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(delwedd C1301) (tudalen 100)
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100
FAI ^
l'^BiN, é m Espion, terme injurieux,
qui siu;nifinit sans (loutciiutrofoisso/cominelo Fnris islandais, ou bâlard
con\ iiipIp Fnconius de la basse-latinité; vovHz Isidore, Origiyiiini 1. IX,
0. T), Jj 25.
Faguelin, adj. (arr. doMortagne)
Faible de Icnipé rament.
F.^iLi.i, part. passé. Maigri; en
breton Fall signifie <:7i<^fi;7; mais peut-être ce mot vient-il plutAt
de l'allemand Fehlcn, man(|uer, ou du latin Fallere, dont on a fait sans
doute Défaillance. Il s'emploie avec le même sens dans le patois de Rennes.
Faim-vâlle, s.f. Appétiicontinuel,
Mauvaise faim; Fall signifie mauvais en breton.
Faindue, V. réfl. et n. Se baisser,
vS'affaisser, Etre paresseux, Ne pas se remuer:
Des que Belins cria sVnsagno, il n'i a
un sol qui se fign»\
Roman de Brut, v. 3057 .
Cles diverses acceptions se rattachent
toutes à une idée de faiblesse qu'exprimait le vieux-français Faiti:
si ne menjai-je riens, ce sachiez des
yer main, Nonpourqiiant me donna
IVrmife de
son pain;
Car je n'en poi menj^ier tant ert le
mien ciier fain.
Berte aus graus-pies, str. \M\, V. 11.
La racine est sans doute celtique, car
Faitine en écossais et Foinr.en irlandais signifient
FAL
langueur et l'anglai.-^ a conservé
Faint et To fa in t.
Fait, s m. Avoir, Fortune, Biens
meubles; le vieux-français lui donnait le même sens 't< Elle est modeste,
elle prend soin de son fait . bonne ménagère >■, Remy Belleau), et il l'a conservé dans
le patois du Berry. Dans la basse-latinité Factum signifiait même Domaine,
Propriété territoriale. Voyez du (lange, t. m, p. 182. col. 2.
Faitf.lait, s. m Lait caillé; Fetiz
signifie en breton épais, compacte; le même mot se trouve sans doute en
roumansche, car on lit dans le Ranz des vaches:
L'on me lou cô a la zoudaîre Uevan que
fusse affcta.
Faiturier, S. m. Syndic des
confrairies [Factuarius).
Falle . s. f. Gorge, probablement du
vieil-allemand ou de l'islandais Hah . dont le s disparaît dans les flexions:
Vray est que moi qui suis enclin
\ dormir h l'aise an matin,
Ne ctiantevois de si bonne lieure;
Mais ayant un peu sonuueilhS
Puis de vin ma falle mouille,
Ma chanson seroil bien meilleure.
Oi.ivu:r Ba.sski.in (.IoanleUou\),
chanson inédite.
l'n antre exemple de l'emploi de ce
mot se trouve dans l'édition de M. Dubois, p. 123.
Fai-lipoix, s. ni. (Orne) Homme de
mauvaise mine; peut-être faut-il écrire Failli
FàG
poil, Pou maigre; on appelle iine
personne dccharnce un Lapin vidé.
Falmèciie (Orne), Falumècde (Eure), et
Folumèque (Calvados) s. f. Étincelle, flammè- che.
Falub-, s. f. (Manche) Galette
très-lourde; il peut venir de l'islandais Fylla, Rassasier; ÙQ l'anglais
Fail, disette (Voyez FAMiNO ); ou du bas-latin Falhim, Étain; on dit dans le
méniesens un Gâteau de plomb.
Famuler, V. \)v. (arr. de Mortagne) Se
familiariser; littéralement Devenir de la maison: du latin Fomulus,
Domestique.
Famino, s. m. (Orne) Petit pain de
sarrazin, qu'on ne mange que dans les temps de famine.
Fanflue, s. f. Berlue; il .se prenait
en vieux-français dans le sens de Fanfreluche.
Fangue, s. f. Fange. Les autres
langues romanes avaient aussi le son dur . Fang ou Fane cnprovençal et en
catalan; /'"a«- go en italien et en espagnol; Fane en vieux-français: Un
vivier empres les fontaines de Desierre, qui est aterriz et plainz de fane;
Lettres de grâce ( i 47o), citées par Carpentier, t. ii, col. 361 . Dans
l'arr. deSaint-Lo on prononce Fongue.
F.\QUiN, s. m. (arr.de Baveux)
Élégant; cette signitication si étrangère au français se trouve aussi dans
les patois du Berrv et du Tarn. On attachait sans doute une idée défavorable
à la toilette, car Fahœnn signifie en islandais maladroit, incapahlc et Vak
en breton fainéant, paresseux. Voyez FARAUD.
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(delwedd C1302) (tudalen 101)
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FAU 101
Fauage, s, m. (Orne) Communauté; on
dit en français Faire avec quelqu'un.
Faraud, adj. (Manche) Elé- gant; il ne
se prend qu'en mauvaise part. Quoique Frédégaire se serve de Faro dans le
sens de Ba7'o, ce mot qui se trouve aussi dans les patois duBerry et du Jura,
vient sans doute de l'islandais Fadr, élégant; le d a disparu comme dans Fodr
dont on a fait Fourrage.
Farette, s.f. [arr.de Bayeux)
Moisissureaui vient sur les bai!»- sières de ciare; For signifie en breton
Sur, Dessus; et Fardi en islandais LJe, Moisissure qui vient sur l'huile.
Dans d'autres localités la Farette se nomme Champignon.
Fatraiin, s. m. (arr. de Morlagne)
Petit chanvre; c'est probablement le môme mot que Fretin dont la
signification est semblable.
Fau, s. m. Hêtre; Fao en breton. Ce
mot existait aussi en vieux-français;
Berte fu ens el bois assise sous un
fo.
Berte aus grans-piex, p. 48.
Faulauou follo, s. m. (Orne)
Feu-follet; ailleurs ce mot est corrompu autrement, onditjTtfollet.
Fauoukt, s. m. (Manche) Crocen-jambe;
de Faux: le vieux-français disait Fauchet.
Fauter, v. n. Commettre une faute.
Fautoiset. s. m. (arr d'Â- vranches)
Émouchet; Oiseau oui se prononce oisct a sans (Joute été ajou»é auFflM(Falco)
du vicux-franrais:
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(delwedd C1303) (tudalen 102)
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102 FER
i;t plus isiiatis que faux ai
esj)cr\itr.
Roman (VAgolant, p. oi, étl. de
lîekkei.
FAVAS,s.f.pl. (Manche) Tiges sèches de
fèves; Favaz a la même signification en breton, mais il est probable que ces
deux mots viennent du latin Faba.
Fêle, adj. 'arr. de Baveux) Fort,
Courageux, comuîe en rouchi; probablement de l'islandais lella, tuer,
renverser; selon M. Dubois, Mémoires de la Société des Antiquaires de France,
t. iv, p. 235, Fel signilierait, dans quelques localités de l'Orne, Faible;
il viendrait alors peut-être de l'islandais Feill, Vice. Défaut: en
vieux-provençal Esfelnezir avait le sens d'Altérer, Rendre mauvais:
E m n'esfelnezis ma color.
Guillaume de CABEST.\i>G,cité dans
le Lexique roman, t. m, p 301.
Fener, y. a. Rendre ses excréments; il
ne se dit que des chats. Voyez fian.
Ferlampier et Frelampier, (arr. de
Bayeux et de Valognes) Écervelé, Mauvais sujet. Ce mol existait aussi dans
l(;s autres provinces: File est amoureuse d'un grand ferlampie; La précaution
inutile dans le Théâtre italien de Gherardi, 1. 1, p. 527.
Fkrlande, s.f. Mauvaise piè- ce de
monnaie; du bas-latin FerlingusM quarld'un dénier, dont oii avait fait en
vieux-français Ferlin et Frelus(jue.\o\n le mot suivant.
Ferluches, s. f. Copeau trèsmince,
Dolure; du bas-latin Frrlingus, pièce de monnaie
i
FFU
delapluslail)levaleur,envieux-l'rançais
Frrlusnuc, dont par une idée semblable on a faitZ-a/tferluche.
Fermaig.ne cIFermi.ne, s. m. Meuble
pour enfermer des effets, Fermant. On appelait en vieux-français les bijoux
qui fermaient Fermaus; Mouskes, Chronique rimée, v. I I0N5. et Fermailles;
Inventaire des joyaux de la maison de Iiour(/o(jne, nubl. par M. Barrois.
iîiliotlirque protypographique, p. 3:}|.
Férousses, s. f. pi. Jambes; de Fera,
je porte.
Fersir, v. n. Transir, Tremblotter; de
l'islandais Farsin/,-, gravement malade, d'oii vient sans doute Farcin, en vieux-français
Fersin.
Fertillon, s. m. Il ne s'emploie que
dans la locution Ftre en fertillon, en agitation, rommc un dé dans un cornet
{Fritillus). Etre en gaité, Frétiller; cette dernière acception fait penser à
Frigilla;on dit proverbialement; Jl est gai comme un pinçon.
Feru, adj. Vigoureux; du latin
7'>ro.r ou du breton Feru, dont la signitication est à peuprès la même:
dans le patois de la Vendée on dit Férieux.
Feslamper . V. a. (arr. tie Mortagne)
Fesser, Battre.
Feupes, s. f. pi. (arr. de Mortagne)
Mauvais vêtements; Friperie, en patois Vcuperie.\\)\\ii Peuffe.
Fêt. s. m (.Manche) Toît, Faîle,
Failierc.
Fêtre, s. m. Panaris.
Fei RRE, s. m. Paille, Fourrage: de
l'islandais /of/r. nour
Fie
v\v .Faire gerbedefeurre à Dieu était
un vieuxproverbe qui nous a été conservé par Rabelais, 1. I, cb. 11 . Ce mot
existait aussi en vieux-français.
FiAN, s. m. Fumier, Fiente; cette
forme se trouvait aussi en vieux-français: Ou descent le fiens et l'ordure.
Martyre de saint Denis, public par M.
Jubinal, Mystères iné- dits, t. I, p. 160, V. 19,
et elle s'est conservée en rouchi.
FiARACHE, s. f. (Orne) Communauté,
mélange.
Fiat, s. m. (arr. de Baveux) Foi,
Confiance; ce mot se trouve aussi en rouchi; le t ne se fait pas sentir dans
le patois chartrain; dans la Manche, on dit Fiauté.
FiAU, s. m. Fléau pour battre le
grain; le l s'est changé en I, comme il arrive souvent en italien lorsqu'il
est préccdéd'un F. On dit aussi flet.
Fichant, adj. (Manche) Extrêmement
contrariant. Voyez le mot suivant.
Fichier, V. a. Appliquer, Mettre,
comme le Ficher du vieux-français:
Qui en trouver fiche ^'entente Bien se
doit garder qu'il ne inenfe. GiiART, Brandie des royaux lignages, prol. V. 1.
On dit aussi Fichier le camp, S'en aller
au plus vite. Décamper; Fichier (Appliquer, Donner) des coups, et Fica
signifiait en provençal Blessure, Coup. Employé avec la forme réflé- chie
/^«cAer signifie Semoquer; il vient sans doute du bas-latin Ficare dont
l'origine est incertaine; on trouve seulement en suédois avec une
signification
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(delwedd
C1304) (tudalen 103)
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FIL 103
semblable le verbe Fichas.
Fichu, adj. (Manche) Perdu. Condamné;
les autres significations ne sont pas particulières au patois.
Fiée, s. f. (Calvados) Grande
quantité; probablement de l'islandais Fiol, foule, ou de Fc . troupeau, en
vieil-allemand 17- hu; en Dauphiné. selon Roquefort, Supplément au glossaire
roman, p. 165, Feie signifie encore troupeau, mais dans le petit vocabulaire
que M. Champollion-Figeac a mis k l'appendice de son livre sur les patois, on
ne trouve que Feia, brebis. Il ne serait pas impossible non plus que Fiée fût
une contraction de Fieffée; encore maintenant en français Fieffé donne une
valeur superlative auxsubstantifs auxquels il est joint.
FiÉGE, s. f. (Orne) Roseaux séchés
avec lesquels on empaille les chaises communes.
FiELLu, adj. Courageux. Voyez FELE.
FiFOTTE, s.f. (arr. deBayeux) Frai de
poisson rejeté par la mer, dont on se sert comme engrais; peut-être de
l'islandais Fisk, poisson et Fodra, nourrir.
Fignoler, v. n. Etre élégant. Se faire
beau; il se trouve aussi en rouchi, et dans le patois de Reims. Finn signifie
en islandais agréable à voir.
Fignoleux, s. m.
(Seine-Inférieure)Élégant. Voyez Le coup d'œil purin, p. 19; il a la même
signification dans le patois du Berry.
Filebert' (Noix de) s. m. (Manche)
Aveline; saint Filebert qui avait beaucoup enrichi
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(delwedd
C1305) (tudalen 104)
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404 FIS
l'abbave de Juiniè^es, y avait sans
doute introduit de iiieiljciires noisettes. NOnoz Benois, C 'ironique rimée,
\. i, v. 9;M, cl Acla sanctonim, août, t. iv, p. 06-9.').
FiLOTiEH.s. m. (Orne) Tissejaud,
Ouvrier (|ui tisse du Fil. Fii.sKT, s. m. Petit ^airon; de Filins. Un lait
(jui piou\e d'une manière reinan|ual)le la supé'riorité pliysique des
lioninies du Nord ' c'est que Moy qui avait la même signilicat ion en
islandais esldevenuen vieux-lrancaisME(;i.\, Mescin, Jeune homme robuste. A
Caen et ailleurs on dit aussi Fiston.
Fi.NAnï:,s.m.Rusé;ilseprend souvent en
mauvaise part comme Finaud.
Flner . V. a. (Manche et Calvados)
Trouver; comme l'islannais Finna, le vieil-allemand Findan et l'anglais Find.
Finguk (par ma) s. m. (Manche) Par ma
foi; à Condé-surNoireau, par ma fongue: le vieux-français disai t Figue: Ma
ligue, vous êtes un beaii faiseur d enfants; Desperriers, Onziè- me nouvelle.
En rouchiet dans le patois de la Vendée, on dit Figue.
FiON, s. m. Dernier poli, Fini; avec
le verbe Avoir il signifie Avoir l'adresse nécessaire pour réussir.
FiSQUER, v.a.(arr.deBayeux) Regarder,
corruption deF/xer que le peuple emploie dans cette acception.
FissiiT, s. m. (arr. de St-Lo) Petite
barre [Fixas).
F I ss I A u, s . m . ( Calvados )
Barre d'un treillage. Voyez fisset: c'est aussi une corruption
FLA
du français Fuseau.
Flageolet, s. m. (Manche) Haricot.
Corruption de Phaseolus, autrefois Faseol: L exemple y est manifeste en pois,
febves. faseols, noix, alberges: Rabelais, Pantagruel, 1. m. cil. 8. Ce mot
se trouve aussi dans le patois du Berrv.
Flaindre, v. n. (arr. de Rouen)
Recaler: peut-être une corruption de Faindre. Voyez ce mot.
l'isiiiL'ii i)arpoiiit qu'est lait on
fadioii
de coutliiie
fait que je llains souvent a baisser
mou es(iuigne.
Muse normande, p. ^i2.
Flambée, s. f. Feu clair: ce mol se
trouve aussi dans le patois du Berry: le vieux-fran-^ çais disait Flambe:
D'autre part avoit un ilraqon Qui
ile\eis ocidaiit voloif, De sa glieule (Ïambe jetoit.
Roman de Brut, v. iis.iy.
Flammiciie, s. f. (arr. deMorlagnel
pain cuit k la hâte, à la Ihwune.
Flancuet (de mouton). Épaule, Morceau
du liane d'un mouton; en rouchi on dit Flanquet; le vieux-français Flanchet
signifiait flanc, côté.
Flâner, v .n. Aller raconter ce qu'on
vient d'entendre, et par suite Fainéanter; il ne se prend à Rennes quedans sa
première acception, et à Langres que dans la seconde; on a fait le substantif
F/aneîir. En breton Flatra a la même signification.
Flanier, s. m. Avare; en \^- landais
F/an w?' signifie /«krf m.
Flanner, v. n. Flatter par intérêt: en
islandais Fladrn si
FLl
gnifie t ramper paj'd es jlattcries.
Flaquin, adj. Maigre, Jifflanqué;
probablement de l'islandais Fla/ci, Surface platte.
Flaries, s. 1'. pi. (Orne^^Graiides
réjouissances.
Fleler, V. n. (arr.deBayeux) Etre
agite avec violence; il ne .se dit que d'une porte. Dans l'arr. de Rouen ce
verbe est aussi actif; Fléler des fruits y signifie les agiter avec violence
et par suite les abattre. Voyez
FLOQUER.
Fleu, Flieu, s. f. Farine. L'islandais
Flur signifie également une Fleur et du froment de premièie qualité;
l'anglais Flour, farine et Flower, Heur. se prononcent à peu-près de la même
manière; le bretoni^/cj/f/, farine et fileûn, Heur, ont de grands rapports de
sou, et l'on dit en français Fleur de farine.
Fleume, s. m. (arr.deBayeux) Crachat,
Pituite; du bas-latin Fleuma. Ce mot existait aussi en vieux-français: Remue
fleume et maint autre mal.
EcsT.^ciiE Desciiamps, Œuvres, p. 166.
Flie, s. f. et Flion, s. m. Petit
coquillage univalve {Fclinae, Pelinio), le Patellavul(jata de Biainville.
Flio, flo, s. m. (Manche) Troupeau; de
l'islandais /-Yoc/i-, troupe; on trouve aussi Flo en vieux-français:
Puis leur tramist par luiiz ouverz,
Grant flo d'Anglois de fer couverz, Qui si forment les entrepristrent Que
riches et pauvres ocistrent.
GuiART, Branche des royaux lignages,
V. 1G93.
Flip, s. m. (arr. de Bayeux) Boisson
composée de cidre, de
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(delwedd C1306) (tudalen 105)
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FLO 105
sucre et d'eau-de-vie; de l'anglais
Flip, cordial.
Flipsaccer, V. a. et n. (arr. de Caen)
Avaler, Manger; du français Frip-sauce.
Flon, s. m. (arr. de Vire) Mal
épidémique, qui avait sans doute d'abord quelque ra])poit avec le mal de
saint Gerbold:
Hé uea! j'ai le mau Sainct-Garbut;
Suis-je des foireux de 13ayeux?
Blakchet, Farce de Pathelin.
car Flon signifiait en vieux-français
flux de ventre.
Floné, })arl . passé. (Orne) Mis en
fureur, fe/on, du sàxonFellc, signifiait en vieux-français mé- chant,
emporté; et l'en en avait h\iAffelonnirctEnfclonner,S^i, mettre en colère.
Voyez Froissart, t. II, ch. 41 . On l'emploie aussi substantivement, et il
signifie alors Taureau en fureur; on sous-cnîend Taureau.
Floper, V. a. (Orne) Battre quelqu'un;
le substantif est F loupée. Voyez veloper.
Floquer. V. u. Etre remué, Etre agité.
Flotter; de l'islandais /'7rt'/iiai% de l'allemand F/akern, ou du bas-latin
Floccare, qui ont la même signification; Floquer a la même acception dans le
patois picard. A Valognes, il signifie aussi Faiblir et à Condé-sur-Noireau,
Devenir faible.
Floquet, s. m. Sobriquet donné aux
habitants du pays de Caux, probablement parce qu'ils n'avaient pas cette
ténacité de caractère qui distingue la race normande. On lit dans le
Çatholicon de Joauncs deJanua: Floccus, floicheldc laine, gallice loquet, id
est parva mas
lUti FOL
*a lanae cl dicilur a //«, //^.v,
(jUdd Icviter flaluimpcllalurliuc cl illuc.
Flouek . V. a. et u. Voler; c'est
probablement uueconlraction de Filouter
Flouettf., s. f. (Manche] (lirouetle
[Flucluo^
Fluber. V. n. (arr. de Morla|j;ne;
Reinner les épaules pour se gratter. Voyez Fiupper.
FoicELLE, s. f. (Orne) Vase percé de
trous pour éjïoutter le iVoniage, Panier de jonc qui sert au même usage; on
disait en vieux-français Fisscle, Feissclle:
Mais au combattre, tcx en est la no
vele, >'e valent mie iingfroumageen
fissele.
Raoul de Cambrai, p. 48, v. 2.
Je lui porterai mon fourmage Dans
cette fesselie de jon. MARGLKniTF. DK Valois, Comédic de la Nativité de Jésus-Christ
Voyez FissiAH. On dit aussi Froicellc
et le patois du Dau[>hiné a également ajouté un r Freissela.
FoiMi.LARD, s. m. RAdeur; le sens
primitif était sans doute Assassin; selon Huet, Addi(io7is aux origines de
Ménage, autrefois en Normandie on donnait par dérision à l'épée le nom
deFo/sne, dugrecO^vcç, meurtre. Selon Ro(|uefort,^/oss«(rt', 1. 1, j).GI 4,
on donnait àcertains brigands le nom de Foillars.
Foisii.i.EU, V. a. (arr. deMorlagne!
Remuer la cendre, Dé- ranger les meubles pour le [)laisir de les déranger.
Foi. i,K, s. f. Trombe (jui tournoie:
(lu vieux-français Folier, errer, s'égarer: Par iiitr folia (Knoas)
lonrieincnl;
FOR
Muiiil grant péril, maint graul
tourment Et maint travail H estut traire. Ro7nan de Unit, v. 21.
Folles, S. f. pi. (arr. de Rayeu\i
Filets qu'on tend en pleine mer, dans les grandes marées et (jui sont souvent
enlevés par la force des vagues.
Foncée, s. f. (arr. de Valognes'
Portée d'un animal qui met nas.
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(delwedd C1307) (tudalen 106)
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106
Foncer, V. n. farr. de Valognes) Se précipiter, Avancer sur; on dit dans le
même sens en terme d'escrime Tirera fond: ce mot est aussi employé en rouchi.
11 signifie encore Payer, Faire les Fonds:
Il fault foncer ou je veulx qu'on me
tonde.
Chansons normandes, p. ITG, M. de M.
Dubois.
En français ce sens est maintenant
hors d'usage.
Fondeler, v. n. Préparer la terre pour
le sarrazin, y mettre beaucoup d'engrais, lui donner du fond.
FoRANGiiE, s. f. (arr. de Raveux)
Croûte qr.i vient sur les ïèvres des malades: peut-être du latin Foras
Angere.
FoRB.\NMR, v. a. Chasser, Bannir
dehors Foras):
VA cbiquancrîe Qui puisse estrc
forhannio
De nos may/ons. lÎASSKLiN,
Vaux-de-\'ire, p. ITJ; éd. de M. Travers.
Le français a conservé Forhan dont la
signilication est restée j)lus conforme à son elNuiologie.
F(>Riui,adj. Kendude fatigue.
Incajjablede continuer sa route i,ri(i^; r^r/yf» signifiai t en
vieux-fraïujais hors de la voie.
Forcée, s. f. Portée d'un a
FOU
nimal qui fait ses petits; Fourcher
signifie en rouchi fourmiller, foisonner; peut-être cette image est-elle
tirée des arbres qui fourchent quand ils poussent plusieurs branches sur la
même tige.
Forces, s. f. pi. (arr. dcBayeux)
Grands ciseaux de jardinier (Fom/9s); en rouchi on appelle Eforches les
ciseaux dont on se sert pour tondre les draps; ce mot existait aussi en
vieux-français.
Forière's. f. (Calvados) Sillon de
travers, au bout, en dehors [Foras] du champ.
FoRiÈRES, s.f. pi. (Eure) Sentiers
pour accéder les proprié- tés rurales . qui sont en dehors {Foras) des
champs.
FoRMAL, s. m. (arr. de Cacn) Bouton,
Furoncle et généralement toute espèce de mal exté- rieur [Foras Malum).
FouADRAiLLER, V. n. Faire fracas,
Faire claquer son fouet.
FoLiAiLLE, s. f. Feu vif de peu de
durée; pendant le moyenâge Feu se prononçait Fou:
E fous e flambes i ost apareillez.
Chanson de Roland, st. clxxxi,
V, II.
Dans le commentaire du dictionnaire de
Jean de Garlande, écrit pendant le xiir siècle, on trouve Ignacia, gallice
Fouace; Paris sous Philippe-le-Bcl, p. 593. Dans le Jura on appelle Fouailles
des torches ardentes que les jeunes gens portaient autrefois sur les
montagnes, le jour de Noël.
FouATiNE, s. f. Feu clair. Ce n'est
que feu cl fouatine, dit une locution normande.
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(delwedd C1308) (tudalen 107)
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FOU 107
FouATiNEs, S. f. pi. Verges, dont on
se sert pour fouetter.
FouATRiNER, V. n. (Orne) Se dit de
quelque chose que lèvent enlève.
FouÉE, s. f. Feu clair, Incendie; ce
mot signifie en rouchi une Brassée de bois mort. Dans le Calvados on lui
donne le sens du vieux-français Fouace, c'est une galette cuite à l'ouverture
du four.
Foui, s. m. (Orne) Four.
Fouillis, s. m. Pêle-mêle, Désordre.
Fouiner, v. n. (Orne) Murmurer. Voyez
ouiNER. A Valognes, il a Conservé comme ea rouchi et dans le patois de
Rennes, le sens du vieux-français; il signifie Fuir comme une Fouine qui se
cache dans un trou, quand elle court quelque danger.
Four, s. m. (arr.de Valognes) Bouche;
le vieux-français trouvait l'image trop forte et se servait du diminutif
Fourcele:
Li bouque après se poursievoit Graile
a cors (?) et grosse u moilon, Fresque et vermeille plus que rose; Blance en
denture, jointe et close Et après fourcele menton.
Jeus Adan le Boçu, dans Relier,
Romvart, p. 321, v. 22.
On appelle aussi Four de la culotte,
l'Endroit où elle se Fourche; ce mot se trouve aussi dans le français
Carrefour. On dit également le Four d'un arbre.
FouRBANCER,v. ïï. Touchcr à tout; il
signifiait en vieux-françai? Polir, Nettoyer.
FouRCELLE, s.f. Poitriiic, Estomac:
Gosier qui naturellement
108
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(delwedd C1309) (tudalen 108)
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FOI
Est num entonnoir très liJtilln, >c laisse «Mitrcr tu ma
tniiicelle Breuvage s'il n'ist excellent.
Olivier Uassilin f Jeau-le-Iloiiv)
C/ianson incditc
En Nicux-franrais il siiiiiiliail I os
(lu stcrmmi; kaiu-llMin ', suivant les glosses du temps (! Kdmiard ii
1307-13271, pui)liees dans le Jteliquine aiitiquac. t. II. p. 78: la Chanson
tic liuland st. CLXiv, v. 4, lui lionne le sens de mamelle:
Desnr son pis, entre les dous liir
celes.
Cl on lil dans Raoul de Cambrai, p.
40. V. 22:
.le te norri d'el lait de ma mamelo,
l^orqnoi aie fais dolor soi ma forcele.
FouRE. S. f. Cours de ventre;
corruption de Foire.
Fnri;KF.. s. f. (arr. de Baveux) Filet
(|u'on attache sur les flancs de sa!>lc avec de petits j)icu\, de manière
à former uii parc ouvert.
Foi'RGOTER, V. n. Remuer dans un irou
avec uiu' bairuetle; peul-èlic une corruption de row-gonner, ou dnhvGion
Fourgasa, agiter, remuer.
Foi RLORE, s. m. Feu-follet.
FotJROLLE, s. f. Torche; de Fou. Voyez
fouaili.e.
ForuQUET, s. m. (arr. de Valognes)
Èntre-deux des jamhes, de Fourche.
FoiT.RÉE (poire) adj. (arr. de
Valognes ) Molle ', et par suite Blote.
FoiniF.LE, s. f. (arr. de I\Iortagne^
Faine; de Fan (\\u\ l'on prononce souvent Fou. Voyez «ependanl foutinette.
FocriMASsER, V. n. A^'ir (mi
imhecill(\ comme un fou . .]fninn en saxon et!\iarhrn en
FKE
allemand, signitieiil faire, agir Ce
mol signifie dans le patois du lierry Tourmenter (juelqu'un au moral.
FoiTixER. \. n Faire peu de chose,
Perdre son temps à des riens, comme im fou.
FoLTi. NETTE, S. ï. (arr de Caen)
Objet de peu de valeur, Plaisanterie sans importance, il se dit aussi d'un
breuvage composé deau . de sucre et d'un peu d'eau-de-vie; probablemeol parce
(pi il est peu enivrant.
Frmnv.vm.e, s. {. Boulimie ( Voyez
faimvalle ); corruption d(i Fringale. Le patois normand a aussi Fraincallier,
qui a la Frainvalle.
Fr.vmbir V. n Fureter.
Fr.vmboyer, V. a. Nettoyer, Curer
[Fourbir]; en islaudai* Fran et Frammbœvilegr s\^n\- iient brillant et beau.
Fr.a.nc, adj. Vigoureux, Fxcellent; le
meilleur blé s'appelledu Franc-blé et l'on dit d'une personne très-robuste
qu'elle est franche du collier.
Fr.\ri.n, adj. Dolent, Chétif; comme
eu vieux-français;
Ne de cucr povres ne frarins, Ne
blastengiers de ses voisins.
Fabliaux et contes anciens, 1. 1, p
207.
Voyez aussi du Cansc, t. m,
p.;)<)3, col. 3.
Frater, s. m. (arr. de Vire) Barbier;
autrefois Chirurgien, soit parceque les chirurgiens formaient une confrairie,
soit parce (pi' ils i-taicnl fratres .scrr(V»7c^'des mé-decins. Boursaut a
dit dans ses Poésies:
Qu'Iùscnlapeson fils lui serve de
frater.
Fremailles, s f pi. AITaiveb,
FKE
(le I islandais Fremia, faire. . comme
le français de Facere; en vieux-français il signifiait sans doute Pari,
Gageure, de Firniare.
Vous savez bien de f;, sans faille,
Que l'aiitrier fesimes fremaille f:ntre moi et l'enfant Gcrart.
Eoman de la Violette, v. 733.
Frémeur, s. f. Frayeur [Fremor); le
français a leverbe Fré- mir.
Frénailler, V. n. Faire un bruit
irritant; du grec Opvîv.
Frérage, s. m. Association étroite; le
français actuel dit dans le même sens: Etre frère avec quelqtiun, et on
trouve en vieux- français Frairie. Voyez Martenne, Thésaurus anecdociorum, t.
i, col. 1351.
Frette . s. f. (arr. de Vire) Long
bâton (/"rp/ws) et par suite long ruban pour entourer les enfants et les
empêcher de tomber; le mot français Frette a la même étymologie.
Fretter, V. H. (arr. de Tire)
Enimaillot ter. Voyez le mol pré- cédent.
Freuler, v. a. (arr. de Vire) Battre;
Frel signifie Fléau en breton et le peuple dit encore en Normandie: Il la
battu comme avec un fliais. Freuler signifie aussi Froisser, Frôler, et il
vient du bas-latin Fricticulare ou du breton Freura, herser; il s'emploie
aussi avec la forme réfléchie et signifie Se gratter. Dans d'autres localités
on dit Friller.
Freulée, s. f. (arr. de Vire) Rossée.
Voyez le mol précédent.
■Freulier, s. m. (arr. de Baveux) Mauvais
sujet: on dit d'un
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(delwedd C1310) (tudalen 109)
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FUI
Ki'.i
très -mauvais sujet (in il esi toujours dans les batailles.
Freument, adv. (arr. deBayeux)
Durement, Fortement.
Fricot, s. m. Festin, Bonne chère;
neut-èlre de l'islandais Fryg, plaisir; ce mot se trouve dans le patois du
Berry avec la même signification; de là sans doute le vieux-français Frigotcr
el Fringuer; dans le patois de l'Isère, .^Vj'co signifie \mHomme enjoué,
gaillard.
Fricoter, v. n. (arr. de Valognes)
Faire bombance. Voyez le mot précédent. On dit aussi Fricoteur. La
signification est la même en rouchi et dans le patois du Berry.
Frimous.se, s. f. Figure, Mine; du
bas-latin Frumen, en vieux-français Frume. Voyez du Gange, t. m, p. 424,
col.' 3.
Frinot, s. m. Garçon meunier; du latin
Farinarius.
Frioler, v. n. Avoir grande envie;
selon Cotgrave il signifiait en vieux- français To consume, To devour, el il
a conservé un sens analogue dans la locution normande; La langue ni en
friole; peut-être du gothique Friks, désireux, avide. Dans l'arrondissement
de Vire on dit Frilloler: le français Affrioler a la même origine.
Friolet, s. m. (arr. de Valognes)
Petit haricot eu grain; de l'islandais Frio, graine, semence.
Frippe, s. f. (arr. de Vire) Dos.
Tandis que vous mangez le chaudin
et la trippe.
Ils peuvent tout à coup vous tomber
sur la flippe.
Lalleman, La Campénade, cU.
m, p. 17.
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(delwedd C1311) (tudalen 110)
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\\0
<iAB
MoliiTC H (lit dans lo niômr
sens:
Oarc une irruption sur notre friperie.
Dépit amoureux, act. III, se J.
FuiPFEii, V. n. Se frotter le dos dans ses habits, parce que sans doute cela
les chiffonne. On l'emploie activement dans le même sens • Fripper les
cpaiiles. Il signifie aussi Faire nombance:
Mais de fripper y n'en est pu
nouvelle; Le pain est cher, Icbois et la candelle.
Ferrand, Muse normande, p. 4. Le
français s'en servait autrefois dans cette acception.
Frioijenelle, s. f. (Orne) Cellequi
cherche des friandises; selon Roquefort, t. i, p. 64i, ce mot signifiait en
vieux-français Jeune femme galante.
Frisdij, s. m. Friche, Terre inculte;
suivant Nicot ce mot existait aussi envieux-français.
Frison, s. f. (arr. de Baveux) Boucle
de cheveux frisés.
Froe, s. f. (Manche) Sciure de bois;
on dit k Nancy Froux.
Frôlée, s. f. (arr. deBayeux) Pain
émietté dans du cidre.
Fronteau, s. m. Bourrelet d'enfant,
qui lui garantit le front; il a la même signification dans le patois du
Berry.
Frot, s. m. (arr. de Lisiëux) Étoffe
grossière en laine dont on faisait autrefois des frocs.
GAB
Fur, adj. Avide.
Fiu MEU. V a. Fermer; cette forme se
trouvait aussi en vieux-français:
s'a un vies cofre dcsfrurae;
Si en trait unes armes teus
Que jou bien vous soi dire que(u)s.
GunxAiMEs Le Ci.ers, Romans des
Aventures Fregus, p. 4.
FhESLON, FULONet FURON, S.
m. Taon; de Frelon.
Fumer, v. n. (arr. de Valognes) Etre
vexé, Rager; comme en vieux-français:
Qui que s'en marrisse ou s'en fume,
Pour l'honneur de vostre personne, Joseph, Jésus le corps vous donne.
Jehan MronEi., Mystère de la Passion,
journ. iv% se. 12.
Ce mol a sans doute été fait par
analogie à S'enflammer; la contrariété précède la colère, corn me la fumée
précède la//ammc.
FiiRLUCHÉ, part, passé, farr. de
Rouen) Hérissé, Irrité:
Furhichés ainchin que des coqs.
Ferrand, Musenormande, p. 27.
FuRLUFFER, V. a. (arroud. de Rouen)
Fâcher, Poussera bout;
Chest pour nous faire furluffer.
Ferrani), Muse normande, p. 26.
Peut-être le même mot que le
précédent.
Futé, part, passé. (Calvados) Rempli,
Rassasié, Blasé.
FuTER, V. réfl. (Calvados) Se mettre
en colère, Se rassasier et par suite Dépenser.
Oabasser, V. n, (Orne) Sau- Gabegie, s. f. Ruse, Tromllcr perie
(voyez gaber), et par suite
GAD
Intelligence, Menée secrète; ce mot a
la même signification en rouchi et dans le patois du Berry.
Gabelou, s. m. Sobriquet injurieux
donné aux douaniers et aux préposés de la Gabelle, que l'on retrouve dans presque
toutes les langues; Gabelot en catalan, Gabellador en provençal, Gabelliere
en italien, etc.
Gaber, V. a. et n. Plaisanter, Se
moquer; Gabbacn islandais:
Dame, dites-le-vous a gas? De gaber,
dist-ele, n'ai cure.
Fabliaux anciens, t. m, p. 6.
Gaberien (deCouanettes) s. m. (arr. de
Baveux) Sot; motà-mot, Trompeur de femmes.
Gable, s. m. (arr. de Vire) Pan de
mur, Pignon; Gujl en islandais.
Gabotter, V. n. (Orne) Se balancer en
dansant.
Gachard.s. m. (arr. deSaintLo)
Malpropre; de Gâcher, en vieil-allemand Wciskan, comme Gâchis.
Gâche, s. î. Galette, Gros pain de
sarrazin, Pain mal fait, gâché, comme on le dit en français dans le style
familier.
Gade, s. f (Orne) Vase de bois dont on
se sert dans les pressoirs; Gadde en languedocien et Jede dans le patois de
la Vendée; probablement de l'islandais Jata, jatte.
Gades, s. f pi. Petites groseilles;
dans l'arrondissement de Mortagnc on dit Gadelle. Voyez grades, gradilles.
Gadolier, s. m. (arr. de Bayeux)
Mauvais sujet, Garnement; en breton (racfa^ signifie libertin, débauché.
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(delwedd C1312) (tudalen 111)
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GAL \ i 1
Gaffée, s. f (Seinc-Infé- rieurc)
Morsure de chien; en provençal, en catalan, en espagnol et en portugais Gafar
signifie mordre.
Gaffer, v. n. Mordre àeml)orter le
morceau, Manger en glouton, comme un chien. Voyez le mot précédent. Dans le
patois du Jura on dit Jajjcr] mais il ne s'emploie que aans la seconde
signification.
Gage, s. m. Avoir, Ce qui appartient;
en vieux-français Gach:
Biaus sir, por Dieu merci, fet nous
render nos gacii .
Privilège aux Bretons, dans Jul)inal,
Jongleurs et Trouvères, p. 53.
Gagier. V. a. (arr. deValognes)
Parier; il signifiait sans doute d'abord Assurer en donnant un gage de sa
parole, car le bas-latin Gagiare signifiait S'engager: Quod gagiabit nobis
emendare ad voluntatem nostram et de hac nobis dédit Guillelmum de Hoctentot;
Eudes Rigault, Regestrum visitationuniArchie'pisco'pi rothomagensis, p. 225,
éd. de M. Bonnin.
Galaffre, s. m. (arr. de Cherbourg) Glouton.
Voyez luffre; ce mot existe aussi dans le patois du Berry; en rouchi on dit
Galafe. Le diable est appelé Goulaffre dans les Miracles de la Vierge, par
Gautier de Coinsy, suivant du Cange, t. m, p. 593, col. 3.
Galaignie, s. f Tout ce que l'on peut
porter dans ses deux mains réunies: de Gallon, mesure, en bas-latin Gelo,
Gilo, qui vient probablement del'hé-
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(delwedd C1313) (tudalen 112)
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112 (lAl.
l)r('ii\ fiuln.
CiAi.Ai'iAN, s. ni. >;ar. cJi;
Baveux; Vagabond, Mauvais su/ot; il a inioiix consiMvc la signilioation et la
l'onni' do I islandais (îalajun (\\ni le (înlovitt du français, le (îanipion
de l'Orne et \c'(ialapiot du Herrv.
(ÎAI.ATINE èlreen s. 1. laii'. de
Hayeuxi Garder laehand)re: Galetas de larabc r^//<//f/, se disait en
vicux-lrançais (ialntas.
(Ialé, pari, passé. Maltraite,
Contraint:
.fe suis bion ç;.>lt''o VX de près
coutrainte.
Farce des Pates-Ouainfes. p. 52.
Gales, s.f.pl. Joies, Réjouissances:
Avec les gales bon temps.
D.\SSF.UN, Vaiix-de-Virc, p. IG7; éd.
de iM. Travers.
On le trouve aussi en vieux-français;
FI y aiira bcu et galle,
Chez mo\, ainsqne vous en aillez.
Farce de Pathelm.
Dans le patois de l'Isère GaU lihourda
signifie faire bombance. Ce mot vient sans doute de l'islandais GnJa, chanter
et par suite se rejouir; le français en a fait aussi Gala et licr/alcr.
GAi,ETKii,v.n.(arr.deBayeux'i
Trembkrde froid; en islandais Kalài signifie froid.
Galktieke, s. f. (Orne) Plateau en
fonte, à rebords, où l'on fait des Galettes. Voyez
nviTIKR.
Galimafrée, s. m. Ragoût copieux;
peut-être pour Galisnfréc Voyez gales et safre.
Galimot, s. m. (Orne) Galette de
sarrazin.
G AL
G\LiNE, S f. Jeu qui consiste a
abattre a\ec des sous un bouchon sur le(|uel on a mis de l'argent: on I
appelle aussi /ion(lion, Gnloclicitl Quillchoche; son nom vient sans doute de
l'islandais Gala, se réjouir, s'amuser: il se trouve dans le patois du Jura.
Galih, v. n. ( arr. de (^lierbourg
Jeter le sarra/.in sous le lleau: du breton Guahn, llcau, (iivialcnnn, battre
avec lelléau. Ce motsigniliait /e/er en vieux-fraucais:
Et moult se plainsl del roi Ricart, Le
félon cuvierf, le gn;;nart. Qui sen boin ostcl li toli Lt ses banieres lors
gali.
MousKKs, Chronique riméc, \. 19805.
Gallet, s. m. Levier; du breton Gwalen
. gaule, bâton: on dit aussi Galon.
Gallois, adj. Gaillard, Galant:
Je suys bon vivois Et compaignon
gallois.
BASstLiN, \'aiix-de-Vire, p. 125; éd.
de M. Travers.
Probablement de l'islandais Gala, se
réjouir, s'amuser; de là le vieux-français Gallaises, rejouissances:
Et puis s'en vont pour taire les
galloises Lorsque dcvroient vaquer en oraison.
LK.noux, Dictionnaire comique,
t. I, p. 5(Î0.
Et le sens primitif de Gaillard:
But lel tliem be such as they were, by
chaunci'
Our banquet doone, v\e liad our
musicke by
And thcn.yon knowe, tbcyouth must
needes goe daunre.
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(delwedd C1314) (tudalen 113)
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GAM GAR
4i3
Firstgaliards,tlienlarousaudhei- le
patois dc Renncs.
•^^^y- Gambet, S. m. Croc-en-jam
Nicholas Bretons, Woorkes ofa be; OQ
disait en vieux-français
young wit, cité par Ritson, Jambet:
Ancient so7igs and ballads,
1. 1, p. Li. Mult li a tost fait le
jambet:
Trébuche a le moine al pas. GaLMIN, s
m. Petit-valet; Génois. I. n, V. 25569.
probablement 1 origine du français
Gamin est la même. Gambette, s. f. (arrond. de
Galoche, s. f. Voyez galine. Bayeux)
Petit couteau à man
Galon, s. m. (arr.deBayeux) che
recourbé; ce mot existait
Mesure dequatre litres, encore aussi
en vieux-français [Cam
en usage en Angleterre; en fa).
rouchi Galot signifie un hroc.
Gambier, s. m. Qui a de
Galop (donner un), s. m. mauvaises
jambes; Gamby s'i
Reprimander, Gronder forte- s^nlûc
boiteux dans les patois
ment; on dit dans le même sens du
Berry et du Jura. Le patois
faire aller qX donner une danse, de
Bayeux prend ce mot dans
Quelquefois on se sert aussi du une
autre acception; il désigne
verbe; ainsi un Morceau de bois au
..., quel les bouchers suspendent
Puisque pour toy SUIS ainssygalopee,
^\ vianr^P
Or et argent, de Dieu soys-tumauldit!
^t* J^'^iiul.
Farce des pâtes ouaintes, p. 24.,,
^^^'^; ^J' ^^"î"^ qm vient
alao:ueule d un animal \Kahm
'■o
Dans le langage trivial Galle signifie en allemand
lamoisissignifie battu, rossé. Voyez le sure blanche qui vient sur le
Dictionnaire comique de Le- vin et sur la bierre; mais peut-roux, être ne
doit-on pas s'attachera
Galotter, V. n. (arr. de St- cette
étymologie, G^ome signifie
Lo) Carillonner; ce qui n'arrive Accès
de rage dans le patois de
que dans les réjouissances, la Vendée,
et l'islandais Gram
Voyez GALE et gallois. signifie
Fureur.
Galle, adj. Qui louche; Gamme, s. f.
Forte remon
Voyez égaluer. trance et par suite
Soufflet.
Galvadaire, s. m. (arr. de Gandoler,
v. n. Balancer,
Bayeux ) Vagabond, peut-être Remuer;
en vieux-français
signifiait-il d'abord Mauvais
Gandillcr; le provençal Gan
ouvrier; voyez le mot suivant. cù7ar
signifie cAance?er. Voyez
Galvauder, v. a. et n. Tra- guenchir.
vailler vite et mal; Gâcher; A- Gapas,
s. m. (Orne) Balles
battre des pommes avec une d'avoine;
en vieux-français et
gaule. dans le patois du Berry Gapier.
Gamaches, s. f. pi. Grandes Voyez
limas.
guêtres en toile que l'on met Garce,
s. f. Féminin de gar
sur ses culottes, c est une cor- çon;
on le prend presque tou
ruption de l'allemand Kamas- jours en
mauvaise part, comme
chcn qui se trouve aussi dans en
français:
8
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(delwedd C1315) (tudalen 114)
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1 1 i GAS
Mais je ne veux tant boire; .l'aimi'
mieux entre mes Itra'^ I.a j;rosse garce noire, t'ouchée entre denv draps.
C/inusons normandes, p.:>2Ci, (•i\.
de M. DiRois.
Dans les arrondissetncnts (l'Arpontan
ot de Mortagiie, on (lit (iarci'tle.
(lARCU, s. m. Jupon [Gardcsul): Il ne
nous reste pu que W. garcu a ma tante; Farce des (Juiolards, p. 30.
(iARDEiii^rjH, s. m. (arr. de Baveux)
Borne, de Heurter.
(iAR(;ACiiE, s. f. Culotte.
.l'avais une belle gargache
t)'nn fin coutil, Has-sementée avand
les jambes D'un beau nerfil. Chansons nonnandes, p. 233, éd. de M. Dubois.
Le vieux-français disait Gar^aisse qui
s'est conservé dans l(; patois du Jura; le français Grègues semble avoir la
même origine.
(1arot,s. m. (Orne) Petit pain de blé.
Carreau, s. f. (Orne) Levier; re mot
qui vient sans doute du latin Quddralus, comme Carrel, signifiait en
vieux-français </ros bâton.
CiARSONMÈRE, S. f. (an*, de Valogncs)
Fille trop libre, qui itnite ou aime trop les fjairons.
(lAS, s. m. Garçon; probablement une
abréviation de (rars: il se prend en mauvaise j)art dans rOrnc.
(Hase, s. f. (Orne) Bourbier, Vase;
peut-être de l'islandais Vutn, eau; le v s'est tu5si changé en g dans le
patois du Bcrry; Gmij'er y signifie Enluncer dans la boue.
G \sriT.LE (jeter à la ) . s f.
(iAT
(arr. de Valognes; Jeter des dragées
ou des sous à une troupe d'enfants qui sq battent |)our les ramasser; du
français Goupiller ou de l'islandais Gaja, Don et Spilla, Gâter, Perdre.
Gâter (de l'eau), v. a. (arr. de Vire
et de Mortagne) Uriner; on dit ailleurs Lâcher de l eau, c'est la locution
islandaise At kasta af sér vatni.
G.\TON, s. ni. (arr. d'Argentan et de
Mortagne) Bâton; on trouve aussi en vieux-français Gaston, suivant Roquefort,
t. I, p. 674: Gîte signifie solive en rouchi.
