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(delwedd C1202) (tudalen 001)
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DICTIONNAIRE
DU
PATOIS i\OMAND.
ABA
Abaisse, s. f. (arr. deMorlain) Table
basse, Buiïet de service. Et pkires alios pauperes quos ad terram sedere
faciebat, et super uiuim bassetum inappam ponebat seii extendebat; Acta
Snnctorum; Mai, t. IV, p. 554. Abace et Basset avaient la même signification
en vieux-français; voyez Roquefort, Glossaiî'e, t. I, p. 3, et du Cange,
Glossarium, t. I, p. 612, col. 3, édition de M. Henschel. ABAissE signifie
aussi une Assiette en terre cuite, soit parce que les Latins disaient Abacus
soli, soit parce qu'une assiette . sert de base à ce (jue l'on mange; c'est
en ce sens que Ion dit une Abaisse de pâtisserie.
Abat, s. m. ( arr. de Baveux )
Désordre; de Mettre à bas, Renverser. Dans l'arrondissement de Caen, la pluie
d abat cslime pluie abondante, et un homme d'abat, un homme qui dérange tout.
Quelquefois celte dernière expression se prend en bonne part et signifie
quelqu'un qui abat l'ouvragé, qui travaille vite et beaucoup. Le
vieux-français donnait un sens analogue
ABE 201?
à abattre: Pour savoir la veii te, la
main de justice avoit este mises aux dittes queus (de \in) et fait defîenses
qu'elles ne feussent meues; que depuis elles avoient este abattues et
embotees; Lettres de grâce, de \ 385, citées dans du Gange, Glossarium, t. I,
p. 8, col. 1 .
A BATER, V. a. (arr. de Baveux)
Raccrocher, Embaucher. fo\ei
ABÉTER.
Abavext, s. m. (arr. de Caen)
Contrevent, Cequiabath vent: on le prend à Valognes dans l'acception de
Auvent.
Abauber, V. a. Étonner, on dit aussi
ébaubir.
x\BAiTMiR,v. a. (arr. de Caen) Affadir;
de Baume.
xVbélir, V. a. et n. (Orne) Trouver
beau. Plaire.
Mes ia dame u'abelist point Ce qu'ele
en voit .son fis aler, (Jui de li part sanz retorner.
De Venfant de neige, B. R. u° 7218,
fol. 242, recto, col. 1, V. 16.
Li rois a cui molt abeli Les regarda
molt bonement.
AriENEz, Duchevnl defiist, dajis
Keli.er, Ilomvart, p. 107, v. 23.
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(delwedd C1203) (tudalen 002)
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2 AHL
L Ilalien a l'ait aussi Abljcllire,
qui a le sons de noire EmheUir.
Aret, s. m. Amorce; de l'islandais
liciUt, nourriture.
Le vieux-français avait formé de la
même manière Aesckier 1 amorcer'' d'Inescare:
\A (l('al)le a fîeloy por nos ra\ir
Wuatit; anicçons aescliios de tormcnts.
Poésies (lu roi de i\avarre, 1. Il, p.
150.
Dans le Dictionnaire roman de dom
François, Abec se trouve aussi avec la signification de Amorce, Appât.
Arkter, V. a. Amorcer: At heita
aiingul signiliait en islandais Mettre de la nourriture à un hameçon; de là
le sens de Tromper, Âltrapper, quonl pris Ahater et le vieux-français Abé-
tcr:
Lui ne peut-il mieguiler M en<dgner
ni abeter
Fahlkmx et contes anciens, t. II, p.
301).
Le vieux -français en avait ÎAil
Béter, chasser; voyez De monacho in jlumine pericJifalo. v. G43. publié par
M. Fr. iMicliel; Chronique rimée de Bcnois, t. IIÎ, p. o29.
Abiener . V. a. (Orne) Amé- liorer; il
se dit i)articulièrement d'un terrain: licne et Bone, Hivn et Bon sont pris
souvent dans la même acception:
Ku vos o «lirai ben c bon.
Troubadour anonijme, Sr.MoR vos.
Ablet, s. m. Piège. On aji])elait en
vieux-français. 4/;/<'rf, Ahlct, un lilet jiour la pèche des;;i)Ies et des
autres pelils poissons: Ordonnances dea rois de France, t. II. jt \ }.
ABO
Abletek. V. réfl. (arr. de Vire) Se
laisser aller.
Ablo, s. m. Morceau de Iiois que les
charpentiers mettent sous les pièces qu ils travaillent pour les lever de
terre: ce mol existe aussi en rouchi.
Auo, s. m. Morceau de bois (|ue l'on
attache au pied des chevaux pour les emjjècher de j)asser d'un champ dans un
autre. Saint Jérôme disait déjà: Fac lihi vincula et calenas l'sive
y.'/.cirjç, qui hebraice appellantur Mothoth, et sermone vulgari Boias
vocant); In Ifiercmiam, I. V. ch. 27, et on lit dans la vie de sainte
FidesdAgen: Jubet compedibus constringiquos ruslica lingua Boias vocal; Acta
Sanctorum. Octobre, t. IIL C'est le radical du vieux-français Buie:
Vos ne nos popz pas fuir; I\ar nos ^os
fainies or sentir Que buie peisent, ne s"est liez Cil qui les liaine od
ses piez.
Benois, Chronique rimve,\. H, V. 2905.
C'est probablement aussi le radical du
vieux-français Abuisser:
A la planelie vint, sus munta; Ne sai
dire s'il abuissa, Uespilia, u nieslianea; Mais il ehai, si .se neia.
Roman de Rou, v. 5532.
Lesquels trouvèrent enimy la court de
l'ostel dudit tavernicr ledit Yigor (}ui se dormoit au({uel l'un d'iceulx
exposant se heurta ou abuissa, ou par lun diceulx fut féru en soy heurtant ou
a!)ui>^sanl a lui: Lettres de (/race, de i:î97 . dans du Carige. t. L p.
7.'i9, col. 1.
Fin rouchi Abou siirnifiePei
ABR
ne, Embarras; dans le patois (le la
Vendée une autre métaphore a fait appeler Abo une petite digue en terre qui
arrête un courant d'eau; Talbo y signifie grandes entraves, Tall veut dire
Grand en anglais.
ÂBOFFRER, V. a. (arr. do Baveux)
Déprécier; de Âh-offerre, offrir loin de ce que l'on demande; comme Surfaire.
taire, demander au-dessus.
Abominer, v. a. Détester, Avoir en
abomination .
Ta fureur perd et extermine Finalement
tous les menteurs: <J>uant aux meurtriers etdecei)t(Mns Celui qui terre
et ciel domine Les abomine.
Clément Marot, Psaume V,^ . 3.
Le français n'a conserva que
Abominable et Abomination.
Abotter, v. a. Mettre un Abo.
Abouler, v. a. Jeter ou Apporter vite;
de Boule, globe de plomb qu'on lançait avec une fronde, ou de Boulon, trait
darbalête.
Aboulez-ci-gau ( loc. de l'arr. de
Valognes), Apportezici-vite. Voyez g au. Nous ne savons d'après quel
renseignement Roquefort a dit dans son Glossaire (le la langue romane, l. I,
p. 259, que cioau signiiiait De mon chef, D après ma tête.
Abrier, v. a. Abriter; du vieil
allemand Ad-bi-rihan, couvrir: ce mot n'avait point de T dans le
vieux-français ni dans le provençal; voyez Roquefort, Glossaire, t. I, p. 9,
et Raynouard, Lexique roman, l. II, p. 17. Il pourrait aussi venir aArbor, en
patois nor
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(delwedd C1204) (tudalen 003)
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ACA 3
man(Ll/;/-<?. Vo. l'art, suivant.
Abro, s. m. (arr. de Valognes) Petit arbre enduit de glu pour prendre des
oiseaux. Le vieux français disait Abrc, con\me le patois normand:
Quand il ot loiiet le paien, A cel
abre, bien fort et bien,
MoiiSKES, Clironique tintée, v. 7790.
Pour Tamour du buisson va la brebis à
l'abre.
Proverbe du xv= siècle, cité par jM .
Leroux de Lincy, Proverbe.^ français, t. 1, p. 97.
AcA, s. m. Il pleut d'aca, Il pleut
beaucoup; de l'islandais Kaf. inondation; Kafa-rckia signifie, comme pluie
d'aca, une pluie abondante. Nous ne croyons donc pas qu'il faille écrire J^a,
de Gaster, Détruire, Ravager, quoiqu'on dise dans le patois du Berry Un agas
d'eau, et que le vieux-français employât Agasle dans le même sens.
AcAM et Cam, prép. Avec. On dit plus
souvent Acamté, Avec toi; le régime a fait corps avec la préposition comme en
français, où ab dans le sens de cum, et hoc sont devenus avoque, aveuquc,
avec.
Combien trcuve je plus naturel et plus
vraysemblable que deux hommes mentent, que je ne fois qu'un homme en douze
heures passe quant et les vents d'orient en occident... Montaigne, Essais, I.
III, ch. 11.
Dans le patois du Berry Quant et
signifie aussi Avec, Énmême temips qiie; mais on donne dans la Vendée à cet
assemblage de sons, qu'alors il faudrait orthograpliier autrement, le sens
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(delwedd C1205) (tudalen 004)
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4 ACC
de .1 côte. Auprès de, et le mot ciui
on est formé pourrait venir (le rislandais haut, coté, comme 1 italien
-Icca/t/o.Vowv. aussi C.\NTEK.
Ac.ANCiiiEU, V. a. (Manche) Réussir,
Avoir bonae Chance, (|ue l'on prononce cnnche, de Cadcntid. On dit aussi:11a
du hasard: Il est bien tombé.
AcAii. Ce mot n'est emi)loyé (jue dans
la ])hrasc: // phnit ^/'«air; l'eau tombe avec autant de l'orce (juc des
cailloux. Jcflrcrsiiiniliait en vieux-français: Jeter des pierres, et l'on en
a fait Acariâtre.
Ac.vTER, v. a. Acheter: du latin
Ac-captare:
Sa mie en a a soi menée (Jne par sa
peine a acatee. Roman de Unit, v.?.(i.'i:î.
Le second a s'est conservé aussi dans
Àcahit et Achat; on trouve Acapte dans le Nouveau coutumkr général, t. lY, p.
904. col. 2."
ÂCAUCHiER, V. a. (Orne) Appeler,
Causer à.
AccABASSEU, v. a. et reil. Accabler,
Se replier sur soimême; dans le patois de l'isere, Accapa signilic Accroupi,
( Aie hé.
AccifEii, V. a.(arr. delîayoux cl de
Vire' Escro(iuer. Chiper. Accipcr avait le même sens eu vieux-français.
AccLAMi'Eu, v. a. (Orne) Attacher,
lixer; de l'islandais Klampi, Agrafl'e, Cheville.
AccLASSER, V. réfl. larr. de Vire»
S'r.ssoupir. Fermer les veux, de Ac-clawlrre. Kn provençal Aclus^ar sijiui
liait Rrmer les yeux.
ACC
La nuoicli qnan lo sous m'aclusa. Ont
M 1) 1)1 lîouNF.iL, Quun la bnc
nii. Le vieux-français lui donnait sans doute un sens dilîérent:
Mais, qui chaut, par lu lesensiut K
les (Iccliace et les consiut, C'uin liinl le ehien le cerl' alasse Qui del
tut estanelie e aclasse.
I5i:nois, Chronique rimée, 1.1, v.
847.
Accointer, v. a. Connaî- tre
particulièrement. Il s emploie ordinairement, comme en vieux-français, dans
un sens erotique '-
iMa dcmoisele vos voira aecointier.
Raoul de Cambrai, p.2?.l, v. 12. Coimiar signifiait en vieux-provencal, r«j'o/fr,
Caresser, et le i)atois de l'Isère se sert d -Iccoindo dans le sens de
Fiançailles.
' Accouder, v. a. Promettre. Le
viem-français Grant. Grcantcr. Creantef, Accorder, avait aussi quei(iuel'ois
la signi
lication de Promettre;
Cil rnrnus, qui ert se.s voisins,
Uices hom erl, sot que Latins Sa tille a Kueas donot; liies eu lu, giant (loi
en ot, Car il l'avoit tostans ainee E ele li lu creautee. Roman de Brut, v.
.^3.
Accords, s. m. pi. Fiançailles. Ce mot
signiliait aussi en vieux- français Convention et par suite Droit.
CisClotau (leust toi a\oir, Car l'on
(uVi savoit si droit (ur; Vlais cil qui estoit (sie) plus tort N'orenl ciue
de sou aeort. Romande nru/,\. 225:'..
Es vos Otiier et le roi aeordes;
ÂCH
C'est une acorde que compaiont
[Eseler.]
R.UM15ERT, Chevalerie Ogier de
[Danemarche,y. 12801.]
Accoupler, v. réfl. (arr. de Vire)
Fléchir le genou en se laissant.
AccocRSÉ, part. pass. (Orne)
Achalandé. Le français dit dans le même sens Une boutique bien courue. On lit
dans une lettre de grâce de 1383: Ledit exposant estoit mieuix accoursez,
c'est assavoir mieulx achalandez.
AccouT, s. m. (arr. de Vire) Appui; du
normand Acouter. [S'accouder, S'appuyer sur le coude, probablement; voyez
plus bas le mot Acouter. ) Du Gange, Glossarium, t. 1, p. 50, col. 1.
AccRAVENTER, V. a. farr.de Mortain)
Accabler, Briser; Cravanter avait le même sens en vieux français:
Lors commanda c'en exilast
aiaupeituis, et tout eravantast.
Romans de Renart, t. lY, p. 297.
AcHOCRE, S. m. Homme maladroit,
grossier: Tu joues comme un achocrc. Le patois de Rennes donne à ce mot la
mê- me signiiication.
Achopper, v. a. Broncher; on dit
encore en français, Pierre d'achoppement. Lev.fr. disait S'assoper: 11
s'assopa a aucune chose en la rue et chut en un fangar; Lettres de grâce, de
1383, dans Carpentier, T. I,col. 348.
AcHUQUETÉ, part. pass. (arr. de
Baveux) Entêté; de Souche (jue l'on prononce chuque. Etre entêté comme un
morceau de bois est une locution populaire.
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(delwedd C1206) (tudalen 005)
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ACO 5
AcLABOs . s. m. pi. (arr. de Bayeux )
Cris, Acclamations, syncope de Acclamabo.
AcLAs, s. f. (Orne) Petite barrière;
de Claudere comme Écluse. [Clos en basse Normandie se prononce Clàs.)
AcoMwicnER, V. a. (arr. de Bayeux) Etre
deux à faire une chose, la faire en commun. Communier éi^\i aussi devenu en
vieux-français Acoinmichcr. On lit dans Froissart: Et iist le roi dire grand
planté de messes pour acommicher ceux qui dévotion en avoient.
AcoQUETÉ, adj. (arr. de Bayeux) D'un
rouge vif.
AcoRGER, V. a. (Orne). Lier deux
choses ensemble, de Corgée, petite corde. Ce mot se trouve aussi dans le
patois du Berry.
AcouER, V. a. (arr. de Valognes)
Attacher à la queue, en patois normand comme en V. fr. Couc. Il a la même
signification dans la Vendée. Montaigne disait aussi: Nous n'avons pas taict
marché en nous mariant de nous tenir continuellement accouez l'un à
l'autre... Essais, livre III, ch. 9.
AcouER, V. a. et réfl. Se mettre à
couver.
Acouter, v. n. et réll. Accouder
[eubitare): la forme normande se trouvait aussi en V. fi-.
11 s'est acoutez sor le puis Qui
n'estoit pas toise et demie; Parfons.
Laide t'Ombre, v. sos.
Acoutrer, v. a. et réil. Habiller: du
\ieil allemand Choz
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(delwedd C1207) (tudalen 006)
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6 ADK
za, Culte; il se prend ortlinaileinent
en mauvaise part; en rouchi Cotron siirnKie Jupe. Acuulrcr n'est plus usité
en français que dans le langage familier.
Acu.\co,adv. (arr. de Baveux) Acraco,
De hasard, De raèroc: on dit aussi Agraco.
AcTAiGXEH, V. a. (Orne) Balbutier en
lisant. Voyez Ac
TONNER.
Actionner, v. a. Presser (pielqu'un,
le Tourmenter; du bas-latin Actionare, intenter un procès, ou plutôt d'Jf/«o.
Shaksperc employait Action dans le sens d'Accusation. I pray you since niy
action is entered and my case so openly known to the Vorld, lel liiin bc
brought in to bis answer. King Henry IV, Part. II, acl. 2., scèn. I. Dans le
patois du Berry Actionneux a la signilication d'actif.
AcTONNER, V. a. (Orne) Bé- gayer.
Acusser, V. a. Réduire un joueur sans
argent, le Mettre à cul-sec, suivant une locution restée encore aujourd hui
populaire.
Adens, adv. Penché en avant, Sur le
ventre, Sur les dents.
Cil caient envers et adens. Romnn de
Bnil, v. 7438.
En lan|?es siiz les iwveinen/. Les
vfi.ssiez culclier asilenz.
Bf.nois, Chronkjne riméc, I. Il, V.
5199.
Adenter, V. a. et n. Mcttn' sens
dessus dessous, Tonibei sur les dents:
Kt regarda, si a IVron tmve
ADO
Mort et saniileiit contre tere adenle.
Raimi(i:iit, Chevalerie Ogier de
VaiieiiKnx/ie, v. 5708.
Borel s'est ainsi trompé en lui
doniunit le sens d'Ayraffer, et en citant, comme exemple, ce vers d'un ancien
j)oëme rapporté par Fauchel, De la langue françoise, p. 87:
Si l'a féru del branc que sur l'areon
l'adenle.
Adenter signifie aussi Enchâsser une
pièce de bois dans une autre comme si elle y mordait: la nuMue idée a fait
créer le mot français Mortaise.
Adirer, v. a. Egaré, Perdu. Le ch. 87
de Y Ancienne coutume de Normandie est intitule Querelles des choses adirées,
et on lit dans le Roman de Rou:
Puis a dit au Duc en Toreille, Que il
a eu moult merveille De la cuille qu'il a trouvée Qu'il out au mangier
adirée.
Adlaisi, adj. (Orne) Fainéant,
Inoccupé, Qui a du loisir. Ce mot se trouve aussi dans le patois de Rennes et
dans celui de la Vendée, où il est un adverbe comme le At leisure des
Anglais.
Adouémis, s. m. pi. Courbettes,
Révérences; on ne i'eml)loie nue dans la phrase Faire des adorémus. On chante
aux Bénédictions une prière suivie de génullexions, qui commence par Adore
mus.
Adoi;i.er. v. a.etn. Rendre le mal
plus vif. Etre dolent.
Dame, dist-il, por qu'estes adolee.'
Raoul de Cambrai, p. 164, v. k».
Adous, s. m jd. Ornements. Parure.
AFF
La sont li dames qui qi!t,'nont (1.
creront) en Jliesii. Kalles les ot amenées lassiis: Soixante furent vestues
de b(3u fus; Tos lor adous furent a or!,\dtus.
Chevalerie Ogier de Danemarche,\.
13001.
Le IVançais a conservé Adouber, terme
du jeu des échecs, et Radouber, terme de marine: le verbe islandais .4f dubha
signifiait également Orner Qi Apprêter, Arranger.
Adret, a l'adret de, prép. Envers,
Vis-à-vis de; on dit aussi A l'endroit de. Cette pré- position se trouve
également dans le patois de la Vendée.
Adreuger, Adroger, v. rétl. (Orne)
S'habiller grossiè- rement, grotesqucment. Voyez Droguet.
Advantive (en), locut. adv. Dans les
temps à venir; ou la trouve aussi env. fr. Et nous avons en l'escriture que
Anté- christ sera engendre en advantive de père chrestian et de mère juifve;
Journal d'un bourgeois de Paris, p. 538, éd. de M. Buchon.
Affauturer, V. a. (arr. de Vire)
Priver, Faire faute.
Affecter, v. réfl. (arr. de Bayeux )
Se forcer, S'appliquer.
Afféter, v. a. (arr. de Vire)
Raccommoder, Embellir. Haubers e helmes afaitier. Roman de Bon, v. 12460.
Par sun sent cors, par sa faituro.
Roman de Trislan, t. 11, p. '^(>,
éd. de M. Michel.
Fetishj signiliait même Elé- gamment
en vieil anglais:
And fais sat on a sisour That softely
trotted;
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(delwedd C1208) (tudalen 007)
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AFF 7
.Knd l'avel on a llatleicre Fetisly
atired.
Vmon o/Piers Ploughman, v.
121!^
On le prend aussi, comme en
vieux-irançais, dans le sens d'Élever, Nourrir.
Mais ele l'avait alaitie Et tout nouri
et alaitie.
MousREs, Chronique riméc, \. 234.
Affier, v. a. Promettre, Assurer.
Par fei, vos afi, se je l'truis,
Premier i ferrai, se jo puis.
Roman de Roii, v. ssss.
L'ancien provençal avait aussi Afiar.
Affiquet, s. m. Ornement de toilette.
De Figere, attacher, on a fait Afque, épingle: Affiguets se affichent aux
bonnets, disait un vieux proverbe français:
En son pis avait une afique D'or et de
mainte piere riche.
Phelippe DE Reisi, La Mannekine, V.
2223.
Les maîtres du Puv de Dieppe donnaient
à la meilleure ballade une affique d'or; Précis analytique des travaux de
l'Académie de Rouen pour \ 838, p. 304. On s'est paré avec des Affiques et
par extension on a donné le nom à\iff,quets à tout ce qui servait à la
toilette. Dans les gloses d'un Dictionnarium de Jean de Garlande, dont le
manuscrit est du XIV' siècle, Monile est déjà expliqué par Affike, et Spinter
par Affical; voy. Mone, Anzeiger fur Knu de der altteutschen Vorzcit, 1835,
col. 497.
Affiquets, s. m p!. Pctils
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(delwedd C1209) (tudalen 008)
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8 AFF
tuvaux (le bois ou d ivoire dans
lesiiucls on pche le, bout ih's aiiiiiillos à tricottcr. Le rouclii les
appelle Afjlijuaux.
AbFiSTOLEH, V. réil. Sc parer. Du
latin Fi^tuln le vieux franeais avait l'ait Affistokr, tromper, coniuie Piper
de Pipeau;
Hoiiimo poiirveii, Qui a tant M'ii
D'allistolt'Z, Jîien est toniu S'il sVst venu rrcmire aux (iletz.
Cuillaiimo Alexis, Blason des faiikex
amours, p.?.(;3.
(>t a Uni par lui donner, ainsi nue
le j)atois normand et celui du Berry, le sens à'Appipcr pav la parure.
Ai'KLATUEu, V. a. (arr. de Mortain)
Terrasser, Renverser. Le vieux français disait eaalemenl Flatir et Flatrir.
Or escutez corne jo fiul fous E
esptM-duz e entrepris, Ke un plaiii baciii d'ewe pris!•: sus le perron l'a
llati. Li lorneimens Anfkrisl; B. R.
tonds de îNotre-Danie, n":>,
fol. 213.
ÂFFLiBAT, s. m. Manteau. Voyez le mot
suivant.
Affluber, V. a. réfl. Couvrir,
S'envelopper. On lit dans le Roman de Itou:
La fist d'nn niantcl afluber,
Du plus riche (pi'il pout trouver.
C'est notre verbe S'alfahler.
ÀFFOi.En, v. a. Devenir fou: ce mot ne
s'emjjloie ordinairement qu'au ligure:
Dictes hanlinient (pie j'alïole Se je
dy iiu\ autre parolf.
Farce de Palhclin. On s'en sert aussi
en Iranrais -. mais il vioillit hcaucniip
AFF
Affu.nuulw, V. a. Enfoncer. Aller au
fond: L'un passe e.n noanl, l'autre al'onde. Gt-iMiT, Ilniuclie des roijaux
lignages, t. I, p. 270.
C'est notreverbe Effondrer. Affongrer,
v, a. ^Orne^ Rompre.
Affoler, v. a. larr. de Valogncs]
Exciter; dans le Dictionnaire roman dedom François, on trouve Alfoer. avec la
signification de Faire ilu feu.
Vfkdlrcher, v. a. (arr. de Valoiines '
Enfourcher.
Affourée, s. f. ( Orne ) Fourrage; de
l'islandais Fodr, nourriture du ijelail: le d a disparu, connue dans Fourrure
du gothi(iue Fodr;\(' bas-latin Fodrtim l'avait conservé.
Affoirer, V. a. Donner à manger aux
bestiaux; on dit dans le patois du Berry Afféner, donner du foin.
Affr.vy, s. m. Effroi; du vicil-aliemand
Ei'par, Hiver: on dit encore en Irançais: les ^//m de la mort.
Affresas, s. m. (Orne; Engoule-vent.
oiseau de niauvais présage ([ui ejfraijait; le mot français Fresaic se
raj)proche moins de sa racine.
I.c lii<leu\ cri de la fresaie effraye Celui (lui Toit; elle
> oie de nuicl i:t a tetter les chèvres prend dednict; T'eshahis-tu s'elle
se noiuuie effraye?
Oiseaux de Bclon, p. 2ft.
Affrillon, s. m. (Orne) Petit morceau
de pâte (pu s'attache aux mains du boulanger (pii pétrit.
Affriroiroi . part. pass.; Orne^
Engourdi de froid.
Al I!!i>MFH . ^ '^ I arr. de
AGA
Vaiognos! Séduire une fille, la
Tromper; le vieux français lui donnait la même signification. Affrouuer, V.
réfl. Faire de mauvaises connaissances; du Froc des moines. On donne une
signilicalion analogue au s. m.
AFFROC.
Affurer, V. a. ( arr. de Vire) Voler.
Furer existait aussi en vieux-français ainsi ([ue Fur t.
Oubliance de Dieu, Fuit, lanecin,
violence en maint lieu.
J. BoucuET, Triomphe de François
/", fol. 101.
Nous avons encore furtif.
Affûter, v. a. Ajuster, llé- j3arer.
Le français emploie aussi Affûter dans le sens à' Aiguiser.
Affl'tiaux, s. m. pi. (arr. deBayeux)
Objets peu nécessaires. Il avait le même sens en vieux-français. Voyez
Roquefort, Glossaire, 1. 1, p. 34; c'est probablement le même mot quAffquets,
objets de toilette, que le patois du Berry appelle Affutiaux.
Aga, intcrj. Tiens, Voyez un peu;
Hagah avait à peu près le même sens en hébreu, mais nous n'en croyons pas
moins qu'il vient du "saxon Wardon, Argarder, Agarder, en vieux-français
et en normand:
Hé! quel honnein-, te voyant par la
place Tout conveit d'or, ain.si la
populace Dire en arrière: Aga! voilà celuy Duquel la France a reçu tant
l'ennuy.
Yauquelin de la Fres-naye, Satire
On trouve le même vocable avec la même
signification dans le patois du Berry. Le plus souvent on joint à cet
impératif la
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(delwedd C1210) (tudalen 009)
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AGE 9
particule donc: Agadon, Egué- don. —
Dans plusieurs cantons du Jura on dit Ogo.
Agalis, adv. "(Orne) A ta honte.
Agasse, s. f Pie. Il se trouve aussi
en vieux-français, et La Fontaine s'en est encore servi; Fables, 1. XII,
fabl. 11.
Agasser, v. a. et n. (arr. de Valognes
) Crier après quelqu'un avec aigreur, A' Agasse, comme Piailler de Pie: les
oiseaux agassent quand on approche de leur nid; on dit aussi Egasser.
Age.xoillons, adv. A genoux.
l'rieres fait et oreison, An suspirs
et agenoillons.
Légende de saint Bomis, B. R., n"
7024, col. 2, y. 2.
Ager et Agier, v. a. Emanciper. Donner
ïâge. Ce mot existait aussien vieux français: Tout soit che que il ait bos
aagie a couper; Coustume de Èeativoisis, ch. XIII. p. 76.
Aget, s. m. (arr. de Caen) Petite
trappe dans une porte par laquelle on fait le guet, on a guet te.
Car il ne pouvait bonnement prendre la
peine d'aguetter ses commoditez comme font les jeunes gens... Desperriers,
Nouvelles, p. 105.
Nous avons encore Guct-ù- pens qui est
une corruption d'Aguet appensé, embûche pré- méditée:
Un nommé Jacquemart le 0- liviers a
tue et murtry de fait et d'aguet appense," environ souleil escousse,
JeanLemaire. Lettre de Charles V, roi de France, du 8 octobre 1 410.
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(delwedd C1211) (tudalen 010)
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10 AGO
Ai.ET, S. ni. (ar. de Vire] llabitudo;
Manière dôtrc, dM- (jri: on dit Ajeu dans I arrondissement de Caen. Dans!c
patois provençal Agi signifie Action.
Agios, s. m. pi. Longs discours; d'une
litanie oîi le mol Xyicç, est souvent répète.
A(;iOïs, s. m. pi. Cérémonies,
Caresses liypoerites; dM- f/ere, jouer, comme Façons et A/p'tterie de Facere.
AcHOTEH, V. a. Flatter. Voyez
l'article précédent.
AcoBiLLES, s. m. pi. Petits meubles
sans valeur; il se trouve en rouclii avec la même signilicalion.
Af.o(iONNER, V. a. (Orne) Adoucir,
Amadouer: du bas-latin Agogare, Donner à manger à discrétion (Voyez gogon),
ou du \ieil-allcmand Gouggolon, Faire le jongleur.
Agohee, s. f. ( arr. de Baveux et de
Valognes) Accueil bruyant; on dit aussi GOHÉE dans l'arr. de Caen. Selon
Ausone Gau se trouvait dans Ennius pour Gaudkim.
ti^nuius, ut memorai, replet te
laetifi
cans gai!.
et lancien provençal avait gaiich:
Ainor.s vol gauch e guerpis los enics.
Pierre d'Auvergne, DejoslaHs.
Agonir, v. a. (arr. de Baveux cl Orne)
Ago.niseu (arr. de Valognes; employé aussi dans le Berry) Attaquer, Accabler,
Injurier. Atbleta coclcslis militiae duduin in palestra mnn(lanaecon versai
ioni s aucmisaiis iimeos \ ilioruin virililer debell;i\ il: ()d'>M de
Cluin . Snnrii
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(delwedd C1212) (tudalen 011)
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A(1R
Gcraldi vila, 1. il, cb. 1. Agonir ii
la même signilication en rouclii; peut-èlre est-ce une corruption
euj)lioni(pie de Ahonir. Voyez ce mot.
A(iosE, part. pass. (arr. de Caen )
Rassasie, Qui eu a jus(juau gosier.
A(;oiT.EU, V. a. (Orne) Irriter,
Exciter cttntreciuebpriin. At gussa signilie en islandais Parler L'grrcmcnt.
A(;oLT, s. m. Assaisonnement; de
Gustus.
Agoitek, V. a. Assaisonner; il
signilie aussi Donner du goût jiour ([uebpie cbose; c'est le contraire de
Dégoûter.
Agiup, s. m. (Orne* Appât jeté sur la
neige pour prendre des oiseaux; de l'islandais .1/ greipa. Prendre, Saisir,
draper en vieux français:
Nef n'i demeure qu'il ne preingncut;
Tout e.st vendangie et grape.
Gnvr.T, Branche de.'; royaux
li(jiiarjes- t. II, v. 3770.
Agripcr a la même origine. Voyez aussi
égrat.
Agratier, v. a. Plaire, Agreer. Le
vieux-l'rançais avait Agrachier, et le provençal .rlg radar:
lîe m'agrada '1 bel tonip.'^
d'e,-;liu, L (kls auzels m'agrada '1 diaïu.
Raimond di: Mhxwxl, Bem'agrada.
Agiukeh, V. a. Enlever de l'orce.
Prendre avec des griffes. Le bas-latin Agriff'are avait un sens dillerent; il
signiliait EIcndrc ses griffes: Ristardae yl anales campeslres conlra axes
rapaces liorri pilant plumas agrifando se. et élevant alas. Fridericus 11.
imperalor, J)e arlc rrnundi. 1. I, cb. •)0.
AGU
ÂGRiocHEs, S. f. pi. Agaceries,
Eflbrts pour être tigréahle, qui se prononce ogriable dans le patois normand.
ÂGRioTTES, s. f. pi. Voyez
AGRIOCHES.
Agoussé, part. pass. (arr. de Vire)
Renfrogné.
Agucher, y. a. Aiguiser. Ce mot
existait en vieux-français; le provençal Àgusar, l'espagnol et le catalan
Âguzar; le portugais Aguçar et l'italien Aguzzare se rapprochaient aussi
davantage de la racine latine -4- cuere.
Aguilanleu, Aguilanneu, s. m.
Etrennes, Présent du prejnier jour de l'an; Ad viscum anno novo: Paul Merula,
Cosmogrnphia: Solitos enim aiunt Druidas per suos adolescentes viscum suum
cunctis mittere coque quasi munerc bonum, iaustum, felicem et fortunatum
omnibus annum precari.
Trouva des varlets ou jeunes
compaignons... qui alloient... ((uerant aguilen neu. Le dernier jour de
décembre; Lettre de 1 473, citée par Carpentier dans le Glossarii
supplementum. En Anjou, on supprima, en 1595, une quête appelée Aguilanneuf
que l'on faisait dans les églises le premier jour de l'an, et l'on défendit
en 1668 de continuer à la faire môme hors des églises. Dans le patois du
Berry Angilan signifie encore £'f rennes, et Guilané, Aumônes du commencement
de Vannée. Voyez, sur la cause de celte signification mythique da gui, M.
Édélestand du Méril, Histoire de la poésie Scandinave, prolégomènes, p. ino.
A 110 41
note 2.
A H AN, s. m. Peine, Fatigue,
Souffrance: onomatopée, son qui s'échappede lapoitriuc d'un homme essoufflé
au moment d'un nouvel effort; aussi disaiton autrefois Haan:
Molt i orent tuit grant haan. ' Roman
de Rmi, v. 8655.
Pendant le moyen-âge on exposait à la
vénération des fidè- les le Han de saint Joseph conservé dans une bouteille.
Le vieux-français ajouta aussi une prosthèse par euphonie: Grant ahan
sueffrent et endurent, Roman de la Violete, v. 560S.
Au laboureur nonchalant
Les rats rongent son blé et ahan.
Proverbe du xw" siècle, cité par
M. Leroux de Llncy; ProverbesfrançaiSft. Lp. 51.
Ahanner, V. a. Voyez en
HANNER.
Aheurt, s. m. (Orne) Coup appliqué sur
une cliose facile à déranger, ([ç, Heurter.
Ahi, Interj. On excite ainsi les
chevaux à avancer. C'est probablement une corruption deari: Per las
iifterjectios excita hom soen lasbestias, coma arri: Legs d'amors, fol. 103,
dans Raynouard, Lexique roman, t. I. p. 126.
Vous respondez: Hary, hary C'est pour
l'amour demonmary.
Roman de la Rose, v. 8785.
Dans la Corrèze, on se sert encore de
Arry pour presser la marche des bêtes de somme; c'est le radical du
vieux-français Harer et de l'anglais Ha/•//, exciter.
Ahonir, v. a. Déshonorer, faire honte:
Hon en xieil-alle
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(delwedd C1213) (tudalen 012)
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lii AIG
inaïui:
liriiniin l'ardieveskc se tint por
alidir.
lioman de Uou, v. \?,\)i.
Le viciix-frauçais disait aussi
AUO.MKK:
Adonc respondit Jalousie: Iloiilc,
j'ay paoïir d'cstic traliye; Car Iccliciic est tant iiioiilcc O'ii' lidji
[Kimiiiit t'slii'alioiitee. lioman de la Rose, \ . M\s:\.
Ahontir est resté dans le patois dti
J}i'rry,et l'on en trouve aussi ((U('l({ues exemples en \ ieux-iVaurais.
Vo\('z Les quinze joies du mariage, p. 172. Nous disons encore Honni.
AnoQuiEH, V. a. (arr. deCaen)
Accrocher, comme le vieux-français Ahocher; Ahoqtier a conservé la même
signiliration en rouchi.
Ahourdi, adj. (Manche) Engourdi de
froid.
Ahibir, V. a. (Orne) Mal recevoir,
Recevoir quelqu'un comme un Iluhot, Coquin, Canaille, en breton.
Ahurir, V. a. Abasourdir, Ilé- béler,
du vieil-allemand, //ener, Hatir, tète de bêle sauvage, llurc; AHURIR
signifiail donc [)rimilivement />on7îPr une tête de béte saurafje. Par une
(igure semblable on disait de certains criuiinels i\u'ih portaient une tète
de loup; W argus sit, hoc est expulsus, dit déjà le Lex /lipuaria, til.
Lxxxvii. Le provençal disait Ahurar, et il est remarquable qu'en allemand
Rar, en saxon Ji^rr (>t en islandais Bior, signilient Ours.
AiAiDK, Inlerj. qui niar(|ue la
surj)rise ( Orne ): peut-être le français Taijaul.
AwiRAS, s. m. Verjus Per■-nniK's au^blaiis ai^rcst . rai
AIR
sin: Ordonnances des Rois de France,
de i:n3; t. V, p. (i7(3.
AiLERox, s. m. (arr. de Valognes) Aile
de volaille dont on se sert pour balaverles tables.
Aii.RTTEs, s. i'. j)I. Petites ailes
garnies de crochets de fer pour conduire le lil sur le fuseau.
AiNGiE, s. m. ( arr. de Rayeux )
Hameçon: ce n"es( j)as le Ifamus'hi'xw, en vieux-fiançais Ain:
Car le i)ois.<on c'on prent à Pain.
Fabliaux anciens, t. 11, p. 3i»i.
mais le Aungul de l'ancien Scandinave.
Ai.xs, conj. Mais, comme en
vieux-français. 11 ne s'en ellVova l)oint, aius dit; Sparte n'est pas à un
liomme |)rès; Amyot, Traduction de Plutarquc, Morales, t. IV, p. 56. Il
signilie aussi Avant:
Ainz un an trespasse lioman de Hou, v.
3:^13.
AiRAGE, S. m. Ressemblance d'air.
Aire, s. m. IMace vide de la maison,
comme \Aire de la grange, et ÏAyiaut du vieux-Irançais. Une i)lace gaste,
aj)- pellee ayraut... ouquel ayraut ou place; Lettres de grâce de 1448,
citées par du Cange, t. 1, p. 517, col. 2. C'était aussi lesensdu bas-latin
A>jralc, Agriale, et de l'^lin// j)rovençal (pie M. Raynouard, Lc.riquc
roman, t. î, j). 10, a eu tort d'expliquer par Basse-cour, Dépendances .
Masure . Hangar: il l'allait dire Place-vide c[ Grange. De blato l'urato,
in\ento in ayrali alicujus de ali(|iia ^i!la. .{ncivn dorumoit yw
AIR
blié par M. Cibrario, Délia storia di
Chieri, t. II, p. 191.
AiRER, V. roll. S'irriter; le vieux
français avait pris aussi la forme AI.
Quand le duc Toit ov, si fust moult trouble,
et lui deffendit qu'il ne se partist point et moult airement prisl ung
baston; Mémoires de J. du Clercq, 1. V, cb. xx, t. III, p. 383, éd. de M.
Bucbon. Comme la colère double la force, Air avait pris le sens de Force,
Impétuosité:
Il conquist plus par .son air Que .ses
oirs ne pot maintenir.
Partonopeiis de Blois, t. I, p.
18, V. 491.
Puis Ta enpaint de tel air C'a la
terre le fist cair.
lîoman du comte de Poitiers, v. 117.Î.
