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(delwedd C0768) (tudalen 0700)
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— 700 —
Cesti Piers devient si orguillouse qu'il en avoit despité tous les pères du royaume.
Brut. d'Englet., cité par M. Meyer, Bull, de la Soc. des anc. tejjtes, p. 135.
On dit en patois normand orguilleux, orgidlleur :
Il est orguillaeux coumme un pouaix ( pou ) qui marche sus du vrous.
Dict. guern., cité jjar M. Métivier dans son Diciion., p. 358.
D's orguilleurs finis.
Rimes jers.,\>. 220.
Toutes ces formes se rattaclient immédiatement à orguil , orgueil :
La bûche de els parlât orguil.
Lib. psalm.,\). 171.
Gunseil d'orguill est dreit qui à phis munt :
Laissum les fols, as sages nus tenuns.
Chans. de RoL, p. 20.
En patois normand, ou le mot s'est également conservé, 17 étant constamment muette dans les
désinences en «7, on le prononce or
gui.
De tout ch't orgui la cause j'en veis.
Bim, jcrs., p. 219,
Oriol (oriel), s. m., porche, galerie. Du bas-lat. orioluvi , dimin. du lat. os. oris, ouverture,
entrée.
Al us de la chaumbre out un oriol fermé,
Dreit vers !e gardin...
A cel oriol sunt li chevaler turné.
„ 5. Thom. le Mart., p. 188.
Item, un oriol sus le degré (perron)... clos et conlombé à fenestrage... et
fermera ledit oriol à huis, etc.
Devis de trav.Ae 1336, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch, des Comptes, p! 147.
En angl. mod-. , oriel désigne une fenêtre en saillie sur la façade d'une maison ou une tourelle en
encorbellement.
Orious for îo^ej, s. m., loriot. Du lat. awreo/wm, de couleur d'or.
Ruissignous, merles e mauvis, Jais,
orious, treie e colandre.
BÉx.,C/(ron. de Norm., V. 19243.
La forme primitive du mot était oriol; avec le temps, l'article qui précédait souvent le mot, s'y est
agglutiné, et de l'oriol on a fait le
loriol., comme l'endemain, Vandier, etc., ont formé le lendemain.^ le landier.
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(delwedd C0769) (tudalen 0701)
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— 701 —
Orison (orison), s. /"., oraison, prière. Du lat. orationem.
Prestre ii'i tisl beiieiçon, Messe n'i
ot, ne orisun.
Wack, Rom. de Brut, v. 7181.
Si le fera requeire pardun E que pur
lui face orisuu.
Marie, Fable 87.
Orphanin, Orfenin, Orfanin (orphan)., s. m., orphelin. Du lat. orphanwn^ par un dim. fictif
orphaninum. ■
Rendrai l'um de hait saine à la vuide, as orphanins, x s.
Lois de GuilL, 9,
Jugier al orfeoin e al hutule.
Lib. psalm-, p. H.
Pest le famillus, sustent l'orfanin.
Vie de S. A uban, v, 60.
Orphenté (orphanisme. Slierw.), s. /'., privation d'enfants.
Plus torraenté Se sent mon cueur, plus
est tenté Et prend plaisir en orphenté.
Al. Chart., Le Lio. des quatre Dames, p. 637.
-|- Orphie (horn-fish), s. /. , aiguille de mer ou syngmate , poisson.
Orribleté (horriblete), s. /"., horreur, caractère effroyable, affreux, épouvantable.
Et comme n'a gueres la mémoire des choses passées, l'espou- ventement des dispositions présentes et
l'orribleté des perilz avenir, eussent
réveillé tous mes doloreux regraiz...
Al. Chart,, l'Esp., p. 263.
Orzuel [orceV, petit vasej, s. m'., bénitier portatif. V. Urcel.
Saint Autbert out idonques pris Les
encensiers, e l'encens mis; Le
guipellon avant porta Que en l'orzuel
primes molla ; Les reliques ad
arousées Et en emprès bien
encensées.
GuiLL. DE S. Pau:, Rom. du. Mont S . Mich,, v. 957.
Os. V. Oes.
Ost(/iosi),s. m., armée. Dubas-lat. hoslem, mot dontil est fait usage dans les Lois barbares, comme
synonyme d'exercitus et qu'on retrouve
dans le provenç. ost, dans l'ital. oste et dans l'esp. hueste, V. Osteier, Ost, armée.
Kel.
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(delwedd C0770) (tudalen 0702)
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— 702 —
Les curres de Pharaon e le ost de lui degetad en la mer.
Lib. psalm., p. 236.
L'ost des Franceis verrez sempres desfere.
Chans. de Roi., p. 7.
Le mot , avec Vh étymologique conservé par l'anglais, se rencontre aussi en ancien dialecte normand;
nous croyons cette forme moins
ancienne que Tautre.
Li sires de l'host vus somont.
Adam, p. 63.
Osteier [to hostaye'}, v, n., faire la guerre, faire une incursion en pays
ennemi. Dérive de ost. V. ce mot.
En ceste tere ad asez osteiet.
Chans. de Roi., p. 5.
Le mena od sei osteier.
Bén., Chron. de Norm., v. 36589.
Osteier. V. Hôleler.
Ostension {ostenl)., s. f,, manifestation, signe, marque. Du lat. onlenlionem, action de montrer, de
ostendere.
L'an de grâce, l'an mil cccc et xvii, fusl ceste Charité maintenue et
gouvernée en la ville de Vornul... pour l'ocation et fortune de la venue des
Englois... au proufil et acroissement
d'icelle Ch.irité, comme des Viabitaus et demourans en ycelle ville... pour l'ostension et demonstrance
des bienfais par eux congnus et
cotidianement aperceulx.
Rec/ . de la Charité de N.-D.-de-la -Couture, à Bernay, cité dans les Méni. et Notes de M. Aug. Le Prévost ,
I, 311.
Ostour, Ostur, V. Hostur.
Ouille. V. Oile.
Ouiner. V. Houiner.
Oultrage, Oultraige [outrage*) , s. m., excès, violence, abus de la force, extorcation. V. Utrage.
De Cartage en ayez mémoire l']t de Troys
la punition : Que leur oultrage et
vaine gloire Fist tourner à
destruction.
Al. Chart., La Bal. de Foagicres, p. 720.
Il y en a qui par leurs fiers (farouches) oultraiges VeuUent avoir d'autruy les heritaiges
; Contre raison y vont à forte main.
P. Gring., I, n.
Oultrer [to outraie*}, v. a., perdre, sacrifier, compromettre. Du lat, ultra ire.
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(delwedd C0771) (tudalen 0703)
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— 703 — Si mal que leur vie
y oultreront.
Al. Chaut., Le Livre des quatre Dames, p. 666.
Oure, Houre {oiir\ owre*, houre), s. /"., heure. Du lat. horam. — Onre, heure. Kel. V. lire.
Une bien ne honor ne feisles, Puis
celé oure que fustes nez, Que meuz vos
seit geredonez.
Bén., Chron. de Norm,, v. 4517.
Apres lui régna Edouard son fiz k'avoit contrest mainte dure houre e meint ennuy, par nuit et par
jour.
Brut. d'Entjl., citô par M. Meyer, Bull, de la S, des anc. textes, p. 107.
■{- Ous iyou, ow*) , pron. pers., vous. Us en provenç. a la même acception et la même prononciation
(Rayn,, Lex. rorn.,
V, 572j.
Voptre fei me plevistes, ne sai s'ous la teindrez.
Wac'e, Rom. de Hou, v. 3487.
S'ou m'enviez bien loin, Je queiray à
terre.
La Friquassêe, p. 14.
S'o>i vous taisiez, m'est avis, j' chnnterais bien.
Blnies guern., p. 113.
Oustillemens , Houstillemens (usHlmenl*) (1), s. m. pi., ustensiles de ménage, mobilier de toute
espèce. V. Hosiillemens.
Item, i bachin.... i tron, trcstrees et formes (tréteaux et bancs), de petite value et autres petis
oustillemenz.
Invent. de 13UT, ciic par M. Dolisle dans VAgr. en Norm, au rnoy. âge, p. 121.
A bien en ict-lle chambre, qui ne sont pas en cest inventaire, plureurs houstillemens d'ostel, comme
paelles, chauderonnailles et
autres.
Invent, de 1334, cité par le môme dans les Actes norm. de la Ch. . des Comptes, p. 114.
Outrance (oulra.nce*, ulterance*), s. m., excès, violences, ruine, perte. V. Utrage.
Car Neomenus mort, on n'y vit plus que transes, Que deprisations, embusches et
outrances.
Les Bannerets de Bretagne, dans les Orlg. de quelq. coût. anc. de Moisant de Brieux, 1, 220.
(1) C'est, allongé par l'addition du suffixe ment, l'ancien vocable
normand ustils, ustensiles,
outils.
Out en sa arée (labour) degerpiz
Uns gaaignerres (laboureur) ses ustilz.
Bên., Chron. de Norm., v. 7468.
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(delwedd C0772) (tudalen 0704)
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— 704 —
Outrer (to outrun, to outrowe. Palsg., dépasser à la course ; to oulride, dépasser à cheval), v. a.,
dépasser en chevau- chant. Du lat.
ullra ire.
Ganter Gifart, savum de veir, Qu'i out
le jor grant estoveir, Qu'abatuz fu de
son destrier, Eissi que cinc cenz
chevalier, Des lor Taveient jà
ouli'é.
Bén., Chron. de Norm., v. 37474.
Overaigne. V. Uverainne.
Overer, Uverer (la overwork) , v. n., travailler , agir avec énergie. Du lat. operari. Palsgrave traduit
to overworke par oeuvrer. — Overrer,
travailler. Kel.
Il sout la nuvele de sun fiz, qu'il out si felenesseiuent uvered envers lui.
Les Rois, p. 174.
Un des hommes ad esté Pur qui Deus ad
plus overé.
Vie de S. TItoni. de Cant., v, 1306.
Ovrir {overte*, ouvert), v. a., ouvrir.
E cumandad as nues desus, e les portes del ciel ovrid.
Lio.des Ps., LXXVII, 2t.
Ovrez, fet saint Thomas, qui 's ala atendant.
5. Thom. le M art, p. 190.
Oy (pys*), s. m., usage, droit d'user, de jouir.
... Et si doibt l'en sçavoir
Que sans icelluy à riens vendre
Ne doibt estre, ne à deffendre
Aulcun oy de l'héritage
Ne à fayre aux signeurs hommage.
Coût, de Norm. en v., p. 72.
Oystre. V. Oislre.
4" Pac (pack), s. ??i., jeu de cartes. Du has-lat. paccum, paquet. Le
mot est usité en ce sens à Guernesey.
Ll' y en a qui voudraient mettre ov elle •
Dans la neire aumare un bissaC;,
Aurun d'oriller une bouteille
Et entre ses mains jointes, un pac.
rames guern., p. 38.
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(delwedd C0773) (tudalen 0705)
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— 705 —
Pacan. V. Pagan.
Pace {pace* 4), s. /"., large degré, faiblement élevé au-dessus du sol, devant l'entrée principale d'une
habitation.
Ou regard des dictes paces ou paveinens, qui sunt ou ont esté faiz aux yssues des maisons devers la
grève, les diz religieux les ont
baillées o rente à qui il leur a pieu, o condicion telles qu'ilz les pevent faire dépecer et oster, quant il
leur plaist.
Déclar. de 1426 du cap. du Mont S. Michel, dans la.Chron. du. Mont, 1, 250.
Vaction {pactioti* ), S. f., -pact, contrat, convention. Du lat. pactionem.
Est donc requis que machinations, Par
tictions, faintes devocions, Soubz
paclions, permettez de deffaire Et
distraire toute chose contraire.
P. Gring., 1, 141.
Belles vertuz font vers Dieu pactions,
Pour grâce avoir et plus ne lui desplaire.
JoRET, le Jard. salut., j^. 122.
Paenime, Paenie, Painime, Païnie (painim, panym. Palsg.), adj., païen, païenne, de la région habitée
par les païens. Paynim, peynyme,
payen. Kel. V. Pagan.
Apres escrient l'enseigne paenime.
Chans. de Bol., p. 161.
Terre i conquist de paenie.
Bén., Cliron. de Norin., v. 36331
Cum pèlerins en usent en painirae.
Brut d'EiNgl., Bull, de la S. des anc, textes, p. 107.
El en crestienté et uis en païnie.
S. Thom. le Mart., p. 41.
En dial. norm. se rencontrent encore l'adjectif paen, paene^ païen, païenne, et la forme adj. paenur
{paganorum) des païens.
Por iceste grant genz paene Fu en
esfrei la crestiene.
BÉN., Chron. de Norm., v. 3073.
Sulunc le usage paenur.
Les Rois, p. 420.
Paer. V. Paier.
-f- Pagan, + Pacan (pagan, païen), s. m., paysan, campagnard, ruslre. Se dit
dans un sens de dénigrement.
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(delwedd C0774) (tudalen 0706)
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- 706 —
Malgré leur dissemblance apparente, notre moi pagan, aussi bien dans l'acception normande que dans
celle anglaise, et le précédent
(paenime), appartiennent à la même famille et ont un radical commun, le lat. pagaaum^ qui se
dit primitivement pour ijuysan, et qui
plus tard servit à désigner un païen.
Durant la première période de son établissement, le christianisme eut
moins de partisans dans les campagnes que partout ailleurs. L'ancien culte fut appelé religio
paganorum. L'idée exprimée aujourd'hui
par les Ta.o\.% paysan et païen se confondait à cette époque: dans la suite,
le sens de ces mots s'est divisé :
paysan est resté la dénomination des gens de la campagne, et payan (1),
païen, sont devenus les noms des sectateurs du polythéisme.
Paiage {paying, Sherw.), s. ??i., rétribution, paiement.
Item, nous et nos biens sommes francs et quictes... pour mener et faire
mener... nos provisions, sans faire marchandise (commerce) franchement et sans paier treu,
ne travers ne paiage quelconque.
Aveu de 1424, dans les Mém. et notes de M. Aug. Le Prévost, II, 320.
Paier, Paer (to pease^)., v. a., apaiser, calmer. Du lat. jyacare. Notre mot
payer, acquitter une dette, a le même radical.
La reine point ne se paie.
BÉN., Chron. de Norm., v. 14249.
Od Gestes lettres ert paie Augustin.
Vie des. Grég., v. 1763.
Li grant e li petit bien sunt de ço paé.
Vie de S. Auban, v. 747.
Pur unt lur deus mut purrunt paer.
Id.,v. 1364.
L Paile (paile. Sherw. -^ pail), s. /"., seau, baquet.
Et quant il peut aller et corre
Par la maison lieve la poure (fait voler la poussière)
Et gete sor la gent la paile.
Rom. de Rob. le Diable, p. 131.
2. Paile (manteau). V. Pâlie.
-\- Paillot {pailler, couche), s. m., petite paillasse, généralement faite
avec de la paille d'avoine , pour le coucher des enfants du premier âge.
(1) L'an 1404 le jeudi XXV* jour de febvrier... le roy de l'ille
Lancelot, lyan, requist Mgr de
Bethencourt que il fut baptisé.
Le Canarien, p. 74.
payan.
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(delwedd C0775) (tudalen 0707)
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— 707 —
Pain {pain)^ s. m., peine, trrvail, fatigue.
Eu malveise gent est ses pains rais et guastez (ptudus).
s. Thom. le Mart., p. 171.
Païnie, Painime. V. Paenimc.
+ 1- Pairer {lo jxiir), v. a., assortir deux objets de même espèce, en former une paire , apparier. Du
lat. papare^ mettre de pair.
-f- 2. Pairer (to pare) v. a., égaliser, rogner, tailler réguliè- ment. Du lat. ^Jf/rew, égal, semblable.
L'on paù-e un gazon, par exemple, en
repassant avec les forces, un travail commencé à la faux.
-|- Paisant {peasanl), s. /«., paysan. (L'on prononce péezant). Du lat.
paganum. Un vocab. ms. lal.-fr. , du Xll^ s.,
conservé à la biblioth. d'Évreux , interprète indigena par paisans. V. Pagan.
A Totenois vinrent siglant. Lié en
furent li paisant.
Wace, Rom. de Brut, v. 1478.5.
Arstrent la cuntrée ; mes Deu lur fud ami
A ces gentiiz paisans, ki furent desguarni.
Chron. de Jord. Faut., v. H75.
Le mot se rencontre en anglo-normand, écrit par un e.
Quand vindrent à la terre, encontrerent un pesant, Mador ly demanda quele tere ce fust... Ly pesant lur
dit que c'est leygnc de Yberye.
Hist. de Foulques, p. 91.
Faisant se rattache, par la prononciation, à pais (Von prononce péej, qui se
dit en dialecte normand pour pays. Dans
son diction, anglo-normand. Kelham traduit l'anglais counlry par pée.
Car il dévoient preier pur les lais (laïques)
Pur la terre et pur le pais.
Poés. anglo-norm., citée par M. Meyer, Romatiia, IV, 388.
L'un a sa maison du pais, l'autre a sen négoce.
Met., s. Math., cli. xxii, v. 5.
« J'écris toujours, dit Ménage, payis de deux syllabes cl payisan de trois... Si l'on écrit pays ou
pais, on prononcera pais, à la
normande, »
Ménagiana, \l, 127,
Paisibleted {pesiblete\ peaceableness), s. f. , calme, tranqui- lité, placidité. Dérive de paix.
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(delwedd C0776) (tudalen 0708)
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— 708 —
Il estendit ses mains à ses paisibletedz ; suillerad Deus sun covenant.
Lw. des Ps., LIV, 22.
+ Pal {pale, Sherw.), s. m., palis, suite de pieux formant clôture.
Le conte Dorset se sauva et se mit en jardin hiy et ses genz ; lequel jardin estoit fermé de pal, et y
furent morts environ quatre cens
Anglois.
Al. Chart., Hist. de Charles VII, p. 36.
Les pals les plus serrés font passage à ses coups.
p. Corn., Poés. div., 216.
Sur la côte d'Honfleur, à l'endroit où la vue est la plus belle, au pied du grand Christ qui domine la mer,
est une palissade nouvellement établie
; en la montrant aux visiteurs, le guide ordinaire de la ville ne manque pas
de raconter qu'un voyageur s'est tué
en tombant de cette hauteur, avant qu'on eût posé des pals.
Ch. Marty-L.'^véaux, Lexique de la langue de P. Corneille, II, 146.
Palefreid. V. Palfrei.
Palet. V. le mot suivant.
Paleter {lo palier, harceler. Sherw. ; lo palier, biaiser, esquiver,
tromper), v. n., lutter, escarmouche. Palleter est avec cette acceptfon dans Cotgrave, comme mot
français.
Sovent veissifz fors paleter li serjanz.
Wace, Rom, de liou, v. 4103.
Le subst. de ce verbe est palet, qui s'est dit pour escarmou- che, lutte. Cotgrave donne palletée en ce
sens, comme mot français. Le mot
dériverait-il , par un intermédiaire, de T.àlri, lutte.
Si fait palet, teu traieiz, Si
estranges perreiz, N'oï riens au
comencement N'eut tant eust damagié
gent.
BÉN'., Citron, de Xorni., v. 11866.
Paîtrai, Palefreid (palfrey), s. m., palefroi. Du bas-lat. palefredum, corruption
du lat. paraveredum, cheval de poste.
Palfreis a freins et a cheveslre.
Lois de Guill., 22.
Vus n'i auerez palefreid ne destrer.
Cfians. de Roi., p. 40.
Pâlie, Pâli. Paile (pall, palle'), s. m., manteau, riche vêtement. Du lat.
palliuin. V. le mot suivant.
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(delwedd C0777) (tudalen 0709)
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— 709 — Sur pâlies blancs
siedent cil cevalers.
Chans. de Roi., p. 11.
Entur sun bras trêve l'assel ;
Le pâli virent riche e bel,
Marie, Frcisne, v. 207.
De sa vesture ne me puis je passer ne taire, el mesinement du manlel ou paile qui son corps
couvroit.
Al. Chart., Le Quadrilogur, p. 407.
Palle et paile étaient aussi, au moyen âge, les noms que l'on donnait à une étoffe précieuse et à
une espèce de riche tenture,
' Pâlies roés, purpre et biz, Pur
vestir.
Vie de S. Thom, deCantorb., v. 155,
En la sale fu receue.
De riches pailes purtendue.
^tn.jChron. de Norrn., v. 9938.
+ Palle {pall, palle*), s. m., poêle, drap mortuaire. Ce mot a aussi pour radical pallhon. V.
Pâlie.
Palle est usité, dans le sens qui vient d'être indiqué, en patois normand de Guernesey :
D'vant r collre non voyait six prêtres gros et gras, Et r palle était portai par six bouans
magistrats.
Met., Diction, franco-norm., p. 369.
Palme (palm), s. /"., paume, main, Dulat. palmam. V. Palmeier.
Prent de la carn grant pleine palme, e plus.
Chans. de Roi., p. 302,
Là vint corant corn femme forsenede,
Bâtant ses palmes, cridant, eschevelede,
Ale.ic., str. 85.
Palmeier {to palm), v. a., manier, brandir. V. Palme.
Mais sun espiet vait li bers palmeiant.
Chans. de Bol., p 98.
1, Pan (paxan), s. ?/(., gage. Cotgrave donne en ce sens, savoir : pan, comme mol français, et pawn,
comme mot anglais. Du laL panmim, vêtement, étoffe.
Si Mahumet me voelt estre guarant De
tule Espaigne aquiterai les pans,
Chans. de Roi., p. 98.
2. Pan (pannam'), s. m., pain. Du lat. panem. Panne, pain, Kel.
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(delwedd C0778) (tudalen 0710)
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— 710 -
Od grant travail, od grand hahan Toi
convendra manger ton pan ; Od grant
paine, od grant suor Vivras tu noit et
jor.
Adam, p. 35.
3. Pan {pane* l), s. m., portion, partie divisée, séparée d'un tout.
Jo vos durrai un pan de mun pais.
Chans. de Roi., p. 267.
Li riches reis Henris, ke del mund ad grant pan.
S. Thom. le Mart., p. 13.
-|- V anche [pan che, Palsg. ; pmoich), s. f., panse. Du lat. panticem.
Ne craignez pas à les batre Ces godons
(Anglais), panches à pois ; Car un de
nous en vault quatre ; Au moins en
vault-il bien troys.
Chans. norm, du XV s. — Reo. Gasté, p. 93.
Tu éras à ten soupe de quey bouré ta pauche.
L. Pet., Muse norm., p. 8.
Panel. V. PanneU pasnel.
Panne (pane* 2, pane. Palsg.), s. /"., peau, fourrure. Panne et pane se trouvent en ce sens dans
Cotgrave, comme formes françaises. V.
Pêne.
Fut rais à rençon... à la somme de deux cens escuz, dix mars d'argent et une panne de martres de la
valeur de trente escuz. Chron. du Mont
S. Mich., I, 246. — Pièces div.
-j- Pannet (pannel)., s. m., bât fourré, espèce de selle sans étriers, employée surtout pour monter à
âne. La forme la plus ancienne du mot
est panel, dérivée du bas lat. panellnm.,
corruption du lat. pannulum, diminutif de pannum, morceau d'étoffe, de vieux linge. Le bât ainsi
dénommé, en ce que ces sortes d'objets
servaient anciennement à le fourrer; on les
remplace aujourd'hui par de la bourre, du foin, du glui, etc.
De cheval n'osterunt ne sele ne panel.
Vie de S. Auban, v. 14H .
Et lor panel toi altresi Estoient de
paille fori (fouri'és).
Lai du Trot, p. 78.
Nous avons déjà fait remarquer que le patois normand, dans tous les mots ayant leur terminaison en el,
substituait toujours t à 17
désinentielle.
I
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(delwedd C0779) (tudalen 0711)
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— 711 —
Men béni pannet d' pavie, Qui m'as si
longtemps servie, Faut-i que j' nous
séparons ! Jiélas! tu n'as pus
d'archon, L' temps a niangi ta
croupière.
Rim. guern., p. 128.
Pantoiller, V. Patoiiiller.
Pantoiser [to pant)^ v. n., haleter, respirer fréquemment. Cotgrave donne pantoiser en ce sens, comme
verbe français. En provenç. panlaysar;
en c^idX . jianlexar ; en vénitien ^mnlezare. Du celt. panl^ pression. L'adj.
j^an/oes, hors d'iialeine, est resté
français.
Foille veisez blanchir, le chaut tendrons nsler... Oises e bestes mues baer e pantoiser.
Vie de S. Auban, v. 695.
Paon ipawn), s. m., pion, pièce du jeu d'échecs.
E la pucele a trait liement, sans muser,
Le cevalier à diestre : por le paon embler,
Li Baudrains traist sa fierge por son paon sauver.
Rom. d'Alejc., cité dans la Cbron. de Benoît, II, 515, 2" col.
-|- Papi [poppy. Cotg.), s, ??!., coquelicot. -- De l'anglosaxon papig.,
pavot. Tel est le sens de l'angl. mod. poppy.
-\- Papin (pap), s. m., bouillie pour les enfants du premier âge. Du lat. pappa. Cotgrave donne aussi
papdn en ce sens, comme mot français,
et Halliwell, papyyies., comme dénomi-
nation anglaise d'une espèce de mets, qu'il ne spécifie pas.
Parage {par âge') s. m., parenté, extraction commune. Du bas-lat. paralictini, égalité de naissance.
Du lat. par, égal. — Parage est resté
français, mais il n'est plus guère usité au-
jourd'hui, que précédé de l'adj. haut: Des gens de haut parage. Son
acception n'est pas d'ailleurs aussi étendue que dans l'ancienne langue, où le mot indiquait
notamment une origine commune à
plusieurs, la foi qui était due à qui invoquait ce litre. Dans le gloss. lat.-fr. de la
bibliolh. d'Evreux (X1II'= s.), on
trouve cognatio^ traduit par parage.
Dont ne l'ustes vous d'un parage ;
Qui porta toi, si porta lui ;
Et d'un père fustes andui ;
Et quand vous estes andui frère,
D'un père né et d'une mère,
Porquoi a Belin dignité
Sor toi et sor vostre ireté ?
Wace, Bom. de Brut, v. 2400
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(delwedd C0780) (tudalen 0712)
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— 712 —
Ne m'i avez gardé parage.
Bén., Chron. de Norm., v. 9403.
Parais. V. Pareis.
Paraphe [paraffy*], s. ?«., paragraphe.
Par l'inspection duquel paraphe, il peut clerement apparoir que les princes doibvent aimer et garder
justice.
Le Rouillé, Gr. Coût, de yorni., fo 2, v.
+ Paraphernal (paraphernal, attirail,, s, m., mobilier de peu de valeur, nippes de toute sorte,
objets de rebut. Le mot est
fréquemment employé dans les campagnes, par des personnes ignorant
complètement la langue du droit à laquelle
il est emprunté, dans le sens qui va être indiqué et qui n'est pas d'ailleurs celui que lui assigne Tart.
1574 du Code civil.
Nous retrouvons là une de ces réminiscences, comme on en rencontre tant en Normandie, des termes
usités dans l'ancien droit coutumier,
termes qui, malgré leur forme savante,
étaient, pour la plupart, devenus familiers aux populations de cette province. 11 est à noter toutefois
que le mot dont il s'agit, a dévié du
sens déterminé par l'art. 195 de la Coutume
de Normandie. Son acception s'est généralisée; il indique au- jourd'hui toute espèce de défroque, quel
qu'en soit le possesseur. — Le paraphernal était, en droit normand, une
espèce de préciput légal, que la femme
avait le droit d'exercer lorsqu'elle avait renoncé à la succession de son
mari, et qu'elle ne s'était pas
assurée, dans son contrat de mariage, la reprise de sa chambre meublée, des ses
vêtements et de ses bijoux, ou d'une
somme déterminée, à son choix. Ce préci-
put, qui ne s'exerçait que quand le mari était mort insolvable et que
le contrat ne contenait aucune clause dérogatoire, comprenait un lit, les robes et le linge de
corps de la femme et quelques autres
nippes à son usage personnel, généralement de peu de valeur. Delà, sans
doute, par assimilation avec ce qui
composait le paraphernal de la femme dans le cas qu'on vient d'indiquer, le sens actuel du
mot en patois normand.
Paraphernal se dit leplussouvent d"un chétif mobilierqu'on emporte avec soi, quand on quitte le
logement qu'on occupait. « Il est
parti avec tout son paraphernal. »
r Paravant {paravant'),prép., adv., co7ij\, avant, auparavant. Du bas-lat.
perantea . — Paravant, avant. Kel.
Et paravant qu'elle arrivas!, deux cent Anglois chassoient aux escarmouches, cinq cent François
Chron. de la Pue, p. 286.
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(delwedd C0781) (tudalen 0713)
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- 713 -
Simeon ne voulut pas pour néant, si longuement vivre... quant il lui fut révélé qu'il ne verroit sa
mort, qu'il n'eusl veu par avant le
Sauveur de la terre.
Al. Chart., VEsp., p. 333.
Paravant que le tens Flétrisse ton
printens.
Vauq. de la FrbSiN., Forest., 11,8.
Paravant leu venue, o z'avet prins les peines...
D. Fer., Muse norni., p. 364.
Paravan faout riglai se conte.
P. Genty, Œuv. poét., p. 61.
-f Paraviret {whirrel, Cotgr.,vo Buffe),s. ?w., soufflet, coup porté sur la joue, à main ouverte.
Parceivre , Parcevoir {lo parceyve. Palsg.), v. a., percevoir. Halliwell donne parceil pour
perception.
Sire, je réclamai à tei ; haste tei à mei, od oreilles parceif (percipe) ma voiz del reclamant à tei.
Liv. des Ps., CXL, 1.
Guillaume de Daubeuf, escuier, a usage de prendre et parcevoir en laforest de
Vernon, branchez et niorz bois, pour ardoir
pour son hoslel de Tilly.
Coût, des for. de Norm., cité dans les Mém. et notes de M. Aug. Le Prévost, II, 14.
Parcener. V. Personnier 1. Parcenier.
V. Personnier 2. Parcer (to parse'),
v. a., percer.
Ki est veisin à l'eslencele, Tost ad
parcée la gunele.
Fie de S. Gile.v. 539.
Parcevoir. V. Parceivre.
Parchier, Parquier {parker)^ s. m., gardien de bestiaux mis dans un parc, quand ils ont été pris en
dommage.
Le parchier de Conches, Perrot Frison, x d.
Compte de 1335, cil(? par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. 122.
Qu'il soit commandé aux sergens de faire signer en leurs registres, les
parquiers et gardes ausquels ils baillent les naraps à garder.
Cah. des Et. de Norm. (XVI' s.), p. 53.
Parchunier, Parchonnier, V. Personnier i.
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(delwedd C0782) (tudalen 0714)
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— 714 —
Parcité (parcity, Sherw.), s. f., parcimonie. Du lat. ^amtatem, de parcere,
épargner.
Or es sailly de franchise en servage, de seurelé en dangier, de parcité en ambitiou souffreteuse.
Al. Chart., VEsp., p. 268.
Parclose [perclose*), s. f., fin. Perclose, conclusion. Kel. A la parclose fu huntos.
BÉN., Chron. de Norm., v. 3331.
Parçoner, Parçonnier. V. Personnier i.
Parçonnerie , -f- Personnerie {parcenary, indivion) , s. f., association, communauté, société, ce que
les Anglais appellent parlnership, mot
auquel Cotgrave donne pour synonyme per$onneaii. V. Personnier 1 et 2.
Si le tuteur... use de mesmes facteurs et entremettiers, taci- tement il continue la parçonnerie.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 24ti.
Parcunere, Parcunier. V. Personnier i.
Pardonable. V. Pardunable.
Pardonnance {pardoning. Sherw.), s. f., pardon, grâce, mi- séricorde.
J'espère que nos indignes dessertes ne luy toUent pas la di- gnité de ses pardonnances.
Al. CHART.,l'£'s/).,p. 291.
Pardunable, Pardonable (pardoning), adj., qui pardonne,
miséricordieux, clément.
En venjance reguerredunerat es enemis de cels, e pardunable serat à la terre de sun pople. ,
Cani. de Moïse (Deuter. XXXII), verset 66, dans le Liv. des Ps., p. 278.
. . . Mis corages n'est pas sains
Mais doleros e repentables ;
Or m'en seit Deus veirs pardonables.
BÉN., Chron. de Norm-, v. 39462.
Pardurable, Perdurable (pardurable' , per durable'], adj., qui doit toujours durer, perpétuel ,
éternel. Du lat. perdurabilem. V. Pardurer.
Servent, si fer sunt e estable, La
sainte vie pardurable.
BÉN., Chron. de Norm., v. 26594.
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(delwedd C0783) (tudalen 0715)
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* _ 745 —
Tu iras en infer, en doleroz mesnage,
En perdurable paine ki jaraez n'assonage.
Wace, Rom. de Rou, v. 1876.
Pardurer [to par dure*), v. n., durer longtemps, persévérer, se maintenir. Du lat. perdurare, subsister
longtemps.
Glorie e bealted l'ovre de lui, e la justice de lui parduranz lûtes hures.
Liv. des Ps., ÇX, 3.
+ Par égal , Paregaus. V. Parigal.
Pareiller {to parele)., v. a., agencer, disposer, orner.
Gommunauiuent, granz e petitz, A faire
e pareiller lur niz, Enportoent les
ramelez Par mi le puis en lor bêchez.
BÉN , Cliron. de Norm., v. 1437.
Parais, Parais (parays'}, s. m. paradis
Sièges aurez el greignor pareïs.
Chans. de RoL, p. 97.
Parais ert senz fin
K enfern uelin (également).
Ph. de THAON,Co/n/)ai, v. 1717.
Parele (/^rtre^^l, s. m., péril. Pareil, parile, parole, \)év\\. Kel.
Leist à faire damage à altre pur pour de morl, quant parele
ne [»ot eschaper (éviter).
Lois de GuiL, 38.
-f- Parer [to pare), v. a., peler. Parer de l'oignon, des pommes de terre, etc.
Parfit iparfil' (1), perfite'), adj., parfait. Parfit se rattache directement au lat. perfeclimi. La forme parfait,
qui représente le part, du verbe parfait^ a dii se produire postérieurement.
V. Perfait.
En icest siècle nen at parlile amor.
Alex., str. I4.
Li philosophe e li parfit, Li plus
sage e li plus eslil.
BÉN., Chron. de Norm., v. 209
D'où l'adv. parfitemenl :
(1) Ce mot est indiqué par Halliwell à Parfaicness
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(delwedd C0784) (tudalen 0716)
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- 716 - Vostre rei
parfitemenl siwerez.
Les Rois, p. 40.
Sans faintise esteient la gent E à
Dieu parfitement.
Vie de S. Thom, de Cantorb., v. 1216. — var.
Parforcer {lu parforce, Paisg., to perforée'), v. a., forcer, contraindre. Du préfixe par, exprimant une
idée superlative, et de forcer.
Perforcer, s'efforcer. Kel.
Ne soufûsoit-il pas laisser faire nature, sans la parforcer.
Al. Chart., VEsp.,ç. 351.
Benoit a dit, dans le même sens, por/orcier.
Allre est li cuers que il ne selt, N'i
a noient del porforcier.
Rom. de Troie, v. 19726.
Le patois normand use de ce verbe, sous la forme réfléchie : 56 parforcer s'y dit pour faire un effort
excessif , occasionnant une douleur ou même une blessure.
L'on trouve pour forcement., au sens de contrainte, violence, dans une charte de Mo6 :
De leurs bonnes voulentés, sans aucun pourforcement, promistrent et se
obligèrent, etc.
Cartid. de Lisieux, i' 80.
+ Parforcer (se). V. le mot précédent.
Parfundece , Profundesce {profoimdness) , s. /"., profondeur.
11 medisme virent les ovres del Segnor e les merveilles de lui en parfundece.
Lib. psalm,, p. 164.
E me dit k'à sun plus lung deit La
parfundesce n'atendreit.
Marie, Par^.,v. 2047.
Dist li Sires : De Basan je cunvertirai, cunvertirai des profun
desces de la mtr.
Liu. des Ps., LXVII, 23.
Pargeter. V. Porjeler.
Parigal , Paringal , Paregaus {paringall\ peregal') , adj., égal, dans une situation semblable, de
pareille valeur. Du baslat. pei-œqualem, corruption du lat. perœquum,
parfaitement égal. Par égal, égal. Kel.
Li orz et li plubs si snnt raetals,
Mes ne sunl mie parigals Ne
d'un valur :
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(delwedd C0785) (tudalen 0717)
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— 747 —
Li uns est bels, lusant et lels, Li
altre lels et neirz et felz Et senz
îuur.
Vie de S. Thom. de Cant., v. 637.
Une cité mobile sanz gueres paringal
Si ne fust entuschée de la lei crirainal.
Vie de S. A uban, v. 11
. . . Les apostres principaus
As quels nul seint n'est paregaus.
Vie de S. Grég.,\: lidS.
Notre adjectif se rencontre, écrit en deux mots :
Tel, ki fist Personal de verbe iinpersonal,
Singuler et plurer, aveit tôt par égal.
S. Thom. le Mart., p. 80.
Per égal est dans Hornes :
Pers égals ne sont my home et femme, ne homme saint et home excomengé,
Myrror de Justice, cli. m, sect. 23.
Mais la forme la plus ancienne est per yicel, qui s'est dit adverbialement pour « par portions égales.
»
Si home mort (meurt) sans devise (testament), si départent les enfans l'érilé entre sel per ywel (1).
Lois de Guill., 36.
La loc. adj. par égal subsiste en patois normand. « Être par égal », s'y dit pour être dans une
situation égale à celle d'un
co-intéressé. Seulement elle est toujours employée au singulier : « Nous sommes par égal. »
Parir {parysV, péri), v. n., sortir.
E vus parisseiz de la juste veie.
Lib. psaltn., p. 2,
Parir dérive ici du lat. perire, dans ce sens littéral du mot (per ire), passer par ou aller à
travers, sortir de. Le passage des
psaumes dont le texte cité plus haut est la traduction, est ainsi conçu : et
pereatis de via jusla. Plante a dit de
xtième perire de patria sua pour sortir de sa patrie. En donnant le mot qui nous occupe, nous
avons eu pour but de faire ressortir
ce fait que perire avait donné parir au dia
(1 ) Ce dernier mot a été longtemps synonyme d'égal : Je vous feray aporter des harnois tous
ievels.
Froiss., IX, 336.
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(delwedd C0786) (tudalen 0718)
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— 718 —
lecte normand et de faire remarquer que vraisemblablement le V. angl. paryst, quoique avec un sens
différent, se rattactiait au verbe normand.
Parlance (parlance), s. /"., conversation, entretien. V. Parleure.
Vait encuntre Lowis, le riche rei de France,
Cuntre le cuate Plielippun, dont vus oiez parlance (dont vous
entendez que l'on parle, qui est le sujet de toutes les
conversations).
Chron. de Jord. Fcuit., v, 85,
Parlement (parlement'), s. m., conférence, entrevue, discussions sur un sujet
quelconque entre plusieurs personnes.
Parlement, au sens de discours, langage, est usité dans Tarrondissement de Pont-Audemer (Eure). V,
le diction, de patois de .M. Robin. V.
Parler.
Ne pois à vos tenir lung parlement.
Chans. de ItoL, p. 237. ■
D'amor facent aliement E vienge à lui
à parlement.
BÉN., Chron. de Norm., v. 10091.
Si mandèrent priveement Que li reis voleit
parlement A (avec) lui aveir sanz nul
délai Tôt dreit entre Torz et
Azay.
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 8941.
Le mot anglais parlia ment, par lequel on désigne le parlement proprement dit
et la chambre des lords, vient de là.
Parlement , comme dénomination française des deux chambres législatives et parfois de la
chambre des députés seulement, est un
emprunt que nous avons fait aux Anglais,
qui, eux, tienneiit le mot des Normands.
Parler [ta parley), v. n., entrer en accommodement, parlementer. V.
Parlement.
Pour ce que la mortalité estoit au siège... pour ce trouva il manière de faire paix entre eulz, et
parlèrent devant la cité aux champs
les ducs de Berry et de Bourgoingne.
Al. Chart., Hist. de Ch. VII, p. 23.
Paiz j)arlée, dans Benoît, signiiie paix devenue l'objet d'un traité de paix.
A cesle paiz dite e parlée
Out merveilles grant gent jostée.
Qu'en tute France n'out evesque,
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(delwedd C0787) (tudalen 0719)
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— 719 —
Conte, barun n'arcevesque
Qui od Charles li reis n'i vienge,
Chron. de 'S or m., v. G603.
Parleure {parlure, Kel.), i^ /"•< langage, langue. V. Parlance.
As Normanz l'enveia ki sout lor parleure.
Wace, Rom. de Rou. v. 1227.
A la danesche parleure Le comença à
aresnier.
Bén., Chron. de ?iorin., v. 10550.
Par ma fei ! {permafey ! ', jmrfay ! etc.), loc. interjective, par ma foi !
V. Fei, ma fei !
Par ma fei, ço dist Rou, ne te cognois, noient !
Wace, Rom. de Rou, v. 1249,
Sire, dit li bous, par ma fei, Tût
autres! proiai pur tei,
Marie, Fable 94.
Par ma fey, j'en mourrai !
L. Pet., Muse norm., p. 10.
I n'ont, par ma fei, le quart tant de caquet.
Rimes jers., p. 14.
Parole (i?aro?e), s. /"., débat, contestation, querelle. — Pa rôle, procès, Kel. V. Mots.
lia parole remaint, n'i eut altre tenchon.
Wace, Rom. de Rou, v. 3080.
Un horpix (renard) e un lox (loup) tenchierent...
Alerent devant le liun
La parole li unt moustrée (exposée)
E la vérité racuntée.
Marie, Fable 89.
Mande ses genz, si lor retrait La
parole cum ele vait.
BÉN., Chron. de Norm., v. 9228.
Le mot subsiste en patois normand, mais il n'est employé, dans le sens qui vient d'être indiqué,
qu'au pluriel et seulement dans la locution « avoir des paroles », qui se dit
pour être en querelle.
Nou z'entend des gens, qui sont à aveir des paroles dans le bel (la cour).
Rimes, fers., p. 198.
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(delwedd C0788) (tudalen 0720)
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— no —
La femme Homo dit que, le jour en question, elle avait eu quelques paroles avec son mari qui était
ivre.
Chron. de Jersey, 9 sept. 1868. — Compte-rendu judiciaire.
Anciennement, l'on disait, avec le même sens, en Normandie « avoir paroles
».
Comment monsieur de Bethencourt et mess^ Gadiffer eurent paroles enssemble.
Le Canarien (Titre du chap. lx), p. 163.
Là, avec autres, estoient le compte de S. Pol et le compte de Boulongne, les quiex s'entrehaeent, et ut
paroles, et s'entreprinrent devant le roy, tant que le compte de S. Pol feri
le compte de Boulongne, de son poing.
P. Cochon, Chron. norni., p. 21, éd. de Beaurep.
Langage, en ancien dialecte normand, se disait aussi pour querelle, procès :
Anne, vous sçavez bien comment Nous
avons esté longuement Ensemble, sans
noise et langaige. Le Mist. de la
Concept., dans La Concept, N. D. de Wace, p. 135.
Jugiours sont personnes sages. Qui
font jiigemens des langages En Court
oys.
Coût, de Norm. en v. , p. 59.
Mots, comme nous l'avons vu plus haut, exprime un sens pareil, dans le même dialecte.
Le sens identique, en ce dialecte, des trois vocables paroZe, langage, mots., sens tout à fait différent
de celui qu'ils renferment en français, nous a paru utile à signaler.
-j- Paroler {parolisf, parleur prétentieux, ampoulé), v. w., parler en se servant de belles expressions.
Du bas-lat. parabolare. Aux premiers temps du christianisme, les
paraboles contenues dans les Livres
saints étaient le sujet le plus fréquemmeut traité par les prédicateurs. De
là, le radical de notre verbe, qui
lui-même a donné à la longue le subst.
parole.
Paroler se disait simplement pour parler, dans l'ancien dialecte.
Parole, sire, kar te serfs esculte.
Les Rois, p. 12.
Sa custume est qu'il parolet à leisir,
Chans. de Roi., p. 13.
-}- Paroles. V. Parole.
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(delwedd C0789) (tudalen 0721)
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— 721 —
Parquerre {to perquire*), v. a., chercher avec soin. Du lat, perquirere.
Preié lor a n'en dient mot, De ci
qu'il ait parquis trestot Moines a cen
que aveir deit A faire ce que il
voleit.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v, 1773.
Parquier. V. Parchier.
Parroche (paroch*), s. /"., paroisse, commune. Du lat. parochiam. V. le
mot suivant.
Item, cil qui ara ceste partie, ara et perchevra toutes les rentes, dretures
et revenues que ledit feu seignor prennoit et percevoit en la parroche de
Chiffrene.
Part, (le 1344, cité pcar M. Delisle, dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. 320.
Parrochial {parochial), adj., paroissial. V. le mot qui précède.
En faisant la signification de la prinse, à l'ouye de la messe
parrochiale...
Ordon. de l'Échiq. de Norm. de 1462.
Il (le château de Caen) contient une église parrochiale, en son circuit, fondée de Saint Georges.
De Bras, RecJi,. et antiq, de la ville de Caeh, p. 20.
Parsegu (proseculed), poursuivi. Du lat. persecutum, part, pas. de perseqni, poursuivre. En prov. et
en esp. perseguir.
Desconfit furent e veneu E enchaucié e
parsegu.
Bén., Chron. de Norm., v. 353.
Parson. V. Persone. Parsonnier. V.
Personnier 1.
Parsuir [to pursue)., v. a., poursuivre. V. Siiir, porsuir. Salf me fai de tuz parsuanz mei,
Lib. psalm., p. 6.
Si com l'orent dit, si firent, E li
Engleiz les parswirent.
Wace, Rom. de Jiou, v. 13327.
Part (part), s. f., pays, nation.
Parlèrent qu'ils seroit roy par condicion qu'il feroit baplizer lui et toulz ceulz de sa part.
Le Canarien, p. 49.
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(delwedd C0790) (tudalen 0722)
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— 722 —
Partable (partable) adj., divisible, partageable. V. Partir 1, impartable .
Se li frères aîiiz né velt tolir â son frère pais né sa partie de la terre partable... ce ne li vaut
riens.
Marnier, Établiss. de l'Échiq. de Norm., p. 2i.
Les seigneuries sont partables entre sœurs, quant ils (elles) leur viennent.
Ane. Coût, de Norm,, ch. ixvi,
Partement (parling) , s. m., séparation, adieu, départ. — Parlement, éloignement, Kel. V.
Département.
Ue tûtes parz va malement Deu tant est
dur le partement.
Marie, Eliduc, v. 604.
Au partement Féru sera
apertement.
Al. Chart, , Le Lio. des quatre Dames, p. 643.
Partener {partner ; partener. Sherw. ; partenar. Palsg. ; pertenere' ; partenelle') , adj.,
participant, co-partageant. V.
Persûnier.
Que de ses bens seuras partener, Od
lui poissom el ciel régner Finablement
!
Vie de S. Thom. de Cant., v. 1444.
Le terme de jeu partenaire, que quelques-uns, dit l'Académie, écT'weni
piartner, est un anglicisme. Ce mot emprunté,
en effet, par nous à Fanglais, est venu en cette langue, du normand. *
Partenir {to pertain), v. n. et a., appartenir ; posséder, avoir en partage. Du lat. pertinere, aboutir à.
V. Appertenir.
La grâce Deu te vaille à salu partenir,
S'en veire humilité te vouls tost repentir.
s. Thom. le Mart., p. 106,
Si me doinst Deus la joie céleste partenir.
76., p. 169.
Sachans et sor toz enraisniez. Sur toz
joios e enveisiez Eisi cum li tens le
requiert E cum lui partient e
atierl.
BÉN., Chron. de Norm., v. 6175.
Partialliser {lo parlialire. Cotg.), v. a., engager dans un parti, une faction .
Aucuns partiallisez du dict Gisors (de la dite ville de Gisors) vouUoient avoir garnison au dit lieu.
Journ. d'un bourg, de Gisors, p. 54.
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(delwedd C0791) (tudalen 0723)
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- 7-23 —
Partie {partie* i), s. f., part.
De la partie de nos chiers et bien araez ea Dieu, les religieux du Mont S. Michiel, en péril de la mer,
nous a été exposé etc.
Chron. du Mont S. Midi., I, 309. Pièces div.
Parties [parties* 1), s. f. pL, pays, contrées.
Après l'enveia Seint Clément Çà es
parties d'Occident Pur preecher fei e
créance.
Bén., Chron. de Norm., v. 6949.
Certains Anglois et autres gens de guerre... sont venus es parties d'Auge (de la région du Lieuvin,
dite aujourd'hui La vallée d'Auge),
les quels font plusieurs oppressions sur les subgiez du roy nostre sire.
Chron. du âlonù S. Michel, Pièces div. (XV s.), II, 178.
1. Partir {to part), v. a., partager, diviser, séparer. Du lat. partiri. Partir a conservé cette acception
dans la locution encore usitée « avoir
maille à partir », qui signifie avoir un
différend pour le partage d'une maille. L'on sait que la pièce de monnaie désignée sous ce nom valait la
moitié d'un denier.— V. Par table,
impartable, partir 2.
E partid sun pople en treis.
Les Rois, p. 251.
Totes les rentes si 's parteient Eissi
entre els, cum il voleient.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich,, v. 1713.
D'où le subst. partie, partage :
La partie entre les frères sera faite selonc la costume del païs.
Marnier, Etabiiss. de l'Éch. de Norm. p. 9.
Le puisné doibt faire les parties, en telle manière qu'il ne départe pas le
fief de haulbert.
Ane. Coût, de Norm., ch. xxvi.
2. Partir [to part), v. n. , avoir une part, participer. V. Partir /.
Por partir al gaaing, jeta mainte suor.
Wace, Rom. de Rou, v. 1724.
Soient mys hors de la jurée Les
conseillans de la querelle Et ceulx
qui partent à ycelle.
Cout. de Norm. en v., p. 107.
Pas {pass), s. m., passage.
Quant la porte vint aprismanl Un pas
vil, tut resplendissant.
Marie, Purg., v. 1519.
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(delwedd C0792) (tudalen 0724)
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— 724 —
Les Flamans gardèrent si (tellement) le pas, que le roy n'y pot passer.
Chron, norm. du XIV s., p. 25.
Pasnel {panel), s. m., liste des jurés, des témoins.
Et se pasnel chascun appelle, Enquerre
est se la querelle, Le multre
fist.
Cout. de Norm. en v., p. 106.
Pastor, Pasteur (pastor), s. m., pasteur, ministre. Deus nos dreinst, funt-il, pastor à sun
plaisir,
s. Thom. le Mart., p. 16.
Ëzechiel hautement maudissoit les pastours qui ne paissent que eulx mesmes.
Al. Chart., YEsp.,-p. 307.
Pasturel [pastoreV), s. m., pâtre, berger. Du bas-lat. paslorellum, dim. du
lat. pastorem.
Pasturel ai esté del fuie nïun père.
Les Rois, p. 65.
Que ferat pasturel Ki nen a nul
drapel?
Phil. de Thaon, Comput, v. 67.
Pasturer {to pasture), v. w., manger.
E que li oisel pasturoent.
Bén., Chron. de Norm., v. 1591.
Patent {patent) , s. m. , lettres patentes. Du lat. patentent, ouvert, de patere.
Par le mesme patent, il (Louis XI) annoblit ceux de Normandie qui estoyent
roturiers.
De Bras, Rech, et antiq, de la ville de Caen, p. 74,
Pour acomplir la commission en patent... qu'il vous a pieu adresser.
Rapp. au roi à l'occasion des trav. exécutés au Havre en 1532. Doc. sur la fond, du Havre, p.
315.
Paternal (paternal), adj\, paternel.
Amor paternal ait vers mei.
Bén., Chron. de Norm., v. G579.
Patientement (patienlly) ., adv., patiemment. Du lat. patiente mente. V.
Absolutement.
L'en doit patientement souffrir...
Pet. Poèmes du Mont S. Mich., p. 2è,
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(delwedd C0793) (tudalen 0725)
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- 725 —
4- Patouiller {to paddle), v. n., patrouiller, agiter de l'eau fangeuse avec ses mains, avec ses
pieds. Le mot a été employé par
Benoît, sous la forme pantoiller :
Mais al tierz pas est chancelez ; E
quant ne sout ù apoiier, Jus l'en covint
à trebuchier, Braceie e beit, crie e
pantoille.
Citron, de Norm., v. 25557.
Dérive du vieux mot paioueil, flaque d'eau fangeuse.
Icelle femme tomba le visage en ung petit patoueil, qui estoit en la rue.
Let. de Rém. de 1473, Duc, Patile.
Patouillas est, avec le même sens (plash, puddle), dans Cotgrave.
+ Pâtures (pastems, Sherw.), s. f. pL, entraves que l'on attache au paturon des chevaux qui
paissent. En v. fr. paslures. Le pat. norm. a le verbe corrélatif empâturer,
entraver.
Paumier, Paumer (palmer), s. m., pèlerin. Du lai. palmatii, palme. Au moyen âge, les pèlerins, revenant
de la TerreSainte, en rapportaient, pour preuve, des palmes qu'ils
avaient cueillies : de là ce mot.
Nus pèlerins ne nus paumiers
Ne truis que fust plus aumosniers.
BÉN., Chroti. do Norm,, v. 31704.
Trestot donot entrineraent... As
paumers e as pèlerins As vedves e as
orfelins.
Vie de S. Grég., v. 1536,
Paure (poor), s. et adj., pauvre.
Qu'une paure queriature li d'raande
Une vieille crôte, au nom de Gu,
A li dit : Va-l-en, caimande.
Rimes guern., p. 31.
Pautener, Pautenier {(pawtenere*), s. m., vagabond, misérable, coquin.
Ws avez, ce dist-il, menti Cum
pautener.
Vie de S. Thom. de Cant., p. 619, c. li.
11 ad governer une gent pauteniere,
S. Tliom. le Mart., p. 215. Append.
Pallenier, paltunier, paltoner, se sont dits dans le même sens; en ital. paltone.
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(delwedd C0794) (tudalen 0726)
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— 726 — Et les dous granz
iraingnes sunt li dui paltenier.
.S. Thom. le Mart,, p. 141.
Tuit cils ki furent paltunier e felun e pesmes.
Les Rois, p. 117.
Félon sunt et paltoner.
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 510.
Pautraille. V. Peautraille.
+ Pauverté (poverly), s. /"., pauvreté. Du lat. paupertatem. Pover, poverte.
Riches erent et bien atournez, Entr'
eus n'aveit de povertez.