G.vTOLNER, v. a. (arr. de Mortagne)
Employer un gaton pour serrer la corde qui tient la cliargc dune voiture;
frapper fortement.
Gatte, s. f. Marelle, jeu où les enfants
tracent une figure (jui ressemble à une grande porte, en anglais Gâte -^ la.
rue de Geôle, à Caen, se nommait autrefois Gatte-hole, porte creuse, ou
plutôt passage creux, j)arcc qu'à l'exemple du grec ilu/vj, portes avait ce
sens en français: le passage étroit qui est à l'est de l'embouchure de la
Dive, s'appelle encore maintenant Houlgatte. Il y a aussi à Carentan une rue
] fol gâte.
Gattecofve, s. 1. Sorte de gâteau en
forme de jatte fort creuse {Cava), que l'on faisait autrefois à Dieppe,
suivant Bricux [Origines de coutumes anciennes, p. 65), et qui peut signifier
seulement GâteauGoffe.
Gattes. s. f. pi. (Orne) Es%GÀU
pace resserré, où tourne I9, meule
d'un moulin. Voyez
GATTE.
Gau, s. m. (arr. de Baveux) Co({
[Gallus); sa forme latine s'était conservée dans le vieux-français:
Ainceis que li gai fust chantant
Vindient a Coici dreit errant.
Benois, I. Il, V. 14057.
Mais on y trouve aussi cette forme:
Devant le jor, ains que gaus ait
cante. Chevalerie Ogier, v. 7605
Voyez JAU.
Gaud, adj. Niais, aphérèse de Nigaud.
Gaudrioles, s. f. pi. (arr. de
Mortagnc) Cabrioles de joie; la signification que lui donne le français
indique aussi que la racine est le Gaudium des Latins.
Gauneter, V. n. (arr. de Mortagne)
Bavarder au lieu de travailler.
Gaupailler, v. n. Manger avec avidité;
de l'islandais Gapa, Engloutir: dans l'arr. de Mortagne il signifie
Gaspiller.
Gauplumé, adj. (arr. de Baveux) Mal
peigné; Aussi mal arrangé qu'un coq sans plume; le vieux -français avait aussi
cette expression.
Gaure, s. f. Grosse femme sans souci;
probablement du vieux-français Gore (j^oipoç).
Gaurer, v. réfl. Se pavaner; de
yccvpoç Orgueilleux.
Causant, adj. (arr. de Mortagne)
Désagréable. Voyez
GOSER.
G\UT, s. m. (arr.-de'Bayeux)
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(delwedd C1316) (tudalen 115)
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GÊG 115
Bois, comme en vieux-français:
Adont recorna une fois. Qu'aucuns n'en
fust remes el bois, Si durement et si très haut. Qu'en retentirent bos et
gaut.
MousKEs, Chronique rimée, t.
7816.
Du vieil-allemand ou vieux-saxon Wald,
qui avait conservé sa forme primitive [Gualt) dans la Chanson de Roland, str.
CLXXXi, V. 21; quoique Altaserra ait dit Berum aquitanicarum p. 134: Bagaudae
d[ciiqua.sisylvicolae;Gauen\m lingua gallica sylvam sonat.
Gautier, s. m. (Orne) Oie mâle, Jars;
en patois normand et en breton Gars; en islandais Gassi.
Gavailler, v. a. (arr. de Bayeux)
Gaspiller. Voyez gaupailler.
Gavast, ad. (arr. de Baveux) Brutal;
Gavache avait "aussi une signification injurieuse en vieux-français:
Il vous traiteroit degavaches, Vous me
faisiez tant les bravaches.
Sgarron, Enéide travestie, I. v.
Peut-être ce mot vient-il du Gavascho
puerco que les Espagnols appliquent aux Français.
Gaver, V. réfl. Se bourrer, Se gorger,
S'en mettre jusqu'au g avion.
Gavignon, s. f. Ivresse gaie. Voyez le
mot précédent.
Gavilleux, adj. (arrond. de Vire)
Périlleux, Dangereux; en breton Gwal signifie mauvais, nuisible.
Gégigne, s. f. Ventre; peut-être de
Gignere, Engendrer . -ou une corruption de Gésine, nui nous semble venir
plutôt ne. l'islandais Geta, Concevoir,
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(delwedd C1317) (tudalen 116)
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416 «.IL
«jnc (lu laliii .lacère . en
vicuxliauçais (résir.
Ghi.if, s. m. (arr doRayrux/ (Iroux
qui se fnrmo dans un arbre il moi lit' pourri; il sifjnifie on français l'n
arbre tendu par Iap:elée
Génottes. s. t". pi. Uarines
bulbeuses, bonnes à manger, du Jfurniinn hulbornstanuoi, du Huniinn
dcnudntxim . de [Ollnanthus pimpinelhiiles et du Ncum luherosum; dans la
Seine-Inferieure on les appelle Jarnottcs, et Anotes dans le Berry; Voyez
Boreau, Floi-e (lu Centre,'n"531.
Genser, V. a. et réfl. (arr. de
Valognes) Se déranger, Mettre de côté, en islandais hanta; comme on se
dérangeait pour un but quelconque, Genser avait en vieux-français le sens
(l'arranger, agencer:
r.poopnoisseï les dictzile nostre mais
tre Kl vous gencez pour lou rcmedc y
mettre.
BouBDicNÉ, Légende de Fait/eu,"^
i .
C'est le sens qu'on lui donne il Vire,
et, ainsi i\\\ Arrangé, il Y a pris aussi la signification de vêtu.
Gerce, s. f. Brebis qui n"a pas
encore produit; on dit aussi Vieille gcrqne ( Vcrrca].
GiffÈ,s. f. (arr. de Valognes)
Soufflet; à Bayeux on dit Giffle; de l'islandais Kif, Querelle. Il s'est
conservé aussi dans le patois des Vosges.
GiGALER, V. n. (arr de Mortagne) Se
divertir à l'excès.
VoveZ GINGI.KR.
(Bigorne, s. f. Bt'iche mal laillec,
Cornue. Voyez gîte. GiLER, v. n. (arr. de Mor
GL.V
la^ncj Fuir, Gouler; en islandais
(rilid signifie Lancer d« l'eau, et Giler a conservé le même sens dans les
patois du Berry et de la Vendée.
GiYi.oiRE, s. f. (Orne) Seringue; dans
le .hira on appelle les seringues en sureau Gicles.
GiMER, v. n. (arr de Valogncs)
Pleurer, Se plaindre. Gémir (Gemere).
GiXGLER, V. n. Rire, Badiner: il
sicnilie s'ow?/ser en fourbi.
GixGUE, s. f. Urine des animaux dans
le fumier.
GiNGiT.R.v. n. (arr. de Mortagne)
Jouer en montrant son adresse ou sa force.
GiPOTTRER, V. n. t'oiâtrer
GiRiEs, s. f. pi. Grimaces,
Affectations hypocrites (Girare).
GiROT, s. m. Qui fait des grimaces,
Qui se plaint ridiculement, Bête: on dit aussi Girotin. Dans le Calvados
Gilles se prononce {encore Girr.
GiTE, s. f. Soliveau; on dit aussi
GiÉTE et gitre: en vicuxfrancais, selon D. François, Dictionnaire roman, p.
131. on appelait les chantiers gettes
et G1TTES.
Gl.vs, s. m. pi. Réjouissances; de
l'islandais Glad, Joyeux, qui se trouve aussi en anglais.
GL.iTiR, V. n. Abover. Crier:
Se forment bret, .<;i hautglatist.
Mrov, Nouveaux fabliaux, t. II, p. 51.
Sariazins comme chiens platissent.
(it'URT, Branche des royaux li^
ijnajes, t. H, p. 38.
En islandais Glefa signifie
GNI
Poursuivre, Harceler.
Gleumer, V. a. Engloutir; nous ne
connaissons ce mot que par le Coup-d'œil purin, p. 62.
Glorer, V. n. (Orne) Dormir mal.
Glot, s. m. Ver blanc qui se trouve
dans la viande gâtée; Glete signifiait en vieux-français Ordure. Corruption.
\o\ez
(.LOUTE.
Glot, adj. (arr. de Baveux) Terre
glotte, mal labourée, qui n'a pas été émottée. Voyez le mot suivant.
Gloute, adj . Perdu, Corrompu, Gâté;
Clata signifie perdre en islandais.
Gniaf, s. m. Savetier.
Vingt ânes attelés, trottant d'un pas
égal, Traînent le fier Raulin,
deignafs le
coriphée; Cent faisceaux de tranchets
lui servent de trophée.
Lalleman, /.a ( ampénade, ch. III. p.
33-
Gniaquée, s. f. Morsure de chien; on
dit àBayeux Gnaffée; mais Gnac signifiait en vieux-français coiip de dent,
suivant Roquefort, t. i, p. 693.
Gnias, s m. (arr. de Mortagne) Enfant
à la mamelle.
Gnieu, s. m. OEuf couvé qu'on laisse
dans le nid (Nidensis); on dit aussi Gniai, et dans les patois du Berry, du
Jura et de la Vendée Gmau.
Gniole, s. f. Niaiserie. Voyez le mot
suivant.
Gnioler, V. n. Niaiser, Dire ou Faire
des Niaiseries; peut-être de Genolius, petitesprit.
Gmot, s m. Niais; vovez
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(delwedd C1318) (tudalen 117)
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117 GOB m
le mot précédent; dans le Berry on ait
Gniogniot.
Go, V. n. (arr. de Valognes) Ce verbe
n'est usité qu'à l'impé- ratif. Pour donner le signal du départ, les enfants
disent Go, du francisque Gaken, Se hâter; de là le sens du provençal Gan,
Élan; on lit dans le Gerar de Rossilho:
Passel sotz Rossilho del prunaier gau.
Le vieux français employait Go dans le
même sens; J'entrerai tout de go ( d'emblée j dans la taverne; Don Quichotte
(trad. d'Oudin), p. 2.
Gobant, adj. Gourmand; de Gober,
manger avec avidité.
GoBELiN, s. m. Lutin, Esprit-follet;
on connaissait ce mot en Normandie dès h xii* siècle, car on lit dans Orderic
Vital, I. v, p. IJoQ: Daemon enim. quem de Dianae phano expulit ( sanctus
Taurinus) adhuc in cadem urbe (Evreux) degit et in variis fré- quenter formis
apparcns neminem laedit. Hune vulgus Gohelinum appellat. Ce nom vient sans
doute du breton Gobilin, Lutin, du grec KoêaXoç ou de l'allemand Kobold.
GoBET, s. m. Morceau que l'on qobe,
comn)e dans le style familier, et par suite Fragment.
GoBiNE, s. f. Repas, Bonne chère.
Voyez gobant.
GoBiNER, v. réfl. farr. de Vire) Se
rengorger. Faire le fat; en vieux-français Gobe i\- a,x\\ïidM vaniteux:
La terre nieismes s'orgoille Par la
rousee qui la moille, Kt oblic la poTcrte On ele a tôt r>ver este; Lfirfe
devient la terre?i siohe
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(delwedd C1319) (tudalen 118)
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418 (iUU
Qn'el veit avoir iiuvele toïn:. Roman
de la Rose, v. 5.').
(iôcE (être k sa) s. f. (arr. de
Bayeux) Etre à son aise; l'islandais GotA sif.Mii(ie richesse.
GoDAN (donner dans le] s. m. (arr.
deValognes) Guêpier; pronablenient de l'anglais (roddam, Donner dans la damnation
de Dieu. Voyez godonner.
GoDENCES, s. f. pi. (arr. de Mortagne)
Contes improvisés pour amuser [Gaudere).
GoDENDA, s. m. Scie de maçon; c'était
autrefois le nom d'une espèce d'arme usitée en Allemagne, ainsi que nous
l'apprend Guiarl dans sa Branche aux royaux lignages, t. ii, V. 5428.
A granz basions pesanz ferrez, A un
lonc fer agu devant Vontceuzde France recevant. Tiev basions qu'il portent en
guerre Ont nom godendac en la terre Goden-dac, c'est bonjour a dire Qui en
francois ieveust descrire.
Dans l'Orne on dit Goden
DARDES.
Godiche, adj. Ridicule, Gauche; il se
trouve aussi dans le patois de Langres.
GoDONNER, V. n. Jurer, Murmurer; de
l'anglais Goddam.
Gouaille, s. f. (arr. de Baveux) Sot,
Niais, Qui amuse les autres (Joculari); on se sert encore en français dans le
style familier de Goguenard et de Goguettes.
GoGON, adj. Doux, Mignon; Gogeer
signifie en breton fourbe, trompeur.
GoGUE (en) expr. adv. (arr de
Mortagne) Etre en joie; de Jnru.^ comme Goguette
GoHA>'MER, s m (arr de
(iOR
Caeii) Celui qui va cherciicr à la
ferme le repas des moissonneurs. Peut-être \ ienl-il du vieil-anglais Goon,
Aller, et signifie-t-ii seulement Celui qui va, Qui fait les commissions;
voyez The vision uf Piers the }>lougman, v. 1192. (Cependant }/yne s
em|)loyail autrefois a\ec la signilication de Domestique, Laboureur:
And if niy negliborc badde any byno
Or any beesl ellis
Moore protifable Iban niyn.
Vision of Piers tlic ploufjhman, V.
8755.
Gohannier aurait alors signitic
primitivement Laboureur-commissionnaire et on s'en sert encore maintenant
dans la même acception.
GoHÉE, s. f. Joie bruyante, Eclat de
rire. Voyez agohée.
GoLo, s. m. (arr. de liayeux ) Buveur;
en breton Goullci signitie vider, mais une corruption de Goulu semble aussi
probable.
GoMER, s. m. Palais; de l'islandais
Gomr: il existait aussi en vieux-français: Quar il boivent a granz goiners.
Henri d'Andeli, Bataille des sept
arts. v. 10.
GoRER, V. n. Regarder manger avec
envie d'en faire autant; le vieux-français Goret signifiait pauvre, gueux.
GoROT, s. m. Ulcère; du breton Gôr,
Abcès, Tumeur; le français en a saûs doute dérive
«
Goitre et le vieux mot Gourre, en
patois normand Gorre; cependant Gorrière signifiait en vieux-français
Prostituée; on appelait Isabeau de Bavière la Grand' Gorre, et nous lisons
dani» la Moralité de \ Enfanl ■prodigue:
L\. GORRIERE.
Allez, villain!
FINCUER-DOUX.
Allez, niaraut! Venez-vous chercher
les gorrieres, Faire banquetz et bonne chère Et vous n'avez de quoy fournir?
GosER, V. a. (arr. de Morîagne)
Rassasier excessivement et par métaphore, Ennuyer.
(jrOssE,s. f. (arr. de Valognesj
Mensonge innocent, pour rire, pour se Gausser; dans le patois duBerry on dit
Gausse.
GossiER, s. m. Paille de sarrazin.
GouAiLLER, V. a. Plaisanter; il se
trouve aussi dans le patois du Berry. Voyez le mot suivant.
GouAPER, V. a. (arr. de Yalognes)
Plaisanter; Goa-paer en breton. Voyez gaber.
GouBELiN. s. m. Fantôme, Revenant;
probablement le Kobold des Allemands. Dans an ms. du xiir siècle, dont
quelques extraits ont été publiés dans le tome second VAltdeutsclie Jilatter,
on lit déjà p. 75: Quidam in archiepiscopatu de Wyuelin, cum una die arcam
suàm plenam denariis aperiri, invenit super eos simiam sedentem et dicentem:
Noli tangere pecuniam quia est Colew'in, id est dyaboli.
GoL'BELiNÉ, p. pas. (arr. de Valognes)
Qui a des visions, Qui voit des Goubelins.
GouLAYANT,adj.(arr. de Mortagne) Qui
se mange avec facilité. Voyez le mot suivant.
GoL'LE, s. f. Bouche: corruption de
Gueule, (\m selrou
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(delwedd C1320) (tudalen 119)
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GOU M 9
vait aussi en vieux-irauçais:
A. teus i fist les poinz trenchcr
Et (les goules les deuz sacher.
Benois, 1. Il, V. 26823.
Le français a conservé Govlée, Goulu,
Engotile-venl, cl le patois normand en a fait Goiilard, Goulihan et
Goulimand, Gourmand.
GouLER, v. n. Vomir; probablement pour
Dégoulcr, commme Dégohiller de Gober.
GouLiAS, s. m. (Manche) Mauvais
plaisant, Farceur; du bas-latin Goliardus, devenu en vieux-français
Goxdiardois et Golias dans les poésies attribuées à Walter Mapes.
GouLiNE, s. f. Petit bonnet de nuit
qui serre exactement la tète. Voyez margouline.
GounellÈ, s. f. Jupon; ca^ mot
existait aussi en vieux-français, ainsi que le Gown des Anglais:
Einzdevcndroie noune E vcitroie
goiine. Lui ciel Corn, v. .531.
Dante a dit dans le Paraduo,
ch. xxvi, V. 72:
AUo splendor che va di gonna in
gonna.
Gouras et Gouraud, adj. Gourmand; tous
ces mots viennent probablement du vieilallemand Geren, Désirer avidement.
GouRCiR, v. a. (Orne) Ecraser par une
violente pression.
Voyez GOURFOLER.
(jOUREr, v. a. (arr. de Bayeux et de
Morlagne) Tromper; (arr. de Vire) Vexer; Gu7ir signifie en breton vuilice
couverte, méchanceté. Les pharmaciens api)ellenl les drogues falsifiées des
goures, eî
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(delwedd C1321) (tudalen 120)
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-liO
(jUL
le liançais emploie Guureur dans le sous de Trumpcur.
(jOI HFOLLEK . V. a.,arr. de Dayeuxj
Presser dans la fuule, et par suite Meurtrir; Pierre Larrivey l'a employé
dans le premier sens .
D'un hiver englacé tout roidy de
froidure,
Et qui gourfoule tout d'un pas
audacieux.
Dans le patois du Berry on dit
Garfouler.
GouuGOUssEii, V. n. Commencer à
bouillir, et au ligure Murmurer; on le trouve aussi en vieux-lrançais
GouRMACOER, V. n. (arr. de Mortagnè)
Manger malproprement.
GouROUFFLF. S. m. Insoctc qui se
trouve dans les fours [Blatta orientalis).
Gouspii.LEU, V a. Houspiller, Traiter
coninie un (îouspin; on le trouve aussi en vieux-français: C'est fort bien
fait s'il vous gouspille; Naiss(wce d'Âmadis dans Gherardi . Thé- âtre
italien, t. V, p. 74.
GousriN, s. m. (arr. de Valognes)
Gamin, Petit polisson
GoussoN, s. m. Fruit de l'é- glantier.
Voyez cocnoNNET
GorviLLER, V. n. (arr de Mortagnè) Se
moquer de quelqu'un en face.
GofJviLiON, s. m. Espèce d'anneau; de
Copnla . connue Govpille; c'est probablement le même mot que le Gorion du
Vieux-français: ^'e l'pin't tenir ailiaus ne go^ion t'iirtalciie Ogier, v.
400.
(iouYÈRK, S. f. (arr. dePontAudemer )
Mesure pour la
GRA
crème, qui était déjà eu usagc au
milieu du xv siècle; voyez M. Alfred Canel, Histoire' de Pont-Àudoner, t. 1,
p. 104. Graanter, V. a. Accorder, en anglais Grant et dans la basse-latinité
Graantare: il se trouvait aussi eu vieux-français:
Et que lor femmes sunt donc*»», Otreiees
e graantees. BrNOIS, 1. u, T. tô59i.
On dit également Granter, comme en
vieux-français; vovez Les quatre livres des Rois, p. 27.
Grabotte, s. f (Orne). Tète de graine
de lin.
Grâces, s. f. pi. (arr. de Valognesl
Amabilités, Coquetteries; ae Grâce ou de Gratitude.
Gracier, v. a. (urr. de Valognes )
Remercier, Rendre grâces [Gratari) . comme eu vieux-français: Li dux le voit.
De» prist a pracier. Chevalerie Ogier ^ v. 6285.
Gradelier, s. m. (arr. de Baveux;
Gradii.mer (arr. de Valognes; Groseiller non épineux. Voyez le mot suivant.
Grades, s. f. pi. Graduées, Petites
groseilles, parce {|n'elles sont disposées par gradation le long des
grap|)es.
Gradille, s. f. (arr. de SlLo).
Oseille, dont l'acidité est proverbiale comme celle des petites groseilles.
Votez le mot précèdent.
G raffiner, V. a. (Jratler lé-
gèrement; en breton hrafina signifie rgrutiffncr. Ce mot existait aussi en
provençal [Grafinar] et en vieux-français, mais avec le sens du breton; Il
GKA
leur mordoit les aureilles; ils luy
graphinoient le nez; Rabelais, I. I, cil. M.
Graillonné, adj. (arr. de Mortagnel
Sale, Malpropre, Qui sent le graillon.
Graillot, s. m. (Orne) Miette; selon
Leroux, Dictionnaire comique, t. I, p. 590, Graillon aurait signifié en vieux-français
un reste de viande . une bribe.
Grangette, s. f. (Orne) Petite cage
pour prendre les oiseaux.
Granmem, adv. Grandement; cette crase
se trouve aussi en rouchi et en vieux-français.
Grappe, s. f. (arr. de Baveux) Crabe;
cette corruption à sans doute été amenée par le mot suivant.
Grappeu, V. réfl. (arr. de Bayeux)
S'attacher fortement; en breton Krapa signifie Saisir avec un grappin;
Cramponner.
Grasset, Gresset, s. m. (Manche) Lampe
en fer; Graset sijjnifiait huile en vieux-français.
De malheur je n'avions ni gresset ni
candeljp. Feruand, Mîtse normande, p.
4.
Gratter, v. a. (Manche) Prendre;
Kreista signifie extorquer en islandais, et nous serions tentés d'y rattacher
le français Regrattier, Revendeur.
Gravé, adj. (Manche) Marqué de petite
vérole; en islandais Grafa signifie creuser, trouer; et Roquefort donne à
Graveure le sens de fente, ouverture.
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(delwedd C1322) (tudalen 121)
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GRE H1
Grec, adj. (arr. de Bayeux) Avare .
Arabe: comme le français Grigou; il signifie aussi Rusé, Fourbe, et on lit
dans saint Jéràme Epistolax ad Furiam: Impostor et Graecusest; le Grickr des
Islandais a le même sens que le Punicus des Romains.
Grèce, s. m. (arr. d'Alençon)
Grenouille verte.
Grecquerie, s. f. (arr. de Bayeux)
Trait d'avarice, Juivcrie; voyez grec.
Gredolle, s. f. (arr. de Mortagnc )
Branche d'arbre sèche qui tombe naturellement; peut-être du latin Gradi qui
devient Gredi dans les composés aggredi, ingredi, etc.
Grège, s. f. (arr. de SaintLo)
Aftinoir.
Grêle, s. f. (arr. de Valognes)
Personne tombée d'une position brillante dans le malheur. Voyez le mot
suivant.
Grêlé, p. pas. Marqué de petite
vérole; on l'a dit du visage comme d'un champ (jue la grêle a empêché de
réaliser l'aùente que les apparences avaient fait concevoir.
Grémir, V. a. Ecraser, Briser; Grem
signifie en islandais blesser, attaquer. On en a fait le fréquentatif
Grémiller et le substantif Grémillon; probablement la racine de grumeau et de
gruau est la même.
Grenons, s. m. pi. Moustaches. Favoris
[crinis): Si li coupa la barbe a touz les prenons; Recueil des historiens de
France, t. III, p. 227. On trouve plus souvent en vieux-français Guernons:
^"unt mie barbe ne guernon-s
Mi GRI
Co dist Héraut, coin nos avon» Roman
de Itou, t. II, p. 174.
Guette, s. f. (Orne) Clique vot te.
Gribiche, s. f. (arr. de Valognes)
Vieille femme méchante dont on lait peur aux enfants; peut-être de 1
islandais Grim, attaquer, et Jiita, mordre. Voyez cependant guiche.
Gricue, s. f. (arr. de Uayeiix)
Grimace de mécontentement. Voyez (jRicnu.
Griciier, V. n. Etre de mauvaise
humeur. Voyez grichu.
GRiCHEux.adj. Moqueur, Qui fait
Gricher. Voyez grichu.
Grichir, V. n. (arr. de Cherbourg)
Pleurer. Voyez grichu.
Grichu, adj. Qui'est de mauvaise
humeur; eu breton GriA'iflz signifie emporté, méckant; c'est probableuient la
racine du vieux-français Engrcs et de Griesche qui s'est conservé dans
Pie-Griêclie et Ortiegriesche.
Griffer, y. a. Egraligner comme avec
des Griffes) ce mot existe aussi en rouchi.
Grigne, s. f. Croûte de pain, en
vieux-français Grignon; Krina signifie en breton Ronger avec les dents et
nous a\ons encore Grignotter.
GrigiNer, v. n. (arr. de Ba\eux^ Etre
maussade; on le trouve aussi dans le patois du Rerry; en breton Grlnouz
signifie hargneux, querelleur.
Griller, v. n. (arr. de Valogiies)
Glisser; probablement parce <|uc les clous que les paysans portent sous
leurs souliers tracent des lignes |)ar;illèles, qui ressemblent aux barres de
fer duo gril; ou dit
GRI
aussi Dégriller et le vieux-français
donnait le même sens h Esgrillcr:
A la jilanclie vint, sus inout^; Ne
sai dire s'il abaissa, Uesgrilla, u meslianea, Mais il chai; si se neia.
Roman de Rou, v. â53'2.
Grimèi.is, s. m. Mélange.
Grimelu, adj. Marque d« petite vérole.
Grimer, v. a. Egratigner; probablement
de l'islandais Grem, Blesser, Attaquer, l'é- tymologie de Grommeler semble la
même. Voyez égri.mer.
Grincuer,v. a! Egratigner; quand il
est neutre il signifie Cligner.
Gringalet, Homme sans consistance; en
breton Gragaler signifie Piailleur, Criard; selon Ro(juefort, 1. 1, j). 71 5,
il se disait en vieux-français d'un cheval maigre et aîcrte; dans le Berry et
dans le Jura on lui donne le même sens (jucn Normandie.
Grii'Er, V. a. Grimper; probablement
le normand est plus lidèle à son étvmologie que le français, car ïa voyelle
n'est pas nasalisée dans Gravir, g[ les montées se nomment dans la
Haute-Saône des Graps.
Grison, s. m. Quartz; de l'islandais
Griot Pierre, qui s'est conservé en français dans Griottes, nom que l'on
donne il une cerise (font le noyau [Caillou dans le Calvados) est fort gros,
ou de sa couleur ^r»- se:
lliiot, proii (oile pierre bise, Sv
I'csIidcIk- a Ion jurant ni.irlcl.
Miracle de sfe-Ci-nencrc . clans
Iiibinal, Mijslères inédits, 1.
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(delwedd C1323) (tudalen 122)
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122 I, p.
•.!»i:>, s. II.
GRO
Comme le grisou est la plus dure des
pierres, celte dernière étymologie pourrait explinuer celle de Biseau, mal
taillé, taillé comme une pierre bise.
Grobis, adj. Important, Fier [Bis
grossus). 11 existait en vieux-français:
Sa, Maistre, ne rebellez point ^
Faictes vous icy du giobis.
Mystère de la liésurreclion, scèn. IV.
et La Fontaine a appelé le chat
Rominagrobis.
GiiOG, Grog, s. m. (Orne) CROC
(Calvados) Aspérités de la boue gelée, qui rendent les chemins raboteux: on
dit proverbialement d'une boue assez gelée pour ne pas céder sous le pied les
crocs portent.
Groin, s. m. Nom de plusieurs petits
caps marécageux de la côte d'Avranches et du Bessin, qui se conservent plus
verts que tout ce qui les entoure; en islandais Groin, Green en anglais,
signifie veiy doyant. Le vieux-français avait aussi GroneUe et le bas-latin
Gronna et Gronnia.
Groler, v. n. Tousser; de l'islandais
Kriilla, Remuer, S'agiter, la racine à^ crouler et de grelotter, gruler en
vieux-français. Le bas-latin Grollare et le vieux-français Croller
s'employaient au propre comme l'islandais; ainsi on lit dans une citation du
Roman de la Rose dans Charpentier, t. III. p. 570, col. 1:
Ainssy comme un ymage mue, Qui ne se
crolle, ne ne mue, Sara pie, sans mains, sans «loi croller, Sans ex mouvoir
(tic) et sans parler.
Grolles, s. f. Vieilles savaltes; en
languedocien Groti
GRO
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(delwedd C1324) (tudalen 123)
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123
le; on trouve aussi en vieux-français Groules et Grollcs.
Gromenchier, V. n. (arr de Cherbourg)
Grogner, Grommeler; Grarn en islandais et Grimm en allemand signifient
furieux, méchant.
Gronée, s. f. (arr. de Bayeux) Une
certaine quantité, Ce qu'on peut porter dans un tablier; on dit aussi Grenée.
En breton Groun signifie amas, monceau, réunion. Mais comme dans le second
livre des Miracles de la Vierge, Gautier de Coinsi appelle le giron on des
poches Grons:
Tout en ourant l'crbe a cuelluc
Ses grons en a la dame emplie.
une autre origine (du latin Gremium)
ne serait pas impossible.
Grosset, s. m. Parement de fagot, plus
gros que les petites branches qui s'y trouvent ordinairement.
Grou, s. m. Eau épaisse et puante; on
dit aussi Grau. Ce mot peut venir de l'islandais Gratta, Lie d'huile de
poisson; de l'allemand Grube, Cloaque; ou du bas-latin Groua, Marais.
Groucer, V. a. (arrond. de Cherbourg )
Remuer légèrement; à Vire il signifie, comme en vieux-français. Gronder;
Et, s'il i a nul qui en grouce. Ne
doublez que ne le courouce Tant que la vie li touldray. Mystère de
Robert-le-Diablv, [i.
2.
Mais on donne en Normandie à danse le
sens de forte réprimande et Groa signifie à la fois en \<\ii\\Aà\^ mettre
en mouvement et se mettre en colère. Une origine celtitiue ne serait
|
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(delwedd C1325) (tudalen 124)
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134
(iUE
pas non plus impossible, car le bretou Krôza signitie rniirtnurcr
. ijrunder.
Guoi'EU, V. a. Abattre des fruits.
Faire sortir le grain de sa capsule; Krouer signifie cribler en breton. On le
prend aussi quelquefois dans l'acception de 5e fâcher, ainsi qu'en
vieux-français:
Amez le bien, je n'en grou/. mie.
Roman de la Violette, v. 30'23.
Groulonner, V. n. (arr. de Saint-Lo;
Renâcler.
GuANCHER, V. n Aller, comme Ganga en
islandais; le vieux-français Giienchir avait modifie sa signification
primitive; il signifiait aller de côté, en arrière, tourner:
E Xornianz sise tindrent, ko nuls
d'els ne guenclii.
Roman de I\oit,\. 1532.
Chançon, va-t-cu pour faire mon
message La ou je n'os trostourner ne guenchir, Que tant redoutlamalegent
ombrage.
Chastklain nr. Coucy. Chanson xix.
-st. 5, p. 71.
Voyez aussi Les quatre litres des
Rois, p. \oi, Raoul de Cambrai, p. 118, v. 1o; Chevalerie Ogier de
Danemarche, V. o872 et Rutebeuf, OEuvres, t. I, ]). 290.
GuE, s. f. Ruine; ce mot a
probablement quelque affinité étymologique avec Gueux.
GuÉDÉ, adj. Parsemé, Farci. Gonflé;
Gœda signifie enrichi m islandais. On donne aussi à Guédé le sens d'empi([rc,
gorgé de nourrifHrc, ipiil avait en vieux-français et <pi il conserve dans
le style familier.
rir'ÉDiNÈn, V. n. f arr dr
GUE
Pont-1 Evéque } Trembler de froid.
Gledot, s.m. Cochon. Voyez
GUÉDÉ.
GuÉLOT, s. m. Moutarde blanche
(sinnapis arvensis).
GuE.NETTE, s. f. (arr. de Mortagne)
Femme de mauvaises mœurs; corruption de Gouine
GuENER, V. a. Crotter; le patois de la
Vendée lui donne la même signification, peut-être a-t-il quelque liaison
étymologique avec (r«ena?^j:. qui, suivant Leroux, Dictionnaire comique, t.
I, p. 60i, signifie gueux, mendiant.
GuENiPE, s. f. (arr. deSainlLo)
Vilaine femme. Guenon: dans l'arrondissement d'Argentan, on dit Guenuche.
GuEUBiÈRE. s. f. (arr. de Baycux)
Grande bouche, qui pourrait avaler des gerbes.
Gi'ERDOx.vER, v. a. Récompcnser;
Donner ce dont on est digue, en vieil-allemand Werd, ou peut-êtreDonncr
beaucoup; au moins Werth a pris ce sens dans Werthschatzen.
Fy de beauté Qui sou amant de
desplaisir guer
donne. Au lieu de bien qn'il avait
mérité.
Olivieu B\ssf.un, Vaux-de-\'ire, p.
i43, éd. de M. Travers.
Ce mot n'est plus d'usage en français.
GcERME.NïER, v. a. et réfl. Se
lamenter et par suite Se préoccuper, Se mêler . Tourmenter; en gallique Garn\
signifie cri, plainte. Ce mot avait les mêmes acieptions en vieux- français,
ainsi on ht au commencenienl du Roman de. la Rose:
GUE
Forment nie pris a guermenler / Par
quel art et par quel engin Je peusse entrer dans ce jardin.
et dans le Roman de Garin, Bibliothèque
de l'Arsenal, n° 181, fol. 88, recto, col. 2, v. 30:
Sire Girbert, por l'amor Dieu merci.
Ne soupirez ne vus guementez si.
GuERNE, S. f. Poule.
Ils n'ont laisse porc, ne oue. Ne
guerne, ne guernelier. Chansons normandes, p. 178, éd. de M. Dubois.
Guernelier qui signifie sans doute coq
n'est plus usité.
GuERNOTTER.v. n. Grelotter.
GuERvÉ, s. m. (arr. de Vire) Gruau.
GuÊTRUER, V. n. (arr. de Cherbourg)
Gazouiller.
Guetter, v. a. Regarder; c'est une
extension fort naturelle de la signification du mot français qui a conserve
le sens de l'islandais Gœti, Epier, Observer. Tl s'emploie aussi avec la
forme réfléchie et signifie alors Se procurer;
Barbe rouge et noirs cheveux.
Guette-t'en si tu peux;
dit un proverbe normand
Gueulard, s. m. Qui parle haut et
souvent, Qui est fort en gueule; il signifie aussi comme en rouchi: Qui mange
sa fortune.
GuEULTON, s. m. Festin, Banquet.
Laissez jusqu'au retour les tripes,
les
créions; Quand l'ennemi nous presse,
au diable lesgiieultons. Lai.leman, La Compénade, ch. i. p. 9.
GUI m
(luEZETTE.s. f. (arr. de Caen) Fille
étourdie, insolente; en breton Gwez signifie sauvage, grossier.
Guibolle, s. f. (Orne) Jambe; il ne se
dit qu'en mauvaise part; en islandais Vippa signifie ^oî^rner, remuer.
GuiBRÉE,s. f. (arr. d'Âlençon)
Présent; de la foire de Guibray où l'on achetle beaucoup de cadeaux. On dit à
Caen dans le même sens: Donnez-moi ma foire.
GuiCHON, s. m. Petite Tasse de bois.
GuiDEAUX, s. m. pi. Sorte de filet.
Guigner, v. a. etn. (arr. de Yalogncs)
Lancer des pierres; on l'emploie aussi avec la signification qu'il a
conservée en français dans le style familier: probablement le"
hollandais Gxiignar et l'espagnol Guinar ont été empruntés au français.
GuiGNEUx, adj. Moqueur, Qui regarde
d'un air moqueur.
GuiLER, V. n. Crier d'une voix aiguë
{Gueuler'!).
GuiLVESsÉE, s. f. (arr. de Bayeux)
Prise de tabac; probablement un Rien, une Billevesée, qui se dit Guilvesée
dans le patois de Rennes.
Gui!\iBLET, s. m. (arr. de Mortain)
Vilbrequin.
GUINCUER, GUINCHOTTER, V.
n. Lancer des œillades les yeux à
demi-fermés; de i allemand Winken, Faire des signes avec les yeux.
GuiTis et GuiTus, s. m Gosier.
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(delwedd C1326) (tudalen 125)
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U'fi
II
n.\G
Haoer, V. a. (arr. do MortagDCs)
Détruire, Briser; peut-être une corruption de Hacher.
Hagxette, s. f. (arr. de Baveux)
Couteau qui ne coupe pas: dans le patois de Rennes on appelle une serpette
Hignctte. Ce mot signifie aussi Béquille et vient sans doute de l'islandais
fffl^na, Servir, Être nécessaire.
Hagle, s. r. (arr. de Valognes ) Fruit
de l'aubépine,
?[ui s'appelle .^^^an en breton, /est aussi le nom que l'on donne à
l'extrémité du Cotenlin, où les pirates normands s'étaient fortifiés au moyen
d'un fossé dont les restes sont connus sous le nom de Ha^uedik. C'était,
comme on sait, leur usage: Normanni devastata ex maxima parte Hlotharici
regni regione, prope fluvium Clyla, loco qui tlicitur Lovoniutn, sepibus
(more eorum) munitionc capta, securi cônsederunt; Annales Fuldenses, année 89
1 . dans du Chesne, Scriptores Normannorum, p. 18.
Rous ne li suon qui od lui ercnt,
Défenses firent e fossez Granz e parfiinze hauz e lez, Clos environ cume
chastel.
Benois, Chronique riinée, I. ii, V.
3'i42.
Voyez aussi Dudon de SaintQueulin . 1.
ii, dans du Chesne, 1. cit. j). 77; Guillaume de Jumièges, 1. ii. rh. 10,
fhidcm,
II.VI
p. 228 et le Roman de Rou, t. T. p.
64. Selon Ihre, l'islandais Ilagi aurait signifié Haie, nous ne le connaissons
qu'avec le sens de Pâturage, mais probablement clos; au moins le
vieil-allemand Hag et l'anglosaxon Hacg nous portent à le croire. La racine
de Haie pourrait même être celtique; car dans le patois de l'Isère Agi
signifie Haie, Buisson; dans celui des Vosges Haigis signifie Bosquet et le
vieux-français Haie avait le plus souvent la signification de Bois: la Haie
de Valognes . la Haie d'Ectot, Saint-Germain-enLaye, etc.
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(delwedd C1327) (tudalen 126)
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126 Haï,
s. m. Partie inférieure d'une porte coupée en deux; Treillage qu'on y
substitue pour empêcner les enfants de sortir; voyez Haiset.
Haim, s. m. (arr. de Bayeux) Hameçon;
c'est le latin Hamus, avec la prononciation mouillée du patois normand,
ailleurs on dit Ins.
Haingeux, adj. (arr. de Bayeux )
Remuant, Méchant, Haïssable: du vieux-français Haingc, Haine, ou plutôt de
Henger, Fatiguer (Angere).
Haint.re, adj. Maladif; c'est le latin
Acqcr, avec la forte aspiration du Nord, qui s'est aussi conservé dans le
français Malingre.
Haïon, s. m. (Orne) Bar
IIÂI
rière en broussailles pour boucher une
brèche, Petite haie.
Haïr, s. m. (arr. de Vire/» Chevelure;
en islandais Har et en anglais Hoir.
Haire, adj. De mauvaise humeur; il se
dit surtout des enfants. Voyez airer.
Haiset, s. m. Partie infé- rieure
d'une porte coupée en deux; du bas-latin Haisellus, en vieux-français ainsi
que dans l'Orne Èaise: Comme Pierre Playart.... vouloist mettre en une cour
de la maison ou il demeurait, une haise qu'il avoit faite pour obvier que le bestail
de la ville n'entrast en sa court; Lettres de grâce de 1371, citées dans du
Cange, t. II], p. 616, col. 1. On dit provcrbialementdes amoureux:
S'ils n'entrent par le haiset, Ils
entrent parle viquet.
Ce mot signifiait sans doute
originairement Une petite porte comme l'Huiselet du vieux-français.
Haisier, s. m. (arr. d'Avranches)
Ridelle, du baslatin Haia. Voyez haiset.
Haiter, v. "n. (Haute-Normandie)
Plaire, Être agréable; du breton Heta dont la signification est la même:
Vous autres, dittes, s'il vous haîte,
Voz nons, et vous venes offrir.
Farce des patesouaintes, p. 6.
Cette origine semble d'autant plus
probable que haiter signifiait aussi en vieux-français D^.s/rer, et que le
mot breton se prenait dans la même acception; le kdiXiCjdx?, Souhaiter
appartient certainement à la même racine.
HAL
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(delwedd C1328) (tudalen 127)
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127
Haitier, s. m. (arr. de Valognes) Petite poêle k rebords dont on
se sert pour faire la galette, fjui figure dans toutes les réjouissances; ce
qu'exprime le breton Heta, comme l'islandais Gala.
Halabre, s. m. (arr. de Bayeux)
Garnement; probablement de Helluo que l'on retrouve sous son ancienne forme
en vieux-français; voyez aussi Hellir dans Roquefort,1. I, p. 746.
Halaiser, V. n. Respirer
difficilement; de Halitare, ou de son dérivé français.
Halbi, s. m. Mélange égal de cidre et
de poiré; Ealb en allemand et Halfan. islandais signifie moitié. Voyez
mitoyen.
Haler, v. a. Tirer; de l'islandais
Hallda, Tenir, Tirer à soi; cette origine est d'autant plus probable que le
sué- dois Halla a aussi rejeté le d, et que Haler appartient aussi à la
langue de la marine, qui . comme on sait, a emprunté une très grande quantité
de mots à l'islandais.
Halipre, s. m. Gerçures
des lèvres, qui les dessèchent
et les durcissent, comme si
elles étaient hâlées; à Valognes
/ on dit H autre.
Halitre, s. m. Grand air sec qui gâte
la peau, qui la hàle.
Hallefessier, s. m. Terme de mépris,
Qui tire le derrière.
Halleméche, s. f. Dispute, où l'on
finit par se prendre aux cheveux et se haler les mèches.
Halloter, v. n. (arr. de Caen) Remuer
le crible, le Tirer doucement de droite à
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(delwedd C1329) (tudalen 128)
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128
HâN
gaucho, pour amasser la j)aillo sur le devant.
Halot, s. in. l'Orne et
Calvados") Polit valol (|ui conduit les ciievanx par la hrido . qui Jes
tire. On trouve Ilillot, en vieux-français, avec un sens à
peu-[)rès-semblal)le:
Ce vénérable hillo fut adverti Ce
quelque argent que m'aviez dé- parti. Leroux, Dictionnaire comique, t. II, p.
20.
Mais nous ne croyons pas comme l'a dit
Roquefort, t. 1, p. 754, qu'il vienne des //ofe« des Lacédémoniens.
H.4M, s. m. Hameau. Ce mot ne se
trouve plus que dans quelques noms de communes. Le Ham dans l'arrondissement
de Valognes, Ouistrcham dans l'arrondissement de Caen; il vient certainement
des langues du nord; en islundais TJeim signifie »iff?son et Ulphilas la
employé dans le sens de village.
Hambouiner, V. n. (arr. de Valognes)
Traîner la jambe, probablement pour Garnhouiner: dans les \ osges Camlriner
signifie Boiter.
Hammée, s. f. (arr. d'Argentan) Cépée;
ailleurs on donne ce nom à une forte haie de saules, probablement parce
qu'ils poussent beaucoup de jets.
Uan, s. m. farr. de Baveux) Fantôme
dont le nom vient probablement de lallcmand; voyez Grimm Deutsche Mythologie,
p. 521 .
Hanap, s. m. Coupe, Verre a boire.
Remplir nos hanaps
BASSF.ur», Vaux-df-Vitr,i>. 173,
éd. d« M. Travers.
1I.\N
O mot se retrouve en breton avec la
môme signification; il existait aussi en vieux-français: (irans vossoaus
d'argent no hanaps d'or; Ordonnances des rois de France i\ '322), t. II.
p. m.
Hanne, s. f. (arr. de Baveux) Vieille
femme; Hanne signifiait en vieu.x-français une Vieille cavalle ruinée: plutôt
du latin Ilinnn, Mule, que du gallique Anner, qui signifie Une jeune vache,
comme le veut lluet dans ses Additions aux Origines de Ménage; mais en breton
Hena signifie Trèsvieux.
Hannequin, s. m. îlnfant dé-
sagréable, Petit mulet (.ffùmusV
IIanneqiiner, V. n. Faire une chose
avec peine, avec hans; Voyez enhanner; c'est probablement la même idée qui
avait fait appeler en vieux-français les laboureurs Hanniers. Il signifie
aussi Tâtonner, Hésiter.
Hannes, s. f. pi. (arr. de Valognes)
Culottes; le patois de Rennes l'emploie dans la même acception; ailleurs il
signifie Coeffe, Hennin, en vieux-français, et on lui donne quelquefois dans
l'Orne la signification de Veste.
Hannelle, s. f. Menu bois; Heniau en
vieux-français.
Hannoche, s. f. (Orne) Gros morceau de
bois. (> mot et le précédent se rattachent sans doute à un radical commun
qui signifiait Bois; leur dilTerencR tient à leur terminaison . qui indique
l'une un diminutif et l'autre un augmentatif; voyez
aussi HANNOT.
Hannoner, V. n. (arr. deValognes) Parler en s'arrêtant et se
reprenant à chaque instant, pent-être comme un âne. Iceluy avec sa bouche
d'asne ne fait qu'asnoner; Balde ne peut entendre son langage asnin; Histoire
macaronique, t. 11, p. 276.
Hannot, s. m. (Orne) Petit vase en
bois.
Hante, s. f. Manche d'un fouet ou
d'une faulx; probablement de Hasta, car on appelait en vieux-français les
lances des hanstes et on lit dans le Roman du Saint Graal: Le hanste de la
crois estoit toute vermoille.
Hantier, s. f. Butte de terre.
Haqueter, v. u. (arr. de Mortain)
Jaboter, Parler à tort et k travers; en breton Hakein signifie Bredouiller,
et Jîaquier a le même sens dans le patois des Vosges.
Harassoire, s. f. Poêle percée de
trous pour faire cuire des marrons que Ion ne harasse à remuer.
Hardelé (œuf), adj. (Calvados) du
bas-latin Hardellus; voyez du Gange, t. m, p. 625, col. 3. Les œufs hardelés
n'ont pas de coquille; ils sont pondus par des coqs et quand on les met dans
du finuier de cheval, il en sort des serpents dont l'huile est excellente
pour composer des filtres et transmuer les métaux: voyez la recette de l'or
espagnol dans Théophile, Biversarum artium schedula, p. 180. Dans l'Orne on
dit Hardé et Hardré.
Hardelle, s. f. Jeune fille
complaisante:
Si j'en benvois byen soubvent,
HAR
Fauldroit la hardelle.
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(delwedd C1330) (tudalen 129)
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129
Vttux-de-Vire, p. 198, <'(\. d*- M. Travers.
Harder, v. a. Troquer.
Obîque de bon cueiir mes livres har
deroi.s Pour les escotsou tu serois! Gentil
breuvage, ah! tu m'es trop amy Pour te boire a deniy.
Jean Le Houx (Olivier Basselin),
Chanson inédite.
Hardouin, s. m. (Orne) Né- gociateur
de mariages; on dit aussi au féminin Hardouine. Il ne se prend qu'en mauvaise
part, ainsi que les autres mots çjui se rattachent k la même idée; le
vieux-français Hardean signifiait Coquin, Vaurien.
Harée, s. f. (arr. deBayeux; Pluie de
peu de durée; Harne signifie Ondée dans le patois du Berry; en vieux-
français on disait Horée:
Veit les tuncires, e les venz, e les
giels, E les orez, les merveillus
tempes.
Chanson de Roland, st. clxxxi, V. 9.
En basque Uria signifie
Pluie.
Harer, v. a. (arr. de Vire) Exciter.
