs persécuteurs en mourant, et par mort ont...
triumphé sur la mescreantise des vivans.
Al. CiiART., VEsp-, p. 286.
Tous ceulx qui sont mal renommez de parjure ou de mes- creantise, et eeulx
qui ont esté vaincuz en bataille ne sont pas receus à tesmoing en la court
laye.
Ane. coût, lie Norm., ch. LXii.
Une autre forme du mot, notablement plus ancienne, est mescreance, mot que
l'Académie, sous la forme mécréance., a admis pour la première fois dans la
dernière édition de son Dictionnaire.
Ke l'un d'els n'ait verz l'altre dote ne mescreance.
Wace, Rom. de Rou, v. 5322.
Vint Germein mescreance abatre.
Vie de S. A uban, rubrique fo 63 ro.
Mescunseiller (lo miscounsel), v. a., conseiller mal, donner de mauvais
conseils.
Sire rois, dist Bernart, mult vus mescunseilla, Ki vos loa (engagea; à Huon
doner Saine en delà.
Wace, liom, de Rou, v. 3445.
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(delwedd C0719) (tudalen 0651)
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— 651 —
Par ccste fable dou peissun Mustre l'essanple del felun, Qui, par agait et
par ent^in, Mesciinseillf sun bun veisin.
Marie, Fable 13.
Mesel (mexser ; meseld, Sherw. ; mesyel, Palsg.), s. m., lé- preux, Diilat.
?n/se//i<?«, pauvret, infortuné, dim. de misernm. L'angl. measled, couvert
de boutons, de taches de rougeole, y\en\. diQ Va. — Mesel, meseal, mesiau,
lépreux, Kel. V. Me- selerie.
Ne fud pas enseveliz en la sépulture reale, kar mesels fud.
Les liais, p. 392.
Dûs que j'aie les traïtors Eroraicide, le mesel, Qii'ardeir ferai en un
bordel.
Bén., Chron de Norm., v. 13388.
On dit encore aujourd'hui en Normandie, des habitants de Fontenermont,
commune de l'arrond. de Vire : « Les méziàs ou les mezelins de Fontenermont
». — Canel, Blason pop. de la Norm., 1, 246.
Meselerie {meselrye), s. f., lèpre. V. Mesel.
De successions pourseoir Krapeschiez est à veoir, Bastardie en fait mention,
Prophétie en relligion, Forfaicture, meselerie.
Coût, de Norm. en v , p. 77.
Meserv'r, Messervir {lo misserre), v. a., servir mal, agir mal.
E, par lozengiers k'il crei, Richart sun frère raeservi.
Wace, Rom. de lloii,y. 6129
St^ignors, fait-il, malement vait Que Seint Michiel est messerviz.
GuiLL. DE S. Pair, iîo/n. du Uo/it S. Mich., v. 1760.
Mesfaçun (/o misfaskion, former mal), s. /*., difformité.
Del pied jesque en amunt ne fud en sun cor^ nul blesmure ne nule mesfaçun.
Les Rois, p. 171.
Mesgnie. V. Maignie. Meskine. V. Meschine. Mesler (se). V. MedlerS.
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(delwedd C0720) (tudalen 0652)
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— 65^2 -
Mesmener (lo mismanarie), v. a. et n., mal mener, diriger mal ; se comporter
mal.
Sainte Eglise te vei et Us suens mesmener.
S. Thom. le M art., p. 101.
Bretons aveit feit révéler (révolter) E vers Giiillalme mesmener.
Glill. de s. Pair, Hom. du Mont S. Mic/i-, w. 1517.
1. Mesnage (manage), s. m., manière de diriger, d'admi- nistrer, de
gouverner.
N'ayant esté jamais l'intenlioa de Vostre Majesté empescher le mesnage et
folic ■ des contribuablts pour le payement de leurs debtes communes.
Cah 'les Et. de Norm., p. 90 (XVI» s.)
•1. Mesnage [ménage')^ s. /m , famille. Dérive de mesmi, qui s'est dit aussi
pour famille. V. Maignie.
Tu iras en infer en doieros mesnage.
Wace, Rom. de liou, v. 1876.
Mesprendre ito mi.<ipri:e, se méprendre), v. n., agir mal, commettre une
offense, un crime, un délit. V. le mot suivant.
E si li est de ren avis Que il uiit encountre li mespris, Il le amendrounf.
Vie de S. Thom. de Cantorb., var. p. 622, c. n.
La félonnie doibt cstre premièrement nyée. El la raisou est [tour ce qu'elle
est contre !a paix d-^. Dieu et du duc, centre les- quelz iizont premièrement
mesprinz en froissant iceile paix.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm , f' xcvj \».
1. Mesprisun, Mesprisioa {mi.yjrision). s. f., offense, crime, délit. V.
Mesprendri'.
Mar rociras : qui metrad la main sur l'enuint nostre Seignur senz mesprisun ?
Les Rois, p. 103.
Cunte, baron e aversaire, Des mrsfaiz, del otfension E de la laide mespri^ion
Chargié, [lortant la pencance Tut maintenant senz demorance Jurent la paix,
livrent ostages E retornent en lor horaages.
Bén., Chron. de yorm., v. 4691
:2. Mesprisun, Mesprisiun, Mesprisou Imispn'sion), s. /"., mépris.
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(delwedd C0721) (tudalen 0653)
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— (J5o —
E mul duto la niespri-nin De ceo que ele ol enfant.
Marie, Milun, v. 133.
Despuis ad esté Verolame Sanz mesprisiun e blâme.
Vie do S. Au bail, lubrique du f" 50 v°.
Car franc vouloir maintient et croit
Que c'f'sl durté et mesprison
Tenir ung hault cut'ur si estroit
Qu'il n'ait qu'un shuI corps pour prison.
Ai.. CuiiiT., L<( hcUc (Ijuno sans merfi/, j). .51G.
Mesquine. V. Meachine.
Message {message*), s. m., messager. Du bas-lat. missaiicnm, fait sur le lat.
mission. — Messaf/er, ambassadeur, Kel.
Message fui al rei Marsiliun.
Chans. de Roi., p. 315.
Aie en sunt en la cité
Li message pur un afaire.
BÉN., Cliron. de tSorm., v. 437G.
Messervir. V. Meservir. Mester. V. Mélier.
1. Mestier (besoin), V Mélier.
2. Mestier, Meister (myslenj, état, profession; mister*^, occupation), s.
»i., service. Du lat. ministernim.
Meslier et meUler se disaient surtout, dans l'ancien dia- lecte, du service
divin, du ministère sacré.
Sire arcevesque, se vos requer Sur Deu e sur le saint mesUer... Que envers
Rou paiz nos quergez.
. BiiN'.j Cliroii. de yorm., v. 4915.
Taunt cum li autre viveit, Le meister fere ne poet Sanz coungé.
Vie de S. Tiioni. deCaiitorh., p. 624, c. il.
Mestre, Mestrie. V. Mailre, maislrie.
Mesurable {mesiirahle\ measurahle) , adj., modéré, éloigné des exigences
extrêmes. — Mesurable, raisonnable. Kel, V. le mot suivant.
Unkes de plus sage n'en oïstes parler,
Ne plus mesurable, ne plus gentil guerrier.
C/troii. de Jord. Faut., v. 1291.
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(delwedd C0722) (tudalen 0654)
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— 654 —
Ni ol aine roi tant mesurable Plus paisible, plus amiable.
Wace, Boni, de Brut, v. 3632.
Mesurablement [measurably), adv., a\ec modération, me- sure, discrétion. V.
Mesurable.
Tuz les aveirs de sa meisun Li met li reis en abaundun... 11 en prist
mesurablement.
Marie, Eliduc, v. 643.
Metable (meetly ; mete, Palsg.), adj., convenable, propice. Cest conseil est
metable, si 1' feimes acbiever (accomplir).
Chron. de Jord. Fant., v. 625.
L'une des acceptions a.ssignées par Cotgrave à l'adj. franc. mettable^ est
convenable.
Mete {met' 2), s. /"., borne. Du lat. metam, cône, pyramide.
Par espirituel povoir, qui est par dessus les metes de sa com- mission.
Al. Chart., VEsp., p. 287.
Depuis legort de Quillebeuf jusques au Noirport, près Honne- Qeur ; et, es
dictes mettes, avons haulte , moyenne et basse justice.
Déclar. de l'abbaye de Grestain de 14.50, citée dans la Vie. de l'Eau de
Rouen, p. 175.
+ Métier (mister* 2), s. m., besoin, nécessité, utilité. Du lat. minisleriwn.
Ore nus aïe, kar il en est mestier.
Les Bois, p. 39.
E sumuneit...
Que s'en venist pur lui aider
Kar mut en aveit grant mester.
Marie, Eliduc, v. 569.
Il est juteux l' jambon, fait les Adams ; Il est métier qu' nous exerce les
dents.
MET., Dict. franco-norm... p. 332.
Les bérondes vol'nt près d' terre ; Il est mêqui d' nos pressir.
La nouv, annale (Jersey, 1871), p. 11.
-f- Meuler (to mully", beugler, crier , to 7newl, crier comme un petit
enfant), v. n., beugler. Cotgrave donne en ce sens meurler.
-}- Meurdre. V. Murdre.
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(delwedd C0723) (tudalen 0655)
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- 655 — Meurdrier. V. Murdi-ié. -\-
Meurdrir. V. Murdrir. -\- Meurdrissure. V. Murdrir.
1. Mi (my), adj. poss., mon, mes. Du latin mi, synérèse de met. V. Sis, ti.
Sachiez, mi ami, mi fiz cliier, Mielz vaut negun bien commencier Q'après
commencement retraire.
Via de S. Grég., v. 1921.
Mi granz palais en Rome la cilet.
Vie de S. Alex., str. 81.
Mis s'est dit aussi pour mon, en ancien dialecte normand :
Là vos suirat, ço dist, mis avoez.
Chans. de liol., p. 13.
Pur dons choses serras mis gendre.
Les ftois, p. 71.
2. Mi [my own), adj. poss., mien, à moi. Du lat. mi, syné- rèse de mihi.
Pur ço sul mult dolenz que tu as tant raespriz Vers sainte mère Eglise et as
suens qui sunt miz.
S. T/wm. le Mart, , p. 101 .
Mier. V. Mer 1.
-f- Mignoner [lo mignon), v.a., mignoter, caresser, traiter mignonnement.
-|- Mincher (io mince, hacher), v. a., émincer, couper en petits morceaux.
Mincer, comme mot français, est dans Cot- grave, avec ce sens.
Et pis va chrrchi des navets,
Pour que j'en pell' et minch' deuz' treis.
Rimes jers., p. 105.
Miner {minatory, menaçant; minalimg' , menace), v. a., menacer. Du lat.
minari.
Trop as parole, sempres morras,
— Frère, que dis-tu? me minas? (me menaces-tu ?) Jo vinc ça fors en ta
créance.
— .là ne t'aura mestier hance. Jo toi oscirai, jo toi défi.
— A Deu pri qu'il ai de moi jjierci.
Adam, p. 54.
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(delwedd C0724) (tudalen 0656)
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— 6o6 —
Ministrer {to mnis(er), v. a., servir, venir en aide à, con- duire. Du lat.
minislrare .
Icist minisirot à mei.
Lib, psalin., p. 145.
iusticiers, qui ministrez justice.
P. Gring., 1,50.
Mirable (mirable), adj., merveilleux, admirable. Du lai. mirabilem.
Totes tes ovres sunt mirables, Totes hautes e covenables.
Bén., Chron. de Norin., v. 14958.
Tant fud cil estres delitables Al chevalier e si rairahles De la dulçur et
del repos, Qu'il vit là enz dedenz cest clos.
Marie, Puru-, v. 1G33.
Mirecoton {meiicoloon, Sherw.), s. m., espèce de grosse pêche, à chair jaune
et un peu ferme, dite aussi pèche- abricot :
Puis, lors que le soleil allume les chaleurs Il fait cueillir les fruits,
après les belles fleurs : La prune de Damas et noire et violette, La bonne
perdrigon, la cerise rougetle Le bon mirecolon, Tabricot savoureux.
V.\UQ. DE La Fi!ESN.,Srft,, p. 236.
Mireor {nnrror; mirrour, Sherw.), s. m., miroir.
Autresi sunt cum mireors Les estoires des anceisors.
BÉN., Chron. de Sorin., v. 12633.
Li Pastorals esquels nos vies Si com eu mireors, mirons,
Yiede S. Grog., v. 2912.
Mis. ^'. Ml.
-\- Miserette {mice, mulot), s. /., musaraigne. L'on dit aussi mésiretle.
Miséricorde {misericord'), s. /'., espèce de petit poignard.
Item, ij chaperons, i. forré et i. defforré. .. i. espée et i. misé- ricorde.
I rivent, de 1307, cité par M. Delisle dans l'Agr. en Norm. au moij, â'je,,
p. 728.
Miserie {/nisery), s. f., misère. Du lat. nuseriam.
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(delwedd C0725) (tudalen 0657)
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— 657 —
Pur la miserie des sufraites.
Llb. psalrn., p. \i
Iluek l'un ti'ait, si sunt aie
Al terz champs, où il l'unt mené,
Plein de miserie e dolur
E de criement e de plur.
Marie, Parg.,\. 1033.
Miste {mythe*), adj.^ doux, doucereux. Du lat. milem.
Car leurs blasons (louanges) et leurs paroUes mistes Tournent en mal et en
ferocitez.