AiRiE,s. f. (arr. de Caen)ne s'emploie
que dans la phrase: Une airie de pois, c'est-à-dire une planche de pois; ce
qui est labouré [aratum) en pois. On disait en vieux-français Jree: Dont l'en
poing et fait aler les liuefsen Tarée ^.Lettres de grâce de! iiO, citées par
Carpenlier, t. I, col. 270.
AiRiÉE, s. f. (arr. de Bayeux)
Quantité; Ce qui se fait à la charrue [arata]; on dit par figure Une airiée
de toux.
ÂiRSES, s. m. pi. (arr. de Vire)
Ébats; peut-être une corruption (ÏÂises.
Et il molt doucement le baise Ne li
vaut .soffrir nule autre aise. Laid'lgncmrès, p. 15.
Dans la langue des troubadours, Azers
signifiait Elévation, Ptùssnnce; la racine serait alors pro])ablemenl Eri
ALL
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(delwedd C1214) (tudalen 013)
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13
gère.
AiRUUE, s. f. (arr. de Caen) Façon
qu'on donne à la terre de labour. On se servait aussi autrefois d'Arer,
Airer, Erer:
N'iert point la terre lors aree. Roman
de la Rose, v. 8421.
Autresi se li mains puissanz ère la
terre au plus puissant, la charrue ne soit pas destorbee. Etablissements de
Normandie éd. de M. Marnier. p. 16. Dans le patois de l'Isère, Arari signifie
une charrue pour le labourage, et dans celui du Berry Arriot, une charrue
sans avant-train; le français disait encore Araire au XVP siècle.
Sangar picque ses bœufs et d'un
luisant araire Setrace les sillons de son champ tributaire. Du Bartas,
Œuvres, p. 480.
Ajuster, v. a. Joindre, Assembler,
Rapprocher.
Devant ■Marsilie as altres si s'ajust. Chanson de
Roland, stv. i,xxn, v. 4.
Le français actuel dit Juxtaposer,
mais il donne un sens complètement différent k Ajuster.
Alipan, s. m. (arr. de Valognes)
Soufilet, Coup: corruption du latin Alapa; le vieux-français disait Alippe:
Chascuns sera malegripe; S'ilz
treuvent les gens maucourtois Horion aront et alippe. Eustache Descil^mps, B.
R., n° 7219, fol. 270, coi. .'5.
Alise, s. f. (arr. de Vire) Grande
ornière, Bourbier; on dit ailleurs alisée. En breton Leiz signifie encore,
Moite, Humide.
Alléluia . s. f. ( arr. de Yalognes )
Oxalis qui pousse u
Al.L
dans le Icinps de IVu|UCS; c'est i',' iKim (ju'on (loiiiic itnssi
ii colle piaille dans le, iiiilicudela France; voyez Boreaii, Flore (lu
Crnti'c, j). 63.
Allkr ('s'e.nj.v. unipor. Laisser s'en
aller: Un plat son va «piand il laisse échapper les li(juides; cette locution
est aussi usitée dans le licrry. Voyez
FLIK.
Alleu . s. m. (arr. d(> Caen) Tâche
des aôuterons, Cession qui leur est faite à forfait d'un travail quelconque;
c'est le sens primitif du vieux-français
ALLEU.
Alloser, v. a. Louer: ce mot existait
aussi en vieux-français; on lit dans le Doctrinal de Corteisie:
Vous ne devcs mie par raesdire avan
fhior INe pour vous aloser autrui des
avan
cliier.
Voyez aussi le Knman de la Rose, V.
548G.
Allouetter, V. a. (arr. de Vire)
Appeler; à la chasse des allouetles, on les appelle avec un appeau.
Allucher . V. a. Nourrir: il
signifiait d'abord Cultiver; de Louchet, houe, bêche:
Nul ne doit aluchier mal arbre no mal
iierbe.
Jean deMeuîsg, Testanie)}t,\.lZ91.
Puis on l'aappliquéaux hommes:
Luxure est ung pecliic que gloutonie
aluclie
Et si le fait flamber plus clcr (|U(;
sfchc Luciie.
.(oan iiK Meung, Codicile, v. 1725.
Allure, s. f. Ambic; Un
clH>val d'allure, de promenade
ambniatio ..l//?nv. joint ii l'ad
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(delwedd C1215) (tudalen 014)
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14?? ALU
iectif6';Yjn/,si^'niliai ton
vieux-français le (ialop: Ya de la;:raiit alleure des destriers, l'iini;
liurta a l'aiiltre: Je/tan di5am/rt', ch. XXXVm, p. 2olJ.
Mais nini le pas ne l\iin])l('ure,
Mais mer\<'illcs i^rant aicure. UiAoïs, Chronique riméc, 1. ii, V. 14121.
Aloioxe, S. m. Retard, Ce qui
éloifrnc:
Dont lediray-je sans aloigne. Ovide
ms. cité par Bonn., s. v.
Voyez aussi du Cange, 1. 1, p. ini,
col. 2, etBenois, 1. II, v. 5G29.
Alœuvré . adj. Actif. Empressé à
Vouvi'age.
Alouvir, V. a. Alïamer comme un loup:
on dit aussi
ÉLOUVIR.
Asesyeuxélouvis, à sa mine pendable I!
le prend pour un cbouan.
L\u.EMVN, LaCampénadc, c\\. m, p. 21).
On dit Àlnuhrir en patois vendéen:
I vindis cbez nous, i treuvis Cinq
oents < ru.se-bariques; Tretos, eme dau\ grands aIoul)ris, Mangiaut in
b()iieacti(|iie. Chanson citc'o dans les Mémoires de V Académie celtique, t.
III, p. 374.
Alovir, v. réfl. (Orne) S'assoupir.
il/o</fl;- signifiait 5e coî/- oAer en provençal:
Quan lay aura son trap temhit, Nos
alogerem d'en\iro.
Bertrand de Born, Lo coms
Alumelle, s. f. Lame de couteau. On
disait aussi en vieux-français alemele et ale
miele:
Prisf un cotel q'il vit sus le doblier
Dont lin vallcs il fianclioit If nicngier; (irans lu c lonsi t de\aiit
apointies; Li niances lu a (in or entaiilies K( ralemeled'nn poilovin arier.
Chrvnlerie Of/icr de Dancmurche, \. 'i2i7.
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(delwedd C1216) (tudalen 015)
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AME
Un coutiel ot moult rice a pointe,
L'acier ieit l'aleniiele jointe.
PliilippelNIousKEs, Chronique riméc,
V. 22057.
ÂMAiN, adv. (Manche) Dun usage
commode; A portée de sa niai 11; le ^ ieux-français en avait lait un adjectif
Âmani, Ameni:
.... Cil qui sert bien a déduit De
chiens, il en est plus hardis. Plus apert et plus amenis En assaillant bestes
terribles.
Gace de la Yigne, ap. Roquefort,
Supplément au Glossaire, p. 19.
Amaladir. V. n. Devenir malade; on dit
aussi Enmahdir, comme en vieux-français:
Mes la reyne enmaladist. Lai de
Haveloc le Danois, v. 231.
E de c'enmaladi soentre D'enfermete si
dolerose Qu'en ne s'ofiri plus angoissose.
Benois, Chronique rimee, 1. II, v.
39308.
îi V a dans le patois du Berry,
amaïader et enmalader.
Amarrer, v. a. (Manche) Arranger,
Mettre en ordre. 11 signifiait d'abord préparer un navire à prendre la mer:
Teneatur prompta dicta navis parata et amarrata, prout hactenus teneri
consuevit; Document de 1341, cité par du Cange, t. I, p. 257, col. '1; et une
population maritime a fini par l'appliquer à toutes ses occupations.
AMATi>',adv. Ce matin, comme
Aujourd'hui Dans ce jour;
voyez ANIEUT.
ÂMECHE, s. f. (Orne) Cerise aigre; on
prononce amègue dans l'arrondissement de Caen, peut-être parce que le petit
lait
s'y appelle Mègue. A Rennes on dit Dîimêche.
Amignarder, v. a. Apprivoiser, Rendre
mignard. Selon Roquefort, t. I, p. 59, il aurait signifie en vieux-français
Ca-'esser, Flatte)'.
Amicnoxer, v. a. Apprivoiser, Rendre
mignon: peut-être le vieux-français Amianoter en est-il une corruption;
Mignon. signifie Joli, Ami en breton. amigxoxer existe aussi dans le patois
du Berry.
Amigraxer," V. a. (Manche)
Bouillir à petits bouillons, de l'islandais Hamaz devenir et Grana excellent.
Amomi, adj. Fou.
Amoxt, adv. En haut, comme en
vieux-français:
Et dist: Levés vous sus amont.
GuiLLAi ME li Clerc, Aventures de
Frégus, p. 88.
11 ne se dit plus guères qu'en parlant
du vent; Il est d'amont, \\ souflle des montagnes; c'est l'opposé du
Yentdaval qui donne ordinairement de la pluie:
Ainz torne aval et par amont, Si corn
nature le semont.
Blastange des faiies,v. 13, dans
inbm&X, Jongleur s et Trouvè- res, p. 75.
Quoique se rapprochant toujours du
nord, le vent d'amont n'est pas partout le même; c'est celui qui, suivant les
localités, donne plus habituellement du beau temps; on dit qu'il remonte
cpiand il s'éloigne de Vaval. D'autres vents changent également suivant les
localités; ainsi le vent de Galerne qui, suivant le Dictionnaire de V
Académie, souffle du nord-ouest .
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(delwedd C1217) (tudalen 016)
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IG ANC.
l'sl le nom (|uc sur los Iwrds de!a
Loire on donne au v(>nld"esl.
AmoI HETÏK DES CHAMPS, S.
f. (arr. de Baycux) Anlhoinis arvensis
'Camomille); Amarottc dans le i)alois de la Vendée: ee nom lui vient de son
amertume comme celui du cerisier sauvaj;e, Amarel en vieux-t'rauçais; ou de
la couleur jaune de sa (leur, Amarillo (>u esjjaiinol; AmanjUia lutca.
Amuiill.vnte, s. r. yarr. de Baveux) Vache prête a vêler . dont les mamelles
se jionflent de lait, ne sont plus sèches.
Amusant, part. prés. (Calvados)
Fainéant, Qui muse.
Anchias, s. m. (Orne Eni'anl de
mauvaise mine, (lui vient mal: c'est probablement un mot corrom])!!:
onlildanshiFrt?-»jj<- le 13G de Lindenbroj;: Me gravis nécessitas et
anates pessimeoppresserunt: elFestus donne à Anates la sip,nification de
maladie.
Andain, s. m. (Orne) Enjambée: le
bas-latin Amhna a\ait le même sens, et il s'est conserve aussi dans le
'patois duBerrv.
Aneuteu, v. a. (Ornej Dé- fricher, Mettre
en culturcUrs). ANOARiErx, V. réll. (Calvados) Se fourvoyer, S'attirer des
embarras. Angariae signifiait en bas-latin des Servitudes personnelles.
Nobiles et domini terrae i)ermittant homincs suos dies feslos observare, et
non compellant eos evcctioncs seu alias angarias prestare; Concile de Trêves
(1310) publiépar ^[artenne, Thcsaiirus iDiecdolonim. t. IV. col. 218.
Am.imik. s. m. (arr. de
A M
Bayeux: Cùles de l'Angleterre
Àn(;oissek . v. a.; Manche) . Mettre
en angoisse:
Quant ti mal raiip)issciont fort, Tu
iras a li |iar «oiit'ort.
Roman de la Rose, v. "^TO.'i.
Anieut, Amer. Anijit, adv.
Aujourd'hui: Littéralement cette nuit comme .1»KJ///», parce ([ue les
iteuples du Nord comptaient par nuitsetnon par jours. Spatia omnis lemporis non
numéro dierum sed noctium liniunt: Caesar, De hcUo f/allico. I. VL Nec dierum
numerum ul nos. sed noctium. com|)utant; sic couslituunt, sic condicunl. ut
nox ducere diem videatur; Tacite. De mnribus Germano r uni.
L'anglais a conserve Senni(jht et Fortnight
quinze jours; et Shakspere s'est servi d".lnî"(//)i dans le sens de
Cette nuit. Anet est resté dans le patois de la A'endée, et le vieux-français
avait Enquemiit (Hac nocte):
Bichard-Sans-Peur dit à un Moine qui
avait eu la hardiesse de sortir la nuit de son couvent •
Trop avez este, ce m'est vis, YAmW
ainsos e entrepris.
BtNOIS, 1. Il, V. o^^soû.
Cet exemple est si évident qu il
sul'lirait pour établir la vé- rité de notre étymologie, mais comme elle a
été contestée, nous en citerons plusieurs autres. Ains le pendrai amiit o le
matin.
Chevalerie Ogier dr Daucmarche, V.
5117.
()() la iinie sevie annit
esoliilgaitiez Que tlamen? ne terrien w. scient cn
biiscliit'Z.
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.loKi)\N!■ ANTOSMi:, C/iron'iq^ie, v. 138.
ANT
Quer jo li manderai anuit u al matin
K'il lait ester ma terre, si tienge son
chemin. Roman deRou, v. 3443.
Quant li cunte unt gabet, si s'en sunt
endormit. L'eschut i.st de la cambre
qui trestut
ad oit. Voyage de Charlemagne, v. 618,
et V. 625. Par Deu! co dist li escut une ne liir
en suvint; Asez vus unt anut gabet et
ascarnit.
Anouillère, s. f. Vache qui n'a pas
produit dans l'année; on dit Nolière dans le patois de la Vendée, et on
disait iVaure en vieux-français.
Antan, adv. L'an dernier.
Et ressiflons la linotte mieux,
qu'antan. Farce des Quiolards, p. 30.
Ce mot existait aussi en
vieux-français:
Mais ou sont les neiges d'antan.
Villon, Poésies, p. 24.
C'était l'opposé à'Ouan (hoc anno),
O^aw en provençal, U- (juanno en italien:
Dit la dame: n'aiez paor, Je vous
meterai en tel destor Ou il ne vous querra ouan. Fabliaux anciens, t. m, p.
314.
Antenais, s. m. Poulain âgé de plus
d'un an, né l'année pré- cédente. En rouchi on appelle Antenoisse la laitue
qu'on a plantée avant l'hiver, l'année précédente. Le vieux-français donnait
à ce mot une signification différente; voyez le Mystère de la Passion
d'Arnoul Gresban, cité par M. Paris, Manuscrits francois, t. VI, p. 305.
Antresiais, adv. ( arr. de Bayeux) Sur
ces entrefaites, Jusqu'à ce que; probablement une corruption d'fnterea; on
APL M
trouve en
vieux-françaisjE'w^res/«efavec la même signification:
Ce quident bien tôt entreshet Que ja
contr'ens n'aiez recet.
Benois, 1.!I . V. 21348.
Any, pron. part. (arr. de Bayeux)
Quelques; c'est le mot anglais; il se prend aussi adverbialement dans le sens
de presque: Je n'n ai any plus.
AoRÉ, adj. (Manche) Mur; il ne se dit
que du blé qui se dore en mûrissant; Roquefort, Glossaire, t. I, p. 72, cite
le vieux-français Âotir, Or.
Apart, "Préposition toujours
suivie d'un pronom personnel: Apart mei, en moi-même; le rouchi dit aussi
A-part mi et le français a emprunté Aparté h l'italien.
Apeur, Apos, Apous, s. m. Défaut,
Ennui; Faire apos, Manquer; le bas-latin Aporia signinait Pauvreté: Ejus ab
aporia sese compescere cen
sent. Flodoardus, 1. XIV. poëm. 18.
Suivant une glose de Papias, citée par
du Gange, i. 1, p. 320. col. 2, .4pona aurait aussi signifié Anxietas,
Taedium.
Apié, s. m. Ruche {d'apes, abeille):
ce mot existait aussi en vieux-français. Quand les abeilles essaiment, dans
l'arrondissement de Caen on leur présente une ruche en disant: Apié bel! Apié
bel!
Aplets, s. f. pi. Filets; 1'^- ploidum
du bas-latin avait la même signification: Ne navem mittere, pedes ire ad
piscandum, vel aploida sua mittere. ad piscandum ponere, vel lovarc
praesumant; Charte de I2o0, citée par duCange, t. l,
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[)
iUo.iol. iJ.On a j>aranaloi;i(.' i\ou\nni Aplets tout ce (iiii élait d'un
usage jounuilior: les Cordages, la Menue vaisselle, les Oiilils, les Harnais,
etc. Le vieux-français employait aussi ce mot dans ce dernier sens: Des
lorlaitures (jueles sergans
|)rendront De ce qui sera
porte asonime, auront lasonuiie et les
bas et aplait, autrement iiarnois; Ordonnances des rois
</e/'Vawce,(r37G),t.VI,p. 228, art. 13. Dans le Jura et dans la Vendée,
VAplet est un attelage de bœufs; le patois du Berry lui a conservé une
signiiicatioh plus générale.
ÂPLiE, s. f. (arr. de Vire) Réunion de
pièces de terre assez considérable pour occuper un Iiarnois; dans le jiatois
du .Jura Applier des bœufs signifie les Atteler à la charrue; le lalin disait
également AppUcarc baves .
Apolon, s. m. ( arr. de Baveux)
Corset; Apollon était le ciicu de la beauté masculine; dans rOrne on dit
Pouliot.
Aponé, adj. Rassasié, Quia le ventre
plein: voyez poné.
Apparier, v. a. Appareiller: ce mot
existait aussi en vieux-français, et le patois de la Vendée en a fait
Apparai/er: Apariar en provençal et en catalan; Aparear en espagnol.
>lpp«re///ersigni liait en vieux-français Raccommoder: l'our appareiller
un pot de cuivre ou il aveil un pertuis, un d. Comptes de l' Hôtel-Dieu
d" Evreii.T, de 1370.
Appétisseu, V. a. Donner de 1 appétit:
le français n'a ([uc le participe présent.
ARA
Applomk, part. pass. Écrase comme sous
une masse de |)lond): il signilie aussi Profondément endormi:
Panionne/.-nioi, je n'ose
Park'r liant; je crois qu'il repose: Il
est lin petit aiiioniine.
Farce de Pathelin.
Le français dit encore: Un sonuneil de
plond): c'est le Ferrcus somnus des Latins.
Appointer, v. a. ( arr. de Valognes!
Rendre pointu; Ajipointir en vieux-français. ^ Aqui.vulée, s. f. (Oriie)
Suite, File; probablement des chevaux (jue l'on attache à la queue les uns
des autres.
AyuiNABOs, s. m. f. Agaceries,
Prévenances; corruption à' Acclinabo.
S'iins (lolenz fait une aoropie Ou un
enclin devant s'iniage, Lors li porve si boeii coraigc Qu'ainz briseroit les
iiis de fer Et totes les portes d'enfer.
De monacfio in Ûnmine perïcU- tato, V.
11)4.
Aqi:itoure,s. f. (Omc) Cliose faite
sans soin et sans résultat. On appelait Quot ou Quiste un impôt forcé,
consacré à payer les gardes-chamj)étres qui étaient fort impopulaires, et
s'acquittaient très-mal de leurs fonctions.
Jamais ne furent contraints paver
aucuns impots, loltes, (iinstes ou adempres; Nostra(lamus, Vie des poètes
provençaux, p. 104.
Ahaï, adj.;arr. dePonl-l'Evèque)
Enragé, (jue Ion prononce dans quehpics localités arajiv.
Àr.\mie, s. f. ^^arr. de Cacn)
Arrangement. Arrnmire du vieil-allemand ramen. siiïniliait'
ÂRD
dans la basse-latinité, Promettre
dejurer, de prouver la vérité de ses assertions] c'était pendant le moyen-âge
la manière d'arranger les contestations judiciaires; de là le sens d'Âramir,
jurer, en vieux-français;
E Dex jurer et aramir Keniar i smit
Noniianz venu. Roman de Rou, v. 12444.
Comme on ne jurait qu'avec un certain
nombre de témoins, Aramir prit le sens de Rassembler, Réunir.
Cist qui tant ont este puissanz
Nobles, riches e conqueranz Et qui (1. que) serveient clievaliers Sovent a
cent e a milliers. Ci n'en pout pas dis aramir A lui porter ne enfoir.
Benois,!. n, V. 39731.
Bataille aramie signifiait une
Bataille convenue, une Ba,- taille rangée:
ivi son anemi trove en bataille
aramie. Roman de Rou, v. 1G79.
ÂRCA, interj. (arr. de St-Lo) Arrière,
probablement une mé- tatbèse de Raca.
Arde, s, f. Morceau de bois qui se
place sur le côté d'une charrette pour retenir le chargeinent. Il avait la
même signification en vieux-français: ïcellui Julian esmcu du cop print une
arde ou l^aston d'une charrette a beufs; Lettres de grâce, S 408, citées dans
du Cange, t. 1, p. 38G, col. 3. Ce mot se trouve avec la môme signification
dans les patois du Berry et du Nivernais.
ÂRDER, V. a. Brûler (d'^rderé] .
O que bon cueur mes livres arderois.
ir Vaux de Vire, p. m, édition de M. Travers.
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ARG 19
Ce mot existait aussi dans le
vieux-français:
o diable! il semble que j'arde.
Diables, diables! je brusle et ars: J'ars, je brusle de toutes pars, Je
dépars en feu et en flamme.
Mystère de la sainte hostie.
Are, excl. Yois-tu! Tiens! Il
signifiait en vieux-français et en bas-latin Déjà, Présentement. Retulit sub
juramento quod are très anni siint lapsi; du Cange, t. I, p. 382, col. 2.
Rabelais emploie Aresmetys avec le sens de Tout-à-V heure (horamet ipsa)
Prologue,1.1. En hébreu vulgaire ( rabbini(jue) hare a la même signification
que le mot normand.
Arestison, s. f. Retard.
Droit a Viane san plui d'arestison.
S'en est torneiz Oliviers li franshon. Gerars de Viane, v. 183.
Hrestan en saxon signifiait Se
reposer; anglais Rest.
Argaigne, adj . (Manche) Grognon. Arg
signifie Me'cAanf en allemand, et le vieux-français en avait fait.4r9ît,
Mauvaise humeur: Lesquelles raffardes et moqueries, avec les autres injures
et violences devantdittes, le suppliant print a grantargu, vergogne et
desplaisir; Lettres de grâce, (Uoi) citées par du Cange, t. I, p. 390, col.
3.
Argancier, s. m. (Orne) Eglantier; on
trouve aussi en vieux-lrançais Arglantier:
Quant je voy dessous l'arglantier La
bergiere.
Mystère de la Conception
NostreSeigneur Jésics-Crist, se. xl.
Argenté, adj. ( arr. de Bayeux )
Riche, Qui a de V argent.
Argouesme, adj.. Rassasié,
50 ARR
Q\\\ no fait j)lus ricnii lahic. On
lit dans l*aul W arncIViil Diacre), 1. VI, ch. 24: Mémento, Du\ Fonhilfc,
(piod nie osso inertcni et iniitileni (liviM'is, et vul^ari verbo oi'ga
vocaveris.
ARr.uinNER, V. a. (Manche) Faire crier
un enfant, Le rendre arr/aigne: voyez ce mot.
Ari, s. m. 'lOrne) Pied dnnc haie,
lîord d'un fossé. Aria signifiait, suivant du Gange (t. î, p. 391, col.
1.),Locusciuinec colitur, nec aralur.
Ari.^s, s. m. pi. Tracas, Embarras,
{)l)stacle; Ce qui arrrtc ou nrrivrc; il a la même signification en rouchi et
dans les patois du Nivernais et du lîerry: le vieux- français disait Àrrie.
Ariv.\l, s. m. Fil d'arkal, Fil de
fer. L'Archal du vieux-français avait conservé le sens (Idurichalcum (
cpziyal/.c: ];
Ainz cstoit d'arclial ou d'yvoiic
Romans de la Violette, v. 1590.
Uns moult rice horloge d'arkal.
MoHskes, Chronique rimée, \.
25C.Î.
Armeli.e. s. m. Lame de couteau; voyez
ai.emelle: le vieux-français disait également Aime et Arme, Ame.
AuoDivER, v. a. (arr. de Vire)
Fnnuyer, End)èter: l'islandais At rcidu signifie Fûchcr, Mettre en. colère.
AugiELiER, s. m. (Orne) Ouerelleur,
Homme (|ui tourtnentc: au lieu de Argue/ier, le vieux-français donnait la
même signilication;i Arg\iillunneux: \ou7. arc;.vI(..\e.
Arre(..\rder, v a. Kegar
ARR
(1er: Cette forme existait aussi en
vieux-français . même dans le style de cour: Car narmi les grands, on n'arregarne
pas a ces reigles et scrujiules: Brantôme, Dames galantes. On disait aussi,
comme en patois normand, AguariUr: File dist en riant: agardez quel ovsel!
Lettres de grâce (1398) dans Carpentier. t. ï,col. 383.
Aiuui:uE,s. f. Automne, Arrière-saison;
le patois du Jura dit Aderri, de Derruin, Dernier.
Arronce, s. f. Espèce de vescc; M.
Roquefort se trompe en crovant (ju il désignait en vieux-îrançais l'arroche:
t. I . p. 90; du bas latin Jarrossia: Décima de Siligine, de Frumento, de
Hordeo, de Avena, de Jarrossiis et de Vescis; Charte de 1096 citée par du
Cange. T. 111. p. 7 '-8, col. 2. Le latin était lui-même une apocope de
l'espagnol algarora; le vieux-provençal disait crzs. Les Arronces sont des
Ronces dans le patois du Nivernais.
Arroqueu, V. a. ( arr. de Rayeux)
Accrocher; peut-être une corruption euphonicjue LlAhnqrier: ce mot signifie
dans la Vendée Arranger, Raccommoder, c'est le vieux-français Ar7-oger ihml
la racine est restée dans Désarroi.
Arruner, v. a. Ranger, Arranger.
r.icn arruncz, pendant jnsquos au
groiiii;.
C/iausoii.'i?ior7»aude.<i, p. tso,
cri. de VI. Dnboi.s.
Ce mol peut venir de l'islandais At
rytias, Regarder ave<'
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(delwedd C1221) (tudalen 020)
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ARS
soin: on dit encore en Normandie que
l'œil dumallre met tout en ordre; peut-être le vieux-lrançais Aimer avait-il
la môme racine [Adunare?):
Trestote ira l'ovrc autrement Qu'il ne
l'aunent, l'ait sei li diix. Benois, 1. II, V. 21351.
ÂRSEï, adv. Hier soir.
Le lingnages sainte Marie
Est hui plus granzqu'il n'ereersoir.
Fabliaux anciens, t. ii, p. 290.
La forme provençale se rapprochait
beaucoup plus de la ibrme normande:
Senher, vecvos Folquet que venc ar
ser. Gerar de Rossilhon.
ÂRSELET, S. m. (arr. de Valognes)
Vairon. Voyez darse
LET.
ÂRSouiLLE . S. d. d. genres (arr. de
Valognes) Qui a des habitudes de débauche et de saleté; apocope de Gar
souille. Viles personas, quas garciones vocant, Mathieu Paris, anno 1 256;
voyez aussi Ordéric Vital, 1. xHi, p. 904. Une multitude de racaille et de
garconaille mauvaise; Notice des manuscrits de la Bibliothèque dite de
Bourgogne, p. 10. En provençal Gart se prenait déjà en mauvaise part, comme
Garce en français:
Dreitz ni razo no i veimaistener gaire
Quan per aver es un gartz emperaire.
Marcabrus, Aivatz de chan.
Du Gange nous semble donc s'être
trompé en expliquant le latin Garsallum et le français Garsoil par Guttiir.
Odon Rigaud dit dans son Regestrum risitationum: Presbyler de Ribuef
fréquentât tabcrnas et
.vss
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(delwedd C1222) (tudalen 021)
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21
potatad garsoil; p. 29, éd.
de M. Ronnin. Dans le patois du Rerry Garsouiller signilie gâ- ter,
détériorer. Le rouclii donne à Arsouille la même signification que le patois
normand.
Art, adj. ( Orne ) Nu, Dé- pouillé;
nous ne le connaissons que dans la phrase Cheval art, cheval sans harnais.
Voyez essarter.
Aspergés, s. m. Goupillon; En
aspergeant les fidèles avec l'eau bénite, on chante une prière qui commence
par Asperges.
Les fruits d'amours là ne furent pen
dans; Tout y s'échoit tout au long de
l'année: Mais "bien est vray, qu'il y avoit dedans Pour asperges une
rose fennée.
Clément Marot, Opuscules, p. 13.
Voyez aussi un compte de 1452"
cité par M. Roquefort, Supplément au Glossaire, p. 146.
Assaisonné, part. pass. Qui vient à
une époque convenable; Qui est cultivé dans la bonne saison: ce mot se trouve
aussi dans le patois du Rerry.
Assassin, s. m. ( Manche ) Assassinat;
le rouchi le prend dans la même acception.
AssAUTER, V. a. Attaquer; cette forme
[à'Assalire) existait aussi en vieux-français, Asauter, Asaut:, Asaus de pez,
briseure de mesons, asauz de charrue; Etablissements de Normandie publiés
parM. Marnier, p. 37; on lui conservait quelquefois un l étymologique:
Mais ainsi n'eschaperas pas, Tu auras
encore ung assault. Jehan Michel, M>/stère de (a . Passion, l'"
journ. se. i i .
33 AST
AssAVEiu, V.;i. Savoir; cetlo forme
existait m vieux-français dès le Xll' siècle: Dunt lor fist li queiis
asaveir.
nENois, 1. Il, V. 26»32.
AssÉGRiR, V. n. (Orne) Rester en
repos, N'avoir rien à craindre {Securus).
AssENT, s. m. Bon-sens, Sens commun,
parce qu'on s"«fcorde avec les autres.
A estre tout sien me consens, Mais a
lui dire ne m'assens.
Alain Ciiartikr, Livre des quatre dames,
p. G80.
Voyez aussi LiiTcs des lieis p. 283 et
The Indxj and hcr dogs(\â.ns\eReUqtiiacanti(iuac, t. I, p. 155. Assent
a.\Si\i en vieux-français une signification plus conforme à son élyniologie:
Boins cevaliers et de grant sens A
vous estoit tous mes asens.
Moi/SKES, Chronique rimée, v.
873().
AssoTER, V. a. Duper, Ennuyer, Rendre
sot.
Que voulez-vous que plus vous die
Jeunes assolez amoureux:
Charles d'Orléans, Poésies, p. 17 1,
éd. de M. Cliampollion.
Et d'autre part si entendoit Qu'a
Valenciennes estoit Othe Que li quens de Boulogne asote.
MousKEs, Chronique rimée, v.
2ir>0().
AssoyiR, V. a. (Orne) Assommer,
Étourdir; probablement une coruptioii d'Adsopire. Assabouir a la
mèmcsignification dans les patois du Rerrv et du Nivernais.
AsTicuER, Astiquer, v. a. 'ra(|uiner.
Stagn signifie en islandais Ucvoiir Irop sonvcnl à la chu >(/(;. Peut-être
le sens
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(delwedd C1223) (tudalen 022)
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ATI
primitif (i.l.s7/r/(c/etait-il Toucher
arec un /x'itnn: en irlandais Stic . en gaël Staoi<j, en anglais Stick et
Stake, en llamand Stock, etc.: d'où est dé- rivé le vieux-français Entache.
^sïi(/Mersignilieen rouchi Toucher d'une manière peu convenablc.
Tuz les essent estikez, ocis e mal
bailli.
Jordans Fantosme, Chronique rinice,
V. 1179.
Asticoter, v. a. Fréquentatif du verbe
précédent; il a la même signification dans les .patois du Berry et du
Nivernais.
Atacher, V. a. Donner à tâ- che.
Atelle, s. f. Bâton (arr. de Mortain
); Morceau de bois de chauffage ( Orne ); Fragment, Éclat, en vieux-français.
Les lances volent en asteles.
Roman de Renart, t. m, p. 261 .
Toz me palors depecies enastele.
Raoul de Cambrai, p. 70, v. 1 1 .
De là le provençal et le catalan
AsteUar et l'espagnol Aslillar, Briser. Dans le patois du Daupbiné Eitello
signifie Eclat de bois.
Aticuer, v. a. (arr. de Bayeux )
Agacer . Exciter. Voyez Asticher.
Car nul vieil sanglier hericie, Quant
des chiens est bien alicie N'est si crueux.
Roman de la Rose, v. ioiG7.
Nous disons encore Atiscrle feu. Atya
signifiait Haine dans la basse-laîinité: ririmi appellati suntodio. vel atya.
vel per verum appellatnm: Braclon. 1. III . lit II . (h. .').
ATR
par. 3. Âstio signilie Encie eu
italien, et Shakspere s'est servi iïÂles dans îe sens d'Insliqation,
Provocation. Ces diC- férents mots ont sans doute une liaison plus ou moins
directe avec la déesse Até ( kvn ) des Homérides; Rabelais a dit dans ses
Fanfreluches antidotées: Maiigré Até a la cuisse héronnière.
Atori, adj. (arr. de Baveux ) Taché,
Moisi. Torr signiliait en vieil-islandais Gâté, Perdu.
Atout, prép. (Manche) Avec.
Atout li ilux Robert ses mains Des
fonz le lieve cum parrains.
Benois, Chronique rimée, 1. ii, V.
6947.
C'est la préposition Àb réunie à l'adjectif
Totit, comme elle l'est au pronom démonstratif dans Avec; pendant le
moyen-âge, Od avait la signiiication de Avec, et on lit dans Benois, 1. II,
v. 9216:
Prendrons la vile e lui od toi.
Atout, s. m. Coup, Blessure. On a
appelé Coup d'atout, un coup donné avec un instrument très-propre à blesser,
et l'on a dit par abréviation Atout. J.e français a conservé Atout dans un
sens différent; il signifie, dans presque tous les jeux de cartes, la couleur
Avec lac[uelle on prend toutes les autres.
Atra, adv. (Manche) A travers; par une
.de ces figures si communes dans le langage populaire, Tout atra signifie
entièrement. En provençal, eu catalan, en espagnol et en portugais, Atras
vient deylre^?'o, et signifie En arrière. A (a renverse.
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(delwedd C1224) (tudalen 023)
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AUL 23
Attédiek, v. a. .attrister, [ad
taedere). Probablement il y a une faute de transcription dans ces vers:
N'abrégeons point notre ^ uPar trop
nous affodier, Cent ans de luerencolie Ne paieront (las ung denier.
B.vssELiN, Vaux-de-Vire, p. 191, éd.
de M. Travers.
Attifer, v. réfi. S'habiller avec recherche. Se parer; il se dit de
préférence des ornements de la tête {Topf en allemand). Le vieux-français
l'employait aussi dans la même acception:
Elle fut cointe et bien tilïée, Elle
sembloit déesse ou fee.
Roman de la liosc, v. 3503.
Attitonner, v. a. (Orne) Dorloter; [Ad
titillare).
AuBOUFFiN, s. m. Bluct;,1/- hum fanum,
le bluet a les feuilles l)Ianchâtres. Le vieux-français disait Aubifoin, et
on le retrouve sous cette forme dans le centre de la France; Boreau, F/orc du
Centre, n"772.
AuDivi, s. m. (Orne) Autorité. Les
gouverneurs qui avaient audivit du temps du roy Louis, ne moururent pas avec
leur maistre, ainsi demourerent en gouvernement; Olivier de la Marche,
Mémoires, lntrod.,t. I,p. 218, éd. de Petitot. Les Orientaux se servent (l(î
cette formule pour exprimer leur obéissance: Entendre w/ obéir. En rouchi,
Audivi signifie Audace, Hardiesse; le patois de la Corrèze lui donne le même
sens que la Normandie.
AuLiÈRE .s. f. Oreille: on appelle
aussi Anlièrc la partie
-i ALQ
des harnais qui passe derrière les
oreilles du cheval.
Allue, s. f. ( arr. de Vire ) Retard,
Paresse, Billevesée; Voyez le mot suivant.
ÀULLEU, V. a. Retarder; Aulaz signifie,
en islandais, Niaiser, Perdre son temps à des futilités.
AlM.VlLLES. s. m. pi. Bcstiau.\
{Animalin).
Norois trova prenant auraaille.
Geoffroy Gaimak, Chronique rimee puhl.
par M. l'r. Michel, Chroniques Anglo-Normandes, {. I, p. 5.
Les aumailles mardier lentement pas à
pas.
Vaiiquelin de la Fresnaye, Satire ù M.
de Repichon] v. 123.
On dit dans le canton de Vaud Armai
lié.
Les armaillés de Colombetta De bon
matin se son leva.
Ranz des Vaches.
Dans risère on appelle un troupeau de
bètes à cornes Armailli; en rouinansch Ermailli signifie Berçjcr, Bouvier; on
lit dans un Caraula du Molé- son (Canton de Fribourg):
^JeclIé lia faite la transshon? Lie
l'erniailli de Moleson.
Le vieux-français disait aussi Almele
et Amayle:
Oste dit homme en batay le; Fuson dit
homme de vif amayle
Traité sur le vieiix-françai'; imprime
dans VHistoire littéraire, t. XMI, p. f..'}4.
Voyez le Lai de Mélion, p. 53, note.
AiQUEU . V. a. (Manche) KtoulTer.
Suffoquer: peut-être nue apo(oj)e de ce dernier mot ou une syncope iVOrridere
.
A VA
Occir, Ocliier en \icu\-rrançais: Si
comme se je suis en ma meson inanans loing des gens, et larrons viennent en
ma meson par nuit, et je ou nui ma mesniee les aperchevons et les courons sus
pour penre, et les prenons ou ochiuns por che que il trouvèrent en défense;
CoutumeduBcauvoisis, cli.30.
Alvauke, s. f. Perte, Avarie.
AvACHiK, V. n. Devenir lâ- che et mou
comme une vache: on dit par ligure d'un soulier qui a perdu sa première forme
(pi'il est Avachi.
Av.\L, adv. En bas, Ventdaval. Vent de
la vallée; opposé à Amont. Voyez ce mot:
Rou devint hom li roiz e sis mainz li
livra. Quant dut li pie beisier,
baissier ne
se daingna; La main tendi aval, li pie
el rei leva, A sa bûche le traist et li rei enver sa. Roman de Rou, v. 1901.
Avaler, v. a. Descendre, Aller aval.
Kaunt houre est a manger avalent les
degrés.
Satire sur les Dames dans le Reliquiae
anfiquae, t. i, p. 16î>.
Jusqu'à ce qu'un homme de cheval
l'alla saisir au corps et 1 avalla par terre; Montaigne, Essais, 1. III, ch.
6.
Avait, prcp. Lelong, Parmi, Au milieu.
Passementee avand les gambes D'im biau
nerfd.
Chansons normandes, p. 23.3, M. de ]M.
Dubois.
Aval le mo.Nfier a tel joie Qu'ainr
n'oi teie n'oiu ne famc.
I?. R. fonds de la Vallière, n"
S5, fol. 120, verso, roi. l, ^. 26.
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(delwedd C1225) (tudalen 024)
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AVE
AvEiNDRE, V. a. Atteindre (Avellere);
il se trouve aussi dans le patois picard et dans ceux du Nivernais et du
Berry.
AvENA, s. f. (arr. de Mortain) Paille
d'avoine.
Avéra, s. m. Bete malfaisante; c'est
le mot Avers avec une terminaison qui le fait prendre en mauvaise part. Voyez
plus bas.