N'as-tu pas ouy ce truant, Que je
t'avois dit cy-devant, Que de ma porte tu chassasses Et que les chiens tu lui
harasses.
Moralité du Mauvais riche et du Ladre
L'anglais Ta hare a la même
signification, et une racine celtique est assez probable; en bretonHar^
si^mûe Aboiement .
Hargoter, v. n. Quereller. On le
trouve aussi en vieux-français: Ycelui Mahilet se leva
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(delwedd C1331) (tudalen 130)
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130 H\K
de la table et prinl cedit Gilet par
la poitrine, et ledit Gilet lui semblablement, et tenoient, et hargotoicnl
l'un l'autre forment; Lettres de grâce, de 1380, dans du Gange, t. i, p. 390,
col. 3. Dans le patois des "V'^osges Margot signifie Secousse, Cahot.
Haricotek, V. u. (Orne) Conduire des
chevaux qu'on est oblige de fouetter à chaque instant; Voyez harer et le
vieux-français HARIER:
.rc change tout, je tourne, je VHiie,
.!e faiz clieoir, relover et abbaltre Sans aviser qui saigement cliarie; Je
mors, je poins, j'argue et puis
harie.
Danse aux Aveugles, p. 37.
Il signifie aussi Trouver à redire
(Voyez hargoter), et Faire toute' sorte de mauvai.s métiers. Voyez le mot
suivant.
Haricotier, s. m. (Orne) Qui vend et
achète des bestiaux; Voyez uarin. Il signifie aussi, peut-être par extension,
Chicaneur, De mauvaise foi: voyez cependant hargoter.
Harigacuer. v. n. (arr. de Bayeux)
Disputer. Voyez hargoter.
Harin, s. m. Mauvais cheval,
Haridelle; probablement de quelque dialecte germanique; en angio - saxon
signifie Cheval, Harsa jument et nous avons encore Haras. L'islandais Hros,
Cheval . est également devenu Rosse. Dans l'Orne on dit hofrin.
Harivemer, s. m. Marchand de bestiaux.
11arlan,s. m. (Seine-Infé- rieure) Qui
marchande. Qui n'est pas franc en affaires;
HAT
Vovez haricotier et drrla.n'.
ÏÏarmoneh, (arr. de Hayeux) Gronder,
Sermoner, que l'on prononce en patois normand, Sarmoner.
Harousse, s. f. Mauvaise jument,
corruption de Carousse; voyez ce mot.
Harqueler, v. a. (arr. de Mortagne)
Tracasser, Chicaner, Faire toutes sortes de métiers malhonnêtes; on emploie
dans un sens analogue le substantif Harquelier.
Harraches s. f. pi. (Orne) Tiges
brisées de chanvre, qui sont arnichi'es.
IIart, s. f. Grosse branche; peut-être
dérivé du vieil-allemand Hart, Forêt, comme Boise l'a été de Bois.
Hasier, adj. (arr. de Valognes)
Maigre, Chétif.
Hastiveï, s. m. Orge hâ- tive.
L'on Jict liastivet s'eschaulda.
Chansons normandes, p. 161, édit. de
M. Dubois.
Hatel, s. m. Bois coupé et fendu
(voyez atelle): Icellui
Krestre tenant en sa main une usche de
bois qui se nomme au pais (en Normandie) une Hastelle; Lettres de grâce de
1525, citées dans du Cange, t. m, p. 633, col. 2.
Oatelet, s. m. Côtelettes de lard que
l'on met à la broche, en vieux-français Haste (Hasla; que le patois lorrain
et celui du Nivernais ont conservé dans cette acception. Comme maintenant
Broche, Haste s'employait avec le sens d'une chose que l'on mettait à la
broche.
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(delwedd C1332) (tudalen 131)
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HÂV
Et quant j'avoie, o le verjus, Mon
haste en la broche toine.
Fabliaux anciens, t. iv, p. 447.
Quant à la terminaisoa qui indique un
diminutif, elle exprime une idée qui se trouve aussi en vieux-français:
Ouquel ostel ilz eussent fait cuire et appareiller une hatemenue de porc;
Lettres de grâce de 1 392, citées dans du Gange, t. III, p. 633, col. \.
Hati, s. m. Haine; en islandais Hâta
signifie Haïr, et le vieux-français Âhati,Enhati se rattache probablement à
la même racine.
Hatille, s. f. (Orne) Intérieur des
animaux; ce mot se trouve aussi dans la langue populaire des autres
provinces, car les Bénédictins ont dit au mot HASTA 4: Recentis suillae
i'rustum unde rusticis nostris: Je vous enverrai de la hastiUeet du boudin.
Haule, s. f. Fosse; de l'islandais Hol
dont la signification est la même: nous ne connaissons ce mot que dans
quelques noms de lieu; la Haule de Surrain, la Haule de SaintLaurent-sur-Mer.
Hautmal, s. m. Epilepsie; Orre-mal en
vieux-provençal. On regardait pendant le moyenâge l'épilepsie comme une vé-
ritable possession; voyez aversat.
Havet, s. f. (arr. de Vire) Femme
malpropre; c'est une figure, Havet signifie en vieux-français un ustensile de
cuisine qui était sali par la fumée.
ITng si'ilh, uns havet tout entirr
hec m
Et une grande lèchefrite
Inventaire des biens de l'amant
trépassé de deuil, dans Kel1er, Ronivart,*x>- 182, v. 7.
C'était probablement la cré- maillère;
voyez le mot;suivant.
Havet (Bête) s. f. (arr. de Valognes)
Bête imaginaire dont on fait peur aux enfants pour les empêcher d'approcher
de l'eau, .ff^avei signifiait en vieux-francais Crochet.
Se dit l'en que ce sont les diables A
tout leurs grantz crocz et leurs
chables, A leurs ongles, a leurs
havetz.
lioman de la Rose, v. 18684.
H a conservé celte signification en
rouchi.
Havron, s. m. Folle avoine; Hafrar en
islandais; Habaro en vieil-allemand; WildHaber en allemand moderne; C'est
havron et pois percé, est une locution populaire qui signifie L'un ne vaut
pas mieux que Vautre.
Hazé, s. m. (Orne) Marais, Tourbière.
Hébrait.s. f. (arr. de Valognes) Cri
perçant; probablement une corruption de Haut ira«Y que le vieux- français
avait formé de Braire:
Mort me laindreiz; mais de noz genz
Ne seit petit li pluremenz,
Li braiz, li criz ne la merveille.
Benois, Chronique rimée, 1. i, V.
1635.
Hec, s. m. Moitié inférieure d'une
porte. Ce mot avait la même signification en vieux-français: Le suppliant
estoit a son huis appoié sur son hec; qui faitaussiquedemiclostured un huis;
Lettres de grâce de 1 307.
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(delwedd C1333) (tudalen 132)
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132 UVA\
dans (lu Cange, t. m, j). <)i2,
col. 1. Dans l'Orne il signifie aussi Barrière de champ. On donne le même nom
à une pièce du pressoir.
II ACQUET, s. m. Ridelle, Partic d'une
charrette en forme de barrière, de Jlec, qui sert à retenir la charge; nous
avons déjà remarqué le rapport entre UAisiER etHAisET. Cc mot existait aussi
en vieux-français et a été, comme une foule d'autres, mal expliqué par
Roquefort, Supplément ail Glossaire, j). 183.
IIecter, V. n. (arr. de SaintLo)
Bégayer, oyez actaigner
et HAQUETER.
Hédri, adj. Sali, Chiffonné. Voyez
nouDRr.
HÉona, V. n. (arr. d'Avranches) Haïr;
Heugi en breton.
Hémée, s. f. Bruit.
I-.t ientoijïmes la hcmée.
Fer\.nd, Muse normande, p. 21.
Hénu, s. m. (arr. de Cherbourg)
Maladie des oiseaux qui les fait tourner sur eux-mêmes comme s'ils avaient
des convulsions épilepliques. Ce mot signifie dans l'arr. de Bayeux un
Brouillard épais.
Hênuer, V. n. Tergiverser, Hésiter,
tournover comme un oiseau attaqué clu Ilénu.
Hépin(;er,v. a. OterTeau, Eponger.
Hérasser, v. n. Faire un ouvrage avec
peine, Vivre difficilement; il s'emploie aussi avec'un sens actif et signifie
alors Chicaner. Sa racine est probablement celtique car le nrcton Ilnrzn a la
triple signification d'Eire arrêté, d'Être
HER
embarrassé et d'Aboyer.
Herbiers, s. m. pi' (arr. d'Alençon)
Mauvaises herbes.
IIercaha, adv. (arr. de Mortagne)
Vis-à-vis, Nez-à-nez.
IIerdre, v. a. Garder; peut-être de
Jlaeres, Possesseur, par la même idée que le baslatin Tlerdimentum et le
français Héritage .
Je leur lerray prendre, ravir et
herdre Ce qu'il voukiront; j'en suis bien ré- solu. Farce des Pales cuaintes,
p. 26.
Herdre, adj. Avare, Inté- ressé. Voyez
le mot précédent.
Hère. s. f. Peau de loup dont sont
couverts les loupsgarous; pour les en délivrer . il faut lo!ir[)orter trois
coupsde couteau au front, ou, suivant quelques autorités, leur tirer
seulement trois gouttes de sang. La Ilaire est en français une chemise de
crin (en islandais Har^, qui par conséquent est fort incommode.
Hère, adj. De mauvaise humeur, Colère;
probablement d'/ra; en vieux-français Jre était aussi devenu Heirer; vovez
Roquefort, t. i, p. 7i6.
IHeri . s. m. Lièvre; c'est le nom
islandais, comme Hase est le nom allemand.
Herlan, adj. Tracassier; en breton
Herr signifie emportement.
Hermoner, v. n. (arr. de Cherbourg)
Remuer sans cesse, et par suite Se tourmenter; en breton Herriiz signifie
Rapide, Bouillant.
Heknuer, v. n.(arr. de Mortagne)
Remuer; on dit aussi au figuré le temps hernue pour signifier qu'il va se
mettre à la pluie
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(delwedd C1334) (tudalen 133)
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IIKU HIN
133
Hkrpek, V. a. (arr. de Vire) c'est une
corruption de Heiime
Saisir, comme avec un Harpon; (Voyez
le mot précédent): car ce
il s'emploie aussi neutralenient mot
ne se dit que par mépris
et signifie à Mortagne Lutter et
signifie qu'au lieu d'une Té'ïe
pour s'amuser, et a Bayeux on Si un
Heatune de fer.
Prendre au fond de la casse- Heuse, s.
f. Botte, Guêtre,
rôle, Cuire trop vite; il se dit
Cruralia, vulgo Hueses, disait
à Caen de l'eau et de la terre déjà
Jean de Garlande dans son
qui commence à geler. Dictionnaire,
Paris sons Phi
Herql'elot, adj. (arr. de
Z/ppe-Ze-5c/, p. 587. Le radi
Yalognes) Petit, faible; peut- cal se
trouve également dans
être de l'allemand Herr qui se les
langues celtique et ger
prend en mauvaise part, même manique:
Heuz en breton,
lorsqu'il n'a pas la terminaison Hôs
en gallois, Hosa en islan
des diminutifs; nous avons dais et
Hosan en gothicjue. On
déjà cité DARCELET, diminutif dit
aussi Housias et le français
de Dard. a conservé dans le style fami
Herquette, s. f. (arr. de lier
Houseaux.
Yire) Râteau, petite -Herse. Hidre,
adj. (Seine-Infé-
Héru, adj. (Orne) Malpei- rieure)
Malheureux, selon le
gné, Qui aies cheveux comme
Cotip-d'œil purin, p. 54.
du crin, Har en islandais; on Hie, s.
t. Joie, Rire; c'est
dit aussi Hérupé. Voyez huré.
probablement une onomatopée
Het, s. m. Joie, Bonne vo- ou une
apocope de Hilarité.
lonîé. HiERRE, s. n). Lierre:
Volluntiers je laboureroie
•'«^'^"^ %"«"^ "^^ ^•^"«,
D'accort, de het, sans estriver.
^^f.^''^'? ^^ ^^'^"•^'."^ pi'}i'iuc,
Belle liierre, que je SUIS.
Chansons normandes, p. (G3,
Vaux-de-Vire, p. 1 00, édit. de
edit. de M. Dubois. ç lyj travers
Voyez HAiTER. En français l'article
s'est
Heudes, s. f. pi. Liens qui confondu
aVec le nom et le ii
attachent ensemble la tête et de
Hedera a disparu; cela es
les pieds des bestiaux pour les arrivé
aussi dans le patois nor
empêcher de brouter; Heûd mand, mais
il est resté dans
signifie en breton Liens, En- beaucoup
d'endroits une sorte
traves. d'aspiration gutturale, glier
Heulard, adj. (arr. de Vire) ru.
Faible, Maladil. Himer, v. n. (Manche)
Pleu
Heuler, HoLER, V. a. Huer; rer, Gémir.
Voyez gimer.
Heulen en allemand moderne. Comme le g
et le h sont deux
Peut-être malgré l'aspiration
articulations produites par le
vient-il du latin Ululare. même organe
de l'appareil vo
He[jmat, adj. (Orne) Entêté, cal, il y
a souvent permutation
Qui a la tête dure comme un entre eux.
Heaume. Hinche,s. f. (arr. de Vire
Heune, s. m. (Orne) Tête: et
d'Argentan) Haine.
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(delwedd C1335) (tudalen 134)
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134
HOG
HocLAssER, V. n. iOroe)Tiavailler avec courage. Se fati^er beaucoup;
1 allemand Hoch a dans la plupart dos composés la valeur d'un superlatif.
HoDiNER, V. a. (arr. de Baveux)
Remuer; dans l'arr. de Vire et dans l'Orne il est derenu intransitif et a
restreint sa signification: Remuer la tète; on dit proverbialement: Les
saints du paradis en bodinent la tète.
HoELLAND, s. m. Bas-fouds. de
l'islandais ^oZet Land dont la signification est la même; ce mot est
maintenant liors d'usage, mais on trouve dans de vieux actes le Hoelland du
Val de \dr et le Hoelland de Molles. Voyez haule.
HoGUE, adj. (Calvados) Fort. Fier;
probablement du vieux-français i^o^we, Haut, Grand, ou plutôt de sa racine:
Hoc si fu teus sis esgarz, C'un bel
chasteli fisl drccier Od tor de pierre c de mortier, Bien clos de mur e de
paliz, E de riches ponz torneis Od hericons e od fossez Ahoges e parfunz e
liez.
Benois, Chronique riniée, I. ii, V.
38131.
Voyez le mot suivant.
HoGUE, s. m. et f. Hauteur . Colline;
de l'islandais Haug, Monticule. On ne ('(Miiploie plus guère que dans les noms
de lieu, Saint- Vaast-la-Hougue; les Hoguesde Baucy, d'Isigny; leHeugue de
Jobourg; la pointe du Hogue k Grand-Camp; la Hoguctte; etc. Le vieux-français
s'en servait dans un M.'us {>lus général: El suniel ilc nue hoge, fJvrr
des Boim,!
HOR
11. (h. 2, v. 25, p. iîiT.dere(lilion
de M. Leroux de Lincy. Hociijui.NÈïEs, s. f. pi. Cadeaux qui se font encore
dans quelques endroits la veille du jour de l'an; on dit à Caen Hoquilanno et
à Saint-Lo jETo^/wi)^annc. Voyez AciUiLANLEU. De Brieux nous a conservé u
nesorte de cbanson sans rime que Ion cbantail encore de son temps en
demandant les boguigncltes [Hoc in anno):
Si vous veniés a la dépense, A la
dépense de chez nous, Vous niangeriés de bons choux, On vous serviroit du
rost, Hoquinano.
Donnez-nioy mes haguignètes Dans un
panier que voicy. Je l'achetay samedy D'un bonhomme de dehors, Mais il est
encore à payer Haguinelo.
HoNER, v. n. Chanter entre ses dents;
peut-être une corruption de Cancre; il signifie aussi se plaindre, mais la
vé- ritable prononciation est alors
HOULNER.
UoRÉ, adj. (arr. de Caen) Qui est
arrivé à son point, à son heure [Hora]; il se dit des récoltes: Ce blé n'est
point horé. Peut-être cependant doiton écrire Oré d'Aureus et signifie-l-il
Jaune.
HoRGNE, s. f. Coup de poing sur les
yeux ou sur la tète . c'est le même mot que le vieux-français Horion.
HoRGNER, V. a. (arr. de Mortagne)
Donner une Hargne.
Horion, s. m. (arr. deMortagne et de
Bayeux) Gros rhume). Epidémie: c'est le iKtni (juc I on donnait en ^ieuxIrançais
à une maladie (|ui ré-
HOU
gua au commencement du xv siècle. Si
advint (en 1 41 4) par le plaisir de Dieu qu'un mauvais air corrompu chut sur
le monde, qui plus de cent mille personnes a Paris mist en tel estât qu'ils
perdirent le boire, le menger et le reposer. . . et avecques ce, qui pis
estoit on perdit tout le povair de [son corps, que on n'osait toucher a soy
de nulle part que ce fust, tant estoient grevés ceux qui de mal estoient
atteints; et duroit bien sans cesser trois sepmaines, ou plus; et commença à
bon escient à l'entrée du mois de mars audit an, et le nommait-on le tac ou
le horion; Journal d'un bourgeois de Paris, dans les Chroniques d' Enguerrand
de Monstrelet, t. XV, p. ^96, éd. de M. Buchon.
HoRiQUE, s. f. (arr. de Baveux) Maladie
régnante. Voyez
HORION.
HoRSAiN, s. m. (arr. de Baveux)
Etranger, Homme du dehors, comme Forom. Voyez la chanson citée au mot hogui
GNÈTES.
HosTiER, s. m. Homme pauvre, Mendiant,
du latin Hostis, ou plutôt d'Ostium; on dit à Valognes d'un mendiant au'il
trache aux portes. Selon Roquefort Host aurait signifié en vieux-français
Paysan.
HouBiLE, s f. (arr. de Mortagne)
Veste, Vêtement.
Houe, s. m. (arr. de Bayeux) Poussière
acre qui s'élève de la graine du chanvre; c'était d'abord probablement une
interjection.
HouDRi, adj. (arr. de Bayeux]
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(delwedd C1336) (tudalen 135)
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HOU 13S
Taché, Moisi; en breton Hudwr signifie
Sale. Malpropre, et le vieux-français en avait aussi probablement dérivé le
verbe lleudrir.
HouiNER, v. n. ('rier, Se plaindre.
Pleurer; on dit aussi dans le même sens Higner, Hinner, Honer, Ouincr, et ces
différents mots semblent dérivés d'une langue germanique. Au moins
l'islandais Veina, le vieil-allemand Weinan,\Q saxon Veinan ont la même
signification et l'anglais Whine, ainsi que ledanoisiTymeaégalcmentpris
l'aspiration; une origine latine [Hinnire] ne serait cependant pas
impossible: on dit provernialemenl: Il houine comme un petit poulain.
HouiVET, s. m. Sobriquet que l'on
donne aux habitants du Bocage; le Huvet était une espèce de coiffe que
portaient les femmes élégantes; peut-être Houivct voulait-il dire un homme
qui s'atiffe comme une femme, un Faraud; mais nous y verrions ])l!itAt le
même nom que Hobereau; en basselatinité on appelait les proprié- tés rurales
.É^o/rt, Hovia (de l'allemand ffof, Cour) et leurs propriétaires Houbarii et
Hoharii.
HouLER, v. a. Exciter, Provoquer; il
ne se prend qu'en mauvaise part. La principale cause de sa mort fust pour sa
maie renommée qu'il avoitd'estre noiseux, ivrogne, houiller et com poseur de
gens; du Clerq, Mémoires, 1. iv, ch. 42. Dans le Mvslcre de Bien-advisé et
maî-advisé, ^' partie . Houîeric est le nom de la pro
\M\ MUA
vocalrice au mal; en bidon Iluulier
signifie Aident de dé- bauche. Ce verbe s"emnloi(; aussi avec un sens
rénéclii el signifie S'enfoncer dans un trou: il se dit surtout des animaux.
HouLET. s. m. Brèche, Ouverture
[Goulet'f).
Houlette, s. f. (arr.de Caen) Entrée
du terrier par laquelle les lapins se Houlent.
IIouQUER, V. a. (arr. de Bayeux)
Voler, Prendre avec un Hoc, qui signifiait en vieux-français Crochet, en
anglais Huok.
lIouRET, s. m. Homme sale comme un
Gorret. HouRTicoT, s. m. Petit âne. HousTAS, s. f. (arr. de Bayeux) Femme
hommasse, Etourdie.
HouTER, v. n. (arr. de Vire) Appeler;
Haten en saxon.. Ces deux mots semblent formés du cri dont on se sert dans la
campagne pour appeler les personnes qui sont très- éloignées; le terme de
chasse Ilouper a été formé de la même manière. HouvE, s. f. Houe, eu vieilallemand
Ilouvca.
HouvER, v. n. Piocher, Travailler avec
une Houve; il signifie aussi probablement par métaphore, Donner à regret.
Hu, s. m. (arr. deValognes)Ce mot qui
n'est employé que dans la phrase Faire le hu, signifie Avoir ou Faire
mauvaise mine et semble une apocope de ITuhi; voyez ce mot.
Hi .VNT, s. m. Hibou; prohabI(Miu'nl
une aphérèse de Chal-JJudiit. HuARDs, b I pi rarladcL-
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(delwedd C1337) (tudalen 136)
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HUR
([lie 1 ou suppose occupi'Mun.stamment
à se mocjucr des hommes et il I(\>5 llucr; le nom des Lulins, du latin
Ludere, et celui des Gouhelins, de l'islandais Gabba, expriment la même idée.
HiiH, adj. Il ne se dit que des
oiseaux et signifie Triste, Malade, Qui a les plumes hé- rissées; il vient
sans doute de lislandais Yhbinn, Hérissé. Peut-être JAu^i'r en est-il aussi
dérivé, quoique nous ayons déjà reconnu la possibilité d'une autre origine.
HuBiR, V. a. (arr. de Mortagne) Huer,
Honnir. Voyez
AHURIR.
HUCUER, HUCHIER, V. H. Ct
réfl. Monter, Jucher: il signifie aussi
Frapper à la porte, comme en vieux-français, parce que c'est une manière
trèsusitée d'Appeler, de Hucher; voyez cependant uus.
HupÉ, s m. (arr. de Mortagne) Petite
distance. Voyez
.lUl'ÉE.
HuR, Huer, Heuruue, s. m. Pointe de
terre contre latiuelle les vagues \iennent se briser en mugisssant: la partie
la )lus avancée dans la mer de a falaise de Jobourg s'appelle Le grand huer.
Hurr signifie Bruit en islandais, mais Hur peut aussi exprimer la même idée
que lirisc-îainc et venir du vieil-allemand Ilurt, d'où est dérivé le
vieux-français Hurler, Heurter.
HuRÉ. adj. Hérisse, Qui a la tète
comme une Hure. Ce mot (|ui peut être une syncope de llurcjtc, existait aussi
eu \ icuxfrancais:
lÂN
s'il a grant loup, il est lunes; S'il
est cauves, il est pelés.
Ruihote du monde, publiée dans ■le Roman de la Mane-kine,
p. Mil.
Voyez HUREPÉ. HuREPÉ, adj. Hérissé,
comme en vieux-français:
La pénssiez voir tant viez draps de
panez Et tante grande barbe et tant
ciez
hurepez.
Roman de la Conquête d'outremer, cité
par Faucbet, Langue et Poésie françoises, p. 37.
Ce mot vient peut-être de r islandais
Hat' cl Op, Chevelure eu haut.
Hlîrif, adj. (arr. de Mortagne)
llatif, précoce.
Huuox, s. m. Sauvage, Etourdi qui ne
respecte ni les usai;es ni les convenances, Qui
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(delwedd C1338) (tudalen 137)
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IGIl 137
est toujours hure.
Hus, s. m. Porte. Il ne trouvera pas
le coq à Ihns est une locution proverbiale qui signifie: 11 arrivera trop
tard, quand les poules seront couchées. C'est probablement une corruption du
vieux-français Huis qui se trouvait aussi dans le patois normand:
Et qu'on jette les ennuys Derrière
l'huys.
Olivier Basselin, }'o7txdeVire, p.!
81, éd. de M. Travers.
On dit aussi hucue. Sans cha, je
n'érions jamais eu de sergent à notre huche; Faire des Quiolards, p. 29.
IIuT, s. m. Chapeau; c'est
probablement le vieux mot allemand, en saxon Hœt et en anglais Hat.
l, V. n. 11 n'est usité qu'à la seconde personne du singulier de
l'impératif. Va, Marche: c'est le mot latin qui s'est aussi conservé dans le
patois du .lura.
Ians, adv. Dedans; le vieux-français
disait Ens.
Je pleure ens et me ry par debors.
Alain Chartiek, Œuvres, i\. 532.
C'est probablement unecorruplion
cVIntus, dont la première voyelle s'est nasalisée et modifiée comme dans le
français En, Dans; la prosthcsc de l'i avait sans doute lieu aussi en
vieux-français; car on y trouve f.airns qui signifie La dedans; Laiens
avoit quarante chevalier; Villehardouiu, l/rmoirci", [).
lU''i
Iau de Mouuet, s. f. ^arr. de
Coutauces) Eau de fumière.
Iaulous, adj. (arr. de Vire) Rempli à'
Eau, qui se prononce Iau dans le patois normand.
IcniN, adv. (Manche) Ici.
Idlo, adv. (arr. d'Avranches) On ne
l'emploie qu'avec la particule de, D'ici, De là. Voyez
ILAU.
lÉBE, s. f. Gale des chats.
Ignau, adv. (arr. de Mortagne) Sans
façon, Uniemeut.
le RE, s. m. (arr. deValognes) Ongle,
Ergot. Peut-être est-ce la racine (V Er/raùfjncr; on dit
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(delwedd C1339) (tudalen 138)
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|:}H INE
ailleurs Egrin, Ingre, Ingrat. Ilau,
Ileu, adv. Lu, Ici; en vieux-fraucais Illcc, Illoc, JHuec (Illic). '
La ou Nativité dit-l'on llliiec diras
Concepcion; Conception illuec diras La on l'en dit Nativitas.
Wace, Etablissement de la fête de la
Conception, p. 8, v. 7.
Inde, adj. Noirâtre, De couleur sale.
En provençal VIndi était suivant VÈlucidario de las proprins: Bêla mixtura de
color ccrulenca et purpurea, et malgré le sens vague que l'on donnait aux
noms des couleurs, il devait en être de même en vieux-français, car on lit
dans le Roman de la Rose, en parlant du soleil:
A donc prent l'Air son niantel inde,
Qu'il vesttiop volenticrs en Inde;
et on lit dans le Roman de la
Violette:
Et voit 6or sa destre maniiele
Une violette noiivielle,
Inde paroir sor la car blanche.
En français l'Inde est bleu.
Inditeu. V. a. Enseigner, Elever; du
latin Jndicerc; il existait aussi en vieux-français.
Indijquer, v. a. Elever;
Voyez ÉDUQUER.
Inèle, adj. (arr. de Morlagne] Vif,
Leste; du vieilallemand Snel ou de lislandais Sniall, dont la signiticalion
est la même. Il e.xiste aussi eu vieux-français:
Puis serrai si légers e ignals e ates.
Voyage de Charleniagne, v. t; 1 3 .
Qar lorUinr, ki sa roiclc
ISL
Tourne comme la plus isniele' Chose ki
soit.
MousKEs, Chronique rimée, r. 24431.
Intel, Inté, adj. Pareil; de Talis ou
peut-être d' Unitus; car le vieux-français Onnier, Egaliser venait d'Unire et
Onmemenï signifiai tPareillement.
Voyez ENTEL.
Intergaldé, adj. (arr de Mortagne)
Troublé, Intimidé; probablement du latin Inter gaudere, Plaisanter au milieu,
comme Interloqué d'Interloqui.
Invectif, adj. Eveillé . Malin;
probablement une corruption d'Inventif.
loRD, adj. Sale, Dégoûtant: du latin
Horridus; le vieux-français se rapprochait davantage de sa racine:
Entre eus avoient fait une ordre, Si
orrible, si vil, si orde.
Roman de Fauvel, cité par M. Paris,
Manuscrits français, t. I, p. 311.
Mais le substantif Ordée signifiait
Souillure:
D'ordée et de mauvestic Se gardera et
de pechie.
■W\CE, Etatilissement de la fête de la Conception, p. 19, v.?..
On dit aussi Enordir, Salir.
IsLET, s. m. (arr. de Valognes) PAté
de maisons, entouré de rues de tous côtés; en vieux-français Islet signifiait
Une j)etite isle:
Ce tu tout droit a l'inkogni. En un islet deSainne iqui.
.MoLSKF.s, Clif: nique riincc, v.
Ii3v".
JAL
Itou, adv. Aussi; quelquefois l'i ne
se prononce presque pas et l'on pourrait croire que c'est le mot anglais Too\
mais, comme il se trouve aussi dans le patois du Jura, une origine latine
semble plus vraisembla
.lAR
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(delwedd C1340) (tudalen 139)
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139
ble: /?a a dans quelques phrases la signification d' Jmssi.
IxE, s. f. (arr. de Valognes) Machine
en forme d'ixe, qui supporte le bois à brûler que l'on scie.
Jacasse, s. f. (arr. de Bayeux) Femme bavarde, peut-être une
corruption àAgasse; en français Pie s'emploie avec la même signification.
Voyez cependant le mot suivant.
Jacasser, v. n. Bavarder; il ne se dit
en français que de la Pie; Jagg signifie Jargon en islandais.
Jacquet, s. m. (arr. de Bayeux)
Ecureuil; dans presque toute la Basse-Normandie, Dès le pétron Jacquet
signifie A la pointe du jour.
Jade, s. f. (arr. de Vire) Grande
écuelle, en vieux-français Jadeau. En aultre, cent formes de voyrres à pied,
et voyrres à cheval, cuveaulx, retombes, hanaps, jadeaulx, salernes, tasses,
goubelets, et telle semblable artillerie bachique; Rabelais. 1. v, ch. 34.
Voyez GADE.
JAFFE, JiFFE. S. f. Soufflct;
Javedad eu breton .
Jalet, s. f. Bavardage; Jtda signifie
en islandais Pousser des vagissements, des cris confus et continuels, et Jala
en breton Agacer, Impatienter.
Jalot, s. m. (arr. de Mortagne) Petit
ruvier; du bas
latin Galo; on disait en vieux-français Jale.
Jangler, v. n. (Seine-Infé- rieure) En
imposer; Coup d'oeil purin, p. 14. En vieux-français Jangler de Jongleur .
Jacuîator, signifiait Mentir.^
Jannière, s. f . Champ d'ajoncs; Voyez
bois-jan.
Jànot, s. m. (arr. de Valognes)
Imbécile, Nigaud; en \ieux-français Jan et Janin signifiaient Un mari trompé:
Ci-gît maître Antoine Guillin. Qui de
trois femmes fut janin, Et si la mort ne l'eût gripiié. Sons cesse janin eut
été.
Jap, s. f. Babil; ce mot qui a la même
signification en rouchi, est sans doute une figure, car en provençal il
signifie Aboiement, Cri. Voyez le mot suivant.
Japer, y. n. Aboyer; à Coutances E
japer. Voyez ju
PER.
Jard, s. m. Ecaille de poisson; d'où
Ejarder, Ecailler. Echarde signifiait en vieux-français Petit éclat de bois
et nous' avons encore Escarre: ces deux mots semblent venir du grec Èa/apa.
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(delwedd C1341) (tudalen 140)
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liO JKll
Jakmcotun, Jureiueiil usité dans
l'arc, de Valo^iios qui se trouve aussi en viciiv-IVancais: Jerni-cotton, je
m'étais i)ieQ doute que vous étiez un (inet: Aventures dr (C Assouri, dans
Leroux, Dictionnaire comique, t. II, p. 38.
jAumssEs, J.AimossES, s. f. pi.
ilspèce de vcsce; eu breton Jarons.
J.4KnETKK, V. n. (arr. de Mortagne) Se
heurter en marchant les chevilles, les Jarrets.
J.vspiNEK, Y. n. Bavarder, Causer à
tort et à travers, (loutredirc sans raison; ce mot se trouve aussi en rouchi
et en vieux-français; voyez Roquefort, t. ii, [). io.
Jastuiser, v. n. (arr. de Vire)
Bavarder, IVéciuentatif de Jaser. Voyez josteii.
Jau, s. m. Co(i; Rabelais disait aussi
dans son Panta(/ruel: Et les foisoit danser comme jau sur breze. La forme
lutine [(iallus, d'où Geline et Gelinotte) s'est mieux conservée dans le
patois lorrain:
Ç'ato, iii;ifiii|ii.', roiij^e sens
incntic Coin' iiot' jala qu'ai a feclii.
Noi;i,, jniblié par M. (Iiillc de
Bcnzt'lin, Rapport au ministre de rimiruction publique, 1). no.
Dans le patois de la Lozère ou dit
Jal.
Jaunet, s. m. Ranunculus acris, plante
champêtre (pii lleuril jaune; il est ainsi probable (pi" Ro(piefort
s'est trompé en I expliquant j)ar Nénuphar, t. H, p. 20; il semble au reste
lavoir reconnu luiuièiuc, Supplément,, p. 190.
Jkiîciu, v a, .;irr de ('ou
JOJ
tances) Sarcler; la l'orme latine
Sercirc s'y est mieux conservée (|ue dans Itî français; c'est probablement la
racine du nom que l'on donnait k l'ivraie en vieux-français, ./rr^tTiV. Voyez
du Cange, t. m, p. 756, col. 3.
Jésuet, s.ni. Hypocrite, Qui alTecte
un air dévot; Petit Jésus se prend ii Valognes dans le même sens.
Jeunesse, s. f. Jeune-lille; le
vieux-français l'employait dans le même sens:
Dis que je fus couplé sous le joug
d'hyménép Avec uue jeunesse k toute
vertu
née.
VaUQOELIN 1»E L\ FttESNME.
11 est resté dans le langage populaire
de plusieurs autres provinces.
Job. s. m. Ce mot n'est employé que
dans la locution Battre te Joh qui signilie Ne rien faire, Perdre son temps;
c'est un souvenir de la Bible: on dit aussi |)roverbialenuMit: Il faudrait
avoir la patience de Job.
JocEK, V. n. Niaiser, Se moquer: ce
mot qui vient du latin Jocari se retrouve |)lus rapj)roché de son étymologie
dans le Jocquer du rouchi, (jui a la même signilication.
JoDA.NE, s. m. (arr. de Baveux) Sot .
(lanache.
JoDii, adj. Sourd; probablement de J
du qui signilie encore maintenant J'entends ferme.
J(»jo, s. m. Cheval; c'est sans doute
une de ces réduplicalions .<i l'ré(picntes dans
JOU
le langage des enfanls, car Jo
signilie Cheval en breton et Jor, a la môme signification dans la langue
poétique des anciens Scandinaves.
JoLET, s. m. (arr. de Mortagne) Jeu,
Mouvement.
JoNFLER. V. n. Respirer fortement,
Ronfler en uarlant d'une toupie ou d'un diable, Souffler; probablement une
corruption de Sufflare.
JoiNQUETTE, S. f.(arr. deCaen) Fleurs
que l'on jonche dans les rues le jour de la Fête-Dieu; le français dit dans
le même sens Jonchée.
JoRER, V. imp. Se parer avec
recherche; ce mot cjui a sans doute la même racine que le vieux-français
Gorrer, Magnifique dans ses habits, semble avoir aussi quelque liaison é-
tymologique avec Mi-jaurée.
JosTER, v. a. et n. Plaisanter; il
signifiait en vieux-français Se battre. Jouter:
Doiili'a Gauvains par nom semons Qu'il
de recief trestornaissent, A un des encalcans jostaiss^nt. Gauvains lor dist
et il le firent; Trois Romains sempres abatirent.
Roman de Brut, v. 12244.
On disait dans le même sens Jouer de
répée,el\' on d'il encore maintenant Jouer des couteaux. Le patois normand a
conservé la signification primitive de Jocus.
JouBJEOT, s. m. (Orne) Tasse de café.
JoucET, s. m. (arr. de Mortagne)
Soufflet, Tape.
Joué, adv. Pas assez.
JousTE, Jouxte, Prép. Au
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(delwedd C1342) (tudalen 141)
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JUT
il
près de, Attenant à; c'est le latin Juxta.
Jubé . Ce mot latin qui s'est conservé
dans la locution En venir à jubé, Se mettre à discrétion, se trouvait aussi
dans le langage populaire des autres provinces: Laissez-moi jouer mon
personnage, je le ferai venir à jubé; Hauteroche, Les Bourgeoises de qualité.
JupÉE, s. f. (arr. de Bayeux) Distance
à laquelle la voix peut se faire entendre. Voyez le mot suivant. La
ifignihcation était la même en vieux-français: Hz estoient en une cave près',
aussi comme d'une jupee ou huée de son hostel; Lettres de grâce, de 1 449,
citées dans duCange, t. m, p. 927, col.1 .
JuPER, V. n. (Orne) Appeler de loin;
il signifiait en vieux-français Pousser de grands cris.
Galles tierces et secondes Se vont
fuiant, fendant les ondes; Cil de France, qui après jupent, L'entrée de Niius
occupent.
Branche des royaux lignages, t. n, V.
1017.
Il a sans doute la même origiue que
Japer.
Jus, adv. A bas, A terre; il a la même
signification dans le patois du Berry et se trouvait aussi en vieux-français:
Jus se mist, la terc baisa. Et mainte
fois s'ajenoilla.
Roman de Brut, v. I42t9.
Le bas-latin disait Josum: Pansant
arma sua josum: Lex Àlamannorum, ch. xlv.
JuTER, v. n. Rendre du jus.
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(delwedd C1343) (tudalen 142)
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u«
LAI
Lauiter, V. inii). ivll. larr. (le
Cherbourg) Se lamenter.
Laçon, s. m. Lacet pour prendre des
oiseaux; cette forme de Laqueiis se trouve aussi en vieux-français:
Jeo sui un hum de tel inester,
D'oiscus prendre me sai aider; Une huchie desuz Karliun, Pris un cisne od mun
lacun.
Marie de France, Lai de Milun, V. 1S6.
Lague, S. f. (arr. do Baveux) Espèce,
Qualité; de l'islandais Lag, Ordre, que le patois normand emploie dans la
même acception.
Lairer ou plutôt Laire, v. a. Laisser;
il n'est guère employé qu'au futur et au conditionnel; mais quoique ces deux temps
fussent aussi plus usités en vieux-français:
Si, te demande que t'en dis: S'il est
bon de la lapider Ou si nous la luirons aler.
Mystère de la Passion, analysé dans la
Bibliothèque de V Ecole des Chartes, t. v, p. 5!.
Et moy de l'autre part feignant une
autre affaire,
Seulet je vous lairrais dans re lieu
.«olitaire. Vaiquelln de La Fkesnave.
on trouve aussi quelquefois les
autres:
L'en devroit l'omme lapider Kc sa
femme lait trop monter.
Romans des sept Sages, \. 43;").
Sire, le dol laie? ester.
Romatif! de Dolopathoi.
AN
Ce n'est pas ici une simple apocope du
verbe Laisser, mais un verbe indépendant dont la racine est peut-être même
différente; l'un semble venir du latin Linqucre et l'autre de l 'allemand
/.aA>en.
Laiton, Lmtiion, s. m. Veau ou l'oulin
qui tèle encore; ce dérivé de Lnit se trouve aussi dans le patois du Berry.
Lant.rkt, s. m. (arr. de Baveux;
Mauvais sujet, Garnement; malgré la prosthèsc du L qui a lieu dans plusieurs
autres mots, Lendit, Lierre, Luette, Lambris, Txndemain. ce mot est sans
doute une corruption (ï Antéchrist.
Landox, s. m. (Ilaute-Normandic)
Discours traînant et ennuyeux (Basse-Normandie), Corde traînante, Guides des
chevaux; ces deux significations si dilTérentes peuvent ainsi que le Landeur
du patois de Langres, Homme qui ne fait qu'aller et venir, se rattacher au
breton Lnndar, Paresseux. Voyez landorer et
LAMEK.
Landorek, V. n. (arr. de Valognes)
Lambiner; le substantif Lendore dont la signillcation est analogue existait
aussi en vieux-français et s'est conservée dans le langage populaire 'des
autres provinces. Vovez le mot précédent.
tANFAis, Lanfois, S. m. Fi
LàR
lasse; ce mot qui vient sans doute du
breton ian/e^, étoupe grossière de chanvre ou de lin, se trouve dans une
locution populaire que nous a conservée de Brieux dans ses Origines de
coutumes anciennes: Il a bien d'autre lanfais à sa quenouille.
Lanfroner, V. n. Laver du linge.
Languet, s. m. Landier, Chenet de
cuisine; il a la même signification dans le patois du Berry.
Lanier, s. m. Paresseux; il signifiait
habituellement en vieux-français Lâche:
Car je ne sui trop coai t ne lanier.
Chevalerie Oyier de Danemarche, V. 2375.
mais on le prenait aussi dans
l'acception du patois normand:
Garde que tu sois de cheus Qui lanier
sunt et perecheus. Distique de Caion, cité dans du Cange, t. iv, p. 20, col,
Z.
et l'on donne encore le nom de Lanier
à une espèce de faucon qui est moins courageuse que les autres.
Larci, s. m. farr. de Mortagne)
Sieste; il ne s'emploie qu'avec le verbe Faire et ne prend pas d'article.
Larmer, V. n. Pleurer, Verser des
Larmes; on dit aussi Lermer: L'œil qui lerme toujours. C'était la forme du
vieux-français:
Ly rais cel saintuare en lerraaunt
regardait
: Et argent saunz noumbi e sur l'an
ter cochait.
Pierre deLangtoft, Chronique
dans M. Michel, Chroniques
anglo-normande!!, t. i, p.
LÉC
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(delwedd C1344) (tudalen 143)
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1 4H
Lauder, V. a. (Orne) Battre avec une baguette. Charger de coups;
en anglais Load, en viei -allemand Laden et en islandais Hlada signifient
Charger; on dit aussi une Laudée.
Lauffrée, s. f. (Orne) Repas copieux
d'un animal; ce mot vient sans doute du vieux- français Luffre, Goinfre,
Glouton.
Premier assailleux leur prieux, Qui
estoit fort et vigoureulx. Puis frère Jean de Tournay; Sot est et luffre bien
le scay.
Le triumphe des Carmes, v. 279.
De là le nom de Lifrelofre que
Rabelais donne aux Suisses et aux Allemands dont la gloutonnerie était proverbiale.
Laumer, V. n. (arr. deMortagne)
Regarder sournoisement et irapertinemment.
Launer, V. n. (arr. de Baveux)
Radoter, Répéter toujours la même chose.
Lausengier, s. m. Flatteur,
Complimenteur; c'était la signification primitive du vieux-français
[Laudator]: Li faus ami ki de losenges servent en liu decunseil, n'entendent
qu'a decoivre en blandissant; Mortalités citées dans du Cange, t. IV, col.
274, éd. des Bénédictins.
Lavechiner, V. a. et n. Laver mal;
c'est un diminutif du verbe français.
Laverie, s. f. Endroit où l'on Lave la
vaisselle; le rouchi l'emploie dans la même acception.
Lavier, s. m. Evier; il se dit aussi
dans le patois de Langres et de Reims.
Lécheries, s. f. pi. (arr. d'Alençon)
Pâtisserie, Frian
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(delwedd C1345) (tudalen 144)
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\ïï LIA
(lises qui font se IJcher les hai -
bes; (lu vieil-allemand l.rcrhon, Lécher.
Lkic.w,?. m. Benêt; l.rikin signifie
en islandais (leiiii ((ui passe son temps à jouer.
Lemacrs . s. r. pi. l'arr. de Baveux)
Fourrages légumineux; en vieux-français Lciim signifiait Herbes . Légumes,
stiivaut Ko(|uefort, t. n, p. 77.
Lem.\n, Le m au, s. m. Bandit; en
islandais Lcmia signifie Frapper.
Lenhrait, adv. (arr. de Valognes) Là,
A cet endroit.
Lésant, adj. (arr. de Mortagne) Pesant,
Tardif.
Létice, s. f. Âme d'un enfant mort
sans ba[)tème, qui paraît la nuit sous la forme d'un animal d'une blancheur
éclatante; en islandais Lœda signifie Fantôme.
Létisse, s. m. (Orne) Enfant espiègle,
amusant; du latin Laetus, Gai, Amusant.
Leitmiek, s. m. Homme long et mince
comme un Limier.
LiAf;E, s. m. (arr. de Cherbourg]
(louverture en paille que l'on lie; cependant on appelle en breton Liach, les
pierres plates, nommées ailleurs Dolmen, sous lesquelles ou est à l'abri.
Liais, s. m. (arr. de A^ire; Fléau; ce
mot vient sans doute du latin Liaculuin, nom que, -suivant Vitruve, I.
iT,chifi, on donnait à un instrunient qui servait à battre le mortier. 1
LiAN, s. m. Gland; on a d abord dit Glinn, comme on 1(^ fait encore dans beaucoup
d'endroits, et radoucissement de la prononciation a fait re
LLM
jeter le c. \ Saint-Lo, on dit Lion.
Lianne. s. f. ^Manche) Glane: le t; du
français est evidem)nent une prosthése; le baslatin disait Lima, et la racine
est le verbe Lier.
LiROCDEi'x, adj. Gluant.
Lu'.UEK, V. n. Faire ripaille. (>.
mot qui existe aussi dans le patois de Reims, vient sans doute de l'allemand
Lecker, Friand, ou du vicu.x-francais Léchierre.
Ainsi coin fait li lions lediiercs,
Qui des morsiax est c.onpnois.sieies.
liomon (le la Rose.
LicHOANER, V. n. (arr. de Mortagne)
S'embrasser souvent. Se lécher.
LicuoiRE, S. f. Bouche, Langue .
Faconde; il ne se prend qu'en mauvaise i)art et vient sans doute de
l'islandais Leila Jouer, Plaisanter.
LiDER, V. n. (arr. de Aire) Glisser:
Lida a la nu'me signification en islandais.
LiETTE, s. f. Tiroir d'une table,
Layette; ce n'est pas sans doute une corruption du mot français; car ou
trouve dans la vieille langue Lié ton, dont la signification était analogue:
en islandais Leyna signifie Cachellc. Liette signifie aussi Ruban de fil,
Bande de toile qui sert ii Lier.
Li(;or.TiE,s. f. (arr.deLisieux^
Petite limace.
Lime, s. m. 'arr. de Cherbourg) Fosse
plein d eau, qui sert de borne.de limites'/./mcs).
Limer, v. n. (arr. ae Pontlévè(|uc)
Pleurer; peut-être une corruption de (rimer.
LIT
LiMONiÈRE.s. f. (Eure) Ornière
profonde.
Limousine, s. f. Surtout en îoil de
chèvre et en grosse aine dont se servent les rouiers; il a la même
signification dans le patois du Berry. Probablement les Limousines ont été
portées d'abord par les voituriers du Limousin.
LiNGARD, adj. Efflanqué, Qui n'a pas
de ventre; il ne se dit que des bestiaux.
LioNE, s. f. (arr. de Vire)
Chèvre-feuille qui] se Lie autour des arbres; la même idée a fait donner un
nom analogue à la Lianne.
LiOT, s. m. Glui que l'on Lie pendant
Thiver autour des ruches.
LiQUERÉi, adj. (arr. de Baveux)
Friand; en vieux-français Licherie signifiait Gourmandise, et on lit dans le
Boman de la Rose:
Ensi corn fait li bons lechîerres Qui
des morsiax estcongnoissieres.
LiRON, S. m. (arr. de Vire) Morve.
LiROT.s.m.Mauvaiscouteau.
LiROTER, v. n. (arr. de Mortagne)
Essayer de couper avec un mauvais couteau, un Liroi.
LiTÉ, adj. (arr. deValognes) Mal levé,
il ne se dit que du pain; Litt signifie Mauvais en islandais.