Chron. anglo-norm., I, 34.
Paveillun, Pavellon (paveloun*), s. m., pavillon, tente. Du lat. papilionem, dit par assimilation avec
un pavillon.
Il vit le liu ù li reis dormeit en sun paveillun.
Les Rois, p. '03.
Sauveraent vus i cunduiruns, Veez,
près est ses paveilluns.
M.\RiE, Lançai, v. 75.
Et tendirent très et pavellonz sur la ryve.
p. Cochon, Chron. norrn., p. 26, éd. de Beaurep.
Pavement (pavemenl ; paiement*)., s. m., pavé des rues, des routes, des habitations, etc. Du lat.
pavimentum, carreau, dalle, pavé.
Aerst el pavement de la meie aneme.
Lib. psalm., p. 184,
Pour xvi toises et demie de pavement et chaucée fait tout de neuf, de pierre de grès, environ le puis,
etc.
Compte de 1340, cité par Al. Delisle dans les Actes norm. de la Cfi, des Comptes, p. 253.
Une autre forme, tenant de plus près au radical, est pavi- ment.
Li paviraenz fud richement de marbre aturnez.
Les Rois, p. 251.
Pavoiseux (paviser), s. m., soldat armé d'un large bouclier ou pavois.
Avoienl avecques eulx deux mil arbalestriers et pavoiseux .
Al. Chart., Hist. de Charles VII, p. 223.
Pavoiseux se disait aussi bien au singulier qu'au pluriel.
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(delwedd C0795) (tudalen 0727)
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— 727 -
Dans son dictionnaire anglais-français , Sherwood traduit en effet le substantif anglais targueteer^ par
pavoiseir, pavoiseux.
Peautraille [paltry) , s. f. , canaille , misérable, méchant drôle. Dérive de peaultre, grabat, lit de
paille.
Puis en bataille Se sont fuis comme
peautraille Monstrans que d'honneur ne
leur chaille.
Al. Ciiart., Œuo-, p, 678.
1. Peer. Fer, {peer)^ adj., égal, semblable, pareil. Du lat. parem. Pair, en franc., n'a conservé cette
acception que dans la loc. « sans
pair. » V. Pers.
Mes il ad vostre sorur à muillier et à peer.
Chron. de Jord. Fant., v, 982. — Var.
E Pinasel mun ami et mun per.
Chans. de RoL, p. 31.
2. Peer, Perer (io peer. Sherw. ; to père; to pear), v. n., apparaître. Du lat. parère. Perer.,
apparaître. Kel. V. Aperer.
Tu as par la huche parlé, e par mains e en ovre asumed, si cume pert à cest jur.
Dedenz le tref fu la pucele, Flurs de
lis e rose nuvele, Quant el pert u
tans d'esté Trespasseit ele de biauté.
Les Rois, p. 261.
Marie, Lanval, v. 93.
Ci voil mostrer e que là père Saveir
cum j'amoe le père.
BÉN., Chron. de Norm., v. 13321.
Ki perent en lur marches cruel cum leun.
Chron. de Jord. Fant., v. 805.
Pei [poix). V. Peiz.
Peier {to peck'), v. a. , couvrir de poix. Du lat. picare. To pay se dit aussi pour goudronner. V.
Peiz.
A Paris donc l'amena,
Ki se fist un des oils peier (couvrir d'un emplâtre),
Ke l'en nel peut encercler.
Wace, Rom. de Rou, v. 24763.
Peisser se dit pour poisser, en patois normand. Peiler (to peeV), v. a. , arrocher.
Icil li peilent la barbe et les gernuns.
Chans. de Roi., p. 153.
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(delwedd C0796) (tudalen 0728)
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— 728 -
-\- Peire (père. Du G. Gram., p. 1073 ; pear ; perjenete', littér. peire
jcnette (1), poire jeunette, poire qui commence à se développer), s. /"., poire. Du lat.
pirum. V. les deux mots suivants.
Item, à la Nativité de S. Baptiste, i. mine de sel et i. mine de paires.
Coust. de la Vie. de l'Eaue de Rouen, art. lxvii.
Velà une peire, velàune pomme..
La Friquassée, p. 4.
Sus d's arbres terjous verts cuillaient poumme, figue ou peire.
Itim. guern., p. 84.
+ Peiré, + Pré {perry), s. m., poiré, boisson faite avec des poires. En bas-lat. pereium. V. Peire,
peirier.
En ce temps avoil si grant quantité de fruytage et de poires, pommes, péré, sidres et vin de Quonyhourt,
que c'estoit grant beauté.
p. CocHOx, CUron, norm., p. 3i7, éd. de Beaurep.
Je ne mengeayque pour six sols de trippes et demion (mesure) de perey.
Noav. fabr, desexcel. tr. de vér., p. 100.
Su bon peray doux qu'o tiret dans des bros.
D. Feu., Muse norm., p. 204.
J'ai oui qu'un ministre de campangne,
Pus avisé qu' cheux qu' j'avons
Faisait passer pour du champangne
De fameux pré de sa faichon.
La noue, annaie (Jersey, 1873), p. 18.
-\- Peirier (perye*; peerre-tre., du G. Gram., p. 915 ; peartree)y s. m.,
poirier. Du bas-lat. pirariitm, mot que l'on trouve dans la loi salique, employé pour pirum. V.
les deux mots qui précèdent.
Pour un jeune perier, pour planter dans la cour du dit hostel.
Compte de 1466, ciié par M. Pluquet dans son Ess. hist. sur Bayeux, p. 32,
(I) Jene, pour jeune, se dit encore aujourd'hui en patois normand ; le
mot et son diminutif yenette se
rencontrent dans l'ancien dialecte.
Vint un jene homme, humble et bénigne.
Pet. Poèmes du Mont S. Mîch., p. 19.
Plusieurs vuilles et jennettes, ■Qui
de ces iii. vices sunt nettes..
Jb., p. 59,
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(delwedd C0797) (tudalen 0729)
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— 729 —
Pour avoir esruondé et osté tout le branqual sec et vert des pommiers et des peiriers du clos de
Deville.
Autre de 11H7, cil6 par M. Delisle dans VAgr. etiNorm. au moy. âge, p. 498.
Au haut du perier d' sen père, L' pi
li maiiquit; grâces à Gu Sus une
touffe d'orties sorchières A caïl
assise et à nu.
Rimes guern-, p. 15.
+ 1- Peis (peeses, du G., Gram., p. 915; peas), s. m. pL, pois, haricot. Du lat. pisiim. — Peis,
pois, Kel. V, Pesas.
Pour chascune somme de blé, de orge et de aveinne, de mesteil, de peis, de
vesche et de tous autres leumages, i d.
Coast. de la Vie. de l'Eaae de Rouen, art. xxv.
ij ruches (mesures) de peiz, à la mesure de Pontorson.
Cil. de 13W, citée par M. Delisle dans VAgric. en Norm. au moy. âge, p. 327.
1 u' liqu'ront pas leux barbe, au jour qu'il est, De couane rouâtre, cidre aigre et durs
peis.
Rimes guern., p. 77.
-f- 2. Peis, Peise {peise'), s. m., poids. Du lat. pensum. Au XVI= s., les grammairiens, croyant que le
mot dérivait de pondus^ l'écrivirent
avec un d. — Peis, peise, poids, Kel,
Pur set fiées d'or mun peis Ne
vousissiez estre meuz.
BÉN., Chron. de Norm., v. 5738.
Menceungiers li fil des humes en peises.
Lib. psalm., p. 79.
De faux peys et de faux mesures soit enquis.
BiUTTON, Code, chap. xx, p. 60.
Ah ! de qui peids m' v'ià soulagi.
Rimes jers,, p. 165.
L'ancienne forme du verbe ;;eser était, en dialecte de l'Ilede-France,
^oiser, de poids; et en dialecte normand, peiser, de peis (D'où le v. angl. to peise.
Sherw,). Le français a gardé le
substantif /joirfs, et a emprunté au normand le \evhe peiser, qu'on écrit aujourd'hui peser.
3. Peis (poix). V. Peiz.
-f- Peisser. V, Peier.
■j- Peiirail ipeilrell), s. m., poitrail. Du lat. pectorale.
Tôt le fendi jusqu'el peitrail.
BÉN., Rom. de Troie, v. 10693.
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(delwedd C0798) (tudalen 0730)
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— 730 - Li peitral del
cheval rompi.
Wace, Boni, de Rou, v. 14674.
+ Peivre ipeper. Palsg. ; pepper), s. m., poivre. Du lat. jnpe?'.
Peiz (pays' 2), s. f., poix. Du lat. picem. V. Peier. Est neirs cum peiz ki est démise
(foudue).
Chans. de Roi., p. 126,
Asquanz en vit mis en espeiz E rostis
od souphre e od peiz.
Marie, Purg.,v. 1097.
1. Pei (peV), s. m., épieu, bâton ferré. Du lat. palum.
Un pel tint en son col mult grant.
Bén., Chron. de Norm., v. 32805.
Entur un pel le funt aler.
Chron. de Geoffroy Guimar,
2. Pel {pelé*), s. m., palissade, pieu. V. Pel i.
Aportez mai cel pel dont cel chastel est clos ; Com ainz Tarez tolli, ainz sarez à
repos.
Wace, Rom. de Rou, v. 2600.
Pel pour clore sur rue.
Cout. des For. (Vernon), cité par M. Delisle dans YAgr. en Norm. au morj, tige, p. 374.
-f- 3. Pel {peir 4), s. f., peau. Du lat. pelleta. V. Pelette. Si oui un purceint de pels entur les
reins.
Les Rois, p. 345.
Vif l'escurchent, caut l'unt tenu ; Au
lyon unt la pel bailliée.
Marie, Fable 59.
Mais ût aie enco su sa pel
De biautais \in comble boissel...
L. Pet., Muse norm., p. 26,
L'vier Nico n'a que le souffle; à travers, il est seur. Sa pel de parchemin nou verrait quasi l'
jeur.
Riiiies guern,, p. 3.
+ Peler {to pelV 3), v. a., forcer d'aller, littéralement pousser. Du lat. pellere.
Par paroles (querelles) rault l'angoissèrent.
Et à curt de Rome le pelèrent
Par maltalent.
Vie de S, Thom, de Cantorb., v. 670.
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(delwedd C0799) (tudalen 0731)
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- 731 —
-j- Pelette (peW i, peau de moutonj, 5. wi., morceau de peau de mouton, avec sa laine, couvrant le
dessus des sabots et que l'on ramène
en dedans sur le pied. L'on prononce
pleW. Le commerce des petites peaux s'appelait au moy. âge plelterie (1). Pelette est un diminutif de
pel, peau, V. Pel3.
Des difticnltés survinrent en 1787 entre les fabricants de frocs et les pelletiers de la ville (de Lisieui), au
sujet de l'usage qui se pratiquait et
devenait le luxe des campagnes de Normandie et des provinces voisines, de mettre des
morceaux de peaux de mouton, appelés
peleltes, sur leurs sabots.
FoRMEviLLE, De lafabrication des étoffes de laine à Lisieux.
Pelfer. V. Pelfrer.
Pelfre (pelfir*), s. f., dépouille, butin. V. Pelfrer, peufe. C'est de là que vient le substantif anglais
^^e^/, biens, ri- chesses,
argent.
Ses cumpaignuns, ki s'en furent fuis de la bataille, returnprenl pur prendre
la pelfre de ces ki furent ocis al champ.
Les Rois, p. 212.
Pelfrer, Pelfer (to pilfer), v. a., voler, dérober. V. Pelfre.
Si esmurent qui einz einz vers l'ost pur pelfrer et prendre ço que il truvereient.
Les Rois, p. 354.
Apres cestovere si s'en alerent, La
curt l'arcevesque tôt pelferent, Cum
robeur.
Vie de S. Thorn. de Cantorb., v. 1099. Var.
Penance (/je^mnce), s. /"., expiation, pénitence, se rattache au lat. pœnire, forme archaïque de
punire.
I là facent lur pénitence e lur penance.
Les Rois, p. 264.
Si lor enjoinst en penaance
L'apostoiles que à lor vies
Eslorassent deux abeies.
BÉN., Chron. de y'orm., v. 35154
Penant {penanC) adj., pénitent. Penaunt, pénitent, Kel. V. Penance.
Nupez (nuds pieds) e megres e pales cum penant.
Vie de S. Auban, v. 1145.
Penant devene e preng burdun fresnin.
Ib.,v. 1827.
(1) Item, broaette qui maine pletterie ouvrée, doit xij. solz.
Duc. , Pelleteria.
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(delwedd C0800) (tudalen 0732)
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— 732 —
Pendant (pendence), s. m., penchant, pente. Du \at. pendentem, suspendu. V.
Pendre i.
Semei alad el pendant del munt en costé.
Les Rois, p. 179.
Il habitoit en une maison assise au pendant du mont Velie.
Vauq. de la Fresn,, Or. sur la Calomnie, p. 227.
Pendant s'est dit aussi en dialecte normand, dans un sens absolu, pour versant d'un coteau; coteau
:
Un chastelet troverent fermé (fortifié) en un pendant.
Wace, Rom. de Rou, v. 1217.
D'une bêle funtainne est li roisseus hissu...
Ki avan le pendant s'espant e est curu.
Vie de S. Auban, v. 876.
1. Pendre (to pend' i), v. a., pencher, baisser. V. Pendant.
Pendi sun chef, si s'enclina ; Un
suspir jetet de parfunt, Ore escutez
ke il respunt : « Seignurs, feit-il,
...
Vie de S. Gile, v. 344.
-\- 2. Pendre (to pend' 2), v. n. , dépendre, être dans la volonté, dans le choix. Du lat. pendere.
Pent , dépend. Kel. L'usage du verbe
en ce sens est journalier en Normandie.
Le principal de la cause y (en) pend.
Le Rouillé, Gr. coût, de Norm., i° Ixxvij r*.
L'astre bénin d'où pend ma destinée.
D. Fer., Muse norm,,, p. 349,
La locution « s'il ne pend qu'à », pour s'il suffit de, s'il ne faut que, se rencontre dans Vauquelin de la
Fresnaye.
Tous disent à Rouxel : s'il ne pend qu'à mourir, Pour te pouvoir, pasteur, de la mort
secourir, Nous mourrons tous pour
toy.
Past. sur p. Rouxel, p. 281.
Pener (topine* 2), v. a., torturer, supplicier.
Quant, pour nostre rédemption, Soufri
Jhesu Crist passion, Et pour nos
péchiez fu dampnez Et en la sainte
croix penés, Li apostle se
départirent.
Wace, La Concept. N. D,, p. 57.
Jo crei ben que art trové Cornent
l'enfant fu pené.
Hugues de Lincoln, p. 11.
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(delwedd C0801) (tudalen 0733)
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- 733 -
Pénible (jjenible'), arfy. , empressé, diligent, ardent. Gam Rogier fud pénible de sun seignur
servir,..
Chron. de Jord. Fant., v. Hi9.
E vos qui avez vescu meins En qui est
force plus pénible...
Bén., Chron. delSorm., v. 23-184.
1. Penne (joew), s, f., aile. Du lat. pennam, qui a aussi cette acception.
Chi vas sur les pennes des venz.
Lib. psalm., p. 150.
2. Penne (penne vair*, espèce de fourrure), s. /"., fourrure. Du lat. pannum, étoffe, vêtement. V.
Panne.
Del mantel fu la penne chiere, Molt
avenant et molt entière.
BÉN., Rom. de Troie, v. 13335.
Item, X pennes d'escureuz à couvertouers, etc.
Invent, de 1334, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. 99.
Le 18 mars 155o, je baille au pelletier pour la penne qu'il avoyt mise à la robe que je lui fys
fourrer, et pour deux jours de sa
payne, 25 solz.
Journ. du, s, de Gouberville, p. 89.
Penuncel, Pennoncel ipenonceaV)., s. m., bannière, enseigne, drapeau. Diminutif de pennun ou pennon.,
mots qui se rattachent eux mêmes au lat. pannum, étoffe.
Jà veissiez serjans e Flamenz si medlfz,
Targes e escuz freindre, penunceus despleiez.
Chron. de Jord. Fant., v. 1212.
Et pour un pennoncel d'estamine, des armes de France... XXX s. t.
Compte de 1339, cité parM. Delisle, dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. 228.
Peor (peer* i), adj. comp., pire. Du lat. pejorem. La forme peor subsiste en espagn. et en portug. ;
celle pior se rencontre en provençal.
Pecheor ai esté, le peor que jeo sai.
GuiCHARD DE Beaulieu, Sermun, p. 28.
Trop fort veisin aveit en lui. Si out
le peor geu parti.
Hist, de Guil. Le Maréchal, v. 368.
1. Per (per), prép.., par. C'est le radical latin inaltéré.
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(delwedd C0802) (tudalen 0734)
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— 734 —
Ki tort élèvera u faus jugement fra, pur curruz ne per hange u per aveir, seit forsaimre le rei de xl
solz.
Lois de Guill ., 41.
Pernez le jus de la racine del eble e de la feugère del cheine, et de la plnnlenne per uele (égale) mesure
; pus pernez del nu- vel saim de porc,
etc.
Pet. traité de méd. du XIV* s., publié par M. Boucherie, p. 7.
2. Per (égal). V. Peer.
-\- Percette [piercer. Sherw.), 5./"., vrille.
-{• Perche (mesure). V. Perque 2.
-\- Percher {to perche*), v. a., percer. Du lat. percidere, qui a donné percer, de la même manière que
occidere a formé occire. Percher est
une forme normande.
Periers, truies et motons (machines de guerre) Et engins de pluisors façons Firent faire et al mur hurler, Por lui perchier et affondrer.
Wace, Rom. de Brut, v. 3081.
Item, une paelle perchée.
Invent, de 1307, cité, par M. Delisle dags l'A^ric. en Norm. au moi/, âge, p. 722.
Mais pu tost, atou (plutôt avec) ma gambette (épée) Je me percherais le boudin (les
entrailles).
L. Pet., Muse norm., p, 19.
Mes cauches étaient percbies.
Rimes jers., p. 46.
Perclose (parclos. Palsg.), s. /"., séparation.
Pour faire les percloses, les arrestieres et les noes feslure, tout de neuf.
Compte de 1338, cité par le même dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. 172,
Perdicion (perdition), s. /",, perte, destruction, massacre.
La furent Flamanz desconGz et près de tous mors... et y cl grant perdicion de femmes et
d'anffans.
Chron. norm, du XIV' s., p. 89.
Perdurable. V. Pardurable.
'Peregrins (peregrine. Sherw.), s. m., pèlerin, voyageur. Du \dX. peregrinum, étranger.
Estranges sui faiz à mes frères, e peregrins as filz ma merre.
Liv. des Ps., LXVIIl, 10.
Et, afin que, par le même moyen, soit pourveu aux pauvres
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(delwedd C0803) (tudalen 0735)
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— 735 —
peregrins, avons déclaré que l'ordonnance donnée par arrestaux grands jours à Bayeux... sera promptement
exécutée.
DE Bras, Rcch. et anliq, de la ville de Caen, p. 134.
Perer. V. Pee?^ 2.
-\- Parfait {perfect), adj., parfait, assuré. Du \at. perfectiim. En provenç. perfeil ; en ital. perfetlo ;
en portug. perfeito. L'ancienne forme
normande reproduit, comme celle anglaise,
le e et le / du radical. V. Imper faict, parfit.
Plusieurs communiiez ont accepté seigneurie heredilale, nommée royaume, comme
plus perfaicte.
Al. Ghart., VEsp.fTp.Mh.
Perfectement (perfectly), adv. , parfaitement. Dérive de perfaict. V. Parfait.
Car je l'ayme perfectement.
Chans. norm. du XV' s,, Rec. G. Paris, p. i&.
-\- Perfum, + Perfumer , -f- Perfumeur , etc. (perfiime, to per fume, perfumer, etc.), parfum,
parfumer, parfumeur, etc. Gotgrave
donne les formes du patois, avec leur acception, comme mots français.
Voilà le précieux baume et l'odoreux perfum, du quelj'ay délibéré d'embaumer, perfumer et aromatiser
ton corps : la bienfaisante senteur
duquel ne s'esvanouira jamais.
Vauq. DELA Fresn., Or.fun. de Rouxel, p. 273.
+ Périchable (perishable), adj., périssable.
Perier. V. le mot suivant.
Periere, Perrere, Perrière, Périer (perrier*), s. /"., machine de guerre, servant à lancer des pierres.
Dérive de ^;erre, qui s'est dit pour
pierre, du lat. peiram (1).
Le chastel voldrad aveir par Flamens e archiers, Par boues perieres, par ses enginz mult
fiers.
Chron. de Jord. Fant., v. 1149.
De perreres e de berfreiz 1 vint
estranges li cbarreiz.
BÉN., Chron. de Sorm., v. 29961.
(1) Armes bêles e garnemenz
E aveirs precios e genz... U i ait
perres resplendissanz.
Bén., Chron, de IVorm., v. 1647, p. 61.
(Orné) de pères preciuses.
Vie de S. Auban, v. 3.
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(delwedd C0804) (tudalen 0736)
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Et l'on atornot la perriere Por feire
jeter à la tor.
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 540.
Elle (la frégate) n'a que six canons et autant de périers,
Journ. de J. Doublet, p. 67.
PerUler {to péril), v. n., être en péril. Le verbe est quelquefois usité
activement, au sens de mettre en péril.
N'i out ke duinés perillies.
Wace, liom. de Rou, v. 11604.
Quer molt sovent i sunt truvez
Pèlerins passanz perilliez.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Michel, v. 430.
Perillous (perilous), adj., périlleux, où il y a danger.
La pestilence perillouse
De Tire Dé, orrtble hisdouse.
Vie de S. Grég., v. 961.
Veez de cest siècle, cumme il est perillous !
GuicHARD DE Beaulieu, SermUTi, p. 15.
Périr {to perisli), v. a., faire périr, anéantir.
Sire, qui les mers tiens e serres
Qu'eus ne covrent totes les terres
E que od ses très crueles undes
Neie e perist tut li mundes.
BÉN. , Chron. de Norm., v. 2123.
Perjure [perjure, perjured), s. et adj., parjure. Du lat. pe?-- jururn. V. le mot suivant.
li sont mi perjures ke en riens ne forfist.
Wace, Kom.. de Rou, v. 2188.
Jeo die... que J. est perjure et foy a menti vers le roy.
IIORNES, Myrror of Justice, ch. ii, sect. 23.
Perjurer (se) {to perjure), v. réfl., se parjurer. Du lat. ^erjurare. V.
Perjure.
Par le cunseil de Riouf se furent parjuré.
Wace, Rom. de Rou, v. 2156.
-|- Permaine {pearmain), s. /"., nom d'une variété de grosse pomme cultivée en Normandie. Du lat.
permagnam. Le mot se trouve dans
Liltré. V. Maine.
-\- Pernant, + Pernez, + ils pernent, + il perneit, etc. (raainpernon) , caution, littéralement
celui qui prend en main l'affaire d'un
inculpé, qui se constitue son garant;
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(delwedd C0805) (tudalen 0737)
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mainpernahle. recevable à fournir caution ({), prenant, prenez, ils prennent,
il prenait,...
Les deux termes de droit mainpernor et mainpernable sont des mots composés. Nous n'avons rien à dire
quant à main; mais nous signalons la
forme particulière de leur seconde
partie pernor, pernable^ laquelle appartient au dialecte normand.
Pernez m'as bras, si m' drecez en séant.
Chans. de Bol., p. 237.
Francheis pernent Normanz e cnnire val les tirent.
Wace, Rom. de Rou, v. 169U.
Le participe présent pernant se rencontre dans le mot composé
quaresmepernant, carême-prenant, les trois jours gras, avant le mercredi des cendres.
Item, à quaresmepernant, i. mine de nois.
Coust. de la Vie. de l'Eaiie de Houen, art. 67.
A la forme dialectale dont il est question se rattache encore Tanc. adj. pernement, prise :
Ne dunad nus el pernement (m caplionem) as denz d'icels.
Lih. psalm., p. 201.
Pernahle., pour prenable, existe d'ailleurs comme mot isolé en anglo-normand.
Les appelles sont pernables par corps et biens.
HoRNES, Myrror of Justice, cli. i, sect. 12.
Le patois use encore de ces formes. ,
pernant la parole, dist : Expli
MET
Pernant men soimie au chimquère.
Pierre, pernant la parole, dist : Expliquez nous, etc.
MET., aS, Mat/i., cil, XV, V. 15.
Rimes gnern., p. ITO.
-\- Pérousine {parosynne', gomme; rosin, résine), s. /"., poix-résine. Gotgrave donne, comme mot
français, perrésine, pour résine, —
Dérive de ^y, dit pour /)ezc, poix (V. Peiz) et de rousine, qui s'est dit pour résine (V.
Bosine).
Pernez peiz résine e pur encens e thimienc e un poi di^ cire, etc.
Pet, tr. de méd. du XIV" s., publié par M. Boucherie, p. 7.
(1) « La mainprise, dit Houard {Coutumes anglo-norm., IV, 562) avoit lieu lorsqu'un homme libre, accusé de
délit, qui pouvoit être puni de peine
aHliclivc, trouvoit quelqu'un qui se rendoit gaiant de sa personne.
»
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(delwedd C0806) (tudalen 0738)
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"PeTT^eindl (perpeliial). adj., perpétuel. Du lat. perpetualem. Les menèrent vendre en estrangez terres en
perpétuai servage.
Le C anarien, p. 24.
Perpetualment (perpetnaUy), adv.^ perpétuellement, conti- nuellement, constamment. En provenç.
perpetualment.
Glorie, perliennitez durable, Sainte,
duce, fine e estable Si auras od eus
durablement K senz fin perpetualment.
Bén., Chron. de .\orm,, v. 1049.
Perplex {perplex)., adj., embrouillé. Du lat. perplexum, mêlé, confondu. Perpdex., qui, en français,
prend un e final, ne se dit plus
aujourd'hui qu'en parlant des personnes, avec
le sens dïrrésolu.
Le sujet des preuves par tesmoins est si perplex, variable, ample et infiiiy, qu'il ne peut estre
circonscript et arresté en une
ceitaine forme.
Terrien, Comment, du. dr. norm., p. 397.
4" 1. Parque {perk'), ,s. f., perche, baliveau coupé et ébranché. Du lat. perticam. V. Perque
2.
Engnès Burgaigne... deit aiiner et aporter à la granebe vij pereques deu prei au Moine.
Liv. desJar, de S. Ouen de Rouen, fo 28,. vo.
Pour une perque mise en ladite bouteillerie...
Compte de 133 J, cité par M. Delisle, dans ]es Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. U9.
Marchant d'nn pas ferme, le corps renversé,
Dreits comme une perque, sans nul bord r' garder.
Rimcsj'ers., p. 34.
Es festins, j'avons des visages,
J' n'en mens brin, treis perques de long.
m mes gaern., p. 2.
4" 2. Perque (perk'), s. f., perche, mesure agraire. V. Perque 1.
Bien qu'il soit interdit d'énoncer dans les actes les anciennes mesures, elles n'en sont pas moins
employées journellement en Normandie.
La superficie d'un champ se suppute toujours
par acres, vergées et perches. Uacre (V. ce mot) comme la perche sont encore usitées en Angleterre,
où ces mesures ont été importées par
les Normands au Xl"^ s. Il en est de même dans les anciennes iles normandes de Jersey
et deGuernesey; où, de plus, l'usage
de la vergée s'est maintenu.
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(delwedd C0807) (tudalen 0739)
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Deit arer en treis sesons de l'an, à chescune xx. perques de ti^rre.
LU), i/i's Jur. de S. Ouen, cité par M. Delisle dans \'A;/r. en Norni. au inoy. âge, p. 30'i.
Ilem, ledict mesureur et les dicts Relhomme et Quillet (irit semblablcment tesmoiiiné avoir mesuré la
dicte banleue depuis le dict lieu lie
Horuiefîtu jusques à une parque près de la baire du manoir d'Ahlon.
Ardu de la cille de Honjïeiir, p. 49.
En V. angl, to peerk', arpenter, c'est-à-dire mesurer avec une perche, ayant les dimensions
réglementaires.
Perrere, Perrière. V. Pcriere.
Pars {perse*, égalité), adj.^ pair, égal. V. Peer 1.
Que teus st^it vostre p.ntie E tote
vosti'e sei>inorii' Cura la meie,
pers e ifiaus.
BÉN , Cliron. de Norrn., v. 45G8.
Personal (personal), adj., personnel.
Tel ki tist Personal de verbe impersonal,
Singuler et plurer, avcit tôt par igal.
S. Thom. le Mart., p. 80
Personat. V. Personnage.
Persone, Parson {persone', parson), s. m. et /., curé, ecclésiastique
dirigeant une paroisse. Du \al.personam, personnage, charge, fonction, dignité. V.
Personnage.
La erent del païs li barun assemblé,
Deien, acediacre, persones et abé.
.s. Tliurn. le .Mart., p' 166,
Vez chi cen que la persone et l'iglise de Ros prennent chescun por soi en la diesme (dîme; de Saint Oen de
Roen à Ros : la persone de Ros prent
en la dinsrae de Saint Oen i muy d'orge;
1 église de Ros... i cent d'estraiu...
Liv d<'s Jur. de S. Ouen de Rouen, i° 45.
Autresi est il fez requeiioisanz de présentement d'yglise; qui présenta à aucune yglise la derreniere
persone.
Marnier, Etabliss. de l'Echiq. de Norin., p. 20.
Un pal son ou un vicar ne poit a ver briefe de droit.
LiTTLETON, InsCitutes, 645.
Dans son inventaire des Chartes normandes (T. Vil des Mém. de la Soc. des Antiq. de A'orm., p.
33, année 1834) M. Léchaudé d'Anisy en
cite une de 1301, suivant laquelle Guillaume Quercanne d'Hermanville vendait
à Henry d'Herman
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(delwedd C0808) (tudalen 0740)
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— 740 -
ville, personne ou curé de Goustranville, une redevance en orge.
Personnage, Personnaige, Personal {parsonage ), s. m., cure, prébende et généralement tout
bénéfice ecclésiastique. V.
Persone.
Qui dignité ou personnages Ont es
esglises catheilraulx, Abbés, prieurs
conventuaulx... Toutes telles
personnes de voir Sont à recors à
recepvoir.
Coût, de Norm. en v., p. 153.
Item, que tous les gens d'e^rlise estans de présent en la dicte ville et diocèse du dict Lisieux,
demourront paisiblement en la
possession, saisine et joyssement de toutes les prébendes, digni- tez, cures, chapelles, personnaiges et ■
utres bénéfices ou offices
ecclésiastiques.
Traité pour la reddition de Lisieux, du 16 août 1440, entre Th. Basin, év. de cette ville, et les
repres. de "Oh. VU {Ordon. des
rois de Fr., XIV, 61).
I! faut aussi bailler, au lieu de gages,
Aux aumôniers, aux valets, voire aux pages, Cure ou prébende ou quelque personat De Saint Vigor ou bien de Saint Donat.
Vauq. de la Fresn., SaC , p. 209,
L'on trouve, en ancien dialecte normand, l'adj. enpersoné., avec le sens de pourvu d'un personat ou
d'un bénéfice ecclésiastique.
Tu Ihs en fist chascier et huuimes et muillers, Les clers enpersonez, burgeis et
chevaliers.
S. Thom. le Mart., p. 90.
Personnerie. \ . Parconnerie.
-\- 1. Personnic, + Parsonnier, -|- Parchonnier iparcener
Sherw. {{)), s. m., associé, cointéressé, personne qui profite d'un travail, d'un marché, faits en commun,
en participant aux charges grevant
l'entreprise. Du bas-lat. partitionarium,
du lat. partit ionem., partage, division. "V, Personnier 2.
Il faut croire que les personneries ou parronneries (V. ce dernier mor.) étaient au moyen âge d'un
usage très répandu en Normandie, car
les dénominations sous lesquelles on les
(1) SherwoodinterpTète parcener -pat parsonnier, mot dont il convient de demander le sens à Cotgrave. Or, celui-ci
le traduit en anglais par par tener, coparrener. L'acception, que nous
assignons ici aux mots de patois dont
il esi question, correspond exactement à celle à& partner et de
coparcener. •
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(delwedd C0809) (tudalen 0741)
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- 741 —
désignait se rencontrent sous des formes multiples, dont quelques-unes subsistent en patois
normand.
Nous allons d'abord citer des exemples de celles-ci, recueillies dans
l'ancien dialecte :
Si quelque citoyen ou bourgeois de Rouen fait venir ou envoie marchandise qui doive coustume hors la
ville et banlieue, les fermiers de la
dite vicomte de l'Eaue sont peimis (autorisés à) le faire purger par sermens devant le sieur
vicomte de l'Eaue » fin de sçavoir
s'il a avec lui aucun personnier, qui ayt part en la marchandise.
Coust. de la Vie. de l'Eaue, art xiv.
Kn fiaradis a ses amis,
Et Diex parconniers (participants) nos en face.
Wace, La Con'jept. N. D. , p. 83.
A Jersey, parçonnier est encore usité, au sens d'associé, dans la langue judiciaire de l'île.
Toute personne qui aura un associé ou parçonnier devra, etc.
Projet de loi, publié dans la \ouv. Ga:;. deJerse;/, 6 août 1879.
De la ferme de Heinaut de Tourville par Gillebert et Henri de la Chesnaye et lour paiclionniers, pour la
moitié, x 1.
Compte lie 1334, cité par M. Delisle, dans les Actes norm. de la Cil. des Comptes, p. 34.
Guillaume de Gambremer escuier tient..., tant pour lui que pour ses parchonniers, demy lieu de
chevallier, assis en la paruesse d'Ouiilie le Viconte.
Ch. du XV' .s., du Cart. de Lisieux, fo 12.
A Guernesey, l'on dit parchounier et perchounier. V. le Diction, de M. Mélivier, p. 379.
La forme normande la plus ancienne, conservée en anglais, est parcener (1) :
Dons sunt parcener d'un crichet (criquel, mauvais petit clievdl), e est l'un
emplaidé sans l'altre, e perl sa folie si pert.
Lois de GailL. 39.
1 es formes subséquentes, que l'on rencontre dans l'ancien dialecte, soni parrimier, parchunier,
parçunçr, parçonere.
Parçunier iparliceps, dit ie leste latin) je siii de luz crienianz tei.
Lib. psalm., p. 187.
(1) Littlelon en a usé en anglo-normand :
Parceners, solonque le course del common ley, sont lou home ou feme sei- sie de certaine terres.
//(.sCst., sect. 241.
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(delwedd C0810) (tudalen 0742)
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— 742 -^ Fuz parchunier de
ses travail z.
Le& Rois, p, 230.
Mult orgiiillus parçiiner i auiez.
Chuns. de Roi., p. 40.
Poi en i a qui 's ail chères, Qu'à
autres ne seient parçoneres.
Bén., Ctiroii, de Norm., v. 519.
2. Personnier, Parcenier (parcener),, s. m., propriétaire indivis de biens
ïiéréditaires. Parçonnier, propriétaire indivis, Kel. \ . Personnier [, parronnerie.
En faisant partage et division de biens entre cohéritiers ou personniers de
chose commune, etc.
Coût de Norni , art. 609.
F,n meson... doit estre partie (partagée), et li uns des parceniers aura la
quitance qui ap irlie' t à la meson.
Marnikr, Établis. del'Écli. de \orni., p. 183.
Pert (il). V. Peer 2.
Pertrix ipertryche', pertrylche , Palsg.; partryche, du G., Qram.., p OU ; partridge), s. f.. perdrix.
Du lat. perdicem.
S'il eussent été plus la moitié, il n'en fust escapjié homme qu'il n'eust esté mort ou pris, car ils estoienl
en la tonnelle (filet) as
pertrix.
P. Cochon, Cliron. norm., p. 124, éd. de Beaurep
Perturber {to perlurb) v. a., troubler, agiter. Du lat. perlurbare. Perturber
est dans Cotgrave en ce sens.
Tout perturbé, vivant en grant langueur.. .
Le Mi.it. de la Concept., dans LaConcept. .V.-/).'de Wace, p.
157.
Si deffendons que ne molestent les diz religieux ; leurs ofticiers, liomraes et subgez perturbent ou empeschent
en aulcuiie manière.
Ordon. du cap. du Mont-S.-Mich., de 1425, dnns la Cliron. du. Mont S. AI., I, ï22.
Dans le supplément général à son Dictionnaire, M. Littré dit que perturber est un néologisme, forgé
du lat. perturbare, sous l'inÙuence de
perturbation et de perturbateur.
Pertusied, Pertuisé (perln.sed), adj.., percé, troué. Du lat. pertusKin, part. pas. de jjertundere,
perforer.
Il fud mis en un vaissel de araira ki est pertusied.
Les Rois, p. 421.
Sont muult empirées et pertuisées en plusieurs lieux.
Inoenc. de 1334, cité par M. Delisle dans les Actes noria, de la Cit. des Comptes, p. 102.
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(delwedd C0811) (tudalen 0743)
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— 748 —
Le dialecte normand ancien et actuel a le subsl. perlus, qui, par l'omission de 1'/, lient de plus près
que le français pertuis, au radical
pertitsum :
De porpre esteit covert desiis, Et
entailliez j>ar granz pertus,
Bén. , Boni, de Troie, v, 7789.
Au fond d' sens pertus hébergie, La d'
mouaiselle y fait sa nichie.
Ri/nes guci-n., p. 165.
Pervertible {pervertihle), adj.^ que l'on peut pervertir,
égarer, abuser. V. le mot suivant.
• roys de terre, qui. . .
commandez, par auctorité decevable,
sur le peuple pervertible, retenez ceste leçon.
Âl. Chart. VEsp., p. 293.
Pervertir {to perverl), v. a., détourner. Du lat. pervertere, renverser. V. le mot précédent.
Aucunes provinces en Europe, jusques dedans Espaigne... sont perverties de fo}' chrestienne.
Al. Chart., VEsp.,'p. 349.
-\- Pesas {peasham*), s. m. pi., tiges de pois dessécbées. Dérive ^e peis 1. V. ce mot.
Nous passasmes par la grange, où Myllan liet des pesas.
Joarii. du, s, de Gouberville, p. 818.
Pescer {to peece meal, Sherw.), v. a,, mettre en pièces. Jà pescera la porte, si l'engignur ne
ment.
Chron. de Jord. Faut., v. 1241.
Lor uni lor lances pescies.
Wace, Rom. de liou, v. 13094.
Pestai (joes/e//., Palsg.;/>es//e),s, m., pilon. Du \al. pistillum, de piskcre., piler.
Esceptez toz ces hostillemens. . . le mortier et le pestel.
Liv. des Jiif. do S, Oueii de Rouen, f" 282 r°,
-f- Petit {pelil')., adv., peu. « Veux-tu du fricot? — Un petit. »
Ceste bataille ben la puum tenir, Kar
de Français i ad asez petit .
Chans. de Roi., p. 105.
Bâtent lor coupes mult souvent, V.n
lor vies petit se Tient.
Wace-, La Concept. A'. D., \>. 6.
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(delwedd C0812) (tudalen 0744)
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-- 744 —
Les vieill's fill's grouuiient bea un p'tit.
Rimes jers., p. 451.
L'amour est venu ... un p'iit tard.
Rim. guern., p. 43.
+ Peufe, H- Peufre, + Peufrie [pelT, objets de rebuts; pelf, fatras, Sherw.j, s. /".,
friperie. Dérive de pelfre. V. ce
mot.
A la coustume de la peuferie appartient de chacune couette ou coussin de plume vendue, vj. d.
Coust. de Lisieux, art. 19 (XV= s.).
Felipe s'est dit dans le même sens
One feupe n'ert plus cher vendue.
Vie de S. Grég., v. 2323.
+ Pèvre. V. Peivre.
Phe. V. Fe.
Phisician. V. Fisician.
Phisike, Fisike iphysic), s. /"., médecine. Du lat physicam, la physique, les sciences naturelles. V.
Fisician.
L'art de phisike ad tant usé. Que mut
est saines de mescines.
Marie, Les Deux Amans, v. 96.
De fisike ne sai neent.
Vie de S. Gile, v. HOO.
-|- Pichet {pitcher ; j^ycher, Palsg.), s. m., vase en faïence ou en terre cuite vernissée, à anse,
servant en Normandie de bouteille à
cidre. Du bas-lat. picarium, picherium.
Hyram refist vaissele de meinte baillie, pot e chams e pichers.
Les Rois, p. 256.
Duos panes conventuales et unum picherium vini de Brione.
Ch. de 1317, citée par M. Delisle dans VAgric. en y or m. au mot/, âge, p. 565.
Le cidre, ce doux jus de la blonde Pomone,
Au défaut de Bacchus, coule à pleins robinets. Et les bras sont armés de tasses, de
pichets.
Lallem.^n, La Campenade, p. 27.
N'y avait trancheux, marniiLe ou pot,
Canne, pitchié, djougue, hanap ou coupe, Jùte, écuelle ni cuiller à pot. Ni cuiller à soupe.
Rim. guern., p. 64.
-\- Picois {picoise'), s. m., pic ou pioche, l.e mot se ren
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(delwedd C0813) (tudalen 0745)
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— 74r) —
contre eu has-lal. sous la l'orme picassa. Dans un vocahul. lat.-fr. ins. du XIII* s. conservé à la
])ibliotli. d'Kvrcux, ligo est traduit
par picois.
E ces de Israël veneient as Philistiens pur aguisier eladrecier e le soc, e le picois, e la cuignée et la
houe.
Lc!i Hais, p. 44.
Cil saillent as fossez o picois e o tros.
Waciî, Rom. </e Rou, v. 2G0;.'.
Ave pelles et piquois no veit vingt ouvriers...
L). I>"eu., Mu^c itnriH., p. 364.
Une bêque, une hache, une tille
Un serpé, un (ticouais, Faux émoulu,
dord ou faucille,
Eblaiteux, fourque ou fiais.
IMin . (j uerii . , p. 127.
+ Picot (pecorke. Palsi^., peucock, paon), .s', m., dindon, mâle de la poule d'Inde.
Je vous donnerai un coq, à moins que vous ne teniez de préférence aux
picots.
tiusT. Flaubert, Madame BoiHinj II, 212.
Rengorgie coumnie un picot.
Rimes jcrs., p. 191.
Pièce {pièce', un peu de temps), adv., un certain temps, quelque temps, assez peu de temps. L'on
trouve dans Du- cange, V» Pecia, p.
163\ pièce., piesce, avec le sens d'espace
de temps. — Pieche de tans, espace de temps. Kel.
Tu as pièce le roi haï.
Wace, liom. de lirat. v. 8i40.
Les Anglois se retrahirent à grant haste dedens le chastel (d'Alençon), le quel il (le duc d'Alençon)
assiégea incontinent... Les Anglois ce
nonobstant le tindrent une pièce.
Al. Chari-., Hist. de Ch. VII, p. 178.
Vodreint sojorner une pièce.
Hist. de Foah/uês, p. SC>.
Pié poudreux [jnepowder. S. Johnson, Dict. ofenglish lamj.), s. m., petit marchand forain, porte-balle,
colporteur (1).
C'est un pié poudreux.
Dietoii. normand., cité par MoisanI des Brieux dans ses Orig. de qaelq. eoiit. anc, I, 89.
(1) Vocalur/)t>/)OM^/reM..;r extraneiismercator, transiens per regnum,
non habcns toiTam... sed vagans.
Lois des bourg. d'Ecosse, ch. 13V, dans Lacurne.
47*
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(delwedd C0814) (tudalen 0746)
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- 746 —
«Les Anglois, ajoute cet écrivain, appellent pipouclers ces^ petits mai'ctiands porte paniers et
coureurs de marchés et de foires, qui
n'ont que leur panier ou qui se contentent de
quelque loge bâtie à temps, sans pouvoir étaller en boutique. Kt comme pendant la séance de notre foire
royale (1). nos maire et échevins
tiennent une jurisdiction nommée Jun'sdiclion du Pavillon, à cause que c'est
dans un pavillon qu'elle se tient {%,
et qu'on rend là justice sommaire entre les marchands. Aussi les Anglois ont
ils pour le mesme sujet leur Court of
pipouders (3j, pcdis pulverisali niria (Bracconus, liv. V, traité 1, ch. \i) pyopler personas,
quœ celerein debenl habere justiliam,
siciit sunt. mercalores, quibus exhibelur j'iislilia pepoudroux. »
Christophe de Saint-Germain, cité par Ducange, v° Pedejnilverosi, parle de la
même juridiction en ces termes : « In
omnibus nundinis et fei-iis habetur quœdam curia, eisdem feriis incidens, quœ vocatur curia
pulverizati, quœ solum tenebitur durante tempore feriarum illarum. {De
consuet. reijni Anffliœ, cap. v.)
Voici un passage de Hornes, en anglo-normand, dans lequel il est question des pié poudreux :
Que de jour en jour suy hnstit droit de estraungers, plaintes en fayres et markets, come pipowders,
selonques la ley raerchants.
Mijrror of Justice, ch. ii, sect. 3, p. <84.
-\- Pierre (slone), s. /"., noyau de fruit. Outre cette dernière acception, l'on sait que le vocable angl.
stone possède aussi celle du mol
français pierre. En pat. norm., on use du terme collectif pierreries, pour désigner toutes
espèces de fruits à noyau.
Fruicts à pierre... et nave*s, néant.
CougC. de la Vtc. de l'Eaue de Rouen, art. xiil.
Le friact à pierre et le fruit à couteau.
P. CoDN. , Poés. die.
Pieté. Pité (pyte'), s. /"., clémence, bonté, compassion, mi- séricorde. Du lat. pietalem. — Pieté yrant,
grande charité, Kel. Pilé., pitié, Id.
V. Pitié.
(1) Cette foii-e existe' toujours ; elle se tieat à Caen quinze jours
après Pâques.
(2) Cet édifice a été pareillement conservé ; il se trouve sur l'ancien
champ de foire de Caen, et porte
encore le nom de Pavillon .
(3) Hallivell appeUe cette juridiction /)îe-/50(if/re-coar£ et la définit : «
a summarj court of justice
formerlyheld at fairs ». On trouve dans le même auteur duscr/fat.', pour dusty-feet, a.vtc
le sens de colporteurs, en angl. mod.
peddler.i ou pedlars.
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(delwedd C0815) (tudalen 0747)
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— 747 —
Merciables Deiis, jeo depri supplfinfiit la pieté ke tu otreies mei. le tuen serf, quo jeo te jioisse
t'edeilment servir.
Lib- psulin., p. 25'J.
Teu pieté en a Aipjrou/. li rais
Qu'estre son gré e sor son peis
L'eu siint amdous les vilz lermez.
BiîN , citron, de yorrn., v. 15744.
Jhesii Crist, veirs Deu, veirs iiom,
Prenge vus de mei pité.
La pricre du Prisonnier (t), sir. 2.
Ke Deus ait pité e merci Del
chevalier, dunt jo vus di.
Marie, Punj., v. 669.
L'on rencontre aussi en anc. dial. norm., la ioviae pitet. Cel n'en i ad ki de pitet n'en plurt.
Cil ans. <lc JfoL, p. 72.
-|- Pignoche. V. Epignoche.
Fignolât {pi(jnoU\ anona.s), .<;. m., conserve d'ananas.
Une livre de pignolat, 8 s.
Compte (h' lilhS. cAié par M. Cli. tifi Beaiirep. dans ses Notes ec doc. stir l<( Norm., p.
;f87.
-f Pihoue (y;?7<er*, bohémienne, rôdeuse), .s. /'., femme de mauvaise vie.
Un piler ot iluec, In volte ad sostenue.
s. Thom. le Mru-t.,i\ 191.
Piler [piller. Sherw.)., s. m., pilier,
piler ot iluec, In volte ad ;
Forz les pilers, liaute la tur.
l iv de S. Gile, \...iT36.
Pille (pill* r)), .S. /"., cruche. V. Canne.
Un trou (auget), une pille, deuz tonneaus, deuz cuves, etc.
Invent, de Visa, cité pai' M. Delisle dans les ^4cf('.s norm . d.e la Ch. di-x Comptes, p. 00.
-|- Pillon (pillion),'s. m., coussinet que l'on place derrière la selle pour asseoir la femme, quand elle
a la même monture qu'un cavalier. Le
mot est usité en ce sens à Guernesey ;
L' brument (nouveau marié), un garçon fort habile, Derrière li, sus un haut pillon, Li avait fait faire le iouar de l'île, nien des feis, en long cotillon.
Rimes ijuern,. p. ?D.
(I) Dans le l.i.her de antir/uis lc//iht(s, 1' KiO b, ouvrage conserva'
au (iuiidhall de Londres. •
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(delwedd C0816) (tudalen 0748)
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— 748 -
Pilot (pilot), s. ??î., pilote.
Pour les gaiges d'un pilo' jusques au derieiiier jour de juillet, ix I.
Compte (le 1339, cité par M. Delisle dans les Accès norm. de la Ch. des Comptes, p. 213.
Mais, comme un bon pilot, qui voit courioncer l'eau, Sauve les mariniers et le voguant
vaisseau.
Champ-Repus, Œuv- poét., p. 31.
-|- Piment {phaenlarie'), s. m., mélisse ou citronnelle. Du lai. jiif/inenluiii^ drogues. Ducange
signale ^>i/«en/, en ce sens, comme
étant un mot normand.
Plus souef que pieiiment flairent,
Mir. de la B. M. V. Duc, Piijmentuni.
I fallut 11 bouidre vraiement... U'
l'herbe d'émente et du piment.
Rimes rjuern., p. 41.
-|- Pimpernelle ipimpemel), s. /"., pimprenelle. Pimpernelle est dans Cotgrave, comme mot français.
-)- Pinche [pindi. Sherw.), s. /"., pince. V. les deux mots suivants.
L'on dit en patois novrcïmiàpinche-maille, pour pince-maille, avare, ladre ; littéralement celui qui
pince, qui sort précieu- sement une
maille, c'est-à-dire la plus petite pièce de mionnaie. L'on sait, en effet,
que la maille valait la moitié d'un
denier. 11 y a en anglais un mot, reproduisant la même idée, et dans la composition duquel entre celui
qui nous occupe, nous voulons dire
jnnchpenny.
-\- Pincher (lo pinch), v. «., pincer. V. Pinche, pinchie.
Cil le lepoint et cil le pinche. •
Mir. lie B. M. V., Duc, Eepunvtare.
Je te pinche sans rire.
La FriQuasséc, p. 20.
A teurt, pinche, Mtnippe, aguigne...
Rimes guern., p. 29.
-)- Pinchie {pinch), .s. /'., pincée. V. les deux mots précédents.
Prend une pinchie de s'no (tabac).
Rijnes jerg., p. 6.
Une pinchie d' sail, v'ià not' ragoût.
Rimes <iuern., p. 64.
-\- Pinchon {fi^wh), s. >«;, pinson. En bas hit. pincionem.
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(delwedd C0817) (tudalen 0749)
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— 749 —
Janin Janot, ranis quel oysel es-tu?
Es-tu pinchon, linot, merle ou cahu ?
Ane, chans. norin., la 10<^ à la suite des Vaux de Vire de Basselin, éd. Dubois,
L' tomps passé, gai comme pinchon.
J'aimais à être en compagnie.
Rimes jera., p. 76.
-f Piône (piuny), s. /"./pivoine. Du lat. pœoniam. En pat. norm. de Guernesey, Ton dit piôme.
Piper [to pip), v. n., crier. Du lat. j)ijjare, piauler.
Un escoufles aleil volant, Vit la
soriz si haut pipant, Ses eles clost,
à vaul descent Li et la raine ensanble
prent.
Marie, Fable 'i.
En chantant chiet de l'arbre, quar sa vertu li passe; Illec trait à la mort et pip*> à sa voiz
basse.
PeC- Pocraes rhc MotU S. Mich., p. 65
-j- Pipie (pij)),!i. f., pépie. En ital. pipita ; en portug. pi- vide. D'où, piiner^qni s'est dit pour
piauler, comme les oisillons (|ui ont soif (1). Du lat. pipire.,
piauler.
Pippe {jnpc},s. /"., tuyau.
A Martin Fieury, pour seilles de boys, escoppes, pompes, pippes,. . . et autres partyes par lui
payées... xl. xi s.
Doc. sur lafond. du Havre, p. 70.
En patois normand, pipelest le nom qu'on donne à un fétu au moyen duquel on aspire un liquide.
Cotgrave donne pi- /let comme mot
français, avec le sens de petit chalumeau ;
c'est un diminutif de pipe.
-\- Viquet (pickle) .,8.7)1.., saumure. Le mot est usité en ce sens à Guernesey. V. le Dict. franco-norm.
de M. Métivier.
+ Pirli ipirli/\ petit et rond), s. m., petit morceau de bois, de forme cylindrique, de la grosseur du
doigt, long d'environ t.. 8
centimètres, dont les extrémités sont taillées en cônes allongés. Au jeu
d'enfants, dit «jeu de pirli w, ce morceau de
bois est déplacé alternativement par les joueurs, qui cherchent à le
rapprocher d'un but convenu, en frappant l'une de ses extrémités avec un petit bâton, désigné
sous le nom de baculet. C'est le jeu
du bâtonnet.
(1) l'ipier comme poucius ou pijons ou autour.
Duc, Pipionc.-i.
V
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(delwedd C0818) (tudalen 0750)
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- 750 —
4" Pisse (/nss)^s. f., urine.
Pistolet {pistolet. Sherw.), s. /n., ancienne monnaie, qui avait la valeur d'une û.eTt\\-pist(jle. La
pislole est une dénomi- nation
monétaire, toujours usitée en Normandie; elle équivaut à dix francs.
Le U décembrfj 1553, receude Joret Gaillard ung pistolet restant de ce qu'il
doyht en argent de ?on fermage, jior le terme
Set Michel dernier.
Journ. lias. île Goahervillc, i». 56. l'-d. rlos Anl. de Xorm,
Pistolle (pistol), s. m., pistolet, petite arme à feu.
Le frappé ne peut appercevoir aucun, contre lequel il se peut revengei- ni défendre, ni de fleclie, ni
d'arc, d'espieu ni de pistolle.
Vauq. de la Fresn., Or. sur la Ccdoiiiiw, p. 207.
Pit [pin., puits. Sherw. -- ;:)i7, citerne, cavité), s. /«.. , puits. Au XVI'' s., le sire de Gouberville, dans
son Journal, p. 106, appelle La Haye
du Pis, la commune de La Haye-du-Puils,
arrondissement de Coutances (Manche). A Guernesey, l'on prononce piss, et en Normandie pi.
Je ne v'ion pus nos tocquer le chervel
D'iau de vos pits.
IJ. Feu.. Mft.sc norni,, p. 140.