Gring., I, 101.
Mobles. V. Moebles.
-|- Moe (moe. Gotg.), s. /"., moue. V. les formes similaires /«oe, joe.
Il nous a fait la moe à tous.
Miracle (le N.-D. de Rob. le Diable, p. 79.
L'omme qui est rerlueux et acouragé, mesprise son riz et sa moe et ne doute
riens ses menaces.
Al. Chart., Le Cariai, p. 394.
Moebles, Mobles {mobles*), s. ni.pl.^ etadj., meubles, effets mobiliers. Du
lat. mobiles.
Monseigneur l'abbé de Saint-Oen prent et a toute la partie des biens moebles,
à chescun, de ses rescous en la parroisse de Qiiinquempoist, quant il sont
trespassez.
Lio. des Jur. de S. Ouen de Rouen, f' 282 i°.
Il en obliga soy et ses hoirs, à (avec) tous ses biens mobles et non mobles,
presens et avenir.
Accord de 1296, dans les Méni. et Notes de M. Aug. Le Prévost, II, 530.
+ Mole {mowe of whete or haye, petite meule de blé ou de foin. Palsg.), s.
/"., meule de blé ou d'avoine (Diction, de pat. norm. de M. Delboulle).
En angl. mod. mow signifie tas de foin dans un grenier. Maye est une autre
forme plus exacte du mot dont il s'agit ; Cotgrave la donne et lïnterprète
par heap of corn in the sheaf ; elle appartient essentiellement au dialecte
normand :
Ausi est cum soriz en meie Poples que justice n'aleie.
Bén., Chron. de Norm.,\. 11307.
Moiler, Moiller [to moile, Sherw. ; to moil\ couvrir de fange, de limon, de
boue), v. a., mouiller, rendre humide. Du lat. mollire, amollir, rendre mou.
42
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(delwedd C0726) (tudalen 0658)
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— 6S8 — L'egue getent, si moilenl son
linçol.
S. Alex., str. 54.
Il ne loise à aul home à fere novel mol in en sa terre, ne gort (barrage) qui
moille la terre.
iMarnier, Établis, de l'Ech- de Norm., p. 43.
Moison. V. Muaiscn.
Molde (nwld), s. m., moule, forme, modèle. Du lat. modu- lian, mesure. V.
Molle.
Volt pur ço li reis que ses hum^s fussent od les charpentiers
le rei Yram pur duner les moldes e les mesures del mairien que
cil abatirent.
Les Rois, p. 244.
Mole {mole, digue, pile), s. /"., masse de matière solide. Du lat.
molein., dont le sens est le même.
Plus est fermes que pierre qui seit sur vive mole.
S. Thom. le Mart., p. 117.
Molesté {molestie*), s. /"., tracasserie, vexation, peine, cha- grin. Du
lat. molesliam.
Unkes molesté ne lur feimes , ne unkes ne perJirsnt rien par nus.
Les Rois, p. 97.
Meins aureit molesté e pesance.
BÉN., Chron. de Norm., v. 38799.
Molle {mole*), s. m., forme, modèle, moule. V. Molde.
Li sage poète en ont fet Un molle moillié et portret, De la plus riche ovre
quifust Et que nus hura fere seust.
Béx., Rom. de Troie, v. 16685.
-|- Môme {inawn, tendre, doux, délicat), s. m., petit enfant. A rapprocher
maumet', poupée.
-|- Momon {mummet\ personne masquée), s. m., plaisanterie, qui, dans les
noces de campagne, se donne pour tâche d'a- muser, par des bouffonneries, les
personnes qui y assistent. Souvent, pour mieux atteindre son but, le momon se
déguise ou se travestit. Mommon est, dans Cotgrave, avec le sens de personne
masquée.
Le 4 décembre 4553, appres soupper, Cantepye et Simonnet furent porter ung
mommon chez Auvré au cappitaine du Teil et aultres, qui esloyent revenus de
nopcesde Pasquette Auvré chez Roumy.
Journ. du s. de Gouberville, p. 56, éd. A. de N.
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(delwedd C0727) (tudalen 0659)
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- 659 -
l.a mariée est portée en triomphe, et des moraons... guident, par leurs
gambades, l'assemblée qui chante à tue-têle.
De la Bédol, , Les !\'ormandii, dans Les Fr. peints par eaœ-mèrnes, II, 142.
+ Moncorne {moncorn*), s. m., mélange d'orge, d'avoine, de pois et de vesce,
que l'on sème au printemps.
M. Delisle, dans VAffric. en Norm. au moy. «^e, p. 320, cite un passage du
cartulaire de l'abbaye Sainte-Trinité de Caen, où il est question d'un
domaine, dans lequel les religieuses avaient 19 acres de froment^ 80 de
mancor, 20 d'orge, etc. A la même page, il mentionne, en note, une cliarte
latine, don- nant au mot qui nous occupe, une forme paraissant plus exacte :
mancorn' .
-\- Môner {to mone. Sherw. et Palsg.; lo moan), v. n., gein- dre, gémir, se
plaindre. Littré, v" Marmonne)', dit que môner appartient au patois
normand, avec l'acception précitée. Le verbe est dans le Gloss. de Dubois,
qui lui assigne le sens d'hésiter.
Monniers {monionrs*), s. m. pL, monnayeurs.
Item, ils pevent prendre leurs prevosts, receveurs et monniers, et leur faire
rendre compte, et leur compte entériner et les mettre en leurs prisons.
Inst. aux barons de Norm., cit. par Houard, Ane, loix des Fr., II, 4C0.
Monstier, Muster {mynsler. Sherw. ; minster), s. ??!., moù- tier , monastère
, église. Du lat. monasterium. Monstrer , monstre., mouslrer, mousler,
mostier, mustre, monastère. Kel.
Ço dist l'iinagene : Fai l'home Deu venir En cest monstier, quer il l'at
deservi.
A lex-t str. 35,
Les us ovrir e desfermer
E par mi le muster aler,
De primes s'i contint mult bien.
Bén., C/irun. de Norm., v. 25470.
1. Monstre {monster. Palsg.), s. m., prodige, merveille. Du lat. monslj'um,
chose étonnante, merveilleuse. L'angl. a con- servé les dérivés monsirous,
prodigieux, et monslrously, pro- digieusement.
Venez e vedez les ovres del Seignur, lesquels il posa monstres suf terre.
(Venile el videle opéra Domini., quœ posuilprudiyia super terram).
2. Monstre (revue). V. Moustrée.
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(delwedd C0728) (tudalen 0660)
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— 660 -
-f- Mont (mountain), s. m., monceau, tas. Il esloit (le bois) par quartiers,
tout en un mont.
Compte de 1333, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 56.
Le 15 mai 1503, payé pour xx mens de piastre, x 1.
Comptes du chat, de Gaillon, p. 23.
+ Moque {moke' 2; miig), s. f., tas.se sans anse, servant à boire. En patois
norm. de Jersey, on dit mogue:
J'ai prins une mogue et m'en sis allé au drière de la futaille.
Rimes jers., p. 53 Dial. en pr.
La forme usitée à Guernesey est aussi mogue. V. le Dict. de M. Métivier.
Morcel, Morsel (morsel)., s. m., morceau. Du bas-lat. mor- sellum., dim. de
niorsiim, morceau détaché en mordant.
... Del morsel fu estranglez.
Wace, Rom. de Rou, v. 10723.
C'est dur morcel à avaller.
Al. Chart., Le Livre des quatre Dames, p. 648.
En pat. norm., l'on dit morcel. La substitution du t à VI dans les
dé.sinences en el est un fait fort commun en ce patois, qui, par exemple, de
capel, cisel, etc., a fait capel., ciset...
Tu n'airas qu'à aveir un morcé d' Lœu d' la halle.
Rim, jers., p. 18.
+ Morcet. V. Morcel.
-j- Mordant {mourdant'), s. m., ardillon.
Moraine. V. Marine.
Morel (cheval) {morel*)., cheval noir. Morel est un diminutif de Maure, du
lat. Maiirum.
Item, pour aineniiement d'un cheval morel, xxxiilx s. t.
Compte de 1334, cité par M. Delisle dans les Actes norm,. de la Ch. des
Comptes, p. 226.
Pour un cheval morel à mètre en herneis, 110 s.
Autre de 1466 , cité par M. Pluquet, dans son Ess. hist. sur Bayeux, p. 200.
L'on a dit simplement morel pour désigner un cheval à robe noire :
Kar ore vait un message al rei Henri le père. A Roem en Normandie, sur morel
de rivière.
C/iron. dejord. FanU, v. 200.
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(delwedd C0729) (tudalen 0661)
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- 661 —
Pour vieil oingt et vert (3e gris pour faire de la medicine pour garir les
pies du morel, 10 s.
Compte de 1512, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses Notes et doc. sur la
Nortn., p. 207.
Morigeraz (morigerous*), adj., respectueux, soumis, obéis- sant. Du lat.
morigeralum, complaisant, docile.
Tant par ereit entrinement, Morigeraz, discrez e salves.
Vie de S.Grég.,y.'l(i%.
-{■ Morine, + Moraine {moorings, corps morts), s. /"., bête morte.
Se dit particulièrement des abeilles, trouvées mortes dans les ruches quand
on en extrait le miel. V. Murine.
Morine, moreine ne se disent que des animaux morts de maladie. Telle était
Tune des acceptions de' morine dans l'an- cien dialecte ; en bas-lat. morina
:
Peaus de morinne ne doibvênt rien, mes que l'en jure que la beste ne fu pas
morte par aucune action.
Coust, de la Vie. dol'Eaue de Rouen, art. i9.
Item inquirendum est de carnificibus et coquis carnes venden- tibus
susceraatas, vel de morina, vel semicocta... ad vitarum homiuuna periculum.
Fletn, 1, II, cb. xii, xxvii.
Morinea, moraine.s sont les dénominations sous lesquelles sont désignées les
laines des moutons morts de maladies, dans deux arrêts du Conseil d'État,
l'un du 4 février 1716 (art. 6), et l'autre du 2 mai 17;i0 (art. 7), tous
deux réglementant la con- fection des « étoffes dites frocs., qui se
fabriquent à Lisieux, « Bernay, Tordoûez, Fervaques et autres lieux des
environs. »
Morsel. V. Marcel.
-\- Mort (à) (mort', grande quantité), loc. adv.^ en grande quantité. « Le
prunier a des prunes à morl. »
Quand les arbres à fruit, et en particulier le pêcher et l'abricotier,
fournissent une récolte extraordinaire, il arrive assez souvent qu'ils
meurent épuisés par cette production excessive. De là, pensons-nous,
l'origine de la locution « à mort », équivalant à celle-ci : « à en mourir».
1. Mortal [mortal), ad j.. menrlnev. Du lat. mortalem, qui cause la mort.
Morlale criinen, péché mortel, péché qui donne la mort à l'âme, S. Gyprien.
Eisi le fait qu'issi le veout Que l'essample Pilate ensiut. Qui home homicide
e raortal Clama quile senz faire mal.
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(delwedd C0730) (tudalen 0662)
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— 662 ~
Por Jhesu Crist crucefier U nus ne saveit riens jugier Ne trover cope ne
mestait.
BÉx., Chron. de Norm., v. 13625.
En icel tens sorvindrent glaives, Tanl durs, tant mortaiis, Irant grejous.
rie de S. Grég., v.710.
2. Mortal (mortal), adj., mortel, qui veut la mort, sujet à la mort. Dérive
aussi de mortalem. V. Morlalment.
Quer li un teneit l'allre por mortal anemi.
Wace, Boni, de Rou, v. 4114.
Rous, nobles dux, proz e vassaus, Sor trestuz autres, dux mortaus.
Bén., Chron. de Norm., v. 6227.
Mortalment {morially), ndv., mortellement, à la mort., à mort. V. le mot
précédent.
Kar chescun des Normanz mortalment le haieit.
Wace, Rom. de Rou, v. 3733.
. . .Cil ki mortalment le soleient haïr.
5. Thoiii. le M art., p. 209, Append.
1. Morter {morter. Sherw.),s. m., mortier, vase dans lequel on broie des
substances avec un pilon. Du lat. mortarium. V. Morter 2.
Puis que vus avet iceste commixtiun (mélange) faite, iriblez (broyez) tôt
ensemble en un morter.
Pet, tr. de rnéd. du XIV' s., publié par M. Bouclierie, p. 7.
2. Morter (tnorler. Sherw),s. w., mortier. Terme de ma- çonnerie. V. Morter
1.
El bois corne. ce sun atreit
De cliauz, de peire e de morter.
Vie de S. Gile, v. 2232.
Mort gage {mortr/age., hypothèque), s. m. Ce mot, qui au- jourd'hui n'a plus
d'objet en droit français, indiquait, dans Tancien droit coutumier normand,
auquel la législation an- glaise l'a emprunté, l'engagement que faisait le
propriétaire d'un immeuble, de la jouissance de cet immeuble, jusqu'au moment
de l'extinction de la dette. Cet abandon avait lieu, sans qu'il y eût
imputation des revenus perçus par l'engagiste, sur le montant de sa créance.
Les Anglais ont retenu le mot. en modifiant son acception ; inorlffage n'est
plus usité par eux que dans le sens d'hypothèque (\).