LiToiNE, adj. (arr. de Caen) Lâche,
Paresseux; Lite signifiait Esclave en vieux-français, et la paresse des
esclaves était proverbiale. Voyez cependant le mot précédent.
LiTTRANT.\N, s. m. (arr. de Vire)
Balivernes; c'est sans
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(delwedd C1346) (tudalen 145)
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LOC 145
doute un composé delislandais Litt,
Petit et du mot populaire Trantan.
LiVARDEux, adj. Gluant, Humide,
peut-être est-ce le même mot que Liboudeux.
LivERNAGE, s. m. (arr. de Caen)
Fourrage qu'on fait manger en vert au commencement de l'hiver; c'est une
corruption à' Hivernage, auquel le patois normand donne en quelques endroits
la même signification.
Lober, v. n. (arr. de Mortagne) Fermer
les yeux sans être endormi; probablement du vieux-français iLo^er, Tromper:
Et plusieurs en ira lober
Tour les despoiiier et loberRoman de,
la Rose.
LocET, s. m. Morceau; probablement du
grec lo'ooq par rintermédiaire du bas-latin Lobus; le français Lopin a la
mêmesignificationctsansdoute la môme origine.
LocHER, V. a. Secouer doucement,
Remuer; peut-être est-ce une corruption de Hocher-, qui vient de l'islandais
Hossa, Secouer doucement; quoique Loc'ha signifie en breton Mouvoir, Remuer.
Locher se dit en français du fer des chevaux qui n'est pas bien attaché et
qui remue; mais il avait autrefois la signification que lui donne le patois
normand; voyez Roquefort, t. u, p. 90.
LocLASSER, V. n. Se donner de la peine
à travailler; c'est probablement unecorruption de fLoclnsser; voyez
i.ivernage
cl I.OCIIER.
10
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(delwedd C1347) (tudalen 146)
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< iG
LIR
LoDÉ, p. pas. Mouillé, Trempé; il
avait le même sens en vicux-franrais et semble venir (lu latin Lotus, Lave.
Louer, y. n. Remuer, Mareher; du
bas-lalin Lodia ou Lobia, nom (jue Ion donnail à la galerie dans laquelle les
moines se promenaient; voyez du Gange, t. iv, p. 138, col. i>. Peut-être
Chorcr (voyez ce mot) signiliait-il aussi d'abord Marcher dans le chœur.
LODIEU, LOLDIKR, S. m.
Courte-pointe, Couverture piquée; ce
mot que l'on trouve en vieux-français vient du latin Lodix ou du
vieil-allemand Lodo.
LoGA>E, s. f. (arr. de Raycux)
Cabane; du bas-latin io^a ou du vieil-allemand Lauba [Lanhja].
LoisER, v. imp. déf. Être permis; on
ne s'en sert qu'au présent de rindicatil": 11 ne ioise pas aweve i'ame a
vendre les bois qui sont en son doere; Etablissements de Normandie, p. 7. 11
vient du latin Licere dont le, français a dérivé Loisible.
LoRiNER, V. a. Diriger, Conduire avec
les rênes, en latin Lorxim et en vieux-français Lorein:
T.e jour «le l'an, (''tant on
lantaisio, Devant su quai je lorine mos pas.
'Muse normande, Canl royal.
Loriot, s. m. Gros bouton qui vient
sur les paupières. Ce mot que l'on trouve aussi en vieux-français et en
rouclii semble dérivé du bas-lalin L.orum oui signifiait une hlesrsuredont il
ne sortait pas de sang;
LOU
N'oyez le Gesta abbatum Lobiensium,
publié par d'Acherv, Spicelef/ium, l. vi, p. (m.
LoRioi'E, s. f. Chiffon; c'est probablement
une corrupliondc Loque, eu islandais Lokr.
Loiuoi'ETTE, s. f. (arr. de Morlagne)
Petite portion, Petit lopin; voyez le mot précédent.
LosEK, Éeoser, V. a. Louer; cette
corruption de Laudarese retrouve dans le français Los; voyez L.\i'SEN(;iER.
Le vieux-français disait Âloser:
Dans Renaut de Pompone qui mont
fut alozcz.
TriEOBALLT DE Mailli, Cité claus
Fauchet, l'oètes /rançois, p. 9j, éd. de 15S1.
Voyez ALLOSER.
LosTRE, adj. (arr. de Mortagne) Sale,
Malpropre.
LoiCHE, LoussE, S. f. farr. de
Cherbourg) Cuiller à pot. Ce mot (pii existait en vieux-français s'est
conservé aussi dans les patois de Rennes, de Nantes et de la Vendée; il vient
du bas-latin Lochea, dont la signification était la même; voyez les Actes de
saint Cyri(|ue, Yitae Sanctorum, Juin, t. m, p. 30.
LoicnET,s. f. (Calvados) Rè- che.
Cemotqui existaiten vieux-français, vient sans doute de la forme en cuiller
que l'on donne encore maintenant aux petites bêches. Voyez le mot précédent.
LoriPiAttx.s.m.pl. Goitres; du latin
/,o/>î<s. comme le français Loupe.
LoruDEH, v. n. Etre idiot; Parler,
Agir coiume un Z,oîr?'- dnud: du biis-latin Lnrdus
LUB
LouRE, S. f. Cornemuse, Grosse
musette: du latin Lyra; il signifie aussi Gros ventre et vient alors de Lura;
on dit aussi proverbialement de quelqu'un qui a un gros derrière: // a un cul
de loure, et cette locution se rattache peut-être à l'outre dont on se sert
pour jouer de la cornemuse.
LouRER, v. n. (arr. de Vire) Pleurer
comme un lâche; en islandais Lure signifie Lâcheté.
I,ousE, LoussE, s. f. (arr. de
Valognes) Mensonge; {arr. de Bayeux] Tromperie, Finesse. Ce mot existait en
vieux-français:
Par leusse e par voisdie prenf're
Roman de Rou, v. 10160.
Dans le patois du Berry Alouser
signifie encore maintenant induire en erreur, Tromper. Ce mot vient sans
doute de quelque dialecte germanique; car dans le patois des Provinces
rhénanes Lus signifie Ruse, Artifice; en allemand, Zwçew signifie Mentir et
Losa Folâtre.
LoussE, s. f. Yesse; en bre.t(Mi Lou;
l'anglais Loose signifie S'affranchir de toute contrainte; voyez aussi le mot
isuivant.
LoussER, V. a. et n. Souffler.
LoussET, s. m. Souftlet.
LousTER, V. n. (arr. deMor,tagne) Se
glisser adroitement, S'insinuer; on dit aussi Loiisscr, ce qui fait croire à
des rapports étymologiques avec Loîise.
LuBiN, s. m. (Orne) Porc;
[)robablementce nom d'homirio
LUR
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(delwedd C1348) (tudalen 147)
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147
donné k un animal se rattache à quelque branche populaire du cycle
satirique, connu sous le nom de Romans de Renard.
LuBiNS, s. m. pi. Espèce de
loups-garous qui rôdent en troupe autour des cimetières et crient quand on en
approche: Robert est mort. Ce mot vient sans doute du latin Lupus dont le
vieux-français avait fait aussi Luhin; voyez Roquefort, t. ir, p. 100.
LuBRE, adj. Compacte, Difficile à
remuer; il ne se dit que de la Terre. En islandais Luhhaz signifie Etre roulé
lentement.
LuGAN,s. m. (arr. de Coutances)
Traînard; dans l'arr. de Bayeux ce mot est adj. et gnifie Bizarre.
LuMELLE, s. f. Lamedecoutv'^au, Petite
lame; Voyez alu
MELLE.
LuNER, Leuner, V. a. regarder;
peut-être de Lunette comme Lorgner de Lorgnon.
LUQUER, LOUQUER, ReLU-
QUER, V. a. Regarder avec attention,
Dévisager.
De nos drapiers luquant ses zalma
nacsMuse normande, Cant royal.
Le vieux -français disait aussi
Relouquer, et Erlouquer s'est conservé en rouchi. En vieux-saxon LAiegan et
en anglais Ta look signifient Regarder.
LuRASSER, v. n. Chanter bas et sur le
même ton; c'est un fréquentatif de lurer.
LuRER, v. n. Rabâcher, Chantonner,
Répéter le même son ou la môme parole; probablement de Loure dont les
ménétriers tiraient toujou rs
lîs .MU'
lesmcMiiPssons. Il siiiiiitie aussi
dans l'Orne Contor dos sornettes, des Leurres; Parler beaucoup au lieu de
Iravailler; il pourrait venir dans ce dernier sens du breton Lure, Paresse.
M.UI
LuRKs, Lurettes, s. ï. pi. Sornettes;
en rouchi Lurette signifie une cbose sans durée ou sans consistance.
Lluier, s. m. Diseur de riens, Ennuyeux;
voyez lu
RER
M
Ma, s. \n. Tauiis.
Macabre, adj. (arr. deMortagne) Lourd,
Stupide; dans le patois languedocien 3/iric/(f)u a la même signilication,
ainsi que i'espagnol Màchoca: peut-être de Maclion, ^lulet.
Machin, s. m. Mot par lequel on
désigne un objet dont on ne trouve pas le nom; il a la même signilication
dans le patois du Berry.
Machurer, V. a. Décrier; Le chaudron
machure la poêle est une locution proverbiale citée par de Brieux, Origines
de coutumes anciennes, p. 79; c'est une métapborc, car Machurer s'emploie
nuelquefois, au propre comme dans le style familier, avec le sens de Noircir,
et iJ/ac/icr signifie Noir en patois Bourguignon:
I,c tier pu macliprai, Qii'ein roi
(rKliôpio, Prezaiili po son pl;ii De l'ançan d'Aiiaibic
L4 U.o's^ow^flS'œlBorcjuignon.
Dans le patois du Tarn Maca signifie
Noircir.
Mafonce, int. (Calvados et Orne) Ma
foi: dans la ILigue o\\ dit Mnflnfjuette.
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(delwedd C1349) (tudalen 148)
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Magnan,
s. ni. Chaudronnier ambulant; ce mot existait aussi en vieux-français; Pour
le maignen, pour avoir reparc deux poelles de fer, deux poelles d'arain et
une poillelte a queue, le grant chaudcron . la granlleschefrileet ung bassin,
VII s. VI d.; Comptes de V HôtelDieu d'Ëvreux, de 1459. Ou trouve aussi
Magnan dans le Livre des mestiers d'Estienne Boileau, p. 40. Il y avait
autrefois k Fermanville. dans l'arr. det^berbourg, unej)ierre druidi(iue
appelée Pierre-auMagnianl; M. de (lerville, Archives de la Normandie, t. i .
p. 1 o9. O mot vient sans doute du latin Manuarins, Qui travaille avec la
main {manœuvre\ car on rumonclie Magnin signifie aussi Chaudronnier, et
Magner a dans le patois du Berry la signilication de Fatiguera
MvriiiE, s. f. Gros ventre.
Maiiox, adj. (arr. de Mortagne)
liègiie; on donne un sens analogue au verbe Mahonnrr: probablement du
baslatin Mahanivm. Voyez mé- h.ucxer.
Maillant, s. m. (Orne et Calvados). Ferblantier nomade;
voyez MAGNAN.
Mainier, s. m. (Orne) Petit enfant;
c'est probablement une corruption du vieux-français Mainsnes, Vmné, ({u'on a
formé par opposition à Ainsnes, Avant né. Meyna a la même signification aans
le patois du Dauphiné, et Mainiée signifie servante dans le patois de Nancy.
Maintain, s. m. (Orne) Manche du fléau
que l'on tient dans la main.
Maintien, s. m. (arr. de Cherbourg)
Pain, moitié orge et moitié froment (arr. de Valognes) Cidre mêlé d'une
moitié d'eau. Voyez mitan.
Maire, s. f. Tache naturelle sur la
peau. (Manche) Dépôt gluant du cidre.
Mais, adv. Plus; du latin Magis, comme
Maistre de Magister: il avait ce sens en vieux-français, et l'a conservé dans
Jamais, Désormais, et dans quelques phrases ou se trouvent le verbe Pouvoir
et une négation.
Mais (que), conj. Pourvu que; le
vieux-français lui donnait le même sens: 11 ne chaut a plusieurs (|ui tiegne
la seigneurie; mais qu'ils soient prochains des prouffitz: Alain Chartier;
OEuvres, p. 42o, éd. de du Chesne. La Fontaine s'en est encore servi dans ses
Fables; 1. ix, fable 14.
Maisi, adv. (arr. de Valognes)
Presque; on ne l'emploie (lue suivi de plus et il signifiait sans doute
d'abord Dé- sormais, Maishui; le vieux-fraucais renversait les deux
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(delwedd C1350) (tudalen 149)
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MAL 149
i»yllabes:
liuimais n'esteut parler d'acordes.
Branche aux royaux lignages y t. II,
p. 217.
Les troubadours disaient é- galement
Hueymais.
Maître, s. m. Titre honorifique que
l'on donne aux fermiers. Ce mot nous semble dé- riverplutôtde
l'islandaisil/esfr, Le plus grand, Le premier, que du latin Magister: la
première signification convient beaucoup mieux à Mestre-decamp et surtout au
nom de la. Mestre de camp que l'on donnait autrefois à la première compagnie
de tous les régiments. Le sens du vieux-français Maistre s'explique
d'ailleurs bien plus naturellement par une origine islandaise; ainsi, par
exemple, les envoyés de Guillaume-Longue-épée disent àRiol, le chef des
révoltes:
De tote l'onor que il a Ne que il
tient ne qu'il aura, Vos fait-il od soi parconier, Seez li maistre e
conseillier, Sor toz les autres excellenz E comandere de ses genz.
Benois, Chronique rimde, 1. ii, V.
9146.
Malandre, s. f. Pustule, Ulcère; du
bas-latin Malandria (mauvaise lèpre):il ne se dit plus en français que d'une
maladie qui attaque le genou des chevaux. Parbleu, la vostre(mine) est plus
ridicule que la mienne; je n'ai ni surot, ni malandre; Dancourt, Les
vendanges de Surêne. Voyez malon.
Malart, s. m. Canard mâle; il ne se
dit en français que du mâle des canes sauvages, cl
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(delwedd C1351) (tudalen 150)
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150 MAL
avait ordiiuiinînionl la rnètiie
signiticalion en vieux-Cranrais:
Lez lin cslan uns niaillars li sailli,
Prant son faucon!i ilainoisiax gentis.
Chanson du vilain ffrrvi, Ms. 15. K.
londs (le St-Germain français, h"l2.ii, fol. tv, verso, col. I,
V.?f>.
On trouve cependant dans le Roman de
Renart:
Moult i ot gelines et cos. Anes,
nialar/, et jars, et oes.
T. I, p ii), V. 1273.
Male, Malais, s. m. Fumier:
probablement du latin Masculus, parce que le fumier féconde la terre. Une
idée semblable avait fait imaginer aux payens le mariage de l'Âcther cl de la
Terre ( izpcg yocy-cg, ècpm Atc;/.atITpaç), que dans le cinquième livre de
son traité Àdverms génies, Arnobe leur reproche si vivement: Vos Jovis et
Cereris coitum imbrem dicitis; de là ce passage du Perviligiutn Vcneris:
Vere concordant aniorès,veretiubunt
alites Et ncnaus cômam resolvit de
niaritis
imbribils.
Quoique dans le patois de Rennes
Marni, Mani, signifie Fumier, nous pensons donc que Iluet s'est trompé dans
ses Additions aux Origines de Ménage et dans ses Origines de Caen, p. 319. en
voyant dans ce mot une corruption de Marne, dont on se sert en certains
endroits pour féconder la terre. Selon Roquefort, t. ii, p. 128, le
vieux-français disait aussi Malleys.
Malemknt, adv. (arr. deCoutances) Mal
. Méchamment;
MAN
il se trouvait aussi en
vieux-français:
Trop malement vous raescliay.
Nadrilé de Notrc-Scigneiir, dans
.fiibinal, M'jstères iné- dits, t. H, p. Il, V. 1».
et s'est conservé dans le patois du
ï>erry.
Mal-en-tiie\ adj. Mal-engaîté (Voyez
hie), Souffrant.
Mal-en-train, adj. Souffrant; le
français dit aussi Rout-cn-train.
Malheureté, s. f. Malheur:
Les bons yront en beneurte Et les
maiivaiz en nialbeurte.
Conversion de saint Denis, dans
Jubinal, Mystèresinédits, 1. 1, p. 40, V. 2i).
Comme en vieux-français on dit aussi
Malheuré au lieu de Malheureux.
Malière, s. m. Lieu où l'on dépose le
fumier; voyez mâle: on dit aussi Fumière.
Maller, v. a. (arr. de Vire) Fatiguer,
Mettre Mal; il signifiait en vieux-français Maltraiter, Frapper.
Malon (Manche) Escarre; du latin
Malum. Malan avait une signification analogue en vieux-français:
Le col fut de bonne moyson. Gros assez
et Ions P'"''' raison; Si n'avoit tacbe ne malan.
Homan de la Rose, v. i»6S.
Voyez aussi malandre.
M.VNÇON, Manquetin, s. m. Bras de
charrue; de Manica, Manche, ce qu'on tient dans la luain; par une idée
semblable le vieux-français appelait Manete l'Anse (Vun vase. On lit dans le
Commentaire du dictionnaire de Jean de Garlandc: Stiva (aratri) . inferior
pars,
MAN
quam rusticus tenet in manu et
clicitur gallice Manchon; Paris sous Philippe-le-Iîel,p.^9S.
Mandale, s. f. Soufflet; peut-être du
bas-latin Mcndum, Dommage.
Maneaux, s. m. pi. (arr. de Bayeux) Clochetons
de la cathédrale; comme ils sont trèsouvragés, leur nom pourrait venir du
bas-latin Manobrium, en vieux- français ManœMure, Travail, Main-d'œuvre, quoi
3ue nous le dérivassions plutôt u
vieux-français Moineaux, Petites cloches.
Manjusser, V. a. Manger; le patois
s'est moins éloigné de Manducare: le vieux-ffançais disait aussi Manjussc au
subjonctif:
Il ne faut plus contrargùer
S'il vit, boive et manjusse et voise.
Martyre de saint Pierre et de saint
Paul, dans Jubinal, Mystères inédits, t. i, p. 66, v. 10.
Dans l'arr. de Valognes on dit
Moujuer, et nous lisons dans le Roman d'Âuberi, cité dans du Cange, t. iv, p.
393, col.3:
A tant manjuent aus deus la miche
alise.
Mansel, s. m. Habitation; \ du latin
Mansio dont la signification est la même. Voyez
MESNIL.
M ANSE RE, adj. (arr. de Cherbourg)
Déguenillé, Vêtu comme un Mansarius, espèce de colon tributaire fort pauvre:
Volumus, ut pullos et, pva, quos servientes vel mansuarii reddunt;
Charlemagne, Cdpi'fyilare de Villis, ch. 39.
Manï, s. m. (Calvados) Larve de
hanneton.
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(delwedd C1352) (tudalen 151)
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MAR 151
Maucau, Marcou, s. m. (Orne) Gros chat
mâle; Scarron a dit dans son Virgile travesti:
Les gros niarcotis s'entreregardenl,
Ou de leurs grilïes ils se lardent.
A Reims on dit aussi Marco m.
Marchêque, s. f. (arr. de Caen) Le
vingt-cinq de Mars; il avait la même signification cnj vieux-français: le
jour de l'Annonciation que l'on dit la Marcesche; Charte de 1 407, citée dans
du Cange, t. iv, p. 278, col. 3.
Marga, s. m. (arr. de Vire) Ordure;
suivant Roquefort, t. II, p. \ ii Margoilloier signifiait en vieux-français
Rouler dans la boue; voyez margouiller. Nous savons par Pline, 1. XVII, ch.
6, que les Gaulois appelaient la marne Marga.
Margane, s. f. (arr. de Coutances)
Sèche; en breton Morgaden.
Margo, s. f. Petite fourche; du latin
Merga, dont la signification était la même.
Margouais, s. m. (Orne) Fond de
carrière, Argile; de l'ancien celtique Marga, en baslatin Margilla.
Margouiller, V. a. (Orne) Salir; le
français Margouiller a la même racine; voyez le mot précédent. Dans le
Calvados et dans la Manche ce verbe est neutre et signifie Mal prononcer,
Manger malproprement; peut-être vient-il alors de iUJï/'e et
de'ÇM/^.'';", '''.'.
^'Margoulette, s. f'''(îïfr. 'cfé'
Valognes) Bouche qui Margoùillc; à Reims ce mol signi
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(delwedd C1353) (tudalen 152)
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Ifi2
MAT
lie le Bas (Jii visage.
Maugoclink, s. f. (arr. de Valognos ) Bonnet, Mauvaise gouh'ne.
Marin(^otte, s. f. ('Iiarrettc légère,
et, par extension, Mauvaise voiture.
Marjolle, s. f. Morceau de chair rouge
qui pend sous le bec des coqs; dans l'Orne il signifie un Monceau de poires
que l'on met sur la paille: en bas-latin Margerius signilie Monceau.
Maronner, v. n. Grogner, Murmurer; du
latin Moercre, Etre marri.
Marouau, s. m. (Orne) Chat mâle; dans
le patois du Berry on l'appelle Marau. Vovez mar
CAU.
Mauque-a-la-vielle, s. f. (arr.
deCoutances) Arc-en-ciel.
Marubler, v. a. Tourmenter, Ennuyer;
Marrire signifiait dans la basse-latinité Alfliger.
Mascapié, s. m. Confitures
très-noires, faites avec du cidre et des pommes.
Massa, s. f. Masure; c'est le
bas-latin Massa, Maison.
Massée, s. f. (arr. de Cherbourg)
Mélange d'argile et de foin dont on se sert pour bâtir après l'avoir
longtem()S Massé parts tv; il ne serrait pas non plus impossible que ce mot
vint de Maçon ou du vieil-alIe-'^ mand Mazzo.
Mastas, s. m. Homme replet.
Maspré, adj. (arr. de Lisicux) 'Bâti;
il n'est employé que dans rexpression ..^«w^ masuréc. Voyez massa. "
"^
Mate (cnf;\nt de lai Filou, Escroc; la
Mate était une place
MAU
de l'aris où les voleurs se
réunissaient; de Brieux, Origines de coutumes anciennes, p. 15.
Mattes, s. f. pi. Lait caille; en islandais
Mat signilie Aliment (.Mets); le vieux-français disait il/a fori;
Le lait, le maton et la craiiuc
Redouble qui santé aime.
Eubtaclie Deschamps, Œuvres, p. 108.
En rumonchc ou dit Motfa:
L'on volu fer tranzi la motta Devan
que Tu.s.'^on mi aria. Banz des Vaches.
Matrassek, v. a. Assommer. Rouer de
coups; ce mot était aussi usité en vieux-français: Le bruit que vous aviez...
été porté par terre, saboulé et pé- tillé aux pieds des chcveaux... matrassé
et charpenté de tant de coups; Mémoires de Sully, t. I, p. 1 2i. Il vient
sans doute du vieux-français Matras, sorte de dard à grosse tète qui ne
perçait pas, selon Roquefort, mais que nous croyons plutôt un bâton de
guerre, comme le Matras provençal:
Mas un paya lay venc que porta un
matrat. Ferabras, v. 268.
Mauté, s. f. Méchanceté; il avait la
même signification en vieux-français:
Bien li .semble de cruauté De Monie et
de mante.
Traduction d'Ovide, citée par Borel.
On dit aussi Mauvaiseté:
Mais tu e.s fout plain de poehic; Si
n'est de toi lors mauvestie.
Martyre de saint Pierre et de saint
l'aul, |iublié parM..Iubinal, M'istèrcs inédits, t. i, 1». fi5, V. I.s.
MEG
Mautlîre, adj. (arr. de Cherbourg )
Malin, Espiègle, De probité suspecte; voyez le mot précédeut,:
Maxis, adv. (arr. de Bayeux) Méchant;
en vieuv-français Macquer signifiait Frapper fortement d'un coup de poing.
Mé, adv. (arr. d'Alençon) Maintenant.
Méchant, adv. Pauvre, Malheureux. II a
la même signilication en vieux-français; dans le Mystère de la Conception de
Notre- Seigneur Jésus- Christ, se. 34, Joas refuse de recevoir Marie et
Joseph dans son hô- tellerie, en leur disant:
Ce n'est pas it i l'ospital, C'est
logis pour gens de cheval Et non pour gens si mesclians; Allez loger emmi les
champs.
C'est même là certainement la
signification primitive de Méchant ( mescheant ); dans toutes les langues que
nous connaissons La pauvreté est un vice.
Mécher, V. a. (arr. de Vire) Pocher;
peut-être est-ce une corruption du vieux-français Macquer, Assommer, qui
vient de Massue, Machue en patois normand.
Medin, s. m. (arr. de Mortagne)
Mauvaise couche.
Megaugier. V. a. (Orne) Dé-
sappointer; peut-être une corruption de Me-Gaiidoier, Ne pas amuser.
Mégue, s. m. Petit-lait; il avait la
même signification en vieux-français et vient peut-être du latin Macer;
cependant Mesga avait un sens analogue dans la basse-latinilé: Mesga, ]i(pior
scilic.et (jni ex rcccnli
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(delwedd C1354) (tudalen 153)
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MEL 1 53
caseo protiiiit; Thésaurus novus latinitatis,
dans M. Mai, Classicorum auctorum e Vaticanis codicibus editorum,\\\\, p.
521.
Méhaigner, V. a. Blesser, Estropier.
Ce mot était fort souvent employé en vieux-français: Se H uns frères ocit
l'autre ou l'une suer l'autre par félonie, il en sera livrez a mort; et se il
le mehangne, il l'espeneira par les membres; Etablissements de Normandie, p.
26. En breton Mechana signifie Mutiler, et Mécaigne dans le patois de
Langres, Malingre.
MÊLAU, s. m. (Orne) Enfant au Maillot;
c'est probablement une corruption de ce dernier mot.
MÊLE, s. f. Flocons mucilagineux qui
se trouvent au fond des bouteilles de cidre; on dit dans quelques endroits
Maire.
MÊLIER, s. m. Néflier; cette syncope
de Mespilus avait lieu aussi en vieux-français; Ronsard a dit:
Un meslier nouailleux ombrage le
portail.
Le fruit s'appelle Mêle, comme en
vieux-français:
Je ne doute mie François tout qui sont
une mêle.
Pai'i ans Englois, dans Jubinal,
Jongleurs et trouvères, p. 173.
MÊLi-MÉLO, s. m. (arr. de Bayeux)
Mic-mac; à Bayeux on donne ce nom à la Mercuriale qui s'appelle en provençal
Mellilot.
Melle, s. m. (arr. deValognes) Merle;
c'était la prononciation (lu vicux-francuis:
154
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(delwedd C1355) (tudalen 154)
|
MER
Joii vopI avoir des oiseav c'aves pris, l'incDiis et inelli^s,
alocs et penlris.
Chevalerie Ogier de Dancmarc/ie, V.
1131).").
Mf.m.e, s. f. Anneau dans le(iucl on
passe un boulon ou une ag;raffc; c'est une corruption do Maille qui avait
lieu aussi en vieux-lVauçais;
Des liaiibcrs e des broigncs mainte
mêle (aii.ssee.
Roman de Rou, v. 4014.
MÈL(i, S. m. Paquet de laine ou de til
Mêlé.
Melton, s. m. Petite prune; corruption
du bas-latin Mdum, Fruit.
Ménom, s. m ^'arr. de StLo) Surnom; si
ce n'est pas une corruption de Bvnom, il vient sans doute de Me, particule
néiiative, et de Nom; ilsigniiîcrait alors un nom qui n'en est pas un.
Mentècue, part. int. (arr. de
Pont-rEvèque) Comment; c'est une a[)hérèse et une corruption de Comment
est-ce.
Menuise, s. f. (arr. de Valognes)
Petit plomb; de Menu. Le vieux-français donnait le môme nom au petit poisson;
Sy pescheras a la menuise.
Martijre de saint l'icrre et de saint
Paul, dans Jubiual, Mystères incdits, 1. 1, p. 87, v, 7.
Merc, s. m. Borne de pierre ({ui
sépare les terres. Ce mot qui se trouve dans pres(iue toutes les langues
germaniques avec une prononciation plus ouverte MarA, vient sans doute, plus
ou moins directement, du sanscrit où Marc signitie 5epnrer.
Meuelle, s. f. (arr. de Ba
MEU
yeux) Petit ei<lre; c'est un
diininulii" du latin Merus, Pur.
Mékienne, s. f. Sieste; syncoi)e de
Méridienne qui avait lieu aussi en vieux-lrançais:
MÉsKMi, Mé/.el, s. m. Ladre, Lépreux:
Je siiiz la lille d'nng mezeau De
cella vous advise.
Chansons normandes, p. 190, édit. de
M. Dubois.
Il avait la même signilication en
vieux-français: Li sainz rois demanda audit chevalier lequel il voudroit miex
ou avoir fait un pechie mortel ou estre mesel, et li clievaliers respondi
([uc il vodroit miex avoir fet trente péchiez mortex (lue ce (jue il fust
mesal; Vie de saint Louis, à la suite de L'Histoire de Joinville, p. 33o. (^e
mot vient sans doute du latin MiscUus, Misérable, en bas-latin Mezellus, Lé-
preux.
Mérolle, s. f. (arr. de Mortagne)
Brebis; peut-être une corruption de Mérinos.
Mesml, s. m. Maison accompagnée d'un
champ; en bas-latin Mesnilum. Ce mot se trouvait aussi envieux-français:
N'i a meson, ne borde, ne niesnil.
Roman de Gnrin le l.oheram, cité par
du Can;;e, Observations sur l'/iisloire de saint Louis, p. «3.
Messional, adj. (arr. de Saint-Lo) Qui
se tient ou se juge pendant les vacations (jui avaient lieu autrefois au
temps de la Moisson, en latin iVcssiV».
Met, s. m. Pétrin; il a le même sens
en breton et en vieux-français;
MIC
Quacliez le dessoubz vostre met.
Mystère de la Nativité, dans la
Bibliothèque de VEcole des chartes, t. m, p. 471.
Probablement, comme on l'y a prétendu,
ce mot ne signifie pas Bahut, Coffre à pain, car en Dauphiné Matta signifie
Pétrir, et Rabelais a dit dans son Gargantua: Et croissoit comme pâte dans le
met. Nous devons cependant reconnaître que par extension, ce mot signifie
dans le patois du Berry Huche au pain.
Meusa, s. f. Provision de pommes pour
l'hiver; du baslatin Meiza, qui signifiait une Certaine quantité, une Masse;
vovez du Cange, t. iv, p. 345, col. 2.
MiAiLLON, S. m. Enfant; en
vieux-français Mion signifiait plus petit. Voyez mio et mioche.
MiANDER, V. n. Miauler de faim.
MiANDOux, S. m. Hypocrite, Homme qui
fait le chat; voyez le mot précédent.
MiCAMOT, s. m. (Orne) Tasse de café.
Miche, s. f. Petite fille; voyez
MIOCHE. — Brioche, comme en vieux-français:
Cil qu'il ateint acoup dessus son has
terel, Jamais ne mangera de miche ne
de
gastel. Combat des Trente.
C'est une extension de signification,
car ce mot signifiait autrefois Pain blanc: Prix du bled froment litte [à'
Elite, Col-lectus] dont se fait le pain blanc appelé miche; Règlement four
les houUivgcm lic
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(delwedd C1356) (tudalen 155)
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MIL 155
Bourges, du 7 mai 1597. il vient en ce
sens du bas-latin Mica, Micha, Petit pain.
MiCHER, V. n. Pleurer; Faire la Miche,
la petite fille; selon Cotgrave Michon aurait signifié en vieux-français
Imbécile.
MiÈRE, s. m. Médecin; selon un
proverbe populaire:
Qui court après le mière, Court après
la bière.
Le vieux-français disait Mire.
Ne Savoie trouver mire
De ma douleur ne de mon ire.
Roman de la Rose, v. 4325.
MiGAUT, S. m. Fruits que l'on conserve
pour l'hiver; ce mot n'est employé que dans la phrase Poires ou Pommes de
Migaut. Quoique dans le patois de Rennes Anijot signifie Pommes de réserve,
ce qui semble indiquer une racine celtique corrompue, on ne trouve pas de mot
analogue dans aucun des différents dialectes celtiques, et nous serions tenté
de faire venir Migaut du bas-latin Migeria, Mesure. Les pommes de migaut
seraient alors des pommes communes que l'on achetterait à la mesure pour en
faire provision, et c'est précisément le sens que l'on donne à cette expression.
MiLLAUD, adj. (arr. de Mortagne)
Gueux, Mendiant.
MiLLORAiNE, s. f. (arr. de Valognes)
Fantôme très-dangereux à rencontrer; en vieux-français on appelait une espèce
de loup-garou Millegroux.
MiLsouDiER, adj. (arr. de Bayeux)
Extrêmement riche,
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(delwedd C1357) (tudalen 156)
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156 MIS
Oui;i Mille sous.
MiNAULK, adj. Degu(Miill(', Qui lail
pitié; le |)alois du Bcrry lui donne le même sens.
Mf>CK, s. r. (arr. de Mortagnc)
Petite corde (jue l'on met au bout du fond; comme il se trouve aussi dans le
patois de Lanfi;res, ce n'est pas j)robahlement uuc corruption de Mèche.
jMincer, MiNcniER, V. a. Briser,
Mettre en petits morceaux; ce mot existait en vieux-français, et l'on dit
encore, n)ais dans un sens fort restreint, Emincer. L'anglais To mince et le
hollandais Menkcn ont la même signification. A ÎSancy Mcunchir signitie
Couper. Voyez MioT.
iMiNET, s. m. Petit garçon; Minette,
Petite lille; en rouchi on dit Ninette el Nina, Ninetta en espagnol.
MiNGRELiN, adj. Cliétif, Maigre; il
avait la même signilication en vieux-français.
MiNOTS, s. m. pi. Fourrures;
probablement de Minet, Chat, car le peuple de plusieurs autres provinces dit
Minets; voyez .mi ton.
iMio, s. m. (Orne) Dernier éclos d'une
couvée; en vieux-français Mion signifiait Plus petit*
MiocoE, s. f. Enfant; voyez le mot
précédent.
MioT, s. m. Petit morceau. Miette; Un
miot s'emploie aussi adverbialement avec le sens (l'un peu: Baille m'en z'un
miot. A Nancy on dit Mion.
MioTÉE, s. m. Pain mis eu winis dans
du cidre.
M loi EH . \ . a. arr. d(! Ba
MOC
\euxj Ajuster, Mirer.
Misérable, s. f. (Orne) Petite mesure
d'eau-ue-vie; en vieux-provençal Misirapa signifiait Cruche, l*ot; voyez
Ravnouard, Lexique roman, t. iv, p. 242.
MisTEAU, s m. (Orne) Jeune homme
MiTAN, s. m. Milieu, Centre; en
vieil-allemand Mitte. Il avait la même signification en vieux-français et
l'on trouve encore dans Brantôme: Le boufon (jui vint, cela dit: Et moi je
voudrois estre au beau mi tan.
MiTAN, s. f. (arr. de Yalognes)
Moitié; voyez le mot I)récédent.
Miter, v. a. (arr. de Mortagne) User
ses vêtements comme s'ils étaient mangés par les 7nites et, par extension,
Ciàter, Tacher.
MiTON,s. m. Chat comme en
vieux-français, Manchon; il a la même signification dans le patois du Jura:
La vendu tant qu'a nolis liauN, Ma
croix, mon initon, Pou les lioiie a Lion.
Clianson populaire.
MiTOUCnE, S. m. Hypocrite; selon de
Brieux, Origines de cout}imcs anciennes, \). I.'it, c'est une corruption de
Saint n'y touche.
MiTTEL'x, adj. Chassieux.
MiTTO.x, s. m. Morceau; probablement
de Miette.
MOCUE, s. f. MOQUELON, S.
m. (arr. de Vire) Caillot,
Agglomération; peut-être de l'anglais Much, Beaucoup; Mocc signifiait en
vieux-français Colline cl en |iatoi,^ breton
MON
Moche siguific Peloton et Mochon.
Monceau; Voyez le mot suivant.
MocHi-MoRA, adv. Pas trop; ce qu'on
exprime ailleurs par cette autre locution normande Comme si comme ça. Ce mot
est sans doute la réunion de deux adverbes anglais Muck, More qui signifient
Beaucoup déjà, mais encore davantage.
Moine, s. m. Panier pour chauffer les
lits. Toupie, Jouet. Dans la première acception ce mot est sans doute une
corruption de Manne; peut-être cependant est-ce une allusion aux mauvaises
mœurs des moines.
Moisson, s. m. Moineau; il vient du
vieil-allcinand Mez dont la signification était la même:
Miex aimeioie tiens malais, Voir
(leiis bien petis moissons, Que toutes lor confessions.
Bit du Barisel.
Dans rOrne on appelle le Pinçon
Moisseron.
Mollir, v. n. (arr. de Yalognes)
Diminuer; Le blé a molli; on dit également Le blé a fléchi.
Mon (c'est); il faut probablement
sous-entendrc Avis; cette locution existiiit aussi en vieux-français:
C'est mon! c'est bien sonder au puiis
inépuisable l)e l'aime vérité, la
lampe vénérable, Cbetifs veufs de bon sens, orphelins
de raison.
Du MoNiN, Uranologie, I. ii.
Dans l'arr. deMortagne, elle s'emploie
aussi adverbialement comme une sorte d'explétif, et l'on en trouve également
des
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(delwedd
C1358) (tudalen 157)
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MOR 157
exemples en vieux-français:
ENTENDEMENT.
Tu ne peu\ siins moy comprendre la
signitiance de cette danse. l'acteuk. Ce ne fais mon.
Dance aux aveugles, p. 8.
MoNNÉE, Mounée, S. f. Grain qui va au
moulin; Farine que le iî/cMnj'er, autrefois Monnier, en rapporte: ce mot
existait aussi en vieux-français; voyez Roquefort, t. ii, p. 203, et
Raynouard, Lexique roman, t. IV, p. 245.
Monsieur, s. m. Cochon; antiphrase qui
se retrouve dans les patois du Vendomois et du Berry, où cet animal est
appelé Un noble. Dans l'arr. de Cherbourg, on dit Un monsieur de Tréauville
et dans presque toute la province Un vêtu de saie. C'est sans doute une
allusion satyrique, faite par la classe des" travailleurs à la vie oisive
des gentilshommes et des habitants des villes.
Moque, s. f. Tasse sans anse.
Moque, s. f. Mouche, Abeille que l'on
appelle dans quelques endroits Moque à mié; cette corruption de A/usca se
trouvait déjà dans le français du xir siècle:
Et tel plente de mosques crut, Dont
mainte gent d'engrot monil.
Roman de Brut, v. 2173.
Moque signifie aussi Guimbarde;
probablement parce que cet instrument imite le bruit d'une grosse mouche qui
vole.
Môquet, s. m. (arr. de Coutances)
Lumignon.
Moralité, s. f. (Eure) Haine.
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(delwedd C1359) (tudalen 158)
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4 58 MOT
Rancime; peut-être un sou\('nir de
lobligulion où l'on était de venger ses injures et celles de ses parents.
More, s. m. (Orne) Sentine.
MoHET, Mouiu:t;arr. de Baveuxj Fruit de
la ronce; (arr. deValognes) Fruit de l'airelle myrtilc (Varcinium^. Ce mot
vient sans doute de la couleur noirâtre de ces fruits, car le vieux-français
donnait un sens analogue à 3Jore:
Kt |)Iain un pot de vin more, Et ii
autre de fort vin t)lanc.
Roman de la Charette, dans
KcWai^Roinvart, p. AàSjV. 13.
De là Morel, le nom des chevaux noirs;
voyez le Tournoi de Chauvenci, v. 3475 et le Jioman d' Agolant, v. 320. On
dit encore proverbialement dans le patois de Rennes: Ça m'est égal, taupin
vaut bien morette; c'est-à-dire une chose noire en vaut bien une autre.
MoRFiLEu, V. n. (arr. de Yalognes)
Déchoir, Décliner; littéralement avoir le Morfil.
MoRiNE, s. f. (arr. de Bayeux) Ruche
vide et, par extension. Ruche abandonnée. Morine signifiait en vieux-français
Un animal mort de maladie.
Si ne niaungerez j)as les chars de
ices, et tu eschiveras mortes morines; Lévitique, ch. II, v. 8.
MoRosiF, adj. peu ouvert. Morokx; la
même forme se trouve en vieux-français; voyez Ronueiorl, l. ii, p. 208.
MoïTE, s. f. Gazon.
MoTTiER, adj. (arr. de Vire) Matériel.
(îrossier; sans doute de Mode.
MOU
MoTTiN.s. ni. (arr. de Cherbourg)
Pain: probablement Une motte de pain.
Mou, s. m. Poumon . par opposition au
foie et au cœur (jue Ion ajjjielle le Dur; il se trouve aussi dans le patois
de Reims.
MoucHET, s. m. Monceau.
MouKFiNER, V. n. (Orne) remuer les
lèvres; il ne se dit que des lapins. Voyez mouf
FLER.
MouFFLE, s. m. (arr. de Yalognes) Gros
gant fourre sans autre doigt que le pouce, dont on se sert pour couper les
broussailles; on le trouve aussi en vieux-français:
La sarp a mon caintur et mon niouflie
en ma mains.
Privilège aux Bretons, dans Jubinal,
Jongleurs et trouvères, p. 53.
MouFFLER, v. n. Faire la moue,
Allonger le Muf(le, Bouder.
MouGiER, V. a. (arr. de Yalognes)
Manger.
Mouliner, v. n. (arr. de Yalognes)
Remuer toujours comme un Mouhn.
Moult, adv. Beaucoup.
Une corupaigne moult belle.
Ol.lVlF.K lÎASSELIN, T'OK.r rfg l'i/T,
p. ';,in, éd. de M. Travers.
C'est le latin Multum; il était fort
souvent employé en vieux-français.
MouRMAUD, s. m. (arr. de Yalognes)
Songe creux, Morose.
Mouron, s. m. Salamandre;
prol.ablement elle doit ce nom à sa couleur (Yovez moret), puiscju on
rajjpelle dans quel
MOU
ques localités Lézard noir. C'est
peut-être la ressemblance de ce nom avec celui des Maures, qui fait croire
qu'en tuant un mouron on gagne cent jours d'indulgence.
MouuoNNÉ, adj. (Orne) Rayé de jaune et
de noir comme un Mouron.
MoLisLTTE, s. f. (arr. de Caen) Petite
iille impertinente.
MouTE, s. f. Chatte, peut-être femelle
du iliafow; Farine, ce qui est AJoulu [Molitus], en vieux-français Moite: 11
commenda que se aucuns voloit avoir moite de novel, ou que il alassent a son
molin, ne li liom ne paiassent moute [Mouture], ne il u'alassent au molin;
Etablissements de Normandie, p. 44.
Mouton, s. m. Grosse poutre mobile qui
écrase les pommes; en français c'est encore une grosse pièce de bois qui sert
à enfoncer les pieux, et on donnait autrefois ce nom à la machine de guerre
qu'on appelle Bélier.
Truies, militons ferrez e durs Firent
assez liurter as murs.
Benois, Chronique riméc, 1. ii, V,
29963.
Tous ces noms viennent de l'habitude
qu'ont les moutons de heurter.
MouvER, V. a. et n. Remuer; du latin
Movere; par contraction on dit aussi Mouer. Ce mot était fort usité en
vieux-français; Ronsard disait encore:
Ils apaisent les flots, ils
raouventles
orages.
Il est resté aussi dans le patois de
Reims, et l'on dit au moral Emouvoir.
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(delwedd C1360) (tudalen 159)
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MUE 159
MouVETTE, s. f. Cuillère de bois pour
remuer les sauces. On s'en sert aussi au figuré et il signifie alors Une
personne (pii remue toujours.
MUCHER, MUCHIER, V. a. et réfl.
Cacher, Se cacher, comme en vieux-français:
Mais Kallemaine le sot bien forvoier,
En une cambre et fermer et muchicr.
Chevalerie Ogier le Danois, v. 3197.
Cil n'a voit pas de sens plenle; Por
co se crenioit et doutoit, Et en ses cambres se mucoit.
Purtonopeus deBloisA- 1. p. 15, V.
415.
En breton Moucha signifie Se masquer,
et en islandais Massa, Chaperon; c'est probablement de ce dernier mot que
vient Âumusse, nom que l'on donne à la fourrure avec laquelle les chanoines
se couvrent la tête.
MucHETTE, s. f. Cachette; on le trouve
aussi en vieux-français; voyez Li Romans deBerte aus grans pies, st. xxxvii,
v.
MucRE, adj. Humide, Moisi; il se
trouve aussi en vieux-français: Qui souef flaire et n'est pas raucrc.
Martyre de saint Pierre et de saint
Paî<;, dans JubiuHl,. /!///.>;- tères inc'dits, t. i, p. 89, v. li).
Malgré l'anglais Muck, ce mot vient
sans doute de Mucidus, comme Acre d'Âcidus; car on disait en vieux-français
Ramucrir pour Rendre moite.
MucREUR, s. f. Humidité.
Mue, s. f. (Orne) Cage où l'on met les
volailles à engraisser; il existait aussi en vicuxfranrais, et La Fontaine
s'en
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(delwedd C1361) (tudalen 160)
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1G0 NAl
osl encore servi dans la Fahlr lie. la
Souris et du Chat-huunt, 1. Il, fable 9. Voyez iMcssK.
MuGAT.s. m/Mauvais sujet:
Clie fut los mngiiats d'arrogants.
Musc normande, p. 2G.
C'est sans doute une corruption de
Muguet.
MiLAiiD, s. m. Entêté, Boudeur:
Vaut mieux qu'un vieux mulard Qui
toujours est en ire.
Bassfjjn, Vmix-de.-yire, p. 3S, éd. de
M. Travers.
Voyez le mot suivant.
MuLER, V. n. Bouder, Etre entêté;
quoique ralleniand Maiilen ait le même sens, la signification primitive de ce
mot
NAM
nous semble être: Ressend)ler à une
mule: on dit encore proverbialement: Entêté comme un mulet.
MuLETTE, S. f. fiésier des oiseaux, où
ils broyent leurs aliments comme sous une petite Meule.
McLON", Mulot, s. m. Meule de
foin; ce mol existe au.ssi dans le patois du Berry, et l'on trouve dans
Orderic Vital Foe■ni
mullontm.
Musse,, s. f. Argent, Loge pour les
oies. Chenil; malgré ces significations différentes, c'est probablement un
seul mot qui vient de Muc/ier et signifie Ce que l'on cache et l'Endroit où
Ion cache.
N
Nafue, s. f. Coup, Blessure; le vieux-français employait aussi
Nafres dans le sens "de Blessé:
Des morz lu par li pais jurent, Et des
nalrez ki puiz morurent.
Roman de Rou, v. 7889.
et Navrer est resté au figuré; Nafra
signifie encore Balafre dans le patois de l'I- sère. Tous ces mots semblent
venir de l'islandais Nafar, en allemand moderne Naher, qui signifie Foret,
Perçoir.
Nah, sorte de juron, (arr. de Vire)
Parbleu, Certainement.
Naim, s. m. Hameçon; cesl une
cori'uption de Unim.
Namps, s. m. pi. Gage, Nantissement:
Bons beuveurs ont dispense; Serf^ent
pour namps ne doibt Prendre par violence Les vaisseaux où l'on boit.
Basselin, Vaux-de-Vire, p.!)fi, édit.
de M. Tiavers.
Ce mot, dont le français a fait Nantir
et Nantissement, vient sans doute du saxon Nam. Gage, Namfeoh^ Bétail qui
sert de gage. C'est eu ce sens qu'il était le plus souvent employé autrefois.
L'en doit savoir que celui qui tient
namps, ne leur doit pas donnera manger, mais il (loil pourvoir de les mettre
en
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(delwedd C1362) (tudalen 161)
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NAR
Jieu convenable, qu'ils n'empirent par
la raison des lieux ou ils sont; Vieille coutume de Normandie, cli. 7.