A j^auche, en ramontant, se trouve un pits profond.
La noue, annaû; (Jersey. 1873), p. 19.
Là vient celuy Carling, et cest Knotting porta... jesques à tiel eaw, fossé, pit, marlere (marnière) ou
déserte, et illonque luy gi'tta, et
i^sint laissa, sans aid^ et suslenance.
A. HonM:s, Murror aj' Justù-e, cli. il, sect. 15, p. 552.
Pité. Pitet. V. Pielé.
Piteable. V. Piliahle.
+ Piti. V. Piiie.
-f- Pitiable (pitiahle), adj., digne de pitié, qui excite la compassion. V. Pitié.
Stanches pitiables sur une absenche.
L. Pet., Mn.^e norru. Iniilnlé rlu liiie IV, p- 16-
Lus état est pitiahle.
Hiines jurts., p^l21.
L'ancienne forme dialectale est piteable :
Les suytes de mehaing et de meurdre sont plus pileables et remissibles.
Le Rouille, Gr. Coût, de .Vo/v/».,!" xcvij v.
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(delwedd C0819) (tudalen 0751)
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— 751 —
Pitié {piti/), s. /'., pitié. Du ial. inelatern. V. Pielé, pitiahle.
Les mors vont despoillans, si jurent corne pors ;
N'en on t grain nor pi tie.k'il Dussent des escors (animaux écorcliés).
^VACE. nom. (le Rou, v. lûliiî.
Cest petit livre vous présente, Et
Dieu par sa pitié consente Qn'en tel
grâce le recuillez, Qu'en vos oraisons
l'accuillez.
Pet, Poi'iiies il.u Mont S. Midi., p. G.
Aujounlliui encore, à Gu'ernesey, l'on à\i jriti, et à Jersey, inliji ■
Il est seur qu'a n'a dans Tame Ne
chéritai ne piti.
Tïi/H(:< t/aern.. p, \M.
En vrai pirate, était sans pityi ni merci.
1.(1 y'oKi;. (tniiaie (Jersey, I87;{), p. 20.
Dans \in état à faire pilyi.
liimes f/ucrn., p. 69.
Pitous, Pitos { jtilous' , piteous) , adj ., compixlisHixnt, miséri- cordieux, ému de pitié. V. Pitié, piliahle,
jyitouaetncnt
Pitous fu molt, s'en et merchi.
Wace, Rom. de Brut, v. .3574.
Tendres fu li dux e pitos.
Biijj.. Chron. de Norm., v. 10121.
Pitousement, Pitosement [pileousln), odv., de manière à exciter la pitié. — Pileouseiiienl, en
excitant la compassion, Kel. V.
Pitons.
Li apostoille se est entremis, Si ad
au rei por li requis
Pitousement, '
K les evesquHs du pais, Par ses
escriz, ad mult requis,
E hen soveiit.
Vie (le S. Tlioni. (Je Cnnt., v;ir., p. 023.
Pitosement le cria merci.^.
Ha(/ues de Lincoln., p. 3.
-f- Pityi. V. Pitié.
Pius (/lious), adj., pieux.
Dans les textes suivants, pius reproduit non seulement la forme latine, mais aussi le sens qu'elle
exprime le plus sou- vent, celui de
bon, juste, clément:
Tu aurles, Sire Deus, us merciables e pius (Tu aulem, Domine Deus, luiseiicors et clemens).
Lio. des Ps., LXXXV, 15.
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(delwedd C0820) (tudalen 0752)
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— 752 -
Eissi ert des Brokeis (?) cum il fu des Geins (Juifs), Fvi firent que par els fu ocis Deus li
pius.
S. Thoin. de Cant., p. 203.
Tant par est pius,misericors.
Vie de S. Grég., v. 1085.
-f Pivit {pee-ivif ; pevjet), s. m., vanneau.
-|- Place. + Plache, + Plèche [place', maison, demeure ; plack' 2; pièce de iewe: pleck\ petit clos,
champ, demeure), a. /".,
résidence rurale, ferme, métairie, champ , pièce de terre.
La quelle masure (métairie) et place fut anciennemenl à niessire Jean La
Mauris, prestre.
CJi. de 1451, du cartiil. de Lisieux, f" 45.
Aveu de 158(5 rendu à Marie de Bourbon, duchesse de Longueville et d'Estouteville,
par Isaac Auber, pour une place de terre,
avec maison dessus, assise sur la paroisse Nostre Dame de
Hontleur.
Les Arcliices de la ville de Honflear, p. 349.
En ma dite baronnie j'ay quelques petites places et jardinaiges qui se baillent de trois ans en trois ans,
qui ne sont de grande valleur.
Aveu de 1604, dans les Mém . et notes de M. Aug. Le Prét505î,II, 91, col. 2.
Place de terre, pièce of land.
Kelha.m, Diction, ariglo-riorm.
Placer (plaire). V. Plaisir 2.
Placque. V. Plaque.
' Plai. V. Plaît 1.
+ Plaie. V. Plais.
Plaier. V. Ployer.
Plain, Plein (plain), s. m., plaine, campagne unie. Du lat. planum.^
Cil qui erent trovez as plains Erent
en poi d'ure fenu
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(delwedd C0821) (tudalen 0753)
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BÉN., C/iron. de Norm., v. 9631.
Cunseil pristrent ke fors istreient, E
fors al plein les atendreient.
Wace, Rom. de Roit, v. 6654.
Plaint, Pleint {plaint), s. ?n., lamentation, gémissement, plainte. Du lai. plancliun.
Tant i a plaint e quereles, E custumes
viez e novfles, Ne [loent en une heure
aveir paiz Tuz en jur siint semunz de
plaiz.
Wace, Hom. de Brut, v. 5SI95.
Vinc ça od pleint e od sospir, Cum je
plus tost i poi venir, Por vos
valeir'e aitiier E por vos toz
réconforter.
Bén., Chron. de Norm:, v. 13137.
Plaintif {plaintif), s. m., demandeur, plaignant, poursui- vant. Terme d'ancien droit normand.
Se li plaintif sont ataint que il oient tort, il remaingnent en la merci le duc por leur fausse demande, e la
terre remaint à celui qui la
porsiet,
Marnikr, Établiss. de l'Échiq. de Norm. p. 18.
Sitôt entré, je truuvay mon [)laintif dans un fauteuil, tenéint son mouclioir un peu ensanglanté, contrera
bouche
Journ. de J. Doublet, p. 17().
Il covient que le seignior que est défendant en tielx actions face protestation que le plaintite est son
villeine.
LiTTLETON, Inst., 192.
Plais {plaise, plaice), s. /"., plie, poisson de mer. Se rattache au
lat. plalessa, espèce de poisson plat. En patois gueraesiais, plaie se dit
encore pour plie.
Bons esturgonz e grant sabars, Torboz,
plaiz, congreis, harens
GuiLL. DE S. Paui,Boi)i. du UontS. Mt'c/i., v. 470.
Plaisamment (y>/easau/(y, pleasingly), adv., agréablement, d'une façon qui charme. V. les deux mots
qui suivent.
Ungjour passé fuz, n'a mie gi'arament,
En ung chaslel assis moult plaisamment.
Al. Chart., Le Dëb. des deux Fort., p. .'J49.
Plaisance (pleasaunce'), s. /"., gré, volonté, satisfaction. V. Plaisir 1.
Elle nous promet de beaulx dons, Se
voulions faire à sa plaisance.
I'. Gring, 1,235.
Je veillasse moult voulentiers, Beaux
amis, pour vostre plaisance, Se vous
peussiez en dementiers Dormir pour moy
à souffisance.
Al. CiiART., Rev.mac, p. 494.
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(delwedd C0822) (tudalen 0754)
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— 754 —
4- Plaisant (pleasant), adj., charmant, aimable, gracieux, agréable, qui plaît. C'est le sens
archaïque et le sens exact ;
maintenant cet adjectif ne s'applique généralement qu'aux personnes, et signifie qui provoque le
rire, qui divertit. Déplaisant donne encore aujourd'hui, avec exactitude, le
sens opposé à celui qu'exprimait
plaisant, dans son acception pri-
mitive. V. Plaisamment, pleisible.
El puis ma gentille fillette, Marie,
gente, plaisante et belle, Ma douce
petite pucele, Humble sur toutes.
Le mist. de la Concept., dans La Concept- N. D. de Wace, p. 1/3.
Le jardin est beau et plaisant.
Chans. norm, du XV* s. — Rec Gaslé, p. *i>
Plaisei. V. Plessis.
1. Plaisir {pleasure), s. m., volonté, gré. V. Plaisir 2.
Al rei nel pot rachaler à son plaisir.
Lots de GuLlL, 41.
Jhesu fiz Deu, deinnez requere K'ii me
doint sun pleysir fere Vices fuir, à
vertus trere, E maies overs me doint
guerpir. Poés. anglo-norm., publiée
par M. Meyer, Romania, IV, 3T5.
Jeo ferai trestut sun plaisir.
Marie, Eliduc, v. 345.
La formule finale des édits, ordonnances, lettres-patentes, etc., promulgués sous Tancien régime
monarchique, était : tt Car tel est
nostre plaisir. » Plaisir possède ici le sens que nous venons d'assigner à ce mot. C'est à
tort, comme l'a fait remarquer judicieusement
M. de Mas-Latrie (supplément au Figaro
du 20 mai 1882) que la chancellerie française, durant les régnes de Napoléon I^"",
Louis XVIII et Charles X, ajouta à ce
substantif le qualificatif bon, lequel donna un sens blessant à la formule dont il s'agit, sens que n'a
jamais exprimé celle en usage sous
l'ancienne monarchie.
2. Plaisir, Plaisir (to please, ta pleasure*), v. a., plaire à, faire plaisir à. Du lat. placere.
E plaisirat à Deu sur vedel novel.
Lib. psalm., p. 90.
Ces qui Toleïil à Deu pleisir
E le suen regoe deservir (mériter)...
Marie, Purg., v. 43.
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(delwedd C0823) (tudalen 0755)
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— 755 —
Placer (1 ), plasir, autres formes de ce verbe, tenant de plus près au radical, se rencontrent aussi en
ancien dialecte normand. V. Desplacer.
Jà Dampnedeu ne place que si hors del sens seie!
à". Thom. le Mart., p. 1-20.
Cument purrad il à sun seignur plasir mielz que par nos testes trenchtT?
Les Rois, p. 112.
Plaissier. V. P fesser.
1. Plait, Plai (plaij ; play'); s. //^, jeu, badinage, comédie; plaisir, divertissement.
Duce darae, tinum cest plait. Ele set
bien que veirs a dit, Se li otrie,
sanz nul respit, L'amur de li...
Marie, Gugemer,v. 528.
Qin oïstla joie e le plai
Qu'il li unt fait à son descendre.
Trop grant jiitié l'en peiist prendre.
BÉN., Chron. de Norm., v. 21851.
2. Fiait {plea), s. w., excuse, justification
Blancandrius ; Mult bon plait en a
Mais de cel plait ne volsist il nient
Dist Blancandrius ; Mult bon plait en auereiz.
Chans. 'le Roi., p. 9,
Alex.,iiiv. 10.
3. Plait, Plest (plea), s. ni., cause, procès. De placitum., mot que l'on trouve dans la plus ancienne
basse-latinité, avec le sens
d'assemblée délibérante. — Plet., pleit, défense en justice, Kel.
Si nul de vus est rais en plait...
Les liois, p. 38.
Des or cumencet le plait de Guenelun.
Chans. de Roi., p. ^10.
Si plest sursist d'yglise contre lui u lettrez...
5. Thom. le Mart., p. 85.
•j- Plane {plane), s. m., platane. A ce dernier mot, Littré
(1) Le c du mol, comme il advient parfois en dialecte normand, se change L'u eh :
Fieus, dist la raere, Dieu ne plaehe
Que je la verjlé te conte.
Rom. de Roh. le Diable, p. 140 V
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(delwedd C0824) (tudalen 0756)
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— 756 —
constate que plane est le nom du platane en Normandie, ce que nous ignorions.
Vingt deux hanaps de plane pour les pauvres du Mandé, 22 d.
Compte lie 1409, c\\(' par M. Ch. de Beaurep. dans ses Sotes et (/oc sur la !Vorni , p. 39S
L'exemple qui précède figure, dans cet ouvrage, sous le titre «vaisselle de bois ».
-\- 1. Planir (to plain), v. a., aplanir. Du lat. planare. « Planir un
terrain ».
M'rid afermed eu force e planied ad ma veie [complanavil perfectam viam
meam).
Les Rois, p. . 08.
Plutost !es monts bossus planiront leurs coupeaux Et suyvront les dauphins aux entorses des
eaux.
Champ-Repus, Œuv. poét., p. 42.
~\- 2. Planir {ta planishj, v. a., planer, égaler avec la plane.
Cest ays n'est pas hien plany.
Pal.*g., Gram.,p. 659.
-f- 1. Planque (plank), s. /"., planche Du lat. planram.
Jean Bisnez appoitit d'un empoitronement,
Qu'il eut d'un médechiu qui promist sus des planques
Asseurance que ch'éloit un cliertairi oignement
Pou les plaies, pou la tous et pou le mal des hanque.s.
D Feu., Muse norm., p. 50.
-|- 2. Planque, Planche (plank. Palsg.), s., f., passerelle formée, soit d'un arbre équarri, soit d'une
dalle de pierre longue et étroite,
jetés, pour le passage seulement des piétons,
sur un fossé, un ruisseau ou tout autre cours d'eau, souvent à côté d'un gué. Planque, dans la seconde
acception dont il s'agit, dérive aussi
du lat. planca, qui a non seulement le
sens actuel du mot français planche, mais aussi celui de table de pierre. Suivant M. Aug. Le Prévost (Mém.
et notes, 11. 540), plank en
Scandinave signifierait planche pour passer l'eau. Dans son Index des chartes normandes (Mém.
de la Soc. des Anliq. de Norm.. année
1834-), M. Léchaudé d'Anisy fait mention, t. VIII, p. 409 de ces mémoires,
d'une sentence de 1422, suivant
laquelle l'abbé de Saint-Étienne de Caen obéit à curer rOdon depuis la Planque-Marie jusqu'aux murs
de la ville.
E tant li dist, tant li pramist.
Ke la dame terme li mist,
Ke la nuit à l'ostel alast >
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(delwedd C0825) (tudalen 0757)
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— 757 -
E par la planche tresfiassast, Ki
desus Roobec esteit, Une ewe qui de
soz cureit.
Wace, Hom. (le Hou, v. 5520.
Saches que le guichet, en est si petit, la planche si estroicte et le fossé dt'ssoubzsi parfond...
Al. Ciiart., l'Esp., p. 267.
Et le coq qui chante par dessus la planque.
La Friquassée, p. H.
Les troublais, s'I-alle, à qui faire :
Elourdair terjous Ibouan Gu,
Usair pies d'braies sus les roques,
A la Plianque et es Moulins.
liimes ;/uern., p. 31.
Planté (à). V. Plenté (à).
Planter (la planl), v. a., placer, établir.
Voz ancestres crièrent à Deu merci; e Moysen et Aaron lur enveiad ; e de Egypte les engetad, e en
cest lieu les plantad.
Les Itoi.fi, p. 39.
E jo aturnerai un lieu à inun pople de Israël, e si l'i planterai.
Ib., p. i43.
4" Plaque (plack' 1), a. /"., petite monnaie de cuivre, équi- valant à deux liards. Le souvenir de cette
ancienne monnaie revit encore en
Normandie dans la locution : « Ça ne vaut pas
une plaque », c'est chose d'une valeur presque nulle.
Payé au curé 12 plaques et 13 d., au clerc, 9 d.
CoDiptc (le Hb2, cité par M. Ch. de Beaiirep. dans ses Notes et doc. sur la Norrn., p, 417.
Et lors ledit marchand lui jetta à terre, pour son vin, deux bretons (espèce de monnaie) et une placque.
Al. Chaut., Hist. de Cil. VII, p. 168.
Plassei. V. Plessis.
Plataine (plalen)., s. f.., platine.
Quand ung homme estoil accusé de crime contre femme, justice y procedoit de
son oftice à les attaindre par certainz tormentz de feu et d'eaue, qui
estoient faictz en forme d'une grand
plataine de fer chauld, sur quoy on leur faisoit mettre les
mains; et quand iceluy toiment ne leur
faisoit de mal, elles estoient
réputées innocentes. Et à l'opposile, elles estoient réputées
coulpables.
Lb Rouillé, Gr. coût, de Norm., î° xcix v".
1. Plate (plate), s. /'., armure de plaques de fer.
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(delwedd C0826) (tudalen 0758)
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— 758 —
Je Robert le Carpeatier... ay eu et recheu de Thonraas Fou- ques... les armeares et artilleriez qui
ensievent... ch'est assavoir vint
platez, vint cotes gambesiez, dis et huit bachinés et heaumes, vint et chinq arbalestez, etc.
Déch. de 1336, citée par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. 144.
2. Plate (plate), s. /",. plaque, lame.
Fud cuvert e adnbez de plate d'or ki ert très tin e esmerez.
Les Hois, p. 247.
+ 3. Plate (plail*), s. f., barque de pèche à fond plat, en usage sur le littoral de la Manche.
La mer remontait de bonne heure ce jour là ; les pêcheurs s'apprêtaient à regagner leurs plates.
Ch De.^lys, Les Récits de la Grève, p. 121.
-|- Plateau [plat*), s. wi., madrier, planche longue et très épais.se, Platis, avec le même sens, est donné
par Cotgrave comme mot français.
Nous declairons, par ces présentes, que ledit prieur doit prendre tous gros
bois en nos bois, pour maintenir les dits deux grans pons pors toujours, mais sauf que de
plateaulx, les quels plateaux ne se
doivent point prendre en nos bois.
Cluirie de 1380, Duc, Planta.
Item, pour deux plateaux de fust et deux piques, ij s.
Compte de 1405, cité par M. Delisle dans VA'jr. en Norm, fi.u inoij. à'jc, p. W-i.
Platir ilo plalle'], v. a., renverser, abattre, terrasser, jeter à bas.
Vint poignant la lance beissie ; One
ne leissa por la coignie, K'il aveit
sus el col levée, Ki tnult esteit lonc
enhanstée, Ke il Engleiz si ne
ferist, K'à la terre platir le
tist.
Wace, Rom. de Boa, v. 13415.
-|- Plâtis {plat, pièce de terre), s. m,, pièce déterre depuis peu de temps en herbe et précédemment en
labour.
Player (lo plague), v. «.. frapper de maladie, blesser. Cotgrave donne
player- en ce dernier sens.
Ce pauvre homme playé, navré, blessé...
P. Gring., 1,44.
Depuis qu'Amour sied dans tes yeux, Le
caut, d'un art ingénieux,
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(delwedd C0827) (tudalen 0759)
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- 759 —
Commence à player tout le monde, De
mile traits dont il abonde.
Vauq. de La FRESN.,Prtsi:,, p. 498.
4- Plèche. V. Place.
Pleier (to plight), v. a., livrer, engager,
Vee2-mei ci en vostre curl prest de pleier mun gage.
Chron. deJord. Fant., v. 58.
Plein. V. Plain.
Pleint. V. Plaint.
Pleinte {plaint'), s. /"., mal, sujet de plainte.
Puis avient si qu'à une feiz Qu'à s'amie
vient li dainiseas, Qui tant est
sages, pruz e béas. Sa pleinte li
mustra et dist. Anguissusement li
requist Que s'en alast ensemble od
lui.
Marie, Lanval, v. 70.
Pleisibie {pleasing), adj., agréable, gracieux, v. Plaisant.
Ki divers cuntes veut traitier,
Diversement deit comencier ; E
parler si rainablement K'il seit
pleisibles à la gent.
Marie, Mil un, v. t.
Pleisir. V. Plaisir 1.
Plenierement, Plenerement {plenarily^ pknerliche'), adv., complètement, entièrement.
Maleit seit cil ki mangerad devant le vespre, de ci que pleniel'ement me seie
viengé de meseneniis!
Les Hois, p. 48.
Plenerement i furent et evesque et abbé.
5. Thom. le Marc, p. 17.
+ Plenté (à) (plenly, abondance), làc. adv., en abondance. Du lat. plenitatem. — Planté (en grant), en
grand nombre. Kel.
Brutus trova son parenté Dont en
Gresse aveit à planté,
Wace, Hom. de Brut, v. 157.
Eu ce temps toute l'assemblée des clers estoit à Pise ; et là estoient doucement en pais, sans noize e des
vivres à planté et bon marchié.,,
P. Cochon, Chron. norrn., éd. de Beauiep.
Guerbe au boisset. Pipe au
pommier,
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(delwedd C0828) (tudalen 0760)
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- 760 -
Beurre et lait, Tout à pleiité.
Vieux refrain norm.
Plenteif, Plentif, Plenteis (plenteous), adj., fertile, riche, abondamment pourvu. V. le mot
précédent.
Sera exalcé h miens corz e la meie veillece en miséricorde plenteive.
Lib. psalm., p. 135.
Vostre terre bien portante e plentive de vins.
Les Rois, p. 410.
Eissi revindrent à Paris
Si riches e si plenteis
C'unc puis ne furent besoignos.
Bén., Chron. de Norm., v. 4099.
-\- Plesse {plash, branche coupée en partie), s. /"., branche d'une haie, dépassant de beaucoup le niveau
voulu, que l'on rabat obliquement vers
la haie, à laquelle on l'assujettit au
moyen d'un lien, afin de rendre la clôture plus solide. Lorsque la
branche est trop grosse pour être ainsi inclinée, on y fait une légère section, qui permet d'en
faire la flexion. Du lat. plexam,
part. pas. fém. de plectere, plier V. Plesser, plessis.
-\- Plesser {lo plash, lo pleach', entrelacer des branches), V. a., entrelacer les branches des plantes
(généralement ce sont des épines)
disposées en ligne, pour former une haie. Du
lat. plectere. V. Plesse, plessis.
Dans l'ancien dialecte normand, ce verbe a deux acceptions, Tune propre, Tautre figurée.
Au propre, il signifia plier, pour les entrelacer, sur une ligne continue, les branches d'un bois et
les maintenir entrelacées au moyen de liens, de manière à former un
obstacle, soit enceinte soit
retranchement (1).
D'une part le bois tranchier Et bien
espesseraent plaissier.
Wace, Rom. de Brut, v, 9430.
Le bois à l'entrée plessa.
Liv. de chasse du gr. Seneschal de Norm.,^ 3.'
Au figuré, plaissier se dit pour abaisser, soumettre, dompter :
(1) Les Normands formaient quelquefois de véritables retranchements par ce procédé, si l'on en croit ce passage des
Annales de Fulde : Normanni, devastata ex maxima parte Hlotharici regni.
regione prope fluvium Clyta, loco qui
dicitur Lovonaium, sepibus (more eorum) munitione capta, securi consederunt,
Anno 891. (Duchesne, p. 18, B.)
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— 761 —
Molt se volsist de li vcugier, Granl
talent ovil de ii itlaissier (1).
Wace, lioin. de Boa, v. 15810.
N'i a orgoil u'aium plaissiii E fait venir
tresqu'à snn jtié.
BÉN,, Citron. île yorin., v. 1 115.
Colgrave définit ainsi ple.s.ser : « to plasli ; to bow, fold or plait young bi'anches, one wilhin another;
also to thicken, a hedge, or cover a
walk, by plasiiing. »
-\- Plessis {])lashing, entrelacement de branches), s. m., clôture faite de brandies entrelacées. Par
métonymie, on donne aussi quehjuefois
le nom de plessis à des bois taillis
entourés de clôtures ainsi formées. V. Plesse, plesser.
i\u moyen âge, on donnait les noms de plasseis, pUiiseis., non seulement aux bois ainsi protégés, mais
à tout clos, à toute résidence rurale
entourée de haies.
Des paroisses e des maisniz E de par
tuz les plasseiz Seient mand('% nul ni
remaigne,
Kkx., Cliron. de Norm., v. 7318.
Que esteil dont des plaiseiz E des
furez e des larriz V
GuiLL. DE s. Pair, liorn, du Mont S. Midi , v. 785.
Plest. V. Plai 3.
Plette. V. Pelé lie.
Plevine {pleviae'), s. /'., garantie, assurance. En bas lat. plivium, pliunum, gage, mots que Diez
rattache au lat. prœ- bere, donner,
fournir. V. Plevir.
Et se la partie donne plevine De
prouver le, en l'an et jour...
Coût, de Norni. en v., p. 77.
Es quelz cas ainsi indeterminez, l'homine (le vassal) ne seroit pas tenu de plegiM' son seigneur; car, par
avanlure, soubz nmbre d'icelle
plevnie, se le seigneur declieoit et il n'avoit de quoy payer, l'iiomme pourroit estre en dangier
d'estre destruict.
Le Rouillé, Gr. Coût. île \orn>., fo xlix, r».
Plevir (lo plevine. Gotg., v" Pleviner), v. «., garantir, assu- rer. V. Plevine. ,
',!) M. i'iuquel, l'édileur du Roman do Itou, donne à tort à ce verbe le
sens de queroiler.
48*
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— 76:i —
Sijnrad... que, al ure que il le prisonnier plevi, laren ne le sot.
L'un à l'altre la seie fei plevit.
Pliaunt (pliant), adj., favorable.
Lois de GuilL, 4. Ctians. de lioL, p.
34.
Sa seignorie est lant chiere
Ke tous souat pliauntz à sa hanere.
Poés. anijlo-norm., donnée par M. Meyer, Bull, de la Soc. desanc. Cexles, 1880, p. 78.
Plom, Plum (plome^), s. m., plomb. Du \at. plumhum. Plnm, plomb, Kel. y. Plommée.
Si uns envers l'allre est sorz, Li un
de plom, l'allre de orz...
Vie de S Tliom. de Cant., v. 6*9.
Suz plungiet suntsi curae plum en fortes ewes.
Lib, psalm., p. 237.
-\- Plommée [plummel), s. /'., fil à- plomb. C'est aussi le nom d'une espèce de balance, formée d'un fléau
gradué, auquel est suspendu par une
petite chaîne, un contrepoids, autrefois
en plomb, aujourd'hui en fonle. L'instrument a emprunté sa dénominalion au contrepoids en plomb
(V.Plom) (1). Plommée est dans
Gotgrave, comme mot français, avec le sens de poids de ploml). Dans l'ancienne langue, on
désignait sous le nom de plommée
plusieurs autres instruments, ayant tous pour
appendice un corps en plomb, attaché à l'extrémité d'une chaîne ou d'une lanière : c'est ainsi, par
exemple, que ce nom a été donné au fléau
d'armes, à la sonde marine, etc. Plummel
se dit encore aujourd'hui en anglais pour plomb de sonde.
Ploris. V. Plureis.
Ploumel (jilowmeir, maillet), s. m., marteau.
Ledit sergent, du ploumel de sa mâche, frapa si grand coup contre le mantel de la porte de la dite
salle, qu'il tist tout retentir,
P, CocHOX, Chron, iiorm., p. 83, éd de Beaurep.
Plourement. \. Plureis.
-\- Plouvier {ploui-ei\ du G. p. 911; plover), s. m., pluvier,
(1) On lui a donné aussi le nom de plombée.
Pour esgauger (jauger) et sceller ung boisseau, demy boisseau...
plombée, cinq solz.
Aveu de 1604, dans les Mém.. et notes de M. Aug. Le Prévost, II, 86, col. 2.
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(delwedd C0831) (tudalen 0763)
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- 763 -
ainsi nommé en ce qu'il arrive ordinairement à Tépoque des pluies. Le mol se rallache au lat.
;:»^Mu/a, par un intermédiaire ^ci\{
plKvinrium. Plouvier se trouve, en ce sens, comme mot français, dans la gram. de Palsgrave, p.
206, et dans le diction, de
Colgrave.
Le mardi 15 (novembre 4558)... je fus chez JelianneTocque... ; ell« Jii* bailla deux plouviors ; je Iny
baillé 1 s.
Journ. du s. de GoiiberciUc, p. 4G0, 6d. des Aiit. de Norra.
Bian qu'à persant, pour un plouvicr,
En vain non trav'serait les hures (coteaux stériles)...
La Nouo. nnnaio {ier&ey, 1874), p. 23.
-\- Plncoier (to phick, tirer, ôler, cueillir), v. a., éplucher minutieusement. Plucquoter, est donné en ce
sens par Cotgrave. C'est le fréquentatif d'un verbe pluquer, qui a dû se dire pour éplucher, et qu'on retrouve dans
le patois de Genève, ou plucher a
conservé ce dernier sens.
Notre peuple dit en Normandie plucoter et pluchotcr ; ce que font les poules el les autres oyseaux,
quand ils cherchent de petits i;rains,
des feuilles ou des vers, pour se nourrir. Et, par métaphore, on dit d'un petit mangeur, ne
faisant que chercher par-cy, parla, de
petits morceaux, qu'il ne fait que plucoter,
MoiSANT DE BitiEUX, Oriij. de quelq. coût, rt/u-.,I,24.
Ce dernier auteur relate, loc. cil.^ un passage de VHist. de l'Evanij. en vers, dans lequel plue se
rencontre avec le sens d'épluchure
:
Il n'y a ne plue ne pastur» ; Allons
ailleurs fourrer nos bouges.
Ejdukùre, épluker se disent en patois normand pour éplu- chure, éplucher,
Plum. V. Plom.
Plunjer, Plungier {lo piunge), v. a., et rèfl., plonger, se plonger. Piuufjiy se rencontre dans
Halliwell avec le sens de trempé,
mouillé. Cette forme du part. pas. du verbe angl. est encore celle usitée en pat. norm., où l'on
dit plongi pour plongé. i^/î<?i^er
est un mot d'origine celtique; en kemry,
plung indique l'action de plonger.
Je vinc en la lialtece de mer, e la tempestet plunjat raei.
Lit. psalin., p. 88
Od li s'encumence à plungier.
' Marie, Fable 3
Clungier se dit dans le même sens, en pat. norm. de Guernesey.
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(delwedd C0832) (tudalen 0764)
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— 764 —
Plureis, Plouremens, "Plorisi plow)'mg', phicre*)^ s. m. pi., lamentalions, gémissements, cris de
douleur,
E firent plaintes e plurciz.
Les Rois, p. 15
Mais de chà n'out fors plourement.
GuiLL. Di- S. Pair, liom. (la Mont S. Mivh., v. 1298.
Mult ad de cenz dendenz oïz E granz
doltirs e granz ploriz.
Marie, Pm/-^.,v. 1116, II, 457.
+ Pocher {to pucker),v. n., goder, avoir des faux plis, être trop ample en certaines parties,
littéralement former des poches, en
angl. poke, en pat. norm. pouque.
Poeir, Poer, Poveir, Povair, Pouer (poiver), s. m., pouvoir, puissance, autorité. — Poer, poeir, ponir,
pouvoir* Kel. V. Nun-poeir.
Mult out terres, mult o»jt aveir, E
rois fu de mult grant poeir.
Wace, Uorn, de Roa, v. ■13,
Ele me dirat sun voler E jel' ferai à
mun poer.
Marie, EUduc, v. 618,
Honur ws frni à mon poveir.
Vie de S. Thom. de Canlorb.,\a.T., p. 620, c. 2.
Pour la bonne relacion qui faicte nous a esté de la personne de messire Raoul Thiboust... icclhii avons
fait... nostre receveur menagier dudit
temporel en la ville et baiilinue de Lisieux; au quel avons donné et donnons [lovair et
auctorilé de requérir et faire fdire
toutes manières de cuntrainctt^s, etc.
MoniL de l'éo. de Lisieiw de 1472, relaté par M. Quicherat, Ilist. de Ch. Vil de Thmii. Basin, IV,
263.
Femme est subjetle à pourr d'omme.
Cour,, de Norm. en v., p. 132.
En patois normand, l'on dit aujourd'hui pouveir.
Et si tu connaissais tes forches, Tes
biautais, tes douches émorches Et le
pouver de ten musel...
t.. I'et., Muse norm., p. 23.
Toutes ces formes reproduisent l'infinitif du verbe poeir, poer, etc., pris substantivement. De
polere, forme très ancienne dans la basse-latinité, substituée au
lat.yjo.sse.
Poeple. V. Pople.
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(delwedd C0833) (tudalen 0765)
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— 7()o —
Poesté, Poestei. V. Pousié.
-\- Poété. V. Pousté.
-[• Poinchon. V. Ponchon 1 .
Pointe ipoiiH' 8), s. /'., ex])cdilion guerrière.
Li saietaircs trait à els, A un sol
cop eti ocist dels Ou treis, ço dit
l'escril, sovent : A ci'le pointe en
ocit c.
lÎKX., nom. de Troie, v. 1Ï273.
Pointure (poinUnire', pointre), s. f.. peinture, dessin, image.
En Ort'b un veel formèrent Et les pointures
aorerent.
Pt<<(uine iLins le Liber psalm-, p. 333.
A un mur sunt andoi venu, llluc a le
lions weu Desuz la pieire une
pointure Cum un vilem par
aventure Od sa hache ocist un
liun.
Marie, Fable 69.
Poiser {lo poise)^ v. a., peser.
Si m'ait Dex, ce poisemoi.
_ Raoui, de Ferrièkes, Clians., p. 14.
Quatre grans anneaulx de fer garnis de barres à crampon, poisans xviii c xxiiii livres.
Doe, .tur la fond, <hc Havre, \). 96.
PoUicie (policie. Sherw.), s. /., police.
Et n'avoit point en la ville bonne poUicie, et pensoit chascun fors de soy.
P. Cochon, Chron, norin., p. 347, éd. de Beaurep.
Poilu (pollute), ad/., pollué, souillé, déshonoré, profané. Du la t. pollutuni.
Simonie met en vente l'ouvraige
Dont les pasteurs ont les membres polh.z
Et les espritz ingratz et dissoluz.
P. GniNG., 1.67.
Premièrement, quant h declairer l'église et le cimetierre de Lisieux polluz, mondit sg' l'evesque et
lesdictz deChajtitre
Aicord ,1e 1367, cilé par M. Quicheiat, Hist. de Çli. III de TlKMnas Basin, IV, 236.
Polmun. V. Pomon.
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(delwedd C0834) (tudalen 0766)
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- 766 -
Pommard. V. le mol suivant.
Pommé (pomage*), s. m., cidre. En bas-lat. pomerium. Pummé est, avec cette
acception, dans Cotgrave, comme mol
français.
Faute de mieux, de bon pommé, Bien
souvent, je prends une dose.
J. Le Houx, Clians. du Vau-de-Vire, p. 5.
L'on a dit aussi pommade :
Froment, vin, citre ou pommade.
Coat. gén., II, 703.
En Normandie, l'on appelle quelquefois, mais rarement, le cidre du pommard.
-\- Pomon ipomon'), s. m., poumon. Du lat. pulmonem. Nous retrouvons 1'/ du radical dans la plus
ancienne des trois formes recueillies
par nous :
Uns del ostas Syriens traïst un dart, et par aventure feiid le r>i de Israël al i)olmun e navrad le à
mort.
Les Hois, p. 339.
rote poeit l'en voir l'enlraille E li
pomon e la roraille.
Wace, Rom. de Uou, v. 18540.
Je sens un feu brûlant qui furcte mes os.
Mon cœur et mes pommons, saiis avoir nul repos.
Champ-Repus, UEuv. poét., p. 32.
Le patois normand a encore Tadj. pomonique, qui se dit d'un individu qui a une affection du
poumon, et le verbe s'epomcmer, pour s'époumoner.
Pompée (pompnr, orgueilleux, superbe), s. /"., arrogance, insolence.
CuMi la sentence lur fu po-é. Si s'en
repairerent de la contré
A dohir, Par orgoil giantet p;ir
pompée, Car absoliicion n'ont
demandé
A lur pastiir.
Vie de S. Thom, de Cnntorb., v. 847. var.
Pompelion {pompilion. Sherw.), s. m., populéum, onguent, fait avec des bourgeons de peuplier,
triturés avec d'autres drogues
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(delwedd C0835) (tudalen 0767)
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— 767 —
Pompon ipompion), s. m., courge, potiron. Du lat. peponem.
Puis, lorsque le soleil allume les chaleurs.
Il fait cueillir les fruits après les belles fleurs...
Le 1)011 niirecolon (espèce de pêche), l'abricot savoureux.
Le pompon, le melon, le sucrin amoureux.
Vauq. de la Fresx., Sat., p. 236.
1. Ponchon {punclteun), s. m., poinçon, sorte de futaille.
L'on a acouslnmé prendre à la viconté, pour chncon ponchon de vin, qui a creu au dessus du Pont de
l'Arche... xii. d.
Coust. (le la fie. de l'Eaue de Rouen, art. 15.
Item, à Chardin de la Fontaine, pour relier ij ponchons, iij s. iiij. d.
Compte de 14i0, cilù par M. Delisle dans VAyric. en Norm. tiu nio;!. âge, p. 4(j0.
En patois normand, l'on dit poinchon.
2. Ponchon {puncheon), s. w., poinçon, pièce de bois, posée verlicalemenl et à plomb, destinée à
supporter le faitage d'une charpente.
On lui donne aussi très souvent le nom de iiwntant.
Bois pour faire escarrie à lurs maisons, par livrées, c'est assavoir iiij
posts (piliers), ij sommiers (poutres), ij trefs (solives), ij pondions, iiij soubs-chevrons, j feste,
etc.
CouL des For. (Vernon), relaté par M. Delisle loe. cit., p. 374.
Pour œuvre de charpenlerie... c'est assavoir pour mettre j tref, j ponchon, i souzchevron, etc.
Compte de 13'JH, cilé par le même dans les Actes norm. de la Glu des Comptes, p. 16.
Ponçon {ponchong'), s. m., poinçon, instrument de fer ou d'acier servant à percer.
Pour un mai tel à ferer les prisonniers, un ponçon et un chisel tous noeus, vi s.
Compte de 1349, cité par M. Delisle, ib.. p. 384.
Ponderosité [pontlevosily), s. f., pesanteur, qualité de ce qui est pesant.
L'ange de Dieu (icha le dit chariot par si grant pesanteur et puniierosilé, qu'il ne fust pas possible
auxdits chevaux ni assislaus de le mouvoir.
Hlst. de l'abbaye de S. Michel du Tréport, p. 76.
Pont torneiz [pounl tournis* (1)), s. m., pont tournant.
il) Halliw ell conimol évidemment une erreur quand il dit que ce mot servait
à dt;!siy,ner la place qu'occupaient les spectateurs des tournois.
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(delwedd C0836) (tudalen 0768)
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— 768 —
Fait iunt puis de ^l'anz cloisons,
Fessez, palis et heriçons
Brelesches e pouz lorneiz.
BÉN., C/iro/i. de Norm.,v. 4831.
Poosté. V. Pouslé.
Pople (people)^ s. m., peuple. Du lat. populnm. V. Popler,
Ne guerpirai pas mun [lople.
Les Rois, p. 25î.
Iceste chose nos douses noncier A tôt
le pople qui est desconseiliez.
Alex., str! 64
Le dialecte eut une forme secondaire people :
Tuit li peoples est deshaitiez.
Bén., Chron. de Norin., v. 3724.
Elle persistait dans l'anglo-normand du XIII*^ s.
Le people deust regarder \t treisour à graut deshoniir.
Brut d'Eriijl., cite par M. Meyer, Bull, de la S. des anc. Certes, p. 13G.
L'est de là qu'est venue, par métathèse, la forme anglaise actuelle people.
Popler [lo people)., v. «., peupler. Dérive de pople. Y. ce mot.
Norraant soelent estre apelé Cil ki,
là dunt north vient, sunt né ; K de
Normanz est apelée Normendie, ke il
unt poplée.
Wace. Rom. de Rou, v. 5280.
Pensum de la terre poppler.
Bkn., Chron. de Norin., v. 6U2.
-f- Por [for], prép., pour. Le normand po?' est une mêlathèse du rad. lat.
pro, et l'anglais /or nous paraît venir de
notre mot por. Nous avons déjà remarqué semblable substi- tution de lyangl. au p norm. au mot
pinchon, en angl finch.
Ja mais n'iorc liede por home ne por femme.
Alej.:, str. 9l.
Ha ! quels chevaliers en bataille!
Quels, por grant presses départir
Et quels, por granz estorz foriiir!
Bén., Rom. de Troie, v, 15760.
Porcelet {porcellys'), s. m., jeune porc.
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(delwedd C0837) (tudalen 0769)
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- 769 —
Quant les pors vindrent près des bailles (cours dans une ciladelle), le Roux
laissa aler le porcelet.
Chron. norrn, du XIV* s., p. 10.
Porchacer. V. Purchacer. Porforcier.
V. Par forcer.
-\-'9oTiQi{pargel) , s. m., crépi, ravalement, toute espèce d'enduit de
muraille. Dérive, par la métathése fréquente des deux lettres connexes o et r, du lat. projectum^
action de jeter en avant. V.
Porjeler.
-\- Porjeter (to parget), v. a., crépir, couvrir une muraille d"un enduit, d'un porjel. V. ce mot.
Du lat. projectare^ jeter en avant;
par une métathése semblable à celle signalée au motprécédent En anc. dial. norm.,
jwurgelter se disait dans le même
sens.
Ils commencèrent à pourgetter sur l'eslable.
Joarn. du s. de Gouberoille, p. 816.
L'angl. to parget se relie à la plus ancienne forme normande du mot,
pargeler, qui s'est dit dans le sens général de projeter, jeter et répandre en avant.
Asez i ad carbuncles e lanternes, Là
sus amant pargelenl tel liiiserne.
Chans. de Roi., p. 221.
Porloignier, Porlongnier. V. Pur lui g nier.
Porpeis (porpess, porpoise; porpas. Palsg. ; porpin*), s. m., marsouin, littéralement porc poisson
(poisson).
Planté i a de granz saumons...
Porpeiz, graspeis, quant en est tens,
E tanz raenuz peissons de meir
Que ne's vos sei demies nommeir.
GuiLL. DE S. PaiI!, Rom. du Mont S. Midi., v. 467.
Pourpeis a conservé cette acception, dans les anciennes îles normandes de Jersey et de Guernesey.
Quant l'iaue était tranquille et claire,
Au temps qu' nous écalait les peis,
La tète en bas, au fond d' la niaïre
Nou s' clungeait comme autant d' pourpeis
Mk r. , Dict.J'ranvo-nurin., p. 407.
Un dravan gros coum un pourpeis.
Rimes guerii,, p. 93.
Porpenser. V. Pur penser.
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(delwedd C0838) (tudalen 0770)
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-\- Porrette. -j- Pourrette (porret, pourret\ échalolte: poret\ petit
oignon), s. m., variété de porreau, ne prenant que peu de développement : — plant de porreau.
L'on rencontre, en ce dernier sens,
dans Palsgrave {Gramm., p. 2y6j, porelte,
comme mot fr., ei porret, comme mot angl.
Il n'i cieisseit poret ne chive, Ne
eschaluine, ne oignon.
Vie de S. Gile.v. 1264.
-\- Porsuir. Pursiure. Poursuir, -j- Poursieuvre (topursue; to poursewe. Palsg.j, v. a., poursuivre. V.
Parsuir, suir.
Il volge douer wage e trover plege à porsuir son apel.
Lois de GuilL, 25.
Cnment vols tu nus pursiure senz merci jesques à la mort?
Les Rois, p. 127.
Son délit est tousjours . acompaigné de maleur et poursuy (suivi) de peine.
Al. Ch-A-RT., VEsp., p. 294.
Et doibt certain lieu et journée Ans
plaideurs estre assignée. Par semonce
ains faicte et eue l.a complaincte jà
receue Et pleiges d'icelles
poursieuvre, Baillies.
Coût, de Norm. en v., p. 95.
Port (porC 3), s. m., service.
Si facent lur port cura chevalier vaillant.
Chron. de Jord. Faut., v. 317.
-|- Portai, -j- Portail 'portai, porte, entrée), s. ra.^ grande porte, porte charretière, porte cochère. En
bas lat. portale, de porta.
Le jeudy ii™*^ joiir d'aoust, le roy tist donner l'asault au bou- levert de la elle... Et fut prins ledit
boullevert et le premier portai de la
ville.
« Chron. du Mont S- Midi., p. 42.
Les bonnes gens dudit lieu s'estoient partie retraits devant un portail... et par le dit portail... ils entrèrent
dedens la ville.
Al. Chart., Hist. de Charles VII, p. 123.
De sorte que Janus, froid et peu tempéré,
11 ouvre le portail pour eutrer...
CiriMP-REPUS, Œuo. poét., p. 122.
Trav'sant 1' porta et la cuisine...
Rimes guern,, p. 99.
Porte-coleice {portcullisj., s. /"., herse, contre-porte, armée
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(delwedd C0839) (tudalen 0771)
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— 771 —
de pointes de fer, suspendue à des chaînes, que Ton peut abaisser pour fermer un passage. Terme de
fortification.
Il avoit un cheval cheu en l'ouverture de la dilte porte, par quoy on ne povoit la jtorte clorre ne
ouvrir, ne la porte coleice ne povoit
cheoir jusquesà terre.
Chroti. norm. du XI V s,, p. 66.
Porter [porter)^ s. m., portier, concierge. Du lat. porlarium.
En l'abeie ot un porter ; Ovrir suleit
l'us del muster.
Marie, Freisne, v. 177.
La porte desferma (ouvrit), n'i apela porter.
S. Thoin. le Murt., p. 69.
1. Portraire, Pourtrciire [lo porlray, to pourlray), v. a., peindre, décort-r. Du lat. prolrahere. En
français, le sens de ce verbe,
d'ailleurs peu usité, est différent : il signitie faire, par les arts du dessin, la ressemblance de
quelqu'un. V. Purtraiture.
Une porte ad el mur veue. Bien l'a de
loinz aparceue ; De precius metals fu
faite E gloriosement portraite.
Makie, Purg.,\. U93.
Un livre ancien dont la couverture fut de coleur ubscure, poiirtraicte de divers signes et ligures
entremeslés.
Al, Chart., l'i'sp., p. 282.
2. Portrere [lo porlray. Sherw.), v. a., rédiger, mettre par écrit. Même élymologie que Portraire
1.
(lil araa molt son seignor Qui la
rnatire en a portrete.
//f.sf. de G ail. Le Marech/d, v. 19186.
Porture (porliire'), s. /"., conduite, manière d'être, manières. Jo ou uns vos cercusmes (sucarsmes) et
porture.
yie de S. Aaban,v. 61'».
Posposer, Postposer (lo posipone), v.n., mettre après; ajourner. Du lat.
poslpoiicre.
Le dict roy Louis unzierae... les (le duc de Guyenne et le comte de Cliarolais) contenoit et posposoit
à des jeunes honimes de moindre
condition que eux, lesquels il augraentoil en biens, estats et honneurs.
De BitAS. Rer/i. <>t anC. de la ville de Caen, p. 73.
La cour enjoint aux vicontes ou leurs lieutenans, toutes autres choses ]»ostposées, eu chacune assise,
mettre devers le greffe du
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- 17i> —
bailliage, les procez des crimes et delicts qu'ils auront instruicts, |irests à juger,
Ord. du Pari, de \orm, citée par Terrien dans son Comment, du dr. iiorm-, p. 4(i4.
-\- Possible ipossibly), adv., peut-être. « Possible qu'il viendra.
Post. V. Pôl.
Posté. V. Pouslé.
Poster {lo post)., v. n., marcher rapidement, voler, courir la poste.
l'itsa sœur (la sœur du soleil, la lune), en postant par la voûte Despeche devers nous le fantasque Morplkée.
[élh^iée,
Champ-Repus, OEt^v. poét., p. 61.
Postposer. V. Posposer.
-f- Voi iposl)., s. m., poteau. Du lat.y>os^e;/(. — /'oo6'^, poteau, Kel. V. Pôtis.
A l'eut ré^^ del temple furent poz de olivier quarrez.
Les liais, p. 2ô0.
Auquel ediftice ledit Ijeudes pourra faire assoir le post de sa dicte maison.
Ch. de 145^, du Cartul. de Lisieux, f° 10.
Bois pour faire escarrie à leurs maisons, par livrées, c'est assavoir iiij
posls, ij sommiers, etc.
Cuusc. de la for. de Ycrnon. cilr- par M. Delisle dans VA(jr. en Norm. au moy, àye, p 374.
Potence {potency), .ç. /"., puissance. Du lat. potenliam.
I,a tue potence e ta justice, Deus, desque es haltismes grandeces que tu
fisis.
Lih. psalm., p. 93.
.. Les princes normands voulurent
Qu'enffans, veufves, aulcuns qui n'eurent Sagesse, conseil ou delfence, Qui par sort craignit la potence Du droit deii, privé ne faussent, Par briefs determinaux eussent.
Coût, dr .\ûrin. en v. , p. 121.
Poter {lo pol'), v. a., désaltérer, faire boire. Du lat. polare.
Kl bien les pot et abevra.
Wace, Rom. de Brut, v. 0760.
4" Pothicaire (polhecary). s. m., apolliicaire. Le mot est usité, à notre connaissance, dans la région
de la Normandie
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(delwedd C0841) (tudalen 0773)
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— / /d —
dite le Lieuvin ; il a été oublié dans notre Diction, de pat. norm.
-\- Potin (putly), s. m., mastic de vitrier et de peintre. Le mot est usité en ce sens à Guernesey. V. le
Dict. de M. Mélivier.
-j- Pôtis (postis^), s. m., poteau léger équarri, supportant une traverse ou servant à former la baie
d'une porte ou d'une fenêtre, dans une
maison rustique. V. Pôt.
On trouve en ancien dialecte postiz au sens de porte, la partie prise pour le tout.
Un vix prestres, blans et floriz,
Guardoiit la clef de cel postiz.
Marie, Gugemer, v. 257.
Pôtille, en patois normand, est synonyme de pôtis; c'est là aussi une ancienne forme dialectale :
Item, XX s. pour qupsne acheté ou Bois de la Mare Hernier, pour sueiller les poslilles du dit
molin.
Compte de 1337, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. 165.
-(-Pouche,4-Pouque (pouch, poke),s, /"., grand sac, servant le plus souvent au transport des grains et
autres denrées. — « Saccos annonarios,
^jowc/itfs vocant Normanni. » Duc, Pou
cha. V. Pouquette.
Pour deux pouches de querbon pour la cuisine, 4 s.
Ane. compte de l'hospice de Bayeux, cité par M. Fluquet, Hist. des mœurs et coût, du Bessin, p.
32.
Et ne sont (confisqués) la pouche et harnois aux (des) besles, commises (au transport delà farine).
Terrien, Comm. du dr. norm,, p. 184.
La cuida ferir d'un sac, selon le langage du pais (de Caux), appelé poiique.
Let. de rém. de 1384, Duc. , Poucha.
irtaienl tous à tâtons, comme un floquet de guignots dans une pouqiie.
liunesjers., p. 51. Dial. en pr.
.Jamais fainiaut n' mit friue (farine) en pouqiie.
Dicton (jucrn., cité p;ir M. Mélivier, dans son Dict., p. 264.
Le patois normand use encore des dériw es pouchie, ])ouquie, le contenu d'une poclie ; empoucher,
empouquer., mettre dans une' poche;
dépoucher, dépouqucr, retirer d'une poclie,
+ Pouchette. V. Pouquette.
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(delwedd C0842) (tudalen 0774)
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— 774 —
Poudrer (poioder), s. m., poussière. Du lat, pulverem. V. Puldrer.
Sera tis sancs toz e ta char E tuit
tis os cendre e poudrer.
Bén,, Chron. de Norm., v. 6272.
Pouer. V. Poeir.
-\- Pouffi (pu/fy), adj., bouffi. « Un homme pouffi d'orgueil. »
-f- Poulaille {pullayle, Ch. ; polayV) s. /"., volaille. V. Pou- letier.
Pour toile portée à col, poisson d'eau douce, poulaille, œufs, angelots et fil, i. d.
Couse, de la cic. de l'Eaae d,e Rouen, art. 17.
Chascun jour une douzaine de poulaille, du prix de iiii s. la douzaine, valent vii 1. iiii s.
Compte de 1338, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des Comptes, p. 202,
D'oii poulaillerie^ marché aux volailles :
Au bout duquel marché, vers (l'église) Saint-Pierre, est la jioulaillerie.
De Bp.as, RevJi, et antiq, de la cille de Caen, p. 16.
-f- Pouletier [pouller., pouUerer), s. m., marchand de volailles, poulailler.
Poulelier dév[\e de poule, de même que le mot
français correspondant dérive de poulaille. V. ce mot.
Poulette (Grasse-). V. Grasse-Poulelte.
Poulment. V. Publient.
-\- Pouls (puise', espèce de potage), s. m., bouillie. A Guernesey, poiiss se
dit dans le même sens. Du lat. pîf/s, bouillie. • lomp. Tangl. poidtice, cataplasme.
4" Pouque. V. Potiche.
+ Pouquette, + Pouchette (pocket), s. /".. poche de vêtement. Ce sont
les diminutifs, l'une de pouque, l'autre de pou- che. V. Poitche.
On m'a biilliei de Targent, Tout plein
mes deux pouquettes.
Chans. norm. du XTIU^ *■., citée par M. Fleury. {Littéral, orale de laBasse-Norm.,^.
258.)
J'ay du pain à ma pouquette.
La Friqaassée,^. 16.
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(delwedd C0843) (tudalen 0775)
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— 775 -
V'chin la clai dans nia pouqiiette.
Bi/nes ffuern., p. 100.
Men tcheur est viede coumnip une poucliett' Irillie.
llini, Jers., p. 215.
-j- Pourcacher. V. Purchacer.
+ Pourcelaine {purslen*), s. /". , porcelaine.
-\- Poure ipoure'), s. et adj., pauvre. — Poures, pauvre peuple. Kel. V. Paiire.
11 vint tenant la chiere basse, Comme
poure personne lasse.
L'AdDocacie N. D., p. 22.
Les sainctz ditz seront accomplis...
Qu'attendent les poures humains.
Le Mi.<t. de la ConcepC, liaas l.n Concept. N. D. de Wace, p. 200.
E quay ! y vailliret autant estre en enfer
Que de patir ainchin comme un poure forsère.
L. Pet., Muse norrn., p, 13.
D'oîi les subst. poureton, poiirelé, pauvreté, et le verbe appoiirir,
appauvrir :
Uns chevaliers de sa maison Vint un
jor à lui por poureson.
BÉN., C/iron. de I\'orm., v. 34823, var.
Et jà poureté ne leur faille.
y\L. CnART,, Le Lia. des quatre Dames, p. G18.
Tu as tant d'enfians à nourrir ! Lt-s
veux-tu, prodigue, appourir?
J. Le lio\îx,Chans. du Vau de Vire, p. 138.
-f- Pourette. V. Porrelle.