(1) L'ancien mort-gage anglais élait loin toutefois d'être équivalent à ce
que noas appelons aujourd'hui une hypothèque ■ Si feoflfment soit fait
sur tiel condition que si le feofîor paya al feoffee cer-
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(delwedd C0731) (tudalen 0663)
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— 663 —
Le morl-gage, dans le sens primitif du mol, constituait un véritable acte
usuraire, que la législation normande ne tarda pas à proscrire. La même
législation admettait encore une autre convention, plus é(iuitable, que l'on
appelait le vif-gage^ suivant cette convention, les revenus de la propriété
engagée étaient aussi perçus parle créancier, mais ils l'étaient en dé-
duction de la dette, en sorte que l'engagement prenait fin quand, par ce
moyen, la créance se trouvait éteinte. C'est ce que l'on appelle aujourd'hui
en droit français, une aniichrèse.
Le morl-gage et le vif-gage sont ainsi définis dans l'ancienne coutume de
Normandie, ch. cxr :
« Il y a une manière de gaige, que l'en appelle mort gaige. Mort gaige esi
qui de rien ne se acquicte, si comme quand aul- cune terre est baillée en
gaige pour cent solz, par tel convenant, que quand cil qui l'engaige la
voudra avoir, il rendra les cent solz. — L'en appelle vif gaige qui se
acquicte des yssues, si comme quand l'en baille en gage une terre pour cent
solz jus- ques à troys ans, qui doibt estre rendue toute quicte en fin de
terme, ou, quand terme est baillé, jusques à tant que les deniers qui sont
prestez, soient traiclz des yssues de la terre. »
Mortreux (morlr'ewes*), s. in., mets composé d'un mélange de pain et de lait.
En bas-lat. mortea. V. Ducange à ce mot.
Ont chascnn une ribelette de lart routy sur le greil, chascun une esculée de
mortreux, fait de pain et de lait.
Cil. du XV^ s., citée par M. Delisle dans l'Agric, en ÎSorm. au, moy. âge, p.
90.
Moschet, Mouché {muskel*}, s. m., tiercelet mâle de l'éper- vier. Du bas-lat.
muscelwn, du lat. muscam, mouche, ainsi dit à cause des mouchetures de son
plumage.
De treis tleches e d'un moschet Deit asset aveir teu vasiet.
Ben., Chron. de Norm., v. 14828.
Nous avons receu par les mains de Huet Picart, garde de la forest d'Andaine,
trois esperviers et six mouchez... Si veillez paier au dit Huet tout ce que
les diz esperviers et mouchés auront cousté et despendu depuis qu'i furent
trovez es ayres.
Marul. de 1343, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch, des
Comptes, p. 296.
Mossu [mossy), adj., moussu, couvert de mousse.
taine jour 40 1. d'argent, que adonque le feoffor poit re-entrer, en ceo cas
le feoffee est appell tenant en morgtuge, qui est autant à dire en françois
comme morlgage et en latin morCauni uadiura.
LiTTLETON, Iiist., sect. 332.
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(delwedd C0732) (tudalen 0664)
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— 664 —
Une fosse trove reonde Molt par estoit tote et mossue E molt i ot petite
oissue.
BÉN., Rom. de Troie, v. 29069.
Mostrement {mostre'), s. m., représentation, aspect.
Rous entent de s'avision (songe) Tote l'enterpretation, • Le mostrement,
l'apareissance E tute la signefiance... Dès or est mult joins e liez.
BÉN,, Ckron. de Norm., v. 1637.
Mûst7'ement, mostre sont le.s substantifs de mostrer, qui s'est dit pour
montrer. Du lat. monslrare.
Vit, par le pont de Saine, e venir e aler, De verz Hermentreville e venir e
passer Caretles e somiers en la ville mener. Nés e batiax venir chargiez
devers la m^r. Si barons apela, si lor prisl à mostrer.
Wace, Rom. de Rou, v. 4112.
Mais le chief ne le bras destre N'i voldrent il pas leisser estre Por porter
as processions E por radstrer les as barons. GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont
S. Michel, v. 1351.
Mote (moot'}, s. /". , contention, débat, dispute, querelle. D'un rad.
fictif motam, forme féminisée de motum, discorde. Motus civilis, dans Horace,
est dit pour discorde civile. Rapprocher encore to mote*, to moot', disputer,
quereller.
F-i dus Robert fu mult pensis De la grant mote qu'il oeil.
Wace, Rom., de Rou, v. 14737.
En patois, le s. m. pi. mots a le même sens, dans deux lo- cutions, d'un
usage journalier en Normandie « Avoir des mots avec quelqu'un », se dit pour
être en querelle avec lui ; a cher- cher des mots à quelqu'un », c'est lui
chercher noise. Mots ici pourrait être rattaché au lat. mutlum, grognement.
-j- Motte [mole. Palsg. ; mot* 3; moat), s. /"., fossé très large, plein
d'eau, entourant une habitation de maître à la campagne, et souvent même les
dépendances immédiates de cette habi- tation, laquelle est désignée sous le
nom de maneir. V. ce mot.
Aider à curer les motes d'allentour du dict manoir, de trois en trois ans.
Ane. ch. citée par M. de Caumont dans sa Stat. monu- ment, de l'arrond. de
Lisieujj, p. 399.
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(delwedd C0733) (tudalen 0665)
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— 66o —
Premièrement, h parroisse île \a Poterie Maliieu, la donnoison du patronnage
de l'éj^lise de S.iint Pierre de la Poterie, la niote entour son enclos, la
corl (]ui est devant, etc.
Terrier de 1376, cité dans les Méin. et notes de M. Aitq. Le Prévost, II. 620.
Mouché. V. Moschct.
-f- Mougier {to mouch\ manger avidement ; to niounch , manger; to munge\ la
niunch, mâcher), v. a. et n. , manger. Du lat. rnandere, mâcher et manger.
Une autre forme nor- mande du verhe en question , inàquer^ dérivée de
masticare^ a pareillement la douhle acception de mâcher et de manger.
Mougier, au sens précité , se trouve dans le Diction, de pat. nbrm. de MM.
Duméril.
Mourine. V. Miirine. '
Mourme. V. le mot suivant.
Mourne, Murne (mi(rne*), ndj., morne, triste, mélancolique. En angl. to
ntouern , porter le deuil. Du goth. maurnan ^ être triste.
Celé fu mourne e en dolor, Qui de mort ot eu paor.
Marie, Fable 9.
Si de ses meins
L'eûsl occis ne fut pas meins Marriz ne mourne n'angoissous.
Vie de S. Grég., v. 1713,
Mais tu jurs est pensive et murne.
Marie, Gugemer, v. 720,
A meisun vint marri e murne.
Vie de S. Gile, v, 154.
En patois normand, l'on dit ntouniie, dans le même sens ; mais c'est
évidemment là une corruption de l'ancienne forme normande, conservée, non
seulement dans le v. angl, murne^ mais aussi dans Tangl, mod. la mourn ,
porter le deuil , pleurer.
+ Mouse {moiise\ moulh, ])Ouche, gueule; 7nus*, miizzle, museau), .<.
/"., bouche, gueule, nez, museau. De mitsiim, mu- seau, que l'on trouve
dans la basse-latinité du Vlll^ s, -^
Moustrée, Monstre (?/n<.s';er), 5. /"., rassemblement, revue, appel,
contrôle, le tout en parlant des anciennes milices.
Et pour ce faict, le roy de France fist une très grant armée pour aler sur le
duc de Bretaigne et pour le détruire , et s'en alerent à Saint Jullian du
Manz, où Tasemblée et moustrée de- voit estre.
P. Cochon, Clwon. noria., p. 190, éd. de Beaurep.
4ïi*
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(delwedd C0734) (tudalen 0666)
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— 666 —
Le quatrième jour du mois dejuilet audil an (lo4i), la mons- tre de
l'arriereban de ce bailliage fut tinue par monsieur le bailly, Jacques
d'Auberville.
De Bras, Rech. et antiq. de la ville de Caen, p. 1 8.
Le 14 janvier 1553, je fys partir Chariot pour aller à Cons- tances,
m'fxctiser à la monstre du ban.
Jourii. du s. de Gouberoille, p. 582.
+ Mouveir f/0 move), v. a., mouvoir, remuer, déplacer. Du lat. morere. Le
français a conservé la forme normande du mot, dans la locution « mouver la
terre. » « Je me mouve n pour « Je me meus w se trouve dans Palsgrave (Qram.,
p, 635).
Moult voïssiez par li campaigncs Mouveir conreis e chevetaignes.
Wace, nom. deRou, v. 9080.
Et tu scez bien que droit s'acorde, Que quant y peut mouveir discorde...
L'Aduocacie N. D., p. 42.
Tous les conviez, fezant mouver lue lippes, Fiquent les dais o plat.
D. Fer., Muse norm., p. 176.
I n'veulent pas b's mouvier du but du deit.
.MET.. .S. MaC/i., ch. XXIII, v. 4.
Movable [movable), ndj., mobile, susceptible de déplace- ment, meuble. V.
Immouvable.
Seient fait neient movables sicume pierre.
Lib. psahn., p. 238.
Chevaliers ne puet pas doner son conquest, qui n'est pas mo- vables (en
choses mobilières), à son neveu de par i. de ses frères, qui doivent estre si
vir.
Marnier, Établi ss. de l'Échiq. de Xorni., p. 97.
Moveir, Mover (lo move), v. n., se transporter, s'avancer, s'ébranler,
partir, aller, marcher. Du lat. raovere.
Murent vers le vespre, e vindrent al ost de ces de Syrie.
Les Rois, p. 371.
Des que la mer retraite fn Ig' Li piosdons est semi)res raeu.
GuiLL. DE S. P.\ip., Rom. du Mont S. Midi., v. 3£64.
Ja saverad li reis Henri asez ù mover sei.
Chron. de Jord. Faut., v. 103.
Ja plus loing d'ici n'en irons, Si plus tost d'ici ne movons.
Vie de S. Grég., v. 663.
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(delwedd C0735) (tudalen 0667)
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- 667 —
Movement (movement) . s. w., mouvement. Du lat. movi- menlum.
... ïuz jorz est en movemenz.
Bé.v., Chron. de JSorrn., v. 16.
Mover. V. Moveir.
Mu, Mut (mute)., s. et adj. ?«., muet. Du lat. muium.
Qui home fet et sort et mu, Si l'a sorpris et deceu, Que nule riens plus ne
désire Qu'aler ati doleros marlire...
BÉN., Hom. lie Troie, v. 22077.
Mout est pentiz, taisanz e mus.
Marie, Lanoal, v. 358.
... Au mespris de la court, Où l'on doit estre aveugle, mut et sourt.
Vauq. de la Fresn., Sut., p. 150.
-|- Muaison, Moison (moison', fruits, produits), s. /"., pres- tation
annuelle déterminée, que le fermier ou tenancier d'un fonds devait au
propriétaire sur certains fruits de ce fonds.
M. Léchaudé d'Anisy, dans son Invent. des Ch. norm. (t. Vil, p. 123 des Mém.
de la Soc. des Ant. de Norm. , année 1834), cite un accord de 1333, entre le
chapitre de Bayeux et les religieux de Sainte-Barbe (dioc. de Lisieux),
relative aux arrérages dus sur la muaison en grain que ces derniers fai-
saient audit chapitre sur les dîmes de Graye et de Sainte- Croix-sur-Mer.
A cause de ce, les archevesques de Rouen ont toutes les appar- tenances de la
dite chatellenie (de Gaillon)... c'est à sçavoir : ... terres labourables,
moisons de vin, prez, bois, etc.
A rrii. (fr l.'iOl, dans les Aléni . et notes de M. A ur/. Le r'révoAt,,\\,
147.
En bas-lat. modialio :
Tenemur reddere medietatem redditus etmodiationis in quibus lenetur Domui Dei
vinea supradicta.
Ch. lie 1277 , ciléc par M. Delislc dans V Agr. en Norni- au, moi/, cif/e, p.
i61.
Mueisim, avec une acception toute différente, se rencontre encore en dial.
norm. ; c'est le substantif de muet\ V. ce mot.
Chanlez al Seignur , abitere de Sion ; annuncez en pueples les mueisuns
{commulaiiones) de lui.
Liv. des Ps., IX, H.
+ Mucher {lo miche*), v. a., cacher. Souvent usité aussi
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(delwedd C0736) (tudalen 0668)
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— 668 —
comme v. réfl. Du lat. mussare, que l'on trouve dans Piaule avec le sens de
taire, cacher, dissimuler.
Ces ki de pour ce furent muschiez... fièrement enchalchierent lur enemiz.
Les Rois, p, 48.
Sum clîief couvrit, si se mucha.
GuiLL. DE s. Pair, Uom. du Mont S. Mi'-h-, v. 2592.
Mais i lus faut des creux pour y muchi lus nez.
Rimes jers., p. 121.
Pour l'amour de s'n ami Jean,
L' crax oubliera ses pirouettes,
El s' much'ra, sans dire rian,
Dans r pertus d'une vieille chouquette.
Rimes guern., p. 168.
L'on dit de même, en patois normand, muche , muchelle ^ pour cache, cachette.
Muchard se dit d'une personne qui aime à cacher, et muchotier, de quelqu'un
dissimulé. Enfin, muche- ten-pol est la dénomination d'un débit de boissons
clandestin,
+ Muchette (A) , en cachette. Tel est le sens de la loc. angl. in
hugfjer-miigQer. Jlufjyer est dit littéralement pour embrassade, et nmgger
pour cachée. V. Mucher.