ïl y a encore à Caen une Rue aux
Namps. Ce mot se dit maintenant plus particulièrement des habits; c'est une
preuve bien fâcheuse que l'amélioration des fortunes n'est pas aussi grande
qu'on se plaît à le dire.
Napin, s. m. (Orne) Petit garçon;
Knapi en islandais.
Naqueter, V. n. (arr. de Cherbourg)
Claquer des dents, Trembler de froid; Gno/ca signifie en islandais Rendre un
bruit aigu, et Naques dans le patois deReims, Dents. Le vicuxfrancais disait
dans le môme sens Noqueter.
Si fesoit grant froit et neigeoit
continuelment, il ne savoit que faire et voyant la nuit venue, tremblant et
noquetant les dents, commença regarder ca et la pour veoir aucun logis; Le
Comeron de Bocace, cité par Roquefort, t. ii, p. 244.
Naquets, s. m. pi. (Orne) Yeux, terme
familier.
Naré, adj. (arr. de Vire) Rusé;
probablement de l'islandais Hnar, Hardi, Intrépide: ce changement de
signification a été naturellement amené par la différence des mœurs; la
finesse est pour les paysans normands ce que le courage était pour les
pirates Scandinaves.
Narer, V. a. Attendre longtemps, comme
un homme mort; en islandais Nar signifie Cadavre.
Narriau, s. m. Mouchoir de
NER uii
poche; de Nares, Narines.
Nasse, s. f. Instrument qui sert k
nétoyer le four; au ligure Femme sale. Voyez le mot suivant.
Nater, V. a. Nétoyer; du
vieux-fraflçais Nnt, Pur, Propre: Rienaureit, dist-il, sunt li nat de cuer,
car il varunt I)eu; Sermon de saint Bernard, R. R. fonds des Feuillants, fol.
37. Dans l'arr. de Mortagne on dit Net tir.
NATRE,adj. (arr. de Vire) Avare; il
avait la môme signification en vieux-français:
Dieu het avers et vilains natres, El
les clampne comme ydoiatres.
Roman de. la Rose, cité par du Cange.
Nèche, adj. (arr. de Caen) De couleur
foncée; probablement de Niger; voyez nerchiBOT oii le G s'est également
changé en ch.
Néfilë, s. f. (arr. de Valognes) Ruban
de fil; en islandais Trefil a la môme signification.
Neller,v. a. Calfeutrer; peut-être de
l'islandais Nœla, Coudre.
Néquier, Nétier, v. a. Ralayer; crase
et corruption de Nétoyer.
Nerchibot. s. m. Homme noir ou brun;
il ne se prend qu'en mauvaise part: Noircir se prononce Nerchir comme
envieux-français, çXNebeut(\n\ semble la forme primitive de Nabot signifie eu
breton Une petite chose; le vieux-français disait aussi Nainbôt.
Néret, s. m. (arr. de Cherbourg) Petit
corps noir; c'était le nom que l'on donnait autrefois à une petite monnaie de
W
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(delwedd C1363) (tudalen 162)
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162 NIC
cuivre. Ce mol s'emploie aussi comme
adjectif et sif,Miilie Un peu noir.
Nerfil, s. m. (arr. de Bayeu\)
Cordonnet noir; c'est |)robablement la siiinitication que lui donnait Olivier
Basselin:
l'arsemenl«'e avaiul les gainbes D'un
bian nerlil. Chanson.t normandes, p. 233, ("xlit. (le M. Dubois.
Nerpi?^, s. m. Noir et petit;
proliahlcment de Xer, prononciation normande de Noir, et de Pion; voyez ce
mot.
Ne R VENT, s. m. Temps sombre et
venteux; le IVançais dit dans le môme sens Froid noir.
Netoiî, NiTou, adv. Non plus; c'est
une crasc de Non et à' Itou.
Neucher, v. a. Noyer; le patois
normand s'est bien moins écarté de la racine commune Necare\ on dit aussi, par
une nouvelle contraction du fran^•ais. Nier.
Niait, Nieu, Niot, s. m. Œuf qui reste
toujours dans le nid. Ce mot dont toutes les formes se retrouvent en
vieux-français, vient sans doute de Nidîis, Nid, car on disait aussi Nichct,
Nichcuf. et nous avons encore deux formes semblables Niche et Nichée, dont
l'origine est certaine: ainsi le Nieu est ÏOEuf du nid
NiCHOT, s. m. Yétilleur; xijot, s. m.
Lambin; nioeon, s. m. Nigaud; tous ces mots ont la même origine et viennent
^ans doute du latin Nugotor, Qui s'anmse à des riens. Le vieil-anglais
Ni/f/ard avait la même signilication; voyez The vision of Piers Ploicmnn, v.
NOC
0898; mais une origine romane .semble
certaine.
NicER. V. a. (arr. de Mortain' Caclier
dans une Niche.
Nijoter, v. n. (Orne) Paresser.
S'amuser à des riens; du latin Nmjari, peut-être par l'interniédiaire de
Nignud.
Nio . s. m. (Mancbe^ Niai.s,
probablement une syncope du latin Nidcnsis, Qui n'est jamais sorti de son
nid, voyez M.4IT. Le féminin est Niolle.
NiQUEDOuiLLE, S. m. Niais; ce mot qui
se trouve aussi en rouclii et dans le patois du Jura, vient sans doute du
latin Nescins, ou plutùt du français Nice ({ui en est dérivé; voyez Esticnne,
Apologie d'Hérodote, 1. I, ch. 4.
NiQUET, adj. Délicat, Nice.
NiVELER, v. n. Niaiser; probablement
de Jean de Nivelé, dont le souvenir est resté populaire en Normandie; on dit
encore d'un niais: C'est un Jean de Nivéle.
Noc, s. m. Dalle, Gouttière en bois,
Canal qui apporte leau sur la roue d'un moulin. Il avait la même signification
en vieux-français: Sera tenu ledit beritage vendu, soulTrir et recevoir les
eaux (| ni descendent du cane! et nocquière de l'héritage dudit Andrieu;
Contrat de vente ( l'ilO ) cité par Roquefort, Supplément, p. 60. Il vient
sans (loiite du celtique; car en breton Naoz signifie un Canal par où l'eau
passe et Noed une (louttière. Par extension de signification, Noc signifie
Pale d'un moulin dans l'Orne et dans la Hague où le Cneseprononce pas; dans
l'arr.
NOU
de Baveux, il désigne l'espace formé
par l'auge circulaire d'un pressoir.
Noceur, s. m. Homme de plaisir, Qui
vit comme s'il était toujours à Noce; le peuple de plusieurs autres provinces
l'emploie dans la même acception.
NoE, s. f. Prairie humide, Lieu
marécageux couvert de bois; il avait la même signilication en vieux-français;
Une noe contenant journée a deux
hommes faucheurs de pre: laquelle noe est joignant a la rivière d'Arvc;
Testament ( 1 382 ) cité par Ménage, Preuves de V histoire de Sablé, p. 390.
Le Dictionnaire de l' Acadé- mie donne
encore Noue.
NoMMANCE, s. f. (Manche) Baptême d'un
enfant, où on lui donne son nom.
NoNFAi, adv. (arr. deCaen), NoTjFFAi
(arr. de Vire), Nonfrai (arr. de Valognes) Non, je ne veux pas; Je ne le
ferai pas; c'est une crase dont le germe se trouve en ^'ieux-français:
Et li rois dist que non fera. Brut, V
7251.
NoQUE, s. f. Flèche de voiture.
Noue, s. f. Rigole naturelle. Source.
On dit aussi Noe; dans l'arr. de Vire, on appelle la source de la Sienne, Noe
de Sienne. Ce mot vient sans doute du bas-latin Noda, Torrent, Ruisseau;
l'abbaye de NotreDame du Fautel, près Paris, s'appelait ii^o/ewoue. à cause
du
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(delwedd C1364) (tudalen 163)
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NUI 163
voisinage d'un torrent nommé en latin
Malanoda.
NouLER, V. n. Passer un iîl de fer
dans le groin d'un cochon, pour l'empêcher de fouir; se mot signifiait en
vieux-français Nouer et l'on dit encore de (luelqu'un qui ne peut se servir
de ses membres, qu'il est Noué.
NouQUE, adj. Impair; C'est peut-être
une corruption de Non, car on dit aussi Nonque, et Non, sous entendu Pair,
remplace sou vent /wpfliV: Pair ou non.
NouRRiTunE, s. f. Bétail que l'on
élève, que l'on Nourrit. Nutritura a le même sens dans une charte de
Charlemagne . rapportée par Adam de Brèmes, ch. 9, et on lit dans un document
de 1 238; Ad pascua animalium, equarum, porcorum etaliorum nutrimentorum;
Lobineau, Histoire de Bretagne, t. II, col. 299.
NOURTURIAU, NOTUREAU, S.
m. (Orne) Petit cochon de lait; dans
le Berry on donne le même sens à Nourrin; Voyez nourriture.
NuiLE, NiEULE, s. f. Nielle, Maladie
des plantes céréales qui est souvent causée par le Melanthium, que l'on
appelait en bas-latin Nigella; voyez Valois, Notitia Galliarum, p. 37o, col.
2. On dit aussi Nuillé, Attaqué de la Nuile.
Nuisance, s. f. Préjudice, Chose
Nuisible; on le trouve aussi en vieux-français:
N'ioiitkiren feist destourbier ne
nuisance.
lioman de Rou, v. 4290.
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(delwedd C1365) (tudalen 164)
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164
0, pr. Avec.
Les tonneliers sont maint'nant bien
requis,
Ils sont plus rogues que manjuis;
Lt'S prêssouriers o leurs sabots de
boit»
Sont plus rognes que rois. Olimf.h
Uasselin (Jean Le Houx). Chanson inédite.
Cemol très-commun en vicuxfranniis
vient s;ins doute de Ah (jui avait pris dans la bassc-lalinile le sens de
Cum, le b s'est clianj,'é en v, parccque ces deux lettres ont un son si
semblable (jue beaucoup de langues, resi)a'rnol par exemple, ne les
distinguent pas. Le changement de la voyelle est certain, puisqu'on trouve en
vieux-français Ovec;et Avec, et le v étant presque muet' devant les consonnes
a fini par se perdre si complètement que l'écriture n'en a plus tenu compte.
Obiche, s. f. Adresse, Talent.
Probablement ce mot a quelque liaison d'origine avec VObiter du bas-latin que
du Gange, t. iv, col. 1270, éd. des Bénédictins, explique par Celerilcr.
OcuE, s. f. Entaille; ce nmt se
trouvait aussi en vieux-français, et on en avait fait le verbe Ochier:
Son brant «rnccr tint tôt nu Irait,
Ensanglante, cscliie et trait. 1]e.nois, Chronique rimée. In, V. 1892^.
A Lyon les boulangers appellent encore
Ouche le morceau de bois sur kniuel ils font leurs comptes avec des
entailles. Le français a conservé Dé- cocher, lancer de loche, de.
l'entaille que l'on faisait aux arcs pour empêcher les flèches de
glisser. Probablement ce mot vient du celti(iue, car Ask a la même
signilication en breton, et Osho en provençal.
Oui, s. m. Défaut . Malheur: ce mot
(jui avait la même signilication en vieux-français semble venir de l'islandais
0/ieiU, Valétudinaire.
Oigne, s. f. Fâcherie, Murmure:
Je leur montrerai sans oigne De quel
poisant sont mes doigtz.
Chansons jwnnandes, p. 177, éd. de M.
Dubois.
Peut-être le vieux-français Oinç/nace
que Roquefort exl)li(}ue par Action de faire ou de commettre des choses
indécentes a-t-il la même origine.
OuES, adv. Maintenant, A présent, de
Hora; ce mot qui était fort usité en vieux-français (Voyez ORiÈREj et qui se
trouve d'ans les Vaux-de-Vire d'Olivier Basselin, p. 'M, de l'édition de M.
Travers, est resté dans le français Désormais.
Orf.vnté, adj. Fatigué, Brisé;
littéralement Rendu orphelin, Orfante en vieux-français.
Or.iurs, s. n). Chandelle de résine.
Orière, s. f. Bord, Lisière; d' Ora
comme le français Orée: on le trouve aussi dans la vieille langue:
Or fu Geris lez l'oriere del bos.
Raoul de Cambrai, p. I32,v. 10.
OuiiiNE, S. f. (Orne) Espèce.
PAI
Origine; on lui donnait la même
signiiicalion en vieux-français:
Li preiidome, li ancien,
Ont leenz un fusicien
Qui tant parcst de franche oiine,
QuMl garist sans veoir orine.
Fabliau de la voye de paradis.
Oriner, V. a. (arr. de Vire) Ecouter,
Se servir de ses 0- reilles; il s'emploieaussi comme verbe neutre et signifie
alors Roder, Aller dans les Orées.
Oripias, s. f. pi. Maladie d'oreille,
causée par une fluxion des glandes parotides. On la nomme aussi Ouripias à
Caen, et Ouiepas à Cherbourg.
signifie
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(delwedd C1366) (tudalen 165)
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PAI 165
Oro. Ce mot n'est usité que dans la j)l)rase:
N avoir ni repos ni oro, il et vient à'Uora.
OuiCHE, adv sens ironique.
OuiN, adv. Voyez OUICHE.
OUINCHER, \
Tcnq)s Oui . dans un (Orne) Non;
n.
(arr.
de
Vire) Grogner; ailleurs il signifie,
sans doute par extension, Frapper du pied.
OuivETTE, s. f. (arr. de Cherbourg)
Jeune fille étourdie. Il signifiait sans doute d'abord Elégante, Qui aime la
toilette;
VOVez HOUIVET.
Padoue, s. f. (^arr. de Lisieux) Ruban de fil; peut-être est-ce
une abréviation de Ruban de Padoue.
Paer, v. a. (arr. de Cherbourg)
Ralayer; probablement une corruption euphonique de Parer; dans le patois de
Reims, Paler signifie Nettoyer une é- curie.
Pagie, s. f. Cloison; peut-être du
latin Paries dont on a voulu adoucir la prononciation, comme pour le mot
précédent.
Pagnant, adj. Lourd, Grossier; de
Paganus dont on a fait aussi le vieux-français Pacant et Paysan.
Pagnolée, s. f. (Calvados) Trèfle qui
sans doute a été importé d'Espagne; la variété à fleurs incarnates s'appelle
mô- me encore maintenant Trèjle d'Espagne.
Paicre, adj. (arr. d'Avranches) Aigre;
du lai in Acer, a
vec un Paffixe.
Pailletot, s. m. Sac rempli de paille
d'avoine sur lequel on couche les petits enfants; il se trouve aussi dans le
patois de la Meuse.
Paire, adj. (arr. de Morlagne) Pareil;
du latin Par, ou du français Paire; en vieux-français on donnait la même
signification à Pair.
Paiter, V. n. (arr. de Morlagne)
Bouger, Changer de place; du latin Pascere, Paî- tre, parce que les animaux
qui paissent sont obligés de changer à, chaque instant de place. Selon
Roquefort, t. n, p. 289, Paiteler signifiait en vieux-français Remuer les
pieds.
Paitis, s. m. Lieu où l'on attache les
bestiaux, et qu'ils foulent avec leurs pieds; du latin Pascere ou de Piétiner
qui signifie en patois normand
lOf.
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(delwedd C1367) (tudalen 166)
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PAN
FoiiItT sous les pieds.
pALÉE, s. f. Ce (Mion peut porter sur
imc Pdle: voyez le mot suivant.
Pu.KTTE, s. r. Pelle k feu; diminutif
de Pelle: on lui donne le même sens dans le j)atois de Reims.
Palle, s. f. Vanne d'un moulin; on lui
donnait la môme signification en vieux-français et il s'est conservé aussi
dans le patois de la Meuse: dans quelques localités on àÀiPanne.
Palletot, s. m. (arr. de Bayeux) Habit
large et grossier que portent les matelots; (arr. de Cherbourg) Veste longue.
Ce mot existait aussi en vieux-français:
Je ne veltray en (l.un) palletot Pour
l'abiller sans dire mot.
Van des sept Dames, cité par Borel.
Il vient du latin Pallium ou d'un mot
celtique; car l'espagnol Palletoque a la même signification, et on le
retrouve dans le patois de plusieurs provinces.
Palman, s. m. (cant. des Pieux) Pan;
de la longueur de la main, en latin Palma, comme Empan; le provençal disait
Palm et Palmat:
L'alrairan to pus graiis que Karle un
palniaf. Roman de Fierabras, v. 4788.
Un palin de la fjoncla hlanca Li
trenqet el polpil de l'anca.
Roman de Jaufre, dans le ÏAOcique
roman, t. i, p. 7:3, col. 1.
Panette, s. f. Tache de rousseur, qui
ressemble à de la graine de Panais.
Panlèue, adj. Lâche, Sans courage;
niot-à-mot, Douhh
PAQ
voleur; du vieux-français Pan, Vol et
Lcre (latro) Voleur.
Pannas, s. m. Plumeau; du latin Prnna
qm s'est conserve sous une autre forme dans différents patois; dans celui des
Vosges Panncur signifie Halai; c'est Pannourc dans celui de Nancy; dans le
Jura Ponner signifie Essuyer, et Pana Nettover dans ILsère; le Irançais a
encore Empenné et on lit dans les Chroniques de Saint-Denys: Nous ne poons
souzescrirc ne seigner la pré- sente chartre, pour la penne qui tremble en
nostre main pour la maladie; Rcciieil des historiens de France, t. m, p. 299.
Pan.né, adj. Ruiné; mot-hmot Saisi: du
vieux-français Panner: Saisir et panner sour les hommes de lief; Titre
(132i), publié par Carpcntier, t. m, col. 146.
Pannet, s. m. Selle rase sans étriers
ni fonte; dans l'arr. de Saint-Lo il signifie par extension Bât; du latin
PaneUum. Le vieux-français disait Pennel: Nus seliers ne puet coudre basane
avec conlouan, ne nule autre manière de cuirs, si ce n'est en pennci que l'en
apclc Bastiere; Estienne Roileau, Livre des mestiers, p. 208.
Paqueret, s. m. fOrne) Œufs que l'on
donne à Pâques, et par extension Cadeau.
Pau AriiÈs . loc. adv. Ensuite; elle
était aussi enq)loyée en vieux-français:
Les vers que leurs joinj^iours, leurs
contours et clianlerro.s Redianloienl [lai après
PAR
disait Vaiiquelin de La Fresuayc, et
elle s'est conservée dans le patois du Berry. Comme en provençal, on disait
aussi quelquefois" en vieux-français En après (en suite): En après le
roi, la reine et leur tils... vinrent au dit lieu; Monstrelet, t. 1, fol. 83.
Peut-être cependant Par est-il ici un signe du superlatif, comme dans
Parfait; au moins la locution Par exprès semble favorable à cette conjecture:
Choisir faut du bon par expies; Car le
mauvais porte dommage. Louis CicoQUET, Mystère de VA pocalypse.
Paraviré, s. m. Soufflet; la même idée
a fait former le mot Chatourne.
Parchonn'ier, Parsonnier, s. m.
Associé, Qui ne forme à deux qu'une seule Personne. Il se dit dans l'arr. de
Mortagne des petits cultivateurs qui se prêtent réciproquement leurs chevaux
pour labourer. On emploie aussi quelquefois Personnerie dans le sens de
Société. Comme Parckon et Parciere signifiaient en vieux-français Partage,
Part, Portion, il ne serait pas impossible que la racine mt Parliri; voyez le
mot suivant.
Parcie, s. f. (arr. de Baveux) Diner
que l'on donne aux personnes qui ont Partagé les travaux de la moisson; à
Cherbourg on dit Perde; Roquefort, t. II, p. 302, cite aussi le
vieux-français Parcye.
Paré, adj. Délivré, Prêt, Préparé; du
latin Paratus; on le trouve aussi en vieux-français:
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(delwedd C1368) (tudalen 167)
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PAR t€7
Une codre trencha par mi, Tute
quarreie la tendi; Quant il ad pare le bastun, De sun cutel escrit sun nun.
Lai du CJievrefoil, v. 51.
Dès le xvi° siècle Préparer avait
remplacé Parer dans toutes ses acceptions:
Ou je trouvai une grant dame belle.
Noble et plaisant de drap d'or préparée. Jean Joret, Jardrin salutaire, st.
IX.
Parer se dit le plus souvent du cidre
assez fermenté pour être bon à boire:
Les sildres a peine parez On faict
boire aux gens altérez. Et n'enssent-i!s denier ny maille, Pour remplir
bientost laïutaille.
Oliviek Basselin (Jeai) Le Houx)
Chanson inédite.
On lui donnait la même signification
en vieux-français:
Et de l'eaue simple bu voient. Sans
quérir pigment ne clare; N'oncques ne burent vin pare.
Roman de la Rose, v. 8670.
On l'emploie même encore quelquefois
avec ce sens.
pAREi,s. f. Muraille, Cloison; on le
trouve aussi en vieux-français:
Voluntiers l'onur fuiroit; La parei
qui près li cstoit Empeint tant corn il pot arrere.
Ms. B. R. 7024, fol. cri,verso^ col.
1, V. 4.
On dit aussi Paroit, comme en
vieux-français:
Jehans estoit a la paroit, Dedenz sa
meson apuiez.
Fabliaux anciens^ t. iv, p. 4lf>.
Ce mot vient du latin Paries et se trouve dans toutes les langues romanes;
c'est Paret en vieux-provençal; Pareil en catalan et en cspâgaol; Paredc
108
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(delwedd C1369) (tudalen 168)
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l'AK
on (xiiluiiaisctiPn/v'rcciulalicn. Pauh.n, s. f. Fin (iorniére;
celle lornie aiijiiiu'iilalivc existait aussi en vieux-français:
La rose a la parlin dcviunt nu gcate
iii.
RoiNSAKD, Œuvres, t. i, p. 1C4.
Parfimr, V. a. Finir toutà-fail .
Rendre parlait.
Paufo.nd, s. ni. Extrémité du Fond;
Par ajoute ici sans doute à la signification natur(!lle de Fonrf, comme en
vieux-français:
Qui me meltroit en une tour moysir Et
elle fnst au parfond d'Ytalie, Sans moy bouger, je luy tiens compagnie: Elle
et mon cueur vont ensemble gé- sir. Chansons nouvelles, fol. a. ii, recto,
éd. de Silvestre.
Peut-être cependant est-ce une corruption
de Profond qui existait aussi en vieux-français: J'ay plain povoir et
auctorite pure
D'auctoriser humaine créature
Ou la plongier en doleur très
parl'onde.
MicnAULT, Dance aux aveugles, p. 3ft.
Paulage, s. m. Paroles inutiles; le
vieux-français di.-ait Par loge:
Si les vous voel dire briement Sans
lonc parloge mètre avant
Des set sages de Homme, Ms. B. R., n°
7595, fol. 33fi, V, col.2.
Paulocheu, V. n. (arr. de Yaloirnes)
Parler avec affectalion; dans l'arr. de Morlagne on dit Par loyer et on en
fait un verbe réllechi. Voyez le mot suivant.
Pauoler, V. n. Parler avec
affectation, c'est lancienne for?ie du veri)e Parler:
L'abc i)arol a toz ensanble.
Fabliaux anciens, \. iv, ji. m.
.Main Cliarlicr disait encore: Quant
ainsi ensemble paroilent; OEuvrcs, p. 663.
Paroles, s. f. pi. Copeaux formés par
la varlopnc, quand on Pare une planche; dans quelques localités on dit
Purottes.
Paronne, s. f. (Orne) Collier de
grosses tresses en roseau dont on harnache les chevaux que l'on pare pour la
charrue; probablement Ro(iuefort s'est trompé en disant, t. H, p. 307, ([ue
ce mot signiliait en vieux-français Timon.
Partie, s. f. (Manche) Action de se
Séparer, Départ; le vieux-français disait Départie:
La trompette m'appelle Sous les
drapeaux, de Mars; Cruelle départie!
Henui IV, Charmante Gabriclle.
Le patois est resté plus fidèle k la
forme étymologique [Partiri].
Partir (en), v. n. (Manche) Venir de
le faire; voyez le mot précédent: le français dit dans le même sens En
sortir, et on lit dans la Mort de Garin, p. 245,
Si qe l'ensangne qi d'Alexandre fut,
Li bangne on cors a force et a vertu. Et d'autre part en part li fers agus.
Pas, s. m. Marche d'escalier; le
français donne aussi ce nom à l'espace qui se trouve d'un pied a l'autre
quand on marche. La vieille langue em[)loyait Apas dans le même sens (juè le
i)alois normand ( Voyez
PAT
'Roi\ue\'oTi, Supplément, p. 22], et
ce mot a conservé celte signification en rouclii.
Pas plutôt, loc. adv. (Manche) Au contraire.
Pascarade, s. f. (arr. de Vire)
Carotte; corruption du latin Pastinago ou du basbreton Pastounadez; le r
s'est introduit aussi dans le languedocien Pasternago.
Pasnage, s. ni. Droit de paisson dans
une foret de chê- nes. Il fu jugie que li abes de Ses ait quitence del
pasnage de ses porciaus as propres usages de sa meson, en la forest del Bur;
Etablissements de Normandie, p. 157. 11 y a encore à Valognes un quartier qui
s'appelle Le Pasnage.
Pasret, s. m. (Manche) Marche
d'escalier; corruption de Pas roide.
Passager, adj. Passant; il ne
s'emploie en ce sens qu'avec Rue et se trouve aussi dans les patois de Reims
et de Langres.
Passier, s. m. (Orne) Pailler; endroit
où l'on Passe.
Pastou, s. m. Uerger, Pastre; dans
quelques localiîés le s ne se prononce pas; du latin Pastor, qui s'est
conservé dans Pasteur et Pastoureau. Ce mot signilie aussi Parc, Clô- ture,
Endroit où l'on met les bestiaux à paitre; en vieux-français Pastis
signifiait Mur, Muraille, suivant Roquefort, t. il, p. 314.
Pataclan, s, m. (Orne) Bruit d'un
corps qui tombe dans l'eau; cette onomatopée se trouve aussi dans le patois
Bressan, mais avec un sens plus général.
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(delwedd C1370) (tudalen 169)
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PAT 169
Patar.\ud,s. m. Coureur, Mauvais
sujet; le vieux-provençal donnait aux sectaires Yaudois le nom de Pataris.
Pataret, s, m. (arr. de Baveux) Soupe
aux pommes; en vieux-français Pastanade signifiait Soupe aux légumes.
Pategaud, s. m. (arr. de Mortagne)
Secret; on dit aussi Patigaud; peut-être du latin Pati, Souffrir, parce que
les secrets coûtent beaucoup h garder:
Rien ne pèse tant qu'un secret.
LAFoNTAiNEjfaWeSjl.viii, fab.O.
Patigousser, v. n. (arr. de Mortagne)
Remuer l'eau pour s'amuser; ce mot a été formé de Patte, comme le français
Patauger et Patrouiller.
Pâtiras, s. m. Souffre-douleur; du
latin Pati, Souffrir.
Patôcher, V. a. Manier grossièrement,
Toucher avec ses mains, comme si c'était des Pattes; le vieux-français disait
dans le même sens Patojer:
Si laidement le rebouloit, Et patojoit
a lui ses pâtes Qu'avoit plus noires que savates.
Gautier de Coinsi, Miracles de la
Vierge, 1. 1, cli 33.
Patouf, s. m. Gros lourdaud; il a la
même signification en rouchi: le Pataud du français est bien moins expressif.
Patouiller, V. n. (Orne) Agiter l'eau,
Marcher dans les mares; dans le patois de la Meuse Patouillat signifie une
Petite mare où l'eau croupit, et Roquefort, t. ii, p. 316, cite
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(delwedd C1371) (tudalen 170)
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1 70 PAT
le vioux-IVançais Pat&ueil
au<iuel il donne le sens de Bourbier, Chemin boueux; il semble ainsi ([ue
le n s'esl introduit par corruption dans le français Patrouiller; la forme
primitive sest conservée aussi dans le patois du Berry.
Patraillée, s.'f. (Orne) Multitude,
(irandc quantité; voyez le mot suivant.
Patuâiller, V. n. (arr. de Cherbourg)
Travailler avec ses mains, Se donner beaucoup de peine.
Patuasseu, V. réfl. Tomber tout de son
long, Faire patatras; à Rennes on dit Dé- pétrasser. Peut-être ce mot
signifiait-il originairement Tomber sur les pattes, car on emploie dans rOrnc
avec le même sens Poignasser. Dans quel
aucs localités on se sert aussi u
substantif Pafrassc, Chute violente.
Px\.tiu)n-Jacquet, loc. pop. Qui ne
s'emploie que dans la phrase Se lever dès le patron Jacquet, à la pointe du
jour; on dit dans le patois du Berry, Se lever h Pelrou Jacquet et dans celui
de plusieurs autres localités Au patron ou potronminctte. Peut-être cette
locution vient-elle de saint Jacques, le patron des voyageurs, qui, pendant
le moyen-àge, étaient pour la plupart des pèlerins. Celte expression pourrait
venir aussi de l'écureuil, eu patois Jacquet, qui passe pour le plus vif des
animaux, et par consé- ([ueut ])our le premier éveillé. Patkon.neu, V. a.
ctn. Toucher avec les mains, les pattes.
PKC
Patrouille, s. f. Kcouvillon; voyez le
nmt précédent; le patois de l'Oine n'a pas non plus admis le it dans ce mot,
il dit Patouillc.
Pauche, s. f. (chaussée. Il avait la
même signification en vieux-français: Avoil gens pour nous adober les
chemins, pons et pauches; Bibliothèque de l'Ecole des Chartres, t. m, p. 194.
Paupille, s. f. (Orne) Sourcil ou
plutôt Cil; du latin Palpetra, Paupière, auquel on a donné la terminaison de
Cilium.
Paupiller, V. u. (Orne) Ciller, Fermer
les yeux de peur; vovez le mot précédent.
"Pause, s. f. Instant, Le temps
de faire une pause:
Je la regardai une pose.
Chansons normandes, p. li)5, (kl. de
iM. Dubois.
Ce mot existait aussi en
vieux-français:
N'ert de Rome adoiit nul(e^ cosc. Ne
ne fii puis de nuiit giant pose.
Roman de Brut, v. 27.
Pavât, s. m. Collier de cheval, fait
avec les feuilles sé- chées de l'iris des marais (Pseudo-acarus) qui
s'appelle en patois Pave.
Pec, s. m. (arr. de Bayeux) Point de
départ, But; probablement de Podium, Petite é- minence; au moins ce mot
était-il devenu en vieux-français Pic, Piifch et Pec.
Pec, adj. Méchant, Sot; il
estplususitéau féminin Pccque, et vient sans doute de Pecu.s, comme le
français Pécore.
Pecaille, s' f. Fretin: du
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(delwedd C1372) (tudalen 171)
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PËS
lalin Pecus. Il se dit par mé- taphore
de toute espèce de mauvais poisson et s'empioie comme terme de mépris dans un
sens beaucoup plus général.
Pecauder, V. n. (Orne) Mettre les
mains dans le plat; Se conduire comme une bête {Pecus"!).
Peïot, s. m. (arr. de Bayeux) Ligne
dormante; voyez
PÉQUER.
Pelauter, V. a. (arr. deMortagne)
Enlever et secouer par la peau (Pellis); il existait aussi en vieux-français
et y avait pris par métaphore le sens de Battre, Etriller.
Pelette, s. f. Petite peau de mouton
que l'on met sur les sabots; diminutif de Pellis; la forme latine s'est
conservée aussi dans Pelletier et dans Pelleterie.
Peloue, s. f. Grosse houe; mot composé
sans doute de Pelle et de Houe.
Péner, v. a. et réll. Tourmenter,
Faire de la Peine; il existait aussi en vieux-français:
Car trop nos vuet cist rois pener et
travailler.
Chmison des Saxons, 1. 1, cou pi. 16.
PÊQUE, s. f. (arr. deBayeux) Chiffon;
il ne s'emploie guère qu'au pluriel; on disait en vieux-français Pesse,
probablement de Pièce, morceau de linge. Ce mot existait aussi en
vieux-français:
Kien ert cheus en uiales mains, Quar
si cheveil contre mont tendent, Et les pesques contre val pendent De son
sorcot et de sa cote.
Fabliau d'Alonl.
PEQ ni
PÉQUER, V. n. Désigner un but, Jeter
son palet pour servir de but, comme Jhiter; il signifie aussi par métaphore
Arrêter, et l'on donne par extension le sens d'Attendre à la forme passive
Être péqué.
PÊQuiÈRE, s. f. (arr. de Bayeux) Femme
qui ramasse des chiffons; en patois normand
PÊQUE.
Percette, s. f. (arr. deMortain)
Vrille, Petit outil qui Perce.
Perchoux, adj. (arr. de Sainl-Lo)
Oisif, Immobile comme une Perche; dans l'arr. de Bayeux il signifie Frileux,
parce qu'un froid trop vif empêche de sortir.
Péricauchée, s. f. (arr. de Bayeux)
Paresse; voyez perchoux.
Perrette, s. f. Terme de mépris dont
on se sert en parlant des femmes; le français dit Péronelle; c'est le
diminutif féminin de Pierre.
Perrey, s. f. (arr. deBayeux) Lieu
rempli de galets ou de Pierres; la même raison a fait donner le nom de Chemin
perrc aux anciennes voies romaines. Carpentier nous semble ainsi s'être
trompé en expliquant le vieux-français Perroy par Rivage de la mer; il avait
probablement le même sens que le mot normand, comme le français Pétrée.
Persoux, s. m. (arr. de Vire)
Pressoir; probablement une métathèse.
Pesas, s. m. (arr. de Cherbourg) Tiges
sèches de pois, en latin Pisa; il existait auàsi en vieux-français:
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(delwedd C1373) (tudalen 172)
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172
im<:t
Oïl avoit ja Ils pois so Cs lit li jM'Siiz t'S(oil loics.
liomande Jicnart. t. i, p 20.
Pesxouette, S. f. (arr. de Vire)
Petite lille dissipée.
Pester, v. n. (Orne) Courir; on en a
l'oriné l'adjeclil' J'Jpestoui, qui signilie Etourdi.
Péteu, V. a. (Seine-lul'erieure)
Mesurer.
Petit, adv. Peu; il s'emploie
le plus souvent avec Un, comme
on vieux-l'rançais:
Sire, (libt-ele, un petit m'entendez.
Chanson de Ifoci, B. R. Ms. de
Saint-Germain, n" 1244, fol. 9, recto, col. 2, v. 15.
Ce mot est surtout usité avec une
forme duplicativc: Un petit peu, Un petit mot. Ua Fontaine a encore dit dans
le fragment du Songe de Vaujc.
Ke lui donnez plus rien qu'un petit
de panade.
Pétoche, S. f. Mauvaise chandelle qui
pétille.
Pétouin, s. m. (arr. de Baeux)
Eeorcheur, Qui enlève en vieux-lVanijais Toult) la peau, que le patois
normand j)rononce pé.
Pétu.v, s. m.,Iïom me grossier;
Paysan; il a la même signification à Rennes: l'origine est la même que celle
duvicuxfranç^iis Péteux:
Et l'autre eu fut chassé comme un pé-
teux d'église.
Regnieh. satire xiv.
On donne aussi à ce mot la
signilicalion de Derrière.
Pètre, adj. (Manche) Paresseux,
Immobile comuie une pierre, en latin Pétra.
Petrelle . s. f. Etincelle accompagnée
le plus souvent de
pétillement; la même raison leur lait
donner en rouclii le nom de Pète.
Peukke, Pelfkre, s. f. Frippcric; de
l'islandais Pelf, Dé- pouilles; il avait conservé sa signilicalion primitive
en vieux-français:
Chargez s'en vont en lur pais De la
pcifre as cheitifs.
Geovj lîoi Gaimau, Chronique riTnre.
publiée [)ar M. Francisque Michel, Chroniques anglonormandes, i. 1, p. 4.
Le vieux-français donnait aussi à
Peuiïcrie, le sens du patois normand Peuf/c.
Peufi, adj. (arr. de Mortagne) Flétri,
Fanné, comme le français Frippé.
Peuffier, s. m. Fripier; Voyez PEUFFE.
Peulie, adj. (arr. de Vire) Maladroit;
littéralement Peu joyeux, Mal en train.
Pezet, s. m. Etoupe.
PiiÉiîÉ, s. m. Pécule, Bien; peut-être
de l'islandais Fe, Troupeau, qui avait pris la signification d'Argent, parce
qu'on ne connaissait pas d'autre richesse.
PlANCIIE, s. f. et PlAXCHON,
s. m. (arr. de Bayeux) Fille, Enfant;
dans larr. de Mortain, il est devenu adj. et signilie Malin, Espiègle.
PiANNER, v. n. (arr. deMortagne) Il se
dit du cri du dindon et signilie littéralement Crier comme un Paon; voyez
ncoT.
PiACCÉ, adj. (arr. de Bayeux) Couché.
PiAUCER, V. n. Pleurer, Crier sans
cesse comme un poulet: c'est probablement une
PIC
corruption de Piauler qui vient du
latin Pullus; cependant on lit dans les Extraits de Fcstus par Pauius
Diaconus, p. 212; Pipatio clamor piorantis ling:ua Oscorum, et Chaucer a dit
dans son Canterbury taies, V. 177: He gave not of the text a puUid lien,
ce que Belle ndcn Ker explique par
Malade, Qui a la pépie; Archaeology ofpopular phrases, t. ii, p. 74.
PiAUFFRER, V. a. (arr. de Mortagnc)
Embrasser souvent et avec force.
PiAUME, s. f. (arr. de Yalognes) Pivoine,
en latin Peonia.
Pic, (arr. de Bayeux) Il ne s'emploie
que dans la locution adverbiale Par pic et par mie, qui signifie Par petites
portions, Par intervalle. Probablement celte expression a une origine
celtique; Pic signifie en breton Une chose pointue, et Mie fbas-latin Mica)
Une petite chose.
Pichet, s. m. Vase en terre, Grand pot
à boire.
Et les bras sont arnaés de tasses, de
pichets. Lalleman, La Champênade, ch.
III, p. 27. Ce mot existait aussi en vieux-français: Le suppliant eust gaigne
dudit Dominique un pot, ou pichier de vin; Lettres de grâce (1397), citées
par Car pentier, t. m, col. 272, et s'est conservé dans le patois Vendéen:
De l'âéve frede en in pichâé, Daii
pâé, et râé pre lo gressâer.
Chanson citée dans les Mémoires de
l'Académie celtique, t. m, p. 380.
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(delwedd C1374) (tudalen 173)
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PIE 173
Malgré l'anglais Pitchcr et le breton
Pichcr, ce mot vient sans doute du vieux-latin Bacar (jue Festus explique par
Vasvinarium, ou de l'islandais /^<A-(/r (allemand de Bêcher) qui a la même
signification que le patois normand, car on appelait autrefois Bichet un vase
qui servait de mesure et nous lisons dans Li treisieme livres des Eeis, ch.
vu, v. 45: IJyram fîst vaisselle de mainte baillie, poz, chanes e pichers.
Picois, s. m. Espèce de houe, Pic; il
existait aussi en vieux-français: E ces de Israël vendent as Philistiens pur
aguiser e adrecicr e le soc, et le picois [Ligonem), e lacuignee, e la houe;
Li primiers livres des Beis, p. 44. On trouve en vieil-anglais Pijkoise:
Eche inan to pleye with a plow,
Pykoise or spade.
Vision ofPiers the Ploughman, V. 1987.
Picot, s. m. Dindon; de l'anglais
PearorÂ:, Paon: sans doute parce que le dindon fait la roue comme le paon;
par suite de la même idée, on a dit pour exprimer son cri qu'il piannait.
PiCTRiE, s. f. Ce mot n'est employé
que dans la phrase Etre dans lapictrie, qui signifie Etre ivre.
PiÉÇA, adv. Depuis longtemps; c'est
l'explication [Dudum) qu'en donne un glossaire francais-latin, écrit dans le
XIV' siècle, qui est conservé à la Bibliothèque de Couches, et on le trouve
avec cette signification dans une foule de passages.
Mi
PIG
Ysaics picca piamist Kt en sa pro|ili('cic dist. Que (le la rais
Jesse istra Luc vcrye qui lloiirira.
\Vace, Elahlissemenl de lafétc de la
Conception, |). 34, v'. j.).
Ce mol csl sans doiile une
contracliuii de Pièce il y a et vient du latin Spatiu)n, Espace; Pcticr est
employé avec le sens de Spatidri dans Froissard, Chronique, 1. i, ch. 176.
Pii'f.E, adj. Aucun, ou plutùi adv. de
négation, comme Biin, Point, Pas; il vient )eut-ètrc de Specics; car on il
dans Optatus Milevilanus, . VI: Calicum (fractoruni) sj)ecies revocastis in
massas. Il s'employait aussi en vieux-français dans le sens d'Espace: °
Une grant piesce remeist la chose
ensi.
Ilaoul de Cambrai, p. 21, v. i.
.
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(delwedd C1375) (tudalen 174)
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Dans l'arr. de Mortairne on prononce
Pieie.
PiK, s. m. Grand et firos nez; il a la
même signification dans le patois du l]erry. Peut-être signitiait-il d'abord
Le nez bourgeonne d'un ivrogne; car le vieux-français Pifre sip;nifiail
Gourmand, et le style familier a conservé le verbe Empiffrer, Faire manger
avec excès.
PiiFETTE, s. f. (arr. de Mortagnc)
Jeune fille qui aime la toilette, Qui cherche à faire piaffe.
Pui.vcHE, s. f. (arr. de Baveux)
Pointe de terre; on donnait ce nom en vieux-français H une sorte d'ornement
que les femmes portaient aux manches
PIG
de leurs robes.
P|(.i:(in.m;u, v. n. ^arr. de Baveux)
Germer, Pousser comme un pif/non.
PuiLER, V. n. (arr. de Mortague) Jeter
des cris perçants, Crier sans pleurer; en anglais Pig signifie Un petit
cochon.
pKi.NARD, s. m. Pleurer; il signifie
dans le patois de Rennes Un homme qui gronde pour la moindre chose; voyez le
mot suivant.
PiGXER, v. n. Geindre, Se )laindre à
voix basse; dans 'Orne il se dit aussi du bruit que fait une manivelle ou une
roue mal graissée, et le vieux-français s'en servait dans le même sens.
PiGNOCDE, s. f. (arr. de Vire)
Cheville; (arr. de Saint-Lo) Fausset; voyez épi.noche.
PiGNOLLE ", s. f. Ce mot n'est
employé que métaplioriquemcnt dans l'expression Trousser ou Retrousser
pignoUe, qui signifie Se sauver, S'en aller: c'est sans doute une corruption
du vieux-français Pignonccau, Bannière longue et pendante que l'on relevait
pour marcher avec plus de facilité:
Brûlent baniercs, plus en i ot de mil,
Kt pignonciaus k'cl front devant sont
mis.
Gnrins li Lohcrms, Ms. B. R.. 9654 5a
^ fol. 80, recto, col. 1, V. 6.
Ce mol s'employait aussi au ligure en
vieux-français, mais avec une accei)tion difTérente; il signifiait Peine,
F]mbarras; vovez Ro(iuefort, t. ii, p.
PiGNONNER, v a. (Orne) Percer; Pignon
signifiait en \ ieux
PIN
français Un morceau de lance.
PiGRAS (à), adv. (arr. dcMortagne) En
abondance, En quantité.
PiGRAT, s. m. Endroit battu comme un
champ de foire; dans l'arr. de Mortagne, il a pris le sens de Bourbier; on
dit au figuré Mettre le pied dans le pigrat; voyez pivat.
PuiuENETTE, S. f. (Orne) Petite lille
méchante; dans le patois du Berry on appelle les pie-grièches Piquerede.
PiHOUE, s. f. (Seine-Infé- rieure)
Femme de mauvaise vie.
PiLAUDER, V. a. (arr. de Mortagne) 11
ne s'emploie qu'avec les boues et signifie Marcher dans un bourbier.
Pile, s. f. Volée de coups; ce mot
(jui se trouve aussi dans le patois du Berry vient sans doute du
vieux-français PU, Espèce de massue, ou du verbe Pilci' . Broyer, Ecraser.
PiLÈCHE, s. m. (arr. deSaintLo) Gruau,
Grain pilé.
Piler, v. n. Pressurer des pommes comme
avec un pilon; il a la même signification dans le patois de Rennes.
PiLETTE, s. f. (arr. de Valognes)
Fleur de l'Arum qui ressemble à un petit Pilon.
PiMPERLOTTÉ, adj. (arr. de Mortagne)
Taché de petits points de diverses couleurs; probablement une corruption du
vieux-français Pipelotté, Extrêmement orné suivant Roquefort, t. II, p. 356.
PiNELLES, s. m. pi. (arr. de Rouen)
Bas, Chausses.
PiNGE, adj. (arr. de Mortagne) Qui a
le poil lisse.
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(delwedd C1376) (tudalen 175)
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PÎQ t7o
PiNGÉ, adj. Mouillé; voyez le mot
suivant.
PiNGER, V. a. Plonger; dans l'Orne il
signiiie Puiser, et dans la Vendée Etre submergé.
Pi.xGET, s. m. Rond que fait une
pierre sur l'eau; c'est probablement le même mot (jue Pingeot auquel on donne
dans l'arr. de Mortagne la signification de Ricochet sur l'eau.
Pion, s. m. Ivrogne, Un
peu gris; il vient sans doute
du grec îlivzvj, Boire, ou du
vieux-français Pion, Soldat:
Mes gens d'armes, mes archiers, mes
pions.
Pierre Michailt, Dance aux aveugles,
p. 13.
PiOT, S. m. Boisson, Vin:
C'y gist qui a bien aimé le piot.
Vaux-de-Vire, p. 57, éd. de M. Dubois.
Ce mot existait aussi en
vieux-français:
La vigne dont nous vient celle
nectaricque, delitieuse, pretieuse, céleste, joyeuse et deificque liqueur,
qu'on nomme le piot; Rabelais, I. ii, ch. 1.
Ce mot qui se trouve également dans
les patois de liséré et dans celui de Rennes, vient sans doute du latin
Potns; il s'emploie aussi comme adj. et signifie alors /tre; dansTOrne, on
dit quelquefois Piou.
PiOTER, V. réfl. S'enivrer; voyez PIOT
PiPET, s. m. Fétu par lequel on aspire
un liquide; corruption de Pipeau.
PiQUERAY, s. m. (arr. de Baveux)
Terrain couvert de galets roulés.
PiQUEROLLE, S. f. RoUgCOle,
cr. PIT
qui marque la peau de laehos rou,i;es
c(Miinie des piqûres.
{Moii-i'TE, s. f. JMflanp,e de lait
caillé et de crème, dont racidité est pirjuante.
IMrli. s. m. ^^Orno) Petit haton (|ui
sert à jouer; voyez
BAHULO.
PiRO, s. ni. Petite lessive; l)rol)ab!einent
une corruption de Ptiro; voyez purer.
PinoTTE, s. f. Oie femelle; dans le
patois de Rennes on dit Pirette: à Cherbourg on donne ce nom à la femelle du
dindon.
Pis, s. m. Mamelle de vache; c'est une
extension de ia signification du vieux-français Pis, Poitrine:
Et cil qui tindrent les costiax, Parmi
capes, parmi mantiax, Parmi pis et [)armi boeles Firent passer lor alemeles.
Roman de Brut, v. 7433.
Nous donnons encore le même sens k
Sein et à Poitrine, et IcvieuK-françaisPcc^. du latin Pectus, avait pris
aussi la signilication de Mamelle:
La vache avec gros pect que son veau
tendre tire. IIÉGEMON, p. 7.
PiscALE, S. f. (Orne) C'est un terme
de mépris pour dé- signer Une femme; ailleurs on dit Pisseuse.
PiTANciiiER, V. réil. (arr. de Baycux)
S'impatienter.
PiTER, v. n. farr. de Morlagne) 11 se
dit du fil et de la toile (}ui blanchissent moins en certains endroits que
dans d'autres.