Pourfîl (/?i«r/?e), s. m., bordure de broderie. Sherwood interprète l'angl.
piir/?e ^lar pourfile.
Item, un sercot de fame-court, de veluyau vermeil, cloz à ponrfil, fotirré de menu ver.
Invent, de 1331, cité par M. Delisle dans les Actes norin. de la Ch. lies Comptes, ]>. 106.
Ponrgetter. V. Poi^ jeter. + Pourpei.
V. Porpeis. Pourpenser. V.
Purpenser. Pourprins, Pourprise. V.
Purprise.. + Poursieuvre, Poursuir. V.
Porsuir.
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(delwedd C0844) (tudalen 0776)
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— 776 —
Poursuivant (pursuivant), s. m., avant-coureur.
(( Je SUIS fort nsb iliy, ch dit Hdujrbal, corami^nt il nous a laissés sms nuiis envoynr quelque aouvelles. » — «
Jh pense, se dit mons'^ de
Betheiicourt, qu'il vous ait rescript par mon poursui- vant. ». Aussi avoil il.
Le Canarien, p. 137.
Pourtraire. V. Portraire.
-\- Pourtrait (pourtray) . s. m., portrait. V. Porlraire, pi/rtraiture.
Voilà finalement les statues represeutans ton vray pourtrail, que j'érige en ta ressouvenance éternelle.
Vauq. de l.\ Fres.v., Or. fan. de liouxel, p. 273.
Il aeurent bientôt progéniture;
Fillette et liss, et d'un seul trait,
De sa maman la vraie picture,
De son papa le vrai pourtrait.
Hiines guern-, p. 44.
Poultrait se dit aussi quelquefois en patois, avec le même sens.
Pourveance. V. Purveance i et 2.
Pourveanche. V, Purveance 2.
Pourvoiance, V. Purveance i.
Pousté, Poesté, Poestei, Poosté, Posté (;joMs<ee*), s. f., pou- voir, puissance, autorité. Du lat.
poteslalem. — Poiislc, pouvoir. Kel.
V. Poeir.
Kar le office à lui ne aparteneit Ne
licence à ce n'aveit. Ne pouslé.
Vie de S. Thom. de Cantorb., var., p. 624, c. ii.
iN'orent cil dedenz poesté.
Bén., Chron. de Nortn., v. 3649.
Sor qui esteit sa poestei.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Midi., v. 2427.
Diex ki de tout a poosté, Il en face
ma volenté.
Marie, Yicenec, v. 107.
La femme est en la posté de son raary.
Coût, de Norm. en v., ch. c.
-{- Pouvoir. V. Poeir. Povair, Poveir.
V. Poeir.
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(delwedd C0845) (tudalen 0777)
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— / / ( —
Vover(power^),a(lj.e[s.,-p'àu.\re.D[ihû.jj((iij)t'r('/ii. — Pauiver, j);uivi'e. Kel. V. Pauvcrté, poverle.
Pur riches et jiovers communément.
Vu: (le S. T/ioin. de CanC, v. 1)14.
Pover sui el de aveyi- plein, El si ne
senk ne mal ne bien.
Chans. anglo-norm., publiée par M. Meycr. Rornania, IV, 37G.
11 y a aussi dans rancien dialecte le diminutif />oye/v'n.
Mais del poverin de la terre i laissad partie que il sVntremeissent de la
guagnerie.
Les Rois, p. 'i;}5.
Tant en retint dont son cors pot guarir,
Se lui 'n remaint, si 1' rent as poverins.
A le. T., sir. -20.
Poverte [poverte, Vr\\9.Q.; pover l'), s. /"., pauvreté, misère. Du lat. pait]jertalem. V. Pauverlé,
pover.
A tel dolor et à si grant poverte,
Filz, fies deduiz par aliènes terres.
Vie de S. Alex., str. 81.
Que Dell por lui (le diable) guerpist, mult chiet en grant poverte, For quanquez a el mund ne restoreit sa
perte.
(juiciiAUD DE Beaulieu, Scrmun, p. 14.
Practique (praciice' ) , s. /"., fourberie, déloyauté, artifice. V. Pralicqner.
Ce povre homme playé, navré, blessé,
C'est le peuple, qui est intéressé
Par accidens, il s'entend par practique, Qui ronge, mort, destruit le bien
publique.
P. GriiNC, I, M.
(( Practique, dans son sens général, c'est, font remarquer MM. d'Héricault et de Montaiglon, à propos
du passage qui précède, le métier de
procureur et d'avocat ; quand il est dans
le mauvais sens, ce qui est fréquent à la fin du XV* s. (1), il signifie la ruse, la fraude, le pillage
organisé, tout étar qui permet de
voler, en se cachant sous une apparence légale. »
Practiquer. V. Pralicquer.
Prael, Praiel (prayelV)., s. m., petit pré. Du bas-lat. yj/-a/e/- Ixitn, dit \)OU.v pr a lui loit, diminutif
depraluin.
(0 Advisez-vous, toutes gens de piaticiuo,
Mai'chans d'argent, exigeurs de finance.
E. Bvcn.fpocs. rnss., cit. dans Litiré.
49*
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(delwedd C0846) (tudalen 0778)
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— 778 —
Rnz en mi l'eve out un istel, Un
merveille bel prael.
BÉN., CJiron. de Norm.,\. 12287.
Pour rappareiilier et renfourmer le mur du chastel, devers le praiel la royne, depuis l'entrée d'icelui
praiel jusqu'à la tour...
XXV. s.
Compte de 1340, ci(é parM. Delisle, dans les Actes norm. de la Cil, des Comptes, p. 250.
Pramise, Promisse {promisé), s. f., promesse.
Mais, beal sire, l'avision
Dunt l'om m'a fait la pramise. . .
BÉN., Cliron. de ]Sorm., v. 2150.
Quand aucun recoi?noit son héritier celuy qui le seroit après sa mort, promettant luj garder sa
succession... Telle pacfion n'est pas
contraire à^roict. Tellement que le fils peut empescher son père, ayant fait une telle promisse, de
vendre mesmes le bois de haute fustaye
estant sur ses héritages.
Tehrien, Comment, du. dr, norm.., p. 19G.
La première de ces deux formes pramise est le substantif de Tancien \Qvhe pramellre., qui s'est dit
pour promettre.
Pramisunt riches duns.
Les Rois, p. '37.
l.oialté tenir e pramettre.
Mauie, Gracient, v. 105.
Praticque. V. PracUque.
Praticquer {lo practise. Cotg. \° Machiner), v. a., machiner, comploter. V. Pracliqiœ.
Son frère praticqua avecques luy comment l'en pourroit prendres Chartres pour
le roy.
Al. CiiART., Uist. de Charles Vil, p. 8V.
Vauquelin de la Fresnaye fait usage de l'adjectif praiiq, avec le sens de trompeur, enjôleur,
flagorneur :
Celuy qui est le plus pratiq et savant à flater, doux parlant et blandisseur... demeure vainqueur et possède
le prince.
Orais, sur la Calomnie, p. 211.
Praye. V. Preie.
Precedentement (precedentli/), adv., précédemment, V. Ab
solvU'inenl.
C'^luy qui l'auroit precedentement obtenu du pape,..
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 280.
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(delwedd C0847) (tudalen 0779)
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— 779 —
Preceller {tu prccclle', exceller), v. a., l'emporter sur, dominer. Du lat.
prœcellcre, surpasser.
Li dux Riciiart de Normendie Fiors de
tote clievalerie Sor les autres li
piecellenz,
Bén., Chron. de Norm., v. 21192.
... Pluto Ips autres dieux precelle.
Precep {presepe'), s. m., précepte.
p. GiUNG., 1,36.
Leis, dreituros nejugemenz Ne autres
establissemenz Ne tendront mais, kar
lor plaisir E toz lor buens a
acomplis, Lor sera mais preceps
comuns.
BÉN., Chron. de Norm., v. 26683.
Cileains i raist et borjois. Si lor
dona precops et lois Que pais et
concorde tenissent Et noiant ne
fort'eissent.
Wace, Rom. de Brut, v. 1291.
Prechement. V. Preschement.
-{- Prêcheux (preacher), s. m., prédicateur. En patois, aussi jjien qu"en anglais, le mot est pris
en bonne part, tandis qu'en français,
c'est un tenue de dénigrement, quand on en fait un synonyme de prédicateur.
Supplie le (lit prescheeur que l'evesque de S. Flour, etc.
I'. Co( iiON, Cliron. norm., p. 141, éd. de Beauiep.
No n'aleguel le dire du prescheux.
I). Fer,, Muse norm., p. 336.
Precious. V. Pretious.
Preclusion (prerlusioa), s. /"., exclusion. Du lat. prœclusioneiit,
action d'intercepter.
A de certes prescripcion De responce
est preclusion De procès et de tiunps
passée Une prescripcion est née.
Coict. de Norm. env. , p. 157. •
Preder [to prede'), v. a., })illcr, dépouiller, voler. Du lat. prœdari. \ . Prêter 1.
Si l'ai destruite com s' hom l'oust preded.
Alex., slT. 2S. '
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(delwedd C0848) (tudalen 0780)
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— 780 -
Predial (predial), adj., ce qui provient d'un héritage foncier, ce qui est
attaché aux biens-fonds Du lat. prœdiiim,
bien-fonds.
Et se praticjïie (le cri de haro), non seulement es choses pn>- })hanes, mais aussi es prinses de
possession des bénéfices ecclésiastiques et des dismes prediides.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 272.
Preer. V. Preier 2.
Preesli»'e {to preelecl), v. a., élire antérieurement, d'avance. Du lat. prœeligere, préférer.
Que diray-je ? Fors que le roy de France
Est preeslu par divine grâce.
P. Gring., 1,183.
Prefect {prefecC), s. ?«., chef, gouverneur, administrateur. Du lat. prœfeclum.
11 fud enivrez en la maisiin Arsa, le prefect de Thersa.
Les Rois, p. 307.
Li prefect de la cité, Qui fut par nom
Germein clamé S'en aperçut.
Vie de S. Grég., v. 843.
Préférer (io prefer, Sherw,), v. a., avancer, faire progresser. Du lat.
prœfeiTe, porter en avant.
Maislre Gilles Bi^ot, docteur en théologie, estoit lors recteur (de l'Université de Caen), le qiud les
(écoliers) préféra tous en latinité
plus terse (correcte) et élégante.
DE Bras, Recli. et anli(j. de la ville de Caen, p. 242.
Prefiger {to prefix), v. a., arrêter, fixer d'avance. Du lat. prœ/îfjere., placer devant.
Dûibt... le juge donner assignation el prelig'^r ternie aux parties, pour
procéder sur ledit appel.
Ordon. du Pari, de \orm ., de 1515.
Sa partie le pourra faire adjourner iiour Iny faire prefiger temps d'exécuter sa sentence.
Tekhien, Comment, du dr. norm., p. 279.
Pregnant. V. Preigne.
Preie, Praye {praye, Palsg ; p-et/J, s. /",, butin, dépouille, proie. Du lat. prœdam. Preie, proie, butin,
Kel. V. Preier 1.
E returnad à la preie ; prisl berhiz, boes, ...
Les Rois, p. 49.
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(delwedd C0849) (tudalen 0781)
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— 781 —
î,a preie volons prendre e la terre tendron; Se Franceis la ciiengent, nos nos i
ciimhatron.
Wacr, Rom. de lioa, v. 1237.
Sans aide ne secours, je suis délaissé es mains des ravisseurs, comme la praye des autres, qui me
conlraignont à crier à Dieu vengence
contre eulx.
Al. Cii.vuT., Le Qii.a'/rilo;juc, yi. 210.
1. Preier (lo prei/, Slierw.), v. «., butiner, piller, voler. Du lat. jirœdari. V. Preie, preder.
Teus prent e robe e art e preie, Qui
puis est mis à la veie.
Bén., Chron. de Norm., v. 20501.
Ardèrent lur terres, preierenl e robberenl lur geniz.
Hist. de Foulques, p. 29.
-f- 2. Preier, Preer {lo prey, Palsg. ; lo pray), v. «., prier. Du lat. precari. Preier, invoquer,
demander. Kel. V. le mot suivant.
Ne place Deu que jo cesse pur vus preier.
Les liais, p. 41.
Ainz preiet Deu qued il le lor pardoinst.
Alex., str. 54.
De tut cele's chosez li voit preer.
Pur Heuamur, face edrescer.
Vie de S, Tliorn. de Cantorb., v. 745.
Mult prea Deu.
II agiles de Lincoln, p. i.
-\- Preiere {jrreiere')^ s. /'., prière. V. Preier 2.
E tant l'en fist longe preiere
Qu'enverse le bota ariere.
Hiîn.,C/mo/i. dcNovni.,\. 37200.
Sa preiere sera oïe Delivrement, s'en
Deu se lie.
GniLi.. DE S. PAin, Rom. du Mont S. !\Iic/i., v 3120.
Preigne, Pregnante {pregnatil)., c^dj., fèm., qui est prêle de produire, grosse, pleine. Preiijne dér. du
lat. y>?'a?/7n«eem, fertile, et
prcij liant, de prœgnanlcm, qui est sur le point de mettre bas.
Jadis avilit k'uns leus
Par un kemiu si cncunlra
Une truie, (jui preigne (l)esteil;
(1) 11 y a dans le ms. de l'onvrage plusieurs le';ons de ce mot :
prains, /ireins, prer/ne,
praignc.
Pruinsc est quelquefois synonyme d'enceinte, en patois normand.
N^,
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(delwedd C0850) (tudalen 0782)
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— 782 —
Vers li ala à grant espleit
E dist que pès li vient dimner,
Or se hastasl de poroeler.
Marie, Fable 29.
Une loupve pregnante, cerchaut lieu commode pour faire ses peiils loupins.
Nouv. fabr. des exoel . tr. de ver., p. 162.
Enpraingner s'est dit en anc. dial. pour imprégner, être fécondé, devenir enceinte. Du lat.
imprœgnare (Quicherat, Addenda).
Puis enpraingna et conçut.
Wace, La Con-sept. N. D. , p. 26.
Preiser {(o pruise ; lo preese, Palsg.), v. a., faire l'éloge de, accorder son estime à. Du lai. preiiare,
estimer. — Preiser, apprécier. Kel. V.
Presier.
Tant ne l'vos sai preiser ne loer, Que
plus n'i ad d'onur e de buntet.
Chans, d.e Roi., p. 45.
Nul ne la vist que ne l'amast E à
merveille le preisast.
Marie, Freisne, v. 241.
Prelation (prelacione'), s. /'., préférence, droit de choisir. Du lai. prœlalionem, action de
préférer.
Item, et aussi (les procureuis du roi porteront la parole) quant à la prelation en sièges.
Arr. d.n Pari, de Norm., de 1523.
Preparatif (preparalive)., adj., préparatoire.
Ceux qui sont trouvez chargez par l'informalion sommaire et prepar^tive...
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 542.
Prepensed (prepense)^ ndj., prémédité. V. Purpenser. De aweit (aguet) prepensed.
Lois de Guill., I, dans Litiré.
Là vient le dist M. currant de assault prepensé.
HoRNES, Mi/rror oj' Justice, ch. il, sect. 19, p. £51.
Prepostere (preposterous), adj., dans l'ordre inverse. Du lai. prccposterv.m, en sens contraire.
Si les choses données peuvent eschoir au père, c'est par mort ou par succession prepostere, qui est chose
de triste événement et à quo}' on ne
doit adviser.
Terrien, loc. cit., p. 253.
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(delwedd C0851) (tudalen 0783)
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— 788 —
Presbiterie (presOi/lerjj), s. m., conseil, assemblée. Al presbiterie su ni parliz.
Les liais, p. 248.
Preschement, Prechement (prearhmenl), s. m., sermon, prédication,
remontrance.
Les apostres, tenant Itnir simple arroy,
Convertirent le peuple à Jesuchrist
Par preschemens ; mais, à ce que je voy. On se mocque (Voiiyr le saint escript.
P. CmiNG., I, 90.
Quant il m'eut fait son presebement,
Qui gueres ne me conforta...
Ai.. ('iiAi'.r,, L'ilosp. d'Am., p. 736.
Verai est sauz dutauce lui suen i)recbemi»nt.
Vie de S. Auban, v. 15(i3.
Présentement {presentment),s. m., présentation.
Autres! est il fez requenoisanz de présentement d'yglise ; qui présenta à aucune yglise la derreniere
personne ( le dernier curéj.
M.\RNiEii, Etabliss. de l'Eehiq. de Norm,, p. 20.
Ceux qui sont ejects ou disturhés de continuer lour seisin de droitureis presentements... tout soit que
le purchaser ne puisse présenter
vivant le clarke par le donor institué à l'église...
IIouNES, Mi/rror de Justice, ch. ii, sect,. 25,
Il est question dans ces deux textes, du droit féodal de patronage, en vertu
duquel certains seigneurs étaient investis du
droit de présenter des titulaires aux bénéfices eccclésiastiques relevant de leurs seigneuries, quand ces
bénéfices devenaient vacants.
PresoUeinenl et patronage semblent synonymes dans le texte suivant : « Or convient de Iraicter
de droicture de patronage et de présentement d'église, w Celte pbrase forme
le début du cb. cix de l'ancienne
coutume de Normandie, inti- tulé : «
De patronnage d'église ».
Presier {lu preise), v. a., priser, évaluer, déterminer le prix de. Du lat. preliarc, de preliuvi. V.
Preiser.
C'est piesié valoir chascun an, l'un par l'autre, douze livres.
Echange de l'KlS, clans les Mcn. et notes do M. Aug. Le Prec, 11,27.
Pour quoy, ce considéré,... avons lauxé et presié les diz vivres et provibions, c'^st assavoir : chascun
bois.sel de tourment à deux solz si.K
deniers ; chascun boissel de pois, etc.
Cliron, du Mont S. i\lic/wl, Pièces div. (XV° s.), II, 95,
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(delwedd C0852) (tudalen 0784)
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— 784 —
'Presom^tiî (j/resumplive), adj., présumé. Présomptif a conservé ce sens en
français, mais seulement pour désigner Tliérilier qui doit naturellement
hériter de quelqu'un. V. Presumpiif.
Kt si Taccusé allègue... présomptive calomnie...
Teurien, Comment, du dr. norm., p. 528.
-f- Presse {presse, garde-robe, Sherw, etPalsg.), s. f., espèce d'armoire Lasse (sa hauteur excède rarement
un métré cinquante centimètres), à deux vantaux au-dessus desquels sont deux tiroirs. Ce meuble ne se rencontre
guère maintenant que dans les
campagnes. Comme il est dépourvu de tablettes, on y suspend des vêtements.
VTesMmçiiîipaesumplive), adj.^ présomptif. V. Présomptif.
S'ils se prétendent exempts des tutelles desJils mineurs dont ils sont presuraplifs héritiers.
Cah. des Et. de Norm . de 160G, p. 91.
Presumption ipresumption), s. /'., présomption. Du lat. prœ- sumptionem, prévision.
Qui est telle presumption qu'il y a seigneurie en cliiefs.
Le Kouillé, Grand Coût, de !\'orm., io xxiij r°.
-j- Prête ipreesl, Palsg, ; priesl),s. m., prêtre. « Prêtes sont gens. » Ce proverbe que Ton entend souvent
répéter en Normandie, signifie que, comme tout le monde, les prêtres
sont exposés à l'erreur et aux
défaillances. — Prestaige, prêtrise,
sacerdoce, Kel.
Tous les preslez dej paroisses du Rouen, touz revestuz comme diacres...
P. Cochon, Chrnn. norm., p. 33S, éd. de Beaurep.
Ce lesse au Saint 6 s. ; au preste, 6 s. ; à mon annielement (extrême-onction), o s. ...
Test, de l!i49, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses Notes et dorr sur la \orm , p. 117.
Pretious, Precious ipreclous), adj.., précieux, de grande valeur. Du lai. ]jreliosiun.
Si dlst : Deu, père glorious. .. De
ton sanc prêtions seinlisme...
17f- ,/cS.Grér/., V. 1511.
Tant chier nos achata de sun sanc precious.
Guicii.vRi» DE Be.auheu, Seroiun, p. 10.
Preu. \ . Pro.
Preune {preune, du G., Grarn. p. 1073). s. f.. prune.
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(delwedd C0853) (tudalen 0785)
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— 785 -
Moi, qu'étais pas parti de iiot' village,
Pour v'ni si loin contempler de l'herbage,
Des arbr' et d' l'iau, comme on en a cheux nous,
Autrement dit, coinm' dit l'aut', pour des preunes.
Maie' Jiiqa' à Rouen, p. 17,
1. Preuver {lo prevc^), v. a., prouver. Pi-euver ou prouver étaient encore synonyuies au XVII'' s.
Marg, Buffat, Observ., p. 77.
Il convient que les parties facent et prouvent, et en preuve demeurent leurs
faictz.
Ordon. du. Pari, do Norm. de 1515.
Sept est le greigneur nombre (de témoins), que coustume met en tous les records, qui se preuvent de
certain (c'est-à-dire de visu vel de
audllu).
Le Rouillé, Gr. Coût, de Nonn., î' xxxiv i°.
2. Prouver de (se) ((o prove, tenter, essayer. Sherw.), v. n'//.,. s'essayer à. Du lat. probare,
essayer, éprouver. V Preu- ver i
.
Kntour L'os, tant comme peut, il se
preuve De mengier la char qu'il y
treuve.
Mir. deN.-D. de Rob. le Diable, p. 81.
1. Prévention {prévention), s. /'., action, fait ou droit de précéder, littéralement de venir avant.
Formé snr prœventum, part. pas. de
prœvenire.
Au regard des successions, où il n'y a que ung manoir, qui en ce cas doibt demeurer à l'ainsné par
prévention (droit antérieur d'exercer
un choix).
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., i° xlij r'.
Si quelqu'un se fait clerc depuis le delict par luy commis... cela ne luy servira de rien, attendu la
prévention de la cause et de sa
personne.
Terrien, Comment, du dr, norm., p. 471.
2. Prévention {prévention)., s. f., préoccupation. V. Prévention J.
Qu'est espérance, sinon certaine attente de beneiirlé future par grâce de Dieu et par prévention de
saincts mérites (recompenses) ?
Al. Chart., l'£'s/).,p. 328.
+ Prévilège {prevyledge. Palsg. ; prevelache* ), s, m,, pri- vilège.
11 n'y a nul exempt, quelque previllege ou exemption qu'il {»iiissf avoir, qu'il ne piiic le droicl de
pesugi-.
Coust. de la. Vie. de V Eaue de liouen, art. 87.
50
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(delwedd C0854) (tudalen 0786)
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- 786 —
Dist qu'il estoit homme d'église et previllegié et quil offenderel l'église et son previllege.
P. Cochon-, Chron. norm., p. 354, éd. de Beaurep.
Primer (primer"), aclj., premier. Du lat. pn'marium.
De Franceissunt les primeres escheles.
Chans. de Roi., p. 252.
Cil de Ewerwic feu le primer.
Vie de S. Tliom. de Cant., v. 844, var.
Primerament, Primerement (primely, primarily),adv.^^Temièrement, en premier
lieu, d'abord.
Primerament rendrai l'uni de hait saine à la vuide as orphanins X. solz.
Lois de GuilL, 9.
Vint li termes; là s'aserablerent U
primerement devisèrent.
BÉN., Chron. de \orm., v. 6601.
-\- Primerolle {primerole'J, s. /"., primevère. L'on dit aussi pomerolle en pat. norm. — En angl.
primrose.
Primes {prime')., adv., d'abord, en premier lieu. De primas.
Mais li Normant e li Breton Saisirent
primes les entrées.
BÉN., Chron. de Norm,, v. 10406.
Jurent que jà ne sera pris, Se primes
ne sont afamé.
Wace, Rom. de Brut, v. 348.
Primier. V. Primer.
-f- Prinse {apprinze"),s. /"., capture, prise. Du laL
prensa?7i, part. pas. fém. de
prehendere.
Vous ne cuidiez pas mesouen En
souffrir ne marque ne prinse.
Al. Chart., Le Bal de Fougières, p. 717.
Le Havre de Grâce est prinsen peu de jours. Apres ceste prinse, sa majesté s'achemina à Diepeet à
Rouen.
De Bras, Rech, et antiq, de la ville de Caen, p. 187,
Maître Philippe, prenant une prinse de sno (tabac) et ofïrant sa boëte...
Rimes Jers., p. 50, Récit en pr.
L'on dit de même, en patois normand, entreprinse, méprinse, reprinse,
surprinse, pour entreprise, méprise, repri.se, surprise ; comme aussi prins, éprins,
surprins, etc., sont usités pour pris,
épris, surpris... ' '^
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(delwedd C0855) (tudalen 0787)
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— 787 -
Prior iprior), s. tn.^ prieur. C'est le mol latin inaltéré. V. le mot suivant.
Et paiera cil qui aura ceste partie et rudra cliascun an de rente au prior de la cloupuie... quinze quartiers
de froment.
Part, de 1344, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Cti. des Comptes, p. 821.
Priorie, s. /"., Prioré, s. m. (priory), prieuré. V. Prior.
Corne le dit abey e ses predecessors fussent en saisine de la priorie de Seint Clément en l'isle de
Gersye...
Req. de 1308, de l'abbé du Mont S. Mich., cité dans Les cours roy. des îles norm. de M. Havet, p.
209.
Le 17 janvier 1553, je donné ii s. au serviteur et le fys ramener par Lajoyé à la prioré de S. Martin.
Journ. du s. de Gouheruille, p. G7. éd. A. de N.
Pris {price"), s. m., estime, opinion favorable. Du lat. prelinm,
mérite, excellence, estime. V. Estimation.
Tu sorquiers mult à mon seignor, Tolir
li voils pris e enor.
Wace. nom. de Roa, v. 12001.
Nul plus n'aime pris ne honor; Riche
est de faiz, poissanz e ber.
BÉN., Chron. de .\'orm., v. 6184.
De lui crut la renumée e pris.
Vie de S. Auban, v. 153.
Prison [prison')., s. m., prisonnier, littéralement celui qui est pris. — Prison, prisonnier, Kel.
Kant Rou leva el main, si prisonz apela.
Wace, Rom. ,1e Rou, v. 1000.
Jà à prison n'a jugleor
Ne feist l'om bien ne honor.
RÉN, , Cliron. de Norm-, v. 17471.
Pristin (pristine), adj., primitif, premier, ancien, d'auparavant,
d'autrefois. Du lat. pristinum. Alors que cet adj. appartenait au français
(V. le diction, de (iotgrave), il n'était pas
encore admis en anglais (V. celui de Sherwood).
Ennuyé de tant de maladies et ne pouvant recouvrer sa prisline sauté, il peusa à se retirer
d'Alemagne.
Vauq. de la Fre.sn., Or. fun. de Roaxel, p. 256.
Jusques à ce que Messieurs .l'umel, Anzerey... fussent députez pour reformer ceste université (de Caen) et
la remettre à son pristin estât.
lu., ibid., p. 261.
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(delwedd C0856) (tudalen 0788)
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/88 —
Priveté. V. Privité.
Priveted (privetee'), s. m., affaire privée, message secret. Du lat. privalum, particulier. Y. le mot
suivant.
Descendirent andui, aval la cité... et de priveted parlèrent.
Les Rois, p. 32.
Privez iprivie /o, participant au secret de. Sherw.),s. m. pi, confidents, amis, intimes, familiers. Du
lat. privos, particu- lier,
propre.
Des privez de Saint Thomas la vérité apris.
S. Thom. le Mart., p. 206.
Ses princes a trestoz mandez, E ses
barons e ses privez.
BÉN., Chron. de Norm., v. 4311.
Privité, Priveté {privilij, pvivacy. Sherw.), s. /"., relation secrète, privauté. V. le mot
précédent.
Tu as mesfait en ço que tu feis aïe al felun Achat, e eus privité e amur od le enemi nostre Seignur.
Les Rois, p. 340.
Quant uni assez ris e joé E de leur
priveté cunté. Li chevaliers cungié a
pris.
iMarie, Yicenec, v. 197.
Pro, Prou, Pru, Preu {pru', prowe\ ^vo?i\.\ prof ace! grand bien vous fasse !), s. m., profit,
avantage. Du \^i. pro^ pour.
Sh il est ceinte e engignos
E vezlez e mal artos,
E nos resachum (retirons) pro del fait.
BÉN., Chron. de Norm., v. 9086.
Rou li a res{iondu ke grant prou i areit.
Wace. Bom. de Hou, v. 1135.
Ço iert tuti pru.
Ad.\m, p. 12.
Peu de preu demeure aux cunquereurs.
Al. Ch.\rt., VEsp., p. 365.
Probation [proba.ion), s. /"., preuve, épreuve. Du lat. prohalionem,
essai, épreuve.
Entre les grands paours et inceriainetez est la probation de bonne espérance, plus reluisant et plus
loisible.
Al. CHAr.T. VEsp., p. 331.
Sans probation ne peult avoir aulcun attaint sa cause.
Ordon. du. Pari, de Xorm., de 1515.
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(delwedd C0857) (tudalen 0789)
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— 789 —
Procedement (proceeding), s. m., procédure, poursuites. Terme de droit.
Aultreineal les procedementz qui seroient faictz en tel cas en la court du roy, seroient fcustres et de
nul effi'Ct.
Le Rolullé, Gr. Cou t. de A'orm., i" ,5 V.
-{- Proculteux. V. Prolocuteur.
Procuratour, Procurateur {proeuratour. Palsg. ; procuralor),s.m., délégué,
représentant, agent, mandataire. Du lat.
procuralorem, celui qui a soin pour un autre.
Ceulz qui à cel concile furent, Quer
i. procuratour eslurent, PourTumnin
lit^nage semondre, Pour demander et
pour respondre Par devant Dieu, eu sa
présence Et pour oyr droit |.ar
sentence.
L'Ailrocacie N.-D., p. 5.
II fo jugiez que li atornez Robert Porchet ne se puet essonier contre la dame de Biaumont, del suen que
elle demande à Robert et à son
procurateur.
Marnmkr, Etablis. île. l'Ecli- de Suria., p. 152.
Proditeur [prodilory]., fidj., traître, perfide. Du lat. prodito
La trahison commise par le proditeur Gannelon, seigneur de Haute-Feuille...
De BiiAS, Rec/t. et anr. de la cille de Caen, p. 6.
Profeoie (prophecy), s. /", , prédication, instruction.
A la première profecie
Que deveit lire le clerzon,
Qui pris aveit beneiçon
Del evesque dememement,
Dist par treiz feiz tant solenient :
« Cent nefs ariva, etc. »
Ben., Clu'on. de Norm., v. 1312, p. 50.
Profundesce. \ . Parfundece.
Progenie {progenyi. s f., race, lignée, famille, progéniture. Du lat. proyeniem. V. le mot qui suit.
Merci frad à sun rei David e à sa progenie permanabiement.
Les liais, p. 210.
Si savoil bien les [)roductions qui de pieclià sont machinées contre sa [)rogenie, il meltroit toute sa
peine, etc.
p. CocHOy, C/iron. norm., p. 150, éd. de Beaurep.
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(delwedd C0858) (tudalen 0790)
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- 790 -
Progeniteurs (progenitora), s. m. pL, ancêtres, aïeux, pères. Du lat. pro(jenilores. V. Proyenie.
Le royaume de France est en affliction., pour avoir laissé la
vertu des progeniteurs.
Al. Chart., YEsp.,^. 312.
-|- Progner (to proigne , to prune), v. a., élaguer, émonder, littéralement tailler des provins, en lat.
propagines.
Prohibitoire iprohibitory). adj., prohibitif, qui fait défense, qui interdit.
Toutes personnes... refusoyent prendre (certaines pièces de monnaie) sous couleur... qu'il leur avoit
été dressé lettres du roy...
prohibitoires de plus en recevoir.
De Br.\.s, RecJi. et ant. de la ville de Caen, p. 148.
Prolocuteur {prolocutor, président d'une assemblée du clergé), s. m., avocat, avoué, procureur.
Le mot est calqué sur le lat.
pjrolocutor, avocat, défenseur, littéralement celui qui parle pour (quelqu'un). L'anglais Ta
emprunté à l'ancienne procédure
normande, en le faisant dévier de sa significalion étymologique, fidèlement conservée dans la
langue du droit coutumier
normand.
Le nom de prolocuteur (je) sçay : G'e.st
Cfluy qu'aulcun met pour soy (1) A
parler; de qui les paroles Doibveut
peser égaux o les (avec celles) De
celluy à qui le cas touche Comme s'ils
essient de sa bouche.
Coût, de iSorm. en v., p. 102.
Ceux qui pledent en demandant ou en défendant, sont appeliez pledeurs, mais les advocatz qui parlent
pour eulx sont appeliez prolocuteurs
ou conteurs.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Sorm., U Ixxxv, vo.
De prolocuteur l'on fit plus tard proculteur, mot que donne Gotgrave, comme synonyme de procureur et
qu'on retrouve quelquefois en
Normandie, avec le sens d'avoué, autrefois
procureur.
Mesm' orains à men proculteus Qui
n'est, ma fey, qu'un vieux peteus, Au
lieu de conté me n'afere, Kleurenche,
je me mis à braire.
L. Pet., Muse norm., p. 28.
(1) L'on écrivait soy y mais, comme le prouve la rime de ce mot avec
sçaij, l'on prononçait sei, forme
exacte du pronom dont il s'agit, en dialecte normand, écrit ou parlé.
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(delwedd C0859) (tudalen 0791)
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— 791 —
Promisse. V. Pramise.
Promptuaire {prnmpiuarij), s. m., dépôt, lieu où l'on garde, où l'on conserve. Du lai. prompluwium,
magasin, armoire.
Les grandes impenses, labeur?,... pour acquérir la science des ars liberaus et porter, quant et soy, comme
un thresor, magazin et promptuaire de
repenses et résolutions, etc.
Terrien, Co7>î/ne/i£. dudv. norm.,\> 711.
Lh -2S novembre 1.555, je reporté à maistre Jehan Bonnet le promptuaire des medales qu'il ni'avoyt
preste.
Jourri; du s. de Goubcrville, p. 231, éd. des Ant. de Norm.
-|- Propice {propice'), adj., propre, convenable. « Du bois propice à brûler. »
A retenu les aucuns, qui ont semblé gens de fait, et mis en garnison... et les autres, qui n'ont semblé
propices en fait d'armes, a ordonné... eulx retraire par delà la mer.
Citron, du Mono S. Mtc/t., Pièces div. (XV* s.), II, 187.
Propicielment (propiciously), adv., favorablement, d'une manière propice.
Si doublai je que les courages des hommes presens soient fort eslongnez de luy, qui sur tous a approuché
propicielment le peuple
chrestien.
Al. Chart., l'Esp., p. 388.
Propicius (propi lions), adj., propice, favorable. Du lat. propitium.
A noz impielez tu seras propicius.
LLb. psalm,, p. 82.
Pros. V. Prou.
Prosecution, Prossecucion {proseeulion),s. /'., poursuite. Du lat. proseculionem, action
d'accompagner.
Si T. te donne caution, Pleiges de prosL'Cution Fayre de sa clamour...
Coût, de Norm. en v., p. 137.
Pour querre et prendre Johannin de la Vente... le suivit le vi- conte et ii de ses sergens, et en la parfin
le trouvèrent à Honnefleu, pour iiii jours qu'il furent en la prossecucion dessus dite... par jour xxx s., vaUnt vi 1.
Compte de VHO, ci(é par M. Delisle dans les Aetes norm. de la Ck, des Comptes, p. 272.
Prosperement (prosperously), adv., avec prospérité, avec bonheur, heureusement.
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(delwedd C0860) (tudalen 0792)
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— 79^2 —
Mais... en bien faisant, oclroyent ilz aux hommes prosperement leurs
désirs.
Al. Chart., l'Esp., p. 339.
Prospre {proper. Gotg.), adj.^ propice.
Beaux ert li tens e pur li eir,
Prospres li vensi soef portans.
Vie de S. Grég., v. 2002.
1. Prou {profit). V. Pro.
2. Prou, Pruz, Prous, Près (prow), adj., jjreux, vaillant, brave. Du lat. prudentem (1).
Prou furent et vos fustes pros Et jo
vous tien à vaillans tes.
Wace, Rom. deBruC, v. 12898,
Al ostel trovf ses honames touz
Moult heité De lor seinnur, ke mont
pst pruz,
Vie de S. Thorn. deCantorb., var,, p. 619, 2' c.
I cil est le plus prous.
GuiciiARD DE Beaulieu, Sermuti, p. 15.
De Rou le buen le proz, le bel.
Bén., Chron. de Norni., v. 5638.
Proûsement (proxvse\ valeur, bravoure), adv., valeureusement, bravement.
Qui grant ovre embrasse e enlrise. Si
la face si vivement, Si bien e si
proûsement Que pru i ait honor e pris.
Bts., Chron. de Norm., v. 3590.
-f- Prouvable (pi'ovable), adJ.. que Ton peut prouver. Et trouva, par prouvable enqueste, ...
Ppc. Poèmes du .Mont S. Mich., p. 13.
En cas qui ne sont pas prouvables par tesraoings... il conviait qu'il (le plaideur) en face serment, et non
pas creu par simple {)arolle.
Le Rouillé, Gr. Coui, de Norm., f» vij vo.
Prove [proof), s. f., preuve. Du lat. probant. V. Prover.
({) L'un des motifs qui nous font préférer /jrarfens à, probus, comme ra dieal de noire mot, est que ce moi se
rencontre en v fr. sous la îoime prude.
Dens, ki ad tut le mund à guverner,
Vus benoie e guard, ki tant pers (se révèle) prude ber !
Vie de S. Auban, v. 23.
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(delwedd C0861) (tudalen 0793)
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- 793 -
Des queux ilespeiis ledit porteor seroit. cren par son sereinenl, sans aulre prove.
Cil. de l:W~, ciléo par M. Delisle daus VA g rie. en !Vori>i. au rnoij. àijc, p. 1 Iti.
Dans l'anglo-normand dont faisaient usage les anciens ju- risconsultes anglais, l'on disait
proofe.
Mes le pluis liant briefe que ils poient aver est 1* brief de Juris iitriun, lequel est graund proofe que
le droit de fee n'est en eux ne en nul
atjters.
LiTTi-KTox, In.'it., sccl. ()4().
Prové iproîvest'), adj., vaillant, brave, valeureux. Normanz se descendirent conie vassal
prové,
Wace, lioni. de Hou, v. 4062.
Provende {provende'), .t. f., prébende, canonicat, bénéfice ecclésiastique. 8e rattaclie au lat.
p)-ovidere, pourvoir. Provendre, prébende ; provender., prébendier. Kel.
Ne truis gaires ki riens me dunt, Fors
11 reis Heuris li secunl, A Baieues,
une provendii il me fist duner, Dex li
rende.
Wace, Hom. de Jfou, v. 531G. A deux
provendes de Nostre-Dame de Rouen, xv. 1.
Compte de la Vie <h- l'Enu de Rouen, cité' par M. de Beaurepaire, p.
46G.
Britton a dit. dans le même sens, provendre :
Prélats et religions demandaunts tenement estre apartenaunfs à leur esglises ou à lour provenilies.
Code, ch. XI. VIII.
Prover (la prove), v. «., éprouver, faire Tépreuve de. Du lat. probare. V. Prove.
Essaierent mei li vostre père, proverent e virent les meies ovres.
Lib. p.talni,, p. 139,
La mescine (le remède) est sovent provée, que jo i métrai.
GuiiHARD DE Beaui.ieu, Sermun, p. 26.
Prover, en anc. dial. norm., comme lo prove., en angl,, se dit aussi simplement pour prouver :
E li seinz comença mot h mot à prover
U li reis, par ces ieis, voleit tendre et aler. "
•S. Tlioni. le M art., p. 83.
Ce soit prové et requenu par le sereinent de xii haus homes,
Marnier, Établiss. de l'iLcIiiq, de ,\orin., p. 44,
60'
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(delwedd C0862) (tudalen 0794)
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— 794 —
Provision (provision), s. m., mesure de prévoyance, précaulioii. Du lat.
provisionem^ action de pourvoir à.
Il faut prendre en chancellerie Je chacune cour, toutes les provisions de justice, nécessaires pour son
ressort.
Teiiriex, Comm. du dr, norni., p. 724.
Provoire [pvowor'), s. ?«., prêtre. Du lat. preshylerum. Prûuvaire, prêtre. Kel.
Brutus pristdouse des aisnés, Des plus
vistes, des plus sénés El un provoire
Je lor loi, Gerrion, ses en mena ad
soj.
Wace, Boni, de Brut, v. G51.
La laie justice ne melra pas la main en l'auraosne au provoire ne es choses qui apartieunent à
l'éj^lise.
Marmek, Établis- de l'Echlq. de Norrn., p. 18.
Provost (pfûvosl), s. m., prévôt, premier juge royal. Du lat. proposilum, mis en avant. V. le mot
suivant.
Cil qui aveir escut, u chivalz, u buefs... durrad al gros, s al provost.
Luis de GuilL, G.
Venir ad fet de cest païs Tuiz ses
pi'uvoz e ses baillis.
Wace, Boni, de liou, v. C1C7.
Provosté {provostn/), s. f., prévôté, office de prévôt. V. Provost.
Au leuz (loup) bailla sa provosté.
Marie, Fable 11.
Le roy défend à tous ses officiers de prendre bénéfice de leur archevesque ou evesque, prieurs ou
chapitres, qui sont es bailliages, seuecbaucées, provoslez et provinces où
ils sont olliciers.
TEruilEX, Commenl. du dr. norai,, p. (iSU.
Proz. V. Prou.
Pru (profit). V. Pro.
4" Prudentement {prudenlbj), adv., prudemment. Du lat. prudenle mente. V. Absolulement.
Elle respond prudentement.
Le Mi.<t. de la Concept., dan-; La Concept, N. D. de Wace, p. 178.
Pruesce (pruwess), s. f., bravoure, vaillance, courage. V. Praz.
Ne fud pas de la pruesce as treis primiers.
Les Rocs, p. 214.
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(delwedd C0863) (tudalen 0795)
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— 79o —
Pur sa biaiité, piir sa pruosce, L'en
anieit bien tut li phiilur.
Marie, Laïuval, v. 22.
Pruverre (prover), s. ??;., personne qui met ;i répreuve,
Serat degviastet le mal des pécheurs, e serat confermet li justes ; li
pruverre (prohalor) del quer e des reins Deus li justes.
Lio. des Ps., VII, 9.
Pruz. V. Proit.
Psalme (psalm), s. m., psaume. Du lat. psnlmum. Al tun num dirrai psalme.
Lih. j)snlm., \x 21.
Dist. i. psalme qui a si non : In
exilu Israël.
Wace, Ln Concept. N. D., p. 74.
Palsgrave enseigne {Qram., p. '21) que, de son temps, tout en écrivant psalme, l'on prononçait salme.
Cette forme de la langue parlée
préexistait dans la langue écrite :
E ses quinze salmes chantant.
Marie, Purg., v. 2190.
Publieur {publisher), s. m., celui qui publie, qui annonce.
Mon disciple sainct Pol, herault el publieur des mes commandemens.
Al. Ciiart., VEsi).,\^. 280,
Pudrere. V. Puldrer.
Pui (piclh., élévation, hauteur), s. »;,, montagne. Du lat. poditiiii. icvlVQ. — Piz, le plus haut
point. Kel.
Hait sunt li pui e li val tcnebrus.
Chans. de RoL, p. 71.
Autre merveille regardout, Tandis cum
en cel pui s'estout.
BÉN., Chron. de Norm., v. 1399.
D'où puier, monter, remonter. Por li e
por son los, amont Saine puierent.
WacE, liorn. de flou, v. 4915.
Puldrer, .S. ?»., Puldrere, Pudrere, .>;. /'. {poulder*, jiowder)., ])0ussière. Du lat. jiiilvcrem. V.
Poudrer.
Je t'ai leved del puldrer, e rei te ai fait sur Israël.
Les Rois, p. 306.
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(delwedd C0864) (tudalen 0796)
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— 790 —
Li sancs del cors e de la chiere Li
chet à fais sur la puldrere.
i^iiN., Chron. de Mor/n., v. 877.
E vit di'squ'al ciel la pudrere... Ue
cels qui vieuent aprochier.
Id., ibid., V. 548.
Pulment, Poulment {pidmeni\ espèce de potage), s. m., toute espèce de mets en bouillie ou cuit
dans une sauce. Du lat.
pidmentum.
Il meist un grandeime pot al feu e feist un pulment, à lur
ces (gré).
Les Nois, p. 360.
Fist amener les poulmeuz qiiis Par
veiturers bons eslablis Qui les
livrèrent as soufreilous.
Vie de S. Grég.,\. 1687.
Pulpitre (pulj/it), s. m., chaire à prêcher. Du lat. pulpitum,
estrade.
Près et au dessous du pulpilrf, eslevez à grands personnages de la Vierge Marie et des douze
apostres...
De Bras, Rech. et antUj. de la ville de Caen, p. 175.
Purchacer, Porchacer {to purchnse), v. a., demander, obtenir, gagner,
récupérer, se procurer. V. Purchaz.
Li apeleur jurra. .. qui purhaur nel Ust ne pur altre chose, si pur sen dreil non purchacer.
Lois de Guill. , 16.
Oï aveiz cum failenient Seint Autbert
iist ])re[niereuient La cliapcle
de,-us le Mont E des reliques qui i su
ut Cum il les q\iist e porchaça.
Guill. de S. Pau;, Honi. du Mont S. Mieh , v. 2470.
Povrcacher se dit en patois normand, avec le sensdeyw»?*- chasser, chercher avec ardeur, Porcarher,
purcaeher se rencontrent dans la même acception, en ancien dialecte.
Son mal e son damage volenliers porcacba.
^VA' E r,om . de Hou, v. 4326.
Tel purcachi- le mal d'autrui, A qui
ce meisnie vient seur lui.
.Mabie, Fable 59.
Purchaz (purchase), .s, /»., action d'avoir soit de plein gré, soit par surpri-se ou par violence ; vol,
enlèvement. V. Purchasser.
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(delwedd C0865) (tudalen 0797)
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- 707 —
Testas en de tun purchaz Pleines les
mains e pleins tes bras.
Wacu, ItoDi. de Rou, V. 1039.
Selunc la lettre des escriz Vus
mustrerai d'une suriz Ki [lar puichaz
c par ciif^iu Aveil matiaige en un
nmlin.
Maiîik, Fable 3.
Pure et franche anmosne (fran/ialmoine. Cotg. v" A umosne) , s. f., termes d'ancien droil normand et
anglais. Donner en pure el franche
ainnosne .ou anniosner des terres, c'était en
disposer en faveur d'ecclésiastiques ou d'établissements reli- gieux, géhéralement pour en obtenir des
prières.
L'en dict que ceulx tiennent par oinosne, qui tiennent terres donées, en pure omosne, à Dieu et à ceulx
qui le servent... Le duc luy seul peut
faire les omosnes franches et ptires.
A m-. CoiU. (le Norin,, cli. xxxu.
Comme Nichole de Bois Hubert eust donné et otieié à hommes religieux l'abbé
et le couvent de Saint Evroul. en pure e
franche e quite aumosne, toutes les diesmes que il pourseiel en fieu lai en son fieu demaine, etc.
Ch. de 1303, citée dans les Mém. et notes de M- Aug. Le Prévost, II, 501.
Frank-almoigne est lou en ancien temps, terres fueront donés à un abbot et
son covent ou à un deane et à le chapitre et à lour successors en pure et ppr[»etual
almoigne, sans e.xpresser alcun
service certain, ceo est frank-almoigne ; et ils son tenus devant Dieu de fair oraisons et priers pour
le donor et ces heires.
Rastal, Dos termes de la ley.
Et liels que teignont en frankalmoigne sont obligé de droit devant Dieu de
faire orisons, praiers, mess etauters divine services pur les aimes de lour grantor ou feoiïor et
pur les aimes de lour heires queux
sont mortes...
Lirri.Ei.ON, Inst., 1. II, cli. vi, sect. 135.
-\- Purer {la pour), v. n., dégoutter, couler lentement. Du lat. purare, nettoyer. D'où le subst.
purée^ sorte de bouillie faite avec
des pommes de terre, des marrons, des fèves et autres légumes, que l'on écrase, après les
avoir soumis à une cuisson suffisante
et que l'on fait égoutter.
Lajoye revint tant moullé, qu'il puroyt de toutes parts.
Joiirn. dit s. de Gouherviile, p. 817.
J'o (j'entends) 1' cidre qui puri; dans l'auge.
Runes guern., p. 25.
Dépurer se dit aussi, avec lu même sens, à Guernesey :
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(delwedd C0866) (tudalen 0798)
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— 798 - Tes biaux qu'vaeux
(cheveux) i dépurent (1).
Ib., p. 84.
11 existe en patois normand deux mots qui nous paraissent se rattacher aussi bien par le sens que par
la forme i\ pvrer ; ce 9,ox\i pur (du
lat. pus, pvris), qui se dit pour pus (-i) ; et purin, urine des bestiaux laissés à
l'étable, que l'on recueille pour
servir d'engrais.
Purgatorie (puryatory), s. m., purgatoire. Du lat. puryalorium.
Ne pur ele nus sûmes certains Ke
solunc l'oure uat plus u meins Des
peines del purgatorie.
Marie, Purg., v. 111.
Parité (puriii/), s. /",, pureté. Du lat. pvritalera. V. Impu- rilé.
Carats sont les degrez de la bonté ou pnrité de l'or.
Terrien, Comment, du dr. norm ., p. 132.
Purloignement. V. le mot suivant.
Purluignier {lo purloir, enlever, forlraire, comme dit Sherwood), v. a., allonger, prolonger.
Tu piirliiigneras {dilalabis) les mi^ns pas suz mei, e nit-nt ne defaldrunt li mien talun.
Lie. des Ps., XVII, 37.
Qu'ele ne facel rien IJ liiz jurz n'i
ait bien, Ne li seit purluigniée La joie apareilliée.
PiiiL. DE ThAox, Compat, v. 19.
Porloigner, porloinyiier, porlonf/nier se rencontrent dans l'anc. dial., avec le sens de remettre,
différer, larder. Malgré la différence
d'acception, nous croyons que purlviynier est le même \erbe que porloigncr , porloinrjner et
porlonynier, et que ces trois formes
procèdent du même radical, le lat. prolongare, allonger.
Que contre lor decevement • E contre
tôle lor puissance
(1) Cette forme axiste en vieux français :
Tant que cest arbre porte fruict, • Du
quel puisse huile dejaurer Pour sa
maladie curer.
Le mist. du Viel Tes/.., y. 3988.
(2) Cotgrave donne purer, avec le sens de suppurer, et puron, avec celui de tumeur pleine de pus.
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(delwedd C0867) (tudalen 0799)
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- 791) —
Aiez seurlé, e liance, DeUensiun ; ce
vos lo à l'air*', Sefiz |)orl()ii;iier
e soiiz retraire.
Bén., ChroH. de Nom., v. 17771.
Mais a ço q'eitisi porloingnot Iço qe
SIS quers desirof .
fie (le S. GrL'(i.,\. 201.
Se li uus des champions est escomrneniez au jour de la bataille? Je respong :
la cliuse est porloiiguiée, ne il ne perl pas la querelle.
Marmer, Établiss. de l'EcIdq- de Norni., p. 96.
A ces dernières acceptions de notre verbe se rattache celle du anhslanliî piirloiy7iemenl, que donne
Benoît, avec le sens de prolongement
d'un récit. A ce mot correopond, de môme,
Vi\u^\pi\H]n()i(nnin(j, dont le sens primitif a dévié, comme il est arrivé pour le verba lo purloin.
Ne vos çn ferai purloignement.
Ckton. <le Norm., v. 2580.
Purpenser, Porpenser, Pourpenser [prepense, prémédité), V. «., penser mûrement, réfléchir
longuement, préméditer. — Purpensé^
prepensé^ prémédité, Kel, V. Py^epensed.
Bel piamisl et bel parlad, mais felenessemeiit le purpensad, que par ceo David à mort s'abandunast.
Les Rois, p. 71.
Pur ceo nos covicnt esgarder E purveer
e porpenser Que ne seiom del tôt
sopris.
Ben., Cliron. de Norm., v. 896i.
La piaincte doibt estre ainsi faicte : Je me plaing de P. qui, en la |>aix de Dieu et du duc, me assaillit
t'elonneuseraent à ma cIku lie eu
aguel puurpensé.
Ane. Coût, de Norm , ch. 75.
Purporter (ptirpjort., but, objets v. n., diriger vers, porter à, déterminer à. Du lat. p'erparlare,
transporter.
Si son queur li purporlast e son conseil li donast, prendreit de lui ce qu il ufDe à lui.
Lois de GuiU-, \t,
Purpos, Purpose (par/iose), s. m., intention, dessein, projet. Du l;ii. jiroposituin., dessein. V.
J'tirjioser.
r.t'Ueit seit Deu omnipotent, Qui ad
si bon purposenient Mis en tun quer e
hardemenl ;
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(delwedd C0868) (tudalen 0800)
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— soo —
Tun purpos e ta voli-nté Parface il
par sa bunlé.
Marie, Purg., v. 716.
Vers Guales mun pais est mun purpos teser.
Vie de S. Auhan, v. 34.
Ce fuist sone soveraigne purpose.
Brut d'Engl,, cite par M. Meyer, Bull, de la S, des anc, textes, 1878, p. 127.
Purposer {io purpose), v. a., proposer, décider. Purposé, déclaré, annoncé. Kel. V. Pnrpos.
Tuit cil de Israël uni purposed que jo serreie rei.
Les lîois, p. 2-29.
Cil qui s'avaient purposé E enz
estaient affermé E ne volstrent pur
lui partir Il lur irreit la porte
ovrir.
M.^RiE, Purg., V. 483.
Purpre (purple), adj., de pourpre. Du lat. purpuram. Ici, comme dans lurlle (V. Turlre) , dérivé de
htrtvr, le dernier r du radical se
change eu /.
D'une chère (d'un suaire) purpre vermeille
Me cuverez en une bière.
BÉN., C/iroii. de Norm., v. 1C38, p. 61.
Or volt li reis de ceste terre Trover
e dras e guarnement. Mut furent riche
mi parent; Assez en orent veir e gris Pailles, cendals, purpres e bi?.
Vie de S. Gile, v. 2144,
Purprendre (]nirpreslurc\ empiétement; (1), v. a., envahir, occuper, environner, enceindre. V.
Purprise.
Purpristrent mei li laz de mort.
Lib. psalm., p. 18.
(1) HomQ3 a usé du niol en anf.'lo-noimand.
A purprestures si le deffendeur puisse excuser son tort, ne conviendra
my que il eit respoigne sans
brefe.