-\- Muchi-mora {mucJi more, beaucoup, bien) , loc. adv., pas trop,
suffisamment, bien.
-f- Mucre (muck', humide, moite ; nmck, eau, fumier), adj.^ humide, du lat.
mucruin. V. le mot suivant.
Le lavage (des fûts) doit se pratiquer à l'eau de chaux... si le fût sent le
mucre.
Annuaire de la .Yor/»., 1880, p. 324.
Je le nettîmes hier, il 'tait tout roui (rouillé) ; 1 fallait que nos gens
l'eussent mins dans une plièche mucre.
Rim. jers , p. 50. Dial. en pr.
+ Mucrir (to mucker', devenir fangeux, boueux), v. n., devenir humide. Du
lat. mucere , se gâter par Thumidité. Mucrir se trouve, avec le sens de
devenir moite, dans le diction, de Lacombe, et renmcris^ dans celui de
Cotgrave, avec l'acception de moisissure.
Muer (lo mue'), v. a., changer, dans un sens général. Du lat. iiiutare.
Li reis Marsilies ad la culur muée.
Chans. de Bol., p. 37.
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(delwedd C0737) (tudalen 0669)
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— 669 —
Ne poet muer Franceis ne hace, Dès or ne li chant mais qu'il face.
RÉN., Chron. de Norm., v. 5177.
-f Muflfe {i)iii/}")^s. m., imbécile, rustre, goujat. Terme d'in- jure.
Mailler, Muillier, Mullier, Mulier {))iuliere*)^s. /". , femme, épouse.
Du lai. mulierem.
Muillers oui dous : la plus noble fud clamée Anna et l'allre Phenenna.
Les Rois, p. 1.
Voslre muillier, la proz, la sage, Une ça ne me tramist nunage.
Bén., Chron. de Norm., v. 2923.
Il est marid e tu sa mullier.
Adam, p. 5.
Marie, Deu te saut, la benoite mulier !
Vie de S. Auban, v. 128.
Mul (mule)., s. m., mulet. Du lat. mulum. Mulet est une forme diminutive, qui
a pris dans la langue la place du mot simple.
Ne voilez eslre fait sicum chaval e mul, as quels nen est en- tendement.
Lib. pscdm., p 39.
Li altre fiz le rei saillirent as muls, si s'enfuirent.
Les Rois, p. 166.
Mulier, Mullier. V. Muillier.
Muite, Mulcte (mulel), s. /"., amende, peine pécuniaire. Du lat. mullam
ou mulctam.
Ki abati femme à terre , pour faire lui force, la multe al sei- gnur X. solz.
Lois de Gail., 19.
Et pourront lesd. juges contraindre lesd. praticiens... par muictes et
aultres peines pécuniaires.
Ordon. de l'Écliiq, de Norm. de 1401.
Le verbe nmlcter, frapper d'timende, quoique fort peu usité, a été conservé
par l'Académie.
Multepliance {mulliplyeng, Palsg. ; mulliplying ^ Sherw.), s. f.,
multiplication, augmentation en nombre des espèces vivantes, par voie de
génération.
D'eus i eut si faite abondance E si très grant multepliance Qu'en dous poples
se devisèrent.
BÉN., Chron. de Norm., v. 385, p. 16.
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(delwedd C0738) (tudalen 0670)
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— 670 —
MuUepliement s'est dit aussi au même sens en dial. norm.
Le multfpliement del pople Deu.
Les Rois, p. 2,
Multum (midlon), s. m., mouton, bélier. Du bas-lat. muUo- nem, du celt.
inult, molt. V. Mutun.
Li mont s'esledecerenl sicuroe multum, e li tertre sicume li aignel des
oeilles.
Lib- psalm., p. 175.
Arielera nuraerent. Cisl num li enposerent, E iço ert multun, En franceise
raisiin.
Ph. de TaAOy, Com.piU, v. 1209.
Munifique (munificent) , adj.^ généreux , libéral. Du lat. munificum; le mot
angl. dérive de munificanlem.
Le [)rince est et doit estre, de sa nature, munifique et libéral.
Terrien, Corn m. du dr. norm., p. 536.
Muniment (munimenl), s. m., titre, justification. Du lat. vumimenlum, force,
appui.
Mais (il y) a simple desrene, se la plevine ne peut estre mons- trée
p.iraulcuns mutiiments ou par le record de l'assise où elle fut faicte.
Ane, Coût, de Norm., ch. lv.
Muntainne [mountain) , s. f. , montagne. Du plur. mon- tana , pays de
montagnes, montagnes.
Herbt^rge eaniualainne ne puet estre celé.
Vie de S. Aubnn, v. -OSO.
1. Munter (lo mount), v. ?i., monter, s'élever.
Al lers jur en resuscitas... Puis miintas el ciel à lun père.
ViedcS.Gile,v.^i2b.
A geiiûilz e à c ites ad le tertre munie.
Vie de S Auban, v, 940.
2. Monter (to munie), v. n., se livrer, s'abandonner.
Kar li reis est vers moi miintez en si granl ire Ke nuls hom ne purreii...
5. Thom. le M art., p. 57.
Murai (muraj/'), s. m., muraille, mur d'enceinte, rempart.
Gimeges virent l'abeie, Cum ele fu faite eestablie.
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(delwedd C0739) (tudalen 0671)
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— 671 —
Ast z i parut des niiiraiz; NVrt uncore pas li leus refais Del orible
destruction Qu'en llst Hastenc le très félon.
BÉN., Chron. de Norin., v. 3033.
S'en issent...
Par les portes, forz Its muraiz.
Id., ib., V. 18806.
Murdre (murder) ^ s. m., meurtre, assassinat. Du goth. maurlhr. V. Murdrié^
miirdrir, murlrerie.
De murdre freceis occisl, e les homes del hundred nel prengent el amenetit à
la justice... sin rendront le murdre xlvij. marcs.
I.oisde Guill.,1&.
Mais l'amonestere infernal,
Par qui sunt engendré li mal,
Par qui sunt faiz les granz desleiz,
Les traïsons e les reneiz,
Les murdres, les dissensions...
BÉN., C/i7-o;i. de Norin., v. H620.
Meurdre se dit encore aujourd'hui pour meurtre en patois normand de
Guernesey.
Non tape à l'us, il a sounnai minict,
A l'aiguë ! au meurdre ! i nous tueront au lictl
Met, , Dict.franoo-norm., p. 332.
Cette forme est ancienne ; au XV" s. elle remplaçait la forme primitive
murdre :
Neuf jours avaut qu'ils tissent le meurdre...
Al. ChaRt., Hiat. de Charles VII, p. 42.
Murdrié, Meurdrier (murderer) , s. et adj. , meurtrier. Murdressour,
assassin, meurtrier. Kel. V. Murdre, murdrh\ murtrerie.
Pour porter lettres au viconte de Roan, faisantes mencion... que l'eti preist
raurdriez et larrons partout où il pourroient estre trouvés, iiij s.
Compte de 1349, cité par M. Delisle dans les Actes norin. de la Cil. des
Comptes, p. 405.
Car soTi baston n'est pas meurdrier.
Chans. norm. du Xy s. — Rec. Gasté, p. 88.
Mardrir {to 7nurder) , v. a., assassiner, tuer, massacrer. V. Murdre,
murdrier., murlrerie.
Ne te voil raurdrir ni laidir.
Les Rois, p. 94.
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(delwedd C0740) (tudalen 0672)
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— Qli —
Un dt^s enfanz m'estuet murdrir.
Marte, Freisne, v. 92.
A une époque postérieure, meurdrir fut substitué à mur- drir.
La vindrent le roy Loys de Sicille, les ducs de Berry et de Bourbon, lesquels
furent'moult esbahis de voir le duc d'Orléans ainsi meurdri (assassiné).
Al. Chart., Hist. de Charles VII, p. 9.
Il continua... à tuer, machacrer, meurdrir.., el abbaltre oy- seaux.
Nouo. Jabr. des exvel. tr. de ver,, p, 117.
Cette dernière forme subsiste en patois normand , mais dans une acception
différente, celle de meurtrir.
Te v'io, parmi les moquiaux d' frie, Sale, entunaie et meurdrie, Perle sans
prix !
Rim . guern., p. 123.
L'on dit de même en patois rneurdrissure , pour meur- trissure.
Murine , Mourine (murraine , Sherw. ; moreyne, Palsg.; morine'), s. /".,
mort, mortalité. V. Marine.
E jo i (en cette place) lèverai un altel à nostre Seignur, si es- tancherad
(arrêtera) à tant la murine e l'ocision.
Les Rois, p. 219.
Pouri. cuir de beuf ou de vaque ou de cbeval ou de autre beste, qui est morte
par fortune, i. d., et de droite mourine, rien.
Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. xxni.
De son acception générale, le mot pas.sa au sens restreint d'épizootie,
régnant sur certains animaux domestiques, sens qu'on retrouve dans l'angl.
mod. murrain et dans le v, fr. tnorine, en bas-lat. niorina.
Hoc aano (1263)... fuit magna raorina animalium.
Duc, Morina.
Quidam enim , circumspecte agentes, carnes ovium morina mortuarum ... faciunt
in aquam mitti , posteaque suspendi donec aqua decurratur ; qua carne postea
salsata et desic- cata, ipsam faciant appreciari et inter operarios
farailiamque expendi.
Fleta, L II, ch. lxxix, 6.
Eq esté sera sur les pors la morine.
Ms. 7218, f 207, dans Lacume.
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(delwedd C0741) (tudalen 0673)
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— 673 — Murne. V. Mo urne.
Murtrerie {murthering, Sherw.), s. /"., massacre. V, Murdre, murdrié.,
murdrir.
L'an 1418, Rouen fut prins... el fut la graiit murtrerie à Paris,
Cliron. (lu Mont S. Michel, p. 21.
Une autre forme du mot, beaucoup plus ancienne, est murdrie :
Plus aimet il Iraïsun e murdrie Que il ne fesist trestut l'or de Galice.
Chans. de Roi., p. 126.
Musard (musard"), s. »?., être vil, méprisable, dépravé, vagabond".
Pur quel es marriz e trublez par la parole d'un musard, k folement ad vers
tei e vers tun autel paried ?
Les Rois, p. 290. —Comment.
Pur chastier un mal (i7iauvais) musarl Ne veistes unques meins cuart Que il
esteit.
Vie de S. Tliom. de Cant., v. 784.
Museor [muser, Sherw.), adj.., traînard.
11 destruit toz noz malfeisanz, Nos museors, nos guerroianz.
Bén. , Rom. de Troie, v. 26739.
Muset (mtiss*, momc, souris), s. m., souriceau. Du lat. 7mis.
Dou muset ki quist famé.
Marie, Titre de la Fable 64,
Musteile {mmtelline, de belette), s. /"., belette. Du lat. muslelam.
Une musteile vint curant..,
Marie, Eliduc, v. 1031.
Muster, Mustier. V. Monslier.
Mustrer [lo mu.'iler, Palsg.), v. a,, montrer, exposer, sou- mettre.
Et à Deu sun seigmir ad sa cause rnuslrée.
5. Thom, le M art., p. 56.
Mustrum avant noz gr.inz vigurs E noz forces e noz valors.
Bé.v., Cliroii. do Mann., v. 1233.
43
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(delwedd C0742) (tudalen 0674)
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— 674 —
Mut (muet). V. Mu.
Mut (beaucoup). V. Muz.
Mutun innUton), s. m., mouton. V. Midlun.
Tels vunt mutims prendre dedenz lur herbergerïe.
Chron. de Jord. Fant., v. 1165.
+ Muz [much), adj. pL, plusieurs, beaucoup, un grand nombre de personnes. Du
lat. mullos.
A muz en pesa, c'est la fin.
Bén., Chron. de Norm., v. 32188.
Muz autres riches chevaliers.
lu., ib., V. 3Î575.
Ahich est traduit, savoir : par Halliwell, en anglais, par nu- meroKs, et par
Sherwood, en français, par beaucoup, moult.
Halliwell donne encore deux autres formes, se rapprochant de celle dont il
est question, ce sont mw^/ie, multitude , et murth, en abondance, lesquelles
pourraient être rattachées au normand mut, beaucoup, du lat. multum.
Pur ceo vos prie mut pur nos, Que vos place vers lui aler.
Bén., Chron. de Norm., v. 1866.
Mut lur plut.
Vie de S. A uban, v. 1237.
Mythologiste {mythologist), s. m.., mythologue, personne qui traita des
sujets mythologiques.
Un auteur qui cite le mythologiste Noël le Gomle...
P. Corn,, Exam- de la Toison-d'Or.
N.
-f- Nache. V. le mot suivant.
Nage {nage'], s. /"., fesse. Dubas-lat. naticam, du lat. nales, fesses.
Li reis Annon fist... colper lur vestures très par les nages.
Les Rois, p. '52.
Ainceis ereit tant générale La pestilence e tant raortale, Qe quelq' is
fussent, fous ou sages, As genit^rese as nages Soudement les prist à ferir.
Vie de S. Grég., v. 755.
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(delwedd C0743) (tudalen 0675)
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— 675 —
Le mot subsiste en patois normand, sous la forme nache (1) et seulement comme
terme de l)oucherie, pour désigner la fesse de bœuf. ^
Naie {nay), parlic. nég., non. V. Ne, neis, nen 1 et 2.
— Dit nos qui s'en alout od lui.
— Naie, certes, unques n'i fui.