Pitou, s. ni. (arr. de lîayeux)
Putois; il signifie aussi Mé- chant et vient peut-être en ce dernier sens du
vieux-l'rancais
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(delwedd C1377) (tudalen 176)
|
PLA
Pitfius, Hypocrite, Faux-dé- vol,
selon l'asquier, lierhcrclies (le la i'ranre. 1. vm, ch. 2, col. 7;j9.
PivAT, S. ni. (arr. de Rouen) Boue
délayée: en Rasse-Normandie il signifie Urine
PivoLETTE, s. f. (canton des Pieux)
Papillon.
Pi.ACEBO, s. m. Elève qui pour plaire
h ses maîtres leur rapporte les fautes de ses camarades. Il était aussi usité
en vieux-français, mais dans un sens un peu di fièrent: Si les princes
savoient plutôt embrasser les utiles conseils que les passionnés et déguisés
de leurs ministres qui vont, comme on dit, toujours k Placebo; de Villars,
Mémoires, 1. vr, p. 560. Ce mot est tombé en dé- suétude.
Planchon, s. ni. Sauvageon; il
existait aussi en vieux-français:
Avint que cl bos de Glancon U il a
maint jovene plancon.
MocsKF.s, Chronique rimée, v. 2) 343.
On dit aussi pour désigner de jeunes
arbres de la Plante, et ie français se sert dans le même sens de Plant.
Planitre, s. m. (arr. de Valognes)
Esplanade, Place où l'on se réunit: dans le patois de l'Isère on dit Platro.
Planque, s. f. Pont de bois,
littéralement Planche.
Puant, s. m. Pommiers plantés; c'est
en Normandie le fiant par excellence.
Planté (k) loc. adv. En abondance; ce
mot qui vient du latin Plenitndo,\\)owà^wcQ., n'est plus usité: mais il se
PLE
trouve dans la chanson populaire que
les enfants chantent la veille du jour des Rois:
Guerbc au boissey. Pipe;iii pommier,
IJienrre et lait. Tout à planté.
G. Mancel et Cil. WoiNEZ, Histoire lie
la tillede Caen, p. <i2.
11 existait aussi en vieux-français:
Arbre trop souvent transplante
Rarement f.iit finict a plante.
Le Rorx dk Luncv, Livre des proverbes
français, 1. 1, p. 37.
Probablement même on l'employait aussi
substantivement, car on lit dans un poëme anglais qui fut certainement écrit
avant 1300:
Ail bis clerks and baronns Were set in
tlieir pavylouns, And served wilb grete piente Of mete and drink and eacb
dainle.
Richard Coeur-de-Lion, v. 1775.
Le ïrançA\s Plantureux semble avoir la
même origine, quoique Plantodos sijinifiàt en provençal Fécond et vint du
latin Plantatus.
Plantière, s. f. Ficelle avec des
nœuds coulants en crin, pour prendre les oiseaux de mer.
Platine, s. f. (arr. de Valognes)
Patène; du latin Platina.
Pléger, V. a. Défendre, Favoriser;
c'est une extension de l'ancienne signification Cautionner en justice: Se
aucuns lege home qui soit repris de a mort a aucun ou d'aucun crime:
Etahlissements de Normandie, p. 36.
Il signifie Garantir, Assurer, dans le
vieux proverbe:
PLO
ni
i
Février qui donni; neige Bel été nous piège.
et semble avoir été pris quel(juefois
dans l'acception de Tenir tête, Faire raison:
A vous, Monsieur de céans, Piégez-moi,
je vous prie.
Olivier Basselin, Vaux-de-Vire, p.
192, éd. de M. Travers.
Plein (tout) loc. adv. (arr. de
Valognes) Beaucoup; cette expression est empruntée aux mesiires de capacité;
on dit aussi dans le patois du Jura: Cette planche a tout plein de trous.
Plesse, s. f. (arr. de Mortain) Bois
taillis, Forêt; Plessier et Plcsseis avaient la môme signification en
vieux-français:
Parmi un plesseis de saus. Roman de
Renart, t. m, p. 323.
et on donnait le même sens au
provençal Plais et Plaissat. Les deux forêts de Saint-Sauveur-le-Vicomte
s'appelaient la Petite et la Grande-Plèze. Voyez le mot suivant.
Plesser, V. a. Plier, Courber; du
latin Plectere. Dans l'arrondissement de Mortagne, il signifie Garnir une
haie de branches couchées et coupées aux trois quarts; c'est ainsi sans doute
que l'on plantait autrefois les bois taillis.
Pliacoux, adj. Humide et compact; il
ne se dit qu'en parlant du sol.
Plottër, V. a. Battre, Frapper, comme
avec des Pelottes de neige; ce mot qui se trouve dans la langue populaire de
presque toutes les provinces est sans doute le même mot que le vieux-français
Ploder dont la
12
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(delwedd C1378) (tudalen 177)
|
n8 poi
signilication est seinhlablc; voyez
ecpendiinl Pef.auter.
Ploifue, adj.iiirr.de Rouen) Enlle. Su
grosplonfre de Vinchont. 3Iuse normande, p. 34.
Ailleurs on dit Pouffe.
Ploi\)UE, s. f. Perruque de laine;
corruption de Peluche.
Puîc, s. m. Ce que l'on peut éplucher;
ce mot existait aussi en vieux-français:
Il n'y a ne phic ne pastiire, Allons ailleurs fourrer nos bouges.
Histoire de VÉvangile en ven,.
P(K>
logncs) Ternie injurieux; le français
emploie Peste dans la même acception; cette locution n est sans doute pas
l'ort ancienne, car Poison est resté fé- minin jusqu'au milieu du xiV siècle.
PoLACRE, S. f. (arr. de Vire) Ciillet;
on s'en sert comme d'un terme de mépris;\ ('aen, mais c'est alors une
corruption de Pouocre.
PoLETTE, S. f. (arr. de Vire)
Courroie.
PoLLET, s. m. Nom d'un fau
bouri; de Diepi)e et d'un grou
On dit aussi Pluquette pour pe de
maisons sur le rivage à
Epluchure et Plucoter, Plu-
Port-en-Bessin; selon Rocjue
choter pour Eplucher. Un oisel qui cherche a plucoter du feure;
Farce (les Quiolards, p. '31.
Pluuer, V. a. Peler, Oterla Pelure.
PocuARD, s. m. Ivrogne; peut-être de
Poisson, mesure devin,qui s'appelait en vieux-français Poche, Poichon:
Frère Gille, dit le prieiix, IN'ous ne
sommes cy que nous deux, Or nous donne par courtoisie Ung peu de frommaige de
Brie Et plain poiclion de vin d'Au.soire.
Triumphe des Carmes, v. 135.
fort, t. I, p. 373, Polet signifiait en vieux-français Le bassin
d'un port.
PoMEROLE, s. f. (arr. deCoutances)
Primevère; voyez pri
MEROLLE.
PoMMAGE, S. m. Espèce, Nature de Pommes.-
Poncer, v a. Presser'. Exprimer; dans
l'arr. de Vire on dit Ponyer et cette forme se trouNe aussi en rouchi:
probablement du breton Punsa, Tirer de leau.
PoNCEUX, s. m. (arr. de VaOn dit aussi
5e focharder, lognes) Petit pressoir en plein
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(delwedd C1379) (tudalen 178)
|
S'enivrer.
PocRAS, s. m. Gâchis.
PocRASSiER, s. m. (Orne) Malpropre;
littéralement, Qui se met dans le Pocrns.
Poigne, s. f. (arr. de Valognes) Main;
du latin Puejnus: il signilie aussi au ligure Etreinle.
PoiGNiAssEU, v. a. (Orne) Manigancer;
voyez le mot pré- cédent.
Poison, s. m. 'arr. de Va
air (jue l'on démonte quand les pcunmes sont pilées. PoNE, s. f.
\'entre; voyez
APONE.
PoNicuER, V. n. (arr.
de^Iortagne'I^lal arranger, Mal ajuster: il se (lit le plus souvent des
choses de toilette et vient du latin Ponerc.
Pool ER, V. a. (arr. de Valognesj
Poiter des fruits dans sa Poche.
Po(ji!ES, s. f pi. (irosses
POT
mains; dans le patois de Rennes on dit
Pocres.
PoQUETON, s. m. Homme qui se sert
maladroitement de ses mains, littéralement qui a de grosses mains, des
Poques; à Rennes on en a formé aussi le verbe Poganncr, Manier salement,
maladroitement.
PoRiE, s. f. (Orne) Gros bouquet que
les enfants portent à la messe, le dimanche des Rameaux, et qui est
ordinairement composé de Portons; voyez ce mot.
PoRioN, s. m. Narcisse des prés, qui
fleurit de très-bonne neure:
Je n'ay plus amy ne amye, En France et
en Normandye, Qui me donnast ung porion.
OuviER Basselin, Vaux de-Yire, p. 158,
éti. de M. Dubois.
Le Poireau s'appelait en
vieux-français Porion, çX a conservé celte forme en rouchi; la ressemblance
des feuilles a fait donner le même nom au Narcisse des prés.
PoRMAisQUE, conj. Lorsquc; cette
conjonction existait en vieux-français, et les trois mots qui la composent
ont exactement le même sens que Àlorsqiie (à l'heure que).
PoRQUERiE, s. f. Etable des cochons
(Porcs); il se trouve aussi en rouchi et s'emploie quelquefois par métaphore
pour désigner Un lieu sale.
Potin, adv. (Calvados) Il ne s'emploie
qu'avec le verbe Parler, et signifie alors Parler familièrement, comme des
ménagères qui regardent bouillir le Pot-au-feu. 11 est aussi substantif et
signifie par extension
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(delwedd C1380) (tudalen 179)
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POU 479
k Vire, Fadaises, et à Rouen, Babil
fatigant; Coup-d'œil purin, p. 49.
PoTiNE, s. f. Chaufferette en terre,
littéralement Petit pot.
PoTTE, s. f. (Orne) Petite fosse.
Pou, s. m. (arr. de Cherbourg) C'est
une corruption de Podium, Montagne, qui s'est conservée dans le Pou de
Flamauville. Donavimus podium sive montem vulgariter appellatura de
Champinac; Chartre citée dans du Lange, t. v, col. 595; voyez aussi Valois:
Galliarum notitiae, p. 452, et Huet, Origines de Caen, p. 322.
PouAS, s. m. (arr. de Baveux) Noyau.
Pouf, s. m. Ornement de toilette dont
le nom se trouve aussi dans le patois de Lorraine.
Je n' maitions, ni pouf, ni pouffons,
Ni be libons, ni ceinturons; Nos cotillons et nos corsets Valeont bin lo sos
afliquets.
ffoèl Lorrain, publié par M. Grille de
Beuzelin dans son Rapport aie Ministre de Cinsiruction publique sur les
monuments historiques de Nancy et de Tout, p. 129.
PouGEA, S. m. Brai, Poix noire.
PouGEAT, s. m. Tiges de pois sèches.
PouiLLARD, s. m. Vaurien, lîomme
méprisable; peut-être n'est-ce pas une corruption du français Pouilleux qui
se prend quelquefois dans un sens métaphorique, car on lit dans le roman
manuscrit d'Athis:
Es busches sont les cbevaliers Et es
galees les archiers,
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(delwedd C1381) (tudalen 180)
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\so
POU
Et l(^s osr)os(|ii<':; et les ni'/ Portent les ("-nies cl
les Irez, I,es seri^i'iis cl la ponlailic ht gens qui servent pour viluille.
"N'oyez aussi I'ouw.lu.
l'oùiLLER, V. a. Passer une iDaiiche,
Mettre un haliit: ce mot qui se trouve aussi dans le patois de Rennes n'est
peut-|}lrepas sans rapport étymologique avec le l'ranrais Drjxmiller, tpie
Ion fait cependant venir généralement du latin Spo/{(iri. Voyez le mol
suivant.
Poi ii.LoT. s. m. (Orne et air. de
Saint-Lo) lîrassière, Corset; dans quehiues localités on dit Apollon.
PoDiiJAî, adj. Indolent, lâche; voyez
poniLLAKD.
Poulet, s. m. (arr. de SaintLo) Noyau.
Poulette, s. f. (arr. de Valogncs)
Ampoule.
PouLiEH, V. a. (arr. de Morlagne)
Elever avec une poulie.
PouLOT, s. m. Jeune enfant; du latin
l'ullus, (jue l'on employait queUiuefois avec cette signification:
Straboïiem Appellat paetum patcr et
pullum inale
parvus Si ciii filins est.
Horace, .Sa/y»ac,l. I, sat.
Hi,v.4r>.
Pouls, s. m. pi. (arr. deValognes )
Bouillie d'avoine à l'eau, (arr. de Saint-Lo), Bouillie d'avoine au lait, (
arr. de Clierbourc) Bouillie de sarrasin à l'eau. Les Normands faisaient
autrefois un si grand us;ige de bouillie qu'on les appelait par sol»ri(piet
Ihmlicu.r, et (pie UavisiusTexIor dit dans une de SCS élégies, J)i<ilof/i,
fol. 227, V:
Saepe rogare soles, (jua tan<tom
fem
poris hoia
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(delwedd C1382) (tudalen 181)
|
POU
Cessat)it nosirae zeliis ainiciliae...
Jnnge lu pis aynos, lac rede incedere
caiKTiini, Tac noctislempnsclarius
esse (lie.. Arvernis râpas, Nornianis toile polen
tatii, Ilypocrisiin clanstris; loUc
jocos
pneris; l'iamingos populos fac uli
nulle bn
tjro; Sint simul atque semel parlus et
in
legrit;is. .. Quando feceris hoc, vel
fartuni videris illu<l, Ccssnbit nustrae zelus amicitiae.
Ce mot qui vient du latin
/*(t7su/» est restédans le patois
de la Bresse avec une forme un
peu dilTerente:
Eli' amossi la rosnra De la casseta de
peu.
Aoé/.v Jîrcssans, p. 87.
PouLTiiE. s. f. (arr. de Mortagne )
.Teunc cavale de vingtcinq à trente mois (jui n'a pas encore porté; ce mot
(|ui existait aussi en vieux-français, vient du latin Pullitra.
Poumon, s. m. (arr. deVaiognes) Terre
fangeuse.
PouPiNEK, V. a. (arr. de Valognes )
Parer avec recherche . Manier sans cesse comme un Poupon; Poupin signifie en
français Hahillé avec affectation . et on lit dans Yauquelin de la Fresnaye:
Soncriurstoitnouéenun neu simplement
Et frisé par devant assez poupine
mcnt. Fore,slerics,(ol 22, verso.
PouQUE, s. f. Sac.
C,>ii,ind il pleut le jour saint
Marc, 11 ne l'aut ni |»()i!<|ue ni sac. Proverbe normatid.
Ce mot vient |)lutôt de l'i.s
landais Pohi, Sac, que du
français Poche; car on lit dans
le Vision of Picrs the Plough
man. v. 9392:
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(delwedd C1383) (tudalen 182)
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PRE
For poverlo \u\l\i but pokes To
i)utten in liise goodes.
Pour Mendier le peuple dit encore
souvent en Normandie Prendre un bissac.
PouQUETTE. s. f. Poclie; litléraiemcnt
Petite pouque, en anglais Pockett. A Pont-Audemer les enfants qui ne sont
pa;^ contents de ce qu'on leur a donné, suivent le cortège des baptêmes, en
criant: Pouquettes cousues.
PouRE, adj. Pauvre; voyez
APEUR. L'anglais a conservé
Poor, et on lit dans le Miserere
du Reclus de Maliens, str. li:
As riches est espoanlans Et as poures
recoiil'ortans.
PouRFRis, s. m. (Orne) Plâ- tras,
Enduit sur les murs.
PouRFRissEiJR, S. m. Plafonueur; voyez
le mot précédent.
PourgÙiller, v. a. (arr. de Mortagne)
Promener un enfant ou un animal pour le dissiper;
voyez POURJOLLER.
Pourjet, s. m. (arr. deMortagnej
Bûcher.
P0UU.10LLER, V. a. (arr. de Bayeux)
Porter d'un lieu à un autre.
PoL'S, s. m. pi. (Orne) Pétales secs
du sarrasin, qui se dé- tachent du grain quand on le vanne.
Pras, s. f. (arr. de Bayeux) Bète
pourrie; il s'emploie aussi au figuré et signifie Homme ou Femme digne de
mépris.
Prêcher, v. n. (arr. de Yalognes)
Parler; c'est un changement inverse de la signification de Sermon,
Prédication, (pii signiliait seulement eu latin Discours.
Préci, adj. (arr. de Bayeux)
PRÎI 1H1
Pourri, Creux; il neseditqu'eu parlant
du bois.
Précimè, adv. (arr. de Mortagne) Très
prés, Bientôt; du latin Proxime.
Presse, s. f. Armoire.
Prétintaille, s. r. Attirail; c'est
une extension de la signification du français.
Primerolle, s. f. (arr. de Valognes)
Primevère; à Cherbourg on dit PromenoUe; il semble employé dans cette
acception par Chauccr, Cnnterbury taies, v. 3268, et par Ciower, Confessio
amantis, ibl. 1 48, et on lit dans une chanson de Gilles le Viniers:
Beaux m'est priustaus au partir de
lévrier, Ke primerole espanit el
boscaige.
Dans Roquei'ort, Etat de, lapoé-
siefrancoise, p. 7j.
Mais dans un glossaire du XlVe siècle,
qui appartient k la Bibliothèque de Conches, et dans un autre du XV',
conserve à la Bibliothèque de Lille, et marqué E. 36, Primerole est expliqué
par Liyustrum, probablement parce ([ue le troène est un des premiers arbres
qui poussent des feuilles.
Prince, s. f. (arr. de Vire) E' cluse;
littéralement P/'('sc(/'mw.
Princeux, s. m. (arr. de Valognes)
Pressoir.
Princimi, adv. (arr. de Mortagne)
Prompteuient; du latin Proxime
pRor.NER, v. a. Elaguer; voyez
Ei'ROGiXER.
Ï^RULER, v. a. Oter l'écorcc d'un
arbre; [)robablement une corru()tion ûaPlurer, par mé- lathèse; voyez ce mot.
Prunelle, s. f. Fruit de lé-
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(delwedd C1384) (tudalen 183)
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183 QUA
pinc noire, qui ressemble îi une
|)etile prune:
Meures manpiiont et ccnolcs,
Boiiton<i, cornelit'S ot pninok's.
ClIIlKSTIFNS «F. TltOVF-S, /Jtcf du
roi Guillaume d'I-'-ngh terre. PucHE».
V. a. (arr. de Valognes),Pucher la lessive, Couler la lessive; primitivement
ce mot sijjnifiait sans doute Epuiser, parce qu'on verse la lessive sur le
linge jusqu'à ce qu elle soit presqueenlièrement épuisée: c'était au moins la
signification que l'on donnait au Y vieux français Espucher:
Ewe en viver u en estanc
Est plus Icgier a espucher
Qe u'ert son bcivrc ne son manger.
Geoffroy Gaimau, Chronique
dans M. Michel, Chroniquex
anglo-normandes, i. i, p. 34.
Couler la lessive semble une aphérèse
d' écouler qui confirme cette étymologie. Une origine celtique neseraitpas
cependant impossible; Jhiga signifie en breton Fouler, Presser avec les mains
. et on en a formé Bugadi, Faire la lessive.
QUA
p! f.nET. s. m. Petite crucbe avec
la(|uelleon piiclte fépuise,: peut-être (■('[)endant est-ce un dérivedeFaMiilais
/'j//r/)<'rdont la sigiiilication est la même, ou une corruption du
normand Pichet.
PiERVE, s. f. l*ouIpe; au figuré Femme
méprisable.
PuET, s. m. Bouchon, Galoche, Galine;
voyez ces mots; littéralement Ce qui élève . du vieux-français y^uecA,
Hauteur. F^Iévation.
Plette, s. f. Mauvaise petite
chandelle, ordinairement en poix-résine qui pue beaucoup. Pupu, s. m. Huppe;
du latin Upupn. qui se trouve déjà dans Pline. Historiac naturoUs l. X, cil.
36. Ce mot existait aussi en vieux-français; Rabelais a dit dans son
Pantagruel: Ou me munir de langues de pupulz ou de cœurs de ranes verdes.
Purer, V. n. Couler, Egoulter;
l'anglais Topourc se rattache probablement à la même racine, ainsi (pie le
français Purée.
Q
Qi'AiRE, V. n. (arr. de Cherbourg] Tomber, Cheoir; c'est
unecontraction du hilnCadere.
Qu.viRE, s. f. (arr. de Baveux) Corde
nouée;\ un pieu qui sert k attacher les bestiaux dans les pâturages; dans
l'arr. de Cberbourg ce mol signifie l'Animal attaché.
Quant et quant, loc. adv. Ensemble, En
même temps; elle était aussi usitée en vieux-français:
Quand on dira: César fut maître de
rKmpirr,
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(delwedd C1385) (tudalen 184)
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Qu'on .sache quant et quant Brute le
sut occire; Qiiand on dira: César fut
premier
empereur,
Qu'on dise quant et quant Brute en
fut le vengeur.
Crétin, cité par La Harpe, Co7<m de
LittcraUire, Part. II, 1. I,ch2.
Kant signifie en islandais Côté:
peut-être a-t-on dit d'abord Qimnt à quant; le français emploie dans la même
acception Côte à côte.
Quarquelot, adj. (arr.de Morlagne)
Maigre.
Qiarue. s. I. Angle dun ob
QUE
jelmrr^, et, par extension, Toute
espèce d'angle; il se dit aussi dans le patois du Berry et dans celui du
Jura. Voyez carré.
Quârsonnier, s. m. (arr. de Mortagne )
Mesure de grains; corruption du vieux-français Quartonnier, qui signifiait la
Quatrième partie du boisseau.
QuAS, s. m. Fêlé; il ne s'emploie que
dans la phrase; Il sonne le quas, et vient du latin Quassare; il avait
conservé cette forme en vieux-français:
Il fut semons, li prestres vient;
Venuz est, respondre convient A son esvesques de cest quas, Dont li presires
doit être quas. Testament de l'Asnr, v. 91 .
Quasiment, adv. Presque; c'est le
latin Quasi, auquel on a ajouté la terminaison ordinaire des adverbes
français.
Quédale, s. f. Horloge.
QuÉLOT, s. m. Moutarde blanche
(Sinapis arvensis); on l'appelle Jotte dans le Berry; Boreau, llore du Centre
de la France, n" 159.
Quenelle, s. f. (arr. de Coutances )
Chanteplcure: peut-être le même mot que Chignole.
QUENIOT, QUENAILLE, S. m.
Enfant; voyez caignot.
QuENOLLE, s. f. (arr. de Mortagne )
Gosier; voyez che
NOLLE.
Quenottes, s. f. pi. Dents;
probablement de l'islandais Kenni, Mâchoires; le vieux-français avait
Quennes.
Et neporqant qatre des pennes L'en
remcstrent entre les quennes. Roman de Renart, v. 734.3.
Quéolles, quiolles, s. f. pi. (arr.
deMortagne) Jambes crochues, mal faites; probable
QUK 18S
ment une corruption de Quilles, que le
peuple de plusieurs provincesemploie dans la même acception. Quéras.s. m.
Sort.Guignon;
voyez ENQUÉRAUDER.
Quérault, s. m. ( arr. de Vire)
Résine.
QuÉRÉE, s. f. (Orne) Personne ou
Animal maigre ou sale; voyez CARI et carne.
Quérir, v. a, (arr. de Vire)
Trépanner; on dit aussi Quersir, c'est probablement une métathèse de Cressir
qui vient du latin Cruciari.
Querque, s. f. ( arr. de Bayeux )
Mélange de foin et d'argile pour bâtir, Pisé.
Querray, s. f. ( arr. de Cherbourg)
Traces que laissent les Charrettes ( en patois Quérettes) qui ont la même
voie; selon Roquefort . t. ii, p. 417, Querroij auvaii signifié en français
Une grande route.
Querrier, s. m. ( arr. de Cherbourg )
Morceau de bœuf près de la queue.
Querter, v. a. (arr. deMortagne)
Arranger, Atiffer.
Quétiller, v. a. Battre, Rosser; on
dit aussi Quntiller: voyez castiller.
QuÉTiNES, s. f. pi. Pommes qui tombent
avant la maturité; probablement parce qu'on les quêteâu lieu de les abattre:
on les appelle en Haute-Normandie Grouée.
Queue, s. f. Pierre à aiguiser,
Âfnloir; il était aussi employé en vieux-français.
Mais naoy n'estant poète, une queux
je seray. Qui le fer des esprits plus
durs aigui
serev:
481
KAB
Car bien que la (|ijeiix soit a couper
iniilili',
Klle rend bien coupant tout racler
qu'elle allile.
Vai ortLiN DE i.A Fres.naïe, J'oé-
sies, p. u4.
QcLULÉE,s. f. (Eure) Famille;
litléraleinentCeqiie 1 on traîne après soi, qui est attaché à sa queue.
Qleltke, s. m. (Orne) Mauvais couteau;
du latin Cuîter, comme le français Contre.
QuiBoi.LES, s. f. pi. Jambes; voyez
yuÉoLLES.
"Quiérle, s. f. (arr. de
Yalof^nes) Charrue; cette prononciation remonte au moins au milieu du XlVe
siècle . car on lit dans les Comptes de l'hôpital des Wez de 1350: Iluitmuis,
six rasieres, deus coupes d'avaine pour les kicvaus de kierue doudit
hospita!; dans Roquefort, Supplément au (îlossftire, p. 197.
QiJKixocnK, s. f. (arr. de Vire)
Kéquillo; voyez criocue.
QuiELEBOcuE, S. f. (arr. de Valognes)
Bouchon, (laline; littéralement Quille bossue;
R.\n
on en a (ait le \('rl)i' /Jijuillehorhcr.
Asticoter (juehju'un.Le prendre |)our but.
QiiNOi EUX, adj. Mal vêtu, M
l)ef:uenillé; le vieux-français ■ employait avec la même acception
C/iinceux,(tl on dit encore Requinquer .
Oliohon, s. m. (arr. de Rouen) Tout ce
qui est chétif.
Quoi, s. m. Poi^^née de filasse ou de
lin ap|)rètée: on disait en vieux-français Quoquillon. Quota aussi
quel(|uefois le sens de Fortune, Ar^'cnt; c'est le Quid des latins qui
siirniliait Ouekpie chose.
Oi oi . adj. Tranquille: du latin
Quietus, comme le vieux français:
l'irc est coie iave que la rade. Ad»m
du Slel, Distiques de C'aton, 1. IV, (Jist.:)0, V. i.
On dit encore Se tenir coi.
QuoLiANE, s. f. ( arr. de Saiiil-Lo)
Gazon.
Qi OD.VNNE, adj.farr. dcCaeu] Rète,
Poltron; on disait en vieux-français Quuyon; voyez Roquefort, *t. ii, p. iii.
R
R.\BATTRE, v. a. Supprimer; littéralement Mettre à l)as: on lit
dans le Registre au Causaux (22 juin 1527): Se fud conclud (jue en mcctant
l'amande contenue es esdicls, jus.
Rabâubiner, v. n. (Orne) Ré- péter
ironiciuemenl les paroles de quelqu'un.
Rabeïtk, s. f. (arr. de Valognes)
Espèce de choux dont la graine contient de Ihuile: littéralement Petite ruve.
Rabilleux, s. m. Grognon, Qui revient sans cesse sur la même
chose: en vieux-français Rabiller signiliait Polir.
Rabis, s. m. pi. (arr. de Vire)
Salutations, c'est un souvenir des paroles (jue Judas adresse au Christ dans
le jardin des Oliviers: Ave. Rabbi. On a cru (|ue le mot hébreux avait la
même signilicationnue le hilin, et il signifie Grand, Savant, Maître.
RâF
Rablet, s. m. (Orne) Petit et mauvais
couteau; ce mot a sans doute une origine celtique, car les maçons se
servaient pendant le moyen- à^e d'une sorte de Rabot, appelé RabU, et l'on
donne encore le même nom à un instrument de chirurgie.
Raboudiner, V. n. (arr. de Mortagne)
Se raccourcir, Se détériorer par les extrémités.
Rabuquer, V. a. et n. (arr. de Bayeux)
Remuer, (arr. de Cherbourg) Tourmenter, Bouleverser; il signiiiait en
vieux-français Faire beaucoup de bruit, Fiapper avec force.
Racler, v. a. Battre à coups de
verges; on se sert aussi souvent du substantif Raclée.
Racoquiller,v. réfl. Se resserrer
comme dans une coquille; il se trouve aussi dans le patois de Reims.
Racouet, s. m. Chaume de graminées.
Racourci, s. m. (arr. de Valognes)
Chemin de traverse qui raccourcit les distances.
Racrot, Regrot, s. m. Suite qu'on
donne a une fête le lendemain ou le jour de son octave.
C'e.st la noce aujourd'hui, c'est
demain le récroL
Lalleman, La Campênade, ch. III, p.
28.
Radas, S. m. pi. (arr. de Mortagne)
Guenilles.
Radoubler, V. n. ( arr. de Mortagne)
Revenir sur ses pas, Faire deux fois la même chose.
Rafaits, s. m. pi. ( arr. de Lisieux)
Ramassis de choses de peu de valeur; littéralement De vieilles choses
raccommodées, du vieux-français Refaire.
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(delwedd C1386) (tudalen 185)
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RAI 185
Voyez rafus.
Sire Hains savoil lion nicstier, Qiiar
il savoit bien lafeMer Les côtelés et les iitantiaiix. Fabliau de sireUalns
et de dame Anieitse.
Raffouer, v. a. ( arr. de Caen )
Chasser, Poursuivre, Gronder.
Rafouet,s. m. (arr. deYire)
Feu-follet.
Rafouguer, v. a. Examiner en détail.
Rafus, 's. m. pi. ( arr. de Caen )
Vieilleries, Amas de chiffons; dans le patois de l'Isère Rafoulon signihe
Revendeur.
Ragâche, adj. Qui menace et querelle
toujours; voyez agasser.
Ragot, s. m. Conte, Ravardage; en
vieux-français Ra(jote signifiait Un reproche offensant suivant Roquefort, t.
II, p. 428.
Ragotter, v. n. Rabâcher; voyez le mot
précédent.
Raguin, adj. (arr. de Vire) Vif; de
l'islandais Hrohr, Orgueilleux, Insolent.
Raicher, v. n. (Orne) Faire tomber les
pommes.
Raile, s. f. ( arr. de Vire ) Raie; du
latin Régula: dans l'arrondissement de Saint-Lo, on appelle l'Arc-en-ciel La
raile- Saint- M art in. Ou disait en vieux-français Reule:
Quant ses houres avoit chantées A la
reule de moinageM- TiiF.BUTiRN, Du Roi Souvain, fol. B. i,v°.
Railes, S. f. pi. Branches propres à
faire une haie; probablement une contraction du vieux-français Rapailles.
Haie, Broussailles, ou un dérivé de l'anglais Rail, Barrière.
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(delwedd C1387) (tudalen 186)
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JS6 RAI
RviMP.iNiF.u, S. m. i arr. de Morlamio
j iNiincanl . Mauvais ouvrier; liltiMalcincnt (iiii s'amuse avec des bàlons,
Rains en vioux-IVaneais.
Raint.ie, s. r. Collalion; du latin
Ratio ou Recocnare; car dans le jialois d(^ Lan^TCS et dans celui de Nanc} .
Rcciner, Réccifjncr, signilie Faire niédianoche, Souper une seconde lois, et
Festus nous apprend que dans le vieux -latin t'oena signifiait seulement
Repas. Le vieux-français donnait à ce mot le sens du patois normand: Il n'est
ressiner que de vignerons; Rabelais, 1. iv, ch. 46.
Raine, s. f. Grenouille; il se
trouvait en vieux-français:
Par lieux y ent clercs fontaines Sans
barbeiotcs et sans raines.
Roman de la Rose. v. l«85.
Voyczaussi la ballade d'Eustaclie
Descbamps, intitulée La grenouille et la souris, OEuvres, p. lOfi. Ce mot
vient probablement du latin /?a«a, quoique en breton et en erse Ran ait la
mèine sii^nilication.
Rainsée, s.f. ('arr. de Valoû;ncs; ^
olée de coups: du vieux-français Rainacr, Ratlre avec un rains (ramus), un
bâton.
Raisonner . v. a. ( arr. de Valognes )
Gronder; il signifiait d'abord sans doute Parler raison, comme en
vieux-français:
L\ qiiens Reinoiiz liasfenc raisone,
Totc l'ovro li muslrc e sone: Tu veiz, l'ait-il, ciim l'aitement Kos a
requise cesle gent.
Benois, Chronique rim6c,\.U,
V. 338.!.
Mais il a fini par prendre le
R.\M
sons de Mettre à la raison. On donne
aussi au substantif Raison, le sens de Reproche, (îronderic, et une autre
origine ne serait pas impossible: Re-son, Redite.
Sour les lieanmes ont si fers fçlas
Qu'as ruistes cops prendre e doner Les finit sovcnt eslenccler; De la très
liere contencon E de la noise e del reson N'i qiiide rien aver durée.
Benois, Chronique riméc, 1. II, V.
5283.
Le patois normand prend aussi Rruit
dans l'acception de Querelle, Dispute.
Ram.auuf.r, V. a. ( arr. de Valognes)
Raccommoder; il ne seditfjue des personnes brouillées; voyez amarrer.
Ramender.v. n. Allcrmieux, Être moins
malade; il existait aussi en vieux-français:
Et cco qui esleit afole Maternent feit
e empeirie, C'a ramende e radrecic.
Benois, Chronique rimée, 1. H, V.
10840.
Il signifie aii?>i par figure
Diminuer de prix: le ble ramende quand on le paie moins cher.
Ramicder, v. réfl. Regagner au jeu ce
qu'on avait nerdu; littéralement Se réconcilier, Se refaire ami avec
soi-même: on le trouve aussi dans le juit';s de Reims.
Ramon. s. m. farr. de Caen) Rruit,
Fracas. Voyez le mol suivant.
Ramoner, v. n. (arr. de Valognes)
Rabâcher: c'est une expression metaphori(iue. 7^/- moner vient du latin
Ramus, Rranche; dans un glossaire latin-français, écrit pendant
le XV' siècle, qui se trouve à la Bihlioîhèquc de Lille, e,
n" 3G, Ramon est encore expliqué par Scoba.
Rampon'er, V. a. et n. Ennuyer,
Rabâcher . et, comme en vieux-français, Gourmandcr, Quereller:
Les membres ramponcient Le ventre, et
s'ataïnerent.
YsoPKT II, fab.:m, dans Robert, t. I,
p. 174.
Rampos signifiait en vieux-français
Rameaux: on appelait même le Jour de Pâques fleuries Dimanche des Rampos;
peut-être ainsi Ratnpôner signifiait-il littéralement Faire des fagots, Dire
des choses inutiles; mais une autre origine n'est pas impossible; on trouve
quelquefois en vieux-français Ramproner:
Et lors ont miilt as mpssagiers Dit
ramprones et reproviers.
Roman de Brut, v. 1 1 994.
et celte forme semble le contraire de
Prôner, et avoir été composée comme Rancœur.
Ran . s. m. Bélier; probablement de 1
islandais Ram, Robuste, car on dit encore dans ]eCotentin,FortcommeunRan, et
Ion appelait le mouton en vieux-français Marran, Mauvais ran: peut-être
cependant vient-il du grec àpp-/}v, qui s'est conservé dans le patois de
Cahors, Arrénat; en basque Àrra signifie Mâle.
Ranger, v. n. Ployer sous un fardeau;
en provençal Raca signifiait Souffrir, Languir.
Rancœur, s. m. (arr. de Valognes)
Rancune; cette forme existait aussi en vicux-francais
RAP
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(delwedd C1388) (tudalen 187)
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187
0(1 (loi, Ofi ire e od rancure
Kn iint Franceis!or genz sevrées.
Bknois, Chronique rimée, 1. II, V.
3972.
Voyez aussi Roquefort, G/o.ç- sairc de
la langue romane, t. II, p. 434.
Randonner . V. n. (arr. de Cherbourg
), Randouiller et Randouiner (arr. de Valognes). Rantouiner (arr. de Vire)
Bouillir trop-longtemps; en provençal Randar signifiait Arranger, Préparer.
Rangeais, s. m. (arr. deCoutances)
Premier labour; probablement lY Arranger.
Rapapilloter, V. réfl. (arr. de
Mortagne) Améliorer ses affaires; littéralement Raccommoder ses papillotes.
Raparat, s. m. farr. de Bayeux)
Revenant, Mort qui reparait.
Rapareiller, V. a. (arr. de Valognes)
Assortir, Trouver le Pareil.
Raparpointer, V. a. (arr. de Bayeux)
Raccommoder, Réparer avec des pointes.
Rapiamus (faire), (arr. de Bayeux)
Enlever tout; c'est la première personne du pluriel de l'impératif du verbe
latin Rapere, Enlever.
Rapin, s. m. (arr. de Bayeux) Homme
qui enlève tout ce qu'il peut dans les champs. Le vieux-français donnait à
Araper le sens de Prendre, Saisir: Le suppliant arapa ledit Pierre au col et
lui donna de la canivetc oucoustelqu'iltcnoitalamain; Lettres de Grâce
(1456), citées par Carpentier, t. i, col. 306. Nous avons encore Rapine, et
dans le patois de la Vendée
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(delwedd C1389) (tudalen 188)
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i.S8
HAT
linpcr siirnilic (ir(ipillcrn\m^^ la V('iulani;e. Ce mot Nicril
sans doute (lu latin Rapere ou de l'anuMo-savou llrcpaii.
IIai'oillr, V. II. S'occuper de
vélilles, iillérulciiienl de poil.
Raql'illon, s. m. farr. de Valo^nes)
Trognon de poire ou deponiine. (arr. de Cherhourg) Kebul de foin (pie mangent
les bestiaux, l'robahiemenl du vieux-l'rançais Jtaquier, Cracher, qui sesl
conservé dans le patois Picard.
Rasi, adj. Curé, Nettoyé,
littéralement Rasé.
Rasièhk.s. f. Me?iirc pour les pommes
et les grains; probablement parcequ'on ne remplissait ([ue jusipi'auK bords;
ou dit encore eu l'rançais: Vendre à mesure rase. 11 se trouvait aussi en vieux-français;
voyez Roquefort, Glossaire, t. II, |J. 'il^(j, {il Supplément, p. 2G0. Ou
disait aussi Res: Deus res de son pour les pors, xxvii deniers; Comptes
(mss.) de rilôtel-Dieu d Evreux (1442).
Rassiîkoter, V. a. Raccommoder deux
personnes brouillées; du latin Serenus, comme le français Rnsscréner.
Rassouater, V. a. (arr. de Morlagne)
Raccommoder un vieil habit; littéralement le rendre agréable. 11 signilie
aussi, par extension, Mettre des morceaux à une chose (jui n'en vaut pas la
peine.
Ratatoi'ii.le, s. f. Mauvais ragoût;
il a la même signilication dans le patois du Berry. Dans laRiessc Tatomja
signilie seulement Ragoût:
E (l'eiia lunzc de viaii
RW
1 li ii;t lion.t tatoii.v.'i.
ISoels Bressans; p. -i.
Dans l'arr. de Morlagne il signilie un
.Mélange de dilTé- renles espèces de viande, et il est pris eu rouclii dans
la même acception.
Raïiek, s. m. Ruisseau des rues; le
vieux-français donnait le même sens à Raz, et nous avons encore
Raz-de.-niarée.
llATi-Miri, loc. adv. arr. de
Valognes) ïout-à-fait Ras; elle ne s'emploie guère qu'avec le verbe Tondre.
Ratour, s. f. (arr. de Valognes)
Détour, Chemin qui oblige h se retourner.
Rattroter, V. n. (arr de (Cherbourg)
Répéter, Rabâcher; littéralement Revenir sur ses pas, sur son trot.
R.WENET, S. m. (arr. de Valognes)
Espèce de lilet avec lequel on j)rend les oiseaux quand il l'ail nuit; du
latin Rapere: on dit dans le Calvados Havenet dont l'idée i)reiniére est la
même; de 1 islandais 11 a [an, Saisir.
Raviller, v. a. Tourner sensdessus
dessous; dans I arr. de Cherbourg il s'emploie comme v. n. et signilie
Baisser, Diminuer de prix: littéralement Redevenir vil, du latin Evilisecre.
Ravirées 'par les), loc. adv. (arr. de
Mortagne) De temps en temps; litti ralement l'endant (|u"on se retourne,
(juc Ion vire.
Raviver, v. réd. (arr. de Mortagne)
Revenir sur sou opinion; littéralement Se retourner, Virer de bord.
HvvisiON, s. f. (arr. de Va
REB
lognes) Nouvel avis . Aclion de se
raviser.
Ravoueu, V. a. Réparer la vois.
Remplir un chemiu de cailloux; c'est une corruplion de Ramier qui signifiait
en vieux-français Retrouver la voie:
Dame-Diex, dist-en l'escripliire. D'un
[letlieor a greignor joie Qui se reconnoist et ravoie. Que des justes
soixante nuef.
Cor/ois d'Arras, v. 710.
Rébarber, v. réfl. (arr. de Valognes)
Faire résistance; littéralement Se faire rébarbatif: il se trouve aussi dans
le patois de Langres.
Rebiffer, v. réfl. Se défendre,
Riposter; il existait eu vieux-français et s'est conservé en rouclîi.
Rebinder,v. n. Recommencer; il se dit
surtout en parlant de boire, et semble une corruption du vieux-français
Rebiner, Faire pour la seconde fois; du latin Bis. Nous avons encore /?i7?er.
Donner un second labour, et Dire deux messes.
Rebinger, v. réfl. ( arr. de Vire ) Se
venger: c'est probablement une corruption; on dit dans l'arr. de Valognes Se
revenger.
Rebogne (a), loc. adv. ( arr. de Vire)
 tâtons; voyez boner.
Rebouler . v. a. Redonner;
littéralement renvoyer la boule;
voyez ABOULER.
Reboinser, v. a. ( arr. de Mortagne)
Contrarier, Embarrasser; en vieux-français rebois signifiait Opposition,
Empêchement.
Rebouilleux, s. m. (arr. de Caenj
Rejeton.
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(delwedd C1390) (tudalen 189)
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REC 189
Rebououer. v. R. Il se dit au propre
d'un outil dont la pointe, \çbout, rebrousse, et signiiic au figuré Etre
rassasié, Ne plus pouvoir manger: le Glossaire de Couches l'exjilique par
Hehvre qui est formé de llcbes. On disait en vieux-français Rebouter; voyez
Roquefort, t. II, p. 442.
Rebours, adj. (arr. de Mortagne) Il ne
s'emploie quavec le verbe substantif et une négation, et signifie Etre
malade, Convalescent.
Rebouter, v. a. etn. Réduire les
fractures, Remettre les os; littéralement Mettre bout à bout: on le trouve
aussi en vieux-français:
i>ion lo cuidai lancier debout,
Mais il ressort et ge rebout.
Roman de la Rose, v. 2187.^.
Rebulet, s. m. ( arr. de Baveux ) Son
d'un sac de blé; il signifiait envieux-français la farine dont on avaitôté la
fleur; de Rebut.
Recéper, v. a. (Orne ) Scier un
morceau de bois; littéralement Recouper. On le dit ailleurs des arbres à
moitié morts qu'on est obligé de couper pour leur faire repousser des cépées.
Réciper, v. a. (arr. de Mortagne)
Recevoir; du latin Recipere. Le français a conservé aussi Récipé,
Récipiendaire et Récipient.
Recler, v. n. ( arr. de Bayeux)
Ramasser les pommes ouïîliées dans les champs; corruption de Racler.
Recompérer, v. réfl. (arr. de
Mortagne) Répondre avec fierté à ses supérieurs; littéralement se faire leur
égal, kur pair.
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(delwedd C1391) (tudalen 190)
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^90 REG
llECoriR, V. a. Rocraclicr; oa
l'emploie au li^uré comme soQ synonyme l'raneais: C'est son jmrliait tout
récopi; voyez
Recoquet, s. m. Oiseau de la seconde
ponle, dont la mère a été re-cauquée; voyez gaucher.
Recuit, s. m. Le l)lé qu'on n'a pas pu
vendre est mis au recuit; c'est probablement une corruption du vieux-français
Recoi, Repos, et par suite Cacbette . Coin. Dans larr. de Mortaiinc on dit
Retuit, prol)ablenient par corruption du vieux-l'rançais Rcfui, Refuge,
Asvie.
ÎIÈDE, adv. (arr. de Yalognes)
Tout-à-fait, Extrêmement; peut-être de l'anglais Ready, Promptement, Tout.
REi)iN(iUEii, V. n. (arr. de Valognes;
Rebondir.
Ref.vire, V. a. (arr. de Valognes)
Attraper; probablement de l'islandais Refiaz^ dont la signilicalion est la
même.
Refaux, s. m. (arr. de Caen) Regain,
Ce que l'on fauche une seconde fois.
Réfoui, s. m. (arr. de Mortagne)
Usufruit.
Refreindre, V. n. (arr. de Rayeux) Diminuer
de prix; ailleurs au contraire il signilie Augmenter; Le prix du blé a
refreint après avoir molli. Probablement c'est le même mot, dérivé du latin
comme le français Refréner, et son changement de signification a été amené
par la différence des intérêts des acheteurs et de ceux des vendeurs.
Reguacie!!, V. a. Remercier,
REM
Rendre 17/ïlcfs; (lu latin gratta; il
existait aussi en vieux-français: Moult devoutement ea prist a reuTacier
nostr»; seigneur; Gilioii de Trasiynyes, dern. chap.
Re(;ratier, s. m. Revendeur en détail;
ce mot qui n Vsl plus usité en français, signi liait dans la vieille langue:
Marchand de comestibles en détail: Nus ne puet estre regratiersde pain a
Paris, c'est a savoir venderes de pain que autres fourniece et guise: 1.
cuise); Estienne Boileau, Livre des niesticrs, p. 31, et on lit dans le
Dicti(muaire de .leande (îarlande: Aucionarii dicunlurgallice Regratiers;
Paris sous Philippe-tc-Bel, p. o92: la même explication est donnée par le
Glossaire français-latin de la Ribliolhèciue de Conches.
Relever, v. a. (arr. de Valognes)
Reprendre son contrat de mariage, en bas-latin relevium.
Relu;iier,v. a. Savourer, Manger;
littéralement relécher.
Reluquer, v. a. (arr. de Valognes)
Regarder attentivement en formant un peu les yeux: il se trouve aussi en
rouchi, et vient sans doute, comme le français Loucher, de l'anglais to Look.
Remanciier, remanchier, v. a. (arr. de
Valognes) Gronder, Réprimander.
Re.membrame, s. m. (arr. de Mortagne)
Reste, Résidu, et |)ar suite Morceau.
Rememiîrer, v. ré 11. Se souvenir: on
le disait aussi en vieux-français:
REN
Quant nous cest non Cernel oon, Savoir
et ramembrer poon, Que Dame Dr;x li demostra.
Roman de Brut, v. 14249.
11 vient sans doute directement du
latin Memorari ou de l'anglais Rememher: on se sert encore quelquefois en
français de Remembrance.
Remest, V. n. (arr. de Valognes)
Reste; ce verbe qui n'est plus employé qu'à la 3^ y)ersonne du singulier de
l'indicatif présent, est sans doute une contraction du latin Remanet: on
trouve en vieux-français remaneir (Benois, Chronique rimée, 1. II, V. 3192),
qui faisait Reines au part, passé:
Ainsi sunt li Saisne renies Et al sec
ont traite ior nés.
Roman de Brut, v. 697 i.
Remier.v n. (arr. de Baveux) Repasser
de l'eau sur le mare de pommes; littéralement remettre le marc dans le mai:
on se sert aussi du substantif Jîemiage.
Rémouler, v. a. Aiguiser, Repasser sur
la meule; on dit aussi Remoudre.
Remoulette, s. f. (Orne) Petite meule
sur laquelle on aiguise.