Myrror of Justice, ch. m, sect. 27,
En bas-lat. du XI1° s. Ton disait en Normandie porprcstura : Idem reddit compotum... de 7 libr. 3 sol.
de mercato et poi'presturis recu-
peratis per juream.
Gr. rôle de l'Echi'j. des comptes de \ or m. cité par M. Lécbaudé d'Anisy,
Mém. dx la Soc. des Ant, de Norm.,
année 1S34, t. VIII, p. 357.
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(delwedd C0869) (tudalen 0801)
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-^ 801 -
E la terre envinin [turprist.
Wace, Rom. (h- Rou, v. 6429.
Purprise, Pourprise, s. f.; Pourprins, s. m. {purprise, ptirpi-ise'), pourpris, enceinte, enclos,
demeure. — C'est le part, pas.,
employé substantivement, du verbe purprendre,
pourpreiidre. V. le mot précédent.
Hoem treslot, lors des cloisons,
Avirouent, veient le assise,
Veient la force e la purprise.
Que si fermé esteit novele.
Béx., Citron, de .\orrn,, v. 3136.
Mais Dieu a sa marche (marque, sceau) mise
Es cieuix, et en leur pourprise
Est assise.
Al. Chart., l'Esp., p. 290.
Ne suftiroit pas i'adjournement estre faict à ses voisins ne à ses gentz hors de sa maison ou du pourprins
d'icelle, jasoit que le sergent ait
faict son debvoir d'aller à l'ostel.
Le Rouillé, Gr. coût, de .\orm., f Ixxxij v*.
PuTsiure. V. Porsuir.
Purtraiture {pour irai lui- e'], s. /'., dessin, peinture décorative. V.
Porlraire.
Tule celé parei esteit cuverte de or, à riches ovres e à riches purlraitures.
Les Hois, p. 218.
1 Purveance, Pourveance, Pourvoiance {purveans, Gh. ; pnrveyance")., s. /'., prévoyance. Se
rattache au la[. prœvideî-e,
littéralement voir avant.
Tels est de Deu la purveance, Les
greignurs turmenz, sanz dutance, Sunt
plus parfunz e plus custus, E li
autres sunt meins grevus.
Marie, Purg., v. 127.
Qui bien quiert par congnoissance...
L'abondance ,
De la haulle pourveance, Où toute
bonté se puise, N'en doit mettre la
doutance Sur la divine substance.
Al. Chaut., l'Esp., p. 290.
Mais Dieu, qui met tout à saison,
Selon sa noble pourvoiance,
Prist des. iii. tesmoings vengeance.
PeC. Poèmes dit Mont S. Mic/i, , p. 29.
51
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(delwedd C0870) (tudalen 0802)
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— 802 —
2 Purveance, Pourveanche, Pourveance [purveyance), s. /., approvisionnement, provisions. Dérive du
mot suivant.
Samuel cumanda que l'iim aseist devant Saiil le mes real, que il out }»wr purveance cumandé.
Les Uois, p. 31.
Item, au dit Robert, pour une flique et deux grans pieches de lart, achetées pour pourveanche.
Compte de 1349, cité par M. Delisle dans les Actes norm. de la Ch. des Con^ptes, p. 377.
Item, que nulz des mallades ne aille ne entre en la ville de Bernai... (si ce n'est) pour cause et
raison de leur pourveances ou de leur
grant nécessité acquérir et procurer.
Statuts de la maladrerie de la. Magdelaine de Bernay, de 1307, cité dans les Méni. et notes de M.
Aug. Le Prévost, 1,320.
Purveer {to pKrvaye. Paisg. ; to purvey* ; lo purvey), v. a., procurer, pourvoir de, fournir. Du \at.
jvovidere. — Purveier, purveer,
pourvoir. Kel. Y. Purveance 2.
Alcun qui bienseit chantant purveez, e devant mei le menez.
Les Rois, p. CO.
Saint Espir, qu'il aveit, •
Par quei il purveeit Tûtes les
créatures De diverses figures.
Phil. de Thaon, Comput, v. 1499.
Pot {ptif iO, puant), adj., vil, bas, indigne. Du lat. putidum. Put, déshonnête, Kel. V. Debonere.
Cunlreli vintquens Gwine, Ki muît
esteit de pute orine.
Wace, Rom. de Rou, v. 9809.
... Li envius
Est de putes murs.
Phil. de Thaon, Comput, v. 140.
Puterie (puterie*), s. f., fréquentation de prostituées. V. le mot suivant. •
Là erent teus les puteries E si faites
les drinkeries. Que desqu'en Inde la
vermeille, Ne fu oïp teu
merveille.
Bén., Chron. de Norm., v. 39031.
Syraonie, couverte puterie
Font bien souvent entreprise mauvaise.
P. Gring., I, 90.
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(delwedd C0871) (tudalen 0803)
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— 803 —
-|- Putier (pulotir'), s. m., individu qui fréquente les prostituées.
Cotgrave donne le mol en ce sens, comme mol français.
Pulier, comme le mot précédent pulerie, se rattache au lat. y>«7a, jeune fille. Pttte, en français,
a eu longtemps celle acception. Avec le temps, le mot a dévié de son sens
primitif et est devenu, sous la forme
^^w^am, la dénomination des femmes de
mauvaise vie. Il en a été de même de garce, mot qui pri- mitivement avait un sens honnête, sens
qu'il conserva encore quelquefois en
Normandie, et qu'on n'applique plus aujourd'hui qu'aux prostituées. Le mot
fille, lui-même, n'est-il pas souvent
employé en mauvaise part 1
Puz (put' 7j, s. m., cavité, trou. Du lat. puteus.
Ne covret mei li fluez del ewe, ne ne tranglute mei la parfundesce, e ne
cnrunel sur mei li puz [puleus] sa biiclie.
Liv. des Ps., LXVIII, 18.
Qenu, Keneu (hneiu, knoiv), connu. V. Kenoissance, aconnaitre.
Ne seroient par abatuz, Tant par erent
qeriuz
Vie de S. Grég., v. 2813.
Ja mes jor ne serrai veue En tere où
seie keneue.
Ilist. de Gidl. Le Maréchal, \ . G783.
En dialecte normand, la chute de l'o entre c et m, est des plus fréquentes; celle de la même voyelle
entre c ou A et n est plus rare ; nos
mots qenu et keneu en fournissent des
exemples (1). Dans les anciens textes normands, quand l'ini- tiale était un c, cette syncope s'indiquait
généralement par la substitution de
que k c ; c'est ainsi, par exemple, qu'au lieu de commun, commander, l'on a dit quemtm,
quémander {'2). De
(1) Un exemple semblable se rencontre dans le mot, coir.posé rekenea,
qui s'est dit pour reconnu :
Ta créature est tut n'eit lei Deu vekeneu.
Vie de S. Auban, v. 874.
(2) Cis se sont par consel quemun
Tôt assamblé et pris à un.
Wace, nom. de Brut, v. 28'J3. Ce
quémande hastivement.
BÉN., CAron. de Norm., v. 15673, var.
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(delwedd C0872) (tudalen 0804)
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804 —
même, connu s'écrivait quelquefois quenu et se prononçai k'nu, comme on dit encore journellement en
patois normand cmode c'mencement,
etc., pour commode, commencement.
Quant à la forme qenu, employée pour quenu dans le texte cite plus haut, il est à noter que l'auteur
de la Vie de S. Grégoire remplace toujours que par qe, de même qu'il écrit
qei pour quei^ onqes pour onques, etc.
Le q, dans tous ces exemples, sonne comme le k. Du reste, cette lettre,
associée à l'e. remplace aussi
quelquefois la forme que, plus commune, équi-
valente de com, dans kemander, par exemple, qui s'est dit et se dit toujours en Normandie pour commander
(1).
Quaille (quail), s. /"., caille. En bas lat. quaquila. L'on a fait de ce mot un sub.st. masc.
Randolf de Broc, per au quaille, Ke ne
valout iinkes une maille.
Vie de S. Thom. de CanC, p. 619, c. i.var.
Le mot s'est dit en v. angl. pour prostituée, suivant Halliwell (V. son
Diction, à Quail i) ; c'est ainsi qu'en français l'on appelle encore aujourd'hui une femme
galante une caille coiffée.
1. Quarrel (quareV), s. m., pierre de taille. Dubas-lat. quadrelliim,
diminutif de quadrum, un carré.
Grant i fu li destruiemenz, N'i remist
quarrel en maisiere Ne tor demie ne
entierre.
Béx., Chron. de Norm., v. 15454.
Pour... faire une serclie (recherche) de quarriaux de taille...
Compte de 1310, eue par M. Delisle dans les Actes norm de la Ch. des Comptes, p. 250,
2. Quarrel [quarelle*), s. m., carreau, trait d'arbalète, flè- che à quatre pans. V. le mot
précédent.
D'un arbaleste ne poet traire un quarrel.
Chuns. de RoL, p. 189.
Tr. lient saietes et quarrials.
Bén. , Rom. de Troie, v. 15699.
Quarrière {carreer, Sherw.), s. /"., voie charretière, que l'on appelait aussi charrière. Quarrière est en
ce sens, comme mot français, dans
Cotgrave. En provenç. et en ital. carriera, en
(1) Puis kemanda qu'en nule guise
Au vilains qu'il n'i adisasl.
Marie, Fable 46.
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(delwedd C0873) (tudalen 0805)
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— 805 —
esp. carrera, en porlug. carreira. Quarrière dérive de car, char (V. care)^ de même que charvicre vient
de char. V. Charrere.
Item, m'appartient un chemin, appelle la Qiiarriere Berlran, qui s'en yst de la parroisse de
Briquebec... et doit avoir la dite
quariicre ijuatoize piez de ley, elc.
Aveu lia 1395, cité par M. Delisle dans l\4f/ric. (•« A'orm. na tnoy. âge, p. 109.
Quarters (dei {lo ^/îmr^er, écarteler, partager en quatre, par une ligne horizontale et une autre
perpendiculaire. Terme de blason),
loc. adj., écartelé, dans le sens héraldique qu'on vient d'indiquer. -
En lur rois pendent Inr escuz de quarters.
Chans. de lioL, p. 325.
Quarlylé s'est dit aussi pour écartelé.
Les armes furent de or e de goules quartylé.
Ilist. de Foulques, p. 4.5,
Quasser (loquask), v. n., rompre, briser, écraser. Du lat. qnassare. Quasser, casser sont synonymes
dans Cotgrave. V. Cas.
As premers colps i unt ocis Gualler,
Turpins de Reins, tut sun escut percet, Quassetsun elme, si l'uni naffrel el
chef.
Chatis. de Bol , p. 173.
Li dux Guillaume L'>age Espée A si
en main ceste ovre prise, Que la chose
ne seit raanmise, " N'en aucun
sen mais relaschée. Ne quassée ne
empeirée.
BÉiN., Citron, de \orrn., v. 10526.
Quel, Kei (qniel), adJ., coi, qui se tient tranquille, sans rien dire. Du lat qtdetum. V. Quiète 2.
Pur Pinabel se cuntienent plus quei.
Chans. de llol., p. 317.
Mes le huens reis de France ne l'en laissa pas ki^i.
S. Thom.leMart.,\^.m.
Queinte, Quinte, Ceinte {quaint'J, adj., ingénieux, rusé, astucieux. V. Cuintise.
Que ne oiet la voix des mnrmuranz, ne del enchanteiir, les enchantemenz cuinies [incanlaliones
callidas, àh le texte lalin).
Lia des Ps., LVII, 5.
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(delwedd C0874) (tudalen 0806)
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- 806 -
N'out plus queinte pur conquerf
Ben son dreit, Ne nul si hardi en la
tere.
Vie de S. Thom. de Cantorb .,v. 194.
S'^ il pst cointe e engignos, E veziez
e mal artos. ..
BÉN., Chron. de Norm., v. 9086.
Queir (quest, demande, sollicitation), v. o., demander, solliciter. Le verbe
normand vient du lat. qiiœrere et le subst.
angl. de quœsilum, part, pas de quœrere. V. Sorquidant.
Vus quiestes David qu'il n^gnast sur vus.
Les Rois, p. 130.
Rollans me forfist en or e en aveir,
Pur quel je quis sa morte sun destreit.
Chans. de Roi., p. 314.
+ Queminel. V. Simnel.
Quemise {kemse', camis'), s. /"., chemise. Du lat. camisiam. La forme normande se rattache à ce radical
parle changement régulier de Ya en e,
comme dans jaloux, appartenir, etc., dérivés de zelostim, periinere. Le mot
n'avait pas primitivement le sens que
renferme le subst. chemise ; il servait à désigner une espèce de long vêtement, qui ne se
portait pas toujours sur la peau.
La kemise à la virge, ki fut raere Jhesu.
Wace, Rom. de Rou, v. 1601.
j'avois une belle quemise • Au point
percier Ane. chans. norm. à la suite
dn Vaux-de-Vire de Basselin, p. 232.
Le pouor honimn d'minde sa q'raisp.
Bim, j'ers., p. 79.
-|- Qnen (kenef, pelit chien (1) ; kennel, chenil), s. m., chien. Du lat. canem. L'on prononce kien
d'une seule syllabe. Kien, chien, Kel.
— Kienncrie était, au moyen âge, le nom
d'une redevance due par certains vasseaux au sr'igneur, pour la nourriture et le logement de ses chiens
de chasse. V. Du- cange à
Chenavia.
Le juges au kien demanda Se il de ce
nus tesnioins a.
Marie, Fable 4.
(1) En patois normand, i/uenet se dit encore aujourd'hui pour petit
chien ou pour jeune chien.
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(delwedd C0875) (tudalen 0807)
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— 807 —
Doit... une mine de brest (bran?), pour faire du pain à ses quiens.
Ch. de 1410, ci(6e par M. Delisle dans VAgr. on Nom. au moy. âge, p. 388.
Yl ont mangé qiiiens, cats, cuirs et len.
D. Fei!., Muse norni., p. 7t.
Y vient en quien couchant, y fait le bon apôtre.
L. Pet., Muse norm., p. 110.
11 nous parait probable que le subst. angl. quean, gourgandine, pro.stituée,
a signifié primiiivement chienne, en dialecte
normand queue on kiene. Dans son Dict. angio norm., K-elham donne quena, avec le sens de femme.
Ajoutons que, dans Tancienne langue,
les femmes de mauvaise vie sont quelquefois désignées sous le nom de lisse ou
de lisce (lice, chienne).
Pute mauvese, vil lisse abandonnée.
Bat. d'Aleschans, v. 3041.
Fils de iiscp.
T)vc.,Filius.
-\- Quenelle (A-emie/, canal. Sherw.), s. m., cannelle, robinet en bois pour tirer les liquides.
-f- Quenet. V. Quen.
+ Quercan {lo querken', étouffer, étrangler), s. m., carcan. Le pat. norm. a de même enquercaner ., qui
se dit pour mettre un cdiTcan. Quercan
indique particulièrement, en ce patois,
une espèce de collier en bois, que l'on met aux porcs et dont les parties saillantes empêchent ces
animaux de traverser les haies. Dérive
de l'anc. scandin. qverk„ cou, gosier.
Querelle (querrele'), s. f., plainte. Terme d'ancien droit normand. Du lat.
querela, qui s'est dit pour plainte en justice. « Les loix angloises et écossoises, fait
remarquer Houard, donnent à ce mot le
même sens (celui de plainte) et la même
étendue. » {Ane. loix des François,, I, 576).
L'anc. coût, de Normandie détermine plusieurs sortes de querelles. Il y a la querelle criminelle de
dicl qui est une «plainte rendue en
justice d'injures atroces et qui feroient
perdre la vie à celuy à qui elles sont dites, si on luy avoit reproché
la vérité» (chop. lxxxvi). 11 y a encore la querelle crimi- nelle de fait, qui est une « plainte rencue
en justice, de meurtre, d'homicide, de trêves enfreintes et d'autres crimes
semblables » (chap. Lxvii). Elle distingue encore la « simple querelle personnelle de dict » (chap.
lxxxvi) de la « simple querelle
personnelle de méfiait » (chap. Lxxxv).
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(delwedd C0876) (tudalen 0808)
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- 808 -
■ Item, si hume relessa à im auter louts maners d*^ quarrels eu touts controversies ou devates enter
eux.
LiTTLETON, Instit., seciion 511.
De même, on disait quereller^ pour actionner en justice, poursuivre devant un tribunal :
11 convient donc veoir qui doibt estre querellé de" telles querelles et
comment. Toutes personnes layes en peuvent eslre querellées, etc.
Le Rouillé, Comment, de l'anc. Coût, de !S'or/n., ch. xc.
Dès le XII* S. quereler avait cette acception en Normandie :
" Se clercs de tenement volsist lai quereler... Par duze (jurés) le fereit la justice
prover.
S. Thoni. le Mart., p. 86.
-f- Queri (to query), v. a., quérir, chercher. Du lat. quœrere. L'on prononce cri.
Je m'en vais cri la demoiselle, repondit la servante. Et elle disparut comme elle était venue. —
Qu'entend-elle par ces mots : je vais
cri? demanda Liane. — Je vais quérir, expliquai-je,
Ch. Desly^, Liane, p. 332.
J'ons donc couru d' droite et d'gauche, à ijrand'peine, Pour qu'ri l's objets qu' j 'avions promis
cheux nous.
Maie' Jaqu' d Rouen, p. 29.
Querquier {queerqiiist\ énigme, question obscure, littéralement chose clierchée),
v. a., chercher. Du lat. circare.
VA graut hardement que Dieux ly fist querquier.
Fr.\ncisque Michel, citation par lui faite, Chron. de Sorm., II, 8i.
Querqent de DfU viande à sel (quœrant a Ueo escam sibi).
Lib. psalni., p. 152.
Semplant faiseit que il quersist '
Tôle altre rien que il ne list.
GuiLL. DE s. Pair, Hom, du Mont S. Midi , v. 1869, var.
Querre {to query), v. a., démancher. Du lat. quœrere, demander.
... il querreient que RoUansfust ocis.
Chans, de Roi., p. 34.
Or n'i a plus ; mais Ci-s vus quer
Qu'en tut le mund n'ait chevaier
En qui plus vous liez de mei.
BÉN., Chron. de Norm., v. 1913.
+ Querriage {carriage)^ s. m., charriage, transport. V. Carier.
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(delwedd C0877) (tudalen 0809)
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809 —
-|- Querrier. V. Carier
Quers, Guer (quere. Palsg.; quire), s. m., chœur, partie de l'église où l'on cliante rofficc divin. Du
lat. chorum. Qnereslere, choriste.
Kel.
N'eut plus bêle ovre eu lot le inunt,
Beaus fu 11 quers, bêle la nef ;
D'or e d'azur, d'inde e de bief
I ont mainte bêle ovre peinte.
Bén., Chron. de Nanti., v. 2G076.
Alez là sus el cuer, à vos vespres c.haunter.
S. Thohi. le Mavt., p. 191.
Queuvrechief, Guevrechief [keveclier\ kevercheffe'), a. m., couvre-chef.
Son chief estoit roqué d'un queuvrechief sale.
Al. Ciiart., l'Esp., p. 263.
Un gros queuvrechief, 2 s. 6 d.
Invent, de 1465, cité ptar M. Ch. de Beaurep. dans ses Notes et doc. sur la Sorm., p. 405.
Draps, linges... el cuevrechiefz.
Chron. norm. du XI V s. , p. 7.
Dans le texte suivant, quevec/tel paraît dit pour bonnet de nuit :
Cescun reseant en la vile de Gaany doit trouver et aporter à la court (au domicile de l'abbé de S. Ouen), i
coûte (couverture), qui l'a, et qui ne
l'a, ii draps en lit et i quevechel qui les a, toutes fois que Mons. l'abbé i vient.
Liv. des Jur. de S. Ouen de Rouen, cité dans les Uéni. et notes de M. Aug. de Prévost, II, 166.
Quevechel. V. Queuvrechief.
-]- Quideau, -|- Guideau, Guidai (ki/del\ kiddle*), s. m., espèce de filet en forme de sac. Quideau et
guideau sont donnés en ce sens par
Gotgrave comme mots français.
Item, un tramail, un quidel ou saure (f).
Invent, de 1307, cité par M. Delisle dans VAgrie. en Norm. au moij. âge, p. 725.
Pour un guidel eschappé, bouticle de poisson eschappé..., pour chacun iv deniers.
Aoeu de 1526, cité dans les Me m. et notes de M. Aug, Le Preaost, III, 6.
(1) Ces deux mots ijuidel et saure sont dans Ducange, Gloss. J'r., avec
le sens d'engins de pêche.
51*
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(delwedd C0878) (tudalen 0810)
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- 810 —
chacune personne qui va pe?cher aux quideaulx et autres engins, es diclz
lieux et grèves de la mer...
Doc. sur la fond, du Havre, p. 402.
Quiement [quietly), adv., tranquillement, avec calme. Du lat. quieta meule. — Quelmenl^
paisiblement. Kel. V. Quiele, 1 et
2.
Mult quiement le dit à sei mesme.
Chans. de Roi., p. 126.
Quoiement, coyement, formes qui se rattachent plutôt au dialecte de l'Ile-de-France qu'à celui de
Normandie, se sont dits cependant en
ce dernier dialecte, avec le sens que l'on
vient d'indiquer.
Puis lur mustre l'enbuschement U il se
mettrunt quoiement.
Bén. , Chron. de Norm., v. 709.
Se countindrent coyement.
Hisi. de Foucques, p. 27,
-j- Quiertier (carter), s. m., charretier.
Eresienes (étrennesj du jour de l'an... au caretier, 2 s. 6 d.
Compte de 1434, cité par M. Ch. de Beaurep. dans ses y êtes et doc. sur la Norm, , p. 267.
Ung gans au caretier de l'abbaye pour charger les fagots, 20 d.
Autre de 1421, ib., p. 394.
1. Quiete, Quieté [queate'), s. /'., paix, tranquillité, repos. Du lat. quietem. . Quiement, quiete 2.
A Quevillie vint sejournier Li dux,
por la noise eschiver ; De quiete
esteit besoignos.
BÉN., Chron. de Norm., v. H477.
Mes ancestres d'Escoce le régné Icest
honur tindrent en quieté.
Chron. de Jord. Fant., v. 742.
Britton a dit quête, dans le même sens :
Pur ceo que nous volons que ils eyent tele quête, est ordiné le brefe de droit clos.
Code, 66.
2. Quiete [quiet), adj., tranquille, calme. Du lat. quietum. V. Quiement, quiete \, quei.
E par le dener que ii seigneur durrat, si erent quiètes ceals qui meinent (demeurent) en son demainer.
Lois de Guill,, 18.
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(delwedd C0879) (tudalen 0811)
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— 811 —
L'adj. fr, quitte a signifié primitivement tranquille, et de là est passé au sens actuel de libéré.
Quique chose (kickshmv, colifichet, friandise), quelque chose, une chose que l'on promet, mais que Ton
précise pas ; qu'on laisse entrevoir
comme devant être agréable el que l'on veut
faire désirer : « Si tu me l'dis, j'te bàrai quique chose. »
Outre cette acception restreinte, la locution « quique chose » a encore le sens général que possède en
français celle « quelque chose. »
Fallait l'attinter assez hein, pour ersembler à quique chose.
La BaslauUe, sal , iiolit. publiée à Jersey en 1871, p. 10.
J' m'attendais à quiqu'chosê anieu (aujourd'hui).
Rimes Jers., p. 167.
Quique^ qiieque, qiievque, sont les formes, usitées en patois normand, de l'adj. indicsiïf quelque. Au
XVll" siècle, on admettait encore que VI dans quelque ne devait pas se
prononcer. V. Chifflet, Gram.., p.
281.
Kickshaw, dans Halliwell, est la dénomination d'un mets qu'il ne spécifie pas et qu'il dit
appartenir à la cuisine française. 11 est probable que c'est le même que
celui auquel Gotgrave applique le nom angl. quelkchoses et le nom franc,
fri- candeaux. Notons toutefois que,
suivant la description qu'il en donne,
ce doit être un mets délicat et toute autre chose que notre vulgaire fricandeau. Voici comment il
le définit : « Fri- candeaux, short,
skinless and dointy puddings or quelkchoses,
made of good flesh and herbs chopped together, then rolled up into the form of liverings (1) ete and
so boiled. »
Quir {quirboily, Gh. , quirboile\ cuir bouilli), s. m., cuir. Du lat. corium. — Quir, cuir. Kel. V. le
mot suivant.
Si 'n deit boni perdre e del quir e del peil.
Chans. de IloL, p. 87.
Sire Ernald de Lyls fist fere une eschiele de quyr, de meisrae la longure de le fyl de saye qe s'ariiie ly
inaunda.
Ilist. de Foulques, p. 37.
Un livre, en un fourrel de quir bouli.
De Laiîorde, Notice des Emaux, p. 239.
Quirée, Cuyrée (curiet*, cuirasse), s. f., espèce de casaque
(1) Ce mot, que l'on ne rencontre pas d;ins les dictionnaires anglais
modernes et qui manque aussi dans le
diction, de Sherwood, complément de ceiui de
Colgrave, est donné par Halliwell, qui le définit ainsi: « A kind of
pudding niade of liver, aud rolled in
the fonn of a sausage. »
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(delwedd C0880) (tudalen 0812)
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— 812 —
ou de hoqueton, en cuir épais, servant à protéger un combattant. Cotgrave
donne, comme mot français, cuirie, avec le
sens de sayon en cuir. La forme de cette armure se modifia avec le temps. Ce ne fut qu'au XVI^ s.
qu'au nom de cuirée (1), on substitua
celui de cuirasse. V. Qiih\
Les haubers restent demaneis E lacent
heaumes e quirées.
BÉN., Chron. de JSorm., v. 11839
Au jour qui est assis à faire la bataille, se doibvent les champions offrir à
la justice, ains qiie heure de midi soit passée, tous appareillez en leurs cuyrées ou en leurs
cotes, avecques leurs esciis et leurs
bastons corijus, armez, si comme meslier sera, de drap, de cuyr, de laine et d'esioupes. Es
escus, ne es bastons, ne es armures
des jambes ne doibt avoir fors feust ou cuyr ou ce ipii est devant dit (2).
Ane. CouC. iltR Norm., ch. 68.
Quisse (quises\ coussinets que l'on plaçait sous les parties de l'armure dites cuissards, pour protéger
les cuisse.s), s. /"., cuisse. Du
lat. coxam. — Quisse, fesse. Kel.
Li reis jut à terre abatu, ço vus di ;
Entre ses quifses giseit le cheval sur li.
Chron. de Jord. Fant., v. 1800.
Gugemer fiert en tel manière En la
quisse, que del ceval Le list caïr
mult tost a val.
Marie, Curjenier, v, 100.
En patois normand, l'on dit qneusse.
Quitance {quittance), s. /". , récompense, don, abandon. Du bas-lal. quielantiam, du lat. rjuietare,
donner le repos à.
A cestui, od vostre otreiance, Faz del
règne dun et quitance.
BÉN., Chron. de Norm., v. 8280.
(1) Cuirée n'est autre chose que le part. pas. fém. de cuirer, garnir de cuir, employé substantivement :
Et li lit saint Thomas estcit apa raillez
De sus un chaelit, qui tui esteit cuirez.
S. Thom. le Mart., p. 137.
(2) Hornes décrit à peu près de la même manière l'armement permis aux champions dans les combats judiciaires,
dont les Normands avaient introduit
l'usage en Angleterre.
« Les corps soient armés sans feinte de eotun et balein ; que les testes
et les Grailles et les mains soient
.discovertes, les cuisses, les reins, les jambes et pies soient armés de cuire et chescun eyt
escu de cuire et baston cornu, de une
assise «d'un seul morceau) »
Mijrror de Justice, ch. m, sect. 25.
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(delwedd C0881) (tudalen 0813)
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— 8-J3 —
Dei aveir lo P.iUadion
En fine quitance et en pès.
Id . Rom. de Troie, v. 26694.
Quitée. V. Cuitéc.
Quitement {quilemenl* ) , adv.^ complclemenl. sans réserve. — Quitement^ entièrement. Kel.
E Riclirti't nra tôt quiteinent, ainz un meis.
Wace, liuin. de Eau, v. 3636.
Pur la preere qu'aie me fait, Vos
rendrai à li quitement.
BÉN., Chvon. de Xorm.. v. 2929.
Quiterne {gillernc, Sherw ), s. /'., guitare. Du lat. cilharam. QuUernc est, comme mol français, dans
Colgrave, en ce sens.
Les quels rossignols se animent davantage sur les arbres de ceste cercle, en l'annonie des cornets,
flûtes, violons, luts, qui- ternes,
mandores, chants de musique.
De BiiAS. liec/i. et nnt . de la oille de Caen, p. 6.
Quoi [lo coyc\ charmer, caresser), adj.^ doux, caressant. Du lat. f/uielum.
Si est sa voix et basse et quoie.
N'est pas plus halte de la moie.
Marie, Fable 65.
Quoiement. V. Quiemcnt.
Quoque (cock' 5, eoiy, coggle), s./'., bateau léger. V. Coquel'i, cogue.
Sachent touz que je Guillaume de Bourdeaux, mestre de la quoque du roy nostre sire, acquise sur les
Engloiz, cognoiz avoir euetreçeu...
pour distribuer à plusieurs honmes qui doivent aler dedens ladite nef. etc. ,
Déch. de 1338, citée par M. Delislo dans les Actes norni. de la Cli. des Comptes, p. 196.
Quor, Quors. V. Cor.
R.
Rabat [rabbel]., s. m., saillie, corniche.
Item, eu bout du rongnet des dites aez (planches, ais), pai ii< - vers la cheminée, sus un rabat de piastre
qui y est, trouv.isiues iiii fardiaux
clos, etc.
Invent, de 1334, cité par M. Delisle dans les Aete.-i norm. de la Oh. des Comptes, p. 105.
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(delwedd C0882) (tudalen 0814)
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- 814 -
+ Rabette [râpe, colza ; rabben", rave, navet ; rabone', radis), 5. /"., colza, variété de chou
champêtre, cultivée comme plante
oléagineuse ; la graine qu'il produit. La racine épaisse et pivotante de cette plante affecte la
forme d'une rave, en Y. fr. i-abe (V.
le diction, de Cotgrave), d'où le diminutif
rabelle, dit pour petite rave. Rabe, râpe, rave, dérivent du lat. râpa.
En angl., râpe désigne la plante, et rape-seed, la graine qu'elle produit. En patois normand, comme
dans l'ancien dialecte, la plante et sa graine ont une dénomination
commune, rabette :
Et par semblable, d'huille de noix, rabette et de myel.
Coust. de la vie. de l'Eaue de Rouen, art. 15.
xxiiij barilz plainz de rabaiete.
Comptes de Dieppe (XV* s.), cités par M. Delisle, dans l'Agr. en Norm. au moy. âge, p. 325-
Le suppliant mist icelle malette et la couvri en paille de rabatte.
Let. de rém. de 1392, Duc, Rabea.
Rabine {rabine' , force, violence), s. /"., course, élan. Du lat. rapinam^ action d'enlever précipitamment,
de rapere^ saisir. Dans le passage du
lat. au fr., \e p du radical se change sou-
vent en b; c'est ainsi que capulum, apicula, etc., ont donné cable, abeille.
Ausi cum glaive ist de gayne U cum
lion prent sa ralDine, S'en eisi l'uns
d'armes garniz.
Bén., Cliron. de Norm., v. 389, p. 16.
Racontement. V. Recunlemenl.
4" Rade (road, chemin, voie), s. f., sentier formé par le passage fréquent des piétons dans un bois,
une lande, une bruyère, un champ,
etc.
D'oii un autre mot de patois, rader^ s'acheminer.
Faut nos rader ciez nous.
Rim. jers., p. 64.
Rade, en patois, sert encore à indiquer le milieu d'une route, la partie de la voie sur laquelle
circulent le plus souvent les voitures
et où les roues laissent des traces.
-\- Râfe [raff" A), s. f., rafle, enlèvement. « Faire sa rafe », Cotg., Diction. Le patois normand a aussi
le verbe râfer, rafler; du lat.
rapere. Cotgrave donne de même rafer, pour
rafler.
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(delwedd C0883) (tudalen 0815)
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— 818 -
Rafrechissement [refreshment, Cotg.), s. m., aide, secours, soulagement. V. Resfrechir.
Si ordonne led. s"" de Bethencourt... qu'il s'en yroit avec
lesd. maroniers... et que le plus tost
qu'il pouroit revendroit et amenroit aucuns rafrechissemens de gens et de
vivres.
Le Canarien, p. 14.
-(- Rafûts [raff)^ s. m. pL, fatras de vieilles défroques, de meubles usés ou brisés.
+ Rageux {rageons'), s. m., rageur, individu enclin à la colère. Cotgrave donne rayeux en ce sens,
comme mot français. V. le mot suivant.
De ces bois sont sortis les satyres rageux.
Vauq, de la Fresn., jrirt poét., II, p. 64,
Le subst. ragexir et le verbe rager n'ont été admis par l'Académie que dans
la dernière édition de son dictionnaire, publiée en 1877.
-\- Raguin (raging), adj., violent, irritable, furieux. V. /?«- geux^ rêque.
Quelquefois ce qualificatif est appliqué en Normandie au cidre pur, boisson très capiteuse, qui trop
souvent rend celui qui en use
immodérément, querelleur et violent.
Foulques IV, comte d'Anjou (1060-1109), était surnommé le Reching ou le Qurelleur. fiechïng, sous une
forme un peu différente, nous paraît être le même mot que l'angl.
raking*, dont le sens est
identique.
Une mult preisée pucele, D'Anjou
estraite de haut lin, Fille au conte
Foucon Reching,
BÉN., Chron. de Norm., v. 42121.
Rai. V. Rais.
1. Raier {to ray., darder des rayons), v. w., briller, rayonner. Ce dernier verbe est un fréquentatif de
raier. Du lat. radiare. V. Rais.
Et la lune bien cler raia.
Wace, Rom. de Brut, v. 3045.
En ciel furent portet, En esteiles
muet ; E ourent tel amur E itel dulçur Que quant li uns raiout L'allres se rescunsout.
Pu. DE Thaon, Comput, v. 1285.
2. Raier {to ray)^v. a., salir, souiller. Du lat. rigare (?).
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(delwedd C0884) (tudalen 0816)
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— 816 —
I fil de sanc tel la palu
Que i entroeQt desqu'as geaoilz,
Là out tant angoissuses voiz
Qui à la mort plaignent et braient
E qui les cors moillent et raient.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 5164.
+ Railes [raxjlles. Palsg.. rails, traverses, lisses), s . f.pl.^ gaules disposées horizontalement de chaque
côté d'une haie, à pareille hauteur,
et qu'on relie les unes aux autres avec des
harts ou du fil de fer, pour rapprocher les branches et rendre ainsi la haie plus solide. V. Reille,
railleifs.
Railleis {railing}, s. m., garde-fou, rampe, parapet. W.Bailes, veille.
Pour asseoir un railleis au devant du planchié.
Compte de 1344, cité par M. Delisle, dans les Actes norm. de la Ch. des comptes, p. 303.
Raimer (to raime'), v. a., gouverner d'une manière oppressive.
Li Rus rei ne leissout as yglises neient ;
Les rentes en perneit, l'aveir, l'or et l'argeat,
Et les clers raimeit : Deus en prisl vengement.
5. Tliom. Le Meut., p. 125.
Raimer .signifie, au propre, frapper avec un raim ou une branche (1) (du lat. ramum), ou, comme l'on
dit encore au figuré, « mener à la
baguette ».
De ramum est aussi dérivé, en vieux français, une forme synonyme de raim, nous voulons parler de
rain (2) ; d'où est venu l'ancien
verbe raincer. rainchier , toujours usité en
patois normand, et qui était de même employé au sens propre de fustiger, et au sens général de corriger,
punir, châtier.
Jehan Levavasseur dist audit Regnaudih qu'il le rainserait autre part.
Let, de rém. de 1391 , Duc, Rama.
Et aprez tout ce qu'il ut rainchié une partie des Englois et Navarrois... s'en ala en Espaigne,
etc.
P. CocHox, Cli.ron. nor/n., p. 114, éd. de Beaurep.
Rais (i'ay), s. m., rayon, jet isolé de lumière. Du lat. radios. Y. Raier.
Par matin cume 11 soleilz levad, li rais del soleil ferenz en l'eve.
Les Rois, p. 354.
(1, ... A un gros raim (la Biche) Cert et glaceie (glisse).
BÉN., Cliron. de Norm,., v. 40812.
(2) Estendit ses rains (le texte latin à\i palmites) desque à la mer.
Lib. psalm., p. 114.
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(delwedd C0885) (tudalen 0817)
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— Ml —
Une esteile gl-aht apafut
E quatorze jors k-espleiidi
0(i très Ions raiz, devers midi.
Wace, Rom. de Roa, v. 11461.
Le même mot s'employait aussi pour iridiquer les rayons (l'une roue :
Aissels i out e rais e jantes e inuiels.
Les Rois, ]>. 255.
Enfin, l'on retrouve aussi rée, dans l'ancieti dialecte, jjour rayon de miel.
E plus dulz sur rniel e rée {et dulciora super mel et favum).
Lib. psaLm,, p. 22
Raisimet {raceme, racetuaiiou) s. m., grappe. Racemo en ital. et raciino en espagn. ont aussi cette
acception. Du lat. racematum, qui a
des grappes, de racemiiin, grappe. Baisin
vient de notre mot l'ainimel.
De la vigne des Sodomiens... La grape de cels, grape de tiel (V. Grape au Glo,-s.), el raisimet tniili
amer. (De vinea Sodoinorwn... Uva eorum, uva fellis et bolri {i)
amarissimi.
Cuntiijac de Moïse (Deuter., xxxii), versets 47 et 48, dans le Liv. des Ps.,^. 277.
Raisnable, Raisnablement. V. Hegnnbie, regnablemenl.
Raison, Raisun, Reisun [resoun*),s. /l , récit, discours, propos. Du lat.
rationem, argumentation. V. Areisuner, raisoner.
« Oz mei, pulcele ; celui tien ad espos.
Qui nos redenst de son sanc precios. .. »
Quant sa raison li at tote niostrede,
Poisli comandet les renges de s'espede
Et un anel dont il l'eut esposede,
Alej.., str. 14 et 15.
Seignurs, entendez la raisun ; Un
seint hum fud, Patriz out nun, Mull
fud religius et ber Pur la parole Deu
mustrer.
Mahie, Purij., V. 18;i.
Or vus ai fait ici mult grant disgressiun ;
Kar ne voil en l'esloire fere corruptiun (interruption) ;
Or m'estuet revenir arerre à ma reisun.
S. Thom. le M art., pf. 'JO.
Raisoner [io reason), v. n., parler. V. Raison, areisuner.
{{j BoCrus, grappe de raisin, de pÔTpu;, dont le sens est le même.
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(delwedd C0886) (tudalen 0818)
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— 848 —
Li quens Reiaouz Hastenc raisone, Tote
l'ovre li luustre e sone : Tu veiz, fait-il,
etc.
Bén., Chron. de Norm., v. 3383.
Ram [ram), s. m., bélier. Mot d'origine germanique.
Le 10 août 1554, je vendi deux rams cornus 42 solds 6 deniers.
Juurn. du s. de Gouberville, p. 380.
£n patois normand, Ton dit ran ; cette forme était admise aussi en v. fr. V. le diction, de
Cotgrave.
Il parait que, dans le département de la Manche, l'on prononce ram.
Ramage {ramage'), adj.^ sauvage, farouche. Du lat. fictif ramaticum. qui appartient aux branches, du
lat. ramum. — Ramage^ farouche,
sauvage, Kel.
Kar si cum l'esperver ramages Se fiert
as ciselez salvages, Se fièrent Daneis
par mi eus, Qui mult sunt cruels et
feus.
BÉN., Chron. de ?iorm.,w. 2381.
-|- Ramembrer. V. Remembrer .
-\- Ramender {to amende), réparer un vêtement. Palsg. ; lo amend, refaire, réparer. Sherw.; {o remake,
refaire), v. a,, réparer, raccommoder.
Du préf. re et emendare, retoucher,
redresser. V. Amendement 1.
V'ià i' ti qui rouipt ; mé, je 1' ramende.
Rimes guern,, p. 131.
I ramendaient leux rets.
MET., 5. Matth., ch. iv, v. 21.
Ramende, avec le sens de réparation à une chaussure, se rencontre dans un ancien texte
normand.
Pour une ramende aux souliers de Germaine, 18 d.
Compte de 1507, cité par M. Pluquet, iiss. hist, sur Bayeux, p. 207.
+ Ramer (torame'), v. a., étendre sur des rames, en parlant des tissus de
laine. L'on appelle rames des étais fixes disposés en lignes droites et
parallèles dans une prairie, et sur
lesquels les fabricants de drap étendent leurs draps, soit pour les faire sécher après la teinture, soit
pour les apprêter.
Rampir {to ramp), v. n., grimper. Du flam. rapen, saisir, attirer à soi.
Com chievre quant rampist por ierre.
fie de S. Grég,. v. 2479.
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(delwedd C0887) (tudalen 0819)
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- 819 —
-f Ran. V. Bam.
Ranc. V. Renc.
+ Rancœur [rancour)^ .<?. /"., rancune, dégoût. Du lat. rancorem,
rancissure.
Adunc, plein d'ire et de rancore, Vestent
les haubers à dreitnre.
Bén., C/tron. de Norin., v. 5245.
Kh il ne rnnerl de duel et de rancure.
Aléa-., V. H87, vers, du XIII' s.
Dans ces deux textes, rancore, rancure sont dits pour rancune, haine. Il est
une seconde acception, se rattachant au
sens propre du radical, qu'on retrouve dans l'angl. rancour, qui signifie aussi corruption, et dans
notre mot de patois, dont l'une des
acceptions est dégoût. Le patois a en outre l'adj. rancœuri^ qui sent le rance. Le mot
s'applique particulièrement au linge sale, imprégné de corps gras et qui
dégage, surtout quand il est amoncelé,
une odeur acre et désagréable.
Rancurus (rancorons), adj., rancunier, haineux.
Alqnes despris e suffraitus E plein
d'angoisse e rancurus S'essiloent pur
melz aveir Tut par force, por
estoveir.
BÉN., Chron. de Sorm., v. 629, p. 2i.
-\- 1. Randon {randone')^ s. ni.^ long discours, rabâchage fastidieux. L'on trouve dans Ducange Gloss.
fr.) randunée, discours, harangue, et,
à l'appui, cette citation :
Si cuDi le quens Pbilipe ad fait sa randimée.
Chron. de Jord. FanC, v. 454.
Le patois normand a aussi le verbe randonner., dont l'une des acceptions est rabâcher,
grommeler.
A Guernesey, randouiner se dit, au propre, pour bouillir doucement, et, au figuré, pour faire des
discours ennuyeux.
Derche-mé l'dînair, babouine ! FI y a
longtemps (|u'i randouine.
Met., Diction, franco-nor m. , p. 421.
OÙ est donc qu'il est à nindoninair ?
Id., ibid.
Randoidn est aussi à Guernesey le nom que l'on donne à un discoureur ennuyeux. V. ih., p.
420.
2. Randon (randovm. Sherw,), s. m., rapidité, vitesse.
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(delwedd C0888) (tudalen 0820)
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-- 820 —
El quand, pour un sujet, on court par la carrière, Sans bride, gallopant sur la mesme
matière, Poussé de la chaleur, qu'on
suit à l'abandon, D'une grande
violence ni d'un asprerandon.
Vauq. de i.a Fresn., Art. poét... III, p. 90.
Aller à grand randnn, to go very fast or loith a great and forced pace.
* CoTG., Diction.
On retrouve cette dernière locution adverbiale (à grand randon) en anglo-normand :
Ghivauchount, à graunt raundon, à Baone.
Brut. d'Engl., cité par M. Mej'er, BulL de la Socdes anc. textes, 1878, p.
136.
Randon, dans cette acception, nous paraît pouvoir être rattaché d'un vieux
mot rade, rapide (V. Gloss. fr. de Duc), modifié par répenthèse de F», d'oîi
est venu pareillement ra/irfir, courir
rapidement.
Tant corne cheval puet randir.
Marie, L'Espine, v. 323.
De notre mot randon est dérivé ra ndonner .\evhe usité dans le sens de courir çà et là, dans le patois
normand, qui l'a emprunté à l'ancien dialecte, oîi il se disait pour galoper,
s'élancer.
El Alemanz desrtngent, si vont esperonant ;
As portes de Roen là vindrent randonant.
Wace. Ilom. de Ro,u, v. 3975.
Li cheval sunt mult bon, qui de suz eus randunent.
Citron, de Jord. FanC. v. 319.
Randon (de) ia( randsm, à toute volée ; at random, témérairement. Sherw.),
loc. adv.., impétueusement, avec élan,
avec force et rapidité.
'Les Franceiz point de grant randon.
Wace, Itoni. de Rou, v. 9194.
Ben sont la veie vers sa meisun E fud
ignele de randun.
Vie de S. Gile, v. 1853.
Navrent e defulent à chevaus de randun.
Vie de S. Auban, v. 1730,
Randoner. V. Randon 2.
-\- Randonner. V. Randon 1 et -2.
Randunée. V. Randon 1.
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(delwedd C0889) (tudalen 0821)
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— 821 —
Randuner. V. Handon 2.
~\- Ransaquer {la ransack), v. a., saccaf,^er, piller, fouiller. Le mot est usité en ce sens à Guernesey. V.
le diction, de M. Métivier.
Rap. V. Rapc.
-j- Rapaiser. V. Repaiser.
Rapaleillier. V. Rapareiller.'
Rapareiller, Rappareillier (ta reapparel), v. a., réparer, rhabiller, remettre en état.
A Robin d'Arqués, victrier, poui' avoir desendu de la lanterne de la dicte église vii formes (châssis) de
verre, pour les rapareiller et uestoier et les remettre en ploune\if.
Compte de 1453, pour irav. de rép. à la calhédr. de Lisieux, relaté par M. QuiclienU, t IV, p. 201, de
YUist. de Charles VII de Th.
Basin.
Pour la dite chaucie faire et rappareillier deuement de pieux, de claies, de pierres et de terre,
etc.
Compte de 1331, cité par M. Delisle dans les Actes riovin' de La Cil. des Comptes, p. 2>S.
Une troisième forme du même verbe, beaucoup plus ancienne, est rajjaleillier
.
As iglises rapaleillier, Faire covrir
e r'adrecier. Qui à Maante erent
fondues, Arses au feu e abatues.
Bén., Chro/i. de yorm., v. 39317.
On rencontre aussi, en anc. dial. norm., le substantif 7'a])- pareil au sens de réparation,
restauration.
Quiconque fait maison ou rappareil qui appert par dehors, il paye cinq solz.
Coat. des for, de Norm., cité dans les Mém. et notes de M. Aug. Le Prévost, II, 2*5.
Râpe, Rap {rape),^ s. ?«., rapt. Du lat. rapere, ravir. Vivans de râpe, ainsi oyseaulx de
proye.
P. Gr.iNG., I, 1.55
Le feu, le sang, le rap, la mort et le carnage...
Ch.*mp-Repu.s, UEuo. poèt,, p. 101.
Rapeler, Rappeller [io repeal)^ v. a., abroger, révoquer, faire annuler. Du lat. repellere. V.
Rapellemenz .
La partie (le partage) sera tenable (susceptible d'être maintenu), quant à
cels qui sont en aage (majeurs), mais cil qui
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(delwedd C0890) (tudalen 0822)
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— 822 —
estoient dedanz aage (mineurs), la porront rapeler, quant il vandront en aage
(ils deviendront majeurs).
M ARMER. Établis, de l'Éch. de y'orm., p. 71,
Kt pour ce doibt le-n sçavoir qut- femme ne peut faire aulcun marché... sans le consentement de son mary,
que son mary ne puisse rappeller.
Ane. Coût, de Norm., eh. 15.
Rapellemenz {repealing. Sherw), s. ?n., abrogation, révocation, annulation.
Y. Rapeler. -
Cil rapellemenz puet estre fez mal gré à celui qui a le plus joene en garde.
'S\.\'R's\v.K, Etabliss. de l'Echiq. de Norm., p. 71.
Rappareillier. V. Rapareiller.
Rappeller. V. Bapeler.
Rappelleur (repeller)., .s. w., défendeur, littéralement celui qui repousse. V. Rapeler.
Et après que iceluy qui vend a receu son pris agréablement (à son gré), soit receu le rappelleur et
soit ouye la response qu'il voudra
dir^.
Ane. Cout. de Norm., 3h. 125.
-f- Raque {rack* 6), s. f., ornière, bourbier, boue. Cotgrave donne raque, en ce sens, comme mot
français. En bas lat. rachia, mot que
Ducange traduit par « locus cœnosus ». —
Le patois normand use aussi des verbes composés enraquer, s'enfoncer dans la terre détrempée par la
pluie, et dcraquer, sortir du
bourbier, de Tornière. V. le Gloss. de M. Delboulle).
Raser (razo?-), s. m., rasoir.
... Un glaive tint Tranchant d'acer
plus que rasor.
Bén., Citron, de Sorm., v. 3816.
Rate {rate)., s. m., taux, cours, prix, prorata, part que l'on doit payer. Du lat. ralum., compté,
calculé, fixé. — Pur le rate del
temps, en raison du temps, littéralement, pour la mesure du temps. Kel. V. Rater.
Pour le temps prenant pié du quinziesine jour du dit moys d'.ioiist (1443) ju^ques au jour que doit
commencier l'entretenue de piyement du
dit regnrd, et pour rate d'icellui temps.
Chron. du Mont S. Mick.. Pièces div. (XV« s.), II. 163.
Le mot, sous la forme rât, subsiste en patois normand de Jersey.
Une assemblée des principaux et officiers de la paroisse S*^ Brelade sera
lenue le..., pour taxer le rât paroissial pour les bt'soins présumés de l'année courante.
Chron. de Jersey, 13 sept. 1879, Ann. oli.
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(delwedd C0891) (tudalen 0823)
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— 823 —
J' n'airions pas
A payi de si hauts rats.
Himesjers., ]). 101.
Rats est usité dans le même sens à Guernesey. V. le diction, de M. Métivier.
4- Rater {to rate, mesurer, donner la mesure, Palsg.), v. a., rader, passer une règle au-dessus d'une
mesure de grain, de sel, etc., pour
faire tomber tout ce qui dépasse le bord. V.
JRate.
+ Rats. V. Rate.
Ravagement {ravaging. Sherw.), s. m., ravage, spolialion, extorsion.
A cause des... pilleries et ravagements faicts sur les dicts du clersré
Cah. des Et. de Norm. (XVI« s.), p. 7.
Raveinner (ravener\ ravenoua), adj., ravissant, pillard, vorace.
Li aigles raveinner. *
Vie de S. A uban, v. 1392.
-|- Ravigourer. V. Resvigorer.
-\- Raviler {to ravel), v. a., brouiller, embrouiller, entortiller.
Ravine {ravine"), s. f., rapine. Du lat. rapinam, de rapere.
Ravines ne vas chielt à cuveiter [rapinas nolite concupiscere).
' Lib. psalm., p. 80.
Ravissable {ravisable'), adj., ravissant, dévorant.
Il est des loi'ps cruelz et ravissables,
Fiers et pervers, qui font maulx exécrables,
P. Gring., I, 67.
1. Real, Real), Reial {reaV, rialle'), adj., royal. Du lat. régalent. —
Reale, dignité, dignité royale, Kel. V. Rei, reaime.
Samuel cumandaque I'uti aseist devant Saùl le mes réal.
Les Rois, p. 31.
E qui par nos ci est escrit, Od nostre
main le confermuns D'anel reail le
.seieluus.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich, , v. 2275
De lui voelent aveir li reial seremenz.
S. Thom. le Mart., p. l(j .
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(delwedd C0892) (tudalen 0824)
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— 824 -
2. Real (real), adj., réel, effectif. Du bas lat. realem, deres, chose. V. Realment.
Une exécution (saisie-exécution) reale et rigoureuse et de droict estroit, de sorte que qui déchet d'un
poinct en iceile, il déchet de
tout.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 428.
Reaime, Reialme (realm), s. m., royaume.; D'une forme fictive regalimen, du
lat. regalem. V. Rei, real, reallé.
Al reaime ne sui pas encore cunfermez.
Les Rois, p. 133.
A granl dolur tendrai puis niun reialme.
Chans. de Roi., p. 243.
Realment (really), adv., réellement, effectivement, véritablement. De reali
mente. C'était avec raison que realment ne
prenait pas d'e à la suite de 17. attendu que l'adj. realis avait une désinence commune aux deux genres. La
même régie a son application dans la
formation des anciens adverbes grantment, fortment, vilment, etc. V. Real
ii.
S'il advenoit que, après la dite publication, aucuns feussent
trouvés faisant le contraire de nostre présent mandement, les prenez et emprisonnez... realment et de fait.
Chron. du Mont S. Michel, Pièces div. (XV* s.), II, 184.
Realté {realtee'), s. /"., royauté. Le mol a le même radical que le précédent.
La sainte mers Ygiise de seinle Ternité,
Sire, dunt receustes corone et realté
Restablissez d( 1 tôt en celé dignité.
S. Tliom.le Mart., p. 111.
Reanimer {to i-eanimate)., v. a., ranimer.
Soufflez donc de quelque vent de vostre libéralité dans ce pauvre corps demy mort, pour le
réanimer.
Cah. des Et, de ,\orm., de 1604, p. 46.
Rebonder. V. Rebundir.
-\- 1. Rebouquer {lo rebuke, réprimander, censurer), v. a., faire de vifs reproches, rabrouer. —
Rebnquiz, décontenancé, découragé,
désapprouvé. Kel. V. Rebou'iuer 2.
Rebouquer est encore la forme normande du verbe français reboucher, qui, outre son acception propre,
celle de fausser, émousser, possède en
patois le sens figuré de être refusé avec
dureté, être repoussé rudement.
Et n'en est point, par ma marraine,
Qui contre lui n'ait rebouquai.
L. Pet., Muse norm., p. 18.
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(delwedd C0893) (tudalen 0825)
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-|- 2. Rebouquer sur {lorehoke', éructer, vomir), être rebuté par. L'on dit d'un convive si complètement
repu qu'il éprouve des nausées en
voulant manger davantage, qu' v il rebouque
sur le manger », et d'un ouvrier fainéant, qu' « il rebouque sur l'ouvrage ». V. Rebouquer 1.
Reboucher s'est dit dans un sens analogue :
Gela me rebouche au cœur.
CoTG., Diction.
Ferrand a dit « à rebouque musel » pour « à en être dégoûté ».