BÉN., C/iron. de \orm., v. 28562.
Naïf (na«/"), adj., à l'état de nature, brut, en parlant des roches, des
pierres précieuses, etc. Du lat. nativum.
En la roche dreite, naïve, Qui contre la granl mer eslrive, Fisl faire leu
espatios, Si 1res bel e si delitos.
BÉN., Chron. de Norrn., v. 25961.
Le missel d'une source vive Descendoit de roche naïve.
Al. Chart, , Le Liv. des quatre Dames, p. 596.
-\- Napperon (naprun\ nappern*, apron, tablier), s. m., linge dont on ne fait
généralement usage qu'à la cuisine et qui y remplit l'office d'essuie-mains,
de torchon, de tablier. C'est un diminutif masculinisé de nappe.
Une vieille nappe, une tenaille, un viez naperon...
Let. de rém.de 1394, Duc, Napcrii.
Narille {narrel'),s. /"., narine. D'une forme ûciive nariculam, dérivée
de naris, narine.
Narilles unt e ne odererunt.
Lib. psalm., p. 176.
Li malades ki rent parmi les narilles le manger e le beivre...
PeC. traité de mcd. du XIV s., publié par M, Boucherie, p. 4.
^atviTal {nalitral' 3), adj., légitime. Du lat. naturalem, donné par la
nature.
K'alez vos, dist-il, eslrivant A voslre natural seignor?
Wace, nom. de Rou, v. 11207.
Non pas, ne ceo ne vos disun Qu'o une natural raison.
BÉN., Chron. de Norrn., v. 95.
^1) Celte forme se rencontre aussi dans la vieille langue:
Je vous eschaufierai les naches.
Rom. de la Rose, v. 20933.
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(delwedd C0744) (tudalen 0676)
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— 676 —
Naturel {naturaV 5). adj., humain, charitable, bienfaisant, plein de bonté.
Mes 11 barun sunt naturel vers lur seignurage.
Chron. de Jord. Fant-, v. 576.
Se voslre espprit vous admoneste et juge De trop aymer le trésor temporel,
Prenez raison, faictes en (de Dieu) voslre juge, Vers vos hommes (sujets)
vous fera naturel.
P. Gring.,1,20.
Navie {navy), s. /"., flotte. Du lat. navem. — Naine, armée navale. Kel.
En mer s'en entra la navie, De granl richesce replenie.
BÉN., C/iron. de Norm., v. 3009.
Si vus enveit de Flandres ses Flamenz od navie.
Chron, de Jord. Fant., v. 418.
Notre mot navire et, plus anciennement, navirie, avaient cette acception. Du
bas-lat. navirium, corruption du lat. na- vigium.
A celle heure arriva au poil d'icelle ville la navire de Bis- qiiaye, la
quelle il faisoil beau voir.
Al. Ciiart., Hist. de Ch. VII, p. 226.
Li reis list aturned na\irie en Asiongaher, qui près est de Itaiham, el
rivage de la Riige mer.
Les Rois. p. 270.
Ne (ne'), co)ij., non plus, V. Nen 1.
Les ennemis ne sont de fer. immortelz ne invincibles, ne que vous.
Al, Ch.\i;t., Le Quadrilogue, p. 416.
Neer (to nay'), v. ai\, nier. Du lat. negare.
L'en sçdit se fçavoir est reté (soiinué)
En court de congnoistre (reconnaître) ou neer.
Coût, de Norm. en v.,p. 150.
Se il lor estoit née, eus Toffreienl à prover, si avant comme eus devroienl.
Req. de 12S5, dans les Mcrn. et notes de M. Auq, Le Prévost, II, 526.
Nef (neaj/), s. m., navet. Du lat. napxnn.
Dune comença sun cors durement à grever, E les grosses viandes, chois et
neps, à user.
s. Thom . le Mart., p. 126.
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(delwedd C0745) (tudalen 0677)
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— G77 —
Neier {lo nai/'), v. a., renier, rejeter.
... l'ristrenl à ftlaufé (le mauvais, Satan) neier; Si se fesoient baploier
El 1101)1 de st'inte Trinité.
Vie de S. Grég.,v. iOGL
Nais, Nés {nay), adv., même. V. Naie, nen \ et 2.
Les meschines e les valiez, Chescuns d'els dist verz ou sonnez ; INeis li
viellarl revunl chintant, De leece finit luit semblant. GuiLL. DE S. Pair,
Rotn. da Mont S. Mic/i., v. 761.
Li un les autres trciïssoietil, Nés li parant s'enlrocivoient.
Wace, Boni, de Brut, v. 2237.
Neis, nés, se rencontraient quelquefois associés à un ;
Devura depriendre ces ki sunl de sun lignage, que neis un n'i rcmai^ne de
tule lu terre de Israël.
Les Rois, p. 20î.
Du rapprochement fréquent de ces deux mots il résulta que tantôt, neis,
tantôt nés, furent agglutinés à î/n, de manière à ne former qu'un seul mot
neisun ou nesun, qui se disait pour pas même un, aucun, nul (1).
... Combien que nesune Antre gracf, en amours ne vueille.
Al. Chart., Le Lio. des quatre Dames, p. 595.
Nis s'est dit aussi pour neis ou nés.
Li mien me volent nis guerpir.
Bén., Cfiron. de Norni., v. 17527.
En icel tens sorvindrent gl.iives (fléaux), Tant durs, tant mortaii;;, tant
grejous, Par tote Romanie estions Que nis en Rome la cité De la gent une
infinité Mourirent de la pestilence.
Vie de S. Grég., v. 710.
De là. le mot composé nisuyi, aucun, formé de la même manière que neisun,
nesiin.
Si purpernez les destreiz e les tertres. Que lemperere nisun des sot ns n'i
perdet.
C/ians. de HoL , p 70.
(1) L'on a écrit aussi nessun, nessung ; la première de ces formes est donnée
dcans le dict. de Cotgrave, et l'autre dans la gram. de Palsgrave, p. 82.
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(delwedd C0746) (tudalen 0678)
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— 678 —
1. Nen, Nene [nene'}, conj., ni, non plus. V. Ncn 2, naie, neis, ne.
Ne l'amerai, à trestut mun vivant, Nen Oliver, pur ço qu'est sis cumpaun.
Chans. de Roi., p. 28.
Mil e cent anz, neient plus non, Aveit dès l'Incarnation ; Tresze ans oui
nene enlerins.
Bén., Chron. de Norm., v. 40841.
-\- 2. Nen [nan*), adv., pas, point, aucun, nul. — A^en^, pas, ne, non;
neint, nullement. Kel. V. Nen î, /m/e, neis, ne. Nan se dit pour non en pat.
de Guern. V. le Dict. de M. Mé- tivier.
Dist li fols en sun cuer : Nen est Deus.
Lib, psalm., p. 69.
Le fruit que Deus vous a doné Nen a en soi gueres bonté.
Adam, cité par M. Litiré, HisC, de la langue fr., 11,86.
Nene. V. Nen l. Nés. V. Neis.
-j- Neu {neiv), adj., neuf, ce qui est fait depuis peu ou qui n'a pas encore
servi.
Pour un ponçon et iin chisel tous noeuz, vi s.
Compte de 1349, cité par M. Delisle, dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 384.
Pii, v'naient les clercs, appelez-les commins,
Ov d's habits d'nier drap, touos neus et touos tins.
Rimes jers., p. 3i.
Niceté {nicetee'), s. f., simplicité, naïveté, sottise, bêtise. Se rattache à
nice, simple, niais; du lat. nescium, Nice est un de ces mots aujourd'hui
hors d'usage, que l'Académie a conservés.
Pourquoy est-elle donc blasmée. Si les niées font niceté?
Ai,. Chart., Pastour. de Gransson,]). 767.
-f- Nifler (to niffle' ; lo snifter, Sherw. : lo sniff, renifler, aspirer),
v. n., flairer avec bruit, en parlant d'un chien. Le mot est usité en ce sens
dans la Seine-Inférieure. V. le GIoss, de M. Delboulle. Nifle}- est dans
Cotgrave avec le sens de re- nifler. Ce dernier verbe n'est autre que le
verbe de patois avec l'addition du préfixe re.
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(delwedd C0747) (tudalen 0679)
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— 679 —
-f- Nigoner {lu niggle), v. n., s'amuser à des riens. Nigo- ner est un
fréquentatif de niger, verbe donné par Gotgrave, auquel correspond l'angl. to
niggle, et qui signifie niaiser, ba- guenauder. V. le mot suivant.
+ Nigoneries [nidgeries'), s. /".^j/., futilités, choses de rien. De la
forme fréquentative nigoner (V. ce mot), est venu ni- goneries. De même, le
verbe simple niger a donné mgeries, qui est aussi dans Gotgrave, comme mot
français, avec le sens qui vient d'être assigné à nigoneries.
De nigeries l'anglais a fait nidgeries., par l'épentliése du d devant </,
épenthèse que l'on remarque fréquemment, dans le passage de certains mots
normands en anglais. Nous citerons, entre autres, juge, plege, qui sont
devenus dans cette langue judge, pledge.
Nigromancie, Nigromance {nigromancy^ Colg.)., s. /"., nécro- mancie.
De nigromancie mut fu endoctriné.
Vie de S. Auban, v. 997.
Fil tant par déception et par art de nigromance, qu'il espousa une dame noble
el riche.
Al. Chaut., VEsp., p. 350.
Nigromancien (ny^roz/mncer, Palsg.), s. m., nécromancien. 'V. Négromancie,
Gisl nigromancien ces granls maus nus basti.
Vie de S. Auban, v. 1509.
-|- Niquet [nicet", dimin. de l'angl. nice, délicat, joli, aima- ble),
adj.., délicat. Niquet en ce sens est dans le Diction, de pat. norm. de MM.
Duméril. Par le c dur ou k du normand niket., ce mot se rattaclie de plus
près que l'anglais nicel, du- quel il doit être un dérivé, du radical
anglo-saxon nesc, joli, délicat.
L'on sait que le français nice, qui dérive du lat. nescium, n'a pas le même
sens que l'anglais nice.
Nis. V. Neis.
-\- Nitou, -f- N'tou, -f- Inn'tou, adv.., non plus. C'est le sens opposé à
celui exprimé en patois normand par itou CV. ce mot) et en anglais par too,
ai-to' et qu'indique d'ailleurs la particule négative ne; n'itou, en patois;
7ie too, en anglais. Comparez encore l'anglais neither, dont le sens est
identique. Du lat. non item.
Vole père nitout n' vous pardonn'ra pouint vos péchés.
MET., 5. Math., ch. vi, v. 15.
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(delwedd C0748) (tudalen 0680)
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- (^80 -
I n' Taira pas, i ii' l'aira pis ii'tout.
Lalleman, Le Rendez-cous du départ, p. 76.
+ Niveler {m'fle\ frivolité, niaiserie), v. n., perdre son temps à des
futilités. Cotgrave donne nivelé?- en ce sens, comme verbe français.
Nobilité {nobilily), s. /"., noblesse, mérite, réputation. Du lat.
nobiliialem.
Uns huem Deu est en cesle cité, huera de grant nobilité.
Les Rois, p. 29.
Cil ki sire est en la cité, Paian de grant nobilité, Oï parler des granz
honurs, Ke li dus feseil à plusiirs.
Wace, Rom. de Rou, v. 8346.
Nobleiz [nobley', v" noblesse), s. tn., appareil, pompe, ma- gnificence.
I.i neveu Olhon vint, grant nobleiz démenant.
Wace, Rom. de Ilou, v. 3990.
1. Noblesce, Noblesche (noblesse')^ s. /"., pompe, splendeur.
Ne vus cunler H nohlesces, Ne li despences ke il fist. Ne li offerendes k'il
mist.
■\Vace, Rom. de Rou, v. 8365.
Et ce fait, le roy gent s'en vint à Paris... et fu recheu à grant noblesche
et à grant bonnour.
P. Cochon, Cliron. norm., p. 101, éd. de Beaurep.
2. Noblesces {noblesse'), s. /". pL, dignités, honneurs atta- chés à la
condition de noble, privilèges nobiliaires.
A tenir et poursseir toutes les choses dessus dites, en semblable et telle
manière comme ledit feu seignor de la Roche les posseoit... avec toutes les
noblesces appartenant es diz fiex.
Part, de 1344, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de laCh. des Comptes,
p. 321.
Je Yves de Viex Pont, seigneur du Nuefbourc, confesse tenir une demie
baronnie, appelée la terre oubaronniedu Nuefbourc, laquelle je tiens
noblement... à court et usaiges, reliefz, treiziè- mes,... hommes,
homraaiges... et avec plusieurs noblesces, fran- chises et dignitez... sur
mes hommes coustumiers et soustenans. Aveu de 1403, dans les Mém, et notes de
M. Aug. Le Prévost, II, 458.
Nûdeux [nodous], adj., noueux. Du lat. nodosum.
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(delwedd C0749) (tudalen 0681)
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— 681 —
Du quel arbre le tronc est... si gros et nodeux, qu'on ne l'a peu fendre.
Journ. du s, de Gouberoille (14 juillet 1559), p. 505, 6(1. des Ant, de
Norru.
Nodrir. V. Norrir.
Noire {lo noyé, Paisg.), v. n., nuire. Du lat. nocere. V. Naissance.
Venistes aidier as Waucreis Pur noire raei e mes Daneis.
Bén., Citron, de Norm., v. 2887.