ÂvERLANT, s. m. ( Manchc ) Lourdeau,
Rustre, Brutal; l'allemand Haverling a la mê- me signification. Âverland
signifiait en vieux- français Maquignon; Rabelais l'emploie dans le sens
d'Ami de bouteille.
Avernant, adj. Plaisant à voir.
Li paleiz fu listez de azur e avernant
Par chères peintures a bestes e a ser
penz.
Voyage de Charlemagne, \. 344.
Peut-être I'a est-il une prosthèse (
Vernans ); car on lit dans J. Marot, Poésies, t. V, p. 366.
Rose vernant, de dieu mère et an
celle.
AvERNOM, s. m. Sobriquet [Adversum
nomen).
Avers, s. m. pl. Animaux domestiques
qui forment la principale richesse, {'Avoir d'un pays agricole. Avoir avait
pris la même signification en provençal:
E play mi quan li corridor Fan las
gens e'is avers fugir.
Bertrand de Born: Bemplay.
AvERSAT, S. f. Fou, Possédé du diable;
Erat a daemone vexata, et laedebatur potius in pede et in manu sinistris; et
îariebat opéra ({uae faciunt ad
AVO
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(delwedd C1226) (tudalen 025)
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25
versatac; Acta Sanctorum .
Avril, t. II, p. 825. Le vieux-français avertin signifiait la Goutte et
l'Epilepsie; mais on le trouve dans le Dictionnaire roman de Dom François
avec l'acception de Homme toujours inquiet, Fantasque. Ce mot ne s'emploie
que dans l'expression injurieuse Vieil aversat.
AvETTE, s. f. Abeille. On trouve aussi
Avette en vieux-français.
AvEUR, adv. (Manche) De bonne heure,
Avant l'heure: L'aveur ne doit rien au tardi, dit un proverbe populaire.
AviAS, s. m. OisesiU] Aviaiilx en
vieux-français; c'est le mot latin avec une terminaison qui indique un
pluriel.
Avisé, adj. Spirituel, Adroit. Voyez
le mot suivant.
Aviser, v. a. Instruire, Informer.
Raisons m' enseigne et avise. Et jou
sai certainement, Que qui aime sans faintise Gent guierredon en atent.
Gilbert de Berneville, Chanson citée dans le Glossaire de la langue romane,
t. i, p. 114.
Il signifie aussi Voir, Apercevoir,
comme en vieux-français:
E cil s'en sunt parti joiant, Enbrons
e enchaperonnez; Unques ne furent avisez.
Benois, 1. Il, V. 20794.
AvisiON, S. f. Présence d'esprit, Bon
sens.
AvoLÉ, adj. Etranger au pays,
Aventurier, Qui a volé à: Et ceux qui estoient ainsi bannis dont il y avoit
foison se tenoient a Saint-Omer le plus, et les appelloit on avolez:
Froissart. t. I, ch. 3î).
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(delwedd C1227) (tudalen 026)
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26
BAC
Paiv! cri(|uiu. niaianlt, a\ollc;
On 110 scait tloiit tu es vi-iiu.
Jehan Miciiki., Mijstèrc. de la
Passion, l" jouriii'c, se. y.
On le prend queUnielois dans
l'acceplion d'Etourdi, ITomme léger; par une raison semblable, Âvol
signifiait méchant, Vil en vieil-espagnol: Qiiando del avol orne derecho li
daba. Vida de san Milan, st. 243. et eu provençal: Kt als a^ ois es
d'ert;ullios sciublans. BAF
Kainhaml de Vaqueiras, Eramreijuier.
Avoi.ER, V. a. Lancer avec force,
Faire voler.
AvoNDiK, V. a. ( arr. de Baveux )
F^ngraisser, Donner beaucoup à manger. Cum pane abundo et (luincpie nicnsuris
de ccrvisia, id est multo; F]ckeliard; De casibus Sancti-Galli ch. 9.
AvouiBLE, adj. Précoce.
VOVCZ .WEl u.
B
B.vBiNOUs, S. m. (arr. de
Sainl-Lo ) Dévidoir, comme on dit ailleurs Bohîneux; ce mot vient sans doute
des Bobines dont on se sert pour dévider: peut-être cependant est-ce une
corruption de badinous. Voyez ce mot.
Baboin, s. m. Boucbc; corruption de
Babines. Ce mot ne s'emploie en français que dans l'acception d'enfant.
Bague, s. f. (arr. de Caen) Grosse
toile. Suivant Roquefort, t. I, p. '120, c'était en vieux-français une
Paillasse. Ce mot signifie aussi le Balai avec lequel les forgerons jettent
de leau dans leur fournaise.
Baciierolle, s. f. ( Calvados) 'fine,
Grand vaisseau de bois pour porter de l'eau; on disait en vieux-français
Barhole [Bacca).
Bacuot, s. m. (arr. de Baveux ) Petit
filet en forme de \ase (Barra) pour pèclier des ecrévisses. C est
piohahicrncnl
le même mot ({ue le
vieux-fran
çais Bagaii.
Bacon, s. n\. Lard salé.
Harengs et liacon.s Sont bonnes
provisions.
dit un vieux proverbe normand. Ce mot
existait aussi en vieux-français; voyez Villebardouin. Histoire, p. 62, et \
Evangile a famés, dans Jubinal, Jongleurs et trouvères, t. I, p. 27; il s'est
conservé en anglais.
B.i^cuL, s. m. (arr. deSaintLo)
Crapoussin, Homme (/owf le derrière est pcn élevé. Dans le département de
l'Orne ce mot est pris dans une acception différente; il signifie une
traverse en bois [liaculiis) à laciuelle les traits des chevaux sont
attachés.
Badé, adj. (Orne) Cou^erl de boue ou
deau. En islandais Bada signifie Se baigner.
Badinous, s. m. (arr. de Bayeux)
Espèce de rouet, dont le travail ne demande aucune force et n est (piiin
Radinagr.
Mafke, s. f. .Manche' Soiif
BAI
llet, Tape. 11 avait la même
signification en vieux-français.
Bagoul, s. m. Bavardage, Faconde. Ce
mot existait aussi en vieux-français, ainsi que BAGOULER: Jftcotin Pouletz le
print a moquer et dire plusieurs goulardises.... auquel le suppliant dist que
se il ne cessoit de ainsi bagouler, que on lui respondrait autrement; Lettres
de grâce de \ 447, citées par Du Gange, t. I, p. 536, col. 3. Bagoul s'est
conservé aussi dans le patois du Berry.
Bagoulard, s. m. (arr. de Valognes)
Bavard et par suite Indiscret.
Baguer, v. n. Il se dit d'une couture
qui est mal serrée ou d'une étoffe qui fait un pli. Baguer signifiait en
vieux-français Emballer; probablement f étymologie est la même et le mot
patois veut dire Ressembler à un paquet mal fait.
Bagulot, s. m. (Orne) Petit morceau de
bois cylindrique terminé en cône [Baculus )qui sert à jouer.
Bahuier, s. m. Coffretier, fabricant
de Bahuts; en français Bahutier.
Bailler, v. a. Donner.
Quand no no y eust baillé not' bru
dans l'Eglise. Muse Normande, p. 176.
Ce mot qui n'est plus guères employé
en français est fort usité dans notre patois, ainsi que dans ceux du
Nivernais et du Berry. Voyez pour son origine le mot suivant.
Baillie, Baille; Forteresse, et par suite
Possession; le sens était le même en vieux-francais.
BAL
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(delwedd C1228) (tudalen 027)
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27
Et dist ii quens de Flandres:
SeDex
me beneie. Mervelle m'ai de Deu qui
tôt a en
baillie.
GODEFROYS DE BuiLLOM, àttHS
la Bibliothèque de Vccole des Chartes,
t. n, p. 45G.
Si ot Roume la signorie
Sor tôt le mont, et la baillie.
MousKES, Chronique rimée, v. 166.
Le sens primitif est resté dans
l'exemple suivant:
Les trois baillies du chastel Ki sunt
overt au Kernel, Ki a compas sunt environ Et défendent le dungun.
Chastels d'Amour, dans \V.\rTON,
Historij qf the english poetry,t. i, p. 88, éd.dePrice.
Voyez aussi Guiart, Branche des royaux
lignages, v. 3177; voilà pourquoi Baillier signifiait quelquefois
envieux-français Saisir, Prendre: ^
Mais or sui vieus et kenus et barbes,
Ne puis mais preu chevalcher ne errer, Baillier mes armes ne mon escu porter.
Chevalerie Ogier, v. 3601.
De la notre Bail et Bailli; ces
différents mots viennent sans doute de l'islandais Bali, monticule, hauteur
qui dominait un pays et répondait de son obéissance et de sa sûreté.
Baillous, adj. (arr. de Bayeux)
Maladroit, comme un homme endormi qui Baille toujours.
Baïne, s. f. ( Orne) Mauvaise taverne.
Bais, s. m. p. Moutons; cette onomatopée
n'est employée que par les enfants.
Balant, adj. Fainéant; Homme qui passe
son temps à Bnlcr, Se promener en breton,
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(delwedd C1229) (tudalen 028)
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'28 BAM
Danser en vieux-français.
Silo, t'in|)ifs le ( lianler Deussioz
bien l)alt:r.
YsoPET II, fabl. \xviii,(1ans HoKKiiT,
Fables imililcs du \1IJ' xU'cle, t. I, p. î.
On dit aussi Balaner, FainOanlcr. En
islandais Jinla signifie Sesuhstanteravec peine, et cette ctyinolo^ie est
aussi possible que la première.
Haf.as, s. f. farr. deSaintLo)
Commère. Voyez l'article précédent.
Baléque, s. f. (arr. de Baveux) Femme
bavarde. Voyez
BALANT et BALAS.
Baliette, s. f. (arr. deValognes)
Petit balai (Balayette).
Balle, s. f. Paille d avoine que l'on
met dans les paillasses; il a le même sens dans le patois de Rennes.
Baller, V. n. Flotter, Pendre.
J'avais de biaux gartiers de laine
Rouges et verts, Qui me baliest avaud
les ganibes
Jusqu'aux mollets.
Chansons normandes, p. 233, éd. de M.
Dubois.
Ce mot existait aussi eu
vieux-francais:
La veissiez tant destriers de Hongrie,
Tantes banieres qui contre vent balie.
Gai in le Loherain, t. 1, p. 95.
Balvai'der, V. a. Regarder louvrage
les bras croisés; Travailler mal, sans j)rendre aucune peine; il a le même sens
dans le j)atois du Berrv, mais on dit |ilus souvent Galvauder. Voyez Bwoi, et
Bavooier.
Bamrocuer, V. n. Faire des orgies,
mener uno \ie déré- glée; on dit aussi un Bnmhocheiir. Ce mol r\\<[v aussi
en
BAN
roucbi. et a probablement quel(|U(,'
liaison ('l\iii(il()gi(|ue avec le français linmhuchadi'.
Bamroler, V. réfl. (arr. de ^'ire) Se
balancer comme les cloches (|U(* les cnfanls aî)pelIcnt j)ar onomatopée
lîini'hnns.
Ba.n, s. m. Manière i)arliculière de
battre le tambour pour annoncer la publication d un lian de l'autorité
nuinicipale; il se trouve dans ce dernier sens dés le XI II'" siècle.
On fait le ban que nus ne soit si
hardis, home ne feme, en totc coste ville; Ban des Imrats de 1
2')7cile|)arRo(pieforl, Supplément au (ilossaii'e de la langue romane, p. 36.
J'a est partout cries li bans Qu'il
n'i remaigne sers ne frans.
CuRESTiEN m: Troie, Z)M70i Ctuillaume
d't'ngleterre publié |)ar M. l'r.MicuEi-, Chroniques Anrjlo-NormandeSyX. lil,
p. 159.
Il vient probablement de l'islandais
Ihina, Interdire, ou du celtique; en gaél, en irlandais et en erse. Binn
signifie Sentence. On appelle encore Bans les proclamations de mariage, et
l'on a conservé dans les pays de vignobles le Ban des vendanges.
Bancelle, s. f. Petit banc sans dossier:
il a le même sens dans le i)atois du Berry: on disait en vieux-français
Bancillon.
Banne . s. f. Grande charrette garnie
de planches, dont le nom vient sans doute du celtique, car il se trouve dans
le patois de toutes les provinces, et on lit dans Festus: Benna, lingua
gallica. genus \ehi<'iili apijellatnr On flonne
BAN
le même nom à de grands panier s à
rebords, et Benna avait la même signification dans la basse-latinité; c'est
une botte pour transporter la vendange dans un acte de 1 493, cité par du
Gange, t. I, p. 655, col. 3. Ce mot signifie en français une grosse toile
pour couvrir les denrées que probablement on transportait autrefois dans une
Banne.
Bannelée, s. f. Ce que contient une
Banne.
Bannie, s. f. Location aux enchères
des places d'une église par l'autorité compétente. Une Bannie dans le
Nivernais signifie un quartier de vignes que ses différents proprié- taires
doivent vendanger en même temps.
Bannon, s. m. (Orne) Enfant qui
pleure.
Bannoner, V. a. ( Orne ) Pleurer.
Bannot, s. m. Petite banne, dans le
sens de charrette.
Bannot, s. f. Herbes marécageuses;
Bann, au pluriel Bannou, signifie en breton Jet, Pousse.
Banon, s. m. (Orne) Cuve qui reçoit le
cidre lorsqu'on pressure les pommes; probablement de Benna qui signifie un
vase dans la Vie de saint Rémy, publiée par Surius, Yitae approbatae
Sanctoriim, 1 3 janvier.
Banon (de), adv. (Calvados) En
liberté; on le dit des bestiaux qui ne sont ni piqués ni gardés. Le Banon
était la faculté que les art. 81 et 82 de la Coutume de Normandie donnaient à
tous les habitants
BAR
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(delwedd C1230) (tudalen 029)
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29
d'une commune de faire paître
leurs bestiaux sur les terres dont la récolte était enlevée. L'usage de cette
faculté finit par être fixé au lendemain du jour de la Sainte-Croix, le 1 4
septembre; mais pendant longtemps l'époque en fut déterminée par un Ban de
l'autorité.
Banque, s. f. Tombe d'engrais, Rebord
d'un fossé, Elé- vation de terre faite de main d'homme. On dit dans le même
sens Banc de gazon.
Banque, part. pass. Celui dont les
Bans sont publiés. On dit dans le Berry Banché.
Banvolle, s. f. (Orne) Girouette,
Petit moulin-à-vent pour amuser les enfants. C'est probablement une
corruption de Banderole. On lit dans Le cry et proclamation publique pour
jouer le mystère des Actes des Apôtres en la ville de Paris, faict le jeudy
seizième jour de décembre de Fan 1 540. Et premièrement marchayent six
trompettes ayans Baverolles à leurs tubes, et bucines armoyez des armes du
Roy nostre sire. — Dans la plupart des communes du département
d'Eure-et-Loir, les jeunesgens font une procession le jour de la Mi-Carême,
en portant des banderoles qu'ils appellent BanvoUes. Voyez les Mémoires de
l'Académie celtique, t. IV, p. 461.
Raquer, v. n. (arr. deValognes) Plier,
Céder;^ Jîa^a:r signifiait^en islandais Etre empêché, Être changé de
position.
Bar, s. m. farr. de Bayeuxj Civière;
probanlemcnt de lis
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(delwedd C1231) (tudalen 030)
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30 RAR
landiiis Bera . Porter, car plusieurs
mots sonil)lal)los ont des siirniliralions diflerentesciui se rattaclient
évidennntMit ii la même idée; tel est le français liière et le bas-latin
Bara. Paralytica.... delata luit in quadam oapsa, seu bara, equo; Sancti
Bcrnardi Vita, dans le Vitae Sanctorum, mai, t. V, p. 285.
Baratée, s. f. (Calvados) Boisseau,
Demi-bectolitrc. Ce mot vient sans doute aussi de Bera porter, et signilic la
Charge dun homme; aussi le disait-on des liquides en basselatinité ( Barrale
) et en patois venaisin; le barrau était de vingt-sept pintes. Probablement
le vague de cette mesure fut cause du sens de tromperie que Barat prit en
vieux-français et que conserve encore Baratterie. L'anglais To barter,
Trafiquer, appartient sans doute à la même famille. Baubacro, s. m. (arr. de
Valognes) Grandes moustaches^ Barbe en forme de crochet; il signifie aussi
par métaphore une grande cicatrice au visage.
Barbassioné, s. m. Génie malfaisant et
barbu, ou plutôt Animal couvert de poil; nous ne connaissons ce mot que par
une chanson populaire (juc les enfants répètent le jour dcNocl, en parcourant
les champs avec des torches:
Taupes et mulots, Sors de men dos, Ou
je te casse les os; lîarbassionné, Si tu viens dans men clos, Je te lunle la
barlie juscpraux os.
Barbelé . adi. ^Calvados)
B\R
On ne l'emploie cpi avec Gelée; (Jelée
blanche (ini resicmble à des barbes de plume; c'est une expression conservée
du vieux-français, où l'on s'en servait aussi au propre.
Ennui ne mal ne li puel l'aire, Tant i
sceust lancier ne tiaire; Maintes sajetes barbelées Tretes li a et entesees.
G.vLTiER nr. CoI^SY, dans Roquefort,
Glossaire, t. I, p. 13:î.
Le français Barbillon a la même
étymologie.
Barbelote, s. f. Grenouille.
Par lieux y eut cleres fontaines Sans
barbelofcs et sans raines.
Roman de la Rose, v. 1385.
Barbot, s. m. (Orne) Petite bulle qui
se forme sur l'eau lorsqu'il pleut ou que les canards Barbotent; Bar
signifiait en vieux-français Jî!au fangeuse, Vase.
Barbotteaux, s. m. pi. (Orne)
Caparaçon.
Barguigner, v. n. Marchander; il avait
la même signification en \ ieux-francais.
Car lors ou il bargaignera De
Séculière marcliandie Dont sa richece multeplie.
Miroir de VOme dans >A riglit,
Vision of l'icrs Ploughman. p. 552.
Bargain a conserve ce sens en anglais;
mais Barguigner signilic maintenant dans le sens familier Hésiter, et il a
pris la même acception dans le patois normand; il lavait déjà dans le
vieux-français:
Voir, ja n'i aura barçsignie Dist li
sénateurs longuement.
PiuiiPPE i>i. RciM . Roman de
laManvl,ine,y. h'>.'>.&.
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(delwedd C1232) (tudalen 031)
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BAS
Le substantif y avait aussi une
signification analogue:
Se merchi quier et ne la puis trover,
Moiir m'estuet sans plus longe bar
gaigne.
Casses Brûlez, Chanson manuscrite; B.
R. Suppl. fr. n" 184, fol. 94, verso.
Cilz repont sans faire bargagne:
Gentilz dame, Dieux le vous mire.
Histoire du châtelain de CouC>J,\.
6749.
Bargouillard, s. m. Bavard confus,
inintelligible; probablement une corruption de Barfjouilleur; dans le patois
du Dauphiné Barfouillard signifie un parleur perpétuel.
Barificgter, V. a. (Orne) Lier;
peut-être une abbréviation à' Emberlificoter .
Bariller, V. n. (arr. de Vire)
Barboter.
Bartée, s. f. (Calvados)
Voyez BARATÉE.
Bartel, s. m. (Orne) In.strument qui
sert à battre la crème; en islandais Barata signifiait Combat; d'oii est dé-
rivé le bas-latin Barrata, Coup de bâton, et le français Baratter et Baratte.
Bartous, s. m. (arr. deSaintLo)
Bibaud, Tapageur; de l'islandais Barata, Combat.
Bas-age, s. m. (arr. de Valognes)
Minorité; Bassier signifiait en vieux-français un mineur.
Basse, s. f. Servante; parce qu'elle
est la dernière de la maison ou la plus jeune. Dans les Dialogues de saint
Gré- goire, 1. IV, cb. 4: Laetare, juvenis, in adolescentia tua est traduit
par: Esleece-toi, Juvence, en ta bacelerie: Basse
Bâï:v\
serait alors une apocope du
\ieux-ïva\iCdi\&Bacele,Baissele:
La bourjoisse si fu du moustier
revenue; La baissele appella, elle est acourue
Dit des trois Pommes, p. 14, éd. de M.
Trebutien.
Bassée, s. f. (arr. deCaen) Basque
d'un habit; ce qui pend le plus bas.
Bassicot, s. m. (Orne) Cage en
charpente dans laquelle on élève les ardoises du fond des carrières.
Bassicoter, V. a. (Orne) Disputer sur
le prix d'une marchandise; chercher à la faire Baisser, comme Chipoter de
l'anglais Cheap, A bon marché, A bas prix; peut-être cependant vient-il de
Bassicot et signifiait-il originairement Tirailler, Agiter. Le patois lorrain
lui donne le sens de Tromper.
Bastille, s. f. (arr. de Valognes)
Basque d'un habit: diminutif du vieux-français Baste; le provençal moderne a
aussi conservé Êastos.
BataclaiN, s. m. Bruit, Fracas;
peut-être une onomatopée comme patatras, dont la dernière syllabe a été
nasalisée. Ce mot est fort usité dans le Nivernais.
Eatiaux, s. m. pi. Vieux meubles. Le
sens de ce mot indique une population maritime peu riche.
Batière, s. f. Bât. Le français a
conservé plus fidèlement la racine allemande Bast.
Batonner, V. n. Manger vite.
Battaisson, s. f. (arr. de Valognes)
Inclinaison qui don
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(delwedd C1233) (tudalen 032)
|
32 BAU
uc (le la solidité aux hàtimonls: ce
mol existait en vieux-IVançais suivant Rociuelort, 67o,ssaire, t. I, p. 139.
On dit aussi Ahattaison.
Hatteuie, s. f. Aire de la granité.
Tout endroit oii l'on Bat une recolle quelconciue.
Baibe . adj. Kniroiirdi par le froid;
proijablenient du celtique, car le breton bav a la même signification. Le
vieux-français avait AbaubirAw\{ le sens était analogue:
En l'an que clievalier sont abaubi, Ke
(l'armes n'oient, ne font li liardi, Les dames loinnoier vont a Laigny.
IIuesd'Oisy, Tournoiement des Dames;
B. K-, u" 7222, fol. 50, recto.
Suivant le Dictionnaire co
miquc de Lacombe, Ban signi
liail autrefois nigaud, et Baou
a conservé le même sens dans
le patois de la Corrèzc; voyez
AB.VUDER.
Probablement Bobelin, Bouvier, Vacher,
(Imbécillej avait la môme étyniologie; Bavidik signifie Stupide en breton.
Nos en arômes pins grant pris De nos
prevoz et do nos mestres, Que de contbobelins champêtres.
De monacho in jlumine pericli(ato,\.
12S, publié dans Bi;- NOis, Chronique limée . t. fil, p. 514.
Bauber, v. a. (Orne! Bé- gayer; la
signification primitive de Balbus sciait aussi conservée dans le vieux-fran(;ais;
Mouskes dit du lils de Charles-le-Chauve:
Loeys li haidx's ot non, Kt saciez
k'il ot cest sornon Pour cou k'il estoit baubetere.
Chronique rimée, v. 12745.
Baithier .s Ml iarr de VI-
RA V
re) Ouvrier en Bauyr,:
A la compaignye d'iing baucbier \enus
sonunes du X au de Vire.
Chansons normandes, p. 18/!, étl. de
M. Dubois.
Baipe, adj. (arr. de Bayeux) Engourdi,
corruption da Bauhc.
Baidoir, s. f. (Calvados)
Rejouissance, Festin.
Baudours et bobans Ne font pas riches
gens.
dit un vieux proverbe; la
signification était la même en vieux-français .
Quant i)rcz et bois sont en verdour,
Kt cil oisillon par baudour Chantent et par euvoisure.
Songe du Vergier.
Undc ( d'un sacrifice offert par César
après la prise de Nervie ) usque in hodiernum diem, locus ille ab eventu rei,
lingua romana Baudour, id est gaudium deoruni (ce dernier mot est de trop),
ab incolis nuncupatur; Jaccjues de duyse, Annales du Haxjnaut, t. IV, p. 376.
Bait.e, s. f. (Orne) Lit; probablement
du celtique: Baoz signifie Litière en breton; le bas-latin Baugeum, une
petite maison: et le français BaugeAc lieu où le sanglier se couche.
Bauqiet. s. m. (Orne) Pommier (|ui
n'est pas greffé, Sauvageon.
BAiorETTE, s. f. (Orne) Fruit du
Bouquet.
Baverette, s. f. Pièce de
l'habillement des femmes qui se met sur la poitrine; le français Bavette a la
même étymoiogie.
BwETTE. s. f. (Calvados)
BEC
Petite fille si babillarde qu'elle
Bave en parlant.
Bavol, adv. Ce mot n'est employé que
dans la locution Filer havol; Filer grossièrement du fil qui n'est pas égal.
liava se prend en breton dans le sens à' Engourdir, Endormir; peut-être ainsi
Filer havol signific-t-il Filer comme une personne endormie; plusieurs autres
mots analogues rendent cette étymologie fort probable. Autrefois cependant
les jeunes filles portaient eu Normandie des voiles sur la tête, que les plus
élégantes laissaient tomber plus bas que les autres, d'où le français
Bavolet, et il ne serait pas" impossible que Filer bavol signifiât Filer
comme une fille qui pense trop à sa toilette.
Bavolette, s. f. Femme qui porte des
Bavolets. On donne le même nom à la coiffure ellemême.
Bavoquer, V. n. Filer mal. Voyez
bavol; Bavocher signifie en français Imprimer mal.
Bavreule, Bavrole, s. f Bleuet.
Becailler, V. n. (Calvados) Babiller,
Se prendre de bec. En patois provençal Becud signifie Babillard. "
Bécard, s. m. Mouton— d'un an dans
l'arrondissement de Bayeux, — de deux ans dans le département de l'Orne.
Becco (de), adv. (Orne) De trop peu,
De moins qu'il ne faut; un bas De becco est un bas dépareillé; Besk indique
en breton la privation d'un membre quelconque.
Bêche, adj. (arr. de Caen)
BECx
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(delwedd C1234) (tudalen 033)
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33
Ce mol n'est employé que dans
la locution Coucher à tête bê- che; Avoir la tête où son camarade de ht a les
pieds; de là le nom de Tête-bêche que Ton donne à un jeu appelé ailleurs
Pette-en-goule. Voyez béque
VÉCHÉ.
Béchin, adj. Nigaud, Bête. Voyez
bescu.
Béclé, Beuglé, s. m. (Orne) Lait
caillé.
Bedain, s. m. Veau ayant deux dents;
Bidens signifiait en latin une Brebis de deux ans et i?eo?on, en
vieux-français, un Poulain. Le vieux-français prenait Bedel dans la mêm'e
acception que Bedain, mais il venait sans doute de Vitellus.
Bédanguer, V. n. (Manche) Bégayer. ^
Bédangol's, s. m. (Manche) Bègue. '
Bedée (de), adv. (Orne) Tout à-coup.
BÉDiERE,s.f. (arr. de Pont1 Eveque)
Lit. En anglais Bcd et en islandais Bedr.
. Bedot, s. m. (Manche) Dernier né
d'une couvée; parce que le Bedeau ferme la marche des j)rocessions ou que
Bedier signifiait en vieux-français Sot, et que le dernier d'une couvée est
moins fort que les autres et par conséquent plus gauche
Bedou, s. m. (arr. d'Avranches)
Blaireau. On disait en vieux-français Bedouan, probablement parce que,
pendant le moyen-age, Bedoin signifiait par métaphore Voleur, Pillard
Bedrot, s. m. (arr. de Baveux) Dernier
né d'une couvée. Vovez bedot.
Bégar,Bégas, s. m. (Orne)
3
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(delwedd C1235) (tudalen 034)
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:Vi BEL
nàton pcrré (le trous, aiif|uel on
suspcud la lampe.
BÉfJAS, HEr.Aii), adj. Maladroit,
Niais . Sol; il a la mê- me sifinilicatioii à Rennes et dans le lliaisois.
Peut-être at-il la même oritrine (pie licjaunc ou vient-il de lirgue; on le trouve
aussi en vieux-franeais. Voyez Roquefort, Glossaire, t.I, p. l 'j:}.
BÉGAiD, s. m. (Orne) Chandelier de
bois avec une bobèche de fer à ressort.
Bégauder, V. a. (Orne] S'amuser à des
riens, Faire le Bégaud.
Bégu, adj. ( arr. de Valojrnes) Truite
béguë, c'est la truite saumonée; la femelle du saumon s'appelle en français
Bccard, et Bégek en breton. Ce mot se dit en français d'un cheval qui marque
encore, quoiqu'il ait passé l'àiïc.
Bégiter, V. n. (arr. de Valognes)
Bégayer; cette contraction existe aussi en rouchi.
Béiiazard, adv. (arr. de'N'alogncs)
Certainement.
Beillée, s. f. (Arr. de Mortain)
Ventrée; Bcil, en patois vendéen, et Bnbj, en anglais, signifient Ventre.
Béion. s. m. Cuve du pressoir où tombe
le jus des pommes écrasées; iiéoi, signifie Cuve en breton.
BÉJiEL, adv. En sens inverse.
Bel ou plutôt Boel, s. m. Cour
intérieure, attenant aux bâtiments; probablement de l'islandai.'^i^o/,
habitation. Toîa villa in acfpialesri'digilur i)artiones qiias materna lingua
vulgariter /Joc/appellant: Sue
BEQ
no, Legcs Scaniac, 1. ]\ . eh. t Il y
a à Valognes une petite place entourée de maisons qui s'appelle le
Bcl-Pinaud; la place qui était au milieu du château de Caen était aussi
nommée le /ù'.s/e, et lluel fait certainement à tort venir ce mot de Bellum;
Origines de Caen, p. 40, éd. de l'IDG.
1}ÈLE, S. f. Espèce de potamogeton qui
flotte sur les eaux; en breton le Cresson aquatique s'appelli! Bêler.
Beli ETTE, s. f. Etincelle. Béluga
avait la même signification dans la langue des troubadours.
BÉXAMEN,adv. (arr. dePontl'Evêque )
Certainement; probablement Bene amen: ce dernier mot est resté dans la
locution vulgaire: // dit amen à tout. Voyez Bilamex.
Bè.ne, s. f. (arr. d'Avranches) Ruche;
autrefois Banne signifiait Panier.
Bénéque, s. f. (arr. de Valognes) Oie
sauvage, probablement du bas-latin bernecua. Vovez Bernacle.
ÈÉNOM, s. m. Sobriquet; c'est le mol
allemand Beinamc, surnom.
Bénoni, s. m. Enfant préféré par ses
parents, Benjamin; le dernier fils de Jacob avait été surnommé Bénoni,
lenfant de ma douleur, parce que sa mère mourut en lui donnant le jour; et le
patois normand a confondu deux noms (|ui désignaient la même personne.
BÈ(,)rEvi:rHÉ, adv. (arr. de Caen) En
stMis inverse et par extension En désordre. Voyez BÉriiE.
BER Ber, s. m. Berceau.
Ce qui s'apprend au ber Ne s'oublie
qu'au ver
dit un vieux proverbe normand;
peut-être de l'islandais Bera; Porter; au moins toutes les autres étymologies
nous semblenteUes très peu satisfaisantes. Ber existait aussi
envieux-français, et il s'est conservé en rou«hi:
La veissies tere escillier, Famés
honir, homes cacliier, Enfans era bers esboeler.
Roman de Brut, v. 13893. Berca,
Brebis; voyez Ber
QUE.
Berd AILLER, V. u. Parlermal;
probablement une corruption de Bredouiller.
Berdale, s. f. (arr. de Vaîognes)
Femme d'une conduite déréglée. Voyez Vredale.
Berdanser, V. n. Trembler, en parlant
des choses; il signifie aussi Parler beaucoup; en vieux-français Bestancier
signifiait Disputer.
Bère, s. m. Cidre, la boisson la plus
habituelle: Bouton à fleur n'est pas pomme et pomme n'est pas hère, dit un
vieux proverbe normand. En vieux-français Bère signifiait une boisson
quelconciue, mê- me du poison; le Boire amoureux joue un grand rôle dans le
roman de Tristan-le-Leonois.
Bereau, s. m. Broc, mal prononcé.
Les pipes, les bereaux pleins de
liqueur vermeille.
Vaux de Vire, p. 147, éd. de M.
Travers.
Berelle, s. f. Querelle après
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(delwedd C1236) (tudalen 035)
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BER
•il
Boire. En islandais
cependant!e mot Barata signifie Co7nbat, Bataille.
Berge, s. f. Estomac des oiseaux; on
l'appelle aussi Meulette (Voyez ce mot), et l'islandais Berg signifie une
Pierre.
Berlaude, s. f. (Orne) Cuiller de
bois.
Berlinguette, s. f. Petite sonnette;
c'est très-probablement une onomatopée pour Drelinguette.
Berluette, s. f. Etincelle; corruption
de Beluette, dont b français a fait Berlue. Dans le Berry, Berluter veut dire
Eblouir; ce sont probablement deux formes du même mot.
Bernacle, s. f. (arr. deValognes)
Espèce de palmipède. En français la Bernacle est un coquillage d'où l'on
croyait autrefois qu'il sortait des canards.
Bernard-l'hermite, s. m. (arr. de
Valognes) Crustacée parasite qui se loge dans une coquille univalve.
Bernicle, adv. (arr. de Valognes)
Corruption du français familier Bernique, qui se trouvait aussi en
vieux-français; Roquefort, Glossaire, i. I, p. 1 48.
Bernicles, s. f. pi. (Orne) Corruption
nécessaiiement assez récente de Besicles (Bis oculi); dans le Berry on dit
Berniques. Voyez le mot précédent.
Bernousé, part. pass. Enveloppé dans
une mauvaise affaire, Pris à un piège; littéralement Sali de Bran. Voyez
embernousé.
Bérot . s. m. Bec dune ai
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(delwedd C1237) (tudalen 036)
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30
iu:s
Berqie, s. r. Mauvaise
hreliis Voyez UKRf.A.
Herq'i iG.Noi., s. m. (Orne) Homme
contrefait, ^'oyez uer
01 E.
nEKiticiioN. s. m. lOrne; Femme dont
les cheveux ou les habits sont en désordre; corruption de llrn'ssoii qui
s'emploie dans la mènu' acception.
Uerroiasse (11), V. imj). 11 Bruine.
11 tombe (le la Brouk. Voyez «ROUASSE; ces deux formes se trouvent aussi dans
le patois du lîerry.
Beuzi. s. m. Bois de teinture rouge;
corruption de Brésil.
Berzole.s. f. (Orne) Femme étourdie.
Qui {)assc son temps à samuser; /ycr;:« signifie en breton Célébrer wu fête.
Bescoœr, V. rétl. (Orne) Se troubler.
Haro! Qu»; fai;' Je me bescoce; .J'ai
onlilio In roy rt'Escoce Et le bon conte de Diiglas, Avec qui jaf mené {jrant
glas.
l'nois.sART, TrctIicdujoU Innsaon (le
Jonccr, l'ocsies, p.:î:'.8.
Bcsicocpr signiiiait aussi en
vieux-français Voler, Escamoter.
Et si sonfis et soir et main, Que tant
com l'on toine sa main Nos a une amc bescocie.
Dr monachn in fliimine périclita to,
V. 18."!; Br.Nois, Chronique rimée, t m, p. 516.
Besci; . adj. Sot, Maladroit: il a le
même sens en rouchi. Le breton //es/- signifie Ècourté, ell'on dit
proverbialement Ri hesk n'en iDnrl vemrd âa zihr> hned; un chien sans
queue n'est bon que pour manger.
Besin, adj. (arr. de Ba\eii\'
HIA
A demi ivre; lieslvre signifiait en
vieux -français fort ivre: du latin l'Is ehriii.*.
lîEsxY . s. m. ^arr. d'Avranches)
Escargot.
Besot, s. n). i\lalheur; ce mot n'est
employé ([uc dans la {)hrasc Porter hesot; parce (\iniW Besot, le double as.
est le }>lus mauvais dé ((ue l'on puisse amener.
Bestoirner, V. a. et n. Ren\erser.
Changer en mal; du bas-latiu liistornare: la signification était la même en
vieux-français: saint Pierre dit dans le Mystère (jui porte s(m nom:
Doy mourir en crois bestournee, La
face vers le ciel tournée. JrniNU., Mijatère^ iiu'ditx dtiXV^ siùcfe, t. II,
p. 86, V. 21.
Beucuonnier. adj. (arr. de Bayeux)
Ivrogne.
SONNIER.
Beuguier, V. Boter.
Beijrguieu, V. a. (Manche) Pousser, Bousculer.
Voyez
1URGUER.
Hezer. V. n. Changer de place, Aller
et venir; iï se dit surtout des vaches qui courent çà et là, quand elles sont
piquées par les mouches.
Hezot, s. m. (Scine-lnfé- rieure)
Dernier né d'une cou\ée. Voyez redot.
BezlÈt. adj. En sens inverse;
probablement le même
mol (|Ue RE.IUEE.
BiANCuET.s. m. (arr. deValognes)
Corset, qui était autrefois .^/<7??r; aussi l'appelle-t-on dans quelques
localités Blanchet: le \. s'est changé en i comme il arrive constamment en
italien après le n.
(arr. Voyez Bois
a. (Manche»
BID
BiBELLE, S. f. Tumeur au front. BiBET,
s. m. Moucheron.
L'araigne qui tous les ans Fesoit son
nid au dedans Avec mouciies et bibets Qu'elle prenoit dans ses rets
Chansons normandes, p. 210, éd. de M.
Dubois.
Ce mot vient probablement du celtique;
Ft7»i< signifie Moucheron en breton, et on Ht dans une pièce en
vieux-français:
Les unes pernent wybez, Les autres
mouche volaunz.
The lady and her dogs, dans le
Reliqxiiae antiquae, t. i, p. 155.
L'ancien provençal avait aussi 5o6a.
BiBETTE, s. f. Petit bouton sur la
peau, diminutif de /îuôo, ou piqûre du Bibet.
S'elle n^a mains belles et nettes, Ou
de cirons ou de bubettes.
Roman de la Rose, v. 13995.
BiBi, S. m. Bobo, expression du
langage des enfants.
BiCACOiN, adv. (Orne) En zig-zag. De
travers, De biais.
BicoiN, adv. (Orne) Voyez le mot
précédent dont celui-ci n'est qu'une syncope.
BicoQUET, s. m. (arr. de Caen)
Ornement de tête, Parure de femme qui manifestait une Double (bis)
coquetterie. Il y a à Caen une rue Bicoquet.
BiDOCHE, s. f. Machine en carton
représentant par devant une tête de cheval et ayant derrière une longue queue
de crin, qui joue un grand rôle dans les charivaris. Voyez le mot suivant.
BiDOQUE, s. f. (arr. de Vire) Vieux
cheval, dérivé sans doute
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(delwedd C1238) (tudalen 037)
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BIG 37
de Bidet.
BiE, s. f. (arr. de Virc)Cruche.
Au voîzin de fiebYre morant On
fai.soit boire eau de la bie.
Vaux-de-Vire, p. 123. éd. de M.
Travers.
Voyez BuiE et burette.
Bière, s. f. (arr. de Valognes)
Fantôme, Revenant qui avait été couché dans une Bière; ce mot se prenait dans
la même acception en vieux-français.
Adonc se vont mettre a la veie, Vers
la biene vint dreit errant; Mais plus sailli tost en estant Que l'om n'eust
sa main virée; Dune traistle duc Richart s'espee
Benois, Chronique rimée,1. n, V.