Renard, s. m. Rapport, Rot; dans le
patois de Nancy il signifie Vomissement; voyez le mot suivant.
Renarder, v. n. Yomir; il a la même
signification dans le patois du Berry.
Renaré, adj. (arr. de Vire) Rusé comme
un renard; le vieux-provençal Raynart et le catalan Ranart ont la même
sio;nification.
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(delwedd C1392) (tudalen 191)
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REV ^9^
Rencontre, s. f. (arr. de Caen )
CoefFe dont les barbes sont faites de dentelles cousues par le pied, qui se
rencontrent. Renfiler, v, a. (arr. de Bayeux) Affiler, Redonner le fil.
Rentraité, p. pas. (SeineInférieure) Effrayé.
RÉQUiR . V. a."^ Frapper;
littéralement Devenir nVAe; Rè- quir un pommier signifie le gauler pour en
ramasser les pommes. Voyez raicher. Résan, s. m. Air du soir. Resse, s. f.
(Orne) Grand panier ovale sans anse; il signifie une (Corbeille dans le
patois du Berry.
Ressourdre, V. a. (arr, de Mortagne)
Réveiller, Activer; du latin Resiirgere: il existait aussi en vieux-
français. Par extension, il se dit de la pâte qui Lève et des légumes qui
Énllent en cuisant.
Ressuer,v. a. Essuyer; cette
corruption du français se trouve aussi dans le patois du Berry et dans celui
du Jura: à Reirns ce mot signifie Faire sécher et se rapproche ainsi delà
signification du français Ressuyer. Retapé, p. pas. (arr. de Valognes) Bien
arrangé et par suite Bien habillé; c'est une extension de la signification du
français.
Reux, adj. (arr. d'Avranches) Surpris,
Etonné; du latin jReM.s; En ma jeunesse celuyqui avoit mal répondu es classes
s'appclloit Reus: Pasquicr, Recherches de la France, 1. v, ch. 5. Les
écoliers le nommaient aussi Victus, et nous disons des condamnés [Convicts en
anglais) qu'ils sont convaincus.
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(delwedd C1393) (tudalen 192)
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<92
RIF
i;
Ki^vAi.iN . S. ni. (arr. lio Baveux) Reste.
Rjivo. s. m. Rayon; un rêve (le niiol.
RÉvrEus, s. m. pi. Nom de lusieiirs
localités situées sur ("■ i)ord (l'une rivière; du latin
Ji,pH(iriae.
kiBALET, s. m. ( arr. de Baveux] Petit
sentier sur le bord diin ruisseau ou d'un fossé; du latin Ripa . Rive; il
avait la même signidcation en vieux-français: voyez Roquefort.
(?los.<(iire, t. il. p. 483.
lîiBLE, s. m. (arr. de Baveux) Veut
froid: dans beaucoup d'endroits on dit 7? j7e; peut-être a-l-il la même
origine que Rafale.
Ric (tout") Igc. adv. (arr. de
Mortagne) Tout près; le français emploie encore Ric-à-ric, Avec uneexactitude
rigoureuse: on a dit d'abord Compter ricà-ric, de clerc à maître IRik
signifie en islandais Fort, Puissant), et cette locution a pris ailleurs la
signilicalion de Trop juste.
RiCHOiNNE, S. m. (arr. d'Avranches)
Homme gai.
RicHOLER . V. n. (arr. de Mortagne)
Ricanner, Rire en secret.
Rifle, s. m. Gourinedes enfants; il
avait en vieux-français un sens plus étendu: J'ai rifle et rafle et roigne et
taigne.
Miracle.'^ dr >onite Geneviève,
dans M. Jul)iiial, Myiifères inédits, t. 1, p. 2.S3, V. 6.
RiFi.ER . V. a. Prendre, Voler; il
signifiait en vieux-français Arracher, Ecorcher: Cil crièrent a halte voiz.
si se trcnchierent si cume fud lur usa
ROC
ges de cullels, c rillerent la
charnjcsqueil furent sanglenz; Livres des Rcis, 1. m, ch. 18 . V. 28.
Peut-être est-ce une corruption du français Rafler, ou de l'iillemand
Rajfvln.
RuiNAi.Eii, V. n. Alurniurer,
Grognonner; on dit Roner dans le patois de Langres: dans le patois du Berry
Rignaii signilie Grossier, Déplaisant
RKiOLET. s. m. (Arr. de Vire) Grand
verre,
Ru.OLLER, V. a. Railler, Plaisanter:
Ne vener plus ainsi m'y rigoller.
Cliansons normandes, p. 132, é\\. de
M. Dubois.
Il existait aussi en vieux-français.
RiLE, s. m. Ilàle; vovcz Rible.
Ringard, s. m. Fourgon pour remuer le
feu dans le four; peut-être A\irranger.
RiNGLER. V. n. (Orne) Glisser sur la
glace; peut-être une corruption du vieux-français Rigoler.
RiociiER, Y. n. (arr. de Vire) Rire ii
moitié.
RiOLET, s. m. ( arr. de Baveux) Petit
ruisseau.
llioN . s. m. (arr. de Caen) Petit
sillon tracé dans une planche de jardin; contraction du français Rayon.
Roc, s. m. arr. de Baveux) Mouvement;
il n'est employé (ju'au figuré. Donner un roc, Réprimander: on dit dans le
même sens Donner un branle, et une danse; voyez le mot suivant.
RocnKR. v. a. LanciT; litté- ralement
Remuer; il se prenait
I
ROU
dans la même acception en
vieux-français: E rochout pierres encuntre lui; Livres des Reis, l.ii,ch. 16,
v. 6, p. 178, éd. de M. Le Roux de Lincy. Il signifie Frapper dans le patois
du Jura:
Pi ends-m'on trot de bos, Rouclie su
soun dos.
Chanson populaire.
Le français a conservé iîoquer, ternie
du jeu des échecs qui exprime le mouvement simultané d'une tour et du roi.
RoDELR, s. ni. (arr. de Valognesj
Voleur; dans le glossaire latin-français de Couches Circumforanûs est
expliqué par Larron de marche; Vagabond a pris aussi cette acception.
RoiNCER, V. n. Grogner; dans l'arr.
deMortagne, il exprime le cri des chevaux qui veulent se battre.
RoNCEUX, adj. Noueux; ce mot se trouve
aussi dans le patois de la Meuse, et on dit dans presque toutes les
provinces, de l'acajou ronceux.
RoNSSE, s. f. (Orne) Chêne dont on
coupe la tète tous les ans pour l'empêcher de donner de lombre; on dit aussi
Rosse et Rousse.
RoQUELAUKE, S. f. (arr. de Baveux)
Houppelande.
RosELET, s. m. (arr. deValognes)
RosELEu(arr. deBayeux) Belette.
Rote, s. f. (Orne) Petit senier; il
signifie aussi la Corde qui fixe la charge d'une voiture.
RoTON, s. m. (^Manche) Trognon de
chou, de pomme; on dit aussi au diminutif iîo^i7/o?i.
RouA>ER, v. n. farr. deMor
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(delwedd C1394) (tudalen 193)
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ROU 103
tagne) Màclicr malproprement.
RouAUDER, v. n. (arr. de Mortagne); il
exprime le cri des chats (jui sont en rut.
Rouelle, s. f. Petite roue; du latin
Rota: il existait aussi en vieux français;
Lors est tournée la rouelleRoman de la
Rose, v. 9829.
et s'est conservé dans le patois de la
Meuse.
RouFLE,s. f. il n'est employé qu'avec
le verbe faire et signifie Faire le gros; littéralement Faire la roue, comme
un paon qui hérisse ses plumes.
Rouget, s. m. (arr. de Baveux) Gale
des chiens; probablement à cause de sa couleur: on appelait les lépreux en
vieux-français Rouge-musel.
RouiNASSER, V. n. Murmurer,
fréquentatif de Roincer. RouiNE, s. f. Soliveau. RouiPEAUx, s. m. pi. (Orne)
Mal d'oreilles; voyez ouipias.
Roulée, s. f. Volée de coups; il se
trouve dans le langage populaire de beaucoup de provinces, et M' Saud a dit
dans Valentine, t. n, ch. 18: Une roulée jusqu'à ce que mort s'en suive.
Peut-être ce mot vientil du vieux-français RoUer, Bà-
tonner,oua-t-ilétéformécumme son synonyme Pile; dans le patois du Berry, une
Roule de bois signifie un Amas, une Pile de bois. Dans l'Orne, Roulée
signifie aussi ce que l'on peut rouler de fil sur un fuseau.
Roupiller, v. n. (Orne) Pleurer,
Répéter sans cesse la même chose; dans le langage populaire du reste de la
province, il signifie Avoir la roî/p?V.
13
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(delwedd C1395) (tudalen 194)
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ly* RUF
RoYAU, S. m. (Orne) Fuseau sur lo(|uel
on lait la roulée.
RrcuF.n, v. a. Lancer, .l('t(>r:
prohaljli'inont un»' corniplion de Rocher, (jui se trouve aussi dans le
patois du RcrrN .
RrcHi, s. m. (llieval (pii rue.
Rude, adj. Enp;ounli, remuant
dillieilenient; Christine de Pisan a dit dans une de ses cetit Ixilladcs:
Depuis lors je n'entcndi A mener
sonlaz ne joie; Si en esl tout arudi Le senteinent que j'avoye.
Journal des Savants de Ao;- viandic,
p. ^:û.
RuF, Rdffle, adj. Fort, Courageux et
par extension Fier; peut-être sa signification s'estelle modifiée, car
l'islandais Jliifm signifie Hérissé, (Irossier. et le patoisduRerry donne à
/{uf]n signification deRourru, Hargneux: voyez le mot suivant.
RuFFiEN, s.m.(arr. de Rouen) Mauvais
sujet, Débauché; voyez le Coîip dœil purin, p. 39 . il existait aussi en
vieux-français:
Li jeune enfant (le\ieniient rufien.
Joueurs de dez, f^ournians et jilains
d'ivresse.
LusTAcriK DKsr.iiAMi's, Sur la
décadence de la Cfievalerip, p. 97.
Les dextrcs rnffiants, les niaquerel
les l'finles.
Vu Qri;t.i\ ni. i,.\ FnESNAYE, Poé-
sia, p. i37.
H se trouve en italien {livf
RUS
/û;»o\ en provençal {liufia\on
es|)agnol [Rnfmii], en catalan ■ Rnfîn'. en
portugais {liufiâo), en anglais
yltuffiun) et même dans la basse-latinité: Manifesli peccalores. adnileri et
adulterae. . . . rulliani et meretriees.... non tolerentur absque poena: Ryzynius,
Jielli husseliri (linrium dans Ludewig. Manuscriplorum rdiquiac, t. VI, p.
183. H vient sans doute de l'islandais Bu fin, Hérissé, (irossier: j)cut-étre
cependant est-ce un souvenir du ministre Ruiin, (jue la popularité dont
jouissait Clandieu pendant le moycn-àge dut empêcher d'être oublié; au moins
lit-on dans le Mi/strrc de sainte Barbe:
Maudit soitMahom et .lupin. Le dieu
Terva^ant et Ruflin, Et tous ceux de la synagoj^ue.
RuNOE, S. f. (Orne) Mémoire; voyez le
mot suivant.
RiJNGER, V. a. et n. Ruminer; on dit
Bingcr dans le patois de Nancy, et /foj'n^i dans celui du Jura.
RuriN, adj. (canton des Pieux) Rusé.
RuppiN. s. m. W nest employé (jue dans
la i)hra.se Être en ruppin, (pii signifie Être en gaîté.
Rl'quer, V. n. (arr. de Rouen) Dormir
k moitié; dansl'arr. dé A' ire on lui donne la forme active, et la
signification de Pousser: c'est une corruption de Bâcher.
Russe, s. m Navet sauvage.
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(delwedd C1396) (tudalen 195)
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495
SAF
Sabié, s. m, (arr. de Vire) Pou.
Saccage, s. m. (arr. de Valognes)
Grande quaulilé; lilté- ralemenl Plein un sac.
Sacouter.v. n. (arr. deMortague)
Parler bas de manière à ne pas êlre entendu.
Sacque-feu, s. m. (arr. de Saint-Lo)
Briquet; voyez le mot suivant.
Sacquer, v. a. Tirer brusquement,
comme en vieux-français:
Baucelicours saca l'espee Qu'eu sa
cape ot envolepee.
MousREs, Chronique rimée, v. 14339.
Dans Tarr. de Mortagne, il a pris le
sens de Chasser: Sachiez-mai les brebis du clos, et l'on trouve également en
vieux-français:
Fors do l'estable a sacié le cor.sier.
Chevalerie Ogier de Danemarche, V.
6293.
Nous avons encore Saccade. Ce mot
vient sans doute du celtique, puisque le breton Sacha signiiic Tirer, Amener
à soi, quoique l'hébreu Chaka ait le même sens, et que l'islandais Sœkia
signifie Apporter, Amener.
Sado, s. f. (Orne) Vieille et mauvaise
femme; peut-être de Maussade.
Saffre, adj. Gourmand, Glouton:
SAN
Fallut encor sauller de vin ces
langues saffres. Muse normande, p. 130.
Le vieux-français lui donnait la même
acception:
Que ces ribaulx saffres, frians. Roman
de la Rose, v. 8807.
et il est encore resté dans la langue
populaire.
Saine, s. m Filet de pê- cheur; il
existait aussi en vieux-français.
SÂlntir, v. rcfl.(arr. deValognesj; il
n'est employé que dans la phrase: Les mains me saintissent, (jui signifie Les
mains m'ouvrent.
Sais, Sins, prép. (arr. de Mortagne)
Chez, dont ce mot est probablement une corruption.
Saleine, s. f. Salaison, Ce qui est
salé:
C'est le chaut et la saleine, Ce n'est
pas nous qui beuvons.
Olivier Basselin, Vauxde-Vire, p. 167,
éd. de RI. Travers.
Sallebute, s. f. (arr. de Cherbourg)
Petit bâton de sureau avec lequel les enfants lancent des balles de filasse:
voyez CANNEPITIÈRE.
Sangle, adj. Pur; du latin Singulus ou
de l'anglais Single dont la signification est la même:
Par les diversités des angles Sont le
moyen compost ou sangles.
Roman de la Rose, t. 199P7.
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(delwedd C1397) (tudalen 196)
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19(5
S.\K
S\N(;mki.k, adj. (Maiulu' K\- IrrincnuMil troiihlo; il ovislail
au?si on vioux-rranoiiis. ainsi (|tic (rantiTs cxprossidiis aiialo^iK^s:
Li rois l'oit, 1o>: li sans li mua.
Gcrars de Vidiic. v. l,);ii. karli's le voit, près iraitlo saii marri, Duel
en ol et pesance. Ibulcm, V. ir.!)3.
SANcaiNKK, S. r. (arr. do Vire) Pus
mole de sany.
Sansonnkt, s. m. (arr. de Baveiixj
Ahuiiiereau; (arr. de Valo^iu's) Etournoau; probaMeinVnl une corruption de
(luinsonnct. parce iiue les é- loiinioaiix appreiinonl 1res lacileinent à
chanter.
Saonner. V. a. Reprocher; il
sifiniliail d'abord llecuser, (iiii avait le sons do Reprocher: voyez la
Coutume de Normandie, ch. Lxvin.
Sapas, adj. (arr. de Rouen) CroUé,
Barbouillé, Sale; prohablenienl nue contraction de Salope, ou du
vieil-allemand Sahiwcr, dont la signilication est la même.
Satm ni:r., v. ré!!. Se salir; vovez
le mot précédent.
Sapée, s. f. (arr. de Baveux) Réiial
co()ieux.
Saucet, s. m. (arr. de Vire) (iaulc;
probablement le même mot que le vieux- IVançais Sarrel, Aiiiuillon pour
piquer les bdmfs.
Sarciie, s. r. (arr. dc^Morta.une)
Trépied sur lecjuol on eleve les cuves à lessive.
Sarcir, V. a. (arr. dcMorlaiiw]
Bruh'r, Dessécher [)ar le l'eu; peut-être le s est-il une proslliese et
doil-on écrire Arji/r, qui venait du laliu Ardere
SKI
et siiiniliait en vieux-français
h'nilcr.
Svuci.ES, s. f. pi arr de Ra\eux')
]\lauvaises lierbfs, littéralement Ce (pie l'on Sarcle.
Sauueu, \. A. [nvr. de Vire) Meurtrir.
SsssihnjE, s. m. .Marchand de tamis,
de sas.
Satrolii.i.e, s. r. Poulpe de mer: au
figuré Veinmc malpropre: dans le patois du Jura on iVd Sddronille.
Sactelicot, s. m. (arr.de Coutances)
Sauterelle; dans quehjues localités on dit Sautien.
Sauteroi.i.e, s. f. (arr. de Valognos)
Piège j)our prendre les oiseaux, composé d'un nœxui coulant en crin et d'une
baguette courbée qui se relève brus(iuement quand il vient à se détendre.
Sautu'.ot, s. m. (arr. de Baveux)
Crevette, (arr. de Valognes'i Crevette grise (jui se pè- che ii l'embouchure
des rivières; dans (luelques provinces on dit Salicoquc.
Savrin, s. m. (arr. do Rouen) Bedeau;
nous ne connaissons ce mot que par le Coup dœil purin, j). 31 .
ScioNNER, V. a. Frapper à coup de
verges, de scions.
ScioT, s. m. (Orné) Petite scie.
Sèche, s. f. (arr. de Baveux) Sou
maniué.
Sécran. s. m. (arr. de Cherbourg)
Maigre . Sec; il ne se prend cpion mauvaise part et ne se dit que des hommes.
Seille, s. f. (Orne) Sceau; il
existait aussi en vieux-français: En ce! puis si avoit deus seillcs,
SER
QaiU l'une vient et l'.iulie vel.
Roman de Renart, t. I, p. 246.
C'est une c rase du latin Sitella, on
trouve aussi en provençal et en portugais Selha.
Seliais, s. m. (arr.deSaintLo) Fléau;
c'est une corruption, on dit dans plusieurs localités Pliais .
Sélieuset, s. m. (arr. de Saint-Lo)
Sifflet.
Selios, s. m. (arr. de SaintLo) Champ;
peut-être une corruption de Clos.
SÉLiousiR, V. n. (arr. de Saint-Lo)
Souffler; voyez sé- lieuset.
Sengles, s. f. pi. (arr. de Baveux)
Petites rues qui étaient seules ( singulae ), ou qui entouraient la ville,
comme des Sangles.
Sente, s. f. Sentier; ce mot qui est
resté plus fidèle que le français au latin Semita existait aussi dans
l'ancienne langue:
Je te dy que hier par une sente
ftlenay niez pourceaulz et nie/ truis. Miracles de sainte Geneviève, dans M.
Jiibinal, Mystères inédits, t. 1, p. 258, v. 3.
Séraine, S. f. (arr. de Bayeux) Vase
de terre pour serrer la crème.
Sérence, s. f. (arr. de Baveux)
Soirée, autrefois Sérée: il sest moins écarté que le français du latin Scrus.
Sergale, s. f. (arr. de Vire) Fille
étourdie.
Serge, s. f. Couverture de lit,
d'abord sans doute faite ordinairement en serge; il avait déjà reçu cette
extension de signiiication dans le XUl'' siècle, car on lit dans Odon
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(delwedd C1398) (tudalen 197)
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SEU \91
Rigaut: Item, invenimus in dormitorio
sargias, sive la[)etia inhonesta, ut pote radiata; regestrum risitationum, p.
81, éd. de M. Bonniii. Une ordonnance de 13G7 nous apprend que ces Serges
étaient fabriquées à Caen à grant foison.
Serper, V. a. (arr. de Bayeux)
Interrompre brusquement.
Servir, v. a (arr. de Valognes)
Couvrir, en parlant des étalons et des taureaux: on lui donnait le même sens
en vieux-français, mais avec encore plus d'extension:
Girbers la tient et si lasert Gerins,
S'en est riclions HernaTides ii petis. Si en est cous l'enpcreres Pépins.
Garin<< li Lolterens, B. R. Ms.
de Sf-Geimain, n" 1244, fol.:!?9, loclo, col. i>, V. 13.
Set, s. m. (arr. de Bayeux). Tamis; du
latin Scia . parce (|ue les tamis sont ordinairement faits eu soie.
Seu, s. m. Sureau; probablement ce mot
vient du celtique, car on le trouve dans presque tous les i)atois; c'est Seu
à Nancy et dans l'Isère, Sou dans le .tuia, Saug en provençal; le
vieux-franeais disait Séu:
La rose lesse por l'orlie . Et
resglantier [lor le séu.
Du varlet qui se maria à Nosire- Dnme;
dans Barba/an, Contes etfabliaus, t. Il, p. i 20.
Le glossaire latin-français conservé à
Lille, E, 36, écrit même Sehus\ voyez l'édition de M. Emile Gachet,
Bruxelles, 1S46, p. 16; et on lit dans le Dict de Mer-lin Mellot:
Au bout decestcourtil, droit dessoii.s
uu SéllL" .
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(delwedd C1399) (tudalen 198)
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198
SIL
CVstun arbre qui est en septcmhrc
iijoiir.
Dans JiBiNAL, nouveau recueU de
fabliaux, t. I, p. 131.
Seuli.e, S. f. Magasin pour les
marcluiudiscs: il y avait autrefois à Cacn une rue appelée la Rue des SeuUcs.
En vieux-français SeuUe sigui liait Cave, et Fond de navire qui servait de
niaii;asin: nous avons encore Cellier dont l'origine peut être la même.
Si FAIT, loc. adv. (arr. de Valognes).
Celle forme de né- gation est d'autant plus remarquable que, dans les poèmes
dialogues de Roswilha, 5t est employé eon)me particule né- gative.
SiDONE, s. m. Suaire, Drap mortuaire:
Tendre sur nos huys des sklones.
Olivier Basselin, Vatixde Vire, p. 319, éd. de M. Travers.
On le trouve aussi en vieux-français:
IMouraitsainct Jeliau assez près d'elle, souslenant le milieu du corps sur
lesidoine eslcndu sur son giron; Olivier M-à'\\\'dr(] Mi'^toirc de la Passion
deJ.-C, |). 67, éd. de M. Peignot. C(î mot vient sans doute du latin Sindon.
SiEiu.ETTE, s. f (Orne) Souricière.
Voyez SURGETTE.
SiEU, s. m. (arr. de Valogncsj Graisse,
iSuif; celle forme existait aussi en vieux français; on lit dans Li premiers
livres des reis: Mielz valt a Deu obéir que le sieu del mullun ofl'rir.
SiLKU, V. a. Frapi)er; dans l'arr. de
Mortagne il s'emploie aussi neutralement et exprime je sifflement de la
couleuvre
SOL
SiMENET, S. m. (arr. de Valognes)
Es()ece de gâteaux sans beurre; àitouen (^heminau, les Siminiaus de Blangi
étaient très-renommés pendant le inoyen-àgeel leur nom se trouvait déjà dans
la langue du Xll' siècle:
Desiis la tal)lo a trove le mendier,
Bons seuiineaus et gasteaus et vins
vies.
Chevalerie Ogier de Danemarcltc, V.
GOâ'J.
Afais nous ne savons si ce mot désigne
toujours la même espèce de gâteau: car on lit dans le commentaire écrit
pendant le XI 11' siècle sur le Dictionnaire d(! Jean de (îarlande: Placentae
dicuntur gailice simeniaus; Géraud, Paris sous Philippe le Bel, p. 593, et. à
Reims, le simenet est un gàloau de pâte feuilletée qu'on ne nuinge qu'en
carême.
SiNAS, s. m. Plancher d'une grange:
envieux-français Sinal et Sinuusl signi liaient le dessus d'une étable.
Sis, part. pas. farr. de Valognes)
Assis; celte apocope se trouvait aussi en vieux-français: Sor une conte li
dus Garins se sist.
Carias H Loherens, t. III, t. 4480.
Sliaqubter, V. n. (arr. de Sainl-Lo)
Clabauder: ])robabIemenl une corrujjtion de Clnquetcr, fre(iuentatif
po[)ulaire de Claquer, Faire du bruit.
Snesqueix, adj. Scrupuleux; peut-être
du \ ieux-français Sé- nés, Prudent, Sensé.
Solier, s. m. Grenier, Plancher; ce
mot qui se trouve
sou
aussi en breton, en provençal et dans
presque tous les patois, vient sans doute du latin Solarium, qui avait déjà
ce sens dans Suétone: Neque niulto post rumore caedis exterritus, prorepsit
ad solarium; Claudius, ch. 10. 11 existait aussi en vieux-français: Du solier
suis descendue a la cave. J. Maiiot, Œuvres, t. v, p. 45.
De dessu noutron soliè D'é oui lous
anze canta.
Noëls Bressans, p . 131.
Sommier, s. m. (arr.de Vire) Poutre;
probablement du latin Summus; il existait aussi en vieux -français et s'est
conservé en rouchi.
Sou, s. m. Chenil, Logea ])orc; on dit
aussi Soue ., Souctte; dans le patois de la Vendée Souque; peut-être du latin
Sus.
SouAiNER, V. n. (arr. de Mortagne)
Prendre du tabac malproprement.
SouATER, V. n. (arr. de Mortagne)
S'associer pour travailler ensemble; Réunir ses cbevaux à ceux de ses voisins
pour un travail agricole.
Souc.ER, V. a. etn. (arr. de Mortagnc)
Sentir, Flairer.
SouEF, adj. Doux, Agréable:
O breuvage, ami souef!
Olivier Bassf.lin, Vaux-de-Vire, p.
SO, éd. de M. Travers.
Il existait aussi en vieux-français:
Tost fu li gorpil endormiz. Car moult
estoit soef ses Hz.
Roman de lienari, t. IJI, p. .301.
Il vient du latin Suavis, Suave.
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(delwedd C1400) (tudalen 199)
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SOU 199
SouFKAQUiER, v. a. Encouibrer, Peser
sur; du latin Suffocare.
Soui, adj. (Orne) Sale; littéralement
Cochon; du latin Suillus, le français dit aussi Souiller et Souillon, et on
lit dans V Elucidario de las proprias, cité par Raynouard, Lexique roman, t.
v, p. 288: Porc mari, dit comunamcnt Suillo. Une origine germanique ne serait
cependant pas impossible: en gothique Souljan siguifie Salir.
SouiL, s. m. (Orne) Saleté, Ordure;
lepcupledit par ironie: 11 est piopre comme un Sou. Dans quelques localités
on dit Souie.
SouiN, s. m. Homme caché, dissimulé:
on dit dans le même sens Cet homme est en dessous.
SouLAS, s. m. Consolation; et par
extension de signilication Gros soupir:
Soulas de nos misères.
Olivier IUsselin, Vaux-de-Vire p.
'J'S, éd. de M. Travers.
Il existait aussi en vieux-français:
Nous aurions soulas et joyc.
Martyre ue saint Pierre i;t saint
Paul, dans M. Jubinal, Mystères inédits, t. I, p. 7;'), v. tJ3.
Ce mot vient sans doute du latin
Solatium, comme le français Soulagement.
SouLASSER . v.n. (Orne) Soupirer
profondément; voyez le mot [irécédent.
SouLE, s. f. Jeu où deux partis
cherchent à s'emparer d une balle et à l'emporter à un endroit convenu. C-e
mot existait aussi en vieux-français, mais
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(delwedd C1401) (tudalen 200)
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200 SOU
OQ écrivait ordinairciiioiil Suk:
Autres |iar Ibrcc ciidcr Itans,
lirniaiil rumine Vvi\ court a solles.
Gliakt, Bramhc des royaux lignages, V.
liay.
Tenez, mes petiz dragoiineaulx, Mes
jeunes disciples d'escole, Jouez-en uni^ peu à la sollo An lien de croupir au
luniier.
Ait.NOLL GiiKSBAN, Mijstèrc de la
l'assiun, dans AI- Paris, Mornuscriisfranrois de la Bihliothèque du Roi, t.
VJ, p. .'507.
Mais Rabelais écri\ ail Souh, el on
lit dans les Mémoires de la ville de Douay, loi. 23G: Pour éviter aux
dé.sordres qui peuvent arriver par le ject de la clioulle ([u'on est
accoustumé l'aire le jour des caresmcaux (le mardi-^ras) a esté desfendu de
la jccter. Ce jeu brutal était aussi fort usité dans le lîerry (voyez un
article de Lebeufdans liiAleicure, du mois de mars '1735). Son nom vient sans
douté du latin Solea, car il est appelé à Yalo^unes La savalle: cependant 1
islandais Sull signilie Mêlée et par suite Combat.
SouLER, v. n. (arr. de lîaveuxl Avoir
coutume; il vient (lu latin Snlere et se trouvait aussi en vieux-français:
Les grevoit plus et aprcssoit jjIus que leur ancmi ne soloient faire;
Chroniques de Saintdenis dans le Recueil des historiens de France, t. lu, p.
211.
Soi'RGER, V. a. (Orne) Guetter,
Surveiller; jwr extension il signilie à Baveux Surprendre et se prononce
Sourguer.
SouRis-GAiiiUE, s. f. (arr. de Baveux)
Chauve-souris.
SUÉ
SorsÉ, adj. Bien nippé; litleralemeul
(Jui a un cochon.
SouTON, s. m. Homme adroit et par
suite dissimulé; le vieux-français disait Soutius:
Lors traisl l'empereres gentius Et li
patriacles soutius. MoisKTs, Chronique rimée,\. lOi.'ii.
Du latin Suhtilis.
Si'ARSiKK, S. m. iarr. deMortagne)
Eslalier; c'est comme le français unccorruption du latin Staparius.
Si'ÉciALTÉ, s. f. (arr. de Valognes)
Beauté et par suite Rareté; il ne s'emploie guère ([ue j)récéde de la
préposition Pur; du latin '!>peciosus, Beau; voyez
ESPÉCIAUTÉ.
Staser.w, adv. Ce soir; un hazard dont
il ne faut sans doute rien conclure a singuliè- rement rapproché ce mot de
l'italien Stascra.
SuBLET, s. m. Sifflet; du latin
Sihilare qui avait |)ris la même forme en vieux-français: Des perrocquels
les(|uels sublent merveilleusement haut et s'eiïorccnt d'imiter la voix
liunutine; Histoire Macaronique. t. I, p. 11. Ce mot se trouve dans le patois
de la 'Vendée; dans celui de l'Isère il s'est rapproché du français [Sibln].
On se sert aussi du verbe Subler qui s'est corrom|)u dans (luel(jues
localités (>n Sulner.
SuBOUT, adv. (arr. de Mortain) Debout;
le vieux-français disait Sur bout.
Slcuès, s. m. (arr.de Bayeux)
Chèvre-feuille; parce que les enfants Sucent le bout de la Heur qui est
très-sucré.
Suée, s. f. (arr. deValogncs)
TAB
Corvée, Crainte, Menaces, Tout ce qui
ïahsiier de peur ou d'inquiétude; il se trouve aussi en rouchi: à Mortagne on
dit Sucée.
SuELLE, s. f. (arr.de Vire) Ciguë,
ailleurs on dit Ckiœ.
SuÉTiNER. v.a. (arr. de Cherbourg )
Epier, surveiller les actions de quelqu'un.
Super, v. a. Humer, Aspirer; l'anglais
To sup a la même signification.
SuRELLE, s. f. Oscille; parce qu'on
dit proverbialement Sur comme de l'oseille; on dit aussi Suret: en rouchi
c'est Suriele.
SuRENGiES, s. f. pi. (arr. de Bayeux )
Rapports aigres de l'estomac.
Suret, s. m. (arr. de Valognes)
Sauvageon, Pommier non greffé dont le fruit est acide.
SuRETiÈRE, s. f (arr. deValognes)
Pépinière de pommiers non greffés; voyez le mot pré-
TAC
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(delwedd C1402) (tudalen 201)
|
201
cèdent.
SuRGETTE, s. f (arr. deCaen)
Souricière; en patois picard Surquette et Sarquette; voyez le mot suivant.
SuRGUER, v. a. (arr. de Cherbourg)
Epier, Observer; il se dit plus particulièrement des chats et se prenait en
vieux-français dans la même acception:
Comme le cliat scait par nature La
science de la seurgeuie.
Roman de la Rose, v. ^0543 .
C'est probablement une crase de
Sur-giietter, formé comme Sur-veiller; le vieux-français employait aussi
Surguet dans le sens de Guet; Roquefort, t. II, p. 590.
Surpeter, v. a. (arr. de Mortagne]
Trouver quelqu'un que Ion clierche et qui fuit quand on l'approche: du latin
Petere, Demander, Chercher.
Tarier, s. m. (Orne) Grande table à rebords, placée sous le fût
d'un pressoir, sur laquelle on étend le marc des pommes pour en extraire le
jus.
Tabut, s. m. (arr. de Valognes)
Vacarme, Bruit; il existait aussi en provençal [Tahust] et en vieux-français:
Je n'ay point peur de ses ribieurs de
nuict Ne du tabut qui tant le monde
nuyct.
Crétin, Poésies, p. 211, éd. de 1723.
Probablement il vient du vieux-français Tahur, Tarnbour,
carTabouler, Tabourner, signifiaient Faire un grand bruit, et Taheurer semble
avoir eu la signification de Frapper:
Dessus leur pis des poing tabeiirent
Et eurent, pleurent, veillent, labeu
rent.
Miracles de sainte Geneviève, dans M.
Jubinal, Mrjstères inédits, t. II, p. '■111, V. 18.
Tac, s. m. (arr. de Bayeux) Grosse
chenille verte; voyez
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(delwedd C1403) (tudalen 202)
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202
TAL
TAS. (le iiiol >i^iiili(' au>si uiio maladie épidoiniqiic
qui reiiiia |)oiiclaiit lo \V' sit'cl(M'l A laisse un souvenir elTrayaiil: Jl
en meurt connue du lac oM encore une locution populaire. En ce sens Tac vienl
sans doute de lislandais Tuk, IMeurésie.
Tac()tek,v. h. Tapoter. Frapper il
petits coups; c'est un diniinutir de Toquer.
Takfe, s. f. (Orne) Peur.
Taffetixer, V. n. Marchander, Disputer
sur le |)rix: il vient sans doute du vieux-français Ta fur, Fripon, Trompeur:
Aincois querroit un grant tafur. Roman
de Renaît, t. Iir,i) 310.
Taigner, V. n. Tousser; vo
vez TKKiLER.
Talander, V. a. Battre; TalIcr dans le
patois du Berry et dans celui de Lanirres, TaUer dans le ])atois du Jura,
Tala dansceluidesVosii;es,signilienl Meurtrir, et l'on se sert encore populairement
de Tnhc/ie. Peiil-èlnî ce mot sii-niliait-il d'abord Coup de hache, car en
islandais Tcigia signifie Hache cl on lit dans la /feco//ec/io/?. de
(Ihasteiain:
Depuis veiz en Escosse Le roy Jacques
nieurdiir O'espee et tie talloce.
Dans RiTsoN, Ancient songs and
ballads, t. 1, p. 140.
Talbot, s. m. Noir de la marmite; en
provençal Tala siiinilie Défaut, Tache, et dans le patois de l'Isère T\iho
est le nom ([ue l'on donne à la fumée; peul-èir(> ainsi ce mot
sii;niliel-il littéralement Tache de fumée.
T\N
PALnorK, adj. Taché deuoir. et par
lij^ure. Ivre.
Tai.evasser, V. réil.
(Haute-Normandie) Se heurter rudement; il send)le avoir signifie Combat en
vieux-français, car on lit dans le liotnan de Itou, v. 2ii17:
As l;il(!vas se sont bien couvrir e
nio
ler.
En rouchi Talvarl signifie But pour
tirer;i la cible; voyez talander.
Tancer, v. a. Gronder avec force.
Disputer; le sens du français est beaucoup plus faible, mais il avait la
mènje force, dans 1 ancienne langue; A vin de Lyon, c'est-à-dire (juant a
bien beu, vcult tanser, noyser et battre; Calendrier des Uergiers,.ïo\. L,
ii. b. H vienl sans (hmte du latin Con-tenderc, comme le prouve le l'rancais
Contention.
Tangue, Tanque, Engraisqui se trouve
aux embouehuresdes fleuves.
Tanné, adj. Accablé de chagrin:
probablement de Tavas;; Tanr signiliait en vieux-français Touruiente,
Fatigue.
Tanouis, adj. Clair-semé.
Tantïït. adv. Un peu: on s'en servait
aussi en vieux-français:
Kstuffes les en ce brasier
Ung tanlit pnurniicnlx les aysier.
Jkiian MiciiEi,, Mystère de la
Passion, Journ. l, se. 0.
Du lalin ^an^Mm Seulement; on emploie
aussi le diminutil' l'n laiilinet, comme le latin l'anlillum.
Tantouiller, v. a. Traîner
TAR
dans l'eau, Ploni^er à plusieurs
reprises, Salir extréinenent. Le vieux-français disait Entouiller:
Souvent entouillé par meslure.
Coquillard cité par Borel.
Si le T n'est pas une afiixe, ce mot
signifie sans doute i?eaM- coup (lam) souiller, en patois normand Touiller.
Tanvee, s. f. Galette cuite à la
gueule du four.
Tapée, s. f. Grandequantité; il se
trouve aussi en rouchi et dans le patois de la Meuse.
Tapin, s. m. Tambour; parce qu il tope
sur sa caisse.
Tapin (a), adv. En secret, Jin
tapinois; il se trouve avec cette forme en vieux-français: Lors saillent li
baron desus un sous
Que Karles lot mis ooiement a tapin.
Garin de Monglave, dans Kelier, Romvart, p. 353, v. IG.
Taque, s. f. Pelotte où l'on attache
les épingles.
Taquet, s. m. (Orne) Jalon pris dans
une haie; on lui a donné ailleurs d'autres significations qui se rattachent
toutes à la même idée; à Valognes, c'est un Verrou; à Bayeux] un Morceau de
bois qui sert à soutenir ou attacher différentes choses, et un Emplâtre,
peut-être parce qu'on dit proverbialement Immobile comme un emplâtre.
Ces différentes significations se
trouvaient aussi en provençal:
Apres a fah las portas FloHpar be
tança r. Fieiabras, v. 2593.
Tar, s. m. Goudron; peut-
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(delwedd C1404) (tudalen 203)
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TAR 203
être est-celemot anglais, quoique la
même racine se retrouve dans plusieurs langues: en allemand c'est T/ieer, et
Terque en rouchi, comme en vieux-français.
Tarale, s. f. (arij^de Vire) Femme
légère, étourdie; le vieuxyprovençal Tartalhar signifiait Se trémousser,
S'agiter sans cesse.
Taiîger, Targier, v. n. Tarder;
c'était la forme du vieux-français:
Tantôt yray; se je targoie Je feroye
hauKe folie.
Vie de saint Fiacre, dans M. Jubinal.
Mystères inédits, t. I. p. 329, V. 3.
De l'asne et d'un cliien sans targier
Vous vueil un fablel coniencier. DeVasne et du chien, y. i.
On dit aussi Tergier.
Taribondin, s. m. (arr. de Mortagne)
Homme gros et court.
Tariner, v. n. (arr. de Mortagne)
Tarder, Muser.
Tarinier, s. m. (Orne) Homme qui
veille forr/, (arr. deBayeux) Employé des douanes et des contributions
indirectes • probablement de Tare comme Tarif, ou de Tarin, espèce de
monnaie; c'est sans doute le nieme mot que Tarinlier, dont Carpenlierna pu
déterminer la signification.
Tarlataner, v. n. (arr. de Mortagne)
Parler bruyamment pour dire des riens, comme un charlatan.
Tarlé, adj. (Eure) Avarié, de Tare; il
ne se dit que du
Tarouflé.s. m. (Orne) Homme dont les
sourcils se joigncn t.
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(delwedd C1405) (tudalen 204)
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204 TAY
Tasse, s. f. (Orue) Il nosl cmplovc
(jiie dans la phrase 7<j.s.sc (le /lois. HouiiiH'l (le hois; il avait la
même si^uilicaliun eu vieux-français.
TATiN,s.m. Coup. lisiirnifiait en
vieu»^ançais Embarras, Imiuietuac:
Sources me doime ce latin Et a
plusieurs île ma livrée.
Poésies de Charles d'Orléans, p. J42,
éd. de M. Champollion.
Voyez le mol suivant.
Ï.VTINER, V. n. (Juiehotter;
probablement on y rattachait d'abord quelque idée d insulte; car Tala
siirniliait en provençal Cri pour elTrayer, et Tatin si^n i lie en breton Kai
Heur, Querelleur.
ÏArnioN, s. m. (Orne) Indigent; Qui
habite un taudis.
Taulocher, V. a. Frapper à coups de
j)oini;, Secouer rudement; de Taloche.
Taumoue, s. f. (arr. dcVirc) Fenune
insipide.
Tai RE, s. f. (Orne) Vache, Femelle du
taureau.
Tautaus, s. m. pi. (Orne) dros sabots.
Taviii.k, adj. (Eure) Avarié;
littéralement Taché: il ne se dit ïuères (pie du blc
Tavacdku, V. n. l^railler;
littéralement Crier /f< (/a u(/ comme les chasseurs. Ou se sert aussi de
Taj/dud dans le sens de Braillard.
Tayon, s. m. Ayeul; il se trouve aussi
dans le i)alois picard et vient sans doute du grec 0£ic;, Oncle; la même
liaison existait en latin entre Avus ci Avunculus.
TKU
Tei.ot, s. m. (arr. de Mortagne) Tel
de pot, |)ouvant encore servir à (pu'l(|U(; usage; pcut-èlre du laliu
l'eyulutn.
Teu;ler, TEiyuER, v. n Tousser.
Tente, s. f. (Manche) Filet que l'on
tend avec des pieux sur les bancs de sable.
TÈonK, s. f. Balle, Paume; peut-être
de l'anglais Ta/ie, l*rends, Reçois, que les enl'anls disent en se jetant les
balles.
Tèpe, adv. (arr. de Baveux) Peut-être.
Termku, v. a. et n. (arr. de Nalogncs)
Convenir d'un(î chose, littéralement. Fixer uu terme; du latin Detcnuivarr.:
il avait la même signilicalion en vieux-français.
Teri'ENNe, s. f. Dévidoire.
Teroijer, Teliu(ji;iek, v a. Tordre.
Ne terqiie tant les croqsde te»
miizei. 3fuse normande, p. 13.
Teurage, s. m. (arr. de Alortagne)
Enterrement.
Tertols, adj. pi. Tous sans exception;
corruption par mctathése de Tretous; voyez ce mot.
TÈTE de catk, s. f. Grand capuibon
noir ipie les femmes mettent pour communier et pour sui\ re les enterrements;
c'est aussi un bonnet im|)erméiible (pu' l'on met sur sa têle (piand il
pl(Mit.
Tehroi ET, s. m. Manche de fouet, fait
de bois tordu.
TEi:Rg( ETTE, s. f. I.ien en paille ou
en loin: Dorea en vieux-provençal: [)eul-èlrc de l'islandais Dorf/a, Saisir,
En
TIN
lourer. A Cacn ou donne aussi ce nom k
une sorte de gâteau qui a la forme d'un gros lien; le français Tourte a elé
créé de la même manière.
Tézi, Tézant, adv. Tont doucement;
littéralement en se taisant.
Tic, adj. (arr. de Virej Impair; on
dit ailleurs Ttpe et Tiple \ peut-être de Multiple.
Tiercelet, s. m. Epervier; parce que
le mâle est un tiers plus petit que la femelle; on appelait en vieux-français
Mariage d'épervier, celui oii la femme se mésalliait. A Valognes on dit
Etiercelet.
TiFAiT, s. m. (arr. de Valognes)
Croûte de lait.
Tignasse, s. f. Chevelure; il ne se
prend qu'en mauvaise part et vient sans doute de Teigne; le patois rouchi
donne la même signification à Tegnasse.
TicNON, s. m. (arr. de Rouen)
Querelleur, ou peut-être Tèle à perruque.
Maugre zen et l'Ieii des lignons Qui
trahissent leurs compagnons.
Muse normande, p, 34.
Le vieux- provençal Tinelh signifiait
Querelle, " Contestation.
TiNSONNER, V. a. (arr. de Mortagne)
Activer, Presser; peut-être iV Attiser.
TlNTENELLE, TINTERELLE, S.
f. Grosse sonnette que l'on porte en
tête des processions; du latin Tintinnabulum.
Tintouin, s. m. Inquiétude, Embarras
et par suite Manie.
Qui nous a mis ces tintouins
TOM
Et ce mal dans la teste.
|
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(delwedd C1406) (tudalen 205)
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205
Olivier Bassf.lin, Vaux (Je-Vtre, p. 180, éd. de M. Travers.
Peut-être une corruption du
vieux-français Tatin dont la signification était la même; voyez ce mot.
TiPONER, V. n. (arr. de Yalognes)
Habiller, AtifFer.
Tirer, v. a. Traire; ce sont deux
dérivés du latin Trahere.
TiTOUX, adj. Lent, Tatillon.
Tlier, s. m. (arr. de Valognes)
Tisserand, Toilier.
Toaille, s. f. Nappe, Serviette,
Essuie-mains; il se trouvait aussi en vieux-français:
Mais celé fist avant covrir Les pastez
soz une touaille.
Duprestre et de la demie, v. 3G.
Il vient sans doute de Tela, dans la
basse-latinité Tohalea, dont on a sans doute formé Tablier, ou de l'islandais
Toa, Linge. Cbaucer a employé Toivaile dans la même acception et Kuonrad von
Wurzeburc Txcehele. Le patois de la Haute-Auvergne a conservé aussi Touailla.
Tocard, s. m. Têtu; littéralement
Homme qui se Toque; voyez ce mot
TocsoN, s. f. Femme dont les manières
sont grossières et la parure de mauvais goût; littéralement Qui touche du
son, Vachère: dans le patois de RenneSï, ce mot est masculin et signifie Un
homme grossier, sans éducation.
Toignée, s. f. Volée de coups,
Peignée; voyez tignasse.
Toin, s. ni. Traître.
Tomber de mal (arr. de Va
|
|
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(delwedd C1407) (tudalen 206)
|
'i06 TOQ
lognos^ Avoir le mal cadHc; Syiiioiu'l
Harpin.. hesguo, loi, 1 inalitiiio. malade cl chcaiU (lu mal d uvertin;
Lettres de </r(ice de 1 382. Avertin vient du latin Ailversariiis,
Knnenii, nom (|ue Ton donnait au diable pendant le mo)en-àgc; il est Ibrl
renianjuable (jne l'epilepsie et la possession du démon soient exprimées en
arabe par le même mot; voyez \ci» Notices et extraits des manuscrits de la
Jiihlioihèqiie du Iloi, t. x, p. Vi. On dit eneore en l'raneais Tomber du
baul niai.
Tondre, s. m. (arr. de Cherbourg)
Amadou; de l'islandais 7 wnar, Allumer: il existait aussi en vieux-franeais:
De vénerie i a oiistil
Le qiienivet et le fuisiil,
Et li toiidres et li galet
El iiiouit arme de inuiiit abet.
Partonopeus de Blois.
Tundre a la môme signification en
breton.
TuMREssE, s. f. (arr. de Vire) Voyez
Tourniresse.
ToQij'E, s. f. Coup à la tète —
Vieille femme radoteuse; voyez le mot suivant.
Toqué, part. pas. Un peu fou;
littéralement Qui a eu la tète rrapj)ée et par suite fêlée: il se trouve
aussi dans le patois de Langrcs et dans celui du Berry.
TooiER, V. a. (arr. de Baveux)
Frapper, Heurter; on le ciisait en vieux-français, et il s'est conservé dans
Tocsin et Toucher un cheval, comme en provençal:
Al) aqiicstas paraiilas an lors
eaninicrs tocatz.
i'ivrabrax, v. 40(1.
TOT
M. Hugo a même dit dans Notre-Dame de
Paris, 1. vu, (h. 7: Sept heures vont Toquer. Mais Toquer signilie le ])lus
souvent Frapper de la tête, et Ion en a fait le substantif Tocard, Kntêlé,
(|ui bat les mniailles avec sa tète.