Des pâles de paire (poires) No t'en
baudra queu (donnera chez) nou, à rebouque musel .
Muse norm., p. 242.
Rebundie (rehouding, répercussion, Sherw.), s. f., retentissement. V,
Rebundir.
De cors etdebusines mult bel rebundie.
Ch.ron. de Jurd. Faut, v. 1307.
Rebundir, Rebonder {to rehoimd), v. n., retentir, répercuter, répéter. V. Rebundie.
Li poples Deu duna un merveillus cri, que tule la terre rebundi.
Les Rois, p. 15.
L'eir fait, àsun talent, rebundir.
Vie de S. Aubaii, v. 1336.
Lorsrosonerent les tabours, [trompes, busynes, corns, sarazynes, qe valeyes rebounderent de le soun.
Hist. de Foulques, p. 26.
-|- Recainer. V. Rec/ianer.
Receivre. V. Receveir.
Recentement {recently), adv.^ récemment. V. l'observation faite, louchant celle forme, dans laquelle
se rencontre le l étymologique, à
Absolutemenl.
Ils se voient despouillez par les imposls... bien qu'ils aient recentement exposé leurs vies.
Convent. des Trois Etats de Norin. de 1600, p. 179.
Recepte [receipl), s. /"., réception, reçu. Du lai. receplum.
Pour ce que le convenant seul suffiroit et qu'il y eust juste cause de convenancer, sans prouver la
recepte de la chose.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norm., 1" cxr°,
-\- Recerche {research), s. f., recherche. V. Recercher.
Que deffences soyent faites susdits archers, ayans armes à feu, entrer aux maisons... pour faire lesdites
recerches.
Cah, des Et. de Norm. de 1606, p. 93,
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(delwedd C0894) (tudalen 0826)
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— 826 —
4- Recercher {la researclt], v. a., recherclier. V. Cercher.
Rollans s'en turnet, le camp vait recercer (explorer), Sun cumpaignun ad truvet Oliver.
Chans. de Bol., p. 183.
Je l'irois recercher, pour luy conter les maux Que nous font ressentir ses subjets, ses
vassaux.
Champ-Repus, UEuv. poét., p. 25.
Recet, Recez (receile, ressei\ recess), s. m., retraite, asile, refuge. Du lat. recessum, cavité, retraite.
V. Receler.
11 truvad asseur recet en Engaddi.
Les liois, p. 93.
Sis recez fu près de la mer.
MaPlIE, Eiiduc, V. 887.
Receler (lo receile'), v. a., donner asile, recevoir. Du lat. recedere, se retirer. V. Necel.
N'osa en la terre aresler Ne nus ne
l'osa receler.
Wace, liom- (le Rou, v. 14001.
Ne s'i fiout pas tant en sei Qu'en
France osast aler au lei ; Bien set jà
ne 1' recetereit, Ne vers son frère ne
1' garreil.
Béx.. Cliroii. de Norm., v. ati'J.^T.
On appelait receterre loute personne qui donnait asile à un criminel.
Selifuitis est pris en la mesou a aucun, li receterres perdra toi ses chatex (biens mobiliers) et sera en
péril de vie et des membres.
MaRnier, Établiss. de l'Echiq- de Norm., p. 28.
Le mot, sous la forme recelloitr, se retrouve dans l'anglonorm. de Britton
:
Puis soit enquis de félons ullages et de ceux qui ont fo'juré le royalrae pur félonie, retournés sauns
coungé de nous et de luuis recetlours
à escient.
Coile, cil. XII.
Receterre. Y. Receler.
-\- Receveir, + Recheveir, Receivre {(o receive), v. a., recevoir. Du lat.
recipere. — Receivenlerre, recevoir. Kel. V. les deux mots qui suivent.
De cops ferir receveir et doner.
Chans. de Bol., str. xc, dans Littié.
Héraut Herfagan a requis... Qu'en pais
le consente et receive.
Béx., Chron. de Norm., v. 36845,
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(delwedd C0895) (tudalen 0827)
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— 827 — .
Baptizé l'a, ce vos sai bien dire^ E
fait receivre bapteslire.
Id., n>i(l., V. 68-5
Un checun creignet rech'îverqueiique affront.
I). Fek,, Muse norm ., p. 221.
Permettez-niei, de men côté, D'ajouter
que j' s'rai charmé, S'ou visitez
jamais Jéri, De vos r'cheveir et de
bargouaichi Ov vous sus toutes sortes
d' sujets, Sans oublier nos viers
iiatouais.
Rim, Jars., p. 73.
Recevement {rereiviiui), s. m., action de recevoir, de protéger ; défense,
appui. V. Hecever, receverre.
Effraïm recevement de num cbief.
Lib, psalm.i p. 167.
Receverre {receiver)^ s. m., personne qui reçoit, qui défend, qui protège. V. les deux mots qui
précèdent.
La cornu de la tneie salut e li miens receverre {cornu salulis meœ el susceptor meus),
Lib. psalm., p. 18.
Rechaner {lo recJienl, donner le rappel), v. n., braire. Hechnncr, recaner,
sont donnés avec ce sens par Gotg. Recaincr
a conservé la même acception dans la Seine-lnf. V. le Diction, de M. DelbouUe. Le fr. ricaner dérive de
notre verbe.
Aussi, comme l'arne rechasse, A
meenuit, à raeriane.
Ouii.i.. deNoum. , Best. (Un., \: 1831.
Nel pot li asnes plus sufrir, Vers sun
seingnur prist à venir, Seur lui
commance à rechaner, Ke tut le fet
espoenter.
Marie, Fable l(i.
-f- Rêcher, -|- Rêquer {lo reach, lo reche, Palsg., ta reek', atteindre, parvenir à, toucher), v. a.,
gauler, faire tomber les fruits d'un
arbre avec une gaule. Reschicr est dans Gotgrave avec le sens de secouer. Le temps de la
reik, l'époque de la récolte des
fruits, Kel.
La Basse-Normandie... s'occupe de... cultures, de pépinières... et surtout de pommes el de cidre. Y a-t-il
beaucoup de quetines ? Kst-il temps de raîcher? voilà des problèmes
importants pour une grande partie de
la population ?
De la BÉuoi.., Les Xorinands, duna Les Fr. /ici rifs par eux- mêmes, I, 135.
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(delwedd C0896) (tudalen 0828)
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— 828 —
A fait dessous sen cul un mouchel de migos ; Tu éras biau rêquer, mais que lu l'es
trouvés.
D. Fer., Muse norm., p. 38.
En patois de Guernesey, ri-que est le nom que Ton donne à la récolte de pommes, oubliée dans les
vergers.
En Normandie, la petite gaule dont on se sert pour atteindre les fruits et les détacher de Tarbre
s'appelle un rèquel.
+ Recheveir. V. Beceveir.
+ Reciproquer {to reciprocale), v. a., rendre la pareille. Du lat. reciprocare. Cotgrave donne
récivroquet\ en ce sens.
Recitation {récitation), s. f., récit, relation.
Il (Titus) vendit unze cens mille Juifs, et cent cinquante mille en furent occis, selon la recitation de
Josephus.
Al. Ch.^ut., ÏEsp., p. 343.
Réciter, au sens de raconter, faire un récit, est resté français.
Recleimer, Reclaimer (to reclaim, réclamer), v. a., invoquer. Du lat. reclaniare, appeler plusieurs fois.
V. Claim, claimer.
Mahummet sert et Appolin recleimet.
Chans. de Roi., p. 2.
Seint Michiel prie et reclaime
Que cen li doinst que sis cuers aime.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Micti., v 3161.
Recliner (to recUne), v. n., .se reposer. Du lat. recUnare, coucher.
Or mecunvient à recliner E returner à
ma nature.
Marie, Fable 55.
Recognicion {récognition), s. f., reconnaissance. Du lat. recognitiûnem, constatation.
Il doiht court de tous plais tenir Qui
peult d'espée appartenir... D'assaulx
soubs recognicions Et aussy
d'inquisiciuiis.
Coat. de Norm . en v., p. 95.
Recoillir [to recolde') ^ v. a., réunir, rassembler. Du lat. recolligere. \ . Coillir.
Mult s'angoissent del assaillir K cil
d'amunt de eus recoillir.
PiF.N., CUvon. de .\orm., v. 5675.
Des ke Rou eut ensemle tuit si bons recoiliz...
Wace, Ram. de Rou, v. 1801.
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(delwedd C0897) (tudalen 0829)
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— 829 —
Recollection {recollection, souvenir), s. f., action de recueillir, de
colliger. Le mot norm, est employé au propre, le motangi. au figuré. Formé sur le lat.
l'ecollectum, rassemblé.
La cour, pour donner ordre à l'advenir à la taxation et recollection des
amendes adjugées au roy... a ordonné et ordonne que les baillis et vicontes ou leurs lieulenans
seront tenus, par cy après, de taxer
les amendes sur le cbamp.
Ordon. du Pari, de y'orni., de 1537.
Recompensacion {recompencinr/, Slierw.), s. /"., compensation.
En recompensacion et escbange de la dicte lente... bailla, quicta et delessa... les deux moulins à
biéque il avoit en la ville de
Bernay.
Ch. de llltO dans les Mcm. et noten de M Aag.
Le Prévost, I, 281
■Reconciliement {reconcilement), s, w., réconciliation. En prov. reconciliamcnl.
Si saches bien certainement Que nul
reconciliement N'aura od tel.
Bén., Cliron. de Norm., v, CG41.
4- Recenser (se). V. liesconser.
Reconter. V. Becunter.
Reconuisance, Reconnuissance {reconusaunce'), s. /"., reconnaissance,
action de reconnaître, aveu. Reconisaunce, a\eu, confession. Kel.
Munjoie escriet pur la reconnisance.
Chans. de RoL, p. 303.
En la cort rei Henri amdui en pleidassent,
Mes por reconnuissance seisine nei leissassent.
S. Thoin. le Mart., p. S7
C'est le subst. de reconuir, reconnaître.
Geste bataille ne poeit remaneir unkes,
Josque li uns sun tort reconuisset.
Ib., p. .300.
Record. V. Recort.
Recordation {recordalion)., s. f., souvenir. Du lat. recordalioHcm. V.
Recorde?' \.
. . . Adonc la passion Du doulx Jésus
Gbrist met en reroi'dation.
J'et. Poèmes dit Mont S, Mlrli, , p. 6(>.
Pour ce je relaisse à toy mesmes la recordation du cas du roy
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(delwedd C0898) (tudalen 0830)
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— 830 —
Charles le quint, ayeul de Charles, septième de ce nom, à présent régnant.
Al. Chart., r^s/5., p. 369.
1. Recorder (se) Ho recorde*)^ v. réfl., se ressouvenir, se rappeler. Du lat. recordare. Asseez bien
i-ecors, suffisamment appris. Kel. V.
Becorder 'i.
Qui ai pechiet, bien s'en pot recorder.
Alex., str. 110. Tout juge, si tu t'en
recordes, A bien en son arc ces iij
cordes.
L' Advocacie N.-D., p. i6.
2. Recorder (to ?-eco?'d}, v. a., enregistrer, inscrire, coucher par écrit. V. Becorder 1 et 3.
Tules les covenances unt iluec recordées.
5. Thom. le M art., p. 156.
N'ad clerc en tut le niunde, tant sace recorder Sa lesçun en sun livre, ne de nul art
parler, Ki me peust dire ne sace
recunter Terre qui la vaille de ci
qu'à Muntpeslior.
Chron. de Jàrd. Fant., v. 900.
3. Recorder {lo record)., v. a., rapporter, raconter, exposer. V. Hccorl.
Chevaliers et aultres presens, Dignes
de foy, sages de sens, Qui en
recordent vérité, S'il en estoit
nécessité.
Coût, de Norm. en v. , p. 68.
Ong sergent recorde avoir adjourné ung homme le jour de Noël, en la ville de Rouen, etc.
Le RoLii.LÉ, Gr. Coût, de Norm., i° Ix \°.
Becorder, en cette troisième acception, donna naissance au substantif ?-eco?Y/e?/r, par lequel, dans
l'ancien droit normand, on désignait
un témoin, c'est-à-dire un homme qui devait
recorder à la justice ce qu'il avait vu ou entendu. Becordeur est dans Cofgrave, comme mot français, avec
le sens de témoin.
El pour ce que tout record doibt estre faict de ce qui a esté dict et ouy, il convient à ce que le record
foit convenable, que les recordeurs
dient qu'ils virent et ouyrent ce qu'ils recordent.
Aw. Coût, de Norm,, cli. cvii.
En ce record faut sept recordeurs nnn saonnables (nou reprochables) dont les
six soient «l'un accord.
Terrien, Comment, du dr, norm., p. 397.
Le verbe lo record, au sens d'enregistrer, consigner pa'r
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(delwedd C0899) (tudalen 0831)
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— 831 —
écrit (V. Hecorder 2), a donné de même à l'anglais le subst. recorder, qui désigne l'ofticier investi
des pouvoirs de juge dans les sessions
trimestrielles des villes, et qui, supposonsnous, recueille par écrit les
faits qu'il doit avoir pour mission de
relever et d'apprécier.
Recordeur. V. Recorder 3.
Recort, Record {record\ record^ Cotg.), s. m., témoignage, relation, récit, exposé. V. Recorder
3.
Li rois demande le recort, Selunc le
claim e les respuns.
Marie, Lanval, v. 422.
Le mot était, en droit coutumier normand, d'un usage très fréquent.
Record est racontement de chose qui a esté faicte.
Atic. Coût, de Nom),., ch. iOl .
Cil qui demande recort de vij hom, de que litroi sont sachant de la chose, et li quatre non sachant, il
pert à fm.
Marniep., KtabUss. dp VtLchiq. de Norm., p. 150.
-f- Recouer. V. Rescuer.
1. Recouvrer (/o recover), v. n.^ parvenir à. V. Recovrer.
Il s'en alla passer en un lieu qui s'appelle Beauquesne, afin que, le pluslost qu'il pourroit, il peut
recouvrer àestreà Calais.
Al. Chaut., Hist. de Charles VII, p. 32.
2. Recouvrer {lo recover). w «., retrouver. V. Recovrer 1 et 2.
Le sergent se doibt transporter au lieu du (sic) demeure des soubzaagés (mineurs) et ajqxdler deux ou
trois de leurs parens, se à l'heure il
en peut recouvrer, ou des voisins d'iceulx
soubzaagés...
Ordon. du Pari, de Norm. de 1515.
1. Recovrer (lo recover), v. a., reprendre, atteindre. Du lat. recuperare. V. Recovrier.
Se il ne pot... derainer qui il ne l'aura dit, recovered a sa parole.
Lois de GuilL, tè, Co li depreient, la
soe pietet, Que lor enseiiit où 1'
poissent recovrer.
Alex., slT. U3.
2. Recovrer [lo recover), v. n., se relever, se remettre, se reconnaître. V. Recovrer \.
Tost furent Franceis recevrez,
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(delwedd C0900) (tudalen 0832)
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— 83^ —
Si lor reguenchissent es vi?, D'ire e
de mautalent espris.
BiiN., Chron. de yorm., v. 5310.
Recovrier {recovenj, ressource, Sherw. ; recoiiery, rétablissement,
guérison), 5. m., ressource, remède, guérison, secours. y. Recovrer.
Mez dez k'il est ocis, n'i a nul recovrier.
Wace, nom. de lîou, v. 2979.
Vit les pesmes aversitez
E vit la dolor qui creiseit
E le règne qui periseit
Tut en travers, senz recovrier.
Bén., Chron. de Norm., v. 4854.
Recréant [recreanl]^ (idj., qui s'avoue vaincu et se rend à merci, lâche. Recréant^ poltron. Kel. V.
Recreantise.
S il me put cunquerre e rendre recréant, nus Philistiens, vus serrums dès ore servant ; e si jo 1' puis
cunquerre e oeire, vus seiez à nuz
serfs et obeissanz.
Les Rois, p. 62.
Dist Blancandrins ; rault est pesmes RoUans,
Ki tute gent voelt faire recréant
E Iules terres met eu chalengemenl.
Chans. de Roi., p. 33.
Recréant est le part. pr. du verbe recreire, se recreire , reculer, se dédire; en bas-lat.
recredere.
Sustenir voeill trestut mun parentet,
N'en recrerrei pur nul hume mortel.
Jb., p. '>2U.
Tant preient le rei et senoonent E tant
bon conseil li douent. Que Flandres
ligrée e otreie, Ne volt de la paiz se
recreie.
BÉN., Chron. de Norm., v. 6689.
Recreantise, Recreantie, Recreandise (recreandise'}, s. /"., peur, lâcheté, action d'abandonner la lutte
et de s'avouer vaincu dans un combat
singulier ; amende encourue de ce
fait.
Hecreanlise, poltronnerie, Kel. V. Becreanl.
Dist Bramimunde : or oi mult grant folie :
Gist nostre L)eu sunl en recreantise.
Chans. de Roi., p. 228.
Ci ne ferai recreantie,
Tant came dure el cors la vie.
Béx., Chron, de yorm,, v. 14321,
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(delwedd C0901) (tudalen 0833)
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— 838 -
Quant li champions sera vaincuz, il auront Ix solz et i denier de recreandise.
Maunier, Etiiblis. lie l'Echiq. de Norrn,, p. 30.
Recueillir (se) {to recoile^ Shcrw.), v. réfl., se retirer.
Lors il se retrahist hastiveraent vers son chastel... et se recueilli
sauvement (en sûreté), combien que il feust de moût près suivy.
Chron. norni. du XIV' s-., p. 70.
Recuntement, Racontement {recountmenl)^ s. m., récit, rapport. V. lient
nier.
Al felun dist acerles Deus : Que est à tei od le recuntement {ciini narralione) des mes curaandemenz,
que tu prenges mun cuvenant en la
bûche ?
Liv. des Ps., XLIX, 16.
Le record est racontement de chose qui a esté faictp.
Ane. coût, de Norm.., ch. ci.
Recunter, Reconter {Lo recoanC), v. a., raconter, annoncer, signaler. V. Recuntement.
\À ciel recuntent la glorie Deu, t't las ovres de ses mains an- ' nuncet le firmament.
Lib. psalin., p. 22,
E li poples recuntad que li reis ço et ço durreil à celui ki l'ocireit.
Les Huid, p. 64. Car il meisme asez
reconte A quel celé aventure
amonte.
Vie lie S. Grég., v. 345,
Nuls hom ne vos set reconter La grant
dolor qu'il a menée.
BÉN., Chron, de Norm., v. 5468.
■ Recuverance [heveraunce') s. /"., secours, assistance. Du
lat. recuperationem.
... Mort l'abat senz nule recuverance.
C flans, de Roi., p. 803.
Reddur [reddour") s. /"., force, puissance. Et se s'espée Irenche, la meie à grant
reddur.
s. Thom. le Mart., p. 58.
Redembre {lo redeem), v. a., racheter. Du lat. redimere. — Reimbre, délivrer à prix d'argent,
Kel.
Oz raei, pulcele : celui tien ad espos,
Qui nos redenst de son sanc precios.
Alex,, SU'. 14.
53
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(delwedd C0902) (tudalen 0834)
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- 834 —
Redonder [lo redound), v. n., rejaillir sur, retomber. Du lat. redundare, déborder.
Les ppchiez des loys redondent es sujectz.
Al. CHkwv.,l'Esp., p. 297.
Pourroil ce, eu temps de présent, redonder eu préjudice du bien commun.
Le Rouillé, Gr. coût, de \orm., i' xxxviij v*.
Redrescer (to redress), v. a., secourir, soulager.
Par lui est ore reconforté, Sainte
Kglise et redrescé.
Vie (le S. Thom. de Cant., v. 1237.
Réduire [lo rednce"). v. «., rappeler, ramener. Du lat. 7'edu- cere. V. Duire, enduire.
Tel et semblable exemple avons nous, en semblable cas, du vaillant et magnanime capitaine Scipion,
q\n bien fait à ramentevoir et réduire à mémoire.
Al. Chart., Le Quadrilogue, p. 440.
Le Parlement de Rouen, sur la commission du roi à lui adressée pour informer <ie la commodité
et incommodité de réduire la
juridiction d'Evrecy à Caen, la dite commission, etc.
.4 rréc du Pari, de A'o/vn. de 1541, cité par M. Léchaudé d'Anisy, t. VIII, p. 416 des Mém. de la
Soc.des Antiq. de Norrn., année
1834.
Ce verbe a été aussi usité comme verbe réfléchi, avec le sens de revenir, être ramené.
L'an mil xxxix (1539)... les Grecs, les Arméniens et les Russiens se
reduyrent à nostre foy, qui avoient tenu moult de opi- nions contre l'église romaine.
Chron. du Mont S. Mich., p. 39.
Redutance {redouting'), s. /"., respect mêlé de crainte, révérence.
Seient vestut de confusion et de redutance {induantur confu- sione et reverentia, dit le texte latin),
chi malignes choses parolent sur mei.
Lib. psalm., p. 45.
,Rée. V. Rais.
Refonder. V. Refunder.
•\- Refraindre {to refrain'), v. a., refréner, réprimer. Du lat. refringere., arrêter, diminuer,
fléchir. Refréner dérive de
refrenare.
Dieit ers que t'ire se refraigue.
Bén. , Ckron. de Norni., v. 5605.
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(delwedd C0903) (tudalen 0835)
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— 88o -
Mais pour cou ne sh veut ret'raindre.
Roi Cuil., p. 71 .
-\- Refreidir (la rcfvcid')^ v. «., rciVoidii'. V. Freidir.
Toifz lur seles, les freins qu'il unt es chel'.s, E par ces prez les laisez refroidir.
Chd/is. d<; no/., p 210.
Icel sanc laissa refreidier.
Mauik. Fable 38. La charité du monde
est refredie.
D. Fer., Musc iiorm., p. 1C8.
lit, parc' que l'iniquitct aboiid'ra, la cheritet d'un grand nombre s'
refreidira.
Mii r., .S". Match., ch. wiv, v. 12.
Refreindre. V. Refraindve.
Refrenation {rcfraining, Slierw.) s. /'., répression, action de réfréner. Du lat. refrenalionem.
Haï mult la veie ample e lée... Pleine
de pecchié e de vice K de deslei e de
malice Où n'a Qule dislriction Ne nule refrenation.
BÉN-., Chroii. de Sorin., v. 11239.
Refreschir. V. Resfi-echir.
Refui (refuyt*), s. m., refuge. — Befuye, refuge, Kel. Mis Deus... il me eslieved e il est mon
refui.
Le*' Rois, p. 205. Del chastel est
deseritez De que il est sis hom
chasez, Ne n'a seignor soz ciel que
lui Ne il n'eu a autre refui.
BÉN., Chron, de Norm., v. '1G6S.
Refui est le subst. du verbe se refuir ., se réfugier :
Et por l'honor dont ne s' volt encombrer
S'en refuit en Home la citet.
Alex., str. 77.
Refulgence {refulgency), s. /"., éclat, splendeur. Du lat. refulgenliam.
Lorsque Phebus gette sa refulgence, A
Dyana donne cierté, couleur.
P. Gring., I, (iO.
Refunder, Refonder (to refund). v. a., rembourser. Du lat, re/imdere, verser de nouveau.
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(delwedd C0904) (tudalen 0836)
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— 836 —
La cour de Parlement... a accousturaé... d'ordonner que l'appelant sera receu
à retirer à luy et r'avoir la chose aliénée en payant le sort principal et tous loyaux
cousts... et en refundant les despens
de la cause d'appel.
Terrien-, Comment, du dr. norm., p. 330.
Si la court voit la pièce pertinente, elle pourra recevoir la production
nouvelle pour la première fois, en refondant (en faisant rembourser) par la partie les despens des
contredicts.
Ordon. du Pari, de y'arm., de 1515.
Regailes (régale., regalys')., s. /".. prérogative, autorité
royale, droit régulier. Du lat.
regales.
Ta poestez e lis regailes Tote est
susmise e abaissée.
Bén., Chron. de Norm., v. 0104.
Regales {régals')^ s. f. pL, espèce de petit orgue portatif, du genre de celui dit de Barbarie.
L'instrument de musique qu'on appelle
aujourd'hui régale ou échelelle est tout différent de celui dont il est ici question.
Leurs gosiers senties tuyaux, Qui ne
sont pas animez De vent comme les
regales, Mais de ces vins bien aymez.
J. Le Houx, C/ians. du Vnu-de-Vire, p. 29.
A maistre Guillaume de Darnetal, qui avoit joué des regailes par (durant) les deux jours (de fête), 43
s.
Coriiple de 1545, cité par M. Cli. de Beaurep. dans ses ISotes et doc. sur la Norm., , p. 85.
Regallement [regalye"), s. m., règle, règlement.
Supplient vostre Majesté de retracter le regallement cy devant fait sur le sel.
Couvent, des trois Et. de Norm. en 1595, p. 75.
Regard [reward)., s. m., salaire, rémunération. — Regarde^ salaire, allocation, Kel. V. Regnard,
regarder.
A lui, pour les gages et regars de xx hommes et de Ix archiers à cheval, pour leur service du mois de
février audit siège du Mont Saint
Michiel.
Compte de 1424, cité dans la Chron. du Mont S. Midi., 1, 172.
Regarder [to reioard).^ v. a., gratifier, récompenser. Regarder, faire une
pension, servir une rente, Kel. V. Reguard,
regard., rey ueredimer.
Quant od sun marid i repaira, de vesture le regarda.
Les Bois, p. 8. Je croy que Dieu les
bons regarde, Et qu'après dueil joye
leur garde.
Ai.. (^iiAii t., Le Liv. des ijuutre Dames, p. 623.
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(delwedd C0905) (tudalen 0837)
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— 837 -
Regart. V. Rcsgart.
+ Regehir {to rejagge, accuser), v. n. et a., s'accuser, confesser, avouer.
Du lat. rejicere, rejeter, repousser.
Je regehirai à tei, ?ire, en tut miin cuer.
Lib. psalm., p. 8.
Cornent regehir à pioveire Ses laiz
mesfaiz e ses péchez.
Hén., Cliron. de Norm., v. 6878.
-{- Regeres {reg/ile'), adv., en ligne droite, promptemenl. A Carduil regeres, le matin, en
irrunt,
Cliron. (le Jord. Faut., v. 1330, var.
-f- Regiber {gib\ cheval vicieux), v. n., regimber.
Tous tans est-il fel et iriés, Et
regibe toudis des pies.
Rom. de Bob. le Diable, p. 130.
Wynsyim of an horse, regibemenl.
Palsi;., Gramm., p. 289.
Registrement [regislring, Sherw.), s. m., enregistrementV. Regislrer.
Après que ledit sieur advocat eut fait exibition et lecture de l'artich' de ladite charte normande,
concernant le règlement sur ce donné
en termes latins et de leur registrement et homologation d'icelle en la cour, etc.
Teriuen, Comment. </u dr. norm., p. 49.
Registrer (to regyslei\ Palsg.), v. a., enregistrer.
Les paroissiens de Gaudreville ont auteUes et semblables franchises, comme
cenix de la Bonneville, cy devant registres.
Cout.. </cs l'or, de iXoi-in.. i° 191 r°. cité dans les Mèm. et notes dr M. Au;/, de Prerosr, II. 169.
Regnable, Raisnable, Resnable [reinable'), adj., raisonnable, juste. —
Beignable, venable, raisonnable, Kel. V. le
mot suivant.
Geste requeste plout mult à iiostre seignur, car regnable fud.
Lr.s tioig, p. 235.
Rous, senz deniore, tôt maneis, Manda
les meillors des Daneis, l.es plus
vaillanz, les plus raisnables E cens
qu'il sout plus entendables.
BÉN,, Chron. de Norm., v. 6336.
L'ai'cevesques respunt, ke n'eut pas le quor vain, iN'ert pas resnables jurs de tenir pied
certain.
5. T/iom. le M art,, p. 53.
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(delwedd C0906) (tudalen 0838)
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- 838 -^
Regnablenient , Raisnablement , Renablement ( renabbf ) , adv., raisonnablement, communément. V.
Regnable.
Si fait ses dons diversement Mult bien
e mult raisnablement.
Béx., C/j7-o/i. de lVorm.,v. 7030.
Si cum lie très grant marrement Sunl
maint homs inorz siideement, De très
grant leesce ensement Peu l'en mourir
regnablf'ment.
Wace, Rom. de Hou, v. 7531.
De l'emprisoné sera atandiiz li tenues, tant que il puisse renablement issir
de prisons.
Marnier, Etabliss. de l'Ech. de Norm , p. 31.
Règne, Reigne (reign. regnis*), s. m., royaume, empire. Du lat. regitai/i, royaume, état. — Régnez,
état, empire, Kel.
E de trestot sun règne li ilonra la meitié.
Wace, Rom. de Rou, v. 1390.
Deus en son reigne part li dunt !
GuiLT,. DE S. Pair. Hom. du Mont S. Midi., v. 16.
+ Regracier (regraces\ remercîments), v. a., remercier.
Et pour mieux le legracier, F.uj feiz
un dévot sacrifice.
Al.. Chaut, L'Hospic. d'Am.,][). 75i.
1. Reguard [reward] , s. m., récompense, don, présent. V. Regard, regarder.
Del présent ont primes Deu sa paît, puis al evesche fil bel reguard.
Les Rois, p. 5.
2. Reguart (attention). V. Regarl.
Reguereduner. Reguerdonner {reguerdon , salaire, récompense), V. a.,
rétribuer, récompenser. V. Gueredun, gueredoner., regarder.
Regueredunow. nt à mei mais pur biens.
Lib. psalm., p. 4i. Mais les gaiges.
dont il reguerdonne
A son loisir, C'est de lever niig
jour, l'autre gésir.
Al. Chaut., Le déb. des deux Fort., p. 552.
Reheter, Reheiter, Rehaiter {to r-ehete*). v. a., ranimer, réconforter, rendre le courage. V. Haiter
2, deshailer.
Alques les rehete et confurtf.
BÉN., Rom. df Troie, v. 12524
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(delwedd C0907) (tudalen 0839)
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— 839 —
A lur niere nnt toleite Son espusH eî
vt-dve faite
A grand tort, î^H'^aiiglaiité el
rrtraite ; Mais as niirucles se
reheite
Pus sa mort. Vie de S. T/iom. île
Caiir.., v. 1369, var., ji. 620.
Car me dites comment els s'en reijaiterunt.
Gliciiahd de Keai'lieu, Sermuii, p. 40.
Rcnliaiiev a conservé la môme acception en patois normand.
-|- Rei (ray'), s. m., roi. Du lat. regem. — Rei, roi, Kel.
De releif al cuiite que al rei aliert viij chivais selez e enfrt'iiez...
Lois de G iiilL, 22.
i^ien deit l'en foge effant por sase rei changier.
Wace, Bo/a. de Hou. v. 330.
J avais pu raen plaisi que si jVusse été rey.
L. t^ET., M use norm ., p. 11,
Un fol ancien nous mit à la fredaine
De rebuter et le rei et la reine.
D. Fer., Mut<e riorm., \>. 70.
Le mot reine est, en français, un mot d'origine normande ; l'ancienne forme française, correspondant à
roi, était raine.
Reial. V. Real.
Reialme. V. Realine.
Reigne. V. Règne.
Raille [raylle., Palsg. ; rail), s. /"., barre, traverse. V.
Railes.
Pour une reille qui fut mise entre les gratis chevauls à l'abbé de C.ljgni... X d.
f'oTiipte lie i:i3'i, ciié par M. Delisle, clans les Acte.t norm. lie ta Cil. des coniptea, p. 6il.
Reisun. V. Raison.
Rejection irejection), s. /"., rejet. Ou lat. rejeclioneni.
A e.vté donné pouvoir ausd. députés de ce bailli. ige (de Rouen) di' d>'mander l;i rejection et radiation
de lad. cbuise.
i>élib. (le 1607 de l'assemblée du bailliage de Rouen, citée par M.
Ch. de Heaurepaire dans ses Cuil. des
Et. de Norm.., 11,287.
Relais, Relès {release), s. m., décharge, dispense, abandon, exonération. — Relais, remise, relaxation,
Kel. V. Releissier.
iNullui ne todie à son senior son dreil serviM^ pur nul relais, qui il li ait fait en arere
(préiiedemmenl).
Lois de G uilL. 34.
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(delwedd C0908) (tudalen 0840)
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840 —
Quant il cria merci, Deus l'en ad fet relès.
S. Thom. le Mart, , p. 105.
Britton usait aussi, en anglo-norm., de cette dernière forme :
Si ount ceux mester de noslre cliartre, que conteigne le relès de la utlagarie en eux avaunt pronuncie à
touts jours.
Code, ch. 13.
Relaisser [lo release), v. a., abandonner. Du lat. relaxare. V. Hélais.
Science ne traicte point des choses singulières, ainsi les relaissse à expérience et conseil.
Al. Chart. l'£'s/).,p.360.
Releissier {to relessen'), v. a., pardonner. Dérive, comme le mot précédent, de relaxare. V. Belaù.
Led est k'entre vus a si grand anemistié ;
Mes, d'une part et d'autre, seit de' tut releissié.
.S'. Thom. le Mart., p. 147.
+ Relenquir, Relinquir [to relinquisls), o. a., délaisser, abandonner. Du lai. relinquere.
Neis ses tils l'en ont haï Et por les
païpns relenqui.
Wace, l\om. de Brut, v. 7193.
Conut, sout. aperçut e vil Que cist le
deveient guerpir E reneier e
relinquir.
Bén., Clirun. de Norm., v. 2040.
Ch'est ce qui m'a fait quitter l'eslrat au piautre Relenquir le collège et en tracher un
autre.
D. pEk., Muse 7iorm.,\h 310.
Relès. V. Relais.
1. Relever (lo relevé, Palsg. ; lo releeve, Sherw.), v. a., venir en aide, secourir. Du lat. relevare^
alléger, soulager. V. Relief.
Néanmains chacun relèvera Et aide
d'iceuls fera.
Cout . de Aor//(., en v., p. 71.
2. Relever, Reliever [to relieve, délivrer, décharger), v. a., libérer d'une charge féodale par l'acquit
d'une taxe. Le radical est le même que
pour le mot précédent ; relevare signifie
aussi décliarger d'une obligation.
Il fu jugié que fiez de liauberc soit relevez par xv livres de tornois.
Mar.nier, EtahlUs- de l'Echiq. de .\or//i., p 136.
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(delwedd C0909) (tudalen 0841)
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— 841 —
Le verbe est usité aussi comme verbe réfléchi.
Un conté se relieve par cinq cents livres, s'il n'y a usage espécial gardé au
contraire.
Le Rouillé, Gr. Coût, de \orni., i" Ivj \'o.
Se relevé chacune d'icelles sergenteries par soixante solz de relief.
Aveu de 1604, dans les Mem. et notes de M. Aug. Le Prévost, 11,90, col. 2.
Relever plès {lo relieve)., faire droit, faire justice, redresser un grief.
N'aveit ni parent ni ami, Gauvairjs i
va qui le plevi, E tut si cumpaignuii
après ; E dist li rois : Relevons plès Sur quanque vus tenez de mei, Fiés e terres, cascuns par sei.
Marie, Lanval, v, 297.
-f- Relicher [ta relùh., savourer, aimer le goût d'un mets), V. n., chercher l'occasion de satisfaire sa
gourmandise Ce verbe existe avec le
même sens dans Cotgrave. Y. Lichcr%
licheries, licheur. — Belicheiix se dit de même pour gourmand en patois normand.
Relief (re/ te/"), s. m., secours, aide. Du bas-lat, relevium, du lat. relevare. V. Relever 1.
Mis pères est morz, ce m'est doraages ;
Mais teus cum est mes erilages,
Relief de vos pri, cri merciz.
Que vestuz en seie e saisiz.
BÉN., C/tron. de Nortn,, v. 30144.
Il fu jugié qne li rois aura le relief des homes Esliene de Vil1ers, par la
reson de l'omage que il ot d'ieelui Eslienne.
IsIak^ikh, Etablies, de l'Echiq. do Norm,, \). i85.
Relievement {relieving), s. m., soulagement, allégement. Du lat. relevamen, soulagement.
Si sont les aides, qui lever se souloient pour la guerre, cessées du tout, pour le relievement du peup
e.
Al. Chart,, Le Quadrilogae, p. 441,
Reliever. V. Relever 2.
Religion {religion), a. /"., cérémonies religieuses. Du lat. religionem, culte, pratiques
religieuses.
Et ja ce soit il que les choses desus dites soient Tanches quant au roy, si doivent il paior pleinne
coustume, quant les religions ont leur
semeinne en la visconté Uolhom., exceptés, etc.
Coust. de la Vie. de V Eaue de Rouen, art xx.
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(delwedd C0910) (tudalen 0842)
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— 842 —
Religious, Religios [relinioua), subst. etadj., religieux.
Trestot sis nobles parenté, Tfint
noble quant religions.
Vie de S. Grég.. v. 65.
Crestien ermite salvage, Religios,
saint home e sage.
BÉN., Chron. de ISorrn,, v. 1013.
El pourront les diz religious, quant il lour plera, fere un manoir en la dite
ferme.
Echange de 1308 , dans les Méin. et notes de M. Aug . Le Prévost, II, 28
Relinquir. V. Belemjuir.
-f- Remaindre (to remain),, v. n., rester, demeurer. Du lat. r émaner e . s'arrêter, séjourner (1). V.
le mot suivant et Meiner i.
Si veirement cume Deu vit e tu, de tei ne partirai, mais od tel lemaindrai.
Les Rois, p. 347.
Se nuls nen i remainl. Que il si seit
ateint.
Ph. de Thaon, Campât, v. 2145.
Je remains, tu remains, il remainl^ etc., deviennent presque toujours en patois normandye remrtîs. tu
remais, il remail, etc. Semblable
syncope de Vn se rencontre fréquemment dans
Tancien dialecte.
Brennus remest en Lombardie.
Wace, Itonu de Brut, v. 3^03. -
.Si que le champ de la bataille Remest
de niorz ensanglantez.
Bés ., C/irori. i/c .\orrn,, v. 308.
Remanance (à), iremaining, permanent, Sherw.j, lac. adv., à perpétuité.
A Saint Thomas dona li reis en acordance,
Biin quarante livres de rente à remanance.
.S'. Tliout. le Murt., p. 213. Append.
( t j Du même radical est venue une autre forme : Bemaneir. Mes quant li reis Henris vit ei bien
entendi Qu'il pfineit remaner luz dis
à Puniiugui ..
.S. TItuni. le II art., p. 128.
Ciié ne chastel ne maneir N'i puisse
un lot sul remaneir.
BÉK., Chron. de Norm., v. 3191.
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(delwedd C0911) (tudalen 0843)
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- 843 -
Remanant, Remenant {rcmnnenl; remnant ; remenatinl'), s. m., reste, reslanl. Du lat. reinmioUcm.
Remenaunl, ce qui reste. Kel. V.
Remaindre.
Si rende l'um «1 chalengeur siin chat»'l, e li sire ait la nieité del rfiiiiinant i^ le hundred Ui
ineité.
Lois de Guill., 45.
Emprès icen si repris! vin, Le
reiiiaiiant qu'est ai baciu.
GuiLL. Dt S. l'AIR, Rom. iluMoiU S. tlic/i., v. 849
Li renienanz sera miens.
Ori/onn. de 1 1:i5 du duc de Noi-ra., dans les Etablis, de l'Ec/ii'j. de lyofrn.. p. 51.
Octrov. seurtp, droit ne le rerucnent,
N oiie n'y advint
Ai.. Chart., Le Dcb. des deux Fort , p. 571.
Remander [lo reinand), v. a., faire revenir, rappeler. Du lat. reuiandare, mander de nouveau.
La tierze fais le rem mdereiit E il
vint, du'ic le tuèrent.
Marie, Fable 61.
Ce qi;e f.iict en mirez, nous remanderez nu terme.
Aji'-. Cou.t. lie Noriit., oh. 27.
Remaneir. V. Remaindre.
Remasilles it'enmsails'), s. f. jd., restes, débris. Se rattache au lat.
reiai.'isu.'i, part. pas. de remitlcre, rejeter, abandonner.
E laiserent lur remasilles a lur ent'anz {et dcmiserunt reliquias suas parvulis suis).
Lib. j)snLm., \i. 17
Remède (reutcdy). s. m., recours, appel.
S'il lui a .si hardi des gens de Gadiffer de mettre la main au bastel, nous le turons sans remède.
Le Canarien, p. 25.
Remedi {i^emedy), s. m., remède.
Et passèrent Sdne, en droit Bon|)ort... sanz ce qu'il y ineistent nul r.rnedi.
P. Cochon, Chron. norni.. p. 27!), éd. de Beaurep.
Remembrable {rememhrable , Cotg.), adj.. mémorable. V. les mots suivants.
lert remembrable furmenl en terre el chiet des munz.
Liv.des Ps.. LXXI, IC.
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(delwedd C0912) (tudalen 0844)
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— 844 -
Remembrance {remembrance], s. /., souvenir, ressouvenir, mémoire. Ce mot, bien que conservé par
l'Académie, est depuis longtemps hors d'usage ; nous l'avons retenu par ce
motif. V, les deux mots suivants.
Deus eut sa ancele en remembrance.
Les Rois, p. 4.
Repairet loi vignr e remembrance.
Chans. de Roi., p. 302.
Remembranche (remembring. Cotg.), s. /"., commémoration, cérémonie rappelant le souvenir d'un
événement.
Premièrement, ovec le curé ou vicaire du dit lieu (de la paroisse
Sainte-Croix de Berni^y), la moitié di- toutes les offrendez des trespassez, tant en cbire que argent,
tant en remembranches
(des morts), que autrement, elc.
Héf/lemenC de la fin du XIV" s., cilé dans les iMérn. et notes de M. Aug. Le Préoost, I, 303.
+ Remembrer, -\- Remembrer (lo remember) , v. a., se ressouvenir de, rappeler à sa mémoire. Du
lat. rememorari. V. Remembrance,
remembrere, remembrable.
Corne veit le lit, esguardat la pulcelt.
Donc li remenibret de son seinor céleste.
Ale.c.,&{T. 12.
Que reraHrabreir unque seust Par que
cils mais venu li fust.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Uont S. Midi,, v 3024.
Concurremment avec la forme rem.embrei\ le patois normand use de celle rainembrer, laquelle
appartient aussi à l'ancien dialecte
:
Ramembre toi que tu issis
De cest ventre, quant tu nasquis ;
Ramenbre toi de la dolor
Que je sofri por toi, maint jor.
Wace, Rom.de Bruc.v. 2779.
Ce que je ne seu ramembrer.
Raoul de Ferrières, Chans., p. 13.
Ramembrer est surtout usité dans les anciennes îles normandes de Jersey et de
Guernesey :
Contente-tei, ma Nenai, j' m'en vais raconter
Toutes les cérémonies, si j' peux m'en ramembrer.
Rimes Jers. , p. -10.
Si 1' cœur est sain, 1' cœur se ramembre
Du temps passai qu'était si doux.
MET., Di'-tion, franco-norm., p. 420.
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(delwedd C0913) (tudalen 0845)
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— 845 —
La forme simple membrer, du lai. memorare^ rappeler, perdue pour l'anglais, se rencontre dans
les anciens textes normands :
Membrez vos des Normanz k'il vos flrent Tautrier.
Wace, lloin. (le liou, v. 2969.
Tresqu'as kaleudes de novembre Qui
premiers jors est, ce me membre.
GuiLL, DE S Pair, Rom, du Mont S. Mirh,, v. 1123.
Remembrere [rememberer], adj., qui se souvient, qui se ra])pelle. V. les deux mots qui
précèdent.
Quar nen est en mort chi reraerabrere seit de tei.
Lit. psalm., p. 5,
Remenant. V. Re manant.
Remener {to remene\ 1), «■.,«., ramener, rapporter.
Roquigny me mandoit que si je vouloys fere couvrir une ju- ment à i'estalon... que je luy envoyasse
demain, de grand malin, pour ce qu'on
doybt remerier le cheval.
Joarn. dit s. de Gouberville, p. 390.
Les officiers sergens et gardes de Ft-scam furent punis de grosses peines et amendes pour réparation
et satisfaction envers les parens d'un
criminel pour l'avoir tiré de sa franchise où il s'estoit sauvé, en le remenant, etc.
Teriuen, Comment, du dr. norrii., p. 531.
Le sire de Hely vint vers le d. Mgr. de Bethencourt et lui dit qu'il remenast ou fist remener ce qu'il
avoit prins de leur nef.
Le Canarien, p. G.
Remès {retnaïn), s. m., le reste, le restant. — Hemès, ce qui reste. Kel.
Tut cel merveillus pople qui remès fud des Amorriens.
Les Itois, p. 270.
1. Remettre {to remise), v. a., laisser, abandonner. Du lat. remillerc, abandonner.
N'i remist rien à trébucher, Ne tur,
ne sale, ne mostier,
BÉN., Cliron. de Norni., v. 447.
D'où remès, qui s'est dit pour abandonné.
Remès lor est quite sanz faille La
nuit le champ de la bataille.
Id., ibid., V. 2462.
Quant li tornoi furent remès, Robers,
qui tant maus a ovrés, En Normandie
s'en retorne.
Eom. de Rob, le Diab,, p. 137.
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(delwedd C0914) (tudalen 0846)
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«4t)
2. Remettre [to remit)^ v. a., renvoyer, diminuer, délaisser. Vient aussi de rcynillere, au sens de
rejeter.
Siilz rcmist i'Hrcevcvque cum s'il fust esguare/.
5. Thom. le MurC, p. 5'*
Depuis la mutution de religion de l'an 1562, 1r dévotion du peuple a esté si remise ft contemnée que
l'on n'appeiçoil plus que bien peu de
cette ancienne piété.
DE Bras, Recli. et antiq, de la ville île Caen, p. 45.
-|- Reminer {to remene' SJ, to remind, se ressouvenir, se rappeler), V. n.,
être absorbé par ses pensées, recueillir péniblement ses souvenirs,
ruminer
Remonstrance {reinonslvance),s. /"., démonstration, déploiement,
manifestation.
Geluy qui te lit sans toy, ne le justifiera pas sans toy. Te créer sans tuy peut estre remon-lrance de
son povoir magniiique, et justifier
l'omme sans mentes seroit le désoidennement de sa justice faire.
Al. Chaut,, l'Esp., p. 372.
Remordre {to remorde^), v. n.. éprouver des remords, se repentir. Du lat.
remordere, au propre mordre de nouveau, au
figuré causer du regret.
Ta conscience ne te remorderad, ne tu n'en plurras, pur cest pecchied que tu freies se de mun mari te
venjasses.
Les Rois, p. 11,0. J'ai pis fait, dont
je me reuiors.
Miradr di' N.-D. de l\obert le Dial)., p. 64.
Remot (remote)^ adj., retiré, écarté, éloigné. Du lat. remotum.
Dit qu'elles (les places fieffées) ont été haulsées des terres qu'on a tirées du canal du havre, et celles qui
sont à fiefi'er sont plus loing du
dict havre en lieu plus remot et plus basses.
Doc. sur la fond, du Havre, p. 439.
Tout ainsi que ceux qui assaillent leurs ennemis en trahi- on, d'un lieu remot, ou cachez dans quelque
fosse, les calomniateurs. . lancent leurs dards si finement que le frappé ne
peut appercevoir aucun contre lequel
il se peut revenger m di fendre. Vauq
de la Fre.sn., Or. sur lu calomnie, p. 207.
L'on trouve, se rattachant à notre adjectif, la locution ad verbiale, à remotis^ en un lieu
écarté.
Si tôt que je fus dans ma petite chambre, j" fus curieux comme les enfants de voir mes bonbons... Je
trouvay 60 louis, que je rais à
reraolis, et je lis appareiller.
Journal dej. Doublet, p. liO.
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(delwedd C0915) (tudalen 0847)
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- 847 —
■\- Remouveir {to removc ; lo remown), v. a., remuer. Du lat. removetr. — « Remouveir le feu » se
dit fréquemment pour le raviver en
remuant les débris de combustibles demeurés dans le foyer. — Remoyer, déplacer,
Kel.
Celé qui près dou trunc esteit, Quant
vit ke Jie se reraoveit, Ses
ciimpaigiies a apelérs ; Si sunt
ensanble au trunc alées.
Marie, Fable 24.
Je ne le puis remonver, il est ffiché en terre.
Palsgr., Grarnm . 551.
Remouveir est encore usité au figuré, en patois, dans le sens d'émoustiller, exciter la gaieté.
Removeir. V. Remouveir.
1. Remuer (to remue* i^ v. a., renvoyer, chasser, éloigner. Ne remuerai pas tut tun lignage de m un
autel.
Les l\ois, p. 10. Sehar, li evesques
vadlantz, S'en est fiiiz e
remuez. Ne fu pas ateint ne
trovez, Eschapa s'en, Deus en seit
liez !
Rén., Chron. de IS'orm, v. 4186..
2. Remuer (to remue^), v. a., enlever, ôter, retirer. V. Remuer 1 .
Et si ntî peveiit (les seigneurs ayant la tutelle de certains mi- neurs) vendre, arracher ne remuer les bois,
les maisons ne les arbres (se trouvant
sur les propriétés de leurs pupilles).
Ane. coût. <le Nor/n.
Renablement. V. Reynablement. Renc
(renk\ rank), s. m., rang, ligne.
Turpins de Reins en est levet del renc.
Chnns. de Ilot., p. 23.
Chai de cors tante buele
Que sempres furent li renc cier.
Bén., Chron. de Norm,, v. 3783,
Car il y a mille rubis de renc.
Chuns, norni, du XV" s, — Rec. Gasté, p. 30
Rendable {rendible, Sherw.-, renderable), ad)'., qui peut être rendu.
E si li otrie ensement Treu nomé par
an rendable Sur leial serement
tenahle.
Bê.n., Cliron. de Norm., v. 2840.
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(delwedd C0916) (tudalen 0848)
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848 —
Rendere {to render)., v. a., rendre,
Jeo ne sui pas venuz ici Pur rendere
conte, ainz le dedi Que fer, ne 1'
dei.
Vie de S. Thom. de Cantorb .,v. 573.
Rendre {to rend, déchirer; to render% résoudre), v. a., rompre, résoudre, mettre fin à.
Pur ço te ai enveied cest or e cest argent, que tu la triwe (alliance) rendes, ki est entre tei e le
rei de Israël, e partir le faces de ma
terre {Peto ut replias et irritum facias fœdus, quod Jiabes cura Baasa rege Israël^ et recédât a
me}.
Les Bois, p. 303.
Reneer, Reneyer (ta renay\ to rené' 1), v. a., renier. — Renées, reneyées, apostats, renégats,
Kel,
Ja ne me vodra reneer,
Ainz m'amerat e tendrai chier.
Marie, M' Ion, v. 467. Fui d'ici,
Sathanas; ta bûche Deu reneie.
S. Thom. le Mart., p. 1-20.
Si le roy vueille reneyer sa ley e devenir crestien e estre baptizé, je
prendroy la bataille el salveroy sa terre.
Hist. de Fouegues, p. lOi,
Le verbe, modifié pour l'épenthèse d'un n pénultième, se rencontre dans un autre texte normand
beaucoup plus ancien.
Ki renent le dener seint Père, le dener prendra per la justice de seint Eglise, e xxx den. forfait.
Lois de Guill., 20.
Rener {to rené' :2, to rein, conduire, gouverner), v. n., régner. Du lat.
reynare., par la syncope très commune du g devant n, comme dans asséner,
connaître, dérivés de assignare,
cognoscere. Cette prononciation subsistait encore au XVI'' s. : Palsgrave enseigne, en effet, p. 61, que
régner doit se prononcer rené ; de même encore aujourd'hui on écrit signet
et l'on prononce sinel.
Nimbrod vout rener par force.
Le C/inarien, p. 76.
Et petitement esloit en ce temps le peuple du royaume soustenu et gardé, ne
justice n'y regnoit se bien petit non, mais les fors, tant nobles que bourgois, renoierit
cruelment sur leurs subgez.
Chron. norin. du XIV* s., p. 146.
Bien antérieurement, règne, qui s'est dit pour royaume (V. Règne), s'écrivait et se prononçait
renne.
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(delwedd C0917) (tudalen 0849)
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— 849 — Puille out Roger
Borse e le renne.
Ben., Chron. de Norm., v. 3&452.
Renge {ring, objet, chose, circulaires^), s. f., baudrier, ceinturon. En
bas-lat. ringa, rinça. V. Duc. De l'anc. haut-allem. hring, cercle.
Dune lui commande la renge de s'espede.
Vie de S. Alex., str. 15, var. \
Li a la teste désarmée E la renge
desoz coupée,
Bén., Chron. de Xorm., v. 1641G.
-|- Renhaiter. V. Heheter.
Rénover [to renovale), v. a., renouveler. Du lat. renovare. E la meie dolurs est rénovée.
Lib. psalni., p. 51.
E qui ses resues sunt coupées, Ne li
sunt pas tost rénovées.
BÉN., Chron. de Norm., v. 5333.
-\- Renter {to renier., to ranlef), v. a., remplacer par un morceau neuf la partie usée d'un objet;
littéralement enter de nouveau. La
forme exacte du mot reenter (to graff anew)
est dans Cotgrave.
Renter une porte, un volet, etc., c'est substituer, au moyen d'une espèce d'ente ou de greffe, à la
partie qui s'en trouve détériorée, une
planche ou une portion de panneau, s'adaptant exactement à la portion
conservée. — De même, l'on rente des
bas en les rempiétant.
-|- Renuncier {to renounc.e. Slierw.), v. a,, refuser, rejeter. En lat. renunciare.
Quant il ne pot fera el (autre chose), grefment li annula, Et à pape Alissandre les lettres
renuncia.
5. Thorn. le Mart., p. 40.
Repaire, Repair {repair), s. m., rentrée, retour. V. Repairer.
Li reis -vit le altel à sun repair, e veneratiun li fist {Cumque venisset rex de Damasco vidit allare, et
veneralus est illud).
Les liois, p. 399.
Maint beal miracle veu unt En plusors
leus où venu sunt Li porteor del seintuaire, Tant cum il furent el repaire.
GuiLL. DE S. Pair.Bo;». du Monts. Mich., v. 701.
2. Repaire {repair), s. m., demeure, habitation, maison. En français, repaire n'a plus aujourd'hui
qu'un sens péjoratif,
54
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(delwedd C0918) (tudalen 0850)
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— 850 —
indiquant un lieu où se réfugient des malfaiteurs ou des bêtes fauves. V. Repairer.
Li empereres aproismet sun repaire.
Chans. de Roi., p. 59.
Lonc tens après fii enermie, Si gaste
chose e deguerpie Que n'i aveit
conversion, Repaire ne
habitation.
BÉN., Chron. deNorm., v. 10855.