25125.
BiEU, S. m. Ruisseau, Canal en bois
qui conduit l'eau, sur la roue d'un moulin. De faire bieus, murs e fessez.
Benois, Chronique rimée, 1. ir,
V. 26711.
Probablement ce mot vient de
l'islandais Bedr, en anglosaxon Bed, Lit, car le mot latin est Bedum, et on
lit dans le Voyage de Charlemagne, v. 774:
Deus i fist miracles, le glorius del
cel; Que tutc la grand ewe fait issir
de
Sun bied.
Biez signifie aussi un ruisseau dans
le Nivernais.
BiGNOCHE, s. f. (Orne) Gros morceau de
bois; l'ancien provençal donnait la même signification à Bigua, et le
bas-latin avait Bigus et Biga; Bigues est resté dans la langue des marins.
BiGRE, s. m. Terme injurieux; de
Bigre, forcsticF^
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(delwedd C1239) (tudalen 038)
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38 BIL
Homme ^M-ossier, ou plutôt de BoiKjre.
(](' dernier mol vient sans doute de BuUjari, nom que l'on donnait aux
Albigeois, parce (|ue leur chef spirituel résidait en Bulgarie. Voyez
Matthieu Paris, année 1223. Ce nom s'étendit bientôt à tous les hérétiques et
aux usuriers. — Ipsos autem noininc vulgari ^«/^«roi'appellavit, sive essent
Paterini, sive Joviniani, vel Albigenses . vel aliis ha^resibus maculati;
Matthieu Paris, Historia major, année 1238. Ipsi usurarii quos Franci
liufjcros vulgariter appellaut; Matthieu Paris, Ibidem, année 1255. On donna
le même nom aux pédérastes [Bujarron en espagnol ), et on en fit le verbe
Bougeronner: « Fut rapporte et estoit commune renommée, que icellui Lombart
bougerouuoit, ou s'efforçoit bougeronner aucuns des enfants qui gardoient
avec lui aux champs le bestail; » Lettres de grâce de 1477, citées dans du
Gange. t. I, p. 801, col. 1. Dansl'arr. de Lisicux, bigre signifie un Fromage
blanc et salé.
BuiAN, s. m. (Orne) Rouet.
BiiiOHAGE, s. m. (Orne) Lieu mal
cultivé, Fouillis.
BiHOT, s. m. (Orne) Petit vase attaché
à la ceinture des faucheurs où ils mettent leur pierre à, aiguiser. En
breton, Bihan signifie Petit. Voyez
BUHA.
BiJAUDER, V. a. (Orne) Faire le badin.
Voyez bég.vuder.
BiJUDE, s. f. Petite cabane.
BiLAMEN, adv. (arr. de SaintLo)
Apparemment. Vovez be
NAMEN.
BIS
BiLAND, .S. m. (Orne) Parasite:
probahleineiit le nuMue mot que bii.e.nt.
BiLANDER, v. n. (Orne) Aller d'une
maison dans une autre pour voir ce qui s'y passe, Rôder.
BiLENT, adj. ïrès-lent, Nonchalant;
^('.s hnitus. On prononce aussi BiLAiN.
BiMBELOT, s. m. Trousseau; ce mot
signifie en français Jouet d'enfant.
BiNDER, v. n. (Seine-Infé- rieure)
S'impatienter. Nous ne connaissons ce mot que par le Coup d œil purin, p. 23.
BiNEL, s. m. (Orne) Guignon.
Binette, s. f. (Calvados) Petite houe
dont on se sert pour Biner \ ce mot existait aussi en vieux-français.
Bix(,OT, s. m. (arr. de Valognes)
Stalle pour laver le linge que l'on appelait Cabasson en vieux-français.
BiNGUET, s. m. (arr. de Valognes)
Boisseau en paille, Nichoir.
BiNOT, s. m. (arr. de Baveux) Petit
tas; Bian signilie Petit en breton.
BiocuE . s. f. (Orne) Petite cruche;
diminutif de Bie.
BiONNER, V. n. (Orne) Travailler
péniblement, comme un Pionnier.
Bi ROQUE, s. f. (arr. de Bayeux)
Mauvais cheval. Voyez
BIDOQUE.
BiSACOiN, adv. (Orne) En zigzag. Voyez
BiCACOiN.
Biset, s. m. (Orne^ Bloc de silex (jui
n"a pas été taille. Peut-être ainsi M. Paulin Paris s'estil trompé dans
le Romancero françois . p 7. en expliquant
BIS
Pierre bise par Pierre taillée; quand
Roland veut briser son épée, lorqu'il sent la mort approcher;
De devant lui od une perre byse Dis
colps i lîert par doel et par rancune.
Chanson de Roland, st. clxviii, V. 4.
Et il n'est pas probable que les
pierres de la gorge de Roncevaux eussent été taillées. Sans doute Biset
signifiait autrefois la pierre noirâtre et dure que l'on appelle dans la
Manche Grison (grès), et on finit par donner le même nom à toutes les pierres
trop dures pour être taillées:
Mais plus vous truis dure que pierre
bise.
Au moins Pierre bise avait
certainement cette signification en vieux-français; car on lit dans le Dis de
la Tramontane, str. X:
C'une aguille de fer i boute, Si
qu'ele père presque toute En un pou de liege, et l'atise A la pierre d'aimant
bise.
B. R. ms. 6988*, fol. 6, verso.
Enterrez fu a Sain-Denis
En un sarqueu de marbre bis.
Benois, Chronique rimée, 1. ii, V.
20208.
On donne aussi dans l'Orne la même
signification à Bisec et Biseuil.
Risette, s. f. Pain bis; c'est aussi
le nom que l'on donne dans toute la Normandie à la Macreuse, Ànas nigra des
naturalistes.
RisiEUTRE, S. m. (Orne) Malheur. Le
mot Bissextile était fort corrompu, comme on le voit dans un calendrier du
XÏIP siècle publié par M. Ro
BIS
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(delwedd C1240) (tudalen 039)
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39
quefort, Supplément au
Glossaire, p. 195. — Bihestres kiet une fie en quatre ans et c'est quant on
puet rincarnation partir en quatre parties en Weles fiXoël) et se kiet le jor
saint Matliiu en février. Et tout ce qui se rattachait à l'année bissextile
était regardé par les Romains comme de mauvais augure. — Quoties incipiente
anno dies coepit, qui adjectus nundiuis, omnis ille annus infaustis casibus
luctuosus fuit, maximcque Lepidiano tumultu opinio ista firmata est; Macrobe,
Saturnaliorum]. i,ch. 13. — Nec videri die secundo, nec prodire in médium
voluit, bissextum vitans februarii mensis tune illucescens, quod aliquoties
rei romande cognorat fuisse infaustum; Ammien Marcellin, Historiaruml. xxvi.
Bisque, s. f. Mauvaise boisson,
Piquette; on dit aussi Bisquantine, peut-être parce qu'elle faisait Bisquer;
voyez ce mot. Bisque signifie en français un potage fait avec du coulis
d'écrevisses.
Bisquer, v. n. Être vexé sans le faire
paraître; ce mot est resté aussi dans les patois du Nivernais et du Berry .
Beiskiaz signifie Rager en islandais.
BissAQUET, adi. Bourgeois bissaquet
était le sobriquet que 1 on donnait aux paysans qui prenaient des airs
d'importance. De Bissac, parce que les paysans étaient plus pauvres que les
habitants des villes, et que les mendiants portaient un sac pour recueillir
les aumô- nes; encore maintenant dans
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(delwedd C1241) (tudalen 040)
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40
«LA
quphjuos iiimpaiïnes df lu
Maii(lic Prtiidrr ititc powiuc sl^ui\\c Mendier
lini'U, V. a t'I II an- de Vire)
Touclicr.
Dr moi je n'y i)ilo 'Jaiit <|iie
l'en m'assaille
Farce des Pales-Ouaintes, p. 27.
Jiita signilie Mordre on islandais et
le français enij)Ioie Mordre dans une acception semblable: // ny mord pus.
Blairie, s. f. (arr. de Valoj^nes)
Champ couvertdesa moisson, de son lilé; ce mol avait la même signification en
vieux-français, "il ne se trouve plus guères en patois que dans
(juclques noms de terre et de familles anciennes.
Blanc, s. m. Monnaie qui valait cinçi
deniers; ce mot n est plus usité que dans six hkmcs, (deux sous et demi). On
le retrouve employé dans la même phrase dans les patois du Bcrrv, du
Nivernais, et de plusieurs autres provinces. La monnaie blanche était dargenl
et la noire de cuivre: Totas monedas blancas o ncgras que corieran et auran
cors;Tit. de 1424, dans V Histoire de fMnguedoc, t. iv, preuves, col. 423;
encore maintenant le billon est appelé Grisct en rouchi et le peuple de
différentes provinces donne aux louis le nom de Jaunets. Les Blancs à, la
couronne qui furent frappés du 2'(. novemnre 1354 au 24 janvier 1355 valaient
cinq deniers chaque, et lesédits des 24 août 1420 et B décembre 1473 liront
frapper de petits blancs (lonl la \aleur était la même. Il
HLE
y a eu deux espèces de pièces de six
blancs, les premières s api)elaient \ieshs de la tour de Nesle où Ion
commença ii en frapper en l"»il), cl les autres Pinalilles de Pinatel,
oflicier des monnaies (jui les lit faire en 1577:
Les drôles et bons garçons
J eroiil, cliantans leurs diansons,
Un eseot lioniieste,
A six blancs par leste;
Ne soit ceste année
La cave fermée.
Jean Le Houx (Olivier Basselin^,
Chansoji inédite.
Bléuiîe, adj. arr. de Valognes)
Blette. A. denîi pourrie; Jileieh en allemand signilie pâle et les fruits
perdent leur couleur au moment où ils i)ourrisscnt; cette oiigiue est
d'autant plus probable que Blèclie signilie Mou et que le verbe français
Blésir avait le sens de Pâlir, Passer. Voyez cependant le grec BÀàç.
Bleste, s. f. Motte de terre. Lq?.
Mottes à brûler sont appelées Mottes à nrdoir dans \ Etablissemcnt des coutumes
de AV>;-//?f/nf/ic publié par M. Marnier, et Blesta avait le même sens
dans la basse-latinité.
Blet, s. m. (arr. d'Avranches) Image;
ce mot a le même sens dans le patois de Rennes. Bletter. V. n. (arr. de
Valognes) Ne plus remuer. Devenir comme une Jileste ou un Jilet. On dit d'un
enfant peu remuant qu'il est sage comme une image.
Bleubleu, s. m. (Calvadosj Bleuet,
lleur très-A/o/e; celte rediiplication a, dans presque tous les idiomes . la
force d uu
BLO
superlatif. Voyez Adeîung, Mithridates,
t. 1, p. 308; t. III, part. I, p. 264 et part, ii, p. 433.
Bluxchet, s. m. (arr. de Caen) Corset.
Voyez biancret.
Blix, s. m. Mouton; contraction du
vieux-français Belin:
Qui de la toison du belin, En lieu de
manteau sebelin Sire Ysangrin affuhleroit Le loup qui mouton sembleroit.
Roman de la Rose, v. 1 1645.
De l'islandais Relia, Bêler, mieux que
du latin Balare comme Bélier. Blin est aussi une taupinière; en breton, ce
mot signifie Cime, Hauteur.
Blocue, s. f. Prune sauvage; on disait
en vieux-français Beloce.
Tien, vilain, tien ceste beloce.
JuEiNAL, Mystères inédits, t. i, p.
19.
Bloque, s. f. Pièce de deux sous fort
massive; du français ou du vieil-allemand Bloc.
Bloquet, s. m. Souche de bois; Manger
au bloquet signifie Ne pas manger à la table. Le Bloquet est aussi le nom que
Ion donne au fuseau à dentelle; il est dans ce cas un diminutif de ^?oc.
Blosses, s. m. pi. (Orne) Yeux; ce mot
a probablement quelque liaison étymologique a,\ecBli/(a, Blicken, Regarder,
dont la racine se retrouve dans toutes les langues germaniques.
Blouque, s. f. Boucle. Cette métathèse
qui se retrouve dans le Nivernais et dans le Berry, avait déjà lieu en
vieux-français. Lequel portoit en escharpe la grande espee de parement
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(delwedd C1242) (tudalen 041)
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BOG 41
du roy, dont le pommeau, la croix, la
blouque, le morgant et la bcuterollc de la gaine estoicnt couvertes de
velours azuré et par dessus semées de fleurs de lys d'or; Monstrelet,
Chroniques, t. III, fol. 22, p. 1 . M. Fallot dont la connaissance du
vieux-français était si complète a dit dans ses recherches sur les formes
grammaticales de la langue française, p. 51 8, qu'il ne connaissait pas la
valeur précise de ce mot.
BoBAN, s. m. Somptuosités, Bombances:
Baudours et bobans Ne font pas riches
gens
dit un ancien proverbe normand que
nous avons déjà cité. Ce mot vient sans doute de l'islandais Rofi, Vain,
Orgueilleux, dont la forme s'est mieux conservée dans Bouffi, et dans le
vieux-français Jhifois:
S'el tenoit on moult a corlois, N'ert
plains d'orgueil ne de bufois.
De la borgoise d'Orlians, v. 19.
BoBiLLON, S. m. (Orne) Homme
minutieux.
BoBiNETTE, s. f. Loquct; Perrault
s'est servi de ce mot dans le conte du Petit chaperon rouge.
BoEL, s. m. Cour intérieure voyez bel;
on disait aussi en vieux-français Boille:
De la tour estoit descendue; Si
s'esbatoit parmi la boille.
Roman de la Rose, v. 13044.
Bogue, s. m. OEil; on dit dans l'Orne
Boguet, mais ce mot n'est employé que par les enfants.
BoGUiE, s. m. Chassie, Ma
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(delwedd C1243) (tudalen 042)
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42 BOX
ladie de Id'il.
UoiLLE, s. r. (Orne] Gros ventre;
Jiucla dans la laojïue des Iroiihadoms: Bo\j(iu s'é- crivait Bucl eu
vieu\-iraneais.
Boise, s. f. ( arr. de Valofïnes)
Petite bûche, Petit morceau de Bois; on dit aussi Boisetic.
Bois-JAX, s. m. (Manche) Ajonc;
corruption de Boisjonc, Bois pliant comme du Jonc. Ce mot existait aussi en
vieux-français:
De bous ou de jaani sauvage Ou de
sarment de vine aret.
Poème sur Elle de Biville, public par
]N[. Couppey, Mémoires de l'Académie de Cherbourg, 1843, p. 113.
BnissoNNER, v. r. S'enivrer, S'adonner
à la Boisson.
BoissoNNiER, s. m. Ivrogne, Celui qui
s'adonne à la boisson.
BoiSTON, s. m. (Orne) Sabot sans bride
qui Eniboite le pied.
BoiTRON, s. m. (Orne) Voyez
BOISTOX.
Bon, s. m. Plaisir, Volonté, Ce qui
semble Bon; ce mot avait le même sens en vieux-t'rancais:
Por autre chose ne sui-je venus ci For
por oir vo bon et vo plaisir.
Raoul de Cambrai, p. 246, v, 23.
Mes ge t'aurai ja tost basti
Tel plet, que trestot maugre toen
T'estdura tere tôt mon boen.
Roman de la Charrette, publié par
Keller, Romvart, p. 480, v. 18.
BoNUE-r.uL, locut. adv. (arr. de
Valognes) .S'e mettre à bondecwYsignille Lever le derrière en l'arrondissant
comme une bonde; cette expression était usitée en vieux-fraucais:
BOR
Dcnys s'y jein- a bondeciil.
Martyr de Sftint-Denis, dans Jubiual,
Mystères inédits, p. 128, V. 10.
BoNDRÉE, S. f. Femme grosse et courte
comme une Bonde.
B6ne-r(Vne, s. m. ColinMaillard; il
signifie aveugle dans une vieille chanson que chantent encore les enfants:
Limaçon buiie-bone Montre-moi tes
cônes.
Voyez le mot suivant.
BÔNER, v. F. S'envelopper la tête, Se
couvrir les yeux, Se Borner la vue; Borné s'emploie encore au figuré dans le
mèmesens, et on disait en vieux-français Bone au lieu da Borne: Il fu jugie
de la dispie de la terre qui est dedanz les bones de la bande (1. lande) de
Euretel; Marnicr, Etahlissements de Normandie au XIII' siècle, p. 124.
Quelquefois le r ne se prononce pas dans le patois normand devant le n et le
l: on dit Cône pour corne; Mêlan pour merlan.
BoNi.vu, s. m. (Orne) Instrument de
pèche en bois tressé qui barre les rivières, qui en Bânie l'eau. Voyez le mot
suivant.
BôMER, V. a. (arr. de Vire) Fermer.
Voyez bôxer.
BoQUE, s."f. Coquille de noix,
Noisette.
Borde, s. f. Petite maison, Habitation
isolée.
Se la borde est toute seule sanz
cortil, la famé aura le lier en la borde; Etahlissements de Normandie au XII
T siècle, p. 7.
Pour raison du niarchie y
BOT
commencèrent les gens a faire et loges
petites et bordes; puis petit a petit y édifièrent maisons; Cité de Dieu, 1.
V, ch. 25, trad. par Raoul dePraelles, citée par M. Paris, Manuscrits
français, t. I, p. 22.
Border, v. n. (arr. de Caen) Etre
arrêté par un obstacle; il se dit surtout des voitures.
BoscHE, s. f. (arr. de Valognes) Il ne
s'emploie que dans la phrase Puer la bosche; c'est le nom d'une sorte
d'ulcère fé- tide (en italien Bozza) qui était le caractère principal de la
peste du xiv siècle. Tantus timor omnes invaserat, quod statim dum ulcus, seu
bossa qui vel quae in pluribus, in inguine, aut sud axilla apparebat
cujusque, dimitteretur ab assistenlibus; Vita démentis Vï, p. 87. Aussi Amyot
disait-il dans sa traduction de Plutarque: Un Nabis ou un Catilina qui
n'étaient pas tant citoyens que bosses et pestes d'une cité; Morales, t. III,
p. 149.
Bosco, s. m. Bossu, Terme injurieux et
méprisant qui se trouve aussi en rouchi.
BosQUiER, V. a. Pousser, Serrer de
près.
BoTER, V. a. Décapiter. Buter a le
même sens dans l'argot; ils viennent sans doute de l'islandais Buta dont la
signification est la même. Boter signifiait en vieux-français Pous-- ser.
Senz dote nule e senz freov A bote
l'us, s'est enz entre.
Benois, Chronique rimée, 1.. ii, V.
25053.
Or vos revoil conter del esquier
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(delwedd C1244) (tudalen 043)
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BOU 43
Que Bertrans ot bote ens el vivier.
Chevalerie Ogier, v. 4647.
Il semble cependant avoir le sens de
Tourmenter dans la Voie du paradis de Raoul de Housdaing:
La vision des anemis Que li mestres
d'enfer a mis Avec ans por ans tornienter, Por le dangier et por boter, Lor
fet croistre et doubler lor pai
ne. RuTEBEUF, Œuvres, t. ii, p. 257.
Le français Pied-bot a sans doute le
même radical.
BouAiLLE, s. f. Anneau, Bague; par un
changement trèsfréquent l'islandais Baug était devenu Boiatn bas-latin, et en
vieux-français Buie:
En aneaus et en buies les fist en
chaainer
dit Wace dans le Boman de Bou;
Bouaille a probablement la même origine.
BouBiQUE, s. f. (Orne) Cidre et poiré
mêlés ensemble. Aboyez
HALBIQUE.
Boucan, s. m. (arr. de Valognes)
Noise, Querelle. Ce mot se trouve aussi dans les patois du Nivernais et du
Berry; il vient sans doute du Bouc qui jouait un grand rôle au sabbat. Voyez
ce mot. Selon du Cange, il viendrait du grec Bauzavvî, ce que rend peu
probable l'absence d'un mot analogue dans l'ancien provençal et dans les
autres patois qui auraient pu servir d'intermédiaires. Quoique ce mot ne se
trouve pas dans les anciens glossaires, il existait en vieux- français, mais
son acception était différente:
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(delwedd C1245) (tudalen 044)
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44
BOU
C'est boucane (boufanant? )
dr se
tfiiir a uiio; I.e cliaiige est bon,
ainsi loiniiu' l'on
(lit, Par quoy j'ordynnc que l'homnic
aura crédit, Qui diangera tout ainsi que la lune.
ViriUrs clum<ion.<! . Gofli.
sans date ni lieu, IJ. R. V. n" ii57.
lioLCHii.LON, S. m. (Orne) Pommier ou
Poirier sauvages.
Vove/. RAI(H KT.
l'.orcnu.N, s. m. Cabaret; du bouchon
de branches vertes qui sert encore souvent d'enseigne. Ce mot se trouve aussi
dans h^s patois du Nivernais et du lîerry.
BoVde. s. f. l'Orne) Vessie; le
français Boudin a la même origine, Botulus.
Bouder, v. n. farr. deValognes)
Renoncer à une chose ([u'on avait entreprise, parce (lu'on se reconnaît
incapable de la faire.
BouDUFFLÉ, adj. (Orne) Boursouflé
d'orgueil, blessé.
BouERKiN, s. m. (arr. de Coulances)
Muselière (|ue Ion met aux moutons pour les empêcher de brouter.
J{ouEss()NNER, v. a. (arr. de Valognes
1 Mettre en discorde, Chilîonner comme un Bouchon de paille (jue l'on
prononce Boue^son.
BouETTE, S. f. (Orne) Mangeaillc d'un
cochon.
BoLii FARD, s. m. Grand mangeur;
plutôt de Buffàrc, Se gonfler de mangeaille, que du grec Bcjrjc/.yc:;, (lui
mange un bœuf, aucpiel le rattache Borel.
BniiFFER . V. r. farr. de Baveux) Se
gorger d'aliments, Manger avec gloutonnerie; il a
BOU
l;i nicniosigîiificMlion en roucjii (>t
dans les patois du Nivernais et du Berrv. On remploie aussi (luclquei'ois à
l'actif:
Quel coup-d'œil ravis.'iant! Chacun
dans le silence La dévore des yeux et la boulTe d'avance.
Lm.lewan, La Campenadc, cli. ni, p.
9.j.
Bouffée se disait aussi des liquides
en vieux-français.
'tiens, Gobin, crocque ceste prune Et
puis boyras une bouffée.
Mifstère des Actes des Apôtres, 1. I.
Bouffon, s. m. (Orne) Gros morceau de
pain: l'étymologie doit être celle que nous avons donnée précédemment au mol
Bouffard, (pioicjue'dans la bassc-latinite Buffectus signifiât Pain: Jussit
atterre panem albissimum quem vocant huffcctum; Vitae snnrtorum, j\Iai. t. I,
p. 339; c'est probablement le Pane hnffeto des Italiens.
Bouffre, s. m. et interj Voyez BIGRE.
Bouges, s. f. pi. .(arr. de Bayeux)';
Haut de chausses, Culotte. Villon disait aussi:
Je donne renver.<; de mes bouges
Pour tous les matins les torcher.
Ce mot vient piobablcment de la forme
lâche que l'on donnait aux culottes. Voyez l'article suivant.
BouGETTE, s. f. Petit sac de toile.
Malgré l'islandais Belg, ce mol vient'sans doute ducellicpie; car on lit dans
Festus: Buhjas Galli sacculos scorteos anpcllant. Pendant le xiir siè- cle,
on disait Boge:
BOU
Ains mcnestreus n'i fu veiuis A pie,
c'a cheval n'en alast, Et reiibe vaire n'eninalast En sac ou en boge ou en
maie.
Roman de la Violetfe, v. baso.
Plus tard on a dit Bougette; mais il
signifiait un sac de cuir.
Bougie, s. f. (arr. de Mortain)
Vessie. Voyez boude.
Bougonner, v. n. Gronder entre ses
dents. Le Bonjonneur était en vieux-français le nom du garde-juré qui
veillait k ce que les règlements sur la fabrication des draps fussent fidè-
lement observés. — Nous leur vueillons octroyer qu'ils aient visiteurs et
boujonneurs oudit mestier de drapperie; Ordonnance de 1 376, dans les
Ordonnances des rots de France, t. VI, p. 196. — Dans un temps où rindustrie
était si pou avancée, le bonjonneur devait avoir de fréquentes occasions
d'être mécontent. Bougonner était employé dans le vieux-français avec le même
sens, mais il n'est plus usité que dans le langage familier. — Ce mot
signifie aussi en patois Travailhrmal, Chi/l'onner; c'est probablement une
corruption de Bouessonner. Voyez ce mot.
BOUGUENETTE, S. f. (ScinC-
Tnférieure) Maraude.
Sont les souldarts coureux de bou
guenette.
3{use normande, p. 16.
Ce mot vient sans doute des Bougettcs
où les soldats mettaient ce qu'ils avaient dérobé.
BouGUEs, s. m. pi. (Manche) Lieux
sablonneux au bord de la mer, dont le terrain est mouvant; il y a des Bougues
à Quinéville et à Ravenoville. Ce
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BOU 45
mot vient sans doute de l'anglo-saxon
Bog, Marais.
Bouillon, s. m. (arr. deValognes)
Boue. Ce mot qui se trouve aussi dans le patois de Rennes, vient sans doute
des Bulles de gaz qui s'élèvent à la surface des eaux fangeuses: on appelle
une lande du canton de Briquebec, dont les extrémités sont très-marécageuses,
Lande des bouillons.
BouiLLONiÈRE, S. f. (arr. de Saint-Lo
) Ornière, Passage fangeux. Voyez bouillon.
BouL, s. m. Faisceau de baguettes pour
corriger les enfants qui se fait ordinairement avec du Bouleau, autrefois
Boul:
De boul, d'osieres ou d'orties.
Miracles de sainte Geneviève, publiés
par M. JuBiNAL, Mystères inédits, t. n, p. 277, v. 14.
Une origine islandaise ne serait pas
cependant impossible; Bal signifie un Faisceau.
BouL-BOUL, s. m. Taureau;
réduplication dont l'origine est certainement germanique; Boli en islandais,
Bolle en hollandais, Bulle en allemand et Bull en anglais signifient un
Taureau.
Bouler, v. a. (arr. de Valognes)
Maltraiter, Pousser comme une Boule. Ce mot semble avoir été aussi usité en
vieux-français. (Voyez Roquefort, t. I, p. 172); mais il l'était ainsi que le
patois normand Rouler, beaucoup plus au figuré:
D'un borgois vous acont la vie, Qui se
vanta de grant folie, Que famé nel' poroit bouler. Fab'iau de la Sainercssc,
v. 1.
BouLEux, S. m. (Orne) Sa
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(delwedd C1247) (tudalen 046)
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40 «OU
bots arrondis par le bout romine une
Boule.
Boii.iEix, s. ni. Sobri(|iiot que l'on
donnait aux Bas-.Norniands, parce qu'ils faisaient un grand usage de
Bouillie. Evideniiiionl il se prenait en mauvaise part, car Henry Estiennc
disait dans son Traité de la conformité du langage français avec le grec:
Avant de sortir de notre pays, nous devrions faire notre prolit des mots et
des façons de j)arler que nous y trouverions, sans reprocher "les uns
aux autres: Ce mot-là sent sa boulie; ce mot-là sent sa rave; ce mot-là sent
sa place Maubert.
BouLVARi, s. m. (arr. de Valognes)
Désordre, Confusion. Voyez HOULVARi.
Bourde, s. f. Tourte aux pommes, qui
sans doute avait d'abord la forme dune Boule. Lesquelx compaignons jouans par
esbattnient a getter la boule ou le bourdeau parmi la ville de Trucy. Lettres
de grâce de 1 il 4, citées par du Gange, t. I, p. 728. col. 2. Nous devons
dire cependant que la pâte de cette espèce de gâteau est fort peu cuite, et
qu'en breton Bourr signifie du Pain qui nest pas cuit. Dans les autres
provinces, on dit Bourdin. Voyez le mot suivant.
BouuDELOT, s. m. Petit gâ- teau rond
fait avec une poire ou une pomme entourée de pâle; Petite Bourde.
BocRDON, s. m. Serpent d'é- glise,
Basse. Le vieil-anglais l'employait dans celle acception:
Bor
Tliat .streit was coinon Irom tlic
court of Rome,
l'iil luude he sang: C'omfi liitlier,
love, (o me.
Tlic .sompnniir barc to him a stilï
buidoun; "NVas never trompe of
lialf so gret a
soun. Cn.VLCER, Canterbimj taies, v.
G73.
BouRE, S. f. femelle du canard;
Bourcta avait le même sens dans la basse-latinité.
BouRETTE, s. f. (Orne) Etoupe. Petite
bourrée. Ce nom se donne, à Valognes, à, une espèce de simenel qui a la forme
grossière d'un homme.
Bourg AUT, adj. Dissipé, Libertin.
Probablement ce mot a quelque liaison avec le Bu?- gator de la
basse-latinité, qui signifiait Voleur de nuit. — Tempus discernit praedonem a
fure et a burgatore, fu rem que diurnum a nocturno; Fleta, 1. I, ch. 16, par.
6.
Bourguelée, s. f. (Orne) Feu de joie
que l'on allume dans quel(}ues communes la veille de l'Epiphanie; peut-être
de Bourrée. Au moins Coquillard donnait-il à ce mot le sens de Feu clair de
genêt, et les genêts sont fort communs dans le département de l'Orne.
Bourgogne, s. f. (arr. de Bayeux) Coiffure
particulière aux femmes de Bayeux qui vient de la Bourgogne, ou qui
ressemblait autrefois à la coilTure militaire quel'on appelait 7/ourguignote.
BouRi, s. m. (arr. de Mortain) Hamac.
Ce mot peut servir à expliquer un passage de la Loi des Alamans, dont les
commentateurs ont deviné la signification un peu au hasard.
BOU
Si quis biiricas in silvis, lam
porcorum quam pecudum, incenderit, til. 97. Évidemment Burica signifiait
l'endroit où l'on retirait les animaux pendant la nuit; c'est le vieil-allemand
Bur qui s'est conservé dans l'anglais Boiire et le vieux-français Bouron.
Voyez
BURET.
BouROT, s. m. (Orne) Flocon de laine
que les moutons laissent aux buissons. Ce mot a probablement la même origine
que le français Bourre, en bas-latin Bourra. Bourot signifie aussi un
caneton, le petit de la Boure.
BouROTER, V. n. Marcher gauchement et
difficilement comme une Boure.
BouRRiER, s. m. (Orne) Mauvaises
herbes. Ce mot a probablement une origine celtique, car Ausone emploie Burrae
dans l'acception de Choses d'aucune valetir, de Biens, et nous ne croyons pas
qu'il se trouve dans aucun autre écrivain latin.
BouRSicoT, s. m. (arr. deValognes)
Petite bourse; probablement de Bursica que nous n'avons cependant trouvé dans
aucun glossaire. Boursicot appartient aussi aux patois du Nivernais
etduBerry.
BousÉE, s. f. Excréments mous. Ce mol
qui a la même origine que Bouse, s'emploie aussi dans cette acception à
Rennes.
BousET, s. m. (arr. de Valognes)
Matière fécale qui a quelque consistance. Voyez le mot précédent.
BousiN, s. m. Bruit, Tapage;
BOU
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(delwedd C1248) (tudalen 047)
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47
mot très-usité dans le
Nivernais et le Berry. La racine est probablement celtique, car Bousara
signifie en breton Assourdir. Dans l'arrondissement de Saint-Lo, on donne à
Botisin le sens de Femme de mauvaise vie, qui fait le bousin. En breton
cependant Bout m signifie Commun: peut-être ainsi Bousin veut-il dire en ce
sens Femme commune. Dans plusieurs patois provinciaux, Bousingot est pris
dans une acception analogue. Il signifie Tapageur, Pilier de cabaret. — On
appelle encore de ce nom, dans plusieurs provinces, le lieu où des gens de
mœurs suspectes se réunissent pour danser.
BousiNE, s. f. (Orne) Musette,
Cornemuse. Ce mot qui, avec une légère différence de prononciation (Bozine),
signifiait en vieux-français Trompette, vient sans doute de Buccina,
instrument à vent. (Voyez Raynouard, Lexique roman, t. II, p. 268); cependant
Bugenn signifie en breton Peau de bœuf, et l'on jouait de la cornemuse en
faisant sortir l'air d'une outre en peau de bœuf.
Bout s. m. (Orne) Ce mot n'appartient
au patois que dans la phrase JS'fre sur bout, qui signifie Êti'e debout.
Bouter, v. a. Mettre, Pousser.
Cha va bien, boute les toujour chine
a chine; Fai-ce des Quiolarâs, p. 9.
Pis quand un autre s'y boutet.
Muse normande, p. 19.
On l'employait aussi en vieux-français
Hans cette double signification:
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(delwedd C1249) (tudalen 048)
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BH.V
Si <ost (ora la ( lif i
lionta Un joiel en a traist inolt Ix'l Adknf./., Du cheval dejust, dans
Keller, Jlonnart, p. 107, v. 11.
Loxpnsant boula ou hurla le<lit
Jehan une loi/, ou deux de l'cspaule; Lettres de fjrdce de 1379. citée.^ par
duCaugc, t. I, p. 749, col. 1.
Le français se servait encore naguèrcs
do Bouter dans le sens de Mettre, cl il a conservé la double acception que
lui donne le patois normand dans la Flandre et dans les patois du Nivernais
et du Berry.
BouTiQUER, V. a. Arranger; il ne se
prend qu'en mauvaise part, et semble une corruj)tion de Bousiller.
Bouvard, s. m. (Orne] Taureau,
Bouvillon\ du latin /^ovellus.
Bragues, s. f. pi. Culotte; Bragcz, en
breton, a la même signitication. X Braguette, s. f. Culotte.
c'est un rhas.senr sans sa trompe,
Sans braguette un lansquenet.
Vaux-dc-Vire, p. 67, éd. de M. Dubois.
On appelle Culottes à braguette celles
qui n'ont pas de "pont; probablement la préposition est de trop, et les
Culottes-braguettes ont conservé la forme qu'on donnait à ce vêtement quand
on l'appelait Braguette.
Braies, s. f. Culotte. Cette
corruption de Bragues se trouvait déjà dans le français du XIII' siècle: — Il
jurra que il est si malades (jue il ne puet venir a cort, et que il ne
vestira braies en sa meson, ne inslra do son menoir devant que il
BRA
\ienge a la cort; /établissements (le
Normandie, p. 68. Ce mot ne signilitî plus(iue le linge dont on enveloppe, le
derrière des entants; mais il s'est conservé dans Débrailler.
BiiMiu:, V. n. Crier, Pleurer comme un
enfant;
Si brait a liante vois et crie, Comme
fenie ki est dolente.
CiiLLAiMF. Li Clf.rs, Romaïi des
aventures Fregus, p. -.^i.
Je suis certain (ju'il NJendra braire
Pour avoir argent proiiiptoment. Farce de Pathcltn.
En français, Braire ne se dit plus
(jue du cri de 1 àne; mais il a conservé dans le Berry et dans la Flandre le
même sens (ju'en Normandie.
Bramuoler, V. a. (arr. de
Vire)!Balancer;|)robablementdu breton Brancella, Agiter, comme le provençal
Bressol et le vieux-français Bressolet, Berceau; Lettres de grâce de 1 457,
citées parCarpentier, t. I, col. 521.
Bran, s. m. Son de froment; Ce mot
vient certainement du celtique. On lit dans Pline, 1. XVIII, ch. 7: Galliae
quoquc suum genus farris dedere .: quod illir branre vocant. Delà Bren en
pro\ençal, en vieilespagnol et en vieux-français;
Vendre a l'enchère autant bren que
farine. J. Marot, Œuvres, t. v, p.
216.
Bran est aussi une apocope de Branle
qui signifie Danse. On le prend encore dans l'acception de Tournure,
Démarche.
Brané, adj. Marque de taches de
rousseur, ([u on appelle aussi h cause de leur cou
BRE
leur el de leur forme, taches de son.
Branée, s. f. Son délayé dans de
l'eau.
Branes, s. f. pi. Mamelles; Brennid en
breton.
Brangé, adj. (arr. de Vire) Bariolé.
Voyez bringé.
Branle, s. m. (Orne) Axe de la meule
d'un pressoir qui le met en Branle.
Braque, adj. (arr. de Valognes) Vif,
Emporté. Braga signitie en breton S'amuser, Se donner trop de licence.
Brasillé, s. f. (Calvados) Galette
cuite sur la Braise. Brasiller avait la même signification en vieux-français.
Voyez Roquefort, t. I, p. Ï80.
Brasquer, v. a. et n. Mal arranger;
c'est probablement une corruption de Brasser.
Braver, v. n. Exceller, Se parer. Brav
signitie en breton Beau, Agréable \ ce radical se retrouve dans les autres
dialectes celtiques, Briato en gallois, Breagli en irlandais et en gallique.
Bréaud, s. m. (Orne) Criard sans
raison. Voyez le mot suivant.
Bréalîder, v. n. (Orne) Crier fort et
sans raison; probablement ce mot a la même origine que Braire.
Brehain, adj. Stérile, Impuissant.
Ne doit iMis bons brehains ester O
ceus qui pueent engenrer.
Wace, Establissement de la Conception,
p. 14, v. 4.
Voy Elizabeth, ta cousine, Qui estoit
brehaigne clamée. Notre .sire l'a tant amee, Et sy bien y a pioveu,
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(delwedd C1250) (tudalen 049)
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BRI 49
Six mois a qu'elle a conceu.
Nativité de Notre- Seigneur Jé-
sus-Christ, dans Jubinal, Mystères inédits, t. ii, p. 48. v. 14.
Brechan signifie Stérile en breton.
Brehenke, s. f. Perdrix qui n'a pas
couvé. Voyez le mot précédent.
Brelette, s. f. (arr. de Valognes)
Rosse. On donne aussi ce nom aux écorcheurs de mau\ais cbevaux.
Breman, s. m. (Seine-Infé- rieure et
Calvados) Portefaix qui avaient fait une association sur laquelle M. de
Formeville a publié d'intéressantes recherches dans le t. XIP des Mémoires de
la Société des Anti(^uaires de Normandie. On disait d'abord Berman, et ce mot
venait sans doute de l'islandais Ber, Porter, et Ma», Homme. Voyez du Cange,
t. I, p. 660, col. 1 et 2. Brement prit en vieux-français la signification de
Charge, Embarras, et Cotgrave a cité dans son Dictionnaire une ancienne
locution populaire: // n'a ni enfants ni brements.
Brenèche, s. f. (Orne) Petite ordure,
diminutif de Bran.
Breuille, s. m. Duvet confus des
jeunes oiseaux qui pré- cède les plumes; peut-être du breton Brella,
Brouiller, Mettre les choses en désordre.
Breuiller, v. n. (Orne) Rôder dans les
bois, en vieux-français Breuil:
Dona broils, dona terres, dona granz
eritez. Romande Uou, v. 1930.
Bric, s. m. Pont; ce mot n est plus
employé que dans quelques
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:>()
\n\\
noms «le lieu; liriqurher. liriijiK
ville: il est dcvciui Urne cl linic; Jiraiiuemonl, Jiruc/irville, etc.; on trouve
encore en vieux-français Brii/rvy Bmcjc f>n/(j(ji(i en islandais et Jiric
en saxon a\aient la même si^Miilication.
IJiuciiE, s. ('. Terme injurieux.