Nuisance. V. Noissance.
Noise (noise), s. /"., bruit, vacarme, tapage, retentissement. Le sens
du mot français est discorde, querelle. V. Noisir, noiseur.
Sunent mil grailles, por ço que plus bel seit : Granz est la noise, si
l'oïrenl Franceis.
Clians. de Roi., p. 80.
Teu noise i a e teus resons (retentissement) E des espées teus chapleisons,
Ceo est avis que terre funde.
BÉN., Chron, de Norm., v. 3903.
Noiseur {noisy, noisom), adj., tapageur, nuisible, malfai- sant. V. Noise,
noisir.
Les dis Clerc et Havart (sont) pilleurs sur le pays et noiseulx.
Chron. du Mont S. Mic/i., Pièces div. (XV° s.), II, 215.
Noisir {lo 7ioise), v. n., faire du bruit. V. Noise, noiseur.
Covertement e senz noisir Lurquident jà le pui tolir.
BÉN., Chron. de Norm., v. 5689.
Noissance, Noisance {noysaunce*), s.f., dommage, préjudice, V. Nuisance.
Tu apeles remède là où grant noissance a.
S. T/iom. le Mart., p. 117,
N'i out chose ni deslurbance, Qui à la paiz feist noisance.
BÉN., Chron, de Norm., v. 2049, p. 75.
+ Nomble {nomblcs, umbles\ entrailles du cerf), s. /"., ventre des bêtes
à cornes, les organes qu'il renferme. C'est une al- tération, parla
substitution de Vn à 17, du vieux mot lomble, qui s'est dit pour lombes.
Lomble dérive du lat. himbulum, di- minutif de ?j(m6*, les lombes.
4ir
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(delwedd C0750) (tudalen 0682)
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— 682 —
Li mien lumble empli sunt de illusions, e nen est sauciez en la meie carn.
Lib. psalin., p. 50,
1. Nomé {nome' /), retenu, prélevé, exigé. Palsgrave donne le verbe to nomme,
prendre.
E si li otrie ensement
Treu (tribul) nocné par an rendable
Sur leial serement tenable.
BÉN., Chron, de Norm., v. ?8J0.
2. Nomé (name, renom, réputation; named, qui a un nom), adj.^ renommé. En
lat. nominare^ s'est dit pour avoir un nom, de la réputation.
Le cors d'une virge nomée Aveit ilocRous aportée.
Id., ib., V. 3061.
Nomer {<o nommer", compter, supputer, numéroter), v. a., déterminer,
fixer. Du lat. nominare, désigner par un nom.
Si cungé me volez doner E respit mètre e jur nomer, Si vus volez que jeo
reivenge, N'est rien almund ki me tienge.
Marie, Eliduc, v. 691.
Li essonieeur ne nomeront en asise ne jor ne terme ; en autre corz il
nomeront jor, si comme à viij jorz ou à xv, selonc la cos- tume del pais.
^^Iaksieu, Etabliss. de l'Echiq. de Norm., p. 31.
Nonage, Non-aage (nouage)., s. /., minorité, état d'une per- sonne mineure.
Dans l'ancien droit coutumier, l'individu, qui n'avait pas atteint l'âge de
majorité, était dit souvent non âgé (1). De là le subst. nonage, indicatif de
cet état. V. Soubzaage.
L'en ne doit pas marchander à ceux qui sont en nonage, sans plege, et il ne
sont pas tenus à payer les dettes à leurs ancesseurs en court laye, devant
qu'ils soient venus en âge.
Ane. Coût, de Norrn., cb. xc.
S' aulcun qui soit en non-aage, Combien qu'il n'ait pas héritage, Qui doye
garde soutenir, Prent femme, etc.
Coût. deNorni. en v., p. 81.
(1) Jesques à tant que ambideux les parties soient de plein âge, si le no-
nage soit alledgé en judgement en forme de exception...
A. lIouNES, Mijrror of Justices, eb. it, sect. 7, p. 543.
j
I
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(delwedd C0751) (tudalen 0683)
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— 683 —
Non partable [unparlable, Slicrw.), loc. adj., imparlageable. V. Partable.
Le texte sViilend généralement tant d'liérit;ige partable que non partable.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norin., f° xlij r°.
Non poaut. V. Nunpoeir.
Non sustinent [imsuslained), loc. adJ., qui ne peut se sou- tenir.
Item, que pour... forclusions, acquiescement, matières décla- rées non
sustincntes, jugez par défaut... sera fait taxe de voyage à celuy qui aura
obtenu gain de cause.
Ord. du Pari, de Norm, do 1558,
1. Noreture, Nurreture [nuriure)^ s. /'., nourriture, ali- ments. Du lat.
niilriluram. V. Norrir.
Gaaiiiz, labors e noreture N'ahanages n'anz planteis Ne les deffent d'estre
chaitis.
BÉN., Chron. de Norm., v. 26592.
Maldite seit teus nurreture.
^lAP.iE, Fa))le 80.
Nouvlure se dit encore aujourd'hui pour nourriture en patois normand.
2. Noreture, Nurreture, Nourreture (mirture)., s. /"., ins- truction,
éducation. V. Norrir, norriçon.
Noreture vous voile aprendre.
Poés. anglo-nonn. , l'eaueiUie 'pav M. Meyer, Bull. de la Soc. des anc.
textes, 1S80, ]). 73.
Icist FInvenz ert mult curteis,
De la franceise nurreture.
En belz dedoiz out mis sa cure.
Vie de S. Gile, v. 1548.
L'honneste nourreture et saincte doctrine des bons parens.
Al. Ciiart., l'Esp-, p. Sl'i.
Norice. V. Norrice.
Norir. V. Norrir.
Norolle. V. NonroUe.
Norrice, Noriche (norice*, norysche'), s. f., nourrice. Du lat. nulriiiam.
Terre norrice par tanz
De chevaliers pruz et vaillanz.
BisN., Clirun. de '/orrn., v. 1Û73, 1" s'".
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(delwedd C0752) (tudalen 0684)
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— 684 —
Et quant li malfès alaitoit Sa noriche tous tans mordoit.
Rom. de Bob. le Diable, p, 130.
Norriçon {noi'istry*, école), s. m., instructeur, précepteur, gouverneur. Du lat.
nutricionem , qui nourrit, qui élève. V. Norelure 2, norrir.
Si ciim l'enfps Richart fu b;^il!ié à Botun,
Que de lui fust mais maistrc e garde e norriçon.
BÉN., Cliron. de Xorm. , Sommaire, I, 478,
De toz anfanz fut ce la florz : A els n'ot raeslier norriçons ; Puis qu'il
orent sens et raisons, Tôt aprislrent et tôt conurent.
lo.,Bom. de Troie, v. 29602.
M. Francisque Michel nous paraît avoir commis une er- reur, en traduisant
norriiyn par nourricier (Gloss. de la Chron. de Norm.). 11 en est de même, à
l'égard de M. Joly, quand il assigne au même mol le sens d'éducation (Gloss.
du Rom. de Troie).
Norrir, Nurrir, Norir, Nurir, Nodrir (/o norysshe, Palsg. ; to norie'), v.
a., élever, c'est-à-dire pourvoir aux besoins du corps par des aliments
matériels, et à ceux de l'intelligence, par l'instruction, par l'éducation.
Du lat. nulrire, qui s'est dit au sens de soigner, proléger, faire prospérer,
prendre sous sa protection. Dans le vocab. lat.-fr. de la biblioth. d'Evreux
(XllP s.), on trouve educare traduit par noitrir. V. Noreture 1 et 2,
noTriçon, norriz.
Richart lor a rendu, poiz lor a fet entendre K'il l'aveit tant tenu por
cortoisie aprendre E norrir en sa cort, tant que le vousist rendre.
Wace, Rom, de Rou, v. 2873.
Li sires d'Engleterre ad en sun cuer pesance, Quant sun liz le guerreie,
qu'il nurri ad d'enfance.
Cliron. de Jord, Fant., v. 78.
Dedenz le clos de l'abeie Fu la dameiseie nurie.
Marie, Freisne, v. 233.
Li home est honiz ke n'est norie (instruit).
Poés. anglo-norm., recueillie par M. Meyer, Bull, de la Soc. des anc. textes,
1880, p. 73.
Quant l'enfant fust de set anz, si le mandèrent à Joce de Dynan, pur aprendre
e noryr.
Ilist. de Foulques, p. 29.
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(delwedd C0753) (tudalen 0685)
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- 685 -
Ço fut enfès de Deu raedisme, amez de pedre et de medre, par erant chierlet
nodriz.
Vie de S. .4^e.r.,Prol., p. 177.
Norriz {norV, enfant que l'on élève, que Ton soigne, que l'on entretient) (1),
s. m. pL, gens nourris par le maitre de la maison, familiers, courtisans,
domestiques, suite. — Les nur- riz le roy, les familiers du roi. Kel.
Noise out entr' eux grant e murmuire;
Et li dux, qui de ce n'out cure,
S'en est esloignlez e partiz,
E s'il a dit à ses norriz :
Laissom les ore eulr' eus contendre.
BÉN., Chron. de Norrn., v. 24559.
Prianz, qui molt fu proz et sages, En prisl conseil o ses norriz, ses barons
e o ses iilz.
Id., Rom. de Troie, v. 20160.
North [norlh), s. m., nord.
Li uns rochiers rauntent al north.
Les Rois, p. 46.
Juslez ensemle north e man
E ensemle ditez Northman,
Ce est hum de north en romanz.
Wace, Rom. de Rou, v. .5225.
Notarié {notary), s. m., notaire. Du lat. nolarium.
Le fiz Messullam, ki ert uns maistres notariés del temple...
Les Rois, p. 423.
Noter (lo note), v. a., accuser. Du lat. nolarCf blâmer, flétrir.
Pour le scandale ont il le trouvoyent noté, de converser (avoir commerce
charnel) avec la femme d'un surnommé Sortes.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 483.
Notice {notice), s. /"., connaissance, notion, idée. Du lat. no- iitiam,
qui possède ces diverses acceptions.
11 fault quinze degrez monter Devant que nul ayt la notice Du grant autel du
sacrifice.
Le Mist. de la Coneept., dans La Concept. N. D. de Wace, p. 182.
Or est ainsi que par serviteurs faulx Se sont perdues batailles et assaulx,
(1) C'est l'une des acceptions du lat. nutriliim, employé substantivement.
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(delwedd C0754) (tudalen 0686)
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- 686 —
Par le mo5'en de faulse avarice,
Dont estoyent plains, nous en avons notice.
P. GuiNG.,I, 31.
Nouche. V. Nusche.
4" Nouet [Nower), s. m., Noël, fête de la nativité de Jésus- Christ. —
Nowell, Noël, Kel. — Nouel est une ancienne forme du mot ; celle usitée en
patois normand est la même, altérée seulement dans la prononciation, comme
l'est celle de tous les mots ayant leur désinence en el, ainsi que nous
l'avons déjà fait remarquer plusieurs fois, notamment au mot morsel.
Thelesphorus, pape Iressolennel, Institua, ains que mourir martyr, Qu'on
chanteroit troys messes à NoueJ.
I'. Gri.ng,, 1, 173.
Jusques à 9 ans, commenchant à Nouel 1446.
Compte de 144S, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses Noies et doc. sur la
IS'orm,, p. 309.
A Noué qui vain (vient)...
La youu. annaîe (Jersey, 1872), p. 21.
-f- Nourolle, Norolle (neiv roll, petit pain frais), espèce de petite
brioche. V. Manchet le.
Le barrager de la Porte Cauchoise lui apportait des norolles à Pâques,
Ch. de Beaurepaire, Coût, de la Vie. de l'Eau de Bouen,-p. 261.
On y choisit une danseuse pour toute la soirée, el c'est elle qui paie la
nourolle, tandis que le partner fait les frais des raf- fraîchissemenls.
E. DE LA Bédol., Les Normands, dans Les Fr. peints par eux-mêmes, II, IH.
A la Toussaint, nou faisait des nourolles,
La nouv. annaîe (Jersey, 1872), p. 16.
Nourreture. V. Noi-elure 2.
Nourrissement {nourishemenl),s. m., nourriture.
Viennent pascuages Et autres choses et fruitages, De Dieu grâce, non
annuellement, Mais pour commun nourrissement.
Coût, de Norm. en v., p. 124.
La gresse est nourrissement de feu, et l'uille, de la flamme.
Al. Ciiart., \'Esp.,\}, 306.
-\- Nourture. V. Noretvrc \.
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(delwedd C0755) (tudalen 0687)
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~ 687 —
Nouvelleté (noveltij), s. /"., nouveauté, dans un sens géné- ral. Le mot
subsiste en français, mais seulement comme terme de jurisprudence, avec le
sens d'entreprise nouvellement faite sur le possesseur d'un héritage. Du lat.
novellilatem.
Aucuns blasment pour couvrir leur fallace Et eslicvent plusieurs nouvellelez.
Gking.,1,89.
Infecte, par l'originel pechié, en nouvelleté d'esperit purifié.
Al. Ciiakt., VEsp., p. 281.
Novel (novel), adj., neuf, nouveau. Du lat. novellum, dim, de novum.
Seignur, ço dit li reis, n'ai £oing de pied novel.
S. Tliom. le M art., p. 37.
11 ne loise à nul home à fere novel molin en sa lerro, ne gort (barrage) qui
moille U terre à ses voisins.