ToQiEï, s. m. larr. de Baveux) Bonnet,
Tnquc
ToRKu, V. a. et rell. S habiller,
Ajuster; on dit aussi S'ctorer; probablement de Restaurer.
Toui.iÈiiE, adj. f. (arr. de Cou
tances) Il ne s'emploie qu'avec Vache et signilie une vache qui ne i)eut se
reproduire.
ToRNiOLLE, s. f. (arr. deValognes)
Soufllet qui fait Tourner la tête; dans le patois du Berry on dit TorgnoUe.
Tout, part. pas. Tordu, Tors; celle
forme se trouvait déjà eu vieux-français:
«
Qui sa glaive a arrière traite. Toute
sanglante et toute torte. Kobcri le- Diable, fol. F. it .
recto, col. 2, éd. de lU. Tre
butien.
TôTÉE. S. f. Rôtie.
Turlucbés aincbin que des coqs Qui ont
mangé de la Idée.
flfi:-'' vonnande, p. 27.
Il so îi'iivail aussi en
vieux-français:
Se toute la lignée d'Adam estoit
damnée, Dieu n'y perdroit en .soy une levé
frasée: Tout ainsi je vous dy que
s'elle estoit
sauvée Mieulx ne Iny en seroit en soy
d'une
totée.
Jr\N i)K Mf.ung, Codicille, \. 213.
Probablement du latin Tostus, Rôti; dans
le patois de Bennes Tentée signifie Ribolc.
TOU
ToTON, S. m. (arr. de Baveux) Trognon
de chou.
TouAiLLON, s. m. Torchon;
voyez TOAILLE.
TouicNER, V. a. (arr. de Vire) Battre;
littéralement Traiter comme une chevelure en dé- sordre, Peigner; il a la
même signification dans le patois de Langres.
Touiller, v. a. Salir, Souiller;
prohablement de TonaU- lon; on dit encore proverbialenient Sale comme un
torchon: il se trouve aussi en rouchi et dans le patois de Langres: à Nancy
Touycr signifie Mélanger, Brouiller.
TouiN, s. m. (arr. de Baveux)
Saligaud; on dit proverbialemenlSalecommeune perruque; voyez le mot suivant
TouiNE, s. f. (arr. deBayeux)
Perruque, Chevelure sale. (Orne) Tabatière où l'on ne peut mettre qu'un
doigt.
TouiNTOuiN, s. m. (Orne) Très-petit
fnorceau.
TouNiEux (arr. de Vire) Fainéant,
Vagabond; dans larr. de Bayeux on dit Touonious;
voyez TOURMRESSE.
ToupiN, s. ni. Sabot; Toupie que l'on
fait tourner à coups de fouet.
ToupiNER, V. n. Tourner sur soi-même
comme un Toupin; le français dit Toupiller.
TouRMOLLE, s. f. (Orne) Espèce de
panaris.
TouRNiREssE, S. f. (arr. de Valognes)
Femme sans conduite, qui, au lieu de travailler, tourne de côté et d'autre.
TouRNOus, s. m. (arr. de Saint-Lo)
Rouet; littéralement Outil qui tourne; en vicux
|
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(delwedd C1408) (tudalen 207)
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TR\ 207
français Tourncrettc.
TouRP, s. m. (Manche) Petit village au
bord de la mer; il y a des Tourps à Anneville ênSaire et àOmonville (llague):
on dit aussi Tonrpcliis. Ce mot qui vient sans doute de ]"\sI and ai s
Thorp, Village, s'est conservé aussi dans ([uelques noms de lieu: ainsi, par
exemple, Clitour vient certainement de Klein Thorp, Petit village.
Tourte, s. f. Pain de six kilogrammes,
auquel on donnait autrefois une forme circulaire comme au Tortillo du
vieux-provençal et à nos Tourtes de pâtisserie. Ce mot avait le mê- me sens
en vieux-français:
Se vilains ont escliarcement Pour
>ivre de la tourte bise, C'est grant plante; ce lour suffise.
M. Trebutien, Du roi Souvain, fol. A.
III, vo.
Touser, V. a. Couper, Tondre; on
trouvait la même forme en vieux-français:
N'anx nopcesdu saint espouse N'entrast
homme rez ne touze.
Jean de Meung, Testament, y.:{47.
Toutdreit, adv. (arr. de Valognes) A
l'instant; littéralement Sans se détourner; il se trouve aussi dans le patois
bressan:
L'isabiau, to dray an antran Conianchi
no bala fêta. i\oèls Bressans, p. il.
Toutre, V. n. (arr. de Bayeux)
Tousser.
Trabuquer, V. a. Traverser;
littéralement Mettre une bû- che . un obstacle en travers; il se trouvait
aussi en vieux-français:
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(delwedd C1409) (tudalen 208)
|
208 TK\
Kt |u>;ir ce Dieii lo Irabncha.
IS'a'i Hé de ÎSotrv-Srignvfir
Josus-C/ir^st, dans M. .lu binai, Mysldra inédits, l. Il, p. ùh,
V. 5.
Le fi';iiirais Trr/mclicr a
prol)al)l(MiuMil la incino orii;me (|iioi(|iie sa signilicalion soit Tort
dilTi'n^nte.
TuAf.HiKH, V. a. (arr. de Valognes)
Cliercher; en patois vendéou Trccher; on dit aussi Truchcr, comme en
vieux-lVançais.
Trada, s. m. (arr de Baveux) Part,
Portion. — (arr. de Cherhoiu'^^^ Salaire.
Traire, v. a. Tirer; nous avons déjà
vu qu'en patois Tirer avait la sifinification du français Traire: ces
dilTérences n'étaient pas non plus respectées par l'ancienne langue:
La Tenez barbes^ traire e gernnns si
peler.
Voifoge de Charlemagne, v. 688.
Tralles, s. f. pi. (arr. de
Pont-l'Evècjue ) Jambes; en vieux-français Tr aller signifiait Aller, Courir:
Laison a seiirre cest traller.
Tristan, t. I, p. 75, v. 1488.
On dit encore dans le style familier
Trôlcr.
Tran, Train, s. m. Pis de vache, Ce
que Ton trait; voyez
TRION.
Trapin. s. m. (arr. de Cherbourg)
Grand et gros panier rond à deux anses; du latin Trahutus, comme le français
Trapu.
Tkaquette, s. f. (Orne) Cré- celle.
Tkasonée . s. f. Dévidoir;
TRE
on dit aussi Travonée, Travo\iil en
vieux-français.
Traveiuiuek . V. a. Embarrasser;
corruption de Traverser; dans Tarr. de Mortagnc on dit Traveuchcr.
Travers, s. m. (Eurej Sillon de blé en
sens inverse acs autres, de travers .
Traviau, adj. (Orne) Turbulent;
littéralement Qui traverse, ou travaille. Incommode en vieux-français:
Trehé, adv (arr. de Mortagneî
Beaucoup; c'est probablement un mol formé de Trèsbien.
Trédaine, s. f. (arr. de Baveux;
Refrain . Fadaise: c'est probablement une corruption du vieux-français
Trudaine:
Las! ferez-voiis, il est malade Passé
deux moys,ou six semaines; VA s'il vous dit, ce sont ttudaines, It vient
d^avec moy tout venant.
Farce de Pathelin.
Tkédame, s. f. (arr. de Baveux) Ancre
de secours pour les bateaux pécheurs.
Tréeplée, s. f. (Orne) Cloporte.
Tref, s. m. Poutre; il se trouvait
aussi en vieux-français: Porijuoi vois-lu un festu en le oel toun frère, et
ne veis-tu un treef en toen oel; Bible saint Mathieu, ch. xii, v. 3. On
trouve encore dans le patois de Nancy Travette, Traivatte; Solive, Poutrelle,
et dans le patois de Langrcs TravclotAoni la signilication est la même. 11
vient plutôt du latin Trabs, Poutre, (jue de l'islandais Tre, Morceau de
bois.
Treffei-, Treffoiel, s. m. Grosse
huche qu'on met au ku
TRÉ
la veille de Noël et (jui doit durer
pendant les trois jours de fête; il vient sans doute du mot précédent.
(Poutre du feu) ou de Très foci Trois feux. A Metz on appelle celte bûche
Treffan, dans le Bcrry Trouffiau, en Bourgogne Suche de Noël; en
vieux-français elle était nommée Treffouel: 3iagnustruneus in capite ignis...
dicitur Tetropoficinium, vel Ligni fulcium. . . gallice Tref[ouel;
Commentaire du dictionnaire de Jean de Garlande, dans Gé- raud, Paris sous
Philippe-leBel, p. 601. Cet usage existait aussi en Angleterre:
Corne, bring with a noise
My meirie, marrie boyes, The Christmas
log to the iiring;
While my good dame, she
Bids ye ail be free And drink to your
bearts desiring.
Herrick, Ceremonies/or Christmasse.
Probablement même il remontait aux
temps payens, car on appelle cette bûche en diffé- rents endroits Yulelogei
Yule clog (feu d'Iule).
Treizeau, s. m. Monceau de gerbes;
d'abord sans doute on en mettait treize afin que la dîme qui était en
quelques endroits du treizième fût priseplus facilement; mais on n'en met
plus maintenant que dix.
Trèje, s. f. (Orne) Sentier tracé dans
la neige: Traige signifie dans le patois du Jura Passage, et le français
Trajet semble avoir la même origine [Trajectus).
Tréjo, s. m. (Orne) Tige de choux.
Trémai.\e, s. f. (Manche)
TRÈ
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(delwedd C1410) (tudalen 209)
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209
Trèfle qui se récolte tous les trois mois; il semble ainsi venir
du grec Tpip.y]va£oç plutôt que du vieux-français Trémoie;
voyez TREMEZ.
Tremeur, s. f. (arr de Vire) Frayeur;
du latin Tremor: il se trouvait aussi envieux-français: Mais tant estoit la
vieille haye par tout le pays, que, se pour double et tremeur de Lysiart ne
fust, en puys ou rivière l'eussent gettée; Roman de Gérard de Nevers.
Tremez, s. m. Petit blé que l'on
récolte trois mois aj)rès l'avoir semé; ce mot se trouvait aussi en
vieux-français [Trimensis).
Trémone, s. f. Grosse cloche; du latin
Tremundus, qui fait trembler.
Tremuer, V. a. (arr. de Vire)
Effrayer; du latin Tremere.
Tressauter, v. n. Tressaillir; il se
trouve aussi dans le patois de Lan grès; le vieux-français employait dans un
sens analogue le substantif Tressaut.
Tressoir, s. m. Sceau.
Tressuer, V. n. (arr. de Valognes)
Suer beaucoup; il avait le même sens en vieux-français:
Que j'ai si cant que je tressu. Roman
de la Violette, p. 166.
En vieux-français Très s'ajoute
souvent aux verbes, comme aux adjectifs, pour renforcer leur signification,
nous disons encore Trépasser et Tressaillir.
Trèstout, adj. Absolument tout: c'est
une forme superlative dont on a fait un seul mot comme en vieux-français;
H
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(delwedd C1411) (tudalen 210)
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«10
TRÉ
Qui t'iil (l'Fgipte la t),iillio Kt trotoute la M'iijiioric.
Wack, FlahHssrmcnt de la Fi'te de la
Conception, p. is, v. G.
Trv.h, s. m. (arr. il \vran( lies)
IVtrin; ou vicux-lramjais il aurait signifié Blutoir suivant Roquefort, t.
Il, p. (loS.
TuEi i.ER, V. n. Paresser, Fainéanter;
c'est nrohahleinen! une corruption de" Trôlcr, Courir cil et là.
T'iŒii.iER, s. m. (arr. de Valognes'*
Fainéant, lloiunic qui parle au lieu de travailler.
Trki NER, V. n. (arr. deMortagnes) Il
exprime le chant de la poule (jui va pondre; on dit iiussi quelquefois Trancr
TuEiTER, V. n. Peter.
Trias, s. m. (arr. de Baveux)
Embarras; peut-être de "ranglais Trial, Accusation [Trier en
vieux-français signifie Plaider) ou Tnf, Éprouver; au moins donne-t-on
quelquefois ce sens au français Epreuves; Trigas avait aussi cette
signification en vieux-provençal, et le français Trigaud semble avoir la même
étymologie
TuÉBAR. s. m. Collier formé de trois
barres de bois qu'on met aux pourceaux pour les empêcher dépasser au travers
des haies.
TuÉn.MîDER, V. n. arr. de Alortagne)
Aller dectMéct d'autre, Chanceler comme un ivrogne.
Tribouiller, V. a. (arr. de Vire)
Troubler, Causer de la trihulalion; le vieux-français employait le substantif
tri^ houil dans un sens analogue: Dieu scait en quel tribouil et tourment il
est; Les quinze joies
TRI
(lu mariage, p. 182.
Triboi i.er, V. a. Troubler,
Tourmenter, el par suite Déchirer, Mellrc' en mauvais état: ces dilTerentes
significations se trouvent au.-si en vieux-français:
Sy Ips trihonlons pour savoir Kii qui
doivent iMiice avoir.
Miracles de sainte Geneviève,
(lan>i M. Jubinal, .yfiistères imdiis, t. H, p. ne, V. 9.:,.
Puisqn'ensi voi mon pais triboler.
Mort de Garin le I.oherain, t.:î.5R8.
Dans rOrne on dit que les bas qui
tombent sur les talons sont Trihoulés. Ce verbe s'emploie aussi avec le
pronom et signifie, comme en rouchi, Se donner beaucoup de peine; le
vieux-français semble s'en être servi également avec cette acception:
Et tant ont qnis et tribonle Que (le
Pqucrre sont tuit lasse. Li Chevaliers au Lion, dans Keller, Romvart,\i.
.')53,v. u.
II vient probablement de l'islandais
Trubla, Mêler, Confondre.
Trico.n, s. m. (Orne) Brelan; on a
tricon de hihouri quand on a dans sa main deux cartes de même espèce et une
qui les suit immédiatement, comme deux rois et une dame: c'est aussi le nom
du jeu que l'on appelle ailleurs Trion.
Tricoter, v. a. Battre avec un fricoï;
Remuer vite et sans cesse comme des aiguilles avec lesquelles on tricotte: il
signifie aussi quelquefois à l'actif Manigancer, Mal arranger, comme dans le
patois des environs de Paris:
TRI
Encore un coup si le Saint-Père
Tricotte tout ce biau mystère.
Pièces et anecdotes intéressantes, t.
ï, p. 41.
Tricouses, s. f. pi. (Orne) Bas de
tricot sans pied; Guê- tres en toile qu'on appelait en vieux-français
Triquehouses. Ce mot désigne aujourd'hui en rouclii et dans le patois du
Berry des bottines en drap; dans la Meuse on donne aussi le nom de Tricousses
à une espèce de guêtres.
Trieffe, s. f. Petite poutre;
voyez TREF.
Trifoire, s. f. Trifouet, s. m. Grosse
bûche; voyez treffeu.
Trignac, s. m. (arr. de Baveux)
Sou-marqué excellent; c'est le nom d'un faux-monnayeur dont la monnaie valait
beaucoup mieux que celle du roi, qui fut pendu sous la Ré- gence.
Trigoullis, s. m. Mauvais bas de
tricot.
Trilais, s. m. (arr. de Valognes)
Cloison, Treillis; du latin Trilix.
Trimboueller. v. a. Culbuter,
Chanceler; dans l'Orne on se sert aussi du substantif Trimbouelle, Culbute;
probablement c'est le même mot que le français Trimballer.
Tringale, s. f.Bureau où l'on perçoit
les droits de péage; probablement ces bureaux étaient d'abord composés de
simples treilles en latin Trtchila; selon Roquefort le vieux-français Trigale
aurait signifié, sans doute pour la même raison, Cabaret. Tringue, s. f.
(arr. de Mortagne) Petit-lait.
TRI
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(delwedd C1412) (tudalen 211)
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21<
Tringuet, s. m. (arr. de Vire) Moyen qui réussit. Ce mot signifie
aussi, comme sur les bords delà Méditerranée, le mât de misaine:
N'ayant plus rien sinon De trinquet
qui soit bon.
Chansons normandes, p. 5^2, éd. de M.
Dubois.
Triollier, Triolly, s. m. Tribune
d'église.
Trion, s. m. Pis de vache; ce n'est
pas probablement une corruption de Trayon (ce que l'on trait] car le
vieux-français avait Trian:
N'aveit encore en sain ne trian ne
raaraele.
Roman de Rou, v. 1.343.
Peut-être ce mot vient-il de
l'islandais Trioni, Bec, Bout, ou de Treya, Gorge, Poitrine; le
vieux-français Pis a subi un changement semblable.
Triper, v. n. Danser; de Tripudiare,
comme Trépigner; il existait aussi en vieux-français:
Quant de ma biaute me souvient Qui ces
valiez fesoit triper.
Roman de la Rose, v. 13214.
Dans le patois de l'Isère JrepasignifieFouler
aux pieds.
Tripot, s. m. (arr. de Valognes)
Marché; (arr. de Bayeux) Halle au blé; à Pont-l'Evèque, ce mot a reçu une
nouvelle extension de signification, on lui donne le sens de Tumulte.
Triquefarer, v. a. et n. (arr. de
Yire) Déranger, Agir comme un étourdi.
Triquenique, s. m. Querelle de peu
d'importance; peut-être ce mot qui se trouvait aussi en
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(delwedd C1413) (tudalen 212)
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212
TRO
\iou\-français vionl-il du prec zùv/'Av vcizcç cl si};nilie-t il
lilteraUMiienl Dispute pour un
cheveu.
TiuoiTER, V. a. cln. (arr. de Vire)
Sauter; littéraleuient Jouer des tru\wi, nom ({uel on donne;ui\ jambes par
une mé- taphore injurieuse.
TuocHE, s. f. (Orne) Foutelaie;
l>elithoisde hêtres.
TuocNE, s. f. (Orne) Ventre.
Tkomi-e, s. f. (arr. de Valognes)
Erreur; du français Tromper.,,r- n
TuoNCUE, s. f. (arr. de Vire)
Tète.,,,
Tuop A COUP, adv. (arr. ae
Vahijines) Trop tôt. Tkos, s. m.
Pétrin; voyez
TREU. ^
TuouiL, Treuil, Trous, s. m. Espèce de
dévidoir dont on se sert pour mettre le fil en echcvaux; elle avait
dilîérents noms en vieux-franeais; dans le dictionnaire latin-l'rançais de
laBih. de Lille, marqué E, ^d, on trouve Troul explique par le bas-latin
traok, et on lit dans le Commentaire sur le dictionnaire de Jean de Garlan(lo
■ Trahalc
dicitur a Traho, caiiicc Traail; Paris sous Philippe-le-Ikl, p. 60(). Une
autre ori'>ine ne serait pas cependant impossible, car en breton Tro a la
même si^^nitication et le vieux-provençal Trou ne semble pas dérive du latin.
C'est Dout-èlrc i\ ce mot que se rapj)orte le vieux-français Trouet
(uienousnavons vu employer, (uie dans un passage où il est pris dans un sens
trop melaphoriijue pour que sa si^nihcalion ne soit pas douteuse:
TRU
Sire . il veult Hier au trouet Sus les
cotez de cesl apostre. Martyre de saint Denis, dans M. Jiiltinal, Mystères
inédits, t. I, p. 122, V. 8.
On se sert aussi dans ce sens du verbe
TrouiUcr, Treuillcr.
Tuouille», V. a. Souiller; il
a le même sens dans le |)atois
du Rerry,etRoi|uerortlui donne
en vieux français le sens de
Chiffonner en pressant; (ilos
sairc de la Uin(jue romane, t.
II, p. (J6"2; mais nous ne l'y
connaissons qu'avec le sens de
Séduire;
Tant le trnilla et le ch'irma Que li
leclierres s'en ala.
Fabliaux et contes anciens, t. H, p.
t^3
TuouiNE, S. f. (Orne) Peau de eochon
tannée; du latin Troia; dans l'arr. de Coutances on dit Trouin.
Troussemn, s. m. Enfant espiègle;
peut-être le môme mol que Goussepin.
Troussé, part. pas. (arr. de Vire)
Chargé; de l'islandais Truss, Paquet: il était aussi passé en vieux-français:
Trez muiez lor a fait d'or et d'argent
froser.
Parise la Duchesse, p. 6<).
On dit aussi au figure Un homme bien
troussé, pour signilier Un homme agréable, bien fait.
Trouté, adj. Caillé; il ne se dit que
du lait; dans quehiues localités on prononce Treutc.
Truble, s. m. (arr. de Valognes^
Bêche; il se trouvait aussi en vieux- français:
O trublcsct o torches les tierenl
maintenant. Roman de Hou, v. 'i280.
us
Truc, s. m. 11 ue s'emploie guère
qu'avec le verbe avoir et signHie Etre rusé, Etre adroit; il se trouve aussi
eu rouchi et semble venirde l'anglais Trick, Adresse; mais, comme ce dernier
mol, il ne se prend pas dans un sens défavorable.
Trucien, s. m. (Orne) Instrument dont
se servent les menuisiers pour tracer des parallèles.
Trumutu, s. m. (arr. de Valognes)
Bruit, Vacarme; de l'islandais Thrumu, dont l'idée première exprimait
certainement le ^?wiV, puisqu'il signifie à la fois Tonnerre et Combat; ce
mot pourrait être aussi une corruption du latin Tumultus.
Tuile, s. f. Ardoise; c'est la
couverture babituelle des maisons riches, et le latin tegulum était devenu en
vieux-provençal et en catalan Teulat, Toît — Il signifie aussi Une poêle
plate en fer qui sert particuliè- rement à faire de la galette.
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(delwedd C1414) (tudalen 213)
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UVE 2i3
que l'on appelle aussi Haitier; c'est
probablement une corruption du vieux-français Tulieu que Roquefort, t. ii, p.
668, explique par Certain ustensile de ménage.
TuRET, s. m. (arr. de Caon) Batte à
beurre; en vieux-provençal Jîtrfar signifie Heurter, Frapper, Battre.
TuKLUETTE, S. f. (arr. de Valognes)
Cornemuse et, par extension. Tout instrument de musique^ il se trouvait aussi
en vieux-français:
Quant el chef ont le chaperon, li la
panere, e le baston, E la verge, e la macuetto. Pendue al cou la turluette.
Riens nesenibla sos ciel meins sage. Benois, Chronique rimée, 1. \\, V.
28530.
On se sert encore en français de
Tureliire, Refrain, qui a certainement la même origine.
TuRJiE s. f. Cabane, Petite maison; il
a la même signification dans le patois de Langres.
Urres, s. m. pi. (arr. deValognes) Yeux.
Us, s. m. (Manche) Porte; on le trouve
aussi en vieux-français:
Vint a l'us de la cambre u li reis
Hugon gist.
Entre-uvert l'ad trouved, si s'en est
vennz al lit.
Voyage de C'/tarlcmagne, v ciu.
Mais la forme Huis a prévalu et s'est conservée dans l'expression
A huis clos et dans le mot Huissier; du latin Ostium.
UsiBLE, adj. (arr de Mortagne)
Précoce, Avancé; littéralement D'usage, Qui peut servir.
UvER, v. a. (arr. de Vire Mouiller; du
latin Uvescere.
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(delwedd C1415) (tudalen 214)
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214
Vaca, adj. ind. Eu friche, sans culture; du latin Vacuiis; le
l'rançais emploie V(i<jue dans le inrnicscnsct on disait autrefois Vacquc:
Donc les niaistre d'Iiostel et fourrier dudict seigneur de Painensac, [)our
scavoir si ailleurs en la maison estoient estables vacfjucs sadressarent a
Gargantua; Rabelais, 1. I, ch. M.
VAcnicoTEH, V. n. (arr. de Baveux)
Barboter.
Vadet, s m. jManche de chantepleure,
qui va et vient [vadit).
Vaie, s. f.Cheniin dans toutes ses
acceptions,Voie. Cette corruption du latin Via existait aussi en vieux-
français. Cist Josias fist ço que Deu i)lout e tint les bones veies sun pcrc
David, si (jue il ne guenchi ne a destre ne a senestre; Livres des Reis, 1.
iv, ch. 22, v. 2, p. 423, éd. (JeM.LeRouxdeLincy.
Vain, s. m. Loupe.
Vais.seau, s. m. (arr. de Mortagne)
Pipe, ailleurs Tonneau.
Vaissei.ier, s. m. (arr. de St-Lo)
Bufl'ct où l'on serre la vaisselle.
Valandier, s. m. (arr. de St-Lo)
Pivert.
Valentin, s. m. (arr. de Baveux)
Galantin; en anglais Vàlentine signifie Amoureux; Futur époux; le
vieux-français Valanlin avait aussi cette signi!ic;i.lion.
Valeter, v. n. (arr. de Baveux) Courir; fréquentatif du Fatiu
Vadere.
Yanvole, s f. Chose légère ou inutile
(jue lèvent emporte; il se trouve aussi en vieux-français:
«Primant voit que il ii'i a plus, Kt
que il ticii'i tout a \anvoie Cortos .son dit et .sa paro'e.
Roman de Renart, t. 1, v. 3908.
Vaouie, s. f. (arr. de Baveux) Sou|)C
ou Bouillie aussi claire que le manger des vaches.
Varand, s. m. Fainéant, Mauvais sujet;
voyez varou.
Varet, s. m. Guérel, Terre encore
inculte:
Je (lémèneray mes berbiettcs .\ii\
vuaiets paître.
Chansons normandes, p. 106, éJ. de M.
Dubois.
Cette forme est restée aussi dans le
patois normand; probablement du bas-latin Warectum.
Varibot, s. m. (arr. de Bayeux)
Bourbier; on dit aussi Varabot et Varvot: Item une pièce de terre qui a sou
entrée par le varabot de Cremelle; Titre de 1615 rapporté par Phniuet, Contes
et préjugéspopulaires de l arrondissement de Baycnx, p. 143.
Vari-vara, adv. (arr. de Baveux) Eu
desordre; dans le patois de ITsère, rarci signifie Embarras; voyez le mot
suivant.
VAS
Varuu, s. m. Loup garou, Homme d'une
sauvagerie grossière. Ce mot vient sans doute du norse Var-g, Loup, qui se
trouve déjà dans la loi lU- puaire, lit. lxxxvii: Wargus sit, hoc est
expulsus, mis hors la loi, ce que la loi anglaise appelait Porter une tête de
loup. Uue autre origine ne serait cependant pas impossible car Marie de
France a dit dans son Lai du bisclaveret:
Bisclavcret ad nun en bretaii Garvall
l'apelent li Noiman.
Poésies, f . I, p. 178.
et on lit dans VOtia imperialia de
Gervasius Tilleberiensis, publié par Leibnitz, Rerum brunsvicarum scriptores,
au chapitre De oculis apertis post peccatum: Vidimus in Anglia per lunationes
homines in lupos mutari, quod hominum genus Gerulfos GaWi vocant, Augli vero
Wer-wlf: Wer enim angiice Virum sonat, WlflM- pum.
Varoliage, s. m. Course
f)endant la nuit, comme en font es
varous.
Varouiller, V. n. Agiter de l'eau dans
un vase, jusqu'à ce qu'elle soit au moment de se renverser.
Varvot, s. m. (arr. de Cherbourg et de
Coutances] Boue claire, Eau sale; on dit aussi Varva et Feria.
Varvoter, V. n. (arr. de Bayeux)
Marcher dans du varvot, Barboter. — lise dit aussi des chats en chaleur.
Vastibousière, s. f. (arr. de Valognes)
Femme sale, Servante dcbassc-cour; probablement
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(delwedd C1416) (tudalen 215)
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VAU 2f5
du breton Gast, Feuune débauchée.
Vaton, s. m. Bâton.
Vatonner, V. n. Serrer avec une corde
au moyen d'un bâ- ton; voyez le mot précédent.
VatrÈ, s. i'. Boue, Fange; de
l'islandais f^n^n ou de l'anglais Waler, Eau.
Vatrer, V. réfl. (arr. de Bayeux) Se
couvrir de boue ou d'ordures; en rouchi Vatrouiller signifie Avoir
continuellement les mains dans l'eau: voyez le mot précédent.
Vaubosiîe, s. m. (arr. de Bayeux)
Varec détaché des rochers que tout le monde peut prendre.
VAUCRE. s. f. Avalaison; probablement
il signifiait d'abord Inondation, car le vieux-IVauçais Vaucrer signifiait
Errer, Courir çà et là; peut-être de Vagari.
Vaucruer, V. a. Echauder, Mal cuire.
Vaudrée, s. f. (arr. de Cherbourg)
Chiflon attaché au bout d'un bâton qui sert à nettoyer un tour; on dit aussi
dans le même sens Vatroidlle; voyez
VATRER.
Vaule, s. f. Gaule, du breton Gwalen.
Yaulier, V. n. (arr. de Bayeux)
Chanceler, Marcher conî- me un Veule; voyez ce mot: on donne un sens analogue
au substantif masculin Vauliord.
Vaupas, s. m. (arr. de Baveux) Balle
de toutes les céréales; ce mot a été formé comme le français Vaurien.
Yaiiquier. Vautier, adv. (arr. de
Morlagne) Vraiseud)lahleîuent, Peut-être.
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(delwedd C1417) (tudalen 216)
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216 YEN
Vavite.s. f. Diarrhée, Cour» de
ventre; il a été formé j)ar la même idée que 1 expression française.
VÊiLLATiF, adj. (arr. de Mortagne)
Vigilant, Qui surveille; en vieux-lraneais on disait dans le même sens
Vellier.
Yeilleri, s. m. Etabic où l'on se
réunit dans les campagnes pour veiller.
Veillon, s. m. Mélange de foinet
dargile, avec lequel on entoure les greffes; dans le Dauphinc Villon signifie
Un petit lien d'osier.
Yelade, s. f. (arr. deSt-Lo) Blouse,
Surtout; du latin Velare, en vieux-français Yeler.
Yeloper, V. a. (arr de Yalognes)
Battre, Donner une roulée (voyez ce mot); du latin Volutari: dans l'Orne on
dit Flauper.
Velousseux, adj. (arr. de Bayeux)
Paillard; du latin Villosus.
Yenailles, s. f. pi. (Orne) Mauvaises
herbes qui viennent sans être semées. Ce mot signifie aussi Rebut des grains;
littéralement ce que le van a rejeté; dans le patois de la Haute-Auvergne
Ventillasl^nUiG Criblures, ce que le vent emporte.
Véne, s. f. Yesse; en vieux-français
selon Nicot et en rouchi Venue.
Yenelle, s. f. Dans le sens de Petit
chemin, ce mot s'est aussi conservé dans une ou deux locutions françaises,
mais on appelle en Normandie la Ruelle, Yenelle du lit.
Yent, s. m. Haleine; il s'emploie
alors sans article Prendre vent, Perdre vent; ces
YÈR
locutions sont aussi usitées dans le
patois du Berry.
Yentkillo.ns (a), loc. adv (arr. de
Cherbourg) Couché sur le ventre, comme À genou liions, signifie Sur les
genoux.
Ye.nue, s. f. (Orne et arr. de Yire )
Quantité: il n'est employé en ce sens qu'avec l'arlicfe indelini.
A'épe, s. f. (arr. de Bayeux) Guêpe;
du latin Vespa (jui a subi en français le changement si fréquent du Y en G.
Yêpre, s. m. Soir.
Beuvons tous du vcspre an matin.
Oi-iviEuBvssELiN, VauJC-dr-Vire, p.
2-20, éd. de .M. Travers.
On s'en servait aussi en
vieux-français:
Dieu vous doint benoiste journée Et
bon vespres, Monseigneur douix.
Farce de Palhelin.
Du latin Vespern. Ykprée. s. f.
Soirée, comme en vieux-français:
Pour ce m'avint que chargie de sommeil
Je me trouvay moull fort une ves
pree.
Poésies de Charles d'Orléans, p.
lii,éd. deM. Cliampoilion.
Yoyez le mot précédent.
Yérasse, s. f. Mauvais lit; peut-être
le lit d'un verrat.
Yerdaut, s.m. (arr. deMortagne)
Faiseur de mariageg.
Yerder, V. a. (Orne; Frapper à coups
de verge; selon Carpentier Verdoier aurait signifié en vieux-français
Provo(pier (luehpi'un en duel, et Vcrdcr signilie Repousser dans le patois de
Reims.
Vère, adv. (arr. de Yalogncs)
VER
C'est vrai, Vraiment; du latin Fere
que le vieux-français avait aussi conservé:
Mes pour chose que aryens vaille. Non
plus que ce fust une paille De bieid, ne m'en change ne mue: Il semble voir
qu'argens me pue.
Froissart, Le dit dou floiin, v. 17.
On y trouve également la forme du
patois normand:
Or voil savoir des altres si m nçuiige
est u veir.
Voyage de Charlemagne, v. 734.
Dans l'arr. de Valognes, les enfants
jouent quelquefois à une sorte de jeu qui consiste à répondre à toutes les
questions sans se servir des particules négatives et affirmatives, et ils
disent en commençant: J'te défends de dire ni oui, ni non, ni vère, jusqu'à
ce que j'sois repassé de la feire. Nous nous servons encore de Voire dont
l'origine est certainement la même.
Vergandier, s. m. (arr. de Bayeux)
Petit houx (Ruscus aculeatîis).
Vergée, s. f. (Manche) Mesure agraire
de quarante perches; en breton Gwalen signifie Gaule, Verge, et Gwalenna,
Arpenter; le vieux-français Fermer signifiait aussi Mesurer.
Vergonder, Vergougner, v. a. Gronder,
Disputer; littéralement Faire honte que l'on emploie dans \q même sens; ces
deux formes se trouvaient aussi en vieux-français:
Cointement celez Que ne soit vergondez
Le fettun cumpaignun.
EvERARD m: KiRKAM, Disliqucs de (aton,
fol. 203, r", col. 2.
VÊS
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(delwedd C1418) (tudalen 217)
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21
Ses longs cheveux et ses sourcis encore De leurs beautez font
vergongner
l'aurore. Ronsard, Œuvres, 1. 1, p.
102.
Verhaule, s. f. (arr. de Baveux) Cours
d'eau. Courant de la rivière.
Vérile, s. m. (arr. de Bayeux)
Re[)tile; du français Ver auquel on a ajouté la terminaison de Reptile.
Vermine, s. f. farr. de Valognes) Rats
et souris; c'est une extension de la signification du français. Insectes et
par suite Animaux nuisibles.
Verxailler, v. n. Remuer, Faire du
bruit; probablement une métathcse de Frénailler:, voyez ce mot.
Vernas, s. m. (arr. de StLo) Verrat.
Vérouiller, v. n. Labourer
malproprement; on dit aussi Varoiiiller, ce qui fait croire que ce mot est
dérivé de Varou.
Verquoi, s. m. Petit homme sans force;
on dit en français dans le môme sens: C'est un ver de terre.
Verrine,s. f. Verre de montre; il a le
même sens dans le patois du Berry; on donnait autrefois ce nom aux morceaux
de verre que l'on mettait audevant des chasses et des tableaux.
Vertau, s. m. (arr. de Bayeux) Bonde
de tonneau; il se trouvait aussi en vieux-français et vient sans doute du
latin Vertere, Tourner.
Vervette, s. f. (Orne) Petit enfant
espiègle.
Vésiner, t. n. Faire des vi
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(delwedd C1419) (tudalen 218)
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218 VES
sites à ses voisins, que le patois
normand appelle Vésins.
Vésonneh, V. n. (arr. de Rouen) S'agiter,
Devenir Ibu; du latin Vesanus:
£t Morpou (I. Maupeou] cheuxli qui
vezonne Aveuc des Jesuitres qu'il a,
Coup-d'ccil purin, p '■2t.
Vésou, s. m. Jouet; littéralement Fou:
du latin Vesanus: c'est un souvenir des plaisirs du moycn-àge.
Vespasien, s. m. (arr. deValognes)
Mauvais sujet, Vaurien:
Les chouans sont rous vos murs, déjà
ces Vespasiens Dévorent de leurs jeux vos substances, vos biens.
Lallem\n, La Campénade, ch. I, p. 9.
Quoique les soldats de Vespasien aient
pu com mettre de i^rands dégâts en Normandie, en allant ré|)rim(;r les
révoltés de la (irande-Bretagne, celte expression semble avoir été introduite
par les Juifs en souvenance de la i)art (pie prit Vespasien à la destruction
de Jérusalem:
Yas|ia(i('ns, c'or fuissies vos or vis
Ens cl voldir et en la sijjnorie On >()S eslics (luant vos de ces juis
Trente a denier donaistes eu Snrie, Ne deinoioit sabais ne jcNcrii'; Se dame
Deus no les voloit t nseir A martirc les ferics devieir.
La voli ^TKIS dont mes cueus kst HAvis,
dans WacUernagel, AU/ranzocsische Lieder,\\. 05.
Au moins cet empereur jouet-il un rôle
fort honorable dans légendes du moyen-àge; ainsi, les par exemple, on lit
dans le lîoinavduSainiGraal.w .'i'io'l:
VEY
Vespasyons ainsi venja
La mort Jiiesu qu'il mout uuia.
On dit aussi Vaspnsien.
Vessineh.v. n. Roder autour; voyez
vÉsiNER.
Veston, s. m. Corset; du latin
Kc.s'f/.s ou du français Veste.
Vestonneu, v. n. Courir de côté et d
autre; fréquentatif de Voster; voyez ce mot.
Veule, adj. (arr. de Cacn) Grêle,
Etiolé, Qui se tient mal; peut-être du breton Goulia. lilessé, le son des
voyelles y était bien peu fixe j)uisque la Grande mauve s'y appelle suivant
le P. Grégoire Goulen et selon Legonidec Gwelan.
Veuler, V. n. (arr. de Bayeux)
Beugler; littéralement Crier comme un veau, que le vieux-français appelait
Vecl.
Vey, s. m. Passage dans l'eau; on le
trouve aussi en vieux-français, quoicpie la fornje moderne y soit plus fré-
quente:
As guez, ou la gnnl mer parfondu
S'estent e esjiaiit e sornnde. Passa li reis, (pii jnnlt se liaile. Quant eu
.se fii anques retraite.
BiiNois . C/troniquc rimce, 1. H, v.
sjsaa.
Il vient probablement du latin Vadum
ou de lislandais Gâta, Sentier, Chemin: (•ej)endant Guet avait
<pielquefois la signification d'Eau ra[)i(le, Courant;
Les reliques snnt forz, granz vertus
i l'.il Detis Que il ne veiient a ewc
n'en partissent les i;net; JN'encuntrenl aveoglc ki ne seil relu
uiinet, Les cunlrez i redrescent e les
mnz
(imt parier.
Vni/agcdcCfiarlcmagnc v. 2)0.
VIE
Il pourrait donc venir de Tauglais
Water ou de l'islandais Vat, Eau; celte étymologie semble même d'autant plus
possible que, comme l'italien Guadare, le vieux-français Giiaer signifiait
Inonder; voyez le voyage de Charlemagne, v. 555.
Vi, s. m. Gui; le v du latin Viscum ne
s'est conservé que dans le patois.
ViAGE, s. m. (arr. de Vire) Fois;
c'est une crase de Voyage et au lieu de La première fois que j'irai, on a dit
A mon premier viage.
Vico, s. m. (arr. de Valognes)
Bécasse: A la saint Denis les vicos sont àBrix, dit un adage des chasseurs.
Ailleurs on dit Viteco, comme en vieux-français: Un witecoq, vint deniers;
Compte (ms.) de V Hôtel-Dieu d'Evreux (1 870); et cette forme se rapproche
beaucoup plus de l'anglais Woodcock. Dans le glossaire latin-français delà
Bib. de Lille, marqué E, 36, on trouve Videcoq pour traduction d'Alex,
probaniement Aies, et cette forme est aussi indicjuée par Roquefort, t. ii,
p. 713.
Vieille, s. f. Eau; ce mot qui ne se
trouve plus que dans quelques noms géographiques, comme Coulibeuf,
Quillebeuf, en latin Gueliebotum [Wealebuh). vient sans doute du saxon Weal,
qui s'est conservé dans l'anglais Well. 1! y avait un canonicat de la
cathédrale de Bayeux do^it le titre était Saint Pierre de la Vieille
[Sanctiis Petrus de Vetula dans les pouillés du diocèse), et il y a encore à
Valognes un quartier
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(delwedd C1420) (tudalen 219)
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VIN 219
éloigné qui s'appelle Le pont à la
vieille.
Vieillotte, Vielloche, s. f. Grosse
meule de foin; le vieux-français disait Vieille.
ViETTE, s. f. Petit chemin; diminutif
du latin Via.
ViGis'ET, s. m. (arr.de Bayeux) Lieu
planté de Vignons; voj^ez ce mot. Dans le glossaire laiinfrançais de la
Bibl.de Lille, marqué E, 36, FmefMm est expliqué par Vignon.
VIGNO^f, Vignot, s. m. (Calvados)
Genêt épineux:
L'un dort sur le vignon, l'antre sur
la bruyère.
Lalleman, La Campénade, cli. II, p.
13.
Vilevauquer, v. a. (arr. de Bayeux)
Balloter.
Villoner, v. a. Mettre un veillon;
voyez ce mot.
Vimblet, s. m. Tarrière, Vilebrequin;
c'est le mot anglais Wimble dont la signification est la même.
Vinette, s. f. Oseille; probablement
une corruption de Vignette, petite vigne, dont le fruit est ordinairement
fort acide en Normandie: il se trouvait aussi envieux-français, et s'est
conservé dans le patois de la Vendée et le français Epinevinette.
ViNiiuET, s. m. (arr. deCaen) Nom que
l'on donne au vin d'Argcnces, qui suivant Huet, signifierait Vin blanc et
viendrait de l'anglais Wine lohite] mais il s'est certainement trompé en
supposant que ce sont les Anglais qui apportèrent de Guyenne des vignes en
Normandie, car on lit dans un document du XIII' siècle: Se
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(delwedd C1421) (tudalen 220)
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220 YIR
aucune (sucrs) qui soit mariée a fet
eu sou mariage boenes mesons ou i)lanté vignes ou marié terre, elle choisira
sou mariage que elle a amendé; Marnier, Etablissements de Normandie, p. 13.
Viper, v. n.Crierd'une façon aiguë;
littéralement sii'ller comme une vipèr-e.
ViriLLON, s. m. Aspersoir, Goupillon;
du bas-latin Vulpilio, dont la première lettre s'était conservée aussi en
vieux-français.
ViQUET, s. m. Petite porte, Guichet;
en anglais Wicket et en hollandais TVinket. La forme normande se trouvait
aussi en vieux-français:
Vils fous, fait-il, e senz valor. Qui
menastes vostre seignor Fors la vile senz mon congie, Ceo ne vos sera mais
ottreie.
Ne trespassez mais les wichesz.
Benois, Chronique rimée, 1. II, V.
I3G!)'J.
Viré, part. pas. (arr. deBayeux)
Disposé; il ne s'emploie guères qu'avec l'adverbe Mal; c'est une extension de
la signification du français.
ViRET, s. m. (arr. de Baveux) Petit
morceau de bois garni de plumes, avec lequel les enfants s'amusent; ce mot
vient peut-être du nouî de Vire, Vireton, que l'on donnait auxllèclies en
vieux-français; voyez virous
SER.
ViRonssE, s. f. (arr. de Valognes)
Diarrhée; voyez le mot suivant.
ViRoussER, V. a. Lancer de l'eau;
TV/cr signiliaiten vieux-français Lancer, Jeter; du latin
VOL
Girarc. On se sert aussi dans un sens
analogue du s. f. Viroussée.
ViRVOUSSER, VeRVOUSTER, V.
n. Tourner devant derrière;
probablement du vieux-français Vire-voute, Volte-face.
Vis, s. m. Opinion, Certitude; il ne
s'emploie guères qu'avec le verbe substantif et la préposition A; M'est à vis
que. Celte forme, très-commune en vieux-français, a été pres(iuc toujours mal
imju'imée, quoique la préposition manque fort souvent:
N'est pas dreiz, ço m'est vis, mais
lei
a volente.
GuEUNi:;s, Vie de saint Thomas de
Cantorbéry, p. il, v. lO, éd. de M. Bekker.
Voyez aussi le Roman de Brut, v.
10634. Ce mot vient sans doute de l'islandais Visa Certitude, ou de
l'allemand Wissen, Savoir.
Vitouârd, s. m. (arr. de Bayeux)
Source d'eau vive sur le bord de la mer; peut-être de l'anglais JVhite
ivater, Eau blanche; on donne aussi quelquefois ce nom h des sources d'eau
bourbeuse.
VivAGE, s. m. (arr. de Cherbourg) Sol
pierreux.
VoiDERiL, s. m. Carreau grossier qui
forme la preuiière couche d'une carrière.
VoiTON, s. m. Morceau de bois propre à
servir de levier.
Volet, s. m. Ruban; d'abord sans doute
Ornement; dans le patois du Jura ce mot est resté [)hisfidèleau sens du latin
Vé- lum, il signilie Fichu: voyez.
UAVOLET.
Volette, s. f. Tirasse.
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(delwedd C1422) (tudalen 221)
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4
ÏOU
VosTER, V. n. (arr. de Bayeux) Courir
cà et là, Remuer; ce mot qui signifiait aussi en vieux-françaisTotirner,
semble une corruption de Volter, qui s'est conservé dans Volte face: car un
lieu voûté s'exprimait quelquefois par Voste. Dans quelques localités on dit
aussi comme envieux-français Vouster.
VouGE, s. f. Croissant, Serpe; il se
trouvait aussi en vieux-français, et on donne le même sens, dans le patois du
Jura, à Vuage.
VouiN, s. m. (arr. deSt-Lo) Regain.
VousoYER, V. n. Ne pas tutoyer; on
disait envieux-français Vosoycr.
YU n\
Vrac, s. m. (arr. de Bayeux) Amas
confus; il est plus souvent employé dans une forme adverbiale En vrac, En
niasse. — C'est aussi une corruption de Varech, ainsi que Vrai, qui désigne
toutes les espèces de fucus.
Vréua, Sorte de jugement qui signifie
sans doute Vrai Dieu.
Vredeau, s. m. Fausset, Cheville pour
donner de l'air aux tonneaux.
Vrondre, V. n. (arr. de Cherbourg)
Bourdonner.
Vrou, s. m. (arr. deBaye\ix) Eau qui
sort d'un rocher ou du sable en bouillonnant. — Par figure sans doute on
donne le même nom à la Diarrhée.
X
Xalbi, s. m. Cidre composé bourg) Graisse pour faire de la
par moitié de pommes et de soupe; on
le trouve aussi en
poires; voyez halbi. vieux-français;
voyez sueu.
XuEu, s. m. (arr. de Cher
Yan, s. m. (arr. de St-Lo) Gland. Yette, s. f. Tiroir; voyez
LIETTE.
Yousoux, adj. (arr. de Cherbourg)
Fruits ou légumes a
queux; on dit aussi Yausaux, et VEau s'appelle de ïYau en patois
normand.
Yu, s. m. (arr. de Coutances) Vêtement
raccommodé avec un morceau de couleur différente.
*J .) .)
z
ZiGUER, V. n. Lancer de l'eau Pieux) Bouffon -.pcut-cfrc une
avec une seringue; ce mot se
corruption de Joujou; l'italien
trouve aussi dans le patois du Zani,
que l'on appelle en Nor
Berry. On dit quelquefois Zi- mandie
Jano, semble venir
gler. d'Insanus.
Zozo, s. m. (canton des
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(delwedd C1423) (tudalen 222)
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ERRATA.
P. 20, col. 2: Arronce, lisez:
Arrousse, et retranchez les deux dernières lignes de cet article.
P. 32, col. 1,1. 21, Dictionnaire
comique deLacombe, lisez: Dictionnaire du vieux langage français de Lacombe,
p. 60.
P. 44, col. 1, BouEssoNNER... Mettre
en discorde, lisez: en désordre.
FIN,
Caen. — Imp. de F. Poisson et Fils. — i8i:
PC 2936
Du Keril, Eu ele stand Pontas
Dictionnaire du patois norraand
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