Cuisinih'e de hrirhc! Que fais-tu là? de la briche! Sans doute il si^miliail
d'abord Itoutine, car eu islandais Jirulc signifie Usage, Couktme, et on lit
dans les OEuvrcs d'Eustache Descliamps:
Si tu pians fcmmo qui soit riclio,
C'est le denier Dieu et la briche D'avoir des reproches souvent.
Miroiter de Mariaigc, p. 21G.
Bricoli. s. m. Chou prêt à fleurir;
Brocoli; en hreton Bi-ouskaol signifie Jet de chou.
Bricolique, s. f. Ce mot n'est usité
que dans la phrase Mander sa Bricolique, qui signifie Manger sa fortune:
c'est une corruption de Bucoliques que l'on emploie encore dans le langage familier.
Bricon, s. m. Coquin, Imprudent.
Blasmez en seriez e tenu por bricon.
Roman de Uou, v. 4184.
Briffonmer. s. m. (Orne) Marchand de
volailles; probablement du vieux-français Brifer, Manger avidement, qui est
encore employé dans le langage familier.
Brigand, s. m. (arr. de StLo)
Hanneton: expression mé- taplioriipjc tirée des ravages causes par cet
insecte.
BiucANniNi-;, s. f. (arr. de C.aen'
Planche mince qui sert
imi
aux cercueils; la Brigamline était en
vieux-français une cuirasse légère qui euq)èchait de sentir les coups.
BuiMBAi.KK. V. a. Traîner çà et lii;
ce mol forme par onomatopée, {/iiînlxiler. comme le Bimhniini des .Mienuinds.
signifie en français, Agiter comme une cloche.
Brl\, s. m. On l'emploie comme une
négation explétive, ainsi que Pas . Point, Mie, Grain, Goutte . etc.
Bui.NCANDEr,, V. a. (Orne) remuer brin
à brin.
Bri.xdellk, s. {'. Rameau; on disait
en vieux-français Brondnille. et Ion prononce dans (jucl(|ues localités
Brondille. Voyez bringe.
Bringe, s. f. (arr. de Vire)
lloussinc, Petite baguette; probablement une métalhése de Verga.
Bri.xge, adj. Rayé. Tacheté; Briz
signifie en breton Bigarré; mais la racine peut être aussi Virgatus. Voyez le
mot pré- cédent.
Bringer, V. a. Fustiger, Frapi)er de
Uringes. Ce mot se trouvait aussi en vieux-français.
Bringuier, s. m. Bœuf dont le poil est
presque toujours Itringr.
Briscot, s. m. (arr. de Mortain)
Canard; peut-être une corruption du vieux-français Briquet, Sol. Stupide.
Voyez
BRICON.
Brisi;, s. m. (arr. de Caen")
Jachère qui vient d être labourée; un Brisé de foin . Voyez le mot suivant.
BiusKu, V. a. larr. de Caen,
BRO
Labourer une terre qui ue la pas été
depuis quelque temps. Peut-être ce mot vient-il de la ressemblance des deux
expressions allemandes Brechen, Briser et Bracken, Jachérer.
Briston.ner, V. a. Ébruiter; l'origine
de ces deux mots est probablement la même, quoique baritoniser, du grec /3apu
- rcvtÇstv, signifiât chanter en vieux-français.
Pan oncques mieux ne baritonisa
Diapason au son de ses musetes; Pythagoras oncques n'organisa Diapante de si
douces busetes.
Vart de rhétorique.
Brocson, s. f. Femme dont les manières
sont grossières et les vêtements de mauvais goût. Voyez tocson.
Broe^s. f. (Manche )Écume; Frauda la
même signification en islandais.
Broil, s. m. Bois. Ce mot qui remonte
au viir siècle, puisqu'il y a dans le capitulaire de Charlemagne l>e
Villis, ch. 46: Ut lucos rTostros, quos vulgus hrogilos vocat, semble venir
du grec -aspièohcv, car on lit dans Luithprand, éd. dePertz, Monumcnta
Germaniae historica, t. m, p. 355: Nicephorus in cadem coena me inlerrogavit,
si vos perivolia, id est briolia, vel si in perivoliis onagros vel caetera
animalia haberetis.
Brombron, s. m. (Orne) Rouet, formé
par onomatopée.
Bronchious, s. m. Hanneton; peut-être
du celtique: en breton Bronz signifie Bourgeon: jeune pousse et Choaneri,
puce: le hanneton serait ainsi
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BilL 51
un insecte qui dévore les jeunes pousses.
L'islandais Brum, feuille, tiKiaka, tondre, aurait le môme sens. De là le
Brucm de la basse -latinité: Brucis lierbas et frondes corrodentibus,
dansMuratori; Rerumitalicarumscriptores, t. XII, col 1 037.
On dit dans quelques localités
Bronchas et Bronfious.
Brosse, s. f. Rossée; ce mot ne
s'emploie qu'au figuré, pour indiquer une espérance déçue, dans la phrase Ça
faitBrosse; le patois du B'erry le prend dans la même acception. Voyez
l'article suivant. Brosser, v.a. Frapper, Rosser.
La fu brocies e féru des plusors.
Chevalerie Ogier, v. 245.
Brotillon, s. m. Tronçon; probablement
de Brouter, comme Broutilles.
Brouir, V. a. Brûler à demi, Roussir;
il avait le même sens en vieux-français.
La chey ledit feu delez un cep...
lequel cep fu un pou broui ou ars; Lettres de grâce de 1 374; citées par du
Gange, t. I, p. 789, col. 2.
Brouir ne se dit plus en français que
des fruits ou des blés, qui sont brûlés par le soleil. Dans quelques
localités on dit Brouer.
^ Brousette, s. f. (Orne) Mâ- che .
Bru, s. f. Nouvelle mariée; Brud a la
même signification en islandais. Il y a dans l'arrondissement de'Pontaudemer
une mare où s'est novéc une nouvelle mariée ([uc l'on appelle Brumare.
Bruchet, s. m. Estomac;
;v2
BUE
ce mol (jui sipniliail eu viou\-
Irancais Creux de rcsloinac \ ionl sans doute du breton Jlnichcd, dont la
sipnilication est la inLMr.e.
BiuMAN, s. m. Nouveau marie,; Homme de
la lirn; en islandais nnuimmi signilie Garçon (le noces.
Bu, adj. Complètement ivre, Oui a
beaucoup trop hu. * Bu, s. m. Villaii;e ou plutôt habitation, dcTislàndais
Bud. C'est le même mol que le lit qui se trouve à la lin d'une foule de noms
de lieux en Angleterre, en Suède, en Danemark et même en France ( Colombi).
11 V a près de Copenhague un village de Qucrkehi, qui porte ainsi le même nom
que Carguehu dans la Manche et Criquebeuf dans la Seine-Inférieure.
BuAN, s. m. Brouillard humide. Voyez
buée.
BucAiLLE, s. f. Bocage; 1 origine est
la même.
Buf.iiER, V. a. Frapper à «rands coups,
comme avec une ïnlchc. Bûcher signifiait en vioux-l'rançais Abattre du bois,
Faire des bûches.
Le suppliant estoil a ung bois,
appelle le bois Chamaillant, situe près de la ville de Nyort, ou il buschait
et abattait du bois; Lettres de (jrùce de l 'i 49, citées dans du Cange, t.
l, p. T3(), col. I.
Buée, s. f. Lessive; ce mol <pii a
vieilli était usité en vieux-i'rancais.
Entendîmes un bruit strident et divers
comme si fussent femmes lavant la buée; Habelais. Paiitayniel 1 v ch
".^1
BUO
l*eut-elre le radical de ce mol
signiliait-il eau (voyez BUAN; car ou lit dans Villon:
La pliiic nous a buez et lavez.
Œuvrct, p. 94.
BuETTE, S. f. (arr. de SaintLoi
Brandon . Bûchette.
îiuii'E, s. f. Soufllet; il avait à
peu près le même sens en vieux-français.
Par enlx fii la mainte bnfle donnée.
Et maint tatin.
Déposition du roi Richard II, dans
V.'irchaeologia, t.xx, p. 304.
Le français a conservé rebuf fade.
BuuA, s. f. Petit vase en cuir ou en
bois attaché a la ceinture des faucheurs où ils portent leur pierre à
aiguiser; en islandais //m signifie /?ffJ//el Ha, cuir. Souvent c'est
simplement une Corne de bœuf et Haus signifie Crâne en islandais. Dans
quelques localités ou dit Buhot. Ce mot est aussi employé en Lorraine suivant
dom François,
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(delwedd C1253) (tudalen 052)
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Dictionnaire
roman, p. 51
Buhot, s. m. (arr. de Vire) Gros sabot
couvert.
BuuoTTE, s. f. (Calvados) Petite
limace des jardins.
BuNÉE, s. f. (arr. deBayeux) Caprice,
Emportement; eii breton Buanck signifie Vif, Emporté.
BuoTTE, s. f. (arr. de Bayenx) Piège a
taupes; Buie signifiait Entraves, Lien envieux-français.
Ses prisons commanda fjarder K es
t;ranz ciiai très dévaler, Metrè en bnies e en aneiis.
Bknois, Chrouiqve rimée, 1. n, V.
tS96(î.
Vovez ABo.
BUR
BuR, s. m. Habitation; de l'islandais
Bud ou du latin Burgus. Voyez buret. Il y avait à Noron, près de Bayeux, une
ferme, appartenante aux rois de la première race qui s'appelait Bur-le-roi.
BuRÉ, s. m. Mue des oiseaux; peut-être
du vieux-latin Bura, Lessive, parce (}ue les oiseaux quittent alors leurs
plumes pour en prendre de plus propres.
Buret, s. f. Porcherie. Probablement
de Bud Habitation; d'où le bas-latin Burum, le Bure vieil-anglais et le
vieux-français Buron.
Ou s'el a maison ne buron Je conseille
que la soit mise.
Miracles de Sainte-Geneviève,
d3insJvïiv<KL,Mystè7-esinédUs, t. II, p. 204, V. i.
\\ pourrait cependant venir de Bu,
Troupeaux, Bestiaux, car cette signification est la plus fréquente; -ffMrmm
dans la nasse-latinité; Buron, Vacherie en patois auvergnat et Byre en
écossais:
The croonin'kie the byre drew nigli,
The darger left bis tlirift.
WaterKelpie, dans Scott, Minstrelsy
ofthe scolch borderers. t. Hi, p.' 389.
BuRGUER, V. a. Pousser, Heurter; le
vieux-français prenait ce mot dans la même acception. Lequel Thomas en ce
disant burga et bouta tellement (pi'il la fist choir a terre; dans
Carpentier, Glossarii supplementum, t. I, col. 632.
Dans la langue des troubadours Burs
signifiait Coup, Choc. Voyez Raynouard, Lexiffue roman, t. il . p. 271 .
BUT
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(delwedd C1254) (tudalen 053)
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)3
BusoQUER, V. n. Passer son
temps à des riens; Agir comme une buse, Jouer avec des /^usof s. Voyez le mot
suivant.
BusoT, s. m. Poil follet des adolescents
qui sont encore niais comme des Btises; par analogie on donne le même nom aux
plumes qui n'ont pas atteint tout leur développement. On appelle aussi Busots
les Brins de paille et les Riens dont s'occupent les Buses.
Busse, s. f. (Orne) Demipièce; peut-être
du bas-allemand Bute (Busse), amende: Porro si quis equum, domum, aream, seu
rem aliam in forma judicii impetierit, et in causa defecerit, suo tenetur
adversario, quem frustra convenit, decem solidos nomine ejus, quod Bute
vulgariter appellatur; dans Ludewig, Beliquiae mamiscriptorum, t. Xll, p.
322.
Butée, s. f. Montagne rapide oui
oblige de buter au haut aune côte. Voyez ce mot. Il y a sur la route de
Cherbourg à Valognes une grosse pierre que l'on appelle la pierre butée.
Buter, v. n. Arrêter comme si Ton
était au but; en bas-latin Butare, comme l'italien Buttare, signifiait Jeter
quelqu'un à terre. Voyez doter. Buter se prend aussi dans un sens réfléchi et
signifie alors S'entêter dans son opinion; Ne pas vouloir ien départir.
BuTiLLÉE (en) adv. En abondance, En
masse, Plein un butillon. Voyez ce mot.
BuTiLLON, (Manche) s. m. Panier haut
et étroit, qui a la forme d'une bouteille, en bas-latin Butif/lionKs. Voyez
du Cauge,
■ n
CAB
t. I, p. 741. col. 2. Le mot
pivii'denl t'ait croire (iiic /{utilloD a été nri.^ aussi dans le sens de
/iiitalhta: Item qiiod de circii
CAB
lis carriarianim . hiilalloriim .
tiiuirium et siiniliiim vasonim; dans du Caniic, t. I, p. ^i] . col. 1.
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(delwedd C1255) (tudalen 054)
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Caabans,
s. m. j)l Vêtements, ou plutôt Meubles; voyez CABAS. Nous ne connaissons ce
mot que par un vieux proverbe:
Boudoirs (Baudors?) et caabans Ne font
pas riclies gens.
Voyez le mot suivant.
Cab.voetis, s. m. (Orne^ Vieux
meubles, ou Vieilles bardes, jetés en monceau. Voyez cabot et CABAS.
Cabaret, s. m. (Orne) Avanttoit; c'est
le sens qu'il avait d'abord en français: Icellui sergent entra de t'ait en un
petit cabaret, que on dit la lanterne, par ou l'en va ou celier dudit bostel;
Lettres de grâce, de 1394, dans du Ca'nge, t. II, p. 9, col. 1.
Cabas, s. m. (Orne) Tromperie; le
vieux-lVançais le prenait dans la même acception:
Princes, tlirones, chérubins,
séraphins
Sauvent le roy des niacliinalions De
tous nuysans, plains d'envie et cabas.
.Je.\a Joret, Jardrin sahUaire,
st. XXIX.
Il signifie dans l'arrondissement di;
Baveux un Meuble lourd et grossier.
Cabasser. V. a Tromper: ce mol
existait aiis^i en vicnvirancais
Journellement ciiascun son
cas pourchasse; iSoises y sont, on y trompe et ca
basse.
PrKRRE Grixcoiri;, Menus propos
Cabier, s. m. 1 Orne) Chai.
Cabin, s. m. (Orne) Bullet:
probablement le même mot (\uc CABAS, ou une contraction du breton Ka-nastel,
Bullet, et Bian, Petit.
Câbler, v. a. (arr. Baveux) Fermer
violemment une porte ou une fenêtre; il signifiait en vieux - français
Casser, Dé- truire.
Cabot, s. m Demi-boisseau; on donne à
cause de sa forme le même nom à une petite meule de foin; c'est le mot grec ■AOL^oç, Mesure.
Caboure, s. f. ( arr. de Baveux ) Maison
en ruines; voyez du Cangc, t. II, p. 7, cof. 3.
Caboussa, s. f. (Orne) Soupe au
babeurre.
Cabre, s. m. (Orne) Bruit: peut-être
de l'islandais h'app et Karp, querelle.
Cabreux, s. m. (arr. de Baveux)
Conducteur, Petit marchand de bétail: il se prend en mauvaise part et vient
sans doute du latin Caprarius, Chévrier: les chèvres s'ap])elaienl fahrism
vieux-français,
et n'avaient qu'une faible
valeur.
Cachard, s. m. (arr. de Cherbourg)
Paresseux. Kaka signifie en islandais Toucher du bout des doigts.
Cacouard, s. m. (arr. de Bayeux)
Frileux, Malade. Selon Roquefort, Glossaire, t. I, p. '200, Cacou serait un
ternie injurieux en Basse-Bretagne; si ce renseignement était exact, une
origine grecque serait certaine; ces deux mots viendraient de y.(x/.oç Qui a
du mal et Méchant. Dom François dit aussi dans son Dictionnaire roman, p. 56,
qu'en Lorraine Caco-zèle signifie zèle mauvais, indiscret.
Cagnard, s. m. (arr. de Bayeux )
Réchaud; le vieux-français s'en servait dans le même sens:
Quand nous goussaraes les harens Que
nous trouvasmes aucaignard.
Mystàre des Actes des Apôtres, 1. m.
Cagnolle, s. f. Mort
(SeineInférieure):
Si t'en ay touché parolle,
.le veux bien que la froide Cagnolle
Me pisse rompre devant toy.
Muse normande, p. 34.
Nous savons par Varron que Casnar
signifiait Vieillard dans la langue osque; De lingua latina, 1. vu, par. 29,
éd. de Millier.
Cagxé, s. m. (Orne) Paille
de^sarrazin.
Caignot, s. m. Petit enfant;
probablement de Canis, Chien, Quénaut, Petit chien; quoique 1 allemand Kind
signifie Enfant n que Kin s'emploie'
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(delwedd C1256) (tudalen 055)
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CAL 55
comme diminutif. On dit aussi Queniot
et Quenaille.
Caillé, adj. Taché de blanc et de
noir; Kal signifie l^ache en islandais.
Caillou, s. m. (arr. de Caen ) Noyau;
en islandais Griot, d'où est venu Grès, signifie Caillou; peut-être estce
l'origine dunom des Griottes, Cerises dont le noyau est fort gros.
Caimaxuer, V. a. Mendier, Quêter:
Quand ïéléphe et Pelé, bannis et cai
inandans, S'efforcent d'émouvoir le
cœur des re
gardans.
Vauquelin de la Fresnaye, Arf
poétique.
Il a le même sens dans le patois du
Berry.
Calard, adj! (arr. de Caen) Poltron,
de l'islandais Kalinn, Malade, Engourdi de froid; ou plutôt de Caler. Voyez
ce mot.
Calé, adj. Solide, Riche, Bien établi,
du latin Calere.
Calée, s. f. (arr.de Valognes )
Multitude, Grand nombre; Calare signifiait eu latin Appeler, Réunir.
Calenger, V. a. et n. Marchander,
Retenir quelque chose dans un marché; probablement c'est une extension du
sens que lui donnait le vieux-français Disputer, Contredire:
La preie volonz prendre et la terre
tendron; Se Français la calengcnt, nos
nos i
cumbatrou .
Roman de Roii, v. 1237.
Calengia signiliait en bas latin
Réclamation: Omni reilaînalione seu calengia
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(delwedd C1257) (tudalen 056)
|
56 CAL
omninn rcniota; Charte ilr 1 238,
citée par Miraeus, t. 1, p. 421.
Caler, v. n. Céder, Faiblir, Fuir; il
existait en vieux-l'rançais:
Cette superbe vertu eust elle calé au
plus fort de sa montre? Montaigne, Essais, liv. 111, ch. 12.
C'est une expression probablement
empruntée à la marine, où elle sest conservée •
Iloec siint lor veiles calées,
E la mit lor ancres getees. Be.nois,
1. II, V. 15692.
Saint Isidore disait déjà Originum 1.
iv, ch. 14, sect. 4: Apud nautas calarc ponere dicitur. Ca/er vient sans
doute du grec ya\a.v, lia le même sens dans le patois de Rennes et du Berry,
et l'on trouve aussi en italien Calare, en espagnol Callar, en provençal, en
catalan et en portugaisCo/ar.
Calesenier, s. m. Fainéant, Homme qui
achète des bestiaux pour les revendre. Ce mot signifiait primitivement un
homme qui se faisait traî- ner en voilure {Calesia), au lieu de marcher à
pied: 'Vehiculis depositiset calesibus abdicatis, gressu libero, etc.; Âcta
5flnc^on<m. Septembre, t. I, p. 771, col. 1.
Calibaraud, adj. (Eure) A moitié ivre.
Calibacdée, s. f. Grand fou clair.
Charibaudée, dans le Nivernais et le Berry.
Caliborunettes, s. f. j)l. (arr. de
Valognes) Lunettes.
Caliberda, adv. (Orne) Les jambes
ouvertes, A ralifourclion.
CAM
Calimachon, s. m. Limace; on dit aussi
coi.imacuun.
Câlin, adj. Caressant; il ne se prend
en français, qu'en mauvaise part.
Camn, s. m. Eclair de chaleur, Chaline
en vieux-français:
Ainz que rsoici/ den.^t cspandre Ses
rais d'amunt e sa chaline.
Bf.nois, Chronique rimiv, lu, V.
19245.
Dans l'arrondissement de Valognes on
dit calln.
Calo, s. m. (arr. de Vire) Fortune.
Voyez calé.
Calobre,"^ s. m. (arr. de Bayeux
) Houppelande de drap grossier; scion Roquefort, t. 1, p. 205, Calohe
signifiait en vieux - français un vêtement long sans manches.
Calot, s. m. Ecorce du grain de
sarrazin ou de colza; c'est une apocope à'Ecalot . Petite écale; en vieil-allemand
Seal.
Calotte, s. f. Coup sur le haut de la
tète, où se portent les Calottes: ce mot s'emploie en rouchi dans la même
acception.
C.\LUCH0T, s. m. (Orne) Mauvais bonnet
de nuit qui tombe sur les yeux et empêche d y voir; Cahc signifiait en vieux-français
une Vue eourte et basse.
Calvet, s. m. (arr. de Valognes) Haut
de la tête, où l'on devient Chauve {Calviis).
Cam, pr. Voyez acam.
Cambot, s. lin. Marmot.
Cambotte. s. f. (Orne) Espèce de
i)anier où les chevaux portent le fumier.
Camfolkk, s. f. Charretée: ce que peut
conlcnir un Camion.
CAN
Camjoijs, s. m. Enfant qui ne croît
pas; il viendrait de lallemand si l'on s'en rapportait à V Histoire des
imaginations de M. Oujle: Les enfants Membes, que Guillaume de Paris appelle Champis
et les Allemands Camhions, sont criards; ils épuisent cinq nourrices; ils
sont fort pesants et fort maigres; Luther en ses Colloques règle leur âge à
sept ans; t. II, p. 37: mais Cambions n appartient pas à l'allemand usuel.
Campagne, s. f. (arr. de Vaiognes)
Plaine, la Campagne de Saint-Floxel; il vient sans doute du breton Kompezen
dont la signification est la même, car Rompez signifie Uni.
Canehotte, s. f. (arr. deValognes) Oie
sauvage.
Canette, s. f. (Orne) Petite bille de
marbre.
Cani, adj. (arr. de Caen) Moisi, à
cause de la couleur blanchâtre de la moisissure; Canus était devenu aussi en
vieux-français Canu et Chienne [Canes selon Roquefort, t. I, p. 208, col. I):
Et fu entremêliez de chiennes, si que
le blanc passoit le noir; Roman des sept sages de Rome, B. R. ms. n"
7974.
On se sert encore, surtout en vers, de
Chenu.
Canibotte, s. f. Tige de chanvre,
Cannabis en latin; on dit aussi cannebotte.
Canne, s. f. Cruche; probablement de
l'islandais Kanna, (juoiqu'on trouve dans Juvé- nal. sat. v, v. 88:
niiul enim vestiis datur a!^ eolis
qiiod Tanna Micipsarum piora subvexit a
cnfa.
CAP
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(delwedd
C1258) (tudalen 057)
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57
mais les interprètes sont
loin de s'entendre sur le sens de Canna. Le français a conservé le diminutif
Cannette et le peuple de presque toutes les provinces en a fait Canon.
Cannée, s. f. Ce que peut contenir une
canne.
Cannepetière, s. f. (arr. de Valognes)
Canne creuse dont les enfants se servent pour lancer bruyamment des balles de
filasse; dans l'arrondissement de Baveux on dit Cannepetoure.
Cant, (de) adv. De côté; sans doute il
vient de l'islandais Kant L'adoucissement de la prononciation et les caprices
de l'orthographe ont beaucoup éloigné le français Champ de son radical; mais
le vieux Cantel, Chantel s'en rapprochait bien davantage:
Et fiert le roi en l'escu en cantel,
Chevalerie Ogier, v. 9015.
En rouchi Can signifie le cô- té
étroit d'un objet quelconque.
Canter, v. a. Pencher, Mettre de côté,
de champ. Le vieux-français disait Âschanteîer:
L'espiez au cote li frie; Un poi la
char li a blesmie, Hurte l'a bien, si l'aschantele; Tôt le remue de la sele.
Partonopeus de Blois.
Cantet, s. f. Pain entamé; Chanteau en
patois vendéen et Chantiau dans celui du Berry. Voyez chanteau.
Caper, v. pr. (arr. de Valognes) Se
renfrogner. Se cacher la tête comme sous une Cape.
Capine gauche, adv. Marcher à (arr. de
Caen i, Mar
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(delwedd C1259) (tudalen 058)
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58?? CAR
(lier sans l'aire de hniil . sur
(les souliers de peau de cIicn re
Capina] dont on taisait les jilus égères chaussures; de là la
si{i;nitication de Chopin dans
ce vers de Villon:
Aller sans chausse et sans cliapin
OÙ BorcI a cru qu'il était question
d'un chapeau.
Capon, adj. Lâche, Poltron; les
Chapons fuient au lieu de se battre, et ou les appelait autrelois Capons:
Lor capons cras ont al fu mis Jît puis
si ont al \iu Iraniis.
MousKEs, Chronique rimée, v. 19853.
Caponner, V. n. Refuser de se battre,
Agir comme un Capon. Voyez ce mot.
Capucuer, V. a. Frapper violemment;
c'est l'islandais Keppa dont le vieux-français adoucissait la prononciation:
Une hachette leenz ot Dont il
chapuisoit a la foiz.
MÉoN, Nouveaux Fabliaux, t. II, p.
383.
Caoi'eu.x, s. m. (arr. de Baveux)
Mauvais couteau qui sert à ouvrir les huîtres. Kaka signifie en islandais
Toucher sans précaution; mais peut-èlrc le mol de Caqueux vient-il de ce
qu'il sert à vider le poisson ([ue l'on met dans la Caque.
Carabas, s. m. (arr. de Baveux)
Voiture aussi lourde (jue les anciennes machines de guerre, en bas-latin
Carabaga:
Fecit orilicio fossarum
approximare.... carabagas qui iaciel)ant lapiiles magnos; dans Martennc,
Thésaurus anecdoforwv, t. Il . col. '70.
CAR
Carafon, s. m. ( arr. de Hayeux) Bonnet
à j)oil, et l^Tct j)()ur les enfants, (|ui couvrent la ligure, Cara dans la
basselatinité:
Postipiani venere veiendam Cacsaris
antc caram.
CORII'I'IS, 1. 11.
Le rouchi dit Carahrne: il ne serait
pas impossible (|ue ce fût une corruption de Charabanc.
Caras . s. m. 11 n'est usité que dans
la phrase Bâti comme un f/rand Caras, et Charagus signifiait dans la latinité
du moyen-àge un So7rier.
Si qui viri ac mulicres divinatores,
quos dicunt esse charagios atque sorticularios; Co/ic«'/erfeiVflrio»?iedeo98,can.
1 4.
On dit encore maintenant Bâti comme wn
sorcier.
Carcan, s. m. Personne mé- chante,
Mauvaise jument; c'est une expression métaphoriciue. LeCarcan tient le
patient à la gorge sans qu'il puisse .s'en dé- barrasser. Croix s'em|)Ioie en
français par une ligure analoiiue.
Care, s. f. (arr. de SaintLo) Bûche,
Bloc, Morceau carré de bois; on appelle en Dauphiné Charin un arbre qui ne
vient pas bien et n'est bon qu'à brûler.
C VRÊME-PRENANT, S. m. Galette frite,
faite de farine de froment, que l'on mange dans les réjouissances du
carnaval. On apnelait en vieux-français le mardi-gras;jour de caresmeprenant.
Demi veel. viij. sols, jour de caresme - prenant; Compte de IJIôtcl-Dieu
d'Erreur de l'année 1370.
CAR
Cari, s. m. (arr. de SaintLo)
Haridelle, Cheval qui n'est ([lie de la chair {caro)\ Carée a la même
signification dans le Berry. Voyez carne, et carou.
Carimallot, s. m. (arr. de Vire et de
Bayeux) Charivari; Caramara est le nom que Ton donne en rouchi aux masques.
Carme, s. m. Vers, du latin Carmen; ce
mot qui se trouve dans les Vaux-de-Vire (p. 119 de l'édition de M. Travers),
aurait par conséquent existé dans le patois normand si le foulon Olivier
Basselin n'était pas le pseudonyme de l'avocat Jean Le Houx.
Carne, s. f. Cheval sans énergie et
sans vie; le n entrait dans toutes les flexions de Caro; on dit ailleurs
Carou et le vieux-français employait Charnier dans une acception analogue.
Il ne sot tant son cheval esforcier,
Ne le passast uns roucins charnier.
Raoul de Cambrai/, p. £33, v.4.
Caro signifiait aussi quelquefois un
animal dans la basse-latinité. Voyez du Cange, t. II, p. 192, col. 3.
Carou, s. m. Corps sans âme, terme de
mépris.
Carpeleuse (Chapeleuse), s. I.
Chenille, littéralement chair velue; en anglais Caterpillar.
Carrabin, s. m. (arr. de Vire) Blé
noir, Sarrasin; c'est probablement un jeu de mots. A Valognes Sarrasin
signifie un mauvais sujet, sans foi ni loi.
Carré, s. f. Coin, Angle, Malgré le
latin Quadratus, ce mot vient probablement du cel'iqiie. r;u' il se trouve
dans
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(delwedd C1260) (tudalen 059)
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CAS -59
presque tous les patois et le breton
Ker signifie Arrête, Angle vif des 'pierres et des bois équarris.
L'autre contava de Lavina, Conio fes
lo breu ab cairel traire A la gaita del ausor caire.
Roman de Flamenca, dans RayNouARD,
Lexique roman, 1. 1, p. 9.
Luyt ungs charbouche, merveillable Sur
toutes merveilleuses pierres, Trestout rayant a quatre quierres.
Roman de la Rose, v. 21340.
On disait aussi Coron;
De cordoan prist une pel;
Si Ta mise soz sun mantel;
L'un des corons laist delors pendre.
Marie de France, Fable xxvui.
Dans le patois du Jura Se carrer
signifie 5e ranger, Se mettre de côté.
Carrelet, s. m. (arr. de Vire) Feuillet,
Petit can-é de papier.
Carrosse, (arr. de Caen) Stalle pour
laver. Voyez bin
GOT.
Carruée, s. f. (arr. de PontAudemer)
La terre qu'une cAarrue peut labourer en un jour; Carrucata avait le même
sens dans la basse-latinité.
Carsogne, s. f. Demi-boisseau; en
basse-latinité Cartagium et en patois champenois Cartel.
Carte, s. f. (arr. de Vire) Pinte; la
quatrième partie du pot: le bas-latin Carta avait la même origine.
Cas, s. m. Avoir, Chose.
Riche avare est peu de cas.
Vaiix-dc-Virc, p. 47, éd. de M.
Dubois.
Probablement ce mot vient de Casus: le
peuple était si pauvre, qu'il ne possédait que par
f.O CAS
hasard. Le bas-latiû Casus, portion de
la dot (iiii appartenait au mari en cas de siir\ie; le vieux-français Echelle
et le français Casucl se rattachent;i la même idée: le patois normand prend
aussi hutln dans le sens d'avoir. Cas se trouve avec la nuMiie acception dans
le patois du IJerrN .
Casse, s. l/(Orne, et arr. de Falaise)
Lèchefrite. Cassa signiliait en hasse-latiuité une Casserole, et cette
extension de siiînification était trop naturelle pour n'avoir pas lieu; on la
trouve à Rennes, dans la Vendée et dans l'Anjou.
Cassetier, s. m. Etui; dérivé comme
Casselte du bas-lalin Cassctilla ou de l'islandais Kassi; on dit Casseau dans
l'Orne.
Castaua, s. m. ( arr. de Baveux) Homme
bizarre, ailleurs Ivre; sans doute il signiliait d'abord Querelleur. Voyez le
mot suivant.
Casïille, s. f. Querelle, Dispute; ce
mot qui ne s'emploie plus guères en français, était autrefois fort usité:
Si fut If siofie mis et cloz J)(! fous
costfZ (riccile ville Ou les Anglois furentfcnrlo/., Jit a toute heure
avoient tastillc
M VRTiAL d'Auvergne|, Vigtles de
Charles VIL
Castii,les, s. f. pi. l*etites
groseilles, Kastilez en breton; peut-être sont -elles venues d'Espagne.
Castis ou |)lulôt Catis, adj. (arr. de
Sainl-Lo) Câlin; de Chat, qui se prononce Cal, comme le vieux-rrancais Calas.
(>l (\tlcux, Fourbe. H use.
CAU
Casuel, adj. Fragile, Qui j)eut se
briser.
CuAU, s. f. Fille méchante, Catin;
syncope de Catherine (jui a lini |)ar se prendre en nuiu vaise part, connue
pres(jue tous les noms de femme.
Cataud, adj. (Orne et arr de Valognes)
Faux, Sournois, on dit aussi Calas, comme en vieux-français. Voyez castis.
Catéfust, s. m. (arr. de Vire)
Sourricière, probablement Chat en bois.
Catigner, V. a. (Orne) Serrer dans un
endroit étroit; Câ- lin, de Calinus, signiliait en vieux-français un Petit
plat, et Catir de Quatcre, Presser.
C.VTINER, V. a. ( arr. de Baycux) Câliner,
Flatter comme une Catin.
Catons (à) adv. A quattre pattes comme
un Chat.
Catune, s. f. (arr. de Baveux)
Sourcil.
Catl'xer, V. r. Froncer le sourcil,
Baisser la tète, Etre de mauvaise humeur comme un Chat; il Valognes on dit
Galon ner.
Caucher. V. a. Chauler, Mé- langer le
froment avec de la Chaux avant de le senier, pour empêcher les insectes de
l'atta(pier. Il se dit aussi du màlc qui couvre sa femelle, et vient alors du
latin Calcare, Presser; ainsi (jue le prouve ce passage d un document de
1437, cité j)ar Roquefort, Supplément, p. 6;>:
El aveuc(f les dites quattre couppes
de farine comblées a le couppe au tcrcheul, doit encoire avoir demi-boislel
de farine sans cauccpiicr.
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(delwedd C1261) (tudalen 060)
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CâU
On a voulu le faire venir de Coq, mais
Olivier de Serres écrit Chaucher dans son Théâ- tre d' Agriculture, et
Ronsard a dit dans ses Joyeusetés:
Pour mieux te jaucher un petit.
Gauches, s. f. j)l. Bas; de Chausser,
en patois normand Cauchier. Quoique ce mot ait conservé son sens primitif
dans Haut de chausse, le français lui a donné la signification de Culottes;
on trouve déjà dans \QBrut,y. 7415: Qu'en lor cauces cotiax portaissent.
Cauchin, s. m. ( arr. de Bayeux )
Sorte de sable, Dé- combres que l'on emploie à réparer les Chaussées.
Caudelée, s. f. Lait caillé et aigri
que l'on conserve pour l'hiver; du bas-latin Caliaum. Voyez la Vision de
Wetinus dans Mabillon, Acta sanctorum Ordinis sancti Benedicti, siècle IV,
part. I, p. 293.
Caudiot, s. m. Feu de joie, du latin
Gaudiutn, Joie.
Caumomi, adj. Flétri, Dessé- ché comme
du Chaume.
Caut, adj. Adroit, Rusé:
J'ai perdu ceste occasion Plusieurs
fois d'une liumeur peu
caute; Mais ores puisque c'est du bon
Je ne feray plus telle faute.
Vaux-de-Vire, p. 86, éd. de M.
Travers.
11 vient du latin Cautus et
s'employait aussi en vieux-français:
Il est caut larron
Qui d(^robe a un larron.
Proverbes communs, réimpression de M.
Silvestre.
Nous avons conservé Conte'
CEP
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(delwedd C1262) (tudalen 061)
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61
leux qui a la même origine.
Cautelle, s. f. Ruse, Adresse:
Les pèlerins deffent de la cautelle
Des ennemys qui leur font dure offense.
Jean Joret, Jardrin salutaire,
st. XXVI.
Cauton, s. m. Tige principale d'une
plante, du latin Coulis, Tige.
Cauvet, adj. Espiègle; dans la basse -
latinité Calvus signifiait Rusé. Voyez du Gange, t. II, p. 39, col. 2.
Gauvette, s. m. Petite corneille,
Ghoucas; Kauve en vieux-français:
D'un vilein dist qui norrisseit Une
kauwe que mult ameit.
Marie de FRA^CE, Fable xlvhi.
On l'appelle en breton Kavon.
Cavel, s. m. Dévidoir; en
vieux-français Cavelle signifiait une Cheville.
Gaver, v. a. Ghercher.
Gavin, s. m. Fossé, de Cavus, Greux,
comme le français Cavée.
Gênas, s. m. (Orne) Lit.
Genelle, s. f. Fruit de l'aubépine; on
lui donnait le même sens en vieux-français:
Et vivent comme sanvcchine De la glant
et de la faine, De cel fruit que porte boscages, De poires, de prunes
sauvages; Meures manguent et ceneles.
Chrestiens de Tboyes, du roi Guillaume
d'Engleterre.
Ge mot a la même signification dans le
patois de Berry; voyez Boreau, Flore du Centre,
m.
Gépiau, s. m. Serrure, Obstacle qui
empêche d'ouvrir une
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(delwedd C1263) (tudalen 062)
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02 ClIA
j)orlc: du bas- latin ('cpus .
Knlravos: poul-ùlre même avaitil (lejii la sijinilii-alion ([ue lui a doimcc
le patois uormand, car on lit dans un compte de la lin du Xl\' siècle, cite
dans du Can^^e, t. H, ji. i85, col. 21: Projracionedictarum portarum,
quorunidam ceporum.
CÉTRES, s. n). pi. Gestes.
Cn.vBERNAL, adj. Négligent, Qui fait
mal ce (ju'il fait. Voyez le mot suivant.
Cbabern'au, S. m. (arr. de Valognes )
Savetier, peut-être du \i\l'm Fa ber malus, Mauvais ouvrier.
Chacouler . v. n. Parler bas:
peut-être une corruption euphonique de l'anglais Chowter.
Chailler, v. imp. Importer.
Ne nous chaille que couste.
Vmix de Vire, p. 74, éd. «le M.
Travers.
On disait ChauU en vicuxIrançais:
Il ne chault a plusieurs qui ticgne la
seigneurie, mais qu'ils soient prochains des prouilitz; AlainChartier,
OEuvres, p. 425.
Chaire, s. f. Chaise du latin
Cathedra: le vieux-français était encore resté plus tidèle à l'étvmoloirie:
Cnm il vit la chaere, icele part se a
procet; Li onipercre s'asist, un petit
se repo
set.
Voyage de Charlemagne, v. 1 19.
CnALETTE, S. f. (arr. de Valognes)
Pantouffie.
CiiAi.iT, s. m. Bois de lit. Chasse du
lit; le patois purin dit Qualit:
A mon (|na]itra)ut prondremen'one.
Muse vontiandr, p. (.^.
ClIA
Ce mot n est guère employé en
français: le patois de la Vendée l'a conservé.
CuALiMiN, s. m. (Orne) Petit couteau
d'enfant. Voyez
ALUMELLE.
Chalut, s. m. (arr. deBaycux) Espèce
de filet.
Champelure, s. f. Canclle de tonneau;
c'est une corruption de Chante-plcurc, qui se trouve aussi dans le patois du
Berry.
CriA>[PEiÈRE,s.f. Sillon
transversal (pii termine un Champ.
Chance, s. f. Fortune: Shaksper
l'emploie eu anglais dans le même sens: il se dit en français de tout événement
fortuit, heureux ou malheureux, quoique Chanceux ne se prenne qu'en bonne
part. Le vieux-français Mecheance, Mechies, conservé dans l'anglais Mischief,
avait été formé de la même manière. En gallois Ifab signifie Chance, et
Hapus, Heureux.