Vi.ww.x'&WjEtdbLiss. de VÉch. de yor/n. p. 43.
Novele, Novel, Colg. {iiovellis'), s. (., nouvelle.
Jo atendeie de tel bones noveles.
Alex., str. 96.
V -
Li valiez aï la novele,
Marie, Les Deux Amants, v. 115.
Nualz {miel, Shcrw. ; neivel, noyau d'escalier), s. m., noyau, dans
l'acception générale du mot. Du lat. nucales, amande, de )ii(X, noix.
E ço iert le nualz de tuz les nialz, que le sunt avenuz.
Les Ltois, p. 191.
Nugation (nugation), s. /"., frivolité. Du bas-lat. nngallonein.,
corruption de migacilas, de nugœ, frivolités.
Pour ce n'est mestier que le texte le declaire en cest endroit, car ce ne
seroit que nugation.
Le Rouillé, Gr. coût, de Nom., i° cxiij i*.
-{- Nuisance [nuisance., nusance)., s. /"., incommodité, dom- mage,
préjudice. V. Nois.sance,
Ni out ki l'en feist destorbier et nuisance.
Wace, Rom. de Rou, v. 429G.
Fait au roi d'Escoce Berewic nuisance.
Citron, de Jord. Fant., v, 800.
Chennela fait à notte estât nuisance.
D. Fer., Muse norm., p. 185.
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(delwedd C0756) (tudalen 0688)
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— 688 —
Numbrable [numbrable^ Sherw.), adj., qu'on peut compter. Du lat. numerabilem.
Iluec rampantes choses nient numbrabîes.
Liu. des Ps., cm, 25.
Numhre {nionber), s. m., nombre. Du lat. numerum. V. Numb)'e7'.
N'a nus ne numbre ne mesure.
BÉN., Chron. de Norm,, v. 20.
Mais quel q'oncdel numbre en seit dit...
Vie de S. Grég., v. 225.
Numbrer {to number), v. a., nombrer, compter, supputer. Du lat. numerare.
Geste Francor. xxx. escheles i numbrenl.
Chans, de Roi., str, ccxxxvii, éd. Francisque Michel.
Rentes, nobUsces, granz baillics, E meintes autres seingnories, Dora lonc
sereit li aconter. Qui totes les vousist numbrer.
Vie de S. Grég., v. 221.
Nune, Nunein [nun; nunne, Palsg.), s. f., nonne, nonnain. ... A nune d'abeie
ne volt pur rien desplaire.
Chron. de Jord. Fant., v. 1139.
A un muster de nuneins est portée.
Chans. de Roi, p. 312.
Trente nuneins ensemble od 11 S'ajue à sun ordre establi.
Marie, Eliduc, v. 1133.
Nun estaule [unsteady; unsad"), loc. adj., instable, chan- celant,
inconstant, irrésolu.
En veines choses nun estaules.
Marie, Fable 39.
Nun poeir {unpoweir*}, s. m.., impuissance, besoin de se- cours,
littéralement non pouvoir. V. Poeir.
Quicunques chiet en nun poeir, S'il pert sa force et sun aveir, Mult le
tiennent à grant vilté Neis (même) li plusur qui l'unt amé.
Marie, Fable 15.
D'où la loc. adj. nun poanl, impuissant.
Mar fud vostre force, quant ore les nun poant !
Chron. de Jord. Fant., v, 499,
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(delwedd C0757) (tudalen 0689)
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— 689 —
Nunsaver [unscience', nescience), s. m., ignorance, littéra- lement non
savoir. En dialecte normand ancien et moderne, le subst. saver est synonyme
de savoir, science, instruction (1).
Ta les as cunicé par tun granl nunsaver.
lie (le S. Auban,v. 1GG2.
L'on désignait de même un ignorant sous le nom de nim- savanl^ en angl.
unlearned.
Cum il verrat les sages muranz, ensemble H fols et li nun- savaiiz,
Lio. des Ps., XLVIII, 10.
Nurreture. V. Norelurc 2.
1. Nurrir (lo nurchy*, lo nume), v. a., allailer.
De Marie va prêchant, une simple ancele, Ki enfanta e nurri Jesu de sa
mamele.
Vie de S. Auban, v. 1251.
2. Nurrir, Nurir (élever, instruire). V, Norrir.
Nusche, Nouche [noiiche*, collier), s. /"., bracelet, collier. On trouve
les mots anglais ouche, dans Palsgrave [Qram., p. 2^0), et owche, dans Du
Guez {Gram., p. 907), avec le sens de bague.
A voslre femme enveierai dous nusches.
Chans. de Roi., p. 53,
Kar riclies sunt d'almaille, de bofs e de. chevals, E de bêles vaches, de
berbiz e d'aigneaus, De dras e de muneie, de nusches e d'aneaus.
Chroii. de Jord. Fant., v. 1183.
Riches nouches, riches eniax.
Wace, Rom. de Brut, v. 10691, var.
Nutriment {nulrimenl) , s. m., nourriture. Du \vi{. [nutri- menlum.
Dedans le quel estang cstoit veu nager et prendre son nutri- ment, un beau
dauphui.
DE Bras, Revli. et antiq, de la ville de Caen, _p. 106.
Vostre saveir est grant.
Chans. de Bol., p. 294.
Qui n'a brin de sçaver.
D. Fer,, Muse norni., p. 317.
44
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(delwedd C0758) (tudalen 0690)
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— 690 —
0.
Obédience (obédience), s. /*., obéissance, soumission. Du lat. obedienliam.
Le mot n'est plus usité aujourd'hui en français qu'en matière religieuse ; il
a conservé en anglais l'acception générale qu'il avait dans l'ancienne langue
normande. V. le mot suivant.
Mielz valt obédience que sacreQse.
Les Bois, p. 56.
Si fist Deus home non mortal E nez senz pechié e senz mal, Que s'obedience e
amor Gardast à son cb^r creator,
BÉN-., Chron. de Norm., v. 23791.
Obedient (obedient) , adj. , obéissant , soumis. Du lat. obe- dientem. V. le
mot qui précède.
A Deu ne fud pas obedient.
Les Rois, p. 289.
r.il ke esteit obbedient La sentence misl bardiement Cum pasteur.
Vie de S. Thom. de Cantorb., var. p. 625, 2, c.
Obligement (obligement) , s. m., obligation.
De obligement est la desrene (preuve) faicte en ceste manière.
Ane, Coût, de Norm., ch. cxxiii.
Obscurer (lo obscure), v. a., obscurcir, produire l'obscurité. Du lat.
obscurare.
Enveia ténèbres e obscura.
Lib. psa.lin., p. 150,
Li soleilz e la lune E esleile cbascune Kn cel tens s'ohscurerent. Une luur
ne dunerent.
PniL. DE Thaon, Comput, v. 2741.
Observance (observance), s. /"., accomplissement, exécution, pratique.
Il en est de ce mot comme (^'obédience, donné plus haut; il n'est plus
employé maintenant en français qu'en matière religieuse. Son acception était
générale dans l'an- cienne langue; elle est restée telle en anglais. Du lat.
obser- vantiam, action de remarquer.
Un chant royal est d'assez difûcile observance, qui contient
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(delwedd C0759) (tudalen 0691)
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— 691 —
cinq basions ou coupelels, en chacun baston UDze lignes et cinq couleurs ou
sorte de rithme, différentes.
De lîiiAs, Rec/i. et ant. do la ville de Cacn, p. 235.
Le stille (procédure) et observance (pratique) dessusdictz, ne procèdent es
matières posscssoires.
Ordon. du Pari, de Norm., de 1515.
Obtenance (oblaining, Sherw.j, s. /"., action d'obtenir.
En obtemperance au mandement fait par le.roy aux gens nobles d'eulx mètre sus
oblenances pour servir ledicl seigneur. Monsieur l'abbé de S. Wandrille a
envoyé etc.
Certificat de 146S, dans les Mcm, et notes de M. A. Le Prévost, II, 136.
Obumbration (ohumhration) , s. f., action d'obscurcir, obs- curité. Du lat,
obumbralionem.
Vers qui n'est transmutations,
Ne veisine obumbrations.
Béx., Chron. de Norm-, v. 23917.
Occasiun (occasion)., s. /". , motif, considération.
Tuit li dient ensamble ke, sanz sauvaciun De l'ordre, ne 1' ferunt pur nul
occasiun.
5. Tliom. le M art., p. 32.
M. Littré fait observer que les formes primitives du mot sont ochoiifon.,
achoison, et que c'est au XV" s. que commence la forme purement latine
occasion. Le texte qui précède prouve que ceci n'est pas exact. Ajoutons
qu'ac/joiso?*, en normand comme en anglais , était employé, sinon toujours,
au moins très fréquemment , avec le sens qui vient d'être assigné à occasiun.
V. Achesoun.
Ochir (to ochen) , v. a., anéantir, tuer, détruire. Du lat. occidere.
Mes cuers a contre mon empris Ce dont il me par ochirra.
Raoul de Ferrières, Chans-, p. 2.
Odour (odour)., s. /"., odeur. Du lat. Odorem. ... I.avende qui porte
grant odour.
Chans. norm. du XV' s,, Rec. Gasté, p. 23.
Oé. V. Oes.
-|- Œiller (to or/le), v. a.., lorgner, lancer des œillades. Le mot est dans
Oudin avec le sens de regarder. L'on prononce eu-ié, de deux syllabes. V. OU.
Oel. V. Ywel (Per).
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(delwedd C0760) (tudalen 0692)
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— 692
Oes [oys'), s. ?«., profit, ulililé , avantage. Du lat. opiis. — Oes,
bénéfice. Kel.
Corineus a sa partie
De la terre, à soq oes, saisie.
Wace, nom. de Brut, v. 12)3.
Cel fist Prianz à son oes fere.
BÉN., Rom. de Troie, v. 3031.
Ce mol, d'un usage très fréquent en dialecte normand, s'y rencontre sous
quatre autres formes : os, oe, hoeis, uoes.
Cui que seit dois, à nostre os est il goie.
Alex.,iM. 101. Quant à oé oient le mont, Gongié demandent, si s'en vunt.
GuiLL. DE s. Pair, iîowi. du. Mont S. Mivh., v. 327.
Riens n'en sera piis à mon hoeis, devant que li evesques ait eu toute
s'amande.
MaPiNIER, Établis, de l'Éch. de Xorm., p. 51.
Deus en ad des noz à sun uoes tant seisi.
Vie de S. Auban, v. 1554.
Oex [oes'), s. m. pL, yeux. V. lelz, oil.
Les el^s bat, s'a les oex clos, Glianter cuida plus clerement, E li werpil
saut, si le prent. Vers la forest tut dreit s'en va.
Marie, Fable 51.
Oex est le pluriel de oeZ, qui s'est dit pour œil.
Li rois qui voit se mort à l'oel...
Le Roi Guill., p. 150, cité dans Duc.
El fist... à l'autre mesme crever un oel.
P. Cochon, Chron. norm,, p. IG, éd. de Beanrep.
Offendre {io oflend)., v. a., choquer, offenser, blesser, au propre et au
figuré. Du lat. off'endere.
Ne ofl'endes à la pierre tun pied.
Lib. pscdra., p. 13-1.
Relurne pur ço e va on la pais Deu, que lu ne offendes e cu- ruces les
princes de cesl ost.
Les Rois, p. 113.
OfFension (o/fensioun")\ s. /"., offense, dommage. Du lat.
o/fensionem.
Eisi cum vos m'oez relraire, Conte, baron e aversaire, Des mesfaiz, del
ofîension...
BÉN., Chron. de y or m., v. 4690.
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(delwedd C0761) (tudalen 0693)
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- 603 - Pour parvenir sans nulle
offension...
J, JoRET, Le Jard. salut., p. 110.
Offerer {to offer), v, a., offrir. Du lat. offerre.
Li reis ciimandad queli pruveire receussenl tut li aveir que li trespassant
oft'ereient el temple.
Les Bois, p. 389.
Les moiignes du Pré de Rouen, xl. muis de vin de moeson, chascun an, à avoir
toutes les foiz que les viscontes de l'Eaue de Rouen leur olferronl à avoir,
Coust. de la Vie. de l'Eaue, art. 27.
Oict. V. Oit.
Oignement {oinemeiU\ oinlemcnl), s. m., onguent. V. Uigne- 7nenl.
Pour drogues, balmes, oignemens... 2 s. 6 d.
Compte de 1466 , cité par M. Pluquet, dans son Ess. Jiist. sur BaijeLur, p.
197.
Avoit... la main garnie d'une boëte de cyprès, pleine d'oi- gnemenz.
Al. Chaut., VEsp., p. 328.
Jean Bisnez apporlit d'un orapoitronement,
Qu'il eut d'un medecliin, qui promet sus des pkinques
Asseurance que ch'étoit un chertain oignement
Pou les plaies, pou la tous et pou le mai de lianques.
D. P'er., Muse norm,, p. 50.
Oil (o^/e'j, S. m., œil. — Oyl, oiel, œil, Kel. V. lelz, oex, œiller.
Si elquuns crevé l'oil à l'altre.,. si amendrad Ixx. solz del solz engleiz.
Lois de Guill., 31.
Plorent si oils, ne s'en pot astenir.
Alex-, str. 45.
Oile, Olie, Ouille {oil; hoyle% oly), s. /"., huile. Du lat. olcum. —
Oille, liuille. Kel.