-f Repairer \lo repaire', to repair)., v. n., retourner, revenir, rentrer ;
s'en aller, se rendre se transporter. De repjarare, qui s'est dit, dans ces acceptions, à une
époque reculée de la basse latinité
(1) et qui dérive du lat. repatriare, rentrer dans sa patrie. — Repairer. retourner, Kel, V.
le mot suivant.
Li empereres s'en repairet en France.
Chans. de Bol,, p. 169.
Amonestei idonc li unt Cil qui iluec
entor lie sunt, A seint Michiel un vou
voast Que, si saine s'en repairast, Sa chapeie resloirereit tel poier ciim eje aureit. Glill. de s. Pair, Rom. du. Mont S. Mich.,
v. 3140.
-f- Repairer avec [lo repaire' , fréquenter), avoir des relations
habituelles, des rapports suivis. « Repairer avec des gens suspects ». Repairer est dans
Gotgrave, comme verbe français, avec
le sens de hanter, fréquenter. V. le mot précédent.
Pour ce que ledit Michiel Alarl reparoit (2) souventeffois avecques les
seigneurs et gentilzbommes...
Let. de rëm. de 1394, Duc, Miles.
Repaiser [lorepaise'). v. a., apaiser.
Lor granz raesfaiz e lor deslaiz
Repaisout si par raeintes feiz.
BÉN., Chron, de Norin., v. 20352.
(1) Cuui venerit ad aîtatem, vel reparaverit domum vei e carcere
liberatus fuerit.
Le^. Sari/ , cap. 9, Duc, Reparare.
(2) Reparer est une des formes sous lesquelles le verbe qui nous occupe
se rencontre dans l'ancien dialecte.
Donc moine fust procheinement, Si
reparast del parlement.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich , v. 1561. Reparer, dans ce texte, signifie
revenir.
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(delwedd C0919) (tudalen 0851)
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— 851 — Je ne scay repaiser
mon enfant quant il me playst, tant crie il.
Palsg., Grain,, p. 589.
Rapaiser se dit encore maintenanl en Normandie, pour apaiser.
. -f- Repare (repair), s. /"., réparation. C'est seulement comme terme d'ancien droit coutuniier, que repare
a conservé cette acception en
Normandie. Avoir « droit de repare >' chez son voisin, c'est posséder le droit de passer
sur son terrain, toutes les fois qu'il
est nécessaire de faire des réparations à la clô- ture séparant les deux héritages, quand
cette clôture n'est pas mitoyenne. Le
droit dont il s'agit s'exerce sur une lisière
de terre, à laquelle on donne aussi quelquefois le nom de repare on
pied-et- demi; lisière d'une longueur de 50 centimètres, confinant, du côté du voisin, à la haie, au
mur ou au fossé, formant la séparation
des deux fonds et sur laquelle peuvent
séjourner momentanément les ouvriers préposés aux réparations dont on
vient de parler.
L'épenthèse de Vi est à noter aussi bien dans ce verbe lo repair, réparer, que dans le substantif
re^jaiV, réparation ; on ne la
rencontre plus dans l'adj. mod. réparable, mais on la trouve dans le v. angl, repairable
(Sherw).
Repareiller [to reparelle'), v. a., réparer.
Pour recouvrir et repareiller les couvertures des batimens du manoir.
Compte de 133S, cité par M. Ch. de Boaurop. clans ses Notes et doc. sur la Norm., p. 239.
Repeller (lo repel), v. a., repousser. Du lat. repellere.
En repellant force contre force.
Ckron. dit Mont S. Mlch., I, 252, Pièces div.
-f- Repile (repille-slock', espèce de bâton servant à battre le lin), s, /"., branche séparée du
tronc, pied d'arbre arraché.
Replenir (toreplenish), v. a., remplir. Du lat. replere. Re/;/e/ier, emplir,
combler. Kel.
Eslre (outre, exlra) tuz cez mais, fist li reis Manassès ocire les prudummes d'ici que tute Jérusalem ont
replenie de sa malice.
Les Rois, p. 421.
Des Goz qui Ganze orent saisie E d'els
poplie e replenie, R'eissi, à milliers
et à couz, Uns poples puis e unes
genz Fervestuz d'armes e garniz.
Bén., Chron, de Xorrn., v. 455.
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(delwedd C0920) (tudalen 0852)
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— 852 —
Reporter [to report), v. a., raconter. Du lat. reportare, rapporter.
Cel n'en i at qui 'n report sa dolor.
Alejc., str. 111.
Repostaile, Repostal (reposi.tory, lieu de dépôt), s. m., lieu caché, retraite. — En repost, en lieu sur,
Kel. V. le mot suivant.
Sicume chael de leon habitanz en repostailes.
Lib. psalm., p. 17.
Bien ont les repostalz garniz, Bien
puet estre seurs et liz .
Bén., Rom. de Troie, v. 22055,
-|- Reposter (lo reposit), v a., déposer, placer. Ce verbe est fait sur le^ lat. reposlus, contraction de
repositus, part. pas. de reponere,
vendre une maison avec tous les meubles qui
s'y trouvent repostés, c'est la vendre garnie de son mobilier.
Reposter, dans l'ancien dialecte, signifie mettre à l'écart, serrer, cacher, dissimuler, acceptions qui
sont au nombre de celles du radical
reponere.
En iceste veie la quele jn alowe repostrent [ahscunderunt, dit le texte latin) laz à mei,
Lib. psalm., p. 220.
Eirent eisi en la cité Repost, enclos
et enfermé.
Bén., Chron. de .\orm,, v. 7498.
Repoulsement, Repoulser. V. Repiilsement, repuiser.
Repprouvablef're;jiroyrt6/e, susceptible d'être reprouvé, désapprouvé,
rejeté), adj.^ reprochable, c'est-à-dire que l'on peut récuser. Terme de droit.
Et faulx tesmoings sont repprouvables.
Coût, de Nurm., en v., p. 108.
Reprise {reprise^ 2j, s. /"., reproche, blâme. C'est le substantif du verbe reprendre., dit pour
répréhension.
le triste forfait très digne de reprise !
Champ-Repus, OEuv, poét., p. 68.
Reproce, Repruce, Reproece, Repruece, Reproche (reproach), s. m., opprobre, honte, déshonneur. V. les
deux mots qui suivent.
Tu posas nus reproce à noz veisius {posuisti nos opprobium vicinis nostris).
Lib. psalm., p. 58.
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(delwedd C0921) (tudalen 0853)
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- 853 —
Serrez à repnice à tus ces de Israël (ponam vos opprohrixim in universo Israël}.
Les Bois, p. 36.
Jà n'en aurnnt reproece mi parent.
Chans. de RoL, p. 92.
N'i aveit pas reprueces ne dite vilanie.
Chron. de Jord. Fant., v. 1305.
Reproche veult mon cuer rainer.
Le misl. de Ua Concept., dans La Concept. N. D. de Wace, p. 152.
Reprouchablement (rep^-oaclifully) , adv., avec opprobre, ignominieusement, injurieusement. V.
fieproce, repronchié.
Certes nul ne pourroit plus outrageux vitupère penser que desappointer (frustrer) son roy de toute
auctorité et le dégrader
reprouchablement de l'honneur et de Testât et enseignes de chevalerie.
Al. Chaut., l'Esp., p. 307.
Reprouchié {reproached, Sherw.), adj.., couvert d'opprobre, honni, déshonoré. V. les deux mots qui
précèdent.
Ils (les Juifs) sont exiliez et dejettez en diverses terres, comme gent reprouchiée et serve.
Al. Chart,, l'Esp., p. 342.
Reprouvable. V. Repprouvable.
Reprouver {to reprove., accuser), v. n., faire outrage. Du lat. repfobare.
Les reproces des reprovans à tei, châtrent sur mei.
Lib. psalm, , p. 88.
Mielz voeill mûrir que il me seit reprovet.
Chans. de Bol., p. 326.
Reprove {reproof), s. /"., reproche, récrimination, critique, accusation. V. Reprouver.
Por ce fu feite la concorde... Si
k'entr'elz n'eust mes rancune Ne maie
reprove retreite De chose k'eust esté
feite.
Ilist. de Gtiil. Le Maréchal, v. 671.
Reprovier {reproving, Sherw. ; reprevinge*),s. m,, reproche, réprimande, répréhension.
Se jo n'en fez justise, j'en arai reprovier.
Wace, Rom. de Boa, v. 2956.
Mei est avis, se ge l'ieissasse E plus
de lui un altre amasse, Que ne peusse
plus pechier N'aveir noaudre
reprovier.
GuiLL. DE S, Paih, Roin. da Mont S. Mich,, v. 3032.
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(delwedd C0922) (tudalen 0854)
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— 854 —
Repruce, Repruece. V. Reproce.
Répugnance [répugnance), s. /"., contradiction, état de choses qui sont contraires, opposées. Du lat.
i'e])vr/nantiam, opposition. V. le mot
suivant.
Tout cela a été. jugé selon les offres et circonstances du faicl, bien considérées. Tellement que, le tout
bien entendu etmeurement adveiiy, il ne s'y trouvera (dans divers arrêts,
semblant résoudre difTéremtnent une
même question) aucune répugnance.
Terhien, Comment, du dr . norm.,^. 316.
Répugner [tû repugn), v. n., résister. Du lat. repugnare^ qui a le même sens. V. le mot
précéd'ent.
Faisoit ban notoire, et ce faire
(Afin) que t(ms au secours de lui fussent,
(Jue bien porter armes peussent,
En quel guerre que se fut niys,
Pour répugner aux anemys.
Coût, de Norin , en v., p 70
Repulsement, Repoulsement (repulsing, Gotg.), s. m., action de repousser, d'infliger un échec. Dérive du
mot suivant.
Comme... pour le repulsement des ennemis et adversaires du
roy nostre dit seigneur, tenans siège devant la ville d'AvrencUes... eust fait faire au dit lieu de Saint-Lo li'
nombre de deux cens maillés de pion,
iMc.
Chron. dit Mont S. Mirh., Pièces div. (XV' s), II, 123.
Lors du quel repoulsement et charge, ainsi donnée, il en estoit demeuré quinze ou xvi des principaux de la
conipaignie du s. de la Noue.
Joitrn. (('un bourg, de Gisors, p. 21.
Repuiser, Repoulser (lo repuise), v. a., repousser, faire subir un échec. D'une forme fictive
repulsare, faite sur le lat.
repiilsKS, part. pas. de repellere. V. Repuhemenl.
Pour... repuiser (les ennemis) par bataille ou autrement.
Chron. da Mont S. Micli., Pièces div. (XV« s.), II, 14.
Seroient arrivez autres compaignies, qui auroient combatu et repoulsé le sieur de la Noue et ses
gens.
Journ. d'un bourg, de Gisors, p. 21
Repurger [repurged, purifié, Cotg.), v. «., purifier. Du lat. repurgare.
Nommant gens capables aux dignitez de l'Eglise, alin que, par leur bonne vie et doctrine, ils puissent
repurger ce qui s'y est glissé de
mœurs corrompues.
Cah. des Et, de .\orni., de 1605, p 52.
Ce grand démon qui se déplaît
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(delwedd C0923) (tudalen 0855)
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- 8o5 —
D'être profané comme il est,
Pur eux veut repurger son temple.
Mai.u., VI, 10.
-|- Rêque {rachle'), adj., revèche, rébarbatif, d'iiumeur difficile. V.
Requement, raguin.
Requement {reke'), s. m., colère, courroux, emportement. V. le mot précédent.
Bretaigne a quise e demandée,
Celé 11 a li reis donée
E espondue quitement,
En paiz senz nul requement.
BÉti., Chron. de Norm.,v.%97.
-f- Rêquer. V. Bêcher.
Requerement {requirement^ requiring, Sherw.), s. m., requête, action de
réclamer ce dont on a besoin, ce que l'on
croit nécessaire. V. le mot suivant.
Mult respondi benignement As diz de
lor requerement.
Bkn., Chron. de Norm., v. 8218.
Requerre {to require, Sherw.), v. a., réclamer, invoquer. Du lat. requirere. V. Requerement.
Achaz ki ne volt requerre l'aie Deu...
Les Rois, p. 318.
Par li cunseil Bernart, firent li reis requerre K'il venist à Roem.
Wace, Hom. de Hou, v. 3316.
La forme la plus ancienne du mot est requirir ; c'est aussi celle qui tient de plus près au radical et
en même temps h la forme du verbe
anglais.
Se alquons met la main en celui qui la mère iglise requirit...
Lois de GuilL, 1 .
-\- Requinquer (se) [to/niik*), v. rèfl., se relever, se rétablir, se refaire, revenir à la santé ou à une
meilleure fortune. Ce verbe est
français, mais dans une acception différente, celle de se parer d'une manière affectée. Souvent
le patois normand ajoute à certains verbes le préfixe re sans que cette addition modifie d'une manière sensible [e
sens contenu dans le verbe simple.
C'est ainsi que, par exemple, rrt^/e/-,rfl7/«s('r, reconsoler ^ etc., ont une acception
identique à celle d'affiler, attiser,
consoler. Il en est quelquefois de même en français où reboucher, rechercher, etc., se disent
pour boucher, chercher.
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(delwedd C0924) (tudalen 0856)
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- 856 — Requirir. V.
Requerre^
Rere guarde {rereward), s. f., arrière-garde. V. Bière, f/uarde, arer (en).
Se en rere guarde troevet le cors RoUant,
Cumhatrat sei à trestute sa gent.
Chans. de Roi., p. 51.
Sa rere guarde lerrat derere sei.
Ib., p. 573.
Resailir [to resile'), v. n., s'élancer, se précipiter. Du lat. re et satire.
Isnelment li ber resailit sus.
cil ans. de Roi., p. 174.
Resconser, Rescuncer (recondile, caché), v. a., cacher. — Recoud, caché, enterré. — Du lat.
recondere. V. Ascons, escuncer.
Mais en cel bois l'ai resconsé.
Wace, Rom. de Brut, v. 420,
Ainz que le soleilz fust rescunsez.
BÉN., Chron. de Norm., v 3561.
Reconder , avec la même acception , se rencontre dans Hornes.
A la viewe de veille tresore trové, auncipntment recondé en terre, appent de eaquirer cornent cel
tresure fuit trové.
Mfjrror de Justice, ch. i, sect. 12.
Se recenser se dit encore aujourd'hui pour se cacher, à Guernesey.
A sen fin fret tout seul, i se r'conse et s'iamenle.
Rimes guern., j). 157.
Rescoor (rescner), s, m,, libérateur. V. Rescuer, rescos. Mort fust de voir, se il n'eut si bon
rescoor.
Wace, Rom. de Rou, v. 4629.
Rescorre. V. Rescuer.
Rescos, Rescusse, Résous (rescous\ rescue), s. /"., secoure, assistance. V. Rescoor, rescuer.
Aveir les quide senz retur Ne senz
rescusse d'un des lur.
BÉ.v., Chron. de .Xorm., v. 2683.
Senz nul rescus sui jo mort.
Adam, p. 29.
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(delwedd C0925) (tudalen 0857)
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- 857 -
Ne l'estuet demander se cil est angoissous,
Qui deables enmainent, quant ne lor est rescos.
GuKiiARD DE BEWhiEV, Sermun, p. 15.
Rescouer, Rescourre. V. Rescuer.
Rescousse (rescous), s. /"., délivrance, remise, action de récupérer, de
recouvrer. \ . Benciier.
Le vendredi 26 aust 15Èi8... J'arreslé Estienne Dodman et Giret Picot, qui sont en différent pour une
rescousse de namps (objets remis en
nantissement).
Journ. du s. 'le GoulicruiUr, \). Wi, éd. dos Ant. deNorm.
Rescuer, Rescouer (lo rescue ; to reslieive^ Palsg.; to rescJiowe'), V. rt.,
délivrer, sauver, secourir, ressaisir. Du lat. re et exculere. — Rescoure, rescorc, aider,
relever, Kel. V. Rescousse.
Tous les gentilz et nobles d'Rscoce, pur rescuer la ville, vindrent ov très
graunt oste.
Brut d'EngL, cite par M. Meyer, Bull, de la S. des une. textes, p. 137.
Je rescoue les nans (gages).
Liv. desJur, de S. Ouon de Bouen, i' 9iè x°.
La forme la plus ancienne du mot parail être rescorre. Cist veneient Chartres rescorre.
BÉN., C/iron. de Nortn., v. 553S.
Polrent rescorre lor seignur.
Marie, Fable 16.
Rescourre est la dernière, dont on est fait usage :
Se cil qui justicie n'estoit point noble tenant, on pourroit bien rescourre les namps à cry de haro.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Nonn., i° xiv v*.
Recouer se dit encore en patois normand pour sauver, conserver,
recouvrer.
Rescunser. V. Resconser.
Rescus, Rescusse. V. Rescos.
Rese {raise'' i), s. /"., brigandage, déprédation.
Apres furent délivrez par leur bonnes escusations qui monstroient par lettrez
qu'i n'avoient lien fait fors par le comandement du roy Charles, père de cest
présent roy, tant des reses que les
Englois avoient fait en France, que de toutes antres choses.
P. Cochon, Chroiu norm,, p. 191, éd. de Beaurej».
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(delwedd C0926) (tudalen 0858)
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- 858 -
Reseant, Resseant {resiant, Sherw.) i\), adj. habitant. Du lat. residenlem, part. pr. de residere,
s'établir, se fixer. Becehanl, résidant, Kel. V. le mot suivant.
Jà si ert 11 dnx esmeuz, Quant à lui
sunt tôt dreit veniiz Deus chevaliers
proz et corteis. Home al conte Tiebaut
de Bleis Tuit reseant de sa
maisnée.
Bén.. Chron. de Norm., v. 20749.
11 sera raisonnable que... les resseons des parroisses etsergenterie d'Evrecy
ayent à eslire une ou deux personnes... pour se transporter vers ledit commissaire.
De Bras, Rech. et cent, de la ville de Caen, \). 129.
Reseantise, Resseantise {resiance, Sherw.), s. /"., habitation, résidence. Heseauntise, résidence, Kel. V.
Besean'.
E pois returnerent à Ramallia ù fud sa reseantise.
Les liois, p. 26.
Se cil que l'en doibl seniondre (citer en justice) n'a point de resseantise (en la juridiction)... le
bailly doibt envoyer ses letttes
adressant/ au bailly du bailliage où il est resseant.
Ane. Coût, lie Norm., cli. 61.
Au moyen âge, on donnait le nom de reseant au vassal obligé à la résidence et celui de
reseanlise au droit dû au sei- gneur
pour le domicile ou le droit de bourgeoisie. V.Ducange à Hesidentes, reseanlisia.
Resentir (se) [to resent}, v. ré/l., se venger.
Quand Robert eust esté batu, il espia son maislre, pour se resentir, tant qu'il le trouva dormant et
d'un couteau le tua.
Cfironùjues de Norm., dans le Miracle de N.-D. de Roh. le Diable, \>. 15.5,
Resfrechir, Refreschir {to refresh),v. a., rafraicbir, délasser, refaire,
remettre. — Refresser, rafraîchir, Kel Du
lat. refrirjerare. V. Rafrechissement.
Un tel beivre li ad chargié, là ne
sera tant travailliez, Ne si ateiut,
ne si chargiez, N' 11 resfrechit tut
le cors.
Mahie, Laiwal, v, 132.
Les Fiançois entrèrent ce soir en la ville, pour eulx refreschir.
Al. Chatît., Hi.st. de Charles VII.
il) lle.nant se rencontre dans l'anglo-norm. de Hornes. Aihelbins disi louts ceux esire de sa
mesnc^e qui son! lesiants en son fief.
Mifrror of Justice, ch. ii, sect. 23.
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(delwedd C0927) (tudalen 0859)
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— 859 —
Resgart, Regart, Reguart {regard, reward"), s. wi., altenlion, égard,
considération, respect.
Richart enz a menez, n'a mez del rei resgart.
Wace, l\orn. de liou, v. 3177.
Kar nnls qui Rous portast niesage,
N'aveit regart, c'est bien sen.
BÉN., Chron. de Nonn., v. 2790.
As boens hummes perneiz, Ici ùnt esté, reguart.
S. ThoDi. le M art., p. 2'J.
Resjoir [to rejoie" ; to rejoice), v. a., réjouir.
Quant je vous voys tout le cueur me resjoye,
Tant me semblez de gratieux maintien.
Chtifis. liorm, du XV s. — Rec. Gasié, p. 36.
C'est ce qui les bons cueurs resjoye.
Ai,. Chaut., Ex-ciisalion, p. 529.
Resnable. V. Hegnable.
ResoDS {resound). s. m., resonnenient, retentissement.
Li dels, la noise et li resons En est
oï par le païs.
BÉN., Rom. de Troie, \. 19338.
Teu noise i a e teus resons E des
espées teus chapleisons, Ceo est avis
que la terre funde.
lu., Gliron. de Nonn., v. 3963.
Resordre. V. Ressourdre.
Resort, Ressort {resort), s. m., secours, ressource.
Cil de la nef, senz nul resort, Furent
tuit perillié à mort.
BÉN., Chron. de \orni., v. 41079.
Mez n'i a nul ressort.
Wace, Koin. de Roa, v. 2995.
Resortir (se) {to resort, se rendre, aller, retourner), v. réft., s'en aller, se retirer, s'en
retourner.
Francbf'iz fors les trovereiit, si se sont resurti.
Wace, Koni. de Rou, v. 1331.
Je ne y resortiray (retournerai) plus, si la maison ne soyt plus honeste.
Pai.sg., Grani., p. 68IS.
Respit [respit), s. m., sursis. Terme de droit. Du lat. respeclujn, action de
regarder en arrière. V. Respiter.
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(delwedd C0928) (tudalen 0860)
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— 860 —
Ne doibt pas celuy qui a envoyé le respit se trouver en l'assemblée, ou le
respit sex'oit converty en deffault et seroit amendable.
Ordon. du Pari, de Norm. de 1515.
Le respit est ottroyé à l'absent pour une fois seulement.
Terrien, Comment, du di'. norm., p. 363.
Respiter [lo respite), v. a., différer, surseoir à, donner relâche à. Un
Yocab. ms. lat.-fr,, du Xlll^ s., conservé à la bi- blioth. d"Evreux, interprète
indiciare., prorogare, ^^dxrespiter.
V. Respit.
Vien à moy, je t'en pri, si me fai un message
Là où aller ne puis, me va sans respiter.
Pet. Poèmes du Mont S, Midi,, p. 64.
Quant tu te vois déshériter De la très
plaisante accointance, Comment
pourras-tu respiter Ton mal, et
faindre ta grevance ?
Al. Chart., Le Regr. d'un amour, p, 794.
Resplendur, Resplendor {resplendence), s. f., resplendissement,
splendeur.
Pur la resplendur ensun esguardemeiit, les nues trespassèrent.
Lib.,psalm., p. 18.
La resplendor qu'ist de sa face Li met
el cors freidor et glace.
Ben,, Rom. de Troie, v. 17533.
+ Responsible (responsible), adj., responsable. Resseant. Resseantise, V. Heseanl.,
reseaniise. Ressemblahle iresemblahle*),
adj., semblable.
Gest argument procède par comparaison ressemblable.
Ai.. Chart., l'iTs/)., p. 336.
Ressort. V. Resorl.
-\- Ressourdre (io sourde'), v. n., se relever, se développer, se lever. Du lat. resiivgere. Se résoudre,
en ce sens, est dans Cotgrave.
L"on dit, par exemple, en parlant de la pâte, qui prend du volume en cuisant, qu'elle
ressourd.
L'addition du préfixe re à notre verbe de patois, ne modifie pas le sens du verbe simple sovdre. V. ce
mot.
.. .Te ferat, ço creim, si parfunl avaler
Ke jà mes ne purras resurdre ne munler.
5. Thom.leMart.,p.ldO.
Jamais, ce criem, ne resordron,
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(delwedd C0929) (tudalen 0861)
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— 861 — Se d'autre gent
secors n'avon,
Wace, Rom. de Brut, v. 6523.
Tu le resours quand il fault ou décline
Et luy donnes confort et soustenance.
Ai.. Chart., Le Brèv. des Nobles., p. 549.
. . .Le cœur me r'sourd Si j'veis, en
faisant ma tournaie, Quiqu'
échantillon d' la vieille cour.
Bimcs gaern,, p. 152.
Honneu au chain (à celui) qu'est r'souniu de la tigue Du roué de Béri-bia-bia-bia !
La A'offc. nnnaie (Jersey, 1874), p. 9.
11 est encore en patois normand un mol qui nous paraît être le substantif de ressotirdre, c'est
ressource, qui se dit pour
source.
Restaurer, Restorer [to restore), v. a., restituer, rendre, indemniser. Du lat. resiaurare, au sens de
rétablir, remettre. V. Reslor.
Se cil qui ne veult soustenir le brief est trouvé coulpable... il l'amendra au prince et restaurera à l'autre
ses dommaiges qu'il aura euz.
Am: Coût, de Norin,, cli. 95.
Si emblez en sunt, s'il ne 's retrove
11 li restorrera senz faille.
Bén., Chron. de Norin., v. 7157.
Pour la témérité de celuy qui est trouvé avoir le tort... il est juste et équitable qu'il restore sa partie
du dommage qu'il luy a fait.
Terrien, Comment, du dr. norm., p. 409.
Rester [lo resr), v. n., conclure. Du lat. restare, s'arrêter, persister.
Reste doncques que tu y auras (à la cour) labeur sans fruict et useras ta vie en péril et si y acquerras
plusieurs envieux.
Al. Chaut., Le Curial, p. 393.
Restituer {lo restytue, Palsg.), v. a., remonter, pourvoir de nouveau. Du lat. resiiluere, remettre dans
son premier état.
La durée de cette playe fut longue... afin que Dieu restituast sa terre de peuple tout nouvel.
Al. Chaut., VEsp., p. 321.
Restor {restoring, Slierw.), s. m., remise, restitution. V. Heslaurer.
Les tenans d'Avenay et de Fiereville se complaignoient que l'en avoit plus levé de eus que eus ne
dévoient au roy. Ordené
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(delwedd C0930) (tudalen 0862)
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- 862 -
est que s'il ea veulent avoir rester, qu'il le demanderont par plet ordené ; quar le roy en a longue
saisine.
Sent, des commis, en la Bcdllie de Caen, art. 89.
Restorer. V. Restaurer.
Restraindre (lo reslrain), v. a., retenir^ arrêter l'élan. Du lat. restringere, arrêter. V. Restreindre
2.
Mais Rous, quant veit les turbes granz
Surdre e venir des païsaus,
Un core sone, ses genz restreint.
Bén., Chron. de yorm., v. 1647
Restreindre (se) Ho restrain)^v. réfl..,%e retirer, s'éloigner, se détourner. V. Restreindre \.
Fors la bataille des Franceis Se sunt
restreint Gostentineis.
BÉN., Chron. de .\orm., v. 46300.
Quant Troïen l'ont entendue, Tuit
frémissent et se restreinent, Braient,
plorent, crient et plaignent, La
novele fu tost seue.
lD.,iîo//i. de Troie, v. 21425.
Resurdre. V. Ressourdre.
Resvigorer {to revigorate, Sherw.), v. n. reprendre de la vi- gueur. Du bas-lat. revigorare, corruption
du lat. revigescere, reprendre sa
force.
Veient Normanz resvigorer E lor force
creistre e dobler.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 37538.
Ravigourer a cette même acception, en patois normand. Retailler {to retail)^ v. a., détailler,
morceler.
Se le fieu estoit retaillé Et à ung
auilre fieu baillé, Qui ne deust point
d'omage, En ce airoit le duc dommage.
Coût, de Norm., en v., p. 70.
Retenement [relayning, Palsg.), s. m., réserve, merci.
E mult osaient d'els e plaient... Dune
n'i out puis retenement, Cens
livrèrent tuz à turment Qu'il
troverent, jeo n'en sai plus.
BÉN., Chron. de Norm,, v. 1742, p. Ci,
Reteneur {retainer)., s. m., personne qui détient, conserve, garde.
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(delwedd C0931) (tudalen 0863)
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— WS —
Qui est chose moins feahle que pecune, qui communément s'amasse pai" desloyautc et se garde
par deffiance des reteneurs?
Al. Chaut., rEs/j.,p. 3i0.
Retenue {reiinite), s.f., suite, train, gens qui accompagnent.
A lui, pour les gages el regars de x hommes d'armes à cheval, cinq à pié et xliii archiers de sa retenue,
... viiixxji livres ;uii sous ii
deniers tournois.
Compte de 1 134, daus la Chron. du Mont S. Mich., I, 174.
Reter, Retter {to relie', imputer), v. a., inculper, accuser. Du lat. realum, état d'accusation, de
prévention, deret/m, prévenu. Hel, relo, suspecté, prévenu d'un fait
punissable, Kel.
Si est ascons qui blamet seit, dedinz le hundred iv. humes le relent, sei xij mein s'espurget.
Lois de GuiU.,50.
Ne sorent unkes ki reter, Ne ki haïr,
ne ki blasmer.
Wace, nom. de liou, v. 7437,
Tut rettent Amphibal.
Vie de S. Aubaii, v. 1407.
L'on trouve, en anc. dial. norm., ret avec le sens d'accusation, prévention,
imputation.
En la curt respondreit le rei clerc de tôt ret.
.S'. Tliom. le M art., p. 85.
Britlon a fait usage du mot, en la même acception :
Si il y ad ascun demoraunt hors del counté et il soit de jcel ret (1) mescru, tauntost soient ses terres
seisies et ses chateux prises et
deliverés à les villes.
Code, ch. V.
Retorn, Retourne, Retur [relurn), s. m., retour. V. Relurner.
Toz jorz s'esforce senz cesser
As disciplines endurer
E à tenir religion
Od teu perseveration
Qu'ai siècle ariere n'ait retorn.
Ben., Chron. de Korm., v. 11205.
Fougières avez prinse en retourne.
Ai,. Chaut., Œut\, p. 718.
A els est mes returs, tus pur lur grant bunté.
s. Thom. le Mart., p. 207.
W) Houard assigne, à tort pensuus-nous, lo sens de crime, diJlit, à ce
mol.
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(delwedd C0932) (tudalen 0864)
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— 864 —
La forme anglaise actuelle se rencontre en anglo-normand :
Dis à la bêle : a Icel seignur,
Qui est rederaptor omnium,
Vus sauve e gard e doint honur,
Supra coronas virginum !
Vostre humme suy sans nul return,
Et meum est consilium
Ke nus fasçum le ju de araur :
Ecce tempus idoneum. »
Chans. an/jlo-norm-, recueillie par M. Meyer,
Bomania, IV, p. 382.
Retourne. V. Relorn.
Retracer {lo retrace), v. a., rechercher. V. Tracher, tracer.
Les nynfes cependant que Juppin embrassoil,
Librement s'en alloient ; en vain les retraçoit.
Vauq. de La Fresn., Forest., I, 8.
En patois, on dit, dans le même sens, retracher.
-{- Retracher. Y. Retracer.
Retraire, Retrahir {to retreat, se retirer}, v. a., retirer. Du lai. retrahere. Ce verbe n'est conservé en
français que comme terme de
jurisprudence, et encore est-il rarement employé.
La main li endormid chalt pas, si que il ne la peut retraire.
Les Rois, p. 286. Des que la mer
retraite fu Li prosdons est sempres
meu.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mich., v. 3664.
11 se retrahist hastivement vers son chaslel.
Chron. norm. du XI F' s., p. 70.
Le terme de droit angl. retraxit, désistement, comme cette dernière forme de notre verbe, se rattache
de plus près que celles précitées au
radical du mot.
Rétribuer [to retribute), v. «., rendre. Du lat. retribuere, qui a été employé en ce sens par Lucrèce.
Quand les lilz rétribuent à leurs parens ce que appartient,et les parens font à leur filz ce que il doivent,
adonques est l'amistié
permanente.
Oresme, 6v. de Lis., Ethiques, 24i, dans Littré.
Rétribuer biens d'aultruy n'ayez honte ;
Tousjours en un fault rendre compte.
P. Gring., 1,149.
Retter. V. Reter.
Retur, Return. V. Retorn.
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(delwedd C0933) (tudalen 0865)
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- 86o -
Returner {lo relurn), v. n., retourner, revenir à.
Tiiz muirums, e sûmes cume Tcwe ki esculurge sur la terre, e puis ne returne.
Les Rois, p. 1G9.
Si l'orrat Caries, si relurnerat l'ost.
Chans. de Roi., p. 90.
Reule (j-e*tVt', Palsg,; rule)^ s. /'., règle. Du lat. reyulnm. — lieivle, ordre, arrangement. Kel. V.
Heullé^ riule, ruiler.
Que ci voilles del tôt remaindre,
Moine profès, reule tenanz,
Deus à m'aime ne seit garanz Si
jà ici plus m'acompaig.
BisN, , Chroti. de Norm,, V, 11386.
En la reule seint Beneiet Est bien
escrit, il le saveiet. Que li abés les
ores gart.
GuiLL. DE S. Pau:., lloin. du M. S. Michel, v. 2103.
Reullé (l6 reivle', régler; ruled, réglé, Sherw.), adj., soumis à une règle particTulière, en un mot
régulier, dit par opposition à
séculier, qui n'est pas lié par des vœux dans un ordre reli- gieux. V. Reule, riule, ruiler.
Cist foreins habiz fu de chanoine reullé.
S. Thoiii. le Mart., p. 201,
-|- Reuser {lo rush), v. n., se jeter, se précipiter. Du lat. t^ucre.
Il esteienl plus de lui par milliers e par cent, Si rtunt reuser ariere ove la sue
gent.
Chroii. de Jord. Faut., v. 1038.
Franceis reusent (reculent) set archées.
MÉN., Chron. de Xunn., v. 16358.
Revange, Revanger. \. Revenue, revenger.
Revel (revel) , s. m., réjouissance, divertissement bruyant, orgie. V. le mot suivant.
Trop sont mais plaines de revel, Trop
en i a de hastivel Et trop d'entées
seur angoisse Et trop deables les
angoisse.
!\lir. de la B . M, V., v. 507,
Au renouvel La première, en lin de
l'anuel, Peult recouvrir joye et
revel. Et, sans tort, faire amy
nouvel.
Al. Chaut., Le Liv. des quatre Daines, p. 673.
m
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(delwedd C0934) (tudalen 0866)
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— 866 -
Reveleux esl dans Gotgrave, comme mot français, avec le sens de libertin.
Révéler [lo réveil, Palsg.), v. n., se révolter.' Du lai. rehellare, par le changement régulier du h en v, comme
dans preuve, hiver, dérivés de proham,
hibernum.
Pur quel as fait conjureisun encuntre raei. tu e le fds Ysaï... pain li dunas e la spée Goliath, pur
révéler encunslre mei ?
Les Rois, p. S7.
Eucuntre mei revelerunt li Seisne.
Chans. (le Bol,, p. 244.
A io réveil, Palsgrave donne pour synonyme to ryot, verbe qui, comme on le sait, signifie tout à la
foi's faire une émeute et se divertir.
L'anglais lo revel avait donc primitivement cette double acception. 11 n'a conservé
aujourd'hui que la dernière, qu'on
retrouve aussi en vieux français dans le substantif reî'e/, qui s'est dit pour réjouissance (V. Bevel),
et pour rébellion, querelle.
E por ce qu'il esleit ainzné,
Li laissa Huge la conté
E la haï.ie e le revel
Qu'il aveit od Joufrey Martel.
Bén., Chron. de Xorni , v. 3.50.53.
-f- Revenge {revenge), s. f., revanche, action de rendre la pareille. V. Bevenger.
Pour en prendre notte revange...
D, Fei:., Muse norm , p. 24.
+ Revenger (se) [lo revenge), v. réfl., se revancher. Du préf. re et venger. V. lievenge.
Les calomniateurs... lancent leurs d^rds si finement que le frappé ne peut appercevoir aucun contre
lequel il se peut revenger ni défendre.
Vauq. de la Fresn., Or. sur la Calomnie, p. 207.
J* li montre si j' sais, mé, me r'vengi.
Rimes jers., p. 178.
Revenue [revenue), s. /"., revenu, ce que l'on relire aimuellement du
bien que l'on possède.
L'ainsné a la saisine... des héritages et revenues à eulx (aux puînés) venus de la succession de leurs
ancesseurs.
Le Rouillé, Gr. Cou.t. de yorm., f" xlvj v.
Revercir. V. Reverser 2.
-\- Révèrent (reverenl, Sherw), arfy,, respectueux. Du lat. reverenlem. Le français révérend a un autre
sens et un autre
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(delwedd C0935) (tudalen 0867)
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- 867 —
radical; il dérive du lai. i-everoulnm, digne de vénération. Cotgrave écrit
le mot par un d final, ce qui est une erreur, puisqu'il l'interprète par
niosl rcsjtecl full of.
1. Reverser {la reverse), v. a., mettre en sens inverse, retrousser,
retourner. Du lat. reversare, qui a le même sens. Ses manches reverses, ses manches
retroussées, Kel. V. Reverser 2 et 3.
Environ els les ont toz en cerne tuez
Et parmie escorchiez, e li coirs (peau, corittm) reversez.
Wace, Hoin. de ftou,v, 1779.
Les bûches traversent, ti oil sunt reversé.
Vie de S. Aubaii, v. 1778.
2. Reverser (to reverse", lo reverse), v. a., renverser, bou- leverser, culbuter. Du lat. re elversaré.
V. Reverser 1 et 3.
Mes à sun cheval est un des peiz eschapiez,
il et li chevaus est enz el duit (ruisseau) reversez. .
S, Thoin. le Mart., p. 9.
En quel fieu que warest (épaves) arrive,
Le signeur du lieu près la rive,
Le doibt en garde à prouflit trayre,
Au mieux que il sauret l'ayre,
N'appelicier, ne descouvrir,
Reverser, transmuer, ouvrir Il
ne le doibt ne desployer Qu'il ne
lesse avant voyer Par la justice ceust
sceu.
Coût, de Nonn. en v. , p. G3.
lievercir a été employé par Benoît, dans le sens de bouleverser.
Trestiit Peilon li [deinteis,
Li riclu's e li bien asis,
Lst si à glaive reverciz
Que Deus m'est mais plus serviz.
Ckron. de Norm,, v. 1067.
3. Reverser {lo reverse), v. a., révoquer, infirmer. V. Reverser 1 el 2.
Firent tant, que toutes les officez que le duc de Bourgongne avoil donnéez au devant, comme capitaines,
chastelains, bayliz, furent tous
lioslez et reversés et mises au néant.
P. Cochon, Cliron. norrn., p. 2G9, ùd- de Beaurep.
Revertir (lo reverl), v. n., retourner, se changer. Du lat. reverlere.
Eistrad li espiriz de lui, e reverlirad en sa terre.
Lib, psalm,, p. 230.
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(delwedd C0936) (tudalen 0868)
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— 868 — Geste lecfice
reverl à grant trislor.
Alex., str. 14.
Revestueire (revestn/)., s. ?«., lieu où le clergé revêt ses vê- tements et ornements servant à la célébration
du culte. Beiiestiaire était, en ce sens, dans le dictionnaire de
l'Académie, mais le mot a été
retranché de la dernière édition de ce dictionnaire, publiée en 1877.
Alerent u revestueire de Notre-Dame de Rouen, et firent tant qu'il orent la chartre des franchises et
libertés de Normandie.
P. CocHOX, CItr'on, iiorm., p. 163, éd. de Beaurep.
Reviler [lo revile), v. a., outrager, déprécier, mépriser, dégoûter. Du préf.
re et de vilere^ perdre de son prix.
Ne despit pas, ne ne revilad {conlempsit) la temprance del povre.
Liu. des Ps., XXI, 25.
Tute viande revilad [ahominala est) l'aneme d'els.
Ib., CVJ, 18.
Revocquement {revokemenl), s. m., révocation.
Se le revocquement ne estoit faict en l'an et jour de la mort de celiiy qui y a mis empeschement, la
possession de quarante ans seroit
confermée.
Le Rouillé, Gr. coût, de Morm., {' cxlj i".
Révoquer (se) (lo révolte, Sherw.), v. rèfl.., se rétracter.
L'an dessus dit (1435), les Boemez, qui avoierit tenu de grans errours contre la fay, se révoquèrent au
concilie de Balle, qui lors tenoit, et
s'en revindrent à nostre fay.
Cliron. du Mont S . Mic/i., p, S'i.
-|- Revouins [roivens), s. m. jd., regains, les secondes coupes des prairies. Revoin est donné en ce sens
par Lacombe dans son- dictionn. ;
Ménage signale l'usage de ce mot en BasseNormondic. Il dérive du préfixe
itératif re et de vouin,- gain. Vouin
s'est dit anciennement et se dit encore aujourd'hui en pat. norm. pour (jain. Gain lui-môme a eu
cette acception.
-\- Rheumatisse {rheumaliz\ rheumalism), s. m., rliumatisme. Du lat.
rhewnatismum.
Les roumatices me gagnent.
La nouo. annaîe {Jersey, 1868), p. 9.
-\- Rheume [rewme, Sherw.; rheume, Cotgr., \° Rumc), s. /;, rhume. Du lat. r/;e«//mm, catarrhe.
. . . L'impost, les quatrièmes, Peste
des biberons,
I n' pensent qu'à ribans, dentelles...
Riin . g acrn . , p. 24.
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(delwedd C0937) (tudalen 0869)
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— 869 —
Faute d'un peu de vin, feront mourir de rheumes Les pauvres compaignons. 0. Basselin (Jean Lo Houx), Vauœ-de-Vire,
XXVlll.
La forme ricume se rencontre aussi dans l'ancien dialecte, ainsi que dans le patois.
En icelle année, ou mois de raars, régna une grant maladie de ryeume par tousserie.
P. Cochon, Cliron. norm., p. 338, éd. de Beaurep.
Tertou com li s' fouttain dé rieume.
P. Genty, OEuv. poét., p. 54.
+ Riban {ribhand), s. w., ruban. I n'
pensent qu'à ribaii
I fallait quiques ribans...
liimes Jcrs., p. 79.
Ribler {lo r/6c'), v. n., aller çà et là, s'agiter, se démener.
Il contraignit Jupin de changer sa figure
En un taureau cornu, riblant par la pasture.
. CiiAMi'-Riîi'US, Œuv. poét,, p. 47.
Rider {lo ride*, lo ride), v. n., chevaucher, s'avancer, s'exercer. De l'allem. Reilen, aller à
cheval. II est possible que reilen
dérive lui-même de rheda, mot gaulois, signi-
fiant char, chariot ; étant à noter que l'angl. lo rede veut dire se déplacer, aussi bien en voiture qu'à
cheval.
Les coureeuz (les cavaliers détachés éclairant l'armée) se mistrent sur la
chaussée Saint Sever environ, xv. ou. xvj., et ridet (ridaient) sus.
p. Cochon, C/tron. norm., p. 105, 6d. de Beaurep.
Le mot a été usité aussi en vieux français (1).
+ Rière [rear), adv., arrière. Le lat. relro a donné rière, comme pelram a donné pierre. Rière ! est le
cri du charretier qui veut faire
reculer son cheval.
II? ont esté captifs riere les Espagnols.
CoTG., Diction,
Bière, dans l'ancienne langue, était fréquemment substitué à arrière, en certains mots composés, tels
que rière-han,rièrefief, rière-vassal, etc. Nous en avons rencontré un
exemple à rere f/xarde.
(l) Et s'en venoi( ridant le pays vers xini; village.
"Fuoi'ss., 1. XI, p. 127.
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(delwedd C0938) (tudalen 0870)
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— 870 -
-(- Rifeau irife', canal amenant l'eau de la mer), s. m., petit canal. Rifeau est un diminutif du vieux mot
français rif, qui est dans Cotgrave,
avec le sens de ruisseau, petit cours d'eau.
+ Rifle {rifle'), s. m., morceau de bois fixé au bout du manche de la faux et dont se servent les
moissonneurs pour aiguiser cet
instrument.
-|- Rifler [lo i-ifle, dévaliser ; to ri/fell, fouiller, Palsg. ; ri- floivr, voleur), v. «., voler, dérober.
Cotgrave donne rifler en ce sens : de
même, Kelham.
'^\^[righl, rir/hC li), adj.^ bon, juste, fidèle, loyal, probe. Du lat. reclinn.
... En creslienlé ne pount trover Fors
quatre que facent à nomer De rige
gput.
Vie de S. Tliom. de Cttnt., p. 621, c. i, var.
+ Rigolage {rirjolage'), s. m., bombance, gaieté bruyante, débauche. Le patois normand a encore le
verbe rigoler., faire bombance, et le
subst. rigolew, buveur, débauché.
-)- Rigolisse {licorice],s. m., réglisse. Du lat. liqinriliam.Yiav lïnterversion de 17 et de Vr. V.
Licorece.
Le 18 octobre 155o. je me trouvé fort mal de mon reusme, Cantepye fut à Cherbourg quérir du rigolice
et du gingenvie pour 3 solz.
Journ. du s. de Goaberville. p. 'i.'b^.
D'vant qu'i seient maiiais, nou creirait, à les veir, Que l's hommes sont taillés de rigolisse en
bouais.
La yoiiv. annaie (Jersey, 1875), p. 12.
Rigoreusen-ient (rigoronsli/), adv., rigoureusement. V. les deux mots suivants.
Lequel Ragot bieu rigoreusement dist au dit de Courcelles qu'il avoit tousjours ses haulles
paroles.
Chrnti. du Mont S. Mic/t., Piéce.s div. (XV s.), II, 138.
Rigoreux (rigorotis), adj, rigoureux. V. JRigour, rigorensemenl.
^hllt rudi's et rigoreuses vous pourront sembler ces miennes paroles.
.•\.L. CiiART., Le Quadrilofjue, p. 411.
Justice procederoit par... formentz et gehaines modérées... qui ne sont pas si rigoreuses ne telles
comme colles qui estoient
anciennement.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Norin., i' xcixv°.
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(delwedd C0939) (tudalen 0871)
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— 871 —
RigovLT (n'gour), s. /"., rigueur,' dureté. V. RigoreuXy
ritjoreusemenl.
Mesnage a prias sur moy rigour.
Chans, norm. du XV" s, Rec. Gasté, p. 63.
Tien suis à durer tousjours, Et je
trouve toutes rigours, Plus de duriez,
moins de secours, Que ceux qui aiment
decevance.
Al, Chart., Lo Lia- des ijuatrc Dames, p. 537.
+ Rimée (r*m<?, givre, frimas ; rime*% gelée blanclie), s. /'., gelée blanche. De l'island. hrim. V.
Rimer.
Beneïssez, o vus, rousées, e lu rimée, à Damnedeu.
Verset; 7 de ÏHi/mna des trois Enjunls, dans lo Lia. des Ps., p. 279.
Rimeier {riineyed\ composé en vers), v. a., écrire, raconter en vers. Riiiieicr est la forme normande de
l'ancien verbe français riuioi/er, que
donne Cotgrave.
Car servirai Seignur mull buen,
De ço k'ai esté sovent las
De rimeier sa passiun,
Il me rent bien, ne m'a à gas.
s. Tliom. le MarC.,1). 207.
+ Rimer {to rime), v. /t., geler à blanc. V. Rimée. Au XVl"^ s., on faisait usage dans le
Gotenlin du fréquentatif ri
masser.
Tout le jour, il ne cessa de plouviner et de rimasser.
Jouni. du s. de GouberoiUe, p. 823.
-\- Rincher {lo rench*), v. a., rincer, nettoyer en lavant. Catau, rinche à l'heure un verre.
Met, , Dict.fruneo-iiorDi., p. VI9.
-f- Riolet {rillet), s. m., petit ruisseau.
Rioter (lo riol, faire du tumulte, se livrer à des orgies), V. /<., se quereller, faire du tapage.
Dérive de riote., mot (pie l'Académie
a fait rentrer dans la langue, quand elle a publié la dernière édition de son dictionnaire, en
1877. V. le mot suivant.
Entre nous deux, s'il t'en souvient,
Souvent rioter nous convient.
I.'Adcoi-ucie N.-D., p. 42.
Toujours tence, riotte ou grongne.
p. Gni.NG , Œuv., 1,285.
Rioteux {riuloKs), adj., tumultueux, insupportable, déréglé. Y. Rioler.
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(delwedd C0940) (tudalen 0872)
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— 87^ —
Or devient maigre. Chagrin, félon, et
rioteus, et aigre.
Al. Chaut., Le déb. des deux Fort., p. 572.
Dilayeur (temporiseur), attendant, riotteux, mal adroit.
Vaui^i. de l.\ Fresn., Art. poét., II, p. 53.
Rique {rike'). adj., riche. Du goth. riiks, puissant, vaillant. Le patois normand use du diminutif riquet^
peu riche, mesquin. De même, l'on a dit riqueclie pour richesse. Y. Duc, Riquixa.
Par cet essample woel mustrer Que li
riqtie hume et li aver Yuelenl tuz
jurs trop cuveiter.
Maiue, Fable 97.
Ristei {riste" 5), s. m., montée, élévation.
Près de cel bois en cel ristei,
Là ad une estreite charriera
Par unt il respeirent (retournent) arrière.
Marie, Eliduc, v. 174.
Riule {ride), s. /"., filet, réglet. V. Eeule, ruiler.
Fud ouverte d'or à riule et à squarrie.
Les Rois, p. Î50.
Riveier {riven'iu/'), .s. m., chasse avec le faucon, au bord des rivières.
là, se pur ostier (faire la guene) au fusl,
Pur nul busuiu ki le creust, Li
reis ne laissast sun chacier, Sun
déduire, sun riveier.
Marie, Equitan, v. 24.
Hiveier est ici un verbe faisant fonctions de substantif comme le souvenir, l'aller, le vivre. Le mot se
rencontre employé comme verbe dans l'ancien
dialecte.
Ne larrad, pur riveier ne pur chacier sh beste.
Citron, de Jord. Faut., v. 119.
Ne chace mais (plus) ne ne riveie,
N'autre déport ne s'esbaneie.
BÉN., Chron. de Norm., v. 22C40.
Rivere (river), s. f., rivière. En e.sp. ribera. D'une forme fictive ripariam se reliant au lat. ripam,
rive.
Mult trovent bêles riveras D'oiseaus
garnies a plenières.
BÉN , Chroti. de Norm., v. 1991,
Funtaine ne Irovent, rivere ne palu.
Vie de S. A ubaii, v. 8G1,
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(delwedd C0941) (tudalen 0873)
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- 873 —
Robeor. Y. liubeirr.
Rober {(» roi)), v. a., dépouiller, voler, piller. Rauber, voler, Kel. V. les deux mois suivants.
Kar une pur lui ne fud robée saint iglise n'abeie.
Chrim. <lc Jord Fant., v. 1099.
Altrcs terres prendre e rober.
Wace, Rom. de lion, v. 12G.
Le français dérobei' vient de là.
Rober lui-même vient de robe, dépouilles, butin, choses volées. En provenç. rauba, dépouille et
robe ; en ital. roba, effets,
marchandises. Robe, en français, s'est particularisé au sens de vêtement. Le mot est d'origine
germanique.
E la robe fu mise es nés.
Bén, , Rom. de Troie, v. 4513,
Robes prenoent et portoent.
Wace, Rom. de Rou, v. 6266.
+ Roberde [roberiy, s. /'., herbe à Robert, plante.
Roberie {robberi/)., s. /"., brigandage, vol à main armée. V. Rober, robeirr.
Se alquens est apeled de larcim u de roberie, e il seit plevi de venir à justice...
Lois de GuilL, 4.
Tôt adès vit de roberie, De larrecin,
de Iricherie.
GuiLL. DE NoRM., Best, diu., v. 1247.
Robeur, Robeor {robber), s. m., voleur, larron. Robeur est le cas sujet ; robeor, le cas régime. V.
les deux mots qui précèdent.
Ci funt li riche robeur, Li vesconte e
li jugeur.
Marie, Fable 1.
Nul ne haï plus robeors, Faus ne
larons ne traïlors.
BÉN., Chron. de Norm., v. 17387.
Rocher. V. Rucher.
Rocherei {rochere*), s. m., rocher.
Li dux esgarde le païs E cum li
chasteaus est assis Sur rocherei grant
de s'igal Où entour sunl parfunt li
val.
Bén., Chron, de Norm., v. 31405,
55*
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(delwedd C0942) (tudalen 0874)
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— 874 —
-)- Rogue '>'oe, rone" -4), s. /"., œufs de poisson. Mot
d'origine scand : en danois, rogn : en
holland., rogher.
Roiste (roister', être rude; gravir, grimper sur. V. à Boist'), adj., escarpé.
Cum li fossé sunt parfunt.
Li terrer (le talus) roisto contreiiiunt
E li haut mur desus asis.
Bé.n., citron, de Norm., v. 13)9.
Passerai Mun-Giu le roiste raunt alpin.
Vie de S. Auban, v. 1832.
Relie {roll), s. w., rouleau.
.Nous l'mbarquasmes 82 grands cofiVes de sucre et 60 relies de tabac du Brezil, etc.
Journal de J . Doublet, ]). 120.
Romanz [romance), s. m., roman, langue romane. Ci ne seveiit riens forz romans.
BE\., citron, de Norni., v. 4527.
Qui ci'Sfe estoire en rotuanz niist.
Wace, liorn. de Rou, v. 10442.
Rommenie, Roumenye {romnay'j^ s. m., espèce de vin d'Espagne.
1 cho[)ine de rommenie achetée à Piuuen, 2 s.
Compte de 1512, cité par M. Cli. fie L}eauie]j. dans ses .Votes et doc, sur la Norni., p. 115. -•
2 pots de roumenye envoyez quérir pendant les feslcs de Noël, que M. d'Otteville estoit venu, 3 s. 8
d.
Autre de 1182, elle ib., p. 114.
Ronchi. V. Itoussi.
Rondelle {noullcl, baril), s. /"., espèce de baiil, d'une capacité
déterminée, où on met les harengs salés.
Pour une rondelle de hareng, pour la prouvision du caresme, 5 1. 5 s.
Compte de 1466, cité par M. Pluquet dans son Ess. hist. sur Baijeux, p. 198.
Parmi les mesures de capacité usitées en Normandie au moyen âge, et indiquées par M. Delisle dans
ses Éludes sur la classe agricole en
Normandie, p. 567, figure la rondelle.
Rondement (roundly), adv.., en rond.
Si doibvent estre rondemeni
Leurs cheveux sur l'oreille reis (rasés).
t'ont, de Nor/N., en v. , p. 105.
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(delwedd C0943) (tudalen 0875)
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— 875 -
-\- Rondir (ta round), v. n., prendre une forme ronde, arrondir. Du lat.
rotundere. L'on dit d'une femme dont la grossesse s'avance, que le ventre lui
rendit ; d'un chot qui élève l'échiné,
quand il est menacé, qu'il rondit le dos, etc.