CiiAMR, V. n. Chancir: du latin
Canesccre, Blanchir; voyez CANi: le patois du Berry, dit aussi Chanir.
CuANTEALi, s. ui. Entamurc. Morceau
d'un grand pain; c'est le même mot que Cantet, dont la signification s'est
modifiée dans quelques localités. Canteau envieux-français signifiait Coin,
Petite partie, et, Ion a forme le français actuel iicAo ntillon.
CiiAOLOKE, s.f. (arr. de Cherbourg)
Fainéante, Paresseuse; du bas-latin Cheolare, Jouer à la choule, espèce de
jeu qui ne convient «pianx hommes;
VOVeZ CHOILER.
CHÂ
Chape, s. f. Morceau de cuir, placé
entre le manche du fléau et la verge, qui les enveloppe tous les deux, comme
une Chape.
Chaper, V. n. Se promener en allant et
venant comme les Chapiers.
CuAriN (à), loc. adv. (arr. de
Valognes) Nous ne la connaissons que dans la phrase Aller à chapin, Marcher
sans faire de bruit, avec des souliers de peau de chèvre, et par suite pieds
nus; voyez capine
CAUCHE.
Charaies, s. f. pi. Bagatelles
puériles:
Car ce ne sont pas charaies et je vos
dis. . . . que vos sereiz gariz de diverses maladies; Rutebeuf, Diz de
l'erberié, t. I, p. 259.
Charbonnette, s. f. Braise qu'on
retire du four, Petit Charbon.
Charée, s. f. Femme de mauvaise vie;
voyez cari et carne.
Charer, V. n. (arr. de Cherbourg) Jaser,
Causer; Charlar a la même signification en espagnol.
Chas, s. m. (arr. de Valognes)
Bouillon, le seul liquide que l'on bût Chaud; la même idée a donné cette
signification en espagnol et en catalan à Caldo, et on lit dans le
Paternoster de l'usurier:
Ma béjasse me tient por fos; Ele me
fait autel pot de clios Con si j'a\oie grand mainie.
Dans Jubinal, Rapport au Ministre de V
Instruction publique, p. 34.
On appelait Chaudeau un l)ouillon que
Ton donne aux
CHA
|
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(delwedd C1264) (tudalen 063)
|
03
mariés le matin du lendemain
de leurs noces.
Chasse, s. f. Pièce de terre fermée
par une clôture; sans doute il ne se disait autrefois que des champs réservés
pour la chasse, et l'on a fini par le dire également de tous les autres. Il
signifie aussi un Petit chemin. Voyez le mot suivant.
Chasser, v. n. Aller, Marcher; c'est
probablement une métaphoie tirée de la chasse, puisque Chasse et Venelle
{venari) signifient également un petit chemin. Cependant on lit dans le Songe
d'enfer de Raoul de Houdaing:
Par devant Cruauté tendras Droit a
Cope-Gorge ta voie, Et d'ilueques si te ravoie Avant, et saches sans abet.
Dans Jleinal, Mystères inédits, t. II,
p. 394.
Il ne serait pas ainsi impossible que
le normand Chasser, Cachier, fût une corruption du vieux-français Sachier,
tirer. On dit encore en patois Tirer tout dreit, et on lit quelques vers plus
bas dans la pièce que nous citions tout-à- r heure:
Quiconques veut, en enfer vait: Nus en
nul tenz leenz ne trait Que ja porte li soit fermée.
Ibidem, p. 395.
L'expression Voler à tire d'aile s'est
conservée en français.
Chatel, s. m. Biens mobiliers; sa
signification était la même en vieux-français. Se aucuns est qui n'ait point
d'eritage et il pramet a sa famé or ou argent en doere, quant vendra a la
mort a l'omme, li doe
C. ClIE
ros soit pris dcl coniimni chalel;
Jîlaljlisscmcnts <h'!\'urmandie, p. 7, éd. de ^1. Marnior. Kn l)r('ton
Chntnl siintific bctuil, tr()ii|)o;ui; los seules valeurs mobilières que I on
ait connues pendant loniï-tenips. Le français Cheptel a eonservé la même
siynilicalion.
Cn\TELET, s. m. (Orne) Dé- vidoir,
pro])ablement à cause de sa forme qui ressemble à une petite tour.
CiiATOURNE, s. f. Soufflet assez fort
pour faire tourner la tète. Voyez Toumole.
Chaubert, s. m. (Orne) Rhume.
CuAUDET, s. m. (Orne) Lit, parce qu'il
y fait chaud.
Cii.vNDiN, s. m. (Orne) Entrailles de
cochon; chatidun en vieux-français; parce qu'on ne les mange que chaudes ou
(ju'on les écJiaiiae avant de les faire cuire.
Chaule, s. f. (arr. deBayeux) Vo^ue,
Réputation.
Chauler, v. n. 11 se dit du blé qui a
jauni avant d'avoir atteint tout son développement,
3 ne le soleil a trop chau/fé; on it
aussi ÉCUAILER.
Chauvir, v. n. Avoir l'air sournois;
du bas-latin Calvere, Iromper.
CiiENOLLE, s. f. Nuque, Chijînon; on
dit aussi Chk.nolle.
Chenu, adj. Excellent, Fort. Solide,
Riche; cette sijinilicalion si dilTérenlc du français se trouve aussi dans le
patois du IJerry: en breton 7iann siiïnilie brillant.
Cher, s. m.( arr. de Rayeux^ Parpiet
de chanvre ou de lin non roui, du l)as-lalin Clicrium
|
|
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(delwedd C1265) (tudalen 064)
|
cm
dont la siiinidcalion était la même.
Chère, s. f. Visage; il était
très-employé en vieux-français et s est conserve dans cette phrase familière:
// ne sait quelle chère lui faire: et peut-être dans Contrecarrer: il vient
du latin Caro ou du grec
Cheret, s. m. Rouet.
Pauvre cheret, qui dans îles temps
licun'ux
iMJois mes amours et ma laine, Je le
délaisse, un destin rigoureux
A rompu ta corde et ma chaîne.
L.\i.LF.M\N, Le Rendez-vous du départ,
act. 1, se. 2.
Le vieux-français disait C/iorret
suivant Dom François, Dictionnaire roman, j). 60; en breton Kcrr a la même
siguilication.
Chétrix . s. m. lÈtre rachiti(iue;
peut-être de Chétif, quoique Chero ait la même signification dans le patois
du Rcrry.
Chevir, v. n. Venir à bout; Mener à
terme, k chef:
Cuides-vous pour dire et glatir, Qu'on
chevisse de pate.s-ouaintes.
Farce des Pales-Ouaintes, p. 15.
11 avait le même sens en
vieux-français:
On ne peut chasiier les yenlx N'en
chevir, cpioy que IVn leur dye. Poésies de Charles d'Orléans, p. .'ÎS'i.
Chèvre, s. f. Chevalet pour supporter
du linge mouille; li(lee est la même.
CniBDLLER, V. a. Déranger, Porter sans
précaution; dans le patois des A orges Quihauler signilie renverser. Voyez
l)i:-
(Ilinoi l.ER et TRIBOLI ER.
|
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(delwedd C1266) (tudalen 065)
|
cm cm 65
Cm BOT, s. ni. Espèce d'oi- de sant
Marti en catalan et
gnon; Ciboule. On trouve déjà Arco de
san Martin en espa
dans The vision of Piers gnol.
Ploughman, v. i'iSd, éd. de Chipautet,
s. m. (arr. de
M. Wright: Bayeux) Soufflet; il
signifie
Chibolles and chervelles aussi un Sac
à tabac.
And ripes chiries manye. ChÎPER, V. a.
Prendre, Con
Coico, adj. Il n'est employé fisquerà
son profit; del'islan
qu'avec blé; le Blé chico est dais
/u»/)a, Voler, Dérober. Les
plus petit que l'autre; il est
habitudes pillardes des anciens^
ainsi très-possible qu'il ait été
Scandinaves expliquent pour
importé d'Espagne où Chico quoi,
malgré l'identité delà si
signifie pefif . Le français Chi-
gnification, ce mot ne réveille
quet â probablement ïa même aucune des
idées honteuses qui
origine. s'attachent au vol.
Chicon, s m. Guignon. Chipie, s. f.
Femme acarià-
Chieuret, s. m. Mauvais tre.
sujet. Chipoter, v. n. Marchan
Chiez,s. m. (arr. d'Avran- der;
probablement du saxon
ches) Fléau. Cyppan, devenu en
vieil-an
Chiffon, s. m. Gros mor- glais Chepen
[voyez The vision
ceau de pain; ce mot se trouve of
Picrs Ploughman, v. 9648),
aussi dans le patois de Ren- et en
anglais moderne C/icopen.
nés: on dit en rouchi Chippe, Comme en
marchandant on
ChiqueC, et dans le patois passe
souvent d'un objet à un
lorrain Ctignon. autre. Chipoter a
pris la si
Chignole, s. f. (arr. de Va-
gnification de loucher à tout.
lognes) Manivelle; à Bayeux il Le sens
que lui donne le fran
signifieun Mauvais couteau. çais,
Faire peu à peu, lente
Chimes, s. f. pi. (arr. de?nm^
Feït7/er, s'éloigne encore
Bayeux) Rejetons de choux; en plus de
la signification prinii
vieux-français Chimenée signi- tivc.
fiait une Touffe d'arbres. Voyez
Chipotier, s. m. Qui touche
Roquefort, Glossaire, t. I, à tout; CA{pofo7i
dans le patois
p. 255. du Berry. Voyez le mot pré-
Chinchoux, adj. Médiocre, cèdent.
Passable; en vieux-français Chipper,
v. n. Pousser une
Chinchesïgni^Siii Hideux, Dé- cépée,
que l'on appelle Chip
sagréable. pee en Normandie.
Chixgre, adj. Qui donne Chique, s. f.
ChifTon; le
peu et avec peine. Voyez pin- français
Déchicqueter a le
GRE. même radical. Dans farr. de
Chinture-saint-Martin.s.I'. Saint-Lo
CAt'^wc signifie aussi
Arc-en-ciel; plusieurs autres un coup
au visage; c'est sans
langues le rattachent égale- doute une
abréviation de Chi
mcnt à saint Martin; c'est Arc-
quenaude. Dans l'arr. de Caon
san-Marti en provençal, Arc une chique
est une chose ditli
!
|
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(delwedd C1267) (tudalen 066)
|
66
CHO
cile à mâcher; une Chique de
jus noir: il ne se dit en français que du tabar.
CuiQCEu, V. a et n. Manger; il ne
signifie plus en français que Mâcher du tabac.
CiiiQUETAiLLER, V. a. Couper sans
intelligence, Déchiqueter, Tailler des chiques. On dit aussi Chigailler.
Chlé, adj. (arr. de Vire) Mou.
CnoAiNE, s. m. (Manche) Pain blanc,
Gâteau, et par extension Une bonne chose quelconque: // a mangé son choaine
le premier est une locution populaire fort usitée. Probablement ce mol ne
vient point de Canusblanc,ainsi que le croyait Roquefort; mais de Canonicus,
comme le prétend Ménage: c'é- tait du Pain de chanoine; au moins Clcr-matyn
avait la même signification en vieilanglais:
Ne no beggere ete breed That benes
iunc were, But of coket and clcr-matyn Or cllis of clene ■\vliefe.
Vision of Piers Ploughman, v. 4407,
éd. de M. Wright.
Une origine celtique n'est pas non
plus impossible; en breton Choanen signifie Pain blanc, léger.
Chôler, v. n. Tourner; en
vieux-français Chol signifiait une Boule.
Chon, s. m. Grande cuillère de bois.
CeoNCHONNER, V. n. Faire ensemble;
peut-être du latin Cum, Avec.
CiiopE, s. f. Conversation; en anglais
7'o rhop signifie Disputer.
CHO
Choql'ek, v. n. Trinquer. Choquer les
verres; il a la même signification dans le patois du Nivernais.
CiioouET, s. m. Pot en étain; CoÂt'f
signifiait en vieil-anglais un Vase servant de mesure, et le bas-latin
donnait le même sens à Coketa. ^
CiiôREH, v. n. Marcher lentement,
Couver une maladie, Se promener pour voler; Korra signifie en islandais
Respirer difficilement.
CnouiNE, s. f. Terme du jeu de briske,
qui signifie que l'on a dans la main l'as . le roi, la dame, le valet et le
dix d'atout.
CiioCiLER, V. a. Provoquer. Il
signifiait en vieux-français Jouer à la choule; mais comme ce jeu consistait
à se renvoyer une boule de bois avec une fa
3 nette, il a fini par se prendre ans
le même sens que Jienvoyer la balle.
CnouMAQLE, s. m. (Orne) Cordonnier;
c'est le nom anglais Shoesniakci' ou l'allemand Shuhmacher. Comme le cuir de
Cordoue était le meilleur, les ouvriers ont prétendu ne travailler qu'avec du
Cordouan et le nom de Cordonnier s'est substitué à l'autre:
Et de soulers de cordouan. GiiART,
Branche dex royaux lignages, t. i, p. 136.
CnoupE, s. f. (Orne) Houppe d'un
bonnet; Huppe d'un oiseau.
Chouqi ARD, adj. Entêté comme une
souche. Voyez le mot suivant: on dit encore Entêté comme un morceau de hois.
Choloue, s. f. Grosse racine.
CLA
Souche; dans quelques localités on dit
Chuque.
Chue, s. f. Ciguë; Vert comme chue est
une locution fort usitée.
Chuntre, s. m. Sentier.
Churet, s. m. (arr. deValognes)
Gredin. Voyez chieu
RET.
Choutrin, s. m. (Orne) Mauvais lit; il
signifie une Petite maison dans le patois du Berry.
CiGNOGNE, s. f. (arr. àe Bayeux)
Mélange de son et d'orties hachées.
Clacasse, s. f. Piquette, Mauvaise
boisson.
Claire-vaie, s. f. (arr. de Valognes)
Garde-fou en pierres de taille découpées à jour, sur une galerie; Claie-voie
en Lorraine, suivant Dom François, Dictionnaire roman, p. 7 1 .
Clampin, adj. Négligent, Lambin.
Clanche, s. f. Loquet; de l'islandais
Klinka dont la signification est la même.
Clapuce, s. m. Mauvais cidre.
Claquard, adj. Babillard; Qui fait du
bruit comme un claquet. Ce mot signifie aussi une Grive très-bruyante et une
Espèce de crabe.
Claquet, s. m. Digitale pourprée, dont
les enfants s'amusent h faire claquer les fleurs.
Clavette, s. f. Espèce de vérou; de
Clavus clou ou de Clavis cM.Onsippehil Clavette en vieux-français une fiche de
fer qui servait à fermer les contrevents.
Clavette, adj. Bavard: en rouchi
Clipef signifie babil.
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(delwedd C1268) (tudalen 067)
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CLI G7
Claviot, s. m. Bâton avec lequel on
tourne le moulinet d'une charrette pour serrer ce qu'elle contient avec des
cordes: de Clavis clef. En provençal Clavar signifiait Fermer, Enfermer, et
le français a encore Enclaver.
Cllvis, s. m. (arr. de SaintLo) Fléau;
Clas a la môme signification dans le patois du Berry.
Cliché, s. f. Diarrhée. ClicÂard est
un sobriquet que l'on donne encore aux habitants de Bayeux, parceque, suivant
une vieille tradition, pour les punir d'avoir chassé saint Gerbold
leurévêque. Dieu les affligea de lienteries et d'hémorroïdes.
Cllmuchette, s. f. Jeu où l'on cligne
les yeux pendant que les autres se mussent. Quoique cette origine semble
assez probable, elle n'est pas certaine; en gàël, en erse et en irlandais
Cluich, Cluithe, sigmCie jeu, amusement, et les enfants disent jouer à
cacher. On donnait à ce jeu le même nom pendant le moyen-âge, car un des
Juifs qui vient de perdre les yeux pour avoir porté la main sur le cercueil
de la Vierge, dit dans ](i Mystère de l'Assomption:
Nous sommes droictement en point De
jouer a la cline-muclie.
Cll\e, S. f. Mauvaise brebis: en
islandais /i/fm signifie Petit, et Klini, Salir, Gâter.
Clinque. s. f. Coqueluche: Cliquer
signifiait en vieux-français Rendre un son bruyant; en anglais To clink.
Cmocher, V. n Boiter: on
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(delwedd C1269) (tudalen 068)
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68 COC
disait Cloicltcr on vipux-ir;iiiijais.
Arraoz dosus le destrier blanc Qui ot
tôt plain coste et liane; Uien fn ferre, pas ne cloieha.
Roman de Perccval, B. R. n" 6837,
foi. 371 . verso.
De là l'oxprcpsion nnrniando Aller à
cloc/w-pinl, aller sur un pied, en clochant. Le français Clocher n'est plus
employé que dans le style l'amilicr.
Clioucir, v.'a. (arr. deSaintLo)
Souffler.
Clopi.nek, V. n. Boiter, Être écloppé.
Envieux-français C'iop signifiait Boiteux:
Et (l'espee donner main cop Et
espaiiler et taire clop.
Roman de Renart, t. iv, p. j4s.
Jean de Meung qui boitait fut surnommé
Clopitiel. Tous ces mots viennent .sans doute de l'islandais Klepp, Tumeur,
Nodus, ou de Tallemand Klop' fen, Boiter. Le français emploie encore Clopiner
dans le style familier.
Ci.opoiNG, s. m. Crabe . qui ressemble
à un poing clos.
Cloquer, v. n. Glousser. Dans quelques
localités on dit Clouqueter.
Clos, s. m. Pièce de terre; dans la
Basse-Normandie les champs sont presque toujours enclos de haies ou de murs.
Ce mot dérive du latin i'iausus, fermé, existait aussi en vieux-français:
Ef lors troeve-on les violette."?
En vrep.iers, en gardins, en clos.
Fboissart, Podijci . p. 133.
Co. adv. Encore. Cette contracfion qui
se trouve en rou
COÉ
clii . existait aussi en
vieux-français:
Diex! Cor ne sui esmerillons ou gais,
Ja ne feis desqu' a vos c'un eslais.
Raoul de Cambrai, p. 2.T», v. n.
Co s'emploie aussi (juelquefois avec
la signification de Pounjuoi.
Coc.v.NE . s. f. Narine.
CocHELiN, s. m. (Orne) Sorte de gâteau
long, et par extension Présent. Cochet signifiait en vieux-français le cadeau
en vin ou en argent qu'un nouveau marié faisait à ses garçons de noces.
CocnoN, s. ni. Cloporte. On donne
aussi ce nom au fruit de l'églantier et du mespilus oxyacantba, parce qu'il
n'est bon que pour les cochons.
Cochonnet, s. m. Ce mot a la même
signification que le mot patois Cochon. En provençal le fruit du fusain
s'appelait Colonhet.
Cocnox.MÈRE, adj. Ce mot qui ne
s'emploie qu'avec ronce se dit de l'églantier. Voyez
COCHON.
Coci, adj. Courbatu. Harassé. A'^oyez
éc.4ucher.
Coco, s. m. Œuf, onomatopée. En
vieux-français les marchands d'œufs se nommaient Coconnicrs; voyez Boquefort,
Supplément au Glossaire, p. (')'.), V" calcuerau. Les enfants appellent
une poule une Cocotte, et dans le dialecte slavon de Servie on lui donne le
nom de hokosh.
Coesme, s. f. (arr. de Cherbourg)
Fiente; on dit aussi Corsmer, Ficnter.
CoKTE . kecte . s. r. Lit de
COL
plume; le vieux-français disait Coûte:
Mais il n'i ot coûte, ne oreillier, Ne
couvretoir qui vausist un denier.
Auberis li Borgonnons, dans Relier,
Romvart, p. 208, v. 31.
Le français en avait fait Couette,
mais il est maintenant hors d'usage.
CoEURiAL, adj. Appétissant; on dit aussi
dans le même sens Avoir le cœur au ventre. Le français Cordial a été formé
par une idée semblable.
CœuRU, adj. Courageux, Qui a du cœur.
CoFFERT, p. pass. (arr. de Yire)
Meurtri; c'est probablement le même mot que le suivant.
CoFFi, p. pass. (arr. de Bayeux)
Bosselé, Chiffonné.
CoFFiN, s. m. Cornet, Envelop|)e de
papier; sans doute du latin Cophinus, Corbeille; il avait le même sens en
vieux-français:
J'en empliray sy mon coffm.
Vie de saint Fiacre, publiée par M-
Jubinal, Mystères iné- dits, t. I, p. 340, V. 17.
CoGER, V. a. (Orne et arr. de Vire)
Forcer, Obliger; du latin Cogère dont la signilication est la même.
CoHAN, s. m. Pot de terre dont l'anse
est par-dessus.
CoiMELER, V. n. Pousser des cris
plaintifs.
Cois, s. m. (arr. de Bayeux) Paquet de
chanvre roui.
CoLE, s. f. Mensonge. En vieil-anglais
Coll signifiait Faux, Trompeur:
A col fox, fui of slcigli iuiquilec
CuAucER, Canterburg talcs, . V. 15221.
COM
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(delwedd C1270) (tudalen 069)
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69
Thy propliesy poysonly to the
pricke
gotli: Coleprophet and colepoyson Ihou
art
both. Heywood, cent. vi,ép. 89.
CoLiFE.\iMÉ, S. m. Homme qui imite les
femmes, Colin efj'éminé; on dit aussi Colinpllette et Miché-fdlettc.
Coller, v. a. Interdire quelqu'un, Mettre
dans l'impossibilité de répondre. En vieux-français Coler signifiait Frapper
et peut-être par extension Mettre hors de défense.
Ci out encontre e tas e foie . K qui
ne s'i enbat e cole Honiz en crient estre a sa vie.
Benois, Chronique rimée, 1. n, V.
21492.
Coll signifie en gaël Perte, Dommage.
Collier, s. m. Cheval de trait,
enharnaché d'un collier. En provençal les portefaix s'appelaient colliers:
Neguns colliers ni home que porte a col no pagua res; Charte de 1283, citée
par M. Raynouard, Zexique roman, i.W, p. .i36; et un titre de 1423 montre
qu'il en était de même en vieux-français, il est intitulé: Chirographus de
quittatione Winngii des coliers et des broœetiers.
CoMÉRiAL, adj. (arr. de Vire) Affable.
'
CoM.METOUT, loc. adv. (arr. de Bayeux]
Beaucoup; cette locution existe aussi en rouchi et dans tous les patois du
centre de la France.
CoMPÔT, s. m. Uccoltc qui dispose la
terre à recevoir du blé. Dans le patois lorrain Composa signifie rompnt des
temps
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(delwedd C1271) (tudalen 070)
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70 (.:uo
Mui\anl Doni François. Uictiotniairc
roman . p. 75.
Confondre, v. a. Gàler, Salir; le
vieux-rrançais lui donnait le même sens:
Luxure confond tout la ou elle s'a
coutre.
Jf.vn de Meiwg, Testament, v.
1809.
CoNRoi, S. ni. (Orne) Terre glaise. Le
breton Kourrez signifie un massif de terre glaise qui retient Teau.
Probablement on a pris aussi ce mot dans une acception plus large; il a dû
signifier ce qui est uni, lisse; car Nicot dit que Convoyer du bois c'était
le Dresser à la hache, et Ro(juefort donne à ce verbe le sens de Tanner,
Arrê- ter le cuir. Le vieux-français Corroi, Ordre, Rang et par suite
Bataille, semble en être une corru[)tion.
Contre (tout) loc., adv. Tout près.
Comme dans quelques locutions encore en usage, Contre signifiait Auprès en
vieux-français:
Contre lui vint Ernout clochant A
(]ous des coilverz apoiant
Benois, Chronique riméc, 1. ii, V.
12309.
Vente d'une maison seans en la rue du
Castel-Bourgeois, faisant louquet contre lesglise des Frères Prescheurs;
Titre de 1429.
CoNTREBOcnE, S. f. Grande quantité.
CoNTRU, s. m. Partie infé- rieure
d'une porte coupée en deux; contraction de contre f'uîs, qui se prononce ne.
CooD-RAN, S. m. arr. de (^nutanres
Hermaphroclite: de
COR
Coque (concha) et .fî^iw. priape
denier, nom commun à plusieurs espèces d'holothuries.
CoRNART, adj. Cheval poussif: soit
|)arce (ju'il souffle comme dans un cor, soit parce que l'on a étendu le sens
de ce mot qui signiliait d abord châtré, Ecorné, Qui nest pas entier: Un
mouton cornut u coillut; Charte de 126o, citée par Carpentier, t. I, col.
1018. CoRNEBiCDET, S. m. (arr. de Valognes) Coquillage univalve, que l'on
appelle aussi Bernard l ermite. Ce nom s'étend à plusieurs espèces du genre
pagure.
Corsé, adj. (arr. de Vire) Repu, Qui
en a plein le corps. Voyez DÉCORSE. Il se dit aussi d'une sauce épaisse et
substantielle. Voyez coRsu. On lui donne aussi le sens de Couru. Corsée, s.
f. Curée. Voyez le mot précédent.
Corser, v. n. Lutter corps il corps.
CoR.sn, adj. Qui a du corps; il avait
le même sens eu vieux-français:
A(lobes-le, Biaus père, Callos dist;
Car asses est, etcorsus, et fornis.
Cfieralerie Ogier de Dancmarche, V.
72S7.
CoRTiNE, S. f. Couverture de lit.
Rideau: du latin Cortina, ([ue le vieux-français avait conservé:
Qui le tenroit tôt nu soz .sa cortine,
Miex li valroit (juenulerien qui vive.
Raoul de Cambrai, p. 219, \.9.
Le raescredi un vent venta Qui les
courtines adenta.
fioDFfRor nr. PAnis, Chronique rimee, \.
b'M7.
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(delwedd C1272) (tudalen 071)
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cou
CosER, V. a. (Orue) Blâmer; on le
trouve en vieux-français:
Je meisme me blasme et cose. Roman de
la Violette, \. 131 1.
Ce mot vient sans doute du bas-latin
Causare, Mettre en cause, ou de l'islandais Kussa, S'indigner.
CosET, s. m. (arr. de Cherbourg )
Ornement; peut-être signifiait-il d'abord un Collier et vient-il de Cos, nom
que le patois donne au Cou.
CossEAU, s. m. Tuyau de la plume;
Plume non taillée.
Cossi, adj. Meurtri, Fatigué; il
existait en vieux-français:
•
Tu m'as trop lourdement coyssy;
Je suis tout ronps et tout frayssy.
Martyre de saint Pierre et saint Paul, dans Jubinal, Mystères inédits, t. i,
p. 71, v. 14.
Cotée, s. f. Rangée.
CoTiN, s. m. Petite maison, Niche; il
avait la même signification en vieux-français:
A un pastur s'acumpaingna, En sun
cotin od li entra Boman de Rou, v. 6808.
Kot en islandais, signifie une
chaumière.
CoTivER, V. n. Satisfaire ses besoins
naturels. En islandais Kota signifie Partie cachée d'une maison; peut-être
ainsi ce mot signifiait-il d'abord 5e retirer dans un coin secret.
CoTTER, V. n. Jaillir. Le roman de la
Rose la employé dans le même sens:
Les flotz la heurtent et debatent, Qui
tousjours a lui se combatent Et maintesfois tant y cotissent Que toute en mer
s'ensevelissent.
Cou.iiLLE, S. f. (Orne) Torchon,
corruption de (ouailfe
COU n
(voyez ce mot), et, par une image
encore employée en français, Femme sale.
CouAS, s. m. Corneille, Corbeau dans
l'Orne. C'est une onomatopée.
Coucou, Cri des enfants pour avertir
qu'ils sont cachés; dans la Corrèze, Coucu signifie Se cacher.
CouER, V. a. et n. Couver; le v a été
syncopé.
CouET, s. m. (arr. de Vire) Ruban de
fil.
CouiE, s. f. Vase oii les faucheurs
mettent leur pierre à aiguiser; dans quelques localités Couaé. On dit Cueillu
dans la Bresse et Confier dans le Jura; le patois vendéen donne à la pierre à
aiguiser le nom de Coue; c'était Coyer en vieux-français.
CouiLLÈRE, s. f. (arr. de Bayeux) Cornet
de parchemin dont on se sert en guise de tabatière.
Coulage, s. m. Défaut d'or drc,
Gaspillage; c'est le mot français Coulage employé mé- taphoriquement.
CoULiNE, s. f. Torche de paille; le
vieux-français l'employait dans la même acception. Eu breton Goulou signifie
lumière et Goulaouen, luminaire. Peut-être si celte tradition ne se rattache
pas au culte du soleil qui existait cer tainemeut chez les anciens Celtes, ce
mot a-t-il signifié aussi paille, fumier; car on chante en brûlant une Coulitte
le jour de l'Epiphanie:
Couline vaut lolo, Pipe au pommier,
Gerbe au hoisset.
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(delwedd C1273) (tudalen 072)
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72
COU
CtiLTiii a(j\ . Vite. A
temps; il existait en vieux-lraiiçais:
Tu te tiastes trop mollement; On ni-
jiii;c |)as si a coup. Farce nouvelle des deux Savetiers.
CoLTKT, S. ni. Tctc dun arbre, Sommet,
Cime; on dit dans queNiucs localités coupelle. Le vieil-anirlais donnait la
même signiiication à Kupf)r.
CoLPiÈRE, s. f. (Orne' Morceau de cuir
qui joint, au moyen dcschappes, les deux parties du lléau.
Coupler, v. a. et réfl. Accoupler, Se
marier; le vieux-français avait retranché aussi la première syllabe:
Di que je fus couplé sous le joiis;
d'hy menée Avec une jeunesse à toute
vertu née.
V.\IQUFI.LN DE La rRESNWIC.
CoupLETTE, S. f. Culbute.
VoveZ CU.MBLET.
Cour, s. f. Maison rurale, entourée de
terres. La racine de ce mot se trouve dausla Loi salique: Si quis vero canem
custodcm domus sive curtis... furatus fuerit aul occiderit: Tit. VII, p. 3,
texte de Charleinagne.
Courage, s. m. Ce qu'on a a sur le
cœur; le vieux-français lui donnait le même sens;
Les suens a fait a soi venir Pur snn
curage descovrir. Benois, Chronique rimée, 1. i, V. 179».
Cour.me, s. f. Fressure; du cœur qui
en fait partie. 11 existait aussi en vieux-français;
Fiert Olivier parmi le dos D'ime lance
fort ac eroe, K'iJ (sic) li tros])arce la coree. MotsKts, Chrohir/uc linicc,
CO'J
(ielle sif-aiilication reçoit
quehjuefois des modilications: on dit d'une forte secousse qu'elle va
Dépendre lu couraie, ce qu on exprime dans le Berry par Dépendre l'estomac.
Le rouchi prend Couraie dans le même sens que le patois normand.
CouR.vNT (d ivraie), s. m. (Eure)
Partie d'ivraie mêlée au blé.
Courge, s. f. (Orne) Morceau de bois
dont on se sert pour porter les seaux sur ses épaules; il a le même sens dans
le patois de la Vendée.
CouRGÉE, s. f. Petite corde (jui
termine un fouet; Courgie en vieux-français:
D'or lu li basions Ou la courgie
estoit noee.
Roman de Gauvain, cité par Borel.
Dans l'Orne Courbet si,2;nifie une
lanière de cuir au bout d'un bâton; par une extension naturelle de
signification le patois du Jura a appelé un fouet E courge.
CouRGEOT, s. m. (arr. de Vire) Tige de
chou.
CouRTiL, s. m. Jardin:
Toutes fois moy et mon jardin, Nous
différons en une choze, Je me vueil abreuNcr de vin Et d'eau nostre courtil
s'arroze.
Oi.ivii:r Bassei.in, Vaux-de-Vire, p.
145, éd. de M. Travers.
Ce mot existait aussi eu
vieux-français:
L'uis a ouvert de son cortil. Roman de
Renart, t. i . p. 188.
Courtine. Ce mot ne s'emploie (pie
dans la locution Faire courtine; elle sigiiilie Relever.
CRA
son jupon pour se cliaufter,
raccourcir.
CouTRE, s. m. (Seine-Infé- rieure)
Sacristain.
Coutume, s. f. Impôt:
Liardîa liard la coutume s'amasse.
Proverbe normand, l
Il avait le même sens en
vieux-français: Chacune nef qui vient au port de Caen, se elle arrive au port
et elle est frétée a Caen, de quiconques lieu que elle vienge elle doura la
solle et loial coustume, et se elle se veult partir du port, elle doura doble
coustume; Etablissements de Normandie, p. 85.
Crac, s. f. Fruit de l'épine noire
dont le noyau est trèsdur et très-gros."^ Selon Borcl Craig signifiait
pierre en vieux-français et l'on appelle les noyaux des cailloux; peut-être à
l'imitation de l'allemand, où les fruits à noyau s'appellent Stein-obst,
littéralement fruit à caillou. Voyez caillou
et CRAU.
Crachinage, s. m. Pluie fine et
épaisse; du latin Crassus, épais.
Crahagneux, s. m. Qui marchande, Qui
conclut difficilement un marché.
Craisset, s. m. Lampe à crochet, dont
le nom existait aussi en vieux-français:
Or le tient Beiengiers pour fol Quant
il i vint sans le craisset.
Fabliau d'Aloul, v. 826.
Il vient probablement du celtique, car
on dit dans le patois rumonche Craisu, dans celui de l'Isère Creisieux et eu
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(delwedd C1274) (tudalen 073)
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CRA 73
breton Creiisol. Le latin Cratera est
cependant pris quelquefois dans la même acception: El ibi stant in lecto
quindecim cratères aurei cum oleo, ardentes diu noctuque; Itinerarium sancti
Willibaldi, n° 18.
Cralée, s. f. (arr. deBayeux) Grappe
et par suite Quantité.
CRANCHE,adj. (Orne) Malade; de
l'allemand Krank. Peut-être le vieux-français Cromèe avaitil la même racine:
Crombes et impotens te ferai Des grans
cops que je te donrai. GuimnevUle, cité par du Cange, t. m, p. 645, col. 3.
Crane, adj. (Orne) Fier; (arr. de
Baveux) Beau; il signifie Tapageur en français, mais il est presque
entièrement hors d'usage. Peut-être le vieux-français Crenu avait-il la même
racine.
El chief li unt son heaume assis, E
cheval i'reis livre e quis, Ignel, d'Espaigne, bai, crenu. Benois. Chronique
rlmée, 1. ii, V. 21812.
Quoiqu'il nous semble plutôt venir de
Crinis, A tout crin.
Cranière, Vieille maison, pleine de
crevasses qui s'appellent en anglais Cranny. En vieux-français Cranner
signifiait Boucher des fentes.
Crapoter, V. n. Marcher sur les pieds
et sur les mains, comme un crapaud.
Crapoussin, s. m. (arr. de Valognes]
Petit crapaud; expression injurieuse que l'on applique aux enfants et aux
hommes de ircs-petite taille.
Craque, s. f. Mensonge, Craquerie; ce
mot se trouve aussi en rouchi.
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(delwedd C1275) (tudalen 074)
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74
CRÉ
Crase (à), loc. adv. Klle
nesl employée que dans la j)lirase, Il pleut à erase. en abondance: à tout
écraser.
Ckasse, s. f. Ce que l'ail un Crasseux
. et par extension Tout mauvais procédé: Il m'a fait une. crasse, il m'a
mancpié. l)aus le patois du IJerry Crasse sijînifie une chose nuisible
il'ntic nature quelconque.
CiussiNEK, V. imp. 11 se dit dune
pluie line et épaisse qui tombe. Voyez cu.vr.niNVGE.
C»AU, s. f. Pierre tendre qui se
trouve à la surface des carrières; il y a dans les environs d'Arles uîi lieu
pierreux que l'on appelle la Crau.
Crauler, V. a. Bouillir h l'eau.
Créature, s. f. Femme, et par suite
Servante.
Crédence, s. f. Petite armoire dont
les tiroirs sont audessus des portes, et par conséquent trop élevés, pour ne
pas être hors de toute atteinte. On lui donnait ce nom parce qu'en
vieux-français Crédence, de Crcdere, signifiait confiance:
Ecce an( illa Domini; L'ancellc Dion
suis en cITct;,)'ay pari'aicto crcdoncc «'ii Itiy Kt selon ton ilict me soit
laict.
Mystère de la Conception de N. S.
Jésus-Christ, scèïi.wwi.
Rabelais emploie Crédcnriers pour
Iniffeliers, 1. iv, eh. Gi.
Crélier, v. n. Frissonner.
CiiÉiMR, v. rén. Se tirer, Se tendre;
// se crépit sur ses ergots signifie il s allonge sur là pointe des pieds.
Crki'oxxkr, v. a. Pétrir avec le
poing, l'rcsscr; on dit aus
74?? CRÉ
il CRÉl'OUSER.
Chessir, V. a. (Orne) Presser
violemment; on l'emploie aussi neutralemcnt et il signilie alors Mourir.
Cresteller, v. n. Crier comme une
poule:
Ma femme .•^'y brait et crestclle.
Chanson normande, publice par I\l.
Dubois, p. 186.
Crétine, s. f. (arr. de Caen) Crue
d'eau, du latin crctus qui était devenu dans la basse-latinité cretina. Il
faut ainsi corriger ce passage cité par du Cange, t. 111, p. 71, éd. des Bénéd.:
Quod si forte in hieme vel ex abniulantia pluviarum vel ex resolutione nivium
aquae inundatio lieret, quam vulgo Eretinam vocant. Crétine se trouvait aussi
eu vieux-français:
En rivière fet crétine sovent,
Les ruisseaiis s'en enflent ensenient.
PiERUF. n'AiiF.uNON, Ense'igue
mentsdWrit^tote; B. \\. tonds
de Kostrc-Uanie, n" 277 .
fol. 181, v°, col. 2, V. 23.
Créter, V. n. ( aiT. de Baveux)
Frissonner, Avoir une sensation désagréable ([uelcon
que.
Créton, s. m. Peau croustillante qui
reste dans la graisse (piaud on la fait fondre.
Laissez jusqu'au retour les tripes,
les
créions; Quand rcnnemi nous presse, au
diable les L;ueultons! Lalleman, La Campénade, cb. i, p. 1). On appelait en
vieux-français les fritures dans la graisse du Cré tonné.
Vielles prestrcsscs au cive, Noires
nonnains au crclonne.
R^oiLOE lIoiDAi.N'-, sonrje d'En
CRO
fer, publié par M. JlbiiNal, Mystères
inédits, t. ii, p. 40i,
Crette, adj. Bien mis, Propre.
Crignas, adj. ( arr. de Bayeux) Malpropre,
Salle comme une crig nasse. Voyez ce mot.
Crignasse . s. f. Perruque, Cheveux
mal peignés.
Crigne, s. f. (arr. deCaen) Croûte
frisée, Herbe entrelacée comme une crignasse.
Crignée, s. f. Lacs en crin que l'on
tend sur un appât.
Crilloire, s. f. (Orne) Trachée-artère
des animaux par laquelle ils crient.
Crioche, s. f. Béquille, Bâ- ton
terminé par un croc, comme la béquille l'est par un bec.
Crique, s. f. ( Calvados ) Point du
jour; il se lève dès la crique; dans l'arr. de Vire ce mot signifie aussi
l'OEil d'un enfant.
Criquet, s. m. Grillon; onomatopée qui
se trouve dans l'anglais Cricket.