Par cent lius fuut l'ève boiilant E peiz reisine e oileardant.
Bén., Cliron. deSor.m., v. 4103.
Li rei Saloniun dunad par an al rei Yram sis cenz milie muiz de furment e sis
cenz des olie.
Les Rois, p. 2V3.
A Guillotin le Conte, du Pont de l'Arche, pour xj pots et demi de ouille de
noys.
Compte de 1445, cité par M. Delisle dans VAgr. en Norm. au moy, ùge, p. 509.
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(delwedd C0762) (tudalen 0694)
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— 094 —
Oiller (to oiî'), v. a., enivrer, saturer, gorger.
Comme (comment) peut eslre ta langue sans clameur et sans plaintes, quant la
bouche où elle siet est familleuse pour souf- freté, et les antres sont
oiUez, sans desserte, des biens que tu cuides avoir desserviz ?
Al. CiiART., r£'s/3.,p. 269.
Oir, Oirre {o'ej' ou ove?', préfixes exprimant souvent la supé- riorité,
l'excès, l'extension), s. m., esprit de domination, d'en- treprise.
Jà Normanz ne faldront à lor naturel oir.
Wace, Rom. de Rou, y. 3498.
Sire Johan le Mareschas Uui tant esteit de grant emprise E de grant oirre e
de grant mise Qu'entor lui eut plenté de buens.
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 28.
Oistre (oyslei-), s. /"., huître. Du lat. ostream.
Por xii. derrées de oistres, à cheval il. d., et à col, rien, ne d'autres
poissons.
Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. 9.
J'avoys mengé des oystres, qui m'avoyent faict mal à l'estomac. Jowrru du s,
de Gouberville, p. 816.
Oit, Oict, Vuet (eight), adj. nrim.., huit. Du lat. oclo. — Oyl, oet, oete.,
oept, vuech, huit, Kel.
Ne durra que oit deners.
Lois de Guill., 6.
En Engleterre ont esté reis Trente cinc ans e quatre meis E dnx avant en
Normandie Dreit vint e oit, ce dit la vie, E quatre meis, tant e plus non.
BÉN., Chron. de Sorm,, v. 42285.
Aura et prendra sus Martel de Basqueville, sexanle et oict li- vres tornois
de rente.
Compte de 1344, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des
Comptes, p. 321.
Doivent aveir, ovec le maneir et ovec les apartenanches, treize livrées el
sis sous et vuet deniers de tornois de rente chasqun an.
Bail de 1275, cité par M. C.\\. de Beaurep, dans ses Sotes et doc. sur la
Norm., p. 425.
Olie, V. Oile,
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(delwedd C0763) (tudalen 0695)
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— 695 —
Oliî&n {olifaiint') (i), s. m., éléphant, dent de cet animal, ivoire.
Un corn d'olifar, haut e cler A fait lez sei treis feiz soner.
BÉN., Citron, de Norni., v. 24H .
Olifan devint aussi le nom des cors en ivoire que portaient les chevaliers.
Le mot a été admis en ce sens par l'Acad. dans la dernière édition de son
dictionnaire.
Uolifan de Roland est surtout resté; célèbre.
Compainz RoUant, l'olifan car sunez.
Chans. de Roi., p. 91.
Dist Oliver : n'ai cure de parler, Voslre olifan ne deignastes suner.
Ib., p. 100.
Olive {olive), s. f., olivier. Du lat. olivam, olivier.
Sicume olive fruit portant.
Lib. psalm., p. C9.
Suz une olive halle Assemblot s'est as sarrazins messages.
Clians. de Roi., p. 31.
Omosne (Pure). V. Pure Omosne.
Onesté (honnêteté). V. Honeslé i.
Onnesté (honneur). V. Honesté 2.
Onnourer {to honoiir), v. a., honorer.
Car là est Dieu, qui toute chose crée Afaictde riens; si devons l'onnourer.
J. JoriET, Lejard. salut., p. 126.
Onor (terre, fief). V. Honor.
1. Onur, Honur (honow), s. m., honneur. Onur, honneur. Kel. V. Onurcmce,
honesté 2, honnour.
N'en aurai j^ ki susliengel m'onnr.
Chans. de Roi., p. 242.
Henri le fiz Mahaut, à qui Deu duint honur. A veintre tuz iceus lui duinst
force et vigur, - Ki sunt encuntre lui pur lui tolir s'onur.
Chron. de Jord. Fant., v. 1467.
(l) Ilalliwell (raduit ce mot par éléphant, mot qui, en anglais, comme
olifan, en dialecte normand, sert à désigner tout à la fois l'éléphant et
l'i- voire de ses défenses.
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(delwedd C0764) (tudalen 0696)
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— 696 —
2. Onur (Jionour), s. ?n., révérence, hommage.
A lui et as suens deivent et onur et servise.
5. Thom. le Mart., p. 98.
3. Onur (terre, fief). V. Honor.
Onurance [honor ance'), s. /"., honneur. V. Onur i.
L'um sacritiout un buef e un mnltun en l'onurance Nostre Seignur.
Les Rois, p. 141.
OpinsLtiî (opiniative), adj., hypothétique. Dulat. opinativum.
Te convient-il laisser opinatives espérances?
Al. Chart. VEsp., p. 359.
-[• Opposer {ta oppose), v. a., empêcher. « Il ne contrediten rien, ce qui
n'oppose point qu'il n'en fait qu'à sa tête. »
Oppresse [oppresse'), s. f., oppression. Du lat. oppression, action de
presser, de peser sur. V. le mot suivant.
Quant sans cesse au peuple font oppresse.
P. Gring., I, 94.
Ainsi, gais nous vivrons, si, sortis de l'oppresse, De la guerre il se [leut
tirer quelque ulegresse.
Vauq. de la Fresn., Art poét., II, p. 80.
Oppresser [to oppress), v. a., opprimer. Du lat. ojo/^r^ssîtm, part. pas.
à'opprimere. V. le mot précédent.
La difficulté du payement ne procède poinct de mauvaise vo- lonté et refus de
payer, mais de l'impuissance du peuple, qui est tellement grevé et oppressé
des guerres passés, qu'il n'a pas la plusparl de quoy se nourrir.
Cah. des Et. de Nom. {XVI« s.), p. 30.
Opprobrieux (opprobrious), adj., injurieux. Du lat. oppro- briosum,
déshonorant, infamant.
Dieu scet le bruit, la rumeur et l'escande opprobrieux que tu donnoyes des
lors à ceulx qui... te gouvernoient.
Al. CiiART., Le Quadrilogue, p. 422.
Oration (or rt//o?i), s. f., discours, harangue. Du lat. oraiio- nem.
Julitis César... nVstoit il orateur et philosophe excellent, et trouvons ses
oralions escriptes et des euvres d'astrologie par luy amendées?
Al. Chart., VEsp., p. 317.
Orb [orbe, Sherw.), adj., aveugle. De la loc. lat. orbum lu- rninis, privé de
la vue.
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(delwedd C0765) (tudalen 0697)
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— 697 —
Ne muz, ne orbs, ne nul palazins (paralytiques) Ensorqiietot ne neuls
langoros Nui n'en i at qui 'n aiget malendos.
Alex., str. 111.
Orb est de quor e avoglez.
Vie de S. Auban, v. 732.
D'où le verbe essorbci\ aveugler, crever les yeux. . . . Guillaume fist jadis
Osmont essorber.
Wace, Rom. de Uou, I, 106.
En patois normand, l'on désigne sous le nom (ïorhiau une planchette que l'on
assujettit devant les yeux d'un taureau, d'une vache, d'un porc, etc., dans
le but d'aveugler partielle- ment l'animal et de ne lui permettre de voir
qu'à ses pieds. Vorbiau n'est mis qu'aux animaux laissés en liberté dans les
pâtures, lorsqu'ils brisent les clôtures ou qu'ils se montrent dangereux.
Orbièrcs, en ce sens, est donné par Cotgrave. Or- biau, orbières^ se
rattachent évidemment à notre mot orb.
+ Orbiau. V. Orb.
Ordenance (ordinance 2), s. f., règlement, mode d'exécu- tion de travaux.
Cy ensieut la manière et l'ordenance comme les mâchons de N. D. doivent
ouvrer.
Titre d'un Règlement da XV' s., cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses Sotes et
doc, sur la Norni , p. 270.
Ordened, Ordené (Ordained., orderered*) , s. m., ordonné, qui a reçu
l'ordination, qui est entré dans les ordres de l'Eglise. Du lat. ordinalum,
réglé. V. Desordener.
Li pruveire e li altre ordened.
Les Rois, p. 258.
Li ordené Deivent douer al pople esample de bonté.
Poés. anglo-norm., rec. par M. Meyer, Romania, IV, 388.
Ordenement (Ordaining, Sherw.), s. m., ordonnance, ordre, mise en
arrangement, appareil.
Curae la reine vit la grant sapience Salomun... le ordenement et l'afaitement
de ses ménestrels...
Les Bois, p. 271.
L'ordenement desfet al rei celestien.
5. Thom. le Mari,, p. 122.
1. Ordener (lo ordain), v. a., ordonner, disposer, préparer, établir. Du lat.
ordinare, au sens de mettre en ordre.
44*
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(delwedd C0766) (tudalen 0698)
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- 698 —
Asemblez à lui sainz de lui , chi ord«neat sua testament sur sacrifises.
Lib. psalm., p. 65.
Kar Israël out ordené ses eschieles de une part, e 11 Philistien de altre
part.
Les Rois, p. 63.
2. Ordener (to ordain)^ v. a., ordonner, conférer les ordres de l'Église.
Dérive aussi d'ordinare, au sens de nommer à une fonction.
En nul liu ne doit estre evesque ordenez, Tant n'i aura avesques ne asenablez
Sans conseil del prunat.
5. Thom. le Mart,, 127, dans Littré.
Erraument Augustin par nom A evesqe ordener feïssent.
Vie de S. G ré g., v. 1858.
Ordenere, Ordeneeur (ordainer), s. m., ordonnateur, orga- nisateur, personne
qui règle. Du lat. ordinalovem.
Ûmnipotens, veirs Deus autisme... Qui del mande fus ordennres.
Bén., Chron. de Norm., v. 2107.
En l'an m. ce. etxxxviii, hu jor de mardi, devant Penlecouste, Nichole Arrede
et Guillaume Barbeite, arbitres et ordeneeurs des contens qui estoienl entre,
etc.
Coust, de la Vie. de l'Eaue de Roaen, art. 30.
Ordonner (lo ordain), v. a., instituer, choisir, établir en charge, en
fonction. Même radical que ordener 2.
Item, sera ordonné un clerc, aux despens de la dite carlté, qui administrera
et servirai les prestres à l'autel.
Rèyiements de La Charité de N.-D.-de-la-CoiUare de Bernay, ait, 22, dans les
Méni. et noces de M.^^ug. Le Prévost, I, 309.
Les commissaires que Sa Majesté a ordonnez pour les (édits) revoir et
examiner.
Req. des dép. aux Et. de Norm., citée par M. Ch. de Beaurepaire dans ses
t'a/», des Et. de Norm., II, p. 193.
Ore {ore*), s. f., grâce, faveur, pardon, clémence.
En la reule Seint Beneiet Est bien escrit, il le saveiet, Que li abés les
ores gart. GuiLL. DE S. Pair, Rom. du. Mont S. Mich., v. 2103.
Oret {aureat*}, adj.^ doré. Du lat. auralum.
E cil escuz ki ben sunt peinz à flurs, E cil espiez, cil oret gunfanun.
Chans. de Roi., p. 152.
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(delwedd C0767) (tudalen 0699)
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- 699 —
L'angl. aureat se rattache à aur (du lal,. aurum), l'une des anciennes formes
normandes du mol 07' :
Coveitus fu d'aur et d'argent.
Wace, lîorn. de Brut, v. 6463.
Vaissels d'aur e d'argent.
Id., IbirL, V. C568.
On appelle en Normandie blé aoré le blé dont l'épi se dore et arrive à
maturité.
Orfenin. V. Oiyhanin.
Orfreis {orfrayz'), s. m., broderie en or.
Tant riche coupe i ont donée... Tant riche orfreis, tant garnement...
BÉN., Chron. do Norm., v. 38738.
Chasuble r'out, mitre à orfreis.
GuiLL. DE S. Pair, Bom, du Mont S. Midi., v. 1129.
Organe, Orgene {organ), s. m., instrument de musique. Du lat. organum.
Es salz, el milliu de li, suspendîmes nos organes.
Lib. psalin., p. 213.
David sunoul une manière de orgenes ki esteient si alurué ke l'um les liout
as espaldes celi 's sunout.
Les Rois, p. 141.
Orguenal {organaV), adj.^ qui est un élément important de l'organisme du
corps humain.
Mais l'os et la veine orguenale Li a trenchié, par la ventaille.
BÉN., Rom. de Troie, v. 1881^0.
-|- Orguilleux, -|- Orguilleur. V. le mot suivant.
Orguillus, Orguillos, Orguillous, Orguillouse (orgngloutt, Palsg. ;
orgnlons'), adj., orgueilleux. De l'anglo-saxon orgel, orgueilleux.
Desparpelat les orguillus en la pensée de sun cor.
Lib. p salin., p. 253. Reis orguillos, nen est dreit que t'en alges.
Clians. de Roi., p. 248.
Car plus es orguillous e fier...
Q'il n'est de quant q'al monde apent.
Vie de S. Grcg., v. 1794
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