Tous les cals rendirent l'dos.
liimcs f/arrn., p. 108.
Roqué (rochel) {]), s. m., rochel, surplis à manches étroites que portent particulièrement les
èvèques.
Toile fine pour roques à l'archevêque (de Rouen), l'aune 10 s.
(Compte de 144S, cit6 par M, Ch. de Beanrep. dans ses Notes et doc. sur la ^orm. , p. 403.
1 Roquet (rocker), s. m., manteau court, sans collet.
Myrtitie me manda qu'un jour voir je l'alasse, Si je ne vouloi point du lout perdre sa
grâce. Las, j'i fu, mon Carlet, et
portois dessus moi Ge roquet raïonné,
témoin de mon einoi, Ce roquet raïonné,
qu'elle-même à Taiguile, De verd a
proulilé.
\'aiiq. de La Fhesn., Fore.' t., II, 1.
-(- 2. Roquet [roekeV, casaque de femme), s. m., jupon court. De l'allem. rock, robe.
Le quel Thevenin lui (à cette femme) deiesira sou roquet ou cotte, qu'elle avoit vestue pour aler aus
champs.
Lot, de rcni. d.e l'3H7 ., Duc, Roclietum.
+ Rôs {ross\ marécage), s. tu., roseau. Du goth. raus, jonc. V, Bouche.
Ainz si l'abatirent, com s'il fusl tôt de roz.
Wace, nom. de Rou, v. 2G03.
N'y a ue saussoye, ne autre boys, fors ros, de quoi l'en cuevre les maisons.
Dklisle, VAyric. en !\'onn, au moi/. >'i(je, p, 279.
Et quand il aeurent pléchi une courounne d'épines, il la li mirent sus la tête, ove un ros dans la main
dêtre.
MET., S. Match., ch. xxvii, v. 29.
Pourtant, dans l'îlot des héros, Il y
a du glageur et du rôs.
Rimes r/ucrn., p. 124.
Rosine [rosine, Sherw. ; rosin), s. f., résine. V. Pérousine. Rosine, gingembre et vif argent, pour faire
de la médecine.
Journ. du s. de GouberviUe, p. 26G.
(1) Dans son diction, fr.-angl., M. Spiers interprète roeICct par
rocket, surplice. ,
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(delwedd C0944) (tudalen 0876)
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La forme usitée aujourd'lmi en patois est rousine. On la rencontre aussi dans Tancienne langue.
Itetn, pour xij livres de geme (goudron) et de rousine et vj livre? de suif.
Compte de 1301, Duc, Genia,
1. Rote [rôle], s. f., espèce de vielle. Du lat. rotarn.
Mult avait par la terre plors e denientoisons, N'a vieles ne rotes, rotuenge ne sons.
Wace, Boni, de Rou, v. 3094.
De cest cunte k'oï avez Fu Giigenier
le lai trovez Qu'hum dist en harpe e
en rote, Boin est à oïr la note.
Marie, Gugemer, v. 88.5.
+ 2. Rote (road) s. /"., voie, route, direction qu'on suit pour aller vers un lieu. Du lat.
n(ptam,Houii-en[end.u.viam; en v.fr.
roupie, voie que Ton ouvrait, le plus souvent à travers une forêt, en rompant les obstacles qui
embarrassaient son passage.
Od ses granz genz s'en est partiz,
"Vers Estampes tienenl la rote.
BÉN., Chroii. de Norm,, v. 5078.
Roteur, Rotteur {roller, pourrisseur, pourrissoir, Sherw, ; ta rot, pourrirj, s. m., routoir, lieu où
l'on opère le rouissage du lin et du
chanvre, en les faisant tremper dans l'eau, un certain temps, afin de séparer les
parties'filamenleuses utili- sables de
ces plantes, de la pulpe^. qui en unit les diverses fibres. Le mot est d'origine Scandinave ;
en hollandais, rotlen, pourrir, faire
pourrir. En patois normand, l'on dit rouleur.
On ne peut, en eau courante Faire
rotteur.
Cout. de Norm., en v., p. .53.
Les roteurs ne doibvent estre faitz es eaues decourantt^s, pour ce que souveuteffois, par raison d'iceiix,
les eaux se corrurapent.
Aii'\ Cout. de Norm., ch. 10.
Les roteurs, c'est-à-dire les fosses où l'on met les lins et chanvres, pour
que le bois qui en soutient les filaments pourrisse, ne peuvent être faits en eau courante.
HouARi), Dii-tion. de la Cout. de \orm., V° Roteur.
+ Rouainer {to roune'j, v. »., murmurer, chuchoter, parler bas.
A gronde, rouane et crie sans cause.
Rimes gaern., p. 28.
+ Rouche {rusli, jonc), s. /., se dit de plusieurs plantes
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(delwedd C0945) (tudalen 0877)
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croissant dans les terrains marécageux, telles que les laiches, roseaux, iris de marais, glaïeuls. Dans le
diction. d'Oudin, rouclic désigne
l'iris des marais ; dans celui de Gotgravc, le jonc. Du goth. rmis, jonc. V. Uns.
+ Rouelle {rowell', tout objet de forme circulaire ; rowel, molette, partie de l'éperon, ayant la forme
d'une petite roue à pointes), s.
/"., petite roue. Du lat. rolcUam^ dim. de rolatn. En patois, le mot s'applique aux roues de
brouette et de cbarrues.
I.e 16 septembre 1555, Philippin Couppé vint céans, pour fere des roez (roues) et des rouelles à
cheriie.
Joiirn. (lu s. de Gouberville, p. 34.
Usage à faire une paire de roez et une paire de rouelles, charectes,
chartilz, hersses.
Coust. de la for. de Gavrai/, cité par M. Delisle dans VAijr. on Nom. au moi/, âge, p. 303.
La brouette était autrefois désignée sous le nom de « civière à rouelle ».
La forme dialeclale la plus ancienne est mêle, qui indiquait toute cliose ayant une forme circulaire, de
petite dimension.
El sumet de la basse, ert cume une ruele faite à cumpas.
Les /îo/.s, p. 253.
Plate est cum escuelle '
Roimde cum ruele.
PinL. DE TiiAON, Cotnput, V. 2051.
Roumenye. V. lia m m en ie.
Round. V. BouHz.
Roundesce (en) {roïoidve-'ts, rondeur), loc. adv., en rond.
Traislrenl ensemble lur navie, Tut
ordenée en roundesce.
BÉN, , C/iron. de Nofm., v. lOlG
Rounz, Rount (round), adj., rond. Du lat. rolundum.
liant savom bien que li munz Ksi tuz
egaus e luz roûnz.
BÉN., Cliroii. do Norin., v. 30.
El puis d'enfer n'a porte fors un pertus rount.
GuiciiARii DE Beaui.ieu, Ser/nun, p. 12.
-\- Rousine. V. Rosine.
Roussct {ynsseiing'), s. ni., gros drap de couleur roussâtre. En angl., ritsset désigne, par métonymie,
un vêtement de paysan. V.
linsset.
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(delwedd C0946) (tudalen 0878)
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Trois aunes de rousset pour robe au petit Colin, 22 s. G d. ; de gros rousspl pour le berger de Breanlé,
16 s.
Compte de 1450, cLté par M. Ch. de Beaurep. dans ses Voîes et don. sur la yorm., p. 402.
-}- Roussi {roiincie'}, s. m., âne, baudet, mauvais cheval. En provenç. rossi. en portug. rossiin, en
cat. roci ; dérive de roux (1).
Raoul le Prévost de Darigny, salut en N. S. Sachent tous presens et à venir,
rjue comme ie fusse tenu à hommes religieux,
mons. l'abbé et convent de S. Wandrille en un service de ronchi à faire chacun an pour les fiés et pour les
terres que je tiens de eux...
Cartul. de S. Wandrille, VI, 220, col. l.
Roût (rust), S. m., rouille. Le mot est usité en ce sens à Guernesey.
Tu as boulai dans l'herbier men neuf conté, Nico; Il est viliianai d'roùt ; babouin, tu airas
tôco !
MÉr., DicCion.franLO-norni., p. 436.
-|- Route, Rute {route'), s. /"., troupe compagnie. En angl. mod. rout a une signification voisine,
celle de cohue, multi- tude, foule,
assemblée. Du bas-lat. ruplam, bande.
Seit afse ceste vile tute,
Ainz que s'en parle noslre rule.
Rkx., C/jron. de Norrn., v. 1333.
11 ne (leigneroie respondre A luy ne à
ceulz de sa route.
L'Adiocacie A'. D., p 35.
A vit des morts une route, une route ;
Les dents sus T cœur li cliaquaient toutes.
lUines rjueni., p. 152.
-\- Router [lo rowle. Palsg.), v. n., roter. Du lat. ruclare. li esternue, il baille, il route...
Nouv . fabr. des eœcel. tr. de ver., p. C3.
4" Routeux. V. lioteur.
-\- Rucher {(o rnsclœ), v. a., lancer, ruer, jeter.
E rochout pierres encuntre lui e encuntre luz ses humes.
Les nais, p. 178.
(I) 11 est à noter que rous s'est dit pour cheval :
Hue s'en retorne sur un rous Arabi.
Jiom. de Garin, Duc, lîunvina.
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(delwedd C0947) (tudalen 0879)
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— 879 —
Sire ^Vater e sa gent quiderent passer si'uremrnt, mes les gentz sire Joce les iint russlié arere, e
phisoiirs d'amb^partz sunt naufrez e
tuez.
Hist. de Foulijucs, p. 30.
Ruele. V. HoiieUc.
-\- Rufle {nt/r, rude, gros; lo nif/le', faire le fanfaron, le rodomonl), adj., robuste, fort,
vigoureux.
« Faire le rufle » signifie en patois, tantôt jouer riiomme d'importance, prendre un air arrogant,
tantôt se pavaner.
En angl. mod., lo rxilJle se dit pour s'agiter, s'ébouriffer, être turbulent.
Ruiler {lo ride), v. a., soumettre à une règle, conduire, gouverner. Du lat. regulare. V. Pàule,
reule.
En cel lin fist une abbein. Où il mist
gent de bone vie ; Chanoignes ruilez
(réguliers) i ad mis, Si lor ad bien
lur ordre apris.
Marie, Purg., v. 337.
Il avoit esté en maladeiie, qui n'estoit pas ruilée.
Maun'iei!, Établiss. do V Edilq. de .\or/n., p. lOO.
L'on disait de m«*'me, en ancien dialecte normand, ndllc pour règle; du lat. regiilnni.
A Binet Leroy, menusier, pour... des milles et compas de boiz...
Coinj)tcs du chût, de Gaillon, p. 300 (XVI* s.).
Ruiste {rusly% 2), «rfy'., indomptable, violent, rude. L'i médial du mot
normand est devenu, par mètatlièse, lettre dési- nenlieile dans le mot anglais.
Départi cel grant ost e sun ruiste barné.
Chron. de Jord. Faut., v. 1G99.
Sour les lieaumesout si fers glas. On
as ruistes cops prendre et doner Les
funt sovent estenceler.
BÉM., Cliroii. lie Norin., v. 5282.
D'où ruislece, violence, rudesse, et ruislouent, avec violence, impétuosité.
Hardiement, par grant ruistece Lor
fist conoistre sa proesce.
Bén',, Rom. de Troie, v. llOtiS,
Par grant fierté s'entre asaillircnt
El ruislement s'entr'envaïrent.
Wace, Ronii de Brut, v. 7721.
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(delwedd C0948) (tudalen 0880)
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— 880 —
-f- Rum, + ï^^^ (room, roume, PaLsg), s. m., place, espace. Le mot est d'origine Scandinave ; en isl.,
suéd., et dan., rum, place ; il est usité,
en ce sens, sous les deux formes qu'on
vient d'indiquer, à Guernesey, V. le dictionn. de M. Métivier. On le rencontre aussi en Normandie dans la
composition de deux verbes ; aruner,
mettre en place, arranger et dervner,
déplacer, déranger. — 11 est défendu, écrivait Houard au siècle dernier, à ceux qui portent leur grain au
moulin, de prendre les rangs des uns
des autres, et ce rang y est appelé roxvm,
terme qui a encore la même signification chez le menu peuple en Normandie. » Ane, loix des Franc., I,
SU.
Pourront bien peschier ou faire peschier es autrps lieux et endrois d'icelle eau, aux enginz et aplez
ci-dessus declairez, tout seulement en
attendant toutes fois leur tour et run.
Ch. de 1151, ciiée par M. de Beaiuepaiie dans La Vie, lie l'Eau de Rouen, p. 155.
Madiaine, Fière de vée sen vieil,
coume une raine, Sans trop grounnair,
li fit du run.
Bimes guern., p. 20.
Rumour (rumoiir), s. /"., rumeur.
Là commencèrent les rumours, doulours et meschiefs.
Cliron. du Mont S. Mich.^ I, p. 2.
1. Run (run), s. m., cours, suite, marche.
. . . Alin que cela ne rompe point le run de nos voyages.
Statuts de 1689, cités paj' M. Ch. de Beaurep. dans la Vie. de l'Eau de Rouen, p. 209.
2. Run ('place). V. Rum.
Ruser [lo ruse'), v. n., glisser en bas, tomber, rouler, des cendre.
Kngleiz unt tant Normanz hasté E tant
empeiut e tant bolé, El fossé les unt
fait ruser.
Wace, Rom. de Rou, v. 13-219.
Quant s'esforçout de sus monter, Si
l'estouveit aval ruser.
GuiLL. DE S. Pau'., Rom. du Mont S. Micli., v. 3062.
Russet O'^-s^e/j, adj., roux, roussâtre.
E fud alques russet e de bel semblant {eral aulem rufus et pulcher aspeciu).
Les Rois, p. 59,
Rustie (rustynes', à rusty \), s. f., corruption.
Del sacrelise pristrent à sei, par rustie et par desrei, plus que n'en out cumanded la lei.
Les Rois, p. 7.
Rute. y. Roule.
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(delwedd C0949) (tudalen 0881)
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— 881 -
Sabelin, Sabeline (sable), s. m. et /"., martre zibeline, fourrure.
Sables se trouve en ce sens, comme mot français, dans Palsgrave {Qram., p. 264), Mot slave, en
polonais Sabol, zibeline.
Jà n'aura Robert do Vaus si bon sabelin
Ne mangié la viende, ne beu de tel vin.
Chruii. deJord. Faut., v. 588.
D'or, d'argent, de sabelines, De dras,
d'escarlates sanguines.
BÉN., Chron. de Nornu, v. 2617.
Sachel [sachel), s. ?«., petit sac. Du lat. Saeculum.
Mist cel aveir en sacbels.
Les Rois, p. 3G4.
Sacher. V. Saquer.
Sacquement (sacking), s. m., toile à sac.
Il (Codrus) cbangea son habit royal en vesture do sacquement, aflin que nul ne l'espargnast et par sa
mort acquist à son peuple
victoire.
Al. Chaut., Le Quadrilogue, p. 413.
Sacrarie [sacrarye'), s. m., sanctuaire, lieu sacré, saint. Du lat. sacrarium, sanctuaire.
Gelé partie devers le west fud curae li chancels del tera[ile e li sacraries.
Les Rois, p. 249.
En la samaine qued il s'en dut aler,
Vint une voiz treis friz en la citet
Hors del sacrarie par comandement Deu,
Qui ses lideilz li at toz envidez.
.4 Icx., s(r, 59.
Le mot, fcous la forme sacraire, est donné par Golgrave et par Kelham, avec le sens de cbapelle,
oratoire. Le radical sacrarium a aussi
cette acception.
Celle, paies, chambre et sacraire.
Mit: de la B. M. V., v. 544.
Sacrement [sacrament), s. ni., serment. Du lat. sacramenlum, qui s'est dit dans le même sens.
Après lu sacrement juré, Itant vos
pramel leiauraeat Sor meïsme lu
sacremont
56
le apelai te, saf me fai ; je guarderai tes testimonies.
Liv. des Ps., CXVIH, 14G
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(delwedd C0950) (tudalen 0882)
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— 882 —
Qe jo meïsme à mon poeir Vos aidrai
des livres ardeir.
Vie de S. Grérj., v. 2872.
As tu mémoire du sacrement que tu me feis ?
Al. Cuart., YEsp-, p. 285.
Sad {sad 4), adj^ solide, durable.
Irai al rei d'Escoce, sad triewe demandant.
Cliron. de Jord. Fant. , v. 501.
Sad n'a aucun rapport de sens ni d'origine avec sade, adjectif fréquemment
usité dans la vieille langue, signifiant
agréable. Du lat. sapidiim. Notre mot pourrait peut-être se rattacher
au lat. soldum, contraction de solidum, par le changement régulier de Vo en
a, comme dans dame, venu de dominam.
Saf {safe), adj.^ sauf, sans accident, heureux. Du lat. salvum.
, saf me fai ; je guarderai
Sire, feit-il, saf seies-tu !
Vie de S. Gile, v. 1950.
Sagittarie {sagillary), s. m., le sagittaire, l'un des signes du zodiaque. Du lat. sagillarium.
E ço dit nostre armaries Que deus fut
sagiltaries.
Pu IL. DE Thaon, Compat, v. 1727.
Sailir. V. Saillir 3.
Saillie {sally}^ s. /"., sortie, attaque que font les assiégés, sortant pour combattre les assiégeants.
Terme de guerre.
Ceulx qui estoient dedens ladite ville firent bonne garde d'icelle et firent grandes saillies sur
leurs ennemis.
Al. Ch.\iit., Hist. de Cil. VII, p. 78.
Y eut pluseurs grans saillies et escarmouches où les Anglois perdirent.
C/iron. norm . du XI V^ s., p. 70.
1. Saillir {to saille'), v. n., sauter. Du lat. salive. V. Saillir 2 et 3, saillur.
Uuant de mei partiras, dous humes... truveras, e, par déduit, à fosses saillir les verras.
Les Rois, p. 32.
L'ew'-e de Jebre el lur est de devant,
Mult est parfunde, merveilluse e curant... Puis saillent enz, mais il n'i unt
guarani.
CItans. de I?ol., p. 208
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(delwedd C0951) (tudalen 0883)
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— 883 —
2. Saillir {lo sailc), v. «., nssaillir. V. Saillir 1 el 3.
Donc fist li dus avant Constentineiz saillir,
Qui debveient avant li premiers colps l'evir.
Wai-k, liofu. (le Roii, V, 2595,
3. Saillir, Sailir (to sallie. Slierw.), v. n., sortir. V. Saillir 1 et 2.
Trouva une partie de ces gens eu 3'celle place. Il en estoit saili XV de la place ycclhiy jour, el estoient
aies courir sur leurs aliénais.
Le Canarien, p. 138.
Si les gouverne Et enyvre du vin de sa
taverne Amours, qui cioz les tient
dedans son cerne ; N'ils ne sçavent
huys, porte ne poterne
Par où saillir.
Al. Chaut., Le Liéb. des deux Fort., p. 550.
Saillur {sailour\ à saille), s. m., danseur. V. Saillir 1.
Hai ! cume as ested ni glorius, ki tei descuveris e esnuas des veslemenz reals devant anceles de les
serfs, si cume ço fust uns saillur
!
Lea [lois, p. 141.
Saim, Sain {sai)n\ semé. Palsg.; seam), s. m., graisse, saindoux. Du baslat.
sagimen, altération du lat. sa^'/^zam, graisse. V. Enssainier.^
Sicume de saim e de craisse seit raemplide la meie aneme.
Li/j. psabn., p. 80.
Que tut degolout de suor, i>i
fondie le «ai ni el ventre.
BiiN., Chroa. de Norm., v. 39307.
Pour i. raui de sain, xxii. den.
Coust. do lu. Vie. de l'Eauc de Rouen, art. xv.
Pour i. pot de sain, livré à la quisine, iii. s.
Compte de 131!l, cité par M. Delisle dans les Actes norm de la Ch. des Comptes, p. 377.
En patois normand, sainte est le nom que l'on donne à la prem.iôre crème qui se forme sur le lait.
Saïme est un subst. tëm. Le mot est
dit en ce sens par assimilation de la crème
avec la graisse. A Guernesey, l'on appelle la crème la graisse du lail.
tei qui liques (lèches) la graisse du lait...
Rimes r/ucrn., p. 03.
Le patois a aussi le verbe csaimer, retirer la saiine formée sur lo lait. En vieux fr., essemer,
essitner, amaigrir, littéralement retirer la graisse. V. Cotgrave, '
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(delwedd C0952) (tudalen 0884)
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— 884 —
-j- Saime. V. Saim.
Sain. V. S ai in.
Sainglement. V. Senglement.
Sainter. Saintir, Seintir (lo aaint ; to saynle. Palsg.), v. a. et n., mettre au rang des saints, canoniser
; devenir saint.
Asez jut lungement ainz {C\\ eust sainte.
Wace, llom. de liou, v, 2498.
Dient poor unt qu'il saintisse, E
prient que jà Deus ne voille Qu'en ses
preieres les acoille, Car mult s'i
fièrent poi.
« BÉN., Chron. de \orm., v. 40772, var.
Kar, al tens sun aio), les (coutumes) soleient tenir, Arcevesque et evesque, que l'on vit puis
seintir.
5. Thom. le Mart, , p. 32.
Saintuarie {seintuarie', sancluary), s. m., sanctuaire. Du lat. sancluarium. — Seintuarie,
Seinlewarie, sanctuaire. Kel.
Desque je entre el saintuarie Deu.
Lit. psaltn., p. 96,
Parole fud que tei e li tuens lignages servireit devant mei, en muu saintuarie tinaldement.
Les liais, p. 9.
Sale, Salle (sa/e'), S. /"., manoir, hôtel, château, palais. De Fane, haut allem. sal, maison,
demeure.
Assez près vit une cité ; De murs fii
close tut entur. N'i ot meson, sale ne
tur. Qui n'aparut tute d'argent.
Marie, Yuenec, v. 36V.
Pour i'' de late acheté de Henri le Moine, emploie en la cou- verture de la grant sale, ii s.
Compte de 1338, cité par M. Delisle dans les Actes noria, de la Cti. des Comptes, p. 177.
Un jour seoit à disner Robert de Flandres en la sale à Lille, mais le conte de Hennaut lui fist envoler
une pierre d'angin (catapulte), qui
rompi le comble de la sale et chay devant la
table et occist deux chevaliers.
Chron. norm. du XIV' s., p, 10.
Les deux gables (pignons) d^'. cette si ample salle sont si admirables...
De Bras, liech. et ant. de la ville de Caen, p. 33.
Salme (Salme. Palsg.), s. ?»., psaume. Du lat. psahmim.
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(delwedd C0953) (tudalen 0885)
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— 885 - Salme dirrai al
tuon nnm en siècle de siècle.
LU), psalm., p. 79. El cimelire
deineurout E ses quinze salmes
chantout.
Maiue, Purg., v. 2189.
Saluable, Salvable {salvable), adj.^ susceplible de procurer le salul. 'Lhi voyelle de la pretnière de
ces formes est changé en II consonne
ou en v dans la seconde, mais en fait c'est le môme mot.
Il vit son conseil saluahle.
Vie de S. Thom. de Cant., v. 772.
Funl-il : si tu 'n creis noz conseilz
Salvables e buens" e dreitz...
BÉN., Chron. de Norm,, v. 61.37.
Ceulx qui le bien de vertu ne le salut publicque, mesmement aux tntreprinses de guerre, ne veulent plus
que le gaing ne feront... œuvre
salvable.
Al, Ciiart,, Le QLuulrllo(jae, p. 443,
Salvable. V. Saluable.
1. Salvage (salvage), adj., sauvage. Du lat. sïlvalicum. — Salvage, sauvage. Kel.
Atendrunt li asne salvage en lur sei.
Lib. psalm-, p. 151.
Une herbe ki semble viz (vigne) salvage.
Les Rois, p. 3G0.
2. Salvage {salvage'), adj., cruel, douloureux, dur. Môme rad. que Salvage 1.
Quant li reis vit l'oevre e l'uirage,
Sachiez que mult li fu salvage.
BÉN., C/iron. de Norm., v. 487.
1. Salvation (salvaiion), s. /"., salut, conservation. Du lat. salvatiojiciJi.
S'aulcun va en solennel pèlerinage, il appartient à l'église, s'il ne revient, à ordonner de ses meubles...
pour rejecter la convoi- tise des
héritiers, qui pourroient à eux appliquer tous les chatelz (biens mobiliers) du pèlerin, eu préjudice
de la salvation de son ame.
Le Rouillé, Gr. Coût, de Sorm ., fo ex.
Item, à Durand de la Fontaine, pour aller à la procession de la paroisse de Gailion le jour Sainte-Croix
à Evreux, fut baillié tant pour faire
dire une messe pour la salvation des vingnes de Monseigneur, que pour faire sa despense
audit lieu, 4 s.
Compte lie LU i. cité par M. Ch. de Boaurep. dans ses ISotes et doc. sur la A'o/'vi, , p.
208.
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(delwedd C0954) (tudalen 0886)
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— 88G —
2. Salvation isalvatiun. Sherw.), s. /". , noie, mémoire en plaidoirie, ayant pour but d'établir le
bien fondé d'une demande introduite en justice ; l'exactitude des
témoignages produits, etc. Terme de
droit.
La partie sera receuo à bailler salvations au contraire.
Ti;P.r;iEX, Comment, dw dr. norm., p. 383.
Et pour salvations aussi sera taxé voyaj^e.
Ordon. da Pari, de yorm., de 1558.
Salve {save), adj.^ sauf. Du lat. satviim.
Encuntre tûtes genz did mnrid, en force e en aïe Od raun fiz seiez tenant, salve ma
seignurie.
Citron, de Jord. Fant,, v. 11.
Mes lors la (cure) porra il (i'arclievêque) doner, salve la droi- ture del patronage, à celui qui la
guaengnera (qui l'obtiendra en gagnant
le procès).
Marxier, Etahliss. de l'Echirj. de .Yorw.,p. 59.
Salvecine. V. Sauvagine.
Salvement {safely), adv., sûrement, sans accident, sain et sauf. V. Sauvemenl.^ assaiivemenl.
Par plusurs anz ai salvement guanlé tes humes e les choses.
Les Rois, p. 97.
11 promeltrunt veirement
Ke hors vus naerrunt (mèneront) salvement.
Marie, Purg., v. 739.
Salver {lo salve), v. a., sauver, tirer de danger. Du lat. salvare.
Dieu salverad sun pople de Israël des Philisthiens.
Les Bot.s, p. 130. Salvent le rci et
guardent la reine.
Clians. de Roi., p. 228.
Sambue (samhus'), s. /"., housse, sorte de grande couverture couvrant la croupe du cheval, attachée au derrière
de la selle.
Item, une sele à dame à sambue, laquelle sele esl bele et noble et bien dorée... et est la sambue de
vcluyau vermeil, broudée et armoiée à
escussons.
Invent, de 1334, cité par M. Delisle clan.s les Actes norm. de la Cil. des Comptes, p. 90.
Samit {samile')., s. m., riche étoffe de soie.
Li dux out mult bel appareil. D'un
cher saujit freis e vermeil, Vu jenz
vestuz e atornez. Plus bels chcvaler
ne fu nez.
Bé.\., Cliron. lie Norm., V, 10317.
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(delwedd C0955) (tudalen 0887)
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— 887 —
En une pitce de samit, A or brusdé e
lut escrit, Ad l'oiselet
envolupé.
Marie, Lanstic, v, 135.
Sample {saïujilc), s. m., exemple.
Trcsiut le mond enlumina Par le sample
(ju'il nus dona Pur nus garir.
Via <lo S. T/iurn. de Cant.,v. 119S.
Sanc (sanJi 2), s. m., sang.
Oz-mei, pulcelo : celui tien ad espos,
Qui nos redenst de son sanc precios.
Vie (le S. Alex., str, 14.
Par sa char le voleit et par sun sanc trubler.
6". Tliom. le Mart,, p. 92.
Sanctité {sancliUj), s. /"., sainteté. Du lat. sanclilatem.
Les religieux... dudit lieu (le Mont-St-Michel) nous ont exposé que... aulcuiis de ceste garnison, par
faveur, importunité de requérir ou
aultrement, contre leur volonté, ont mis à demeurer femmes eu ladite abbaye, au préjudice
d'eulx et de leur religion et sans
considérer la sanctité du lieu, etc.
Cliron. du MoiiC S. Midi., I, 221. Pièces div,
-f- Sandre {sawnder*)., nom propre, Alexandre.
Nous vous mandons que vous paies à Sandres Broquart et à James de l.aunay, messagiers à cheval, la
somme de cent et dix soulz
tournois.
Cliroii. dit Mont S. Midi., Pièces div. (XV s.), II, 226.
Saner {sane', médicament), v. «., guérir, calmer. Du lat. snnarc.
E par saint baptestire tu seras sanez.
Wace, Rom. de Hou, v. 1014.
Deux teises est ariere alée A tant si
fu tote sanée.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Mivh,, v 3004.
+ Sangle. V. Sengle.
Sanglement. V. Senglement.
-f- Sanique {sanikell-'ë,\\Qvw.), s. m., sanicle, plante,
Sapient {sapient), adj'., doué de sagesse. Du lat. sapientem.
Ne prenez tant de plaisir, de lyesse
Aux biens mondains, que Christ on ne confesse
Estre vray Dieu, fort, sapient, clément.
P. Grinc, I, 2G9.
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(delwedd C0956) (tudalen 0888)
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- 888 —
-\- Saquer (to shake^ secouer), v. a., tirer, amener à soi. « Saque les pieds que je passe. » — «
Saque-nous un seau d'eau. » — Saca
hors chi gaunt^ lira hors du gant, Kel.
Dan Bernart en a saqué al puing s'espée.
Wace, Rom . de Rou, v. 3553,
Mes il l'unt luit dcsconeu. Si l'unt
sakié et debatu.
Mahie, Fable 58.
La plus ahile. Atout (avec) les gran
cros de la ville, De tes pale ne
pouroient pas Le saqué, par saint
Nicoulas !
L. Pet., Muse norm., p. 24.
Une autre forme dialectale, pour le moins aussi ancienne, est sacher.
Le mesaisé esdreszce del puldrier ; le povre sache del femier, od les princes fait sedeir.
Les Bois, p. 7.
là fust la cité clialongée
E mainte aime des cors sachée.
BÉN., C/iron. de Norm., v. 9392.
Le sens du verbe anglais n'est pas absolument le même que celui du verbe normand, mais l'un et
l'autre sont très raprapprochés. En fait, c'est le même mot. Anciennement,
les deux acceptions ont pu se
confondre. Safjtier s'est dit fréquemment en parlant de l'épée que l'on
dégaine et que l'on brandit. Ce verbe
semble exprimer aussi bien l'une de ces actions que l'autre. Par exemple dans
le premier texte cité plus haut,
emprunté à Wace, saqué parait dit autant -powv dégainé que pour secoué, c'est-à-dire brandi.
Quoiqu'il en soit, il n'est pas douteux que le sens vrai du verbe est tirer ; c'est le sens conservé
par le palois normand, celui que
donnent Cotgrave et Ducange (V" Saccare), et qu'on retrouve dans l'espagnol sacar.
A Jersey et à Guernesey, on emploie la forme chaquer, inu- sité en Normandie. Chaquer s'y dit pour
secouer, mais c'est évidemment là un
anglicisme.
I d'vise à sa catte En chaquant la
patte.
La yottv. annale (Jersey, 1872), p. 4,
Auve sa veisine chaquer la main.
Rimes guern,, p. 22,
-\- Sargent (sargenr), s. m., sergent.
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(delwedd C0957) (tudalen 0889)
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— 889 —
Sarmon, Sarmun {sarmonde') (1), s. m., sermon. Ne fist pas gtant parole, ne ne fist grant
sarmon.
Wace, Honi. de lioii, v. 1610.
Et li respunt par fax sarmon ;
Diisqu'à celé ore, t'aii bien aidié.
Marie, Fable 72.
D'où sarmoner, sermonner :
E si lor prist a sarmoner.
Vie de S. Grég., v. 888.
Sarpillière {sarpeler\ sarplier)^ s. /"., serpillière, grosse loile de chanvre.
Item... tronvasmes iiii fardiaux cloz chascun en un chapitre (?), envelopés d'un drap linge dedens li diz
chapitres , encloz eu sarpillieres de
toille, et sembloit avant que l'on ouvrist les sarpiiiieres d'iceulz,
etc.
Iiwent. de 1334, elle par M. Delisle dans les Actes norm., de la Ch des comptes, p. 105.
En patois normand, serpillière est la dénomination du tablier de cuisine en
toile bleue.
Satisûer {lo sa tis fie. Sherw. ; ta saiisfy), v. a., acquitter, payer, se libérer,
— Est droit que l'en luy rende, Pour
satisfier de l'amende.
Coiit. de Norm., en v. , p. 117.
Sauchuis (saiici/)^ s. m. pi., saletés, débris de toutes sorte.
Pour ester les sauchuis de la queminée de la chambre au vi- conte et d'entour le chastel, xii s.
Compte de 13i4, ci(é par M. Delisle dans les Actes norm., de la Ch. des comptes, p> Ï99.
-|- Saucier {saucer)., s. m., saucière.
Vj granz escuelles, xij sauciers...
Incrnt. de 1306, Duc , Saucer.
-\- Sauler {saivl'., boisson, liqueur), v. a., soûler. Du lat. satullco-e.
Saulez sunt les fils {salnrati siinl filii).
Lib. psalm., p. 17,
De tut se poeit il sauler, Ceo diseit
il, fors de duner.
Wace, Bom. de Hou, v. 161G.
(I) La même syllabe paragogique se rencontre dans sermondc, autre ancienne
forme anglaise de sermon, donnée par Palsgr^ive.
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(delwedd C0958) (tudalen 0890)
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— 890 — Vo zeste bien
pendus de vous sauler de bière.
D. Feu., Muse norm., p, 81.
Pou sauler tant d' bel' à pain, Y faut
diebleraent d' la mang'rie.
Coup d'œil purin, p. 17,
Saumeier [lo sauin, répéter quelque chose trop souvent), V. n., psalmodier. En prov. salmeiar ; en
esp. salrnear.
Ceo est li mundz ù Deus s'ombreie^
Eissi cum Davit nos sauraeie.
Béx., Chron. de \orm., v. 26030.
Saunz (sai(n'),prêj)., sans.
Là unt eslit Tliomis et pris à avué,
Tuz, saunz nul contre dit de lai ou de lettré.
S. T/ioin. le Mart.,'^. 17.
Halliwell donne ce mot associé à fail\ « saun fail n, locution qu'il traduit par « ^yithout fail »,
c'est-à-dire sans manque, sans
omission. Faille est un mot que l'on rencontre avec le même sens en dialecte normand, où la
locution sans faille est fréquente. Y.
Faille.
-\- Sautée {sait*), s. /"., accouplement, monte. Le patois normand a
aussi le verbe sauler, qui exprime celte action.
-f- Sautier (sauter*), s. //i., psautier, recueil de psaumes. Du lat. psaltcriurn.
i bréviaire en ij volumes, i saulier, i grael...
Invent, de 1307, cité par M. Delisle dans VAgr, en Norm. au moyen âge, p. 724.
Et doivent savoir fb-s chapelains) leur sautier par ceur et leur et tout l'antifonier.
P. Cochon, Chron. norm., p. 79, éd. de Beaurep.
Au XVli'= S., cette forme du mot subsistait encore dans la langue parlée (V. Chifflet, Gram.., p.
233).
-}- Sauvagine [savarjery, végétation sauvage), s. /., hallier, lieu couvert de ronces et de buissons,
retraite du gibier sau- vage.
Sauvarjine est dans Cotgrave, comme mot français, avec le sens de lieu sauvage.
Salvecine, sauvechine ont eu cette acception dans l'ancienne langue :
Mius voelent vivre de racines, Comme
besles en salvecines.
Wace, liom de Brut, v. 236.
N'a cinq lieues de toutes pars Fors
sauvechines et essars.
Dl'c, Sijlvaticus.
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(delwedd C0959) (tudalen 0891)
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— 801 —
L'on donnait anciennement le nom de « terres assauvagiées » aux terres
couvertes de broussailles.
Les terres sont toutes assauvagiées et environnées de bois.
Ch. de ti06, Duo.,/6.
Sauvechine. V. Sduiurf/nie.
Sauvement (savemenl), s. m., salut, protection. V. Salvement, assaiivément.
...Ot Isaac son bon oir,
En cui semonce auront la gent,
Beiieiçon et sauvement.
Wai-e, La Coiv'cpt. N. D.,j>. 18.
Gursius ne saillit-il pas en la très parfonde ouverture de terre... pour le sauvement de la cité.
Al. (!:ri.\UT,, Le Qaud i-ilogiie, p. 4'i3.
Sauverre. V. Saverre.
^diMveiQ {savele* , safe/)/), s. f., sûreté, protection, salut. Du lat. salutem.
Les mers siglerent od les venz, Ne les
destorba si tornienz, Que là toi dreit
en lor pais, A sauveté n'aient port
pris.
Bén., Cliron. (le Nurin., v. 28(i71.
A Dieu pria qu'il ne dutast K'à
sauveté dreit le menast.
Marie, fable 100.
Saverre, Sauverre [savere), s. m., le Sauveur, Jésus-Christ.
Quant en la croiz fu li Saverre, De
joste la croiz vit sa mère, Jehan avec
qui l'amena.
Wace, La Coiieept. N. D., p. 57.
Obliez, inobedienz
Des gbnios comaudemenz
Qui li Sauverres li ont faiz.
Bèx., Cliron. de Noriii., v, 53817.
+ Savigaier, -|- Savigni [savin, saveijne. Palsg.), s. m., Sabine, espèce de ,i;enévrier. Saviniev est
donné en ce sens, comme mot français,
par Cotgrave.
Saveur {savoi(r)^s. /., occasion, prétexte.
Et si peut bien eslre qii'il ne l'eusse osé penser ne entreprendre, se aucun coiigié ou savouru'en eussent
li'aucunz.
P. Cochon, Citron, nonn., p. \)'), (ici. de Bcaurep,
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(delwedd C0960) (tudalen 0892)
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— 892 —
Sazier {lo sale), v. «., rassasier. Du lat. saliare.
Del fruit de tes ovres sera sazied la terre.
Lib, psalm., p. 151.
Qui primes furent saziez, or se sunt pur pain luez.
Les Bois, p. 6.
Scadron (squadron), s. m., escadron, troupe. De l'italien squach'one, mot venu en France vers le XV*
siècle.
Il est temps de trier nos scadrons encornés (bestiaux), Qui sont confusément çà et là
destournés, Pour les mener au tect (à
l'étable).
Champ-Repus, Œuv- poét., p. 36.
Scale (scale), s. /'., coquille. Du goth. skalja, tuile. En allem. schale,
écaille.
Mes de Jérusalem en est la croiz portée (rapportée),
Et de Rochemadur Marie en plum getée.
De saint James (Saint Jacques) la scale, qui en plun est muée.
S, Tliom. le Mart., p. 205.
Scient {scienl'), adj., sage, instruit, expérimenté, prudent. Du lat. scienlem. qui sait. V.
Escienlels.
Gens modérez sont répétez (réputés) sciens.
p. Gri.\g , Œav., 1,300.
NuUy ne s'est aux failz miré
Des anciens. Qui furent sages et
sciens.
Al, Chaut., Le Lia- des 'juatre Dames, p. 665.
La plus ancienne forme dialectale du mot est scientos.
Mult le troverent engignos. Sage 6
fondey e scientos.
BÉN., Chron. de Norm , v 29205.
Scientilique {scienliftc), adJ., savant, de science.
Avec plusieurs additions et allégations... composées par scientifique
personne maistre Guillaume Le Rouillé, d'Alençon.
Extrait du titre du Grand coustumier da pays et duehé de Morm. de Le Rouillé.
Scismatique {scismaticli, Sherw.), adj., scliismatique. V. Scisrne.
Pierres de la Lune, qui estoit scismatique...
P. Cochon, Cliron. norm., p. 139, éd. de Beaurep.
Tenus et repuiez heretiijues. séditieux, scismatiques et perturbateurs de
l'union et repos publique.
TerkiEiV, Comment, du dr. norm-, p. 474.
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(delwedd C0961) (tudalen 0893)
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— 893 —
Scime, Scisme, Gisme {scisme, Slierw.j, s. m., schisme. En provenç. et itol. scisma, en esp. cisma. Du
lat. schisma.
En scime et en descort tut dis mes serriez.
S. T/ioni, le Mart,, p. 16,
Qn'il mouvoit à si catholique empereur envair et blasmer, fors lesscismes, lesdiscords, des
desordoniiances et iniquitez que tu
veoyes naislre en l'Eglise ?
Al. Ci\kK'Y.,l'Esp., p. 305.
En danger de cisme nous voyons Saincte
Eglise, pour ce que desvoyons..,
P. Ghing.,I, 158.
Scole {sc/iool}, s. f., école. Du lat. scholam.
Volunters aient al muster Oïr la
raesse e Deu preier, E del muster
dreit à la scole.
Vie de S. G île, v. 77.
Oez de Deu sainte parole Tôt vus qui
estes de sa scole,
Adam, p. G3,
Scriptures (scriptures*), s. f. pL, écritures, écrits, titres, papiers, contrats. Eji ital. scrittura. Du
lat. scriptiiras.
Ce présent (débat) ne pourra préjudicier au rétablissement de ma dicte haulle justice, jouxte mes
chartes, lettres, titres et
scriptures.
Aaeu de 1604, dans les Mem. et notes de M. Aiig. Le Prévost, II, 91, col. 2.
Se (se*, sée), s. m., siège épiscopal. Du lat, sedem.
Desqii'à Tautel del maislre se (siège métropolitain) L'en unt enlr'eux mené à pié.
Bkn,, Cliroti. de Norin., v. 17305.
Seint Eglise vus ad apelé Et
Ciintorbiri al raestre se De
Englelerre.
Vie de S. Tkorn. de Cant., v. 313.
Securre, Secourra {lo secure], v. a., défendre, protéger, maintenir.
Si faimes aliance estable Vj covenant
ferm e entier De nos securre e entraidier.
BÉN., Cliron. de Nornu, v. 8969,
Pour secourre la saincte terre, Prist
la croix par dévotion.
Pet. Poèrnes du Mont S. Mich., p. 48.
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(delwedd C0962) (tudalen 0894)
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— 894 —
Une autre forme dialectale, tenant de plus près au radical succurere, est succurre :
Succurrat nos li reis od sud barnet.
Chans. de Bol., p. 91 .
Sedeir {lo setlle. Sherw), v. n., s'asseoir, siéger. Du lat. sedere. V. Seer 1.
Le povre sache de! femier, od les princes le fait sedeir.
Les Bois, p. 7.
Puis fait porter, iiii. bancs en la place;
Là vunt sedeir cil ki s' deivent cumbatre.
Chans. de RoL, p. 322.
Seel (seul), s. m., sceau. Du lat. sigillum. V. Seelier.
N'i besoigna seel de cire.
Bén,, citron, de .Vo/'»i.,v. 21085.
Viles as moines a données... Par son
seel en cire mis.
GuiLi,. DE S. Pair, Honi. du Mont S. Miclu, v. 2147.
Seelier (lo seele. Palsg.;.io seal), v. a., sceller. V. Seel.
En tesmoing de ce, nous avons signé ces dictes présentes de noslre signe manuel et scellées de nostre
seel le xvii^ jour de février l'an mil
ccce et quarante sept.
Chron. du Mont S. Mich., Pièces div., II, 215.
On a dit aussi, Ijeaucoup plus anciennement. seelte?\ seieler. Fait ses brés faire et seelier.
Béx., Chron. de Norm.,\ 21986.
Al premer an fist ses brefs seieler.
Chans. de liol., p. 2i0.
1. Seer, Seier (lo seat, lo sel), v. n., s'asseoir. V. Sedeir. aseer, surseer.
Tun fedeil ki deived seer en tun trône et régner après tei.
Les Bois, p. 223,
Quant seint Auber ovrer feiseit A son
mostier, seier soleit Sor une pierre
molt souvent.
Glill. de s. Pair, Rom. du Mont S. Midi., v. 405.
2. Seer (scier). V, Seier 1.
Segnefiance. V, Senefiance.
Segrestein (sekersteine), s. m., sacristain. Segerslain, segrclaia.
sacristain, fossoyeur, Kel.
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(delwedd C0963) (tudalen 0895)
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— 89S —
Hoc aveit un segrestein, Custode e
garde e mari'ugler ; Les choses
gardout del moslier.
Bén., Citron, de Norm., v. 25417.
Mainte feiée, den disaient,
Li segrestein qui là geseient
Quant guaide et escout s'ero perneient.
GuiLL. DE S. Pair, Boin. du Mont. S. MicJi., y. 2539.
Segur (secvre), adj., sur, assuré, dans la sécurité. Du la t. secnriim. — Segu, scqueur, certain,
Kel.
Molt fu la contrée segure.
Bén., Ronu de Troie, v. 4475,
Tuit sunt segur deu champ finer.
GuiLL. DE S. Pair, Rom. du Mont S. Micli-, v. 5385.
Segurement {seciirely), adv.., avec sécurité. Y. Segur.
Dites as vosz segurement Que ja n'aura
seignorement.
Bén., Chron. de Norm., v. 3343.
Levons donqes segurement Noz quers à
Deu dévotement.
Vie de S. Grcg.,\. 1013,
-}- Sei [self), pron. réfl., soi. Du lat. se. Sei, soi. Kel.
L'usage de notre mot, sous la forme se, existe encore aujourd'hui dans la
dénomination anglaise juridique (d'origine normande) du suicidé, qu'on
appelle « felo de se », c'est-à-dire
meurtrier de soi-même. Felo, en ce sens, vient de l'islandais fella, tuer.
Se départent l'erité li enfant entre sei.
Lois de Guill., 36.
Tut son aveir qu'od sei en oui porlet,
Tôt le départ que giens ne l'en reraest.
Alej:,siv. 19.
I vannent sans cess' vos tormenler,
Que non z'en est tout hors de sei.
Iiimc^Jers., p. 97.
Seieler. V. Seelier.
1. Seier, Seer {sot/, sce\ scie), v. a., scier, faucher. Du lat. sccare. V. Soier.
Del quel ne aemplira .sa main chi seira [de quo non implevit mnniim snam qui meiit).
LU), psalm., p. 205.
Seié e coilli sunt lo pré.
Bên., Chron. (4; \orin., v. 17587.
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Des pns en frad sesprevoz e cunestables, des altres vileins pur sa terre arer e pur ses blez seer.
Les Bois, p. 27
Si doit avoir ledit Jehan en aost un glanoor entre les guarbes, quant l'en see.
Lie. des J ar. de S. Oueii de Rouen, f* 87 r*.
Aux deux formes de notre verbe, seier et seer, se rattachent celles seiur et seeur, moissonneur :
A un jur li emfès alad à sun père as sejurs {ad messores, dit le texte latin).
Les Rois, p. 537.
Vin aux seeurs et aux fauqueurs.
Compte de IStiS, cité par M, Ch. de Beaurep. dans ses Notes et doc. sur la Sorm., p. 270.
2. Seier (s'asseoir). V. Seer.
Seigne {sign),s. /"., enseigne d'hôtellerie, etc.
Il estoit logé à la seigne du Cherf, en la grant rue.
Le Canarien, p. 19Î.
+ 1- Seigner {lo seine'), v. a., signer, mettre son seing à une pièce. Du lat. signare. V, Signe. Seigne se dit de même pour signature, en
patois normand.
2. Seigaer {lo saine'), v. «., bénir, en faisant le signe de la croix.
Ben sunt asols e quites de lur pecchez,
E l'arcevesque de Deu les ad saignez.
Chans. de Roi, p. 97. Molt dolcement
les a besiez Li evesques, e puis
seigniez.
GuiLL. DE s. Pair, Rom, du Mont S, Mich., v. 529.
Seignorie {seignorie*, seigniory), s. /"., seigneurie, autorité, domination. V. Signeurie.
Les provinces e les ducheauraes
Suzmistrent puis à lur dangier,
Al fer trenchant e al ascier,
Partut ala lur seignorie.
Ben., Cliron. de Norrn., v. 445, p. 18.
Seignurer, Seignorer, Seigneurir (to seigniorize, Sherw.), V. n.. gouverner, commander, exercer
l'autorité comme chef. V.
Enseignorir.
Il meesme seignurerat sur les genz.
Lib. psalm,, 27, Par ce que Deu serfs
et honores, Sai que tote France
seignores,
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E, par l'esgart de Ion conseil, Te
sunt tuit ami e feeil.
BÉN., Chroii. do ^'orin., v. 12^31.
En guerre, où la force règne et le fer seignurist, ne i)uet droit dominer (1).
Al. Ciiart., Le QiKulrilorjiie, p. 427.
Sein. V. Sin.
Seint {seint'), adj., .saint.
Plus v.ilt Mahum que seint Père de Rume.
Chans. de Roi., p. 80. Auban aproce le
seint martir nuvel.
Vie de S. Auban, v. 1432.
Seintir. V. Saintir.
Seisir {(o seize), v. a., sai.sir.
Seisiz estes ja du guerdun désirable.
Vie de S. Aahan, v. 1045.
Saisi serras du dnn.
Ibid., V. 1726.
Sejur, Séjour [sojour*), s. m., retard, délai, obstacle.
Li dux, senz nul autre sejur, Tramet
pur le gaaigneor.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 7332.
Et se la partie donne plevine (caution)
De prouver le en l'an et jour
Pour bastart, sais plus de séjour,
Terme sur ce lui est donnée.
Coût, de Norm. en v., p. 77.
1. Semblance, Semblanche (semblance), s. f., ressemblance,
E la secunde out non Gostance ; Si
vulz, sa chère et sa semblance.
Bé^., C/iron. de Norm., v. 42107.
A semblanche de mur esteit,
GuiLL. DE S. Pair, liom. du Mont S. Midi., v. 3094.
Souvienne toy, riche plain d'arrogance,
Qu'ainchin que tu es l'image et la semblance Du Dieu vivant, qui te donne aliment. Si tu es sauvé ce sera un prodige : Veis-t-on pas bien qu'en ten
aveuglement, Dieu donne o poure, et le
riche l'afflige ?
D. Feu., Muse norm., p. 29J.
(1) Ce n'est qu'une simple constat.ition d'un fait douloureux ; il était
réservé à M. de Bismarck, d'ériger,
/i50 ans plus tard, ce fait à la hauteur d'un principe. I
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Semhlance est le substantif de l'ancien verbe semble?^, qui s'est dit pour ressembler.
Mult est 11 horn beneurez,
Soit horn, soit famé, huer (bien) fu nez,
Qui peut virginité garder,
Car as angles (auges) le fait sembler.
Wace, La Conceft. .V.-Z),, p. 58.
2. Semblance (semblance) , s. /"., apparence.
En semblance de vin et d'eve fet user
Deus sun sanc par le mund, pur les anmes sauver.
S. Thom. le Mart., p. 205.
Audict coustumier sont mises plusieurs reigles, lesquelles semblent entre
elles avoir contrariété, et aultres où il n'y a aulcune semblance de contrariété.
Le Rouillé, Gr. coût, de Norm., i° ij r'.
1. Semblant (semblande 1), s. /"., figure, physionomie, aspect.
Hoc troverent dan Alexis sedant.
Mais n'en conureiit son vis ne son semblant.
Alex., str. 23.
Parut la rose buen olanz
E altres Hors de moint semblanz.
Bén., C/tron. <le Norm., v. 2019.
2. Semblant {semblande 2), s. m., manières, façon d'être ou d'agir.
Treis cens chevaliers de inaisnie Tint
sei li frans ciievaliers... A beals
semblanz, à riches dons.
Hist. de Guil. Le Maréchal, v. 52.
Li ber niustra mult bel semblant.
Marie, Purg., v. 639.
Semblé {semeled*), assemblé. Semblé est le part. pas. de sembler^ dit au sens de réunir ; d'une
forme fictive simulare., laquelle se
rattache à l'adv. simid, ensemble, et qui s'explique par le changement régulier de Vi en e,
comme dans ferme, de firmum, et par
l'épenthèse du b devant m, comme dans combler, de cumulare.
Si cum fu la chemise Nostre Dame aportée
Fors Chartres là ù veit la bataille (1) semblée.
Bén., C/t/o/i. (le Norm., I, 2GG, sommaire.
(1) Bataille signifie ici armée. V. le mot au Glossaire.
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Séné {senene\ versé, exercé, habile), ««(/.' sage, prudent, habile. Du lat. senem, vieillard (1). —
Sencé^ avisé, rusé, Kel.
r^a tierce esteit jofiie pucele, La
plus bêle riens qui fust née, La plus
franche, la plus senée.
Bén., Chron. de Norm., v. 28980.
La dame s'est vers lui clinée, Si li a
dit, comme senée : Ui, colibert, por
quel venis ?
GuiLL. DE S. Pair., Uorn. du M. S. Michel, v. 2G3i).
1. Senefiance, Segnefiance (signifîaunce'; significance),s. f., importance, gravité. V. Signefîmice, signi
fiance, i, 2, 3, sini- fiance.
Senefiance l'en demustral mult gref.
Cha/is. de Rol..^. 213.
Kar set ne n'est pas en dotance, Kar
c'est trop gref segnefiance.
BÉN., Cliron. de Norm., v. 40621
2. Senefiance (averlissement). V. Signi fiance i.
-\- Sengle, Sangle {single., simple, seul ; single, pur, natu- rel), adj., pur, sans mélange, sans
accessoire, sans addition d'aucune
sorte. Du lat. singulum. V. Senglement., singuliè- rement.
I/on dit en patois normand du cidre sangle pour du cidre pur ; de Veau sangle, pour de l'eau
naturelle.
Et est !e ciel (le plafond d'une chambre) garny de toille vert, et les costés et les bons tous sangles
(sans tentures).
Inoent, de 1334, cité par M. ûelisle dans les Actes norm. de la Ch. des comptes, p. 101.
Ilem, deux engins à poulies doubles; item, trois engins sangles (simples).
Citron, du Mont S. Mich., \, 2.54, Pièces div.
Sengle s'est dit en ancien dialecte, avec le sens exact de son radical singulum.
Je laverai par sengles nuiz mun lit {lavabo per singulas noctes leclum meum).
Lib. psalm., p. 6,
li vous fault boyre de la bière sengle si vous voulez appetisser.
Palsg., Grain., p. 777.
(I) Senc s'est même dit dans le principe pour vieillard.
E il lur flst dur respuns e guerpid le cunseil as sages humes e as senez [responditque rex populo dura, derelicto
consillo seniorum, quod ei dederant).
Les Rois, p. îS3.
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