Criquette, s. f. (arr. de Valognes )
Dent; à Caen on dit Crique.
Criquoi, s. m. (arr. de Bayeux ) Bruit
que l'on croit entendre la nuit, et qui n'est que le battement de l'artère .,
parce qu'on se demande: Quel est ce cri?
Croc, s. m. (Orne) Fripon, aphérèse
d'Escroc.
Crocher, v.a. Courber comme un
crochet; Rendre crochu.
Crouler, v. a. et réf. remuer; il
existait aussi en vieux-français:
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(delwedd C1276) (tudalen 075)
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CRO 75
Il ne se crolle ne remue. Dolopathos,
p. 183.
Crosser, V. a. Maltraiter au physique
et au moral, Mettre en croix; nous disons dans le même sens cruci^er. En
vieux-français croissir signifiait briser et par suite craquer.
En la plus halte tur m'en munterai
a pet E pus sur les espees m'en larrai
dé- rocher,
La verrez brans crussir e espees bri
sier.
Voyage de Gharlemagne, v. 545.
L'a si féru parmi le dos, Ke toz li
fet croissir les os.
Roman de Rou, \. 13539.
Crouen, s. f. Pomme que le vent fait
tomber; dans le patois de l'Isère Croeï signifie fruit vermoulu..
Crouillet, s. m. (Orne) Verrou; on le
trouve aussi en vieux-français. Ronsard a dit:
Mais il fait un grand bruit dedans
l'estable, et puis
En poussant le crouillet de sa corne
ouvre l'uis.
Croulans, s. m. pi. (arr. de Saint-Lo
) Mares, Fondriè- res; en vieux-français Croliz, Croulière avaient la même
signification.
Crouler, v. n. (arr. de Vire ) Roucouler.
Croules, s. f. pi. Bouillie d'avoine à
l'eau; on dit aussi Croules. Voyez crauler.
Crouleur, s. m. Amateur de pigeons:
Qui dit crouleur dit voleur est un proverbe fort usité. Voyez crouler.
Croupette, s. f. Révérence, parce que
l'on s'accroupit, coin
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(delwedd C1277) (tudalen 076)
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7G D\L
me Courbette, parce ([uc lOu se
courbe.
S'uiis (Idlcn/. fait une armpie Ou un
cncliu dcNaut s'iuiage.
De monacho m flumine pericH- tato, V.
19 î.
Croltte, S. r. Clos, Espace de terre
cullive autour d une maison de (■anipap;ne, ce (pic M. (îuérard ai)pelle la
Terre salicj^ue. Sexlariuiii IVunieuti percipiendum in masura sua cum crota
adjacente; Charte de 1252, citée par lluet; Origines de Caen, p. 298.
Beaucoup de champs et de fermes portent ce nom en Basse-Normandie; on le
trouve déjà dans des titres de la première moitic du XIV' siècle: Jouxte les
crottes de Banville; Charte de 1342, rapportée par Pluquet, Contes populaires
de l'arron
DAL
di$senxent de liayeux, p, 135: Jouxte
la crotte Di^liague; Charte de 13u2, Ibidem, p. 139. Ce mot se trouvait aussi
en vieux-l'rançais:
Les Juiscnont mors, molt on font
fzrant niaiscel;
Mais que dis en garirent en la crote
Japlii'l. J)c \'e.<ipasianus
l'empereoi^yH. de l'Arsenal, IJ. L. F. n" '.îSS, fol. 83 . recto, col.
3.
CuELVER, V. a. Fermer la porte.
Cuisson, s. f. Fournée, ce qui cuit
ensemble.
Ci^iRi.ET, s. m. Culbutte]
probablement une corruption.
CESSER, V. n. f Orne ) Se plaindre
beaucoup. Voyez acl's
SER.
Cl'Stos, S. m. Sacristain; c'est la
forme et la signification latines.
D
Dabée, s. f. Forte pluie,
Daube d'iiau. Voyez daurk.
Dacer, V. a. Payer contre son gré. La
Dace était un impùt perçu plus spécialement sur les marchandises, (pii malgré
son étymologie [Data, un don) était bit impopulaire: Ad multas teneantur
collectas, contributiones.dacias sive steuras; Charte de 1286, publiée par
Ludwigl, Rdinuiac manuscriptorum, t. 1>, p. 2(57.
On trouve déjii dans Sidonius
Apollinaris, 1. V,let. 13: Tribulum annuum datare.
Dale, s. f. \ allée; du norse Dal,
dont la signilication est la même: il ne se trouve plus que dans (piel([Mt'.s
noms de lieu
situés surtout en
Haute-Normandie. Dippedale, Darnedal: le vieux-lrauçais remployait seul.
Par dales Robert s'est plongies.
Robert-le- Diable, fol. V. ii, recto, col. 2, éd. de M. Tre
BLTltN.
Voyez DARNE.
Dalle, s. f. Canal par ou les eaux
secoulent. La Coutume de llretagnc, art. G9S, l'emploie dans le même sens; il
signifie aussi Flaque d'eau.
Dallée, s. f. Irine d'un animal as.sez
abondante pour remplir une dalle.
Daller . va. et n. (Orne) Uriner, en
parlant des hommes.
DAR
Dalot, s. m. Petite dalle; ce
diminutif est aussi un terme de marine.
Dangier, s. m. Puissance, Domination;
de dominium: voyez ]e Joiimalldes Savants de Normandie, i. I, p. 1T. On le
trouve aussi en vieux-français;
Mais c'est or cil que poi le crient,
N'est or de rien en son danger.
Benois, Chronique rimée, 1. n, V.
14244.
Le droit de Danger était un dixième de
la valeur des bois que l'on payait au souverain pour remplacer la suzeraineté
quelle défrichement lui faisait perdre.
Dansparou, loc. adv. ( arr. de
Valognes ) on ne l'emploie que dans la phrase: Tout laisser dansparou, qui
signifie Laisser un ouvrage dans l'état où il se trouve, sa7is rien achever.
Dardaixe, s. f. ( arr. de Bayeux )
Pièce de six deniers en cuivre, sur laquelle les glossaires ne donnent aucun
renseignement, quoique son nom se trouve aussi en vieux-français et en
provençal. Dardanarius signifiait dans la basse-latinité un petit marchand
qui ne vendait que pour de faibles sommes, et on aura peut-être à cause de
cela appelé les pièces de menue monnaie dardaines.
Bariole, s. f. Soufflet.
Darne, s. f. Portion, Morceau; on dit
encore en français une darne de saumon. \\ y avait autrefois à Caen un
domaine situe dans une vallée
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(delwedd C1278) (tudalen 077)
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DÉB 77
que Ton appelait Darnetal; l'é- glise
de la paroisse où elle était se nommait St-Pierre-de-Darnetal. En breton Dam
a la même signification.
Darre, s. f. (Manche) Gros ventre;
peut-être aussi gros qu'un derrière, car on trouve Darr avec cette
signification en vieux-français; cependant Diaraok signifie en breton la
partie antérieure d'un homme par opposition au derrière.
Darselet, s. f. ( arr. de Valognes )
Petit dard; on dit aussi par aphérèse arselet; c'est le nom de l'épinoche,
gasterosteiis aculatus.
Dasée,s. f. (arr. de Bayeux) Monceau,
Tas; il signifie aussi, peut-être par analogie, Bouse de vache et tout ce qui
en al a consistance et la forme.
Date, s. m. ( Manche ) Urine; il
existait aussi en vieux-français, suivant Roquefort, Glossaire, t. I, p. 342.
Daube, s. f. Chute, probablement par
extension. Voyez le mot suivant.
Daubée, s. f. Volée de coups; Dauber
signifie encore en français dans le style familier Battre à coups de poing.
Dauber, v a. (Orne) Prêtera usure; en
vieux-français Daube signifiait tromperie, fraude.
Debaltafriser, V. a. (arr. de Valognes
) Démonter, Défaire.
Débaucher, v. réfl. Se dé- soler; il a
la même signification en rouchi: de Debacchare en bas-latin, ravager,
désoler.
Paganorum quoque infestationes quae
olim patriam debacchaverant; Àcta Sanctorum
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(delwedd C1279) (tudalen 078)
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78 DEC
Ordinis sancti /h'ncilird, sif
clo. V, p. 49.
DÉBEhNÉyi ER, V. réfl. (air. do
lîavoux ^ Se. dcpètror, Se tiror d'uiio position (pii taisait berner, qui
rendait ridicule.
Dkbet, s. m. ( arr. dcValognesj
Déjïcl; on on a lait aussi un verbe impersonnel Débéter: (juand quehiu'un
perd de sa force, on dit on Normandie (piil en redoit.
Débétilleu, V. a. Dépê- trer, Tirer
d'une j)osition qui rendait bêle: on l'emploie aussi comme verbe réflécbi.
Débine, s. f. (arr. de Valognes )
Ruine, Position d'un homme qui doit plus qu'il ne possède; on s'en sert
ordinairement avec le verbe tomber: il est tond)é en débine.
Débiner, v. a. (arr de Vire)
Calomnier, User, Ruiner au physique et au moral.
Débouler, v. n. Enfuir au plus vite,
Courir comme une boule.
Débraguer, v. n. ( arr. de Baveux) Se
dévelopjjcr, Sortir de son envelopj)e; lirag signiiie en breton Qui germe,
Qui fait saillie. Ce mot ne se dit que d'un écusson qui commence à pousser.
DÉBUÉciER, v. réfl. Se débarrasser, Se
tirer de la nasse, Breç/in en vieux-français.
Décaniller, v. n. Fuir comme un chien;
du latin Canis: ce mot existait en vieux-français; il s'est conserve dans le
patois du Berry.
Décarémer ."^ V. réfl. Se dé-
dommager par un bon repas des auslorilt's du can'mr,; on lil dans une chanson
berri
DKF
(lionne
11 vaille sur le Iricot
l'.t sMécarérae comme il faut.
Décasser, v réfl. Se dépê- trer. Se
tirer les pieds d'une casse, en vieux-lrançais un Coffre de bois.
Déciiafre, adj. Gourmand, Safre; il
signitio aussi Qui brise tout, et on lit dans Im mort du roi Gormond, v. 1 2
î:
Le lianberc rompu et desafre.
Décii VOLER, V. a. ^arr, de Cherbourg)
Transporter d'un endroit dans un autre; voyez le mot suivant. II signifie
aussi Médire, Calomnier: peut-être parce (juon dit dans] le même sens Mettre
quelquun sur sa raquette.
DiicniiiOLLER, V. a. (arr. de
Valogncs) Transporter d'un endroit dans un autre; Bouler d'ici.
Déciiiler, v. n. (arr. de Baveux)
Tomber du ciel.
Décorse, s. f. Diarrhée, Ce qui fait
vider le corps; on dit aussi Décorsé.
Décrouer, V. n. Tomber de haut,
Descendre de croix qui se prononce crouet ou du breton Krofja, pendre. Voyez
en
CROIER.
DÉDCiT, adj. (arr. de Cherbourg)
Espiègle, Malin, Qui se démène: de drducere. Potavit ultra monsuram vinum,
scque calcfecit et movit inordate, et alias se deduxit circa mulieres;
Lettres de grâce (1363); citées dans du Cange . t. II. p. 770, col. 3.
Défaçon (do) loc. adv. ^arr. de
Valognes) fjtre de défaçnn se dit d'une chose facile l\ vendre.
DÊG
dont on se défait facilement.
Le vieux-français donnait un
sens différent àrfe/apon;il venait
de Defcctus et signifiait mort:
A Bedeforde out un bacheler Qui (1.
Que) la gent firent en cnrt
juger A defacon. Vie de Saint-Thomas
de Canterbury, v. 1255.
Défaut, s. m. Pulmonie; c'est le
défaut par excellence, celui dont les suites sont les plus graves: le
bas-latin prenait Defecit dans le même sens; voyez Acta Sanctorum, Juin, t.
V, p. 144.
Défêler, v. réfl. Assouvir sa colère,
Passer son fiel.
Déferner, v. n. Déchoir.
Définer, v. n. Terminer, Finir; il
existait aussi en vieux-français:
Tout ensi son clianter define. Roman
de la Violette, p. 12.
On dit également Décesser pour Cesser.
Défubler, v. n. Deshabiller; le
contraire à' Affubler; on le trouve aussi en vieux-français:
Devant le roi fu desfublee, Qui
merveille l'a e.sgardee. Boman de Brut, v. 7153.
Déganer, V. n. (arr. de Valognes et de
Caen) Contrefaire.
Dégesté, adj. (Orne) Qui se tient mal,
Qui a de mauvais gestes.
Dégobiller, v. n. (arr. de Valognes )
Vomir abondamment, Rejeter ce que l'on avait gobé.
Dégois, s. m. Babil, Gazouillement; de
Dégoiser:
Belle (pii menez tel desgoys, Dictes
moy qu'esse a dire.
Chansons normandes, p. 190, éd. de M.
Di'bois.
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(delwedd C1280) (tudalen 079)
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DÉG 79
On le trouve aussi en vieux-français.
Décote, adj. (arr. de lîayeux) Rusé,
Spirituel; il a le même sens en rouchi. 11 se dit aussi d'un homme qui a
perdu sa maîtresse ou sa place.
Découler, v. n. Vomir, rejeter ce qu'on
avait engoulé.
Dégouliner, v. n. Couler goîitte à
goutte; le patois du Rerry l'emploie dans la même acception.
Dégoût, s. m. Eau qui tombe de la
gouttière; il existait aussi en vieux-français:
La fors, la n chet li degoz Girrai, la
ert mis monumenz.
Benois, Chronique rimée, 1. n, V.
26423.
Il se dit par analogie du jus qui
tombe de la viande, lorsqu'elle est à la broche et le vieux-français lui
avait donné la même extension:
Fais les rostir, toi Gadifer, Trempe
ton pain dans le degoust.
Degraboliser, V. a. (arr. de Bayeux)
Déprécier, Médire.
Dégraviner, v. a. (arr. de Valognes)
Dégrader une muraille, En faire tomber le sable, le gravier; le français
Dégravoier a mieux conservé sa racine.
Dégrêlir, V. réfl. Se divertir,
S'égayer. Voyez grêle.
Dégrio'ler, V. n. Glisser sur la
glace; il se trouve aussi en rouchi. Voyez griller.
Décrouler, v. n. Crouler, Dégringoler.
Déguisée, s. f. Femme qui a quitté ses
habits ordinaires pour en prendre de plus beaux. Envieux-français Déguisée si
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(delwedd C1281) (tudalen 080)
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80 DKM
gnifiail embellie:
rius cointc iw plus dcsguyscr ISe
l'anroye ja cieinandt'i'. Roman de la Rose, v. r.GT.
DÉHAiT, s. m. Tristesse. Aftliction.
Voyez haitieu: il existait aussi eu virux-lrançais;
A Loun, plein de prant desliet, Kar
bien scvent que mal lor vet, Siint entre Osmunt e son seignur En crieme, en
dote e en error.
Benois, Chronique rimer, 1. ii, V.
13821.
Dihet siiïnide en breton dé- plaisir,
désagrément.
Déhaumer, V. a. Battre, Maltraiter,
Arracher hhanme.
Délabre, s. m. (arr. de Baveux '
Garnement, Destructeur, Qui délabre tout.
Délaxdoux, s. m. Eleignoir.
Deij.e . s. f. Portion de terre
labourable, Sillon; dans le sens de l'allemand Theil et de l'anglais Dealc.
DÉLURÉ, adj. Vif; de Luron.
Démarer, V. n. Bouger, le contraire à'
Amarer; en breton Amar signifie chaîne, cable.
Démence, s. f. (arr. de Valognes;
Décréj)itiide; il se dit aussi des choses: Cette maison est tombée en
démence.
Démené, s. m. (Manche) Soins du
ménage; du vieux-français Se démener. S'occuper, Se tourmenter, (|ui est
encore rcstrdansle style l'aniilier. Proljabiement Tetymologie exigerait que
l'on écrivît Démainer; on lit encore dans la Chonique riméc de Mouskes, V.
2i;i;i7:
Mais tons li pins en denianier Ne li
sorent <\nc ronsillier.
Dememer, V. rcfl Se tour
DI<I»
tuenter. Se travailler l'esprit
(mcntem.: il avait le même sens en vieux-lrançais:
Por desirrier del roi autisme Se
dementoit a soi nieisme.
Wxc.v:, IJs((iblis<i(mrnt de la
Conception, p. Hit, v. 5.
Et cil . qni ne set, en sa rime Qu'est
eonsonant ou leonime. Se puef, comment (ju'il s'en dément, Avoir certain
entendement.
GuiART, Branche des royaux lignages,
prolo.sue, v. 5.
Comme en vieux-français il
signilie aussi Se lamenter:
Démente sel e plaint sovent.
Bf.nois, Chronique rimée, 1 . ii, V.
11390.
et Perdre la lètc, Entrer en dé-
mence:
La veissiez ces sales fondre Et ces
bians liostiex craventer, Enf.inz et femes dementer, Menesteriex braire et
crier. Gui.vRT, Branche des royaux lignages, t. i, p- 2i9.
Demoiselle, s. f. Petite mesure d'eau
de vie (l/^ décilitre); ce qu'une demoiselle en pourrait boire.
Démo.n, s. m. (Orne) Èleignoir.
Dépatouiller, v. réfl. Se tirer d'un
mauvais pas. Se dé- pêtrer.
Dépétroxner, v. a. Arracher les
rejetons du pied d'un arbre, le Dépêtrer.
Dépiauster. v. a. Ecorcher. Oter la
peau: dans le Nivernais on dit Dépiauter.
Dépit, s. m. Mépris, du latin
Despicere; il avait aussi cette acception en vieux-français:
Abiathar le volt .sacrer al dcu
de.spit.
C;tiR\Es, ]'ie de .^aint Thomas dr
Cantorhrr'i, p- 7, v. 2.).
DER
Dépiter, v. a. (Orne; Dé- fier; cette
extension du sens que lui donne le français se trouve aussi dans le patois du
Berry.
DEPiTEux,adj. Dédaigneux:
Labellealorsmerespond, despiteuse.
Olivier Basselin, ^aux de-Vire, p. 54,
éd. de M. Dubois.
Dépoter, v. a. farr. do Valognes et de
Caen) Transporter le cidre d'un tonneau dans un autre; à Rouen on
ditDepoîo^er.
Dérain, adj. Dernier; cette forme qui
se rapproche plus que le français du mot primitif ( de rétro) existait dans
l'ancienne langue:
Dieux! Je voy bien qu'IIz soufreront A
Ronime leur derain martire.
Martyre de saint Pierre et de saint
Paul, publié par M- JuBiNAL, Mystères inédits, 1. 1, p. ICI, V. 8.
DéRESNER. V. n. Déparler; Resner
signifiait en vieux-français parler:
Si com l'arcevesque Turpins, Li bons
clers, li cevaliers lins, Resnoit ensi a Carlemainne.
MousKEs, Chronique rimée, v. 8340.
La Coutume de Normandie l'emploie dans
le sens de se Dé- fendre en justice, Nier avec serment.
Déri, adv. (arr. de Coutances) En
dérive.
Derlinguer, v. n. (arr. de Cherbourg )
Faire du bruit; onomatopée tirée du bruit des sonnettes. Derliner se trouve
aussi dans le patois du Berry.
Dérompre, v. n. ( Manche )
Discontinuer, S'interrompre.
Déruner, V. a. (Calvados) Défaire .
Déranger. Voyez aru
DET
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(delwedd C1282) (tudalen 081)
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81
NER; il se trouvait aussi en vieux-français.
Dérlsionné, adj. (arr. de Vire) Fin,
Gai.
Déshabillé, s. m. ( arr. de Valognes )
Robe habillée.
Désert, adj. Ruiné, Abandonné; le
vieux-français lui donnait la même acception:
Mult par-est grans duels quant on
pert Lou vrai sépulcre ou Deus fut mis,
Et ke li saint leu sont désert Ou nostre sire estoit servis.
Maistre Renas, Complainte sur laprise
de Jérusalem, publiée par M. Jubinal, Rapport au. Ministre de V Instriiction
pub'ique, p. 39.
C'est le sens de l'anglais Deserted.
Désoreiller, V. a. ( arr. de Caen )
Couper ïoreille k quelqu'un; on dit ailleurs Esoreilter.
Dessaisonner, V. a. et n. Etre ou
Mettre hors de saison: il existait aussi en vieux-français. Les plaisants
propos estoient dessaisonnéz en un temps de guerre et d'aftlictions; d
Aubigné, Baron de Féneste, pré- face.
Desseulé, adj. Qui est abandonné,
Laissé seul; il se trouve aussi en rouchi.
Dessoûler, v. n. Désenivrer. Voyez
SOUL.
Desur, prép. Dessus; le R de la racine
latine était aussi resté en vieux-français:
E le plum départir e desur raei des
rumpre.
Voyage de Charlemagne, v. 574.
Détourbier, s. m. Trouble.
Dérangement: du latin Distiirbare:
6
•iS.'i.iN,
Si>
DKV
Oïl (ii( que bien souvent eiilre hec et
tuillier Il \ient((lui') (lestourbicr.
Olivier Uasselin, VaitT-dc-Vire,
p.;)j, éd. (le M. Travei>.
C'est un proverl)C que cite de Hrieux,
Origines de coutumes anciennes, p. 36:
Kntro la bouche et la cuillicr. Il
arrive souvent du délourbier.
Détrat. s. m. Sentier battu; du latin
Tractus.
Dktiuts, s. ni. pi. Décombres; du
latin Détritus; on dit en Provence Détriter les olives sous la meule.
Detteuses, s. f. pi. ( Manche) Fruits
abattus par le vent; on dit ailleurs Detteuil.
Deimet, s. m. (arr. dcPont1 Evèque )
Duvet; du bas-latin fhima:
Innascitur vcro avibus plumagium
multiplex; pullis namqucnoviter genitis primo innascuntur illae, quae nec
sunt ut pili, neque ut lanulae, sed iiabenl naturam inler utrumquc; quae
cooperiunt, et a frigore (|iioquomodo dclondunt. Secundo innascuntur aliae,
(|uae dicuntur lanulae, a quihusdain dumae: Fredericus II, De arte vcnandi,
1. I, ch. 45.
Dév.vler, V. a. et n. Descendre,
Tomber; on le trouve aussi en vieux-français:
De la plushaulte tur de Vnrh la citez
Me larrai contreval [)ar créance de
\aler.
Vo>jage de Charlemagne, \. M.
Fall signifie chute en islandais, et
tomber en anglais. \0\C7. .\Y\r,.
f)EVANTEE, S. f. Plein un devant icr.
Devaribi.e, s. m. ^Manche"»
1)1 D Qui use et déchire
tout. Voyez
VAROU.
l)Evr(;\oN, s. m. Projet; Ce cpi On a
devise.
Devinaii.le, s. f. Enigme à deviner;
il existait aussi en vieux-français:
Legiere est ce.ste devinaille:
Cliascuns quide estre tôt sachant Por quei vos teneiz l'enfant.
Benois, Chronique rinue, Lu, V. 13174.
Mais il y signifiait habituellement
non pas 1 énigme que l'on devinait, mais le sens qu'on lui supposait:
.Mais c'est tout truie et devinaille;
Nus n'est (isicieus fors Dieux.
Adam d'Arras, Vers de le mort, V., 35.
Devise, s. f. (arr. de Baveux) Borne
(jui divise les tcrre.><; on le trouve aussi en vieux-français.
Et quant les deviseurs auront veu et
enquis et regarde les leus et places, ils doivent marcher la devise la ou ils
sont assentis et boner la eiine novelle devise; Assises de jurisprudence, ch.
i6o.
DiA . int. Cri pour faire aller les
chevaux à gauche: en breton au contraire c'est pour les faire aller à droite:
cela prouve l'origine grecque; $ix. à travers, de côté.
DicuENAVANT, adv. Dorénavant. Il est
formé de la même manièrequcleJ9'afl?<?',ara/if du provençal et de 1 ancien
catalan, et que le D'ist di en avant du serment de 842.
DiDACER, V. n. Rabâcher; fréquentatif
dérivé du latin Dicere.
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(delwedd C1283) (tudalen 082)
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DOT
BiGiE, S. f. ( arr. de Caen ) Femme de
mauvaise vie. - DiGUER, V. a. Piquer; en vieux-français. Eperonner. Voyez le
mot suivant.
DiGiET, s. m. Piquet; on trouve aussi
dans le vieux-français Digart, éperon; Digoire,, arme pointue, et le français
moderne a conserve Lniyue. Tous ces mots semblent venir du celtique; au moins
Dag exprime-t-il en breton une idcc semblable.
DioLOVERT, s. m. ( arr. de Coutances )
Faiseur de mariages; en breton Didalvez signiûe fainéant, vaurien.
Disputer, v. a. (Manche) Gronder; la
même série d'idées afaitdu vieux-français Tenser, disputer, le français
actuel Tancer.
Do, prép. (Calvados) Avec; métathèse
d'Od, qui se trouve très-fréquemment en vieux-français:
Si ot od lui un cevalier
Pour lui aprendre et consillier.
MorsREs, Chroniqîce rimée, v. 12957.
Un changement semblable se retrouve
dans les autres langues; ainsi le Da des Italiens semble venir du latinité ou
Âb; en gaël Mi et Ym signifient Je et Moi] en breton le même renversement a
eu lieu, c'est Me et Em.
Dobiche, s. f. (Orne) Vieille femme
avare.
DoBiCHER, V. réf. S'habiller
ridiculement, comme une Dobiche.
Dodeigne, s. f. Tête.
DoDiNER, V. n. Remuer la tète; dans le
patois du Berry
DOU
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(delwedd C1284) (tudalen 083)
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83
on dit Dodeliner; en français Dodiner est un terme d'horlogerie,
qui signifie aussi Avoir un certain mouvement; mais il n'a pas cours dans la
langue usuelle.
DoNA, s. m. (Orne) Homme sans esprit;
en rouchi être Don ou Doute signifie être pénaut; probablement du breton
Dona, doux, apprivoisé.
DÔNE, s. f. ( Orne et Calvados )
Poupée; ce mot signifie en breton doux, docile.
Doré, s. m. Enduit. Voyez le mot
suivant:
Dorée, s. f. Tartine couverte de
beurre; on donne aussi au verbe Dorer la signification de beurrer, et on l'a
dit par extension de l'application d un enduit quelconque.
DouDoux, s. m. (arr. de Valognes )
Bonbon.
Doui, s. m. Lavoir, Courant d'eau,
Boutoir; il y a à Biévilie, près de Caen, un courant d'eau que les habitants
appellent Doi. Ce mot se trouvait aussi en vieux-français et dans la
basse-latinité:
Usquead doet Herberti; £"^0-
blissements de Normandie, p. 4.
Ensement va com loutre par vivier
Quant les poissons fait en la dois
mucier.
Garin le Lohermn, 1. 1, p. 264.
A toi, pour ce de la fontaine Helye
Requier avoir un ouvrage authentique, Dont la doys est du tout en ta baillie
Pour refréner d'elle ma soif éthique.
EusTACHE Deschamps, Ballade à Chaucer,
publiée par M. Wright, Anecdota litteraria, p. 14.
Doué est dans le patois de la
Si \n\\
Vendée le noiti d'uno piccp (l>au
oii on l;ivc, cl Doic signifie dans!•• .Inra uno sonrrc; la Doic d Ain, la
Doir de!iurnv . etc.: il csl donc fort proiiahlo (lUC ce mol ne vit>nt
pas, conuneoa l'adil. du latin Ducliis, mais dun mot relliq'.ic qui convenait
à toutes ces dilTérentcs si^nincations; el en breton J)our sip;niliecau et
Douez, un fossé plein deau.
DouELLE, s. f. Planche diin tonneau,
Douve; on dit aussi Douvelh.
DouiLLANT, adj. ( an;, de Tîayenx )
Douloureux. Voyez le mot suivant.
DoiLER. V. n. Soulîrir: du latin
Dolere (Voyez adoi.eh); il existait en vieu.x-francais: Dotant en furent
trestuit .si ancmi. Raoul deCambrai, p. 21. v. 12.
DouRDÉE, S. f. (Orne) Volée de coups;
on emploie aussi dans le même sens le v. a. Dourder.
Douve, s. f. Grand fossé plein deau,
Etang; Diup an islandais signifie profond; c'est la racine des noms de
Dieppe, <le la Douve, de, la Dive et ju'ohablement du Douhs.
Dr.vglek. v. a. ( arr. de Rouen )
Boire, Avaler: No ncsercl fie quen berlion dragier. Mu^e normande, p. 4.
Drainer, v. n. Parler lentement,
Rester en arrière, Traîner. A Rennes Drene signifie Répétition d une chose
qui ennuie celui qui l'écoute.
Drameu,v. a. ViA'Arc-.Drnwni signifie
en breton une poif/nce de verges.
Dranet, s. m. { arr. de
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(delwedd C1285) (tudalen 084)
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84??
DRO
Rayeiix) Espèce de filet, Trairtasse.
Dratet . s. m. Linge; on dit aussi
Drapeau et Drapel.
Il n'a ni lange ni drapeau . Et flans
f tt «Mat inist^i able On ne peut voir rien de plus beau. Vieiix i\oëf inédit
L\ QtmLr. Mais o qui sont (les f-cus)?
C\I.TFtOI,TF..
Dans ma pouquetlo, <nvelopais fl'un
flrapel. Farce drs Qtiiolard.s, p. s.
Dras, s. m. Vêtement; il avait la même
signification en vieux-français:
Drns (le dolor ef de plor prist.
X\ \rr, / toblissonrjit dria
Conception, p. 2"}., V. 3.
Cilz saint Roumains estoit cilz fini
norri saint Reneoit, et li Itailla les dras de religion; Becucil des
hi.^torie7is de Fj'ance. t. [II. p. 195.
DRÉ-,N;)EL:r), s. m. Doublenœud; Nœud
droit, bien fait: cette expression existe aussi dans le patois de Rennes.
Drécdier, v. réf. S'habiller; le
français ne donne pas cette signification au verbe Z>rf.<;sc7v c'est
l'acception de l'anglais To /)ress.
DRif;ANT, s. m. ( arr. de Baveux)
Toupie. Voyez drigir.
Droguer, v. n. Attendre long-temps, Se
donner au diable comme une drogue; il se prend en rouchi dans la môme
acception.
Droue . s. f. Espèce d'avoine; Droe en
vieux-français:
Mais mon pain resamble becuit, Il pst
fait ou d'orge ou de droe. Roman deCortoit d'Arra^, B. H. n° 1830, tonds de
St-Germain
Dru, adj. Fort. Vigoureux,
EBA
Bien portant; le vieuT-l'rançais lui
donnait le même sens:
De che me souvient il sans plus, Que
me dist qu'estoie trop drus.
GuiCNEViLLE, cité par du Cange, t. 11,
p. 942, col. 3.
II signifie aussi Pressé, Serré, comme
en vieux-français:
Ung grand tas de Dyables plus drus Que
moucherons eu air volant.
Mystère de l'Assomption.
Le provençal Drut se prenait dans
toutes ces acceptions.
Druger, V. n. S'amuser, Se réjouir.
Il ne faut pas faire vie qui druge.
mais vie qui dure; Proverbe normand.
Le vieu.K- français prenait Druges
dans une acception analogue:
Certes, ce n'est mie de druges, Que tu
es si chetiz et las.
Les deux bordeors ribaus, v. 1 1 .
Dans le patois de l'Isère Drugeïé
signifie se réjouir,
Druges, s. m. pi 11 ne s'emploie que
dans la phrase Avoir les druges, qui signifie Ae pas tenir en place;
littéralement Etre possédé du démon; au moins Droulc et Droug signifient en
breton méchant, mau
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(delwedd C1286) (tudalen 085)
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EBA 85
vais. Voyez le mot suivant.
Drugir, V. n. Courir de cùle et
d'autre; Draugaz signifie en islandais errer comme une âme en peine;
l'anglais a le verbe />rM<i^(', remuer toujours, et le patois du Jura
emploie Druger àdiMS, le sens de cabrioler.
DuiRE. V. a. Maîtriser, Corriger; du
latin Ducere; le vieux-français disait également:
Ki co duit e gouvernet, ben deit estre
poant. Voijagede Cfiarlemagne, v. 97-
Il signifie aussi Convenir. Voyez le
mot suivant: DuïsANT, adj. Convenant:
Je scay bien que tu me garde
Et me vas favorisant; A la personne
vieillarde
Mauvais boire est-il duisant. Nenny,
nenny, hélas! Nenny.
Olivier Basseli.n (Jean Lehoux),
Chanson inédite.
DuMER. V. n. Perdre sa plume, et par
extension son poil, et même toute autre chose.
Voyez DEUMET.
Durer, v. n. Attendre, Prendre
patience; le bas-latin donnait le même sens à durare. P'estinus eo; durate
hic, Comités.
Comédie san^ nom, act. iv, se. 10; B.
R. n° 8163.
E
Ebarre, s. f. (arr. de Valognes) Cri. Il n'est presque jamais
employé qu'avec le verhe faire, et signifie alors Rembarrer.
Ebaubir, v. a. et n. Ebahir, Rendre
haube. Voyez ce mot.
Il se disait aussi en vieux-français: Et si mus et si ebaubis
Qu'il ne saura ni blanc ni bis.
Fabliau de la vieille truande. Mais on
ne l'emploie plus qiJf^
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(delwedd C1287) (tudalen 086)
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86 im\
dans le style familier.
Ede, s. 'm. Relliix.
Tout ce (jiii vient d'éhe s'en rctourniM'a
de!iol; Vieux proverbe cité par il • lîiieux, Origines de coutumes
aticicnnes, p. 78.
Ebh est rcsti' en anylai.s, et Ebbe en
danois.
Ebelinek, V. a. Voyez be
LIN.
Edéluer, V. a. Eblouir; peut-être
unccorruptiond7i'6er/Mer, donner la berlue; voyez le mot suivant. Dans le
lierry, on dit Ebcrluter.
Eberlouette, s. f. Ehloaissement.
Voyez ébéluer.
Eblaquier, v. a. Ecraser, ^ Rendre
bléqjie. Voyez ce mot.
Ebléter", v. a. Ecraser les
|)etites molles de terre, les blettes. Voyez ce mot.
Eblètelx, s. m. Instrument dont ou se
sert pour ébtrter.
Eboeler, V. a. Ecraser, Fai re sortir
les Aoyaua^du corps; il existait en viciix-français.
La vcissiez tcio rscillicr, Famés
honir, homes rachier, Knfans em bcr.s esboeler.
Roman de Brut, v. 13893.
Eboqitiller . V. a II ne s'emploie qu
avec les yeux, et signifie l']mjjèclier de voir; liaf/ue en
vieux-lrançaissigniliait chassie.
Eboudiner, v. a. farr. de Valognes)
Faire sortir les boudins du corps; on dit aussi Ehouincr.
Eboi'queter, v. a. Épointer, Rompre h;
bout.
Ebhah. s. m. Cri; de braire: le
vieux-lrançais avait Brail Li queiis Raoul a son osicl.s'cn vait;
EGA
ï,\ dc:>liiei monte, lait sonner
sou retrait. De Paris i<(. n'i ot ne cri ne lirait.
Raoul de ('ambrai, ji. .SK, v. 9i.
Ebroté, adi. (air. de Cherbourg)
Ehréchc, Brouté.
Va: WAV [\ . ^. m. ( arr. de Valounes
) Barrière fixe en l'orme d'échelle; on dit aussi Echnlicr dans rOrnc et dans
le lîerry.
Ecaloter, V. a. ( arr. de Bayeuxl
Ecosser, Ecaler: (arr. de Valognes ) Ecorclier un bouton, En arracher la
culotte.
EcAME, s. m. Barrière de cimelièr(;,
qui est ordinairement (ixce et précédée de plusieurs marches en pierre:
Eschamel, du latin Scnmnum, signiiiait en vieux-français Marche-pied:
Et leschamel sur (juoyli roys tenoit
ses piez; Joinville, Histoire de saint Louis, p. 1;).
EcANcnoN, adj. Rachiti(iue, Tremblant
sur ses jambes; le vieux-français avait le verbe Escancherer, S'agiter:
Ki oist li félon crier, E le veist
escancherer, Denz regnigner, bras degeter, Ganibes estendre e recorber.
Roman de Rou, v. 58G.
L'islandais Ska/ca a la mê- me
signilication.
Egarer, v. n. (arrond. de Baveux)
Impatienter; littéraleiùent jcler des pierres. Voyez
Af.ARER.
FcArc.uF.R, V. a. Ecraser; de
l'islandais S/,(û,-a, Briser, ou du latin Calcare. Voyez cauciiER el,(:()(:i;
le vieux-français disait E cacher.
EcAiciiETTE . s. f. ( arr. di; Baveux
el de Saint-Eo) Casse
ËCH
noix. Voyez le mot précédent.
EcHAMPiR, V. réfl. Se débarrasser;
littéralement Sortir de champ; l'italien Inciampare est formé de la même
manière.
EcHARDER, V. a. (Omc) Ecailler. Voyez
JARD.
EcHAUBOuiLLER, V. réfl. S'exténuer de
chaleur, Se faire bouillir de chaud, et, par extension, de fatigue.
EcHAUFFURE, S. f. ( arr. de Valognes )
Pleurésie; on dit aussi ÉCHAUFFAisoN; le chaudrefroidi du patois du Berry est
un mot mieux fait.
EcHAUGUETTER.v. a. Surveiller
exactement. Voyez escarGAiTE, qui s'écrivait quelquefois Escalgaite en
vieux-frauçais; Chanson de Roland, str. CLXXVIII, v. 8.
EcHAULER, V. n. (Calvados);
voyez CHAULER.
EcuAUMETRER, V. a. Effaroucher à,
force de coups, en parlant des animaux; littéralement Mettre hors de son
chaume.
EcHERPiLLER, V. a. (Mauchc) Couper par
morceaux; il semble venir du latin Excerpere, plutôt que de l'islandais
Skacka, faire tort, et Spillir, Dé- pouiller violemment, Détruire; quoiquon
lise dans Bouthillier; Somme rurale,]. I, tit. 28:
En Normandie l'on appelle
eschorpelerie violence; si coume de tollir a autrui le sien en voie ou en
chemin, par les champs ou en lieu public.
EcHiNEux, s. m. Grand couteau
kéchiner; il signifie aussi un Homme qui a une longue échine.
Echoue, s. f. Acquisition,
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(delwedd C1288) (tudalen 087)
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ECO 87
Ce qui échoit; il se trouve déjà dans
des documents du Xllr siècle.
Li chevaliers ainz nez aura le fie de
hauberc tout entier, si qu'il ne sera pas partiz; li autre frère auront les
eschoites également; Etablissements de Normandie, p. 9.
EcLicHE, s. f. Eclat, Morceau; du
vieil-allemand Slizzan, Mettre en pièce; il existait aussi en vieux-français:
A l'estandart fu li caples mortal;
Ogiers i fiert de cortain le roial, Que les esclices en volent contreval
Chevalerie Ogier, v. 3144.
Le français Eclisse a la mê- me
origine". 11 signifie aussi une Seringue en sureau avec laquelle les
enfants se jettent de l'eau. Voyez écliper.
EcLiPÈQUE, s. f. Tiroir lattéral d'un
coffre.
Ecliper, v.?. Eclater, Eclabousser;
dans le premier sens, on dit aussi comme en rouchi Eclifer, et dans le second
Eclincher.
Ecliquette, s. f. Balte de masques; de
Cliqueter, faire du bruit.
Ecoeuré, adj. Dégoûté, Dé- couragé,
Qui n'a plus de cœur; le patois du Berry dit écœtirdi. Être Ecœuré ou
Ecœuréi, signifie aussi Avoir mal au cœur.
Ecoffir, V., a. Tuer. Voyez
ESCOFFIER.
EcÔMANï, adj. Affadissant, Dégoûtant;
peut-être de l'anglais To corne et le contraire d'Avenant; on dit dans le mê-
me sens: 11 ne me revient pas.
EcopiR, V. a. et n. Cracher. et par
extension Vomir: il existait aussi en vieax-francai.^:
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(delwedd C1289) (tudalen 088)
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88 ECO
Escopi lu ennii le vis.
Homan de Hvnait, l. i, p. 5*8
Ou dit aussi Evopismre, Crachat.
EcoRNiFLEU, V. u. Volcr; d'Ecorner: le
sons du français est bien plus restreint.
EœuKR . V. a. Couper la queue. On dit
aussi Equculcr.
EcouFFLE, s. f. (arr. de Yalognes)
Corf-volaut; en islandais hefli signitie bâton, surface plate, et Ton dit
également Sec comnu' wi bâton et comme une écouffle. Cependant le milan qui
plane habitu^'llement très-haut, se nommait aussi Escoîtjle. ( Voyez le
Jiomandel'Escoufle, Bibl. de lAr.sénal. B.L. F., iu-4Mr 178), et il ne serait
pas impossible qu'on eût donné le même nom au cerf-volant qui s'élève
trèshaut et reste à peu près immobile.
ECOL'URE, ESCOUTRE, V. a.
Secouer, et par métaphore repousser:
il vient sans doute du latin Succutcre. Ce mot existait en vieux-français
avec la même forme:
Et doibt le fourier liattre et
escourre le licl et mettre a point la chambre: Olivier de la Mari'hv.
Mrmoires, t. Il, p. 41)4, éd. (lePelitot.
(.'.runz fil li cols, niolt fisl a
resoigner: Si l'escoua qu'il fist u^enolliir. Raoul I e Cambrai, p. lO?., v.
8.
Ecourre dans le patois du Jura, Ecaure
en romanche, et Eirouré dans le patois de l'I- sère . signilient battre le
blé; delà le nom il' Eitconssour, que le \iiMi\-français donnait;'.u
jfniH.
Er.oi\ssi.N, s. m. Ikiltc de
EFF
paille; le français dit, (h<ns un
sens à peu près semblable, un coussin de paille.
EcOI;TE-S IL-PLELT, S. m. f arr. de
Valognes ) Nom mé- prisant (jue l'on donne aux moulins dont le courant a
besoin d'être grossi parlesp/u/cs.
E(JK.\BouiLLFR, V. a. Ecrascr, Mêler
en écrasant, comme le vieux-français Acrahilkr: voyez Roquefort, Glossaire,
t. I, p. 19. L islandais hrubLa signifie mélanger, confondre.
Hachez, écarbouiilez, ériulcz, épiau
trez, Et reulez, émeulU'Z, cventrez,
étripcz.
L.^LLEMAS, La Canipênade, ch. i, P a
EcRiÈRE, S. f. Petit crustacé qui vit
dans l'eau douce: on dit à Valognes Ecrellc. Ce dernier mot semble une
corruption d £"- rrouelle, nom que le vieux-français donnait à
l'écrévisse, du bas-latin Scrophula.
EnucniR.v. a. farr. deCoutanccs'j
Afiiler; s'il ne faut pas écrire Aiguc/tir, .\iguiser, c'est une corruption
iV Adoucir, parce que le travail est moins rude (juand on sj sert d outils
bien afiilcs.
Edl'oleu, v. a. Elever; c'est le mot
latin (pii s'est conservé aussi dans le Rerry.
Efestoi I . adj . (OrncjEnjoué, Gai,
comme dans un jour de fête.
Eff.\bi . adj. Pâle, Troublé, (arr. de
Vire) ElVronté; probablement de l'islandais Favis, Sot, drossier.
Efforbir, v. n ( arr. de Valognes )
Devenir fort. Cesser d'ùlvc fnrbn. \'oyez ce dernier mot.
Effouchié, |). pas. Effarouché; il se dit surtout aes bestiaux
rassemblés en a;rand nombre qui sont saisis d'une «orte de terreur panique.
Effouille, s. f. Bétail produit, ou
engraissé dans une ferme pendant l'année.
Effriter, v. a. Effrayer; probablement
de l'anglais To fright.
Ëgachir, V. a.(Orne)Ecraser, faire du
gâchis.
Egailler, v. réfl. (Orne) S'é-
parpiller, S'étendre; on dit EvaiUer à Rennes et dans la Vendée. 11 est aussi
actif et signifie Déchirer.
Egaluer, v. a. ( arr. deValognes)
Eblouir.
Egasser.v. a. Voyez agacer.
Egamelé . p, pas. Ecrasé; Kama signifie
en islandais taché, gâté, et le vieux-français Gamafrer voulait dire frapper,
blesser.
Eglavé, p. pas. (Manche) Mort de faim;
Gleipa signifie en islandais dévorer, avaler gloutonnement.
Egouine . s. f. ( arr. de Valognes )
Petite scie à main; il existait aussi en vieux-français.
Egohiner, v a. ( arr. de Valognes )
Egorger, Frapper avec une égohine.
Egosiller, v. réf. S'user le gosier à
force de crier.
Egrat, s. m. Piège pour prendre les
oiseaux. Voyez agrat. Il, se dit aussi par apocope pour Egratignure.
Egrimer, v, a. Egratigner;
littéralement Devenir féroce, du vieil-allemand Grimm.
Egrinfler, v. a. (arr. de Vire )
Egratigner avec les grif
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(delwedd C1290) (tudalen 089)
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ELî 89
tes; ou dit aussi griffer et
ÉGRINCUER.
Egrouge, s. m. (Orne) Instrument à
dents qui sépare le lin de sa graine. Voyez le mot suivant.
Egrugette . s. f. Egrugeoir.
Eguené, adj. Avare; du latin Egenus,
pauvre, parce que l'indigence force à l'économie. Voyez ÉQUENÉ.
Èlavarb, s. m. (arr. de Valogifes )
Petite digue qui élève le niveau de l'eau.
Elénu, s. m. (Orne) Homme grand.
Elancé, et, par extension, Maigre. De mauvaise mine, Mal habillé. • Elevure,
s. f. Petit bouton qui?>'' élève sur la peau.
Eliençoure, s. f. ( arr. de Vire )
Seringue en sureau qui lance de l'eau.
Eligner, v. a. (arr. de Valognes )
Elaguer, corruption à. Aligner.
Elinder, v. n. Glisser sur le feu:
Eslider avait la même signification en vieux-français.
ELiNGirE, s. f. Fronde. 'Voyez le mot
suivant.
Elinguer, v. a. et n. Lancer; de
l'islandais Slengia; littéralement Se servir de IV- lingue: de là le
vieux-français Eslingur.
Eli esVmgur [fundibular a dans la
Vulgate) avirunerent la maistre cited e grant partie en détruisirent; Livres
des Reis, 1. IV, ch. 5, v. 25.
Elinguer signifie aussi repousser bien
loin, comme avec une fronde, et Répandre des bruits mensongers, En donner à
garder; probablement ce dernier sens vient de l'cxtcusion
tliio I un a\ail donnée [\ Juccre:
Cuin aniisso discrimine vcra an vana
jaceiTl tliesauros 2:allici auri a |)alril)ii.s occultari jecil; Tite-Livo,
I. vi. ch. 14.
Ki.oijiETEK, V. a. Déchirer, McUrc en
loques.
Elosser, V. a. Secouer, Ebranler; il
existait aussi en vieux-français:
Si deffandi qu'il n'i eust Nus si
lianli, (]u[ que il fiist, Si coniiiu' il avoit son cors (hier, Qui pierre en
osast esloicliier.
Roman de l'arceval, B. K. n° (i837,
loi. 47, verso.
Voyez LOCHER.
Eluger, V. a. Tracasser, Déranger,
Ennuyer.
Et si la cer\ elle in'éluge. Muse
normande, p. .'JO.
Elenge signifiait en vieilanglais
triste, afiligé:
Hevy-chcred I yede, and elenge in
herle. Vision 0/ Piers thc Plouyhman,
V. 13930.
Eluné. adj. Aveugle; syncope
dEliiminatus(\m se trouve dans Sidonius, I . viii, lettre 1 1 .
Em.\quer, V. a. ( arr. de Caen )
Ecraser, probablement de Mâche?'; on dit dans le Jura EmAcher.
Emberlificoter, v. a. Engeôler,
Embarrasser au propre et au figuré, Aveugler, Donner la herhie; le
vieux-français em])loyait dans le mê- me sens Etnhureiicoqucr.
FA cuyde par nuit a la lune
i"iul)iir('liquo(|uer fortune.
lioman de Fauvcl,\\. \\. n"
(i8l2, loi. 3.3.
Le français a conservé Kiv
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(delwedd C1291) (tudalen 090)
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90??
E.MB
herhivoquer dans le sl\le familier, et
Ion trouve dans le patois des autres pro\inces Enifierlauder, Emherliner et
Einfirrhifer.
Emueunousé, adj. llarbouilh;, Sali de
l>ran; le ronclii et le patois du ikrr\ disent 7://!- bcrné.
Emhi.wer, V. a. Mettre on blé; il
existait aussi en vieux-français.
E si pes est fête, si que li tenanz
lest la moitié de la terre, et tote la terre est emblavée*? Etablissements de
la Normandie, p. 96.
Embler, V. a. Voler.
l'our resconfort embler nos verres Et
se gaudir de nos repas.
Vaiix-de-Vire inédits, p. 219, éd. de
31. Travers.
On le trouve aussi en vieux-français:
Va-t-en quitte Par votre foy, <]ue
craignes-vous?
L.4 MÈRE
Ma substance que chacun enible. Farce
des Fates-Oicainies, p. 5.
Embobeliner, V. réf. S'envelo])per la
tète dans du linge, comme dans un liobelin, nom ([ue l'on donnait en
vieux-français kune espèce de chaussure.
Embremnquer, V. a. Embarrasser;
corruption A'Embcrlincr. Voyez emberlificoter.
Embricoler, V. a. ( arr. de Valognes )
Mettre la bricole a. une vache, Enbeuder. Voyez ce mot.
Embront, s. m. Essor; dan.s le patois
du Jura Embrtiersignilie Mettre en mouvement.
l']MBR(>rn.i.\M?\i, s m. Mé- prise,
l'Jmbrouilli'ment d'af
faires; le patois du Berry s'en sert aussi dans cette dernière
acception.
Embrunchir, V. n. Devenir sombre,
noir; littéralement brun; il existait envieux-français.
Ades quierent-ils le sepwlcre Nostre
Seigneur, ce m'est a vis, Embronchiez ont tantoz les vis Et par samblant
raoutse despisent.
Gautier de Coinsi, Miracles de la
Vierge, 1. 1, cli. 2.
Voyez aussi la Chanson de Roland, str.
cclxxix, v. 1 .
EMEiLLÉ.adj. (Orne) Inquiet, Qui est
en émoi; en vieux-français émoie.
EMERAS,adj. (arr. de Baveux) Joyeux,
Animé; le vieux-français Eme, Âme, Esprit, s'est aussi conservé dans le Jura,
où ii signifie Esprit, Intelligence.
Emeulter, V. a. ( arr. de Vire) Luxer.
Voyez la citation
d'ÉCARBOUILLER.
Emey, s. m. Partie du pressoir sur
laquelle on écrase le marc de pommes; voyez le mot suivant. On appelait en
vieux-français émiouere une machine propre à broyer, à émietter.
Emier, v. a. Emietter; il existait en
vieux-français.
Jebans le \if, molt l'en pesa; De la
macne qui pesa Le fiert tel cop en la caboce; Ce ne fu pas por lever boce,
AJnz esmie quanqu'il ataint.
Fabliau d'Estoitrmi, v. 213.
Voyez aussi le Livre des Reis, p. 300.
Emmêler, v. a. Embrouiller, Obscurcir,
Mêler dans.
Emmiauler, v. a. Tromper comme un
chat; il se trouve aussi dans le patois du Berry.
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(delwedd C1292) (tudalen 091)
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EMP 91
Emolenté, adj. ( arr. de Bayeux)
Fatigué, Brisé de douleurs; le mot patois est rc.sîé plus fidèle à
l'étymologie {Molitus) que le français Moulu.
Ejiôquer, v. a. Exciter comme des
mouches que l'on fait bourdonner quand on s'en approche; voyez moque. Il signifie
aussi Chasser les mouches, et avec le pronom réfléchi S'agiter en
bourdonnant.
Emousse, s. m. (Orne) Arï>rc propre
à être émondé.
Emoyer, V. réf. S'émouvoir, Se mettre
en émoi; il existait en vieux-français:
Li reis sont ke dist voir, durement
s'esmaia. Roman de Rou, v. 4l47.
Empaffé, p. pas. (Orne) Engoué à force
de manger, Empiffré.
Empansure, s. f Indigestion de
ruminants qui produit un gonflement de la panse; on dit aussi en rouchi une
vache empanchée.
Empaturer, V. a. Embarrasser dans des
liens, et, par métaphore. Engager quelqu'un malgré lui, le Jeter dans une
mauvaise affaire. Ce mot vient de l'usage qu'ont les cultivateurs d'attacher
par \g paturon les chevaux qu'ils laissent dans les champs.
Empêché, p. pas. Embarrassé, Atteint;
il se disait aussi envieux-français:
Et pour le occupation de Gamot
Regnault qui est empesche du mal monseigneur saint Ladre; Testament (1426)
cité par Roquefort; Supplément au Glossaire roman, p. 226.
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(delwedd C1293) (tudalen 092)
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92 EÎVG
K.Mi'OTiiR, V. a. Metiro on bouteille,
eu pot; il sii^nilie aussi Knii)runter. peut-être ù cause (le la nature de la
chose eini)runtee.
Engager, v. a. Emprisonner; Sliaksper
se servait aussi de Caiie dans le sens de j)rison.
ExcuARGEK, V. a. C/uirfjcr quelqu'un
de quehjue chose; Ensarijcr dans le patois du Berry.
f^.NCiïARRoi, S. m. (Orne) Cirand
morceau de toile qui retient la cA^rm' sur la cuve; on dit aussi Encharrcux.
f^NcuiFFON.NÉ, adj . (arf. de
Yalognes) Enchifrené.
Encontre, prép. Contre; il existait en
vieux-français.
Nous leur devions aidier encontre le
soudanc de Damas; Joinville, Histoire, p. 108.
E.xcoviR, V. a. Désirer ardemment,
follement; de l'islandais Kof, end)arras de l'esprit:
Par toi! fait-ele, je radote Quant jou
ai ciielui encovi, C'uiKiues (le mes tleus iex ne vi.
Roman de la Violette, v. 3106.
Nous avons encore Convoiter, et l'on
trouve Encobir dans le vieux-provençal.
Encrêpi, adj. (arr. de Valofines)
Invétéré, Calleux.
Encrouer . v. a. Accrocher,
Su.spendre, Mettre en croix, (jui se prononce crouct en patois normand.
Faictes au gibet mener Et que nous les
y encroue.
C/ia usons normaudes, p. 177, é(\. de
.M. Dubois.
Il existait en vieux-français:
De moi poez, se vous voles. Faire
toutes vos volontés, Livrera duel et a tourment,
ENC
\rdoir u encruer au Tenf
«iiii.iALME Li Ci lus, Avenluies
l'regus, p. ri7.
La forme usitce dans l'Orne,
Envnichcr, ferait croire de pré- férence il une corrujjliou d .^ccrocher, si
le c ne se trouvait en lai in [cruccm^.
Endagné. adj. ( arrond de Baveux )
Invétéré.
l^^NDÉMENÉ, adj. Evaporé, Espiéulo,
Entêté: du latin Dé- mens, fou; on dit aussi Enté- mené.
Endor.moir, s. m. (Orne) Grande tas.se
que l'on vide le soir avant de i^'cndormir.
Endreit, prép. Envers, A l'égard de:
(lu latin In dircctum; il existait en vieux-français.
Ke clicseun bon fut endreit sei Et
endreit des autres en bone fei.
Vnmw.nT.Vr.RiiQ's, Enseignements d'A
ristote.
Enfantùmé, adj. ( arr. de Baveux)
Ensorcelé. Qui voit des fantômes.
Emflu.me, s. f. Fluxion, Enflure.
Enfoursl're, s. f. Fonds de?angle d'un
lit.
Engalu, adj. (arr. de Vire) Gourmand,
Goulu.
Engaser, v. a. (Orne) Embourber;
peut-être une corruption i]'Encaser.
Engaver, v. réf Se bourrer de
nourriture jusqu'au gavion; en roucbi il est actif et se dit surtout des
volailles auxquelles on fait nuinger de trop gros morceaux de pâte.
Engin, s. m. Ruse, Tromperie: du latin
hit/mium; il existait en vieux-franrais:
ENH
N'est pa\ merTeillcs se cis set del
engin, Quant il est fius au fort larron Basin.
Atiberis li Borgonnon, <lans
Y.ei\tr,Romvart, p. 220, v. 7.
11 n'est plus usité en français que
clans le proverbe: Mieux vaut engin que force.
ENGKiNiER . V. a. Tromper; il existait
en vieux-français:
Traie l'ai et engignie, Caraillours
sefust poicacie.
GiiLLAi'ME II Clers, Aventurcs Fregus,
p. 205.
Engruger,v. réfl. S'enticher; en
vieux-français Engregier signifiait désirer passionnément, suivant Roquefort,
Glossaire, t. I, p. 460.
Enguelîser, V. a. Tacher de se faire
donner quelque chose en flattant, Tromper comme une gueuse, nom que l'on
donne encore aux femmes de mauvaise vie.
Enh.vnner, V. u. Etre essoufflé, et,
par extension, Souffrir:
Hellas! il est byen enhanné De la
grant douleur que j'avoye.
Chansons normandes, p. 163, éd. de M.
Dubois.
Il existait en vieux-français:
Se joustice en terre n'estoit Li
mondes ahanet seroit. Du provost d'Aquilée, v. 361.
C'est probablement une onomatopée métaphorique;
les fendeurs de bois et les charpentiers accompagnent leurs plus pénibles
efforts du cri de Han, et pendant le moyen-âge le Han de saint Joseph était
conservé dans une bouteille. En rouchi Ehancer signifie haleter, respirer
avec peine.
ExnASÉ, p. pas. (Orne) Affairé,
Empressé; Hôte sécri
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(delwedd C1294) (tudalen 093)
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ENS 93
vait en vieux-français avec un s qui
sest conservé dans l'anglais Haste.
ENnâTER, V. a. Presser, Exciter; il
existait en vieux-français:
Sire Ganvains estoit enhasti De foler
sur ceux de defors, Roman de Merlin, cité par EoreJ.
ExDERSÉ, p. pas. ( arr. de Baveux)
Invétéré, Enracine; dulatin Inhaerere,è{vc attaché.
Enheudé, p. pas. (arr. de Yalognes)
Lié avec des heudes. Voyez ce mot.
Enlisé, p. pas. ( arr. de Mortain )
Embourbé. Voyez
ALISE.
Enmitoufler. v. réfl. S'envelopper la
tète comme avec un amict; on dit aussi Âmitoujler.
Enoter, v. a. Oter le brou; dans
quelques localités on prononce le c du radical latin (nucem) enocter.
Exouler, v. a. Moudre grossièrement;
du latin Enudeare.
Enquérauder, V. a. Ensorceler; en
vieux-français Caraude signifiait sortilège:
Mil conjuremens, Mil caraudes, mil
espiremcns. .. Femmes faisoit encamuder Et les hommes enfant suer. Roman
d'Eustacîie le Moine.
Enquervoiser, V. a. Accrocher, Mettre
en croix.
Enrubisqueux, adj. Amoureux,
Echaufl'é, Rouge comme un rubis.
Ens, adv. Dedans; il existait en
vieux-français:
Fors s'en istront, vos entrez enz; Si
ne seez c oartz ne lenz.
Bzfiois, Chronique rimée, I. n, V.
721.
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(delwedd C1295) (tudalen 094)
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\)ï KNV
KNSANfiMKi.Ku. V. a. ( arr. do Uayeux)
Mettre en colère, Mi'- hr le sanr/.
Kntel, \)t. Tel.
Tu os tout eintieule qui me fas; larcc
des (Juiolards, p. ]2.
C'est prol)al)loment le sens (jue l'on
donnait au vieux-français Entullc:
Et dist: Amis, ne r'alez mie Avec la
niahî compaignic Des gloutons, ne dos lechcors, Ke des entulles peclieors.
Raoul, Voie du paradis, dans Kutebeuf,
Œuvres, t. ii, p. 235.
Extente . s. m. Jugement, CR\)Rcilé
d'entendre; i! signifie aussi Pensée, Ce que l'on entend; le vieux-français
le prenait dans CCS deux acceptions.
Entelri, adj. ( arrond. de Bayeux)
Taché, Moisi. Voyez
ATORI.
ENTOUR.adv. Environ; il existait aussi
en vieux-français:
Pur ço David d'iloc s'cnlurnad od luz
ses cumpaignuns, cntur sis cenz qui il i out; Livres des Reis, 1. 1, ch.
xxiii, v. 13.
Entregent, s. m. Habileté de conduite:
Il a de l'entregent. On dit aussi: 11 sait bien sou entregent; le
vieux-français disait Enlreget.
Entromper, V. n. Enfoncer le soc dans
la terre.
Envier, v. a. Envoyer; celte
contraction se trouvait aussi en vieux-français:
Le duc Louis d'Orléans, frère de
Charles VI, provoipiant il la guerre son ennemi Jean Sans-Peur, duc de
Bourgogne, chargea sa devise d'un baslon
EPO
noueux, se jactant (jue là où il
frapper(»it. la bigue s'y Icveroit, et davantage porloil cscrit en ses
enseignes: Je l'enri; Claude Paradin, Devises héroïques.
On dit Invier dans le Jura; resj)agnol
a L'ni-mr, et l'italien Jnriare.
Environ, adv. A lenlour, Aux
cnvii'ons; du lalin in gijrum, ou du vieil-allemand Umhirinf); les
troubadours lui donnaient aussi une signification plus conforme k
l'étymologie:
Quan laj aura .son trap tendut Nos
alogerem d'enviro.
Bertrand de Born, Lo coms.
Epater, v. a. Déchirer un drageon, Une
patte; il s'emploie aussi avec le pronom ré- fléchi, et signilie alors Tomber
sur les mains, que le peuple appelle les pattes.
Epatte, s. f. ( arr. de Vire) Etoupe.
Epavii.ler, v. a. Eparpiller;
probablement du lalin Pavor, crainte.
Epi^;MR, V. a. (Orne) Démê- ler la
laine, la mettre en peloton, qui s'appelait en vieux-français Espillier.
Epestoui, adj. (Orne) Etourdi. Voyez
PESTER.
Epifra, s. m. (Orne) Eclat de bois.
Epiler, V. a. Oler les broussailles.
Epinociie, s. m. ( arr. de Bayeux)
Fausset.
Èpl.vpourdi, adj. (arr. de Bayeux)
Etonné, Effaré, Abasourdi.
Epolker, V. a. (Orne) El
EQU
frayer, Faire peur; du latin
Expavescere, en vicux-fran<;ais Epeuter.
Eprogne, s. f. Chêne dont la tète est
coupée. Voyez es
PRANGNER.
Eprogner, V. n. Se vanter, Conter des
histoires qui n'ont ni queue ni tète.
Equelettes, s. f. pi. ( arr. de
Yalognes) Petites échelles dont les barreaux dépassent les traverses, que
l'on met de champ sur les chevaux pour y suspendre des bottes de foin ou de
paille.
Equené, adj. Affamé, Affaibli:
Je sis si équene que, pensant me ra
ver, Je ne serais quasi trainer mes
poures
guestes. Muse normande, p. 42.
Voyez EQUENÉ; dans le patois du Bcrry
Âcni signifie l'reinté, épuisé, tombé d inanition.
Equerbotter, V. a. ( arr. de Valognes
) Eparpiller de petites choses; probablement un fréquentatif d'/i'^werp?r.
Voyez ce mot.
Equerder, V. a. (arr. de Valognes) Enrager;
il ne s'emploie qu'avec le verbe Faire.
Equerel, s. m. ( arr. de Bayeux )
Enfant faible, mal venant. Voyez ÉQUENÉ.
Equerpir, V. a. ( arr. de Valognes)
Eparpiller, Mettre en fuite.
Equille, s. f. (arrond. de Bayeux)
Petit poisson allongé, du latin Acicula, appelé à Valognes Lançon (Voyez ce
mot); c'est VAmmodyta tohianus.
Equifoller, V. a. (arr. de
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(delwedd C1296) (tudalen 095)
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EHJ 95
Valognes) Compenser, Faire deux parts
égales; la signification française est restée plus conforme à Tétymologie,
valoir autant que.
Equoreur, s. m. (arr. de Bay euxj
Homme chargé delà vente du poisson; du latin Aequor.
Eracer, V. a. (arr. de Coutances )
Arracher.
Erafler, V. a. Egratigner; il existait
aussi en vieux-français, et l'on trouve dans le Dictionnaire roman de don
François Ârrafler; on dit aussi Erijler.
Eramie, s. f. ( arrond. de Bayeux )
Exposition, Repré- sentation; Etre en éramie signifie littéralement Etre
planté debout comme un arbre ( ramus). Voyez Pluquet, Roman de Rou, t. I, p.
85.
Erbeline, s. f. ( arr. de Falaise)
Chair de mouton, de mauvaise qualité.
Ercis, adv. De nouveau; peut-être du
latin Rursus.
EuDRE, V. a, ( arr. de Valognes )
Griller, Rôtir; peut-être du latin Àrdcre.
Ergaxe, adj. (arrond. de Bayeux ) De
mauvais humeur; jErger en allemand.
Erivières, s. f. pi. Etrennes; il
existe aussi à Rouen, suivant de Brieux, Origines de coutumes anciennes, p.
4.
Erjuer, V. a. Ennuyer, Fatiguer; de
l'allemand JErgern, Chagriner, ou du grec èpyaaiocy Chagrin; car Ârgui est
resté dans le patois de Marseille. Le vieux-français avait aussi Arguer:
Mais 11 maus qui l'argue et cose
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(delwedd C1297) (tudalen 096)
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06 ESB
Le tenoit et hastoit de pries.
Moi'SKPS, Chrontquc^rimée, v.
Erliser, V, n. ( arrond. de Bayoux )
Reluire; nu latin relucere: ii Valognes on dit Itelure.
Erné. p. pas. Erointc; le patois est
resté plus fidèle à Tétymologie [Renés); en rouchi on dit Ernni'. Ce mot
s'emploie aussi métaphorifjuement; on dit à Cacn dune hèle qu'on ne peut pas
faire obéir qu'elle est Ernéc.
Eroncer, V. n. ( arr. de Caon )
Arracher les ronces.
EusEï, adv. Hier soir; il existait en
vieux-français:
Osiniintle proz, avant-erseir, Par son
engin, par son saveir, Le traist de Loun la compile.
Benois, Chronique rimée, lu, V. 14179.
Eru, s. m. (Canton de Marigny) Lierre;
ailleurs on a, comme en français, réuni l'article au latin ( lledera ), en en
rendant même la prononciation plus rude, Gliéru.
Erusée, s. f. ( Orne) Essor, Volée;
Erre, £"^^6 signifiait en vieux - français Voyage, Marche, Diligence:
Ainsi corne en ce penser estoit,
survint ung escuier qui venoit vers lui moult grant erre, monté sur ung
cheval de chasse; Roman de Gérard de Nevers.
Erisser, V. a. fOrne) Effeuiller une
branche avec la paume de la main.
EsBKiNER, V. a. Tuer; il s'emploie
aussi comme v. réf., et signifie S'évader, S'esquiver; il existe avec ce sens
dans le
ESC patois des environs de Paris:
Et l'amant qui s'sont morrenx
S'esbigne en disant: .si j'Iarde, Si j'mamuse a la montai de, Nous la gobons
tous Iha deux.
Dksalgikhs, Parodie delà Vestale, act.
Il, 7f conplcl.
EsBROUF, S. m. ( arr. de Vire) 11
s'emploie ordinairement avec le verbe Faire, et répond à la locution
populaire Faire de l'embarras.
EscACiiETTE, s. f. (arr. de Saint-Lo|
Casse-noix; peut-être est-il dérivé immédiatement de l'islandais Skaka,
briser. Voyez cependant kcau
CIIETTE.
ESC.VRRILLARD . S. m. ( Cal
vados) Fou, Etourdi.
EscARBOUiLLER. V. a. Ecraser; il
existait aussi en vieux-français:
Et quand il doit tonner, crainte que
la terapôte
Pour les maux qu'il a faits n'escar
bouillesa tête.
SCÉVOLE DE SAIME-SURTHE.
Voyez ÉCRABOUILLER.
EscARGAiTE, S. f. Actioud'é- pier, De
faire le guet, et par suite Vigilance; il existait en vieux-français:
Par l'escargaite Droom le Poitevin, Le
fil le roi en laissa fors issir.
Chevalerie Ogier, v. il22.
Il signifiait aussi Espion,
Sentinelle. Voyez le v. 6795.
EscoFiER, V. a. Tuer, Assassiner;
probablement de l'islandais Skafin, Brave, Intrépide, dont le vieux-français
avait fait Scafion . Voleur de grand chemin. Le patois normand dit aussi
Escafer; Escofir en j)rovençal, »! Sconfiffgere en Italien, ont la même
signification.
ESP
EscoT, s. m. Promeuade plantée
d'arbres autour des remparts d'où l'on faisait le Suet; Skot signifie en
islandais Lieu secret, Cachette.
EscouRRE, V. a. Repousser, Secouer.
Voyez écourre.
EscoussE (d'), adv. Toutd'un coup,
D'une seule escousse. Voyez le mot précédent:
Sont jiens qui veulent tout d'escousse
Me (aire mourir pauvrement,
Vaux-de-Vire, p. 99; éd. de M. Dubois.
EscRAis, S. m. Éclat; Escrever
signifiait en vieux-français 5e fendre, Eclater.
En droit la chambre la dedanz Si
escreva le murs fendans.
FahUau de Piramus et Tisbé, V. 297.
EsïQUiÉ, adj. ( arr. de Valogues)
Mince, Cliétif; du latin Exiguua.
EsPAiGNER, V. a. Épargner:
il portoit a sa ceinture Ses souliers
qu'il espaignoit.
Olivier Basselin, Vauxde-Vire, p. 187;
éd. de M. Travers.
EspÊCHE, S. f. Épingle; le patois est
resté plus iidèle à l'é- tvmologie; du latin Spicuhim ou de rislandais Svik.
EspÉciAUTÉ (par), loc. adv. (arr. de
Valognes); Pour sa beauté, sa rareté; littéralement Par préférence; Par
espécial s'employait dans le même sens en vieux-français:
Que vas-tu grondir ne groucier Contre
moy par espécial.
Miracles de .mainte Geneviève, publiés
par M. Jubinal, Mystèi-es inédits, 1. 1, p. 2G0, v. 13.
Espérer, v. a. Attendre; une extension
aussi naturelle de signification se trouvait dé-
EST
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(delwedd C1298) (tudalen 097)
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97
jk en grec (E/TrtÇeiv), en latin [Sperare), et en anglais [Bope;
voyez entre autres le Cantcrbiiry taies, v. 4027). En Languedoc et dans la
Vendée, Espérer a aussi la double signification que lui donne le patois
normand.
Esprangner, V. a. Ravager. Briser;
l'islandais Sprcngia n la même signification.
Esquainter, v. a. Assommer, Tuer; le
vieux-provençal donnait kEsquintar le sens de Déchirer, Mettre en pièces:
Comenseron greumens a plorar e lurs vestirs a esquintar; Histoire abrégée de
la Bible, citée dans le Lexique roman,
t. m, p. 191.
EssART, s. m. Friche, Terre inculte,
et par analogie Broussaille, Bois; probablement d'Exardere; delà le sens de
Massacre, Destruction que lui donnait quelquefois le vieux-français:
Certes, niult le fait bien Robert le
fiz
Bernart; De celé gent estrange fait
merveillus
essart. Jordan Fantosme, Chronique
rimée, V. 1052.
Mais il se prenait aussi dans
l'acception que lui donne le patois normand:
Puis verra les tors en l'essart Et le
grant vileiii qui les garde.
Chevaliers au Lion, dans Relier,
Bomrart, p. 538, v. 21.
La u ont vignes u vergiers, Furmenz u
altres bels essarz, Creisseit buissons de tûtes parz. Bekois, Chronique rimée,
1. 1, v, 1138.
Dans le patois de l'Isère Eyssart
signifie encore Lieu inculte.
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(delwedd
C1299) (tudalen 098)
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98 EST
Lssartum avait aussi quelquefois le
même sens dans la l)asse-lalinité, car on lit dans le Rcffestrum
visitdcionutn Arrliirpiscopi ruthomngensis, p. 201: Invenimusibi dciïeclum...
quantum ad usuriiacioncm red(liluum Capituli per episcopum de essarlis bosci
de Nuilyaco.
Essayer, v. a. Écorcher lé- gèrement.
EssERBER, V. a. ( arr. de Vire )
Élaguer avec une serpe.
ÉssENiLLER, V. a. ( Ome ) {éparpiller
comme un essaim.
EssENTE, s. f. (arr. de Lisieux)
Petite planche carrée dont on se sert au lieu d'ardoises pour couvrir les
maisons.
EssiAU, s. m. Écluse; du lalin Exitus:
on le trouve aussi en vieux-français. Voyez Roquefort, Supplément au
glossaire, p. 150.
EssoiNE, S. f. Excuse; il existait en
vieux-français:
Se chil qui apele ou qui est apeles
vient avoir avoue qui se combate pour lui, il doit montrer son essoine quant
le bataille sera jugiee; Coustume de Beauvoisis, ch. LXI, p. 308
EssouRDRE, v. n. ( arr. de Rouen)
S'élever, Sourdre; (arr. de Valognes) Éclaircir; peut-être est-ce une
corruption d/issarter, car il se dit le plus souvent d'un plant.
Essri, s. r\\. ( arr. de Valognes)
Serviette, Essuie-main; dans le patois du Rerry Essiot signifie un torchon
pour essuyer la viiissellc.
EsTAMiT.R, V. a. (arr. d'Avranches )
Broyer, Écraser;
ETE
de lislandais Sfappn, qui était aussi
passé dans le vieux-français:
Ses licrbp.s oslampe et destempre, Sa
piiison tout a point atempre A la senihlanclio diî moiire.
Roman de la Violette, v. ."îisg.
EsTORÉ.parl. passé. Muni; du latin
Auctorare, Se pourvoir, Faire sa provision; le vieux-français venait sans
doute d Jnstaurare:
Cil Dame Diex qui le mont estera Saut
la contesce et ciax qui âmes a.
Raoul (le Cambrai, p. lJ,v. 12.
ESTRAOAIJCIII.NES, S. m. pi.
(arr. de Mortagne) llvpothè- (|ues,
probablement du latin Extra, Au dehors, et du vieux français ^/ai(c/;i>,
Pencher, Incliner: il signilierait alors Dcmi-:aliénalion.
Éta(jUer, V. a. Enlever l'her])e qui
se trouve sur la terre avec une bêche.
Étau, s. m. Chaume. Voyez
ÉTÛUBLE.
Étaudir, v. a. (arr. de Valognes )
Assommer; peut-être Etourdir, Donner un coup d'ftour.
Étermine, adj. Maigre, Extcrminé.
Etermine, s. f. (arr. de Mortagne)
Étisie; il ne s'emploie que dans la locution Etre en étermine, et vient, sans
doute, du latin Extcrminare qui avait pris pendant le moyen-âge le sens du
français Exterminer.
Éterse, s. f. Brosse; du latin Ex ter
gère, Nettoyer.
Etkiirdre . V. a. (arr. de Valognes)
Pétrir, Tordre; parce qu'en pétrissant on replie la pâte.
ETA
Étiboquer . V. a. Agacer, Tourmenter,
Exciter.
Étibot, s. m. Agacerie, voyez le mot
précédent:
O z'étibofs de ste bechon boiiiilie.
Muse Normande, p. 3.
ÉTiQUER, V. a. Eplucher.
ÊTissER, V a. Exciter; peut-être une
méthathèse.
Étouble, s. m. Chaume resté debout; il
existait aussi en vieux-français:
Comme pourcelets en estoubles. GuiART,
Branche des royaux lignages, t. H, p. 158.
L'ancien provençal Estobla, Stobla
avait encore plus de rapport avec la racine latine Stipula;Estouble est resté
dans la Vendée, Etrouhle dans le Berry eiEctoublo dans leDauphiné.
Étoupas, s. m. Fagot d'é- pines,
Broussailles qu'on a é~ toupées; voyez le mot suivant.
Étouper, V. a. Couper les
broussailles; il s'emploie aussi dans le sens du français, et signilieEnduire
d'argile la gueule d'un four.
Étra,s. m. Piste, Tracesur la neige.
ËTRAiN, s. m. Paille.
D'estrain et de chenevotte.
Vaux-de-Vire, p. 48; éd. de M- Dubois.
Il vient sans doute du latin Sframen,
ou de l'islandais Stra, et se trouvait aussi en vieux-français.
Premier ne demandèrent c'im pou de
repostaille,
Atout. 1. pou d'estrain ou de chaume
ou de paille.
RUTEBEUF, Des Jacobins, 1. 1, p.
176.
Étraller, v.refl. (arr. deValognes)
S'étaler.
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(delwedd C1300) (tudalen 099)
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EXP 99
ÉTR.\MiLLER, V. a. Éparpiller.
ÉTRAQUER, V. a. (arr. de Caen) Suivre
à la ti'ace.
ÉTRASE, s. f. (arr. de Mortagne) Chose
chétive, Ombre; il n'est guère employé que dans cette phrase: Cn'est eune
étrase que cet effant.
Étreuler, V. a. (arr. de Valognes )
Jeter sans ordre, en monceau (arr. de Vire) Ecraser sous la roue; voyez
écarbouil
LER.
Étriller, v. a. Arracher en déchirant.
Étriver, v.a. Disputer, et par suite
Marchander, Combattre comme enro uchi et en vieux-français: La fille ne sot
que respondre, D'ire et de honte cuida fondre, Ne pot a son père estriver, Ne
il ne la vaut escouter.
Roman de Brut, v. i82l. Tencie avez e
estive, Tart couche e matin levé. Benois, Chronique rvnée, I. u, v. 23501.
Ce mot ne s'emploie plus guère,
qu'avec le verbe Faire et signitîe Vexer, Tourmenter; l'islandais Strid a la
double signification de guerre, attaque et de vexation.
ÉTROGNER, v. a. ÉmondcF; probablement
une corruption d'Eprogner. Voyez éprogne et
ESPRANGNER.
ÉvALiNGUER, V. a. (arr. de Valognes)
Jeter, Lancer; Elinguer de, af en islandais.
ÉvARER, V. a. Effrayer, Rendre effaré.
Voyez varou.
ÉviPiLLON, s. m. Goupillon.
ÉvRASQUiER.v. a. (arr. de Valognes)
Arracher en déchirant.
Exposition, s. f. (arr. de Valognes)
Danger auquel on s'ptpose